23 mai 2013

«SOINS» prolongés

SOINS / CARE?


Que signifie exactement RESPECT de la DIGNITÉ et des DROITS des personnes en perte d’autonomie?

J’espère que le film d’horreur de Monsieur Camille Parent sera vu par le plus grand nombre. Il ne s’agit pas de science-fiction hollywoodienne de 3e classe, c’est de la vraie téléréalité. J’ai été témoin de comportements similaires tant en CHSLD qu’en centres privés. Et le problème, c’est que personne ne peut passer tout son temps au centre d’hébergement pour veiller à ce que le personnel respecte un parent, un conjoint ou un ami.

ou http://www.chextv.com/News/LN/13-05-16/Hidden_Camera_Reveals_Shocking_Abuse_at_Long_Term_Care_Home.aspx
 
Parmi la clientèle en perte d’autonomie, on retrouve à chaque étage un mélange de patients de tous âges. Certains sont totalement lucides, d’autres séniles, atteints d’Alzheimer, et d’autres souffrent de graves troubles psychologiques. On entend les patients se chamailler, crier, hurler; certains volent, attaquent, et ainsi de suite. Impossible d’avoir la sainte paix en pareil endroit, sauf une fois que tout le monde a été assommé avec des somnifères et des antidépresseurs. Ils font des «crises» parce qu’ils ne veulent plus vivre d’humiliations, avaler leurs médicaments et recevoir des traitements contre leur gré. Mais étant donné leur extrême vulnérabilité, ils sont impuissants face à cette abrutissante routine quotidienne utilisée pour les réprimer.
 
L’on se croirait dans un asile psychiatrique des années 50/60.
 
Monsieur Luc Vigneault, un ancien psychiatrisé, disait : «La pilule était à la psychiatrie ce que l’hostie était à l’église. Prenez et mangez-en tous, et tout ira bien. Nous étions dépossédés de notre capacité de prendre des décisions par nous-mêmes. En oncologie, t’as le droit de te fâcher, de péter les plombs, t’as le droit de piquer une crise. Mais, en psychiatrie, t’as pas le droit. Pourtant, c’est le même comportement, mais il n’est pas perçu de la même façon par les soignants. Désinstitutionnaliser signifiait : tout le monde dehors. Les institutions psychiatriques se vidèrent - presque. La majorité des patients furent placés en foyers d’accueil. Mais, pour plusieurs, dehors voulait dire dans la rue. Littéralement.»
(Source : Tout le monde en parlait, La désinstitutionnalisation des psychiatrisés, 8 mai 2012, Radio Canada) 

Et souvent, il n’y a qu’une seule infirmière qualifiée au poste de garde, assistées d’une ou deux infirmières auxiliaires et de quelques préposés. Des préposés formés à la sauvette n’ayant pas les compétences pour s’occuper d’une diversité de cas ne requérant pas les mêmes attentions. La familiarité entre membres du personnel, ou de la part des préposés envers les patients, est courante, en effet. Les «accidents» sont nombreux, et c’est toujours de la faute des patients. Et puis, on peut comprendre que les préposés n’apprécient pas particulièrement s’occuper des soins intimes des patients. Torcher un bébé est très différent que de torcher une personne qui pèse entre 60 et 80 kilos, et qui n’a aucun tonus. Enfin, tout le monde n’a pas la vocation ou la patience.

Bref, C’EST UN ENFER.  
Être PRO-VIE c’est prolonger l’agonie, regarder des cobayes se déglinguer jusqu’à ce qu’une prétendue mort «naturelle» s’ensuive?

Dans une interview, Monsieur Camille Parent disait :
«SI QUELQU’UN TRAITAIT UN ANIMAL DE CETTE FAÇON, IL IRAIT EN PRISON.»

NI LE DROIT DE VIVRE DIGNEMENT
NI LE DROIT DE MOURIR DIGNEMENT

Je reviens donc sur le sujet malgré moi, car cette vidéo remet également la question de l’aide à mourir sur le grabat.

Un jour, en quittant le CHSLD, je disais à une visiteuse : «On se croirait dans le film One Flew Over the Cuckoo's Nest, non?» Elle a acquiescé : «Mon frère, un homme très intelligent, et malheureusement pour lui toujours lucide, est atteint de Parkinson. Il est cloué au lit, et il souffre encore plus psychologiquement que physiquement. À chaque fois que je viens le voir, il me demande de l’aider à mourir…»

Je lui ai référé le site de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, en lui souhaitant bonne chance, tout en sachant qu’il est impossible, à l’heure actuelle, de faire respecter les volontés des patients qui veulent en finir.

Paradoxe du système : on prolonge la vie contre la volonté des patients, et l’on se plaint du vieillissement de la population et des coûts faramineux qu’il entraîne…!

(Si le sujet vous intéresse voyez le libellé «Euthanasie»)

Par curiosité, j’ai eu envie de connaître les critères sur lesquels  s’appuient les vétérinaires pour recommander à leurs clients de faire euthanasier leur animal de compagnie.

Conclusion : les vétérinaires sont plus compatissants envers les animaux que les médecins envers les humains.

Voyez le message ci-après.  

4 commentaires:

  1. liloutte2.2.15

    BONJOUR BOUDABLA. Décidément, je me mêle de tout. Et bien que je partage votre avis sur la question de l'euthanasie, cette question me turlupine :
    Exemple le cas IMBERT. Si le fils avait demandé à la mère de l'aider à mourir n'était-ce pas pour ne plus être un fardeau pour elle, donc par compassion envers sa mère ? Donc, si ce garçon avait fait consciemment ou inconsciemment le sacrifice de sa pauvre vie ? A la place de la mère IMBERT le dilemme aurait été pour moi d'une telle culpabilité, le geste d'une telle cruauté que je me serais détruite avec mon fils.
    Je cite ce cas car je n'en connais pas d'autres. Mais cette théorie peut aussi se répéter dans d'autres cas. Là nous touchons le problème dans son abnégation par amour, ce qui le rend encore plus poignant. Salut

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    1. Bonjour,

      Il me semble avoir eu connaissance du cas IMBERT, mais je vais fouiller.

      Je vous propose deux articles intéressants de la journaliste Josée Blanchette, du journal Le Devoir (j’espère que vous aurez accès à la zone...)

      Elle aborde un cas semblable, celui d’une jeune autochtone de 14 ans voulant qu’on mette fin à ses souffrances :
      Je suis Makayla
      Le choc des croyances
      http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/430308/je-suis-makayla

      Le second est aussi pertinent – le droit de refuser des traitements de chimio ou non :
      Notre système de santé aux soins intensifs
      Deux spécialistes au chevet du malade
      http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/429648/notre-systeme-de-sante-aux-soins-intensifs

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  2. liloutte2.2.15

    Bonsoir et merci.
    Je tenais à rectifier mon erreur d'écriture : le cas VINCENT HUMBERT.

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    1. Ah, merci, je vais chercher. Tout ce qui tourne autour du sujet m'intéresse.

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