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3 avril 2021

Sa luxueuse «cabane au Québec» est à vendre

«Ce qui tient nos vies ne tient à rien.» ~ Sandra Lucbert, La Toile

Photo : Jacques Grenier / journal Le Devoir

François Legault vend sa somptueuse demeure victorienne d'Outremont pour 5 millions $

 

Cette magnifique demeure victorienne, sise sur un lot de 18 000 pieds carrés, comprend huit chambres à coucher, cinq salles de bain, un solarium, des salles de réception et trois stationnements intérieurs, en plus d'une piscine creusée à l'extérieur.

 

Résidence outremontaise du PMF. Legault

 

https://www.envedette.ca/potins-stars-quebec/media/francois-legault-vend-sa-somptueuse-demeure-victorienne-d-outremont-pour-5-millions-1.14852628

Commentaire 

Pas cher, pas cher. La cabane parfaite pour un couple sans enfants avec un chien et un chat. En tout cas, il est facile d’y respecter la distanciation recommandée.

 

D’ailleurs, on pourrait facilement y caser 4 familles pauvres de 6 personnes sans qu'ils se touchent – des familles entassées dans des taudis parce qu'il manque de logements sociaux (1).

Alors que les inégalités se creusent en ces temps de pandémie, de fermetures d’entreprises et de pertes d’emplois, cette exhibition d’opulence de la part d’un premier ministre est déplacée. Son agent immobilier aurait dû faire circuler l’offre  parmi les élites capables de se payer une résidence cossue de 5 millions de dollars.

La Coalition avenir Québec est fortement orientée sur le concept tordu de la «méritologie». Extrait du site Facebook de François Legault : 

   Entre 2 rencontres avec la Santé publique, j’ai lu «Liberté 45» de Pierre-Yves McSween.

   L’auteur propose un mode de vie : Travailler fort quand on est jeune, devenir indépendant financièrement à 45 ans et ensuite avoir la liberté de faire ce qu’on veut.

   Sa recette : travailler fort, épargner tôt et investir.

   J’ai eu un peu la même intention quand j’étais jeune. Même si je viens d’une famille modeste, je souhaitais être indépendant financièrement à 40 ans. J’ai réussi. À 39 ans, j’ai pris ma retraite des affaires et j’ai choisi de me consacrer à la politique.

   Il faut bien le dire, ça prend aussi un peu de chance…

https://www.facebook.com/FrancoisLegaultPremierMinistre/

Par chance qu’il a ajouté : «ça prend un peu de chance», car on ne pourra pas attribuer les 3,85 millions de dollars de profit à son mérite (le couple aurait payé la propriété 1,15 million)... Le pétage de bretelles serait tout à fait inapproprié.

«Les prix de l'immobilier rendent l'accession à la propriété encore plus difficile pour les jeunes et les moins nantis, de quoi accentuer les inégalités. Bien souvent locataires, ils font même face à une augmentation plus rapide que l'inflation du coût du loyer, soit de 4,2 % en moyenne dans le Grand Montréal en 2020. Par le fait même, faute d'acquérir la propriété voulue, ces personnes prennent de plus en plus de retard pour accumuler du capital.» (Mathieu Dion, ICI Radio-Canada Info)

(1) La surenchère menace les prix des loyers à Montréal

 

Des dizaines de personnes font la queue dans Verdun pour visiter un 4 et demie avoisinant les 1000 $ par mois. «Symbole» de la crise du logement à Montréal selon certains, cette pression sur les propriétaires pousse le prix des loyers vers le haut.

 

La saison de recherche de logements débute à peine, alors «des files comme ça, on va en voir des bien plus grosses, des bien plus longues, des bien plus décourageantes», souffle le porte-parole du regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, Maxime Roy-Allard. Autour de lui, il dit constater «de plus en plus» de cas de surenchères.

 

C’est que, devant une demande si forte, certains aspirants locataires négocient un prix plus élevé dans l’espoir de signer le bail convoité.

 

Cette surenchère «contribue vraiment à la flambée des prix», fait-il savoir.

 

https://www.ledevoir.com/societe/597932/logement-la-surenchere-menace-les-prix-des-loyers-a-montreal  

14 février 2021

L’amour vu par un chimiste...

À l’émission Dessine-moi un dimanche, le chimiste et professeur-chercheur au département de chimie de l'Université Laval, Normand Voyer expliquait les effets de la peine d'amour. Qu’il s’agisse d’un coup de foudre ou d’une peine d’amour, toute la chimie du corps se transforme; hormones et neurotransmetteurs se déséquilibrent à nos dépens. Selon M. Voyer, le meilleur remède pour guérir de la peine d'amour est le coup de foudre! Ouch.

N’attendez rien de romantique de l’audio (rire), mais c’est extrêmement intéressant. On peut littéralement avoir le syndrome du cœur brisé, appelé cardiomyopathie. Cette pathologie a été diagnostiquée pour la toute première fois en 1990, par des médecins japonais. Les chercheurs estiment qu'elle serait due à un fort stress émotionnel ou physique qui entraîne une défaillance cardiaque. Ce stress peut avoir pour origine une rupture amoureuse. Mais aussi des nouvelles négatives inattendues comme un décès ou la perte d'un emploi dont on avait désespérément besoin. Chez certains patients le muscle cardiaque peut même se déformer. Peut-être comme celui de Snoopy...


Audio : https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/dessine-moi-un-dimanche

Complément

La chimie de l’amour / Normand Voyer / TEDxQuébec

Le corps humain est un «réacteur chimique» avec plus d’un million de réactions à la seconde! Quelles substances chimiques nous rendent «gaga» en présence de l’être convoité? Quelle est celle qui permet de vivre en harmonie avec l’être aimé des décennies?

Biographie : Normand Voyer est un professeur au Département de chimie de l’Université Laval reconnu pour ses travaux de recherche de pointe en chimie bioorganique. Il a reçu plusieurs distinctions au cours de sa carrière, incluant le Prix d’excellence pour l’enseignement de la chimie au Canada en 2009, le Prix pour la promotion des sciences au Canada en 2013 et le Prix Raymond-Gervais pour l’enseignement des sciences et technologies au Québec en 2015. Normand Voyer est un professeur de l’Université Laval primé pour ses travaux de recherche de pointe en chimie bioorganique. Il est également impliqué activement dans la promotion des sciences.

https://www.youtube.com/watch?v=51un81jpFi4  

7 février 2021

Football ou comment abîmer son cerveau

On prétend qu’il faut être «superbolé» pour comprendre les stratégies du football américain. Néanmoins, pas besoin d’être superbolé pour comprendre les impacts négatifs d’un seul Super Bowl – notamment sur l’environnement. Au début, ce furent des magnats du pétrole qui organisèrent ce type de méga show sportif. Aujourd’hui c’est un joint-venture entre les plus grandes industries – divertissement / malbouffe / alcool; la recette est infaillible pour ramasser des milliards de dollars. Ainsi donc, des millions de fans se seront goinfrés et auront bu beaucoup de bière et autres, en regardant le show en ce 7 février.

Le colloque

Michel Beaudry / Journal de Montréal, 7 fév. 2021

Journée mondiale des ailes de poulet, des gageures dans l’inconnu et les publicités les plus regardées et commentées de la planète. Premier dimanche de février, bienvenue au Super Bowl, dont le nom a été trouvé dans les années 1960 par un magnat dont les enfants s’amusaient avec une super balle. 

   Un événement typiquement on ne peut plus américain. Du sport, une portion culturelle spectaculaire à la mi-temps, une orgie de publicités et le deuxième jour de la plus grande consommation alimentaire aux États-Unis après la Thanksgiving. Le plus grand colloque de fast-food au monde.

   Plus de 100 millions d’Américains seront devant leurs téléviseurs et on croit que plus de deux millions de personnes regardent aussi le show dans 200 pays sur le reste de la planète. Puisqu’en ces temps pandémiques les gens n’ont rien à foutre, ces chiffres pourraient gonfler.

   Le nombre que j’aimerais deviner, c’est la quantité de personnes qui regardent ce match tant attendu tout en n’y connaissant strictement rien. 

https://www.journaldemontreal.com/2021/02/07/le-colloque

En effet. Mais pendant ce temps-là, que se passe-t-il dans le crâne des joueurs? Des médecins et des chercheurs étudient les effets à moyen et long terme des fréquents chocs reçus à la tête.


Photo-Illustration: Elise Swain. Getty Images / The Intercept

J'ai revu encore une fois la vidéo Concussion Protocol. Je n'ai jamais regardé de joute de football américain de ma vie. Alors les actes de violence "consentis" qu’on voit dans le documentaire me jettent par terre. C'est comme aller au front! Ah mais, les «vrais» hommes ne craignent pas les commotions cérébrales, ça fait partie du jeu. Infiniment triste de voir ces hommes se démolir pour divertir des spectateurs avides de brutalité et de violence comme au temps de la Rome décadente. Et triste de les voir, eux qu’on dit d’une intelligence supérieure, gravement compromettre leur santé – ce sport extrêmement violent peut réduire leur espérance de vie de plusieurs années. Les millions de dollars empochés ne leur rendront pas les facultés perdues en raison de dommages cérébraux irréversibles.

   Le film est doublement renversant : les images défilent à rebours au ralenti et à la fin, en accéléré. Terrible. Un documentaire de 5 minutes 30 (sans commentaires audio) qui vous fera peut-être percevoir le football autrement...

The film the NFL doesn’t want you to see: CONCUSSION PROTOCOL by Josh Begley.  A violent ballet, made with footage of every reported concussion during the 2017-2018 NFL season.

https://theintercept.com/2018/02/01/nfl-concussion-super-bowl-protocol-football/

Intercepted Podcast Bonus: The NFL’s Violent Ballet

https://theintercept.com/2018/02/01/the-nfls-violent-ballet-concussion/

 

Football et commotions force «g» 

Force «g» : la force d’accélération moyenne nécessaire pour causer une commotion cérébrale chez un humain est de 80 à 100 «g», soit l’équivalent d’une voiture qui frappe un mur de briques à 60 km/h. Un «g» correspond à l’accélération d’un objet soumis à la gravité terrestre.

Sport de commotion serait plus adéquat que sport de contact. À chaque Super Bowl je me questionne sur le fanatisme à l’égard du football. Pour essayer de comprendre, j’ai regardé deux documentaires sur la NFL, plus un reportage de Madeleine Roy intitulé «Commotions, jeunes cerveaux en péril». Instructif, et désolant de constater l’ignorance des parents et même des intervenants et entraîneurs. Et je pense que j’ai enfin compris la propagande en faveur de ce sport : compétition et violence égalent milliards de dollars de profit.

Émission Enquête  (incluant animations et graphiques) :

http://ici.radio-canada.ca/special/enquete/commotions-cerebrales/

sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=BYxwuaDVu0Y

Les gladiateurs romains s’entretuaient au Colysée, mais les vaincus mouraient sur-le-champ. Par contre, les footballeurs meurent à petit feu à force de se faire plaquer. Les dommages ne sont pas toujours apparents immédiatement, ce qui n’empêche pas l’accumulation des coups de bélier de faire insidieusement leurs ravages. «Un coup parfait, c’est quand on est face à face, à un contre un, et qu’on l’entend l’autre faire ‘âh’. Juste un petit ‘âh’», disait le champion des douleurs et des blessures Junior Seau. Ben oui, le pauvre mec vient de recevoir un coup de bélier à l’estomac ou la tête.
   Quelle différence y a-t-il entre regarder des hommes se faire déchiqueter par des lions comme au temps de la Rome décadente, et regarder au stade ou devant son écran, des footballeurs se démolir? C’est juste le menu qui a changé : «des jeux violents, des ailes de poulet et de la bière!». «À la vie, à la mort!», et le public jouit par procuration.

Souhaitons que les joueurs aient encore une tête sur les épaules après la joute.

La question qui tue : pourquoi laissons-nous la culture de la violence avoir le dessus du pavé?

Statistiques de l’orgie alimentaire 2012 – Le gaspillage a énormément augmenté depuis 2012. Par exemple, en 2012 les Américains ont consommé 1,25 milliards d’ailes de poulet (600 millions de poulets abattus pour le Super Bowl seulement imaginez le carnage dans les abattoirs); en 2020, ce fut 1,40 milliards d'ailes. Il y a dix ans, les dépenses en festivités étaient évaluées à moins de 9 milliards de dollars; en 2020 elles totalisaient 17,2 milliards de dollars.

http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/02/stupefiant.html 

30 janvier 2021

Dépourvus d’intelligence et de compassion?

À entendre les incongruités lancées quotidiennement par le premier-ministre Legault et ses ministres, toute personne dotée d’un minimum d’intelligence et de lucidité peut en conclure qu’ils se ridiculisent à chaque fois qu’ils ouvrent la bouche. Ces obsédés de l’économie ont un coffre-fort en béton dans la cage thoracique au lieu d’un cœur. Les caquistes sont une preuve qu’il n’est pas utile d’être intelligent et compétent pour gouverner – Trump l’a d’ailleurs amplement démontré...

Jacques Nadeau / Le Devoir. Des policiers ont remis une contravention à Albert Lord parce qu’il ne respectait pas le couvre-feu.

«Au moins neuf contraventions de 1550 $ ont été données à des itinérants pour non-respect du couvre-feu dans la grande région de Montréal, selon un décompte fait par la Clinique juridique itinérante (CJI). Et celles-ci, qui ne représentent que la pointe de l’iceberg selon les organismes communautaires, ne seront pas annulées par le jugement, selon le directeur général de la CJI. Les itinérants devront donc les contester.

   «Je me suis senti insulté de recevoir une contravention pour être dans la rue le soir. Si j’avais un toit, une maison où aller, j’irais avec plaisir, mais je vis dans la rue, que voulez-vous que je fasse?»

   Albert Lord, 63 ans, est itinérant depuis qu’il a perdu son appartement il y a cinq ans. La semaine dernière, vers minuit, il quêtait dans la rue à Lachine, à la recherche d’un coin tranquille pour dormir. «J’étais trop loin et trop fatigué pour me rendre dans une ressource d’hébergement», raconte l’homme derrière son masque bleu, qu’il porte sous le nez.» ...

   Des contraventions, David Chapman en a vu depuis qu’il travaille avec les itinérants. «J’ai une boîte pleine de tickets au sous-sol», lance-t-il en haussant les épaules.

   Il fouille dans la poche de son manteau et sort trois contraventions qu’il étale sur la table. «Les gens ici vivent au jour le jour, ils ne savent pas où ils vont manger, s’ils vont être en mesure de trouver un endroit pour se réchauffer et pour dormir. Ils ont des traumatismes qu’ils doivent porter au quotidien et les contraventions viennent ajouter à leur lourd fardeau.» Donald Tremblay, directeur général de la Clinique juridique itinérante a contesté devant les tribunaux la légalité du décret qui impose un couvre-feu aux personnes itinérantes. La juge Chantal Masse de la Cour supérieure lui a donné raison mardi soir et suspendu la distribution de contraventions aux personnes itinérantes. Québec a par la suite annoncé qu’il exempterait les personnes itinérantes du décret.» ~ Jessica Nadeau / Le Devoir

https://www.ledevoir.com/societe/594156/au-moins-neuf-sans-abri-ont-recu-une-amende-avant-l-exemption

«Comment avait-on pu penser à imposer un couvre-feu à des personnes sans domicile fixe? Donc, incapables de rester «chez eux» de 20 h à 5 h? Ces personnes parmi les plus pauvres et les plus poquées de notre société couraient en plus le risque d’écoper d’amendes salées. ... Les itinérants n’avaient pas besoin de couvre-feu. Encore moins des larmes de crocodile de la Ville et des gouvernements. Ils ont besoin de logements. Ils ont besoin de soins. Ils ont besoin d’humanité. ... Dans son ordonnance de sauvegarde, les mots de la juge Masse frappent fort. Une telle mesure portait atteinte à leurs droits à la vie, à la liberté et à la sécurité. Contraire aux principes de la justice fondamentale, son effet était discriminatoire et disproportionné, et le préjudice causé, irréparable. Cet épisode est un puissant révélateur. Il nous montre un manque étonnant de sensibilité au gouvernement...» ~ Josée Legault / Journal de Montréal

 

https://www.journaldemontreal.com/2021/01/28/sans-abri-un-gros-manque-de-sensibilite

Journal LeRevoir 

«Ainsi, il aura fallu le jugement d’un tribunal pour que le gouvernement Legault comprenne que des personnes sans domicile fixe ne doivent pas faire l’objet d’interpellations ni de contraventions faute de se trouver à leur adresse à 22 ou 23 h sous un régime de couvre-feu. Cela semblait une évidence, mais sait-on jamais. On observera à cet égard combien les politiques de droits de la personne, si souvent dévaluées et même discréditées par de nombreux partisans et maîtres à penser de ce gouvernement et de ses politiques d’affirmation nationale, prennent ici tout leur sens. ... La nation ordinaire de la CAQ n’est pas méchante, ni intolérante, ni raciste, on y fait valoir la convivialité et souvent même la compassion, un mot plein de bonté et de bienveillance dans la bouche du premier ministre, et riche de tout un héritage canadien-français. Seulement, cette compassion a des degrés, elle devient moins spontanée et un peu moins bienveillante quand il s’agit de citoyens ou d’aspirants citoyens pas tout à fait «moyens» ou «ordinaires». Il ne faut pas exagérer dans la compassion : c’est aller un peu vite que de l’étendre à des personnes étranges et délabrées qui traînent dans la rue ou à des laveuses de planchers venues d’ailleurs pour aider dans les CHLSD – et c’est bien regrettable si elles échappent aux normes nécessaires à l’imposition d’un couvre-feu ou à l’obtention d’un statut de résidentes. Non, ce n’est pas vraiment de la méchanceté, c’est juste cette même «insensibilité» avec laquelle on a vu plusieurs politiques du ministre Jolin-Barrette concernant les immigrants et les étudiants étrangers.» ~ Pierre Nepveu / Le Devoir  

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/594235/une-nation-bien-ordinaire

Je glisse, tu glisses, il glisse... 

«L’appel lancé par un François Legault qui, surfant sur un monticule de neige, invitait les internautes à partager sur les réseaux sociaux des photos joyeuses de leur quotidien pandémique a vite été entendu par ses ministres. C’est ainsi qu’on a pu voir Lionel Carmant danser devant son imposante baie vitrée, Jean-François Roberge jouer de la guitare sur son divan en cuir devant une immense fenêtre, Sonia LeBel repeindre un meuble et poser dans son habit de ski, André Lamontagne jouer d’un piano à queue dans un salon somptueux, Geneviève Guilbault faire une marche avec sa poussette luxueuse, dans une rue bordée de constructions neuves. «Tous ensemble pour aller mieux», écrivaient-ils, apparemment sans se douter que ça pourrait mal passer.

   Comment, en effet, ne pas être insulté de voir la prise en charge de la santé mentale être réduite à une affaire de petites joies quotidiennes, alors qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’on rapporte de nouveaux signes alarmants d’une explosion de la détresse – aggravation des troubles alimentaires, de la dépression, de l’anxiété, des problèmes de consommation? Sans qu’on déplore l’accès déficient aux services de soutien et l’insuffisance des ressources distribuées dans l’urgence pour pallier des carences connues depuis longtemps?

   Sans verser dans le dolorisme, disons qu’on accueillerait mieux ce bouquet d’images positives si l’on ne proposait pas que ça, et si la dernière année n’avait pas été, précisément, une année sans images. Une année marquée par la mise en sourdine de tout ce qu’on a abandonné dans les marges. Des marges qui, en fait, se sont drôlement élargies, au point où, par «marge», il faut comprendre : tout ce qui s’éloigne d’un niveau de vie où, pour «garder le moral» et «aller mieux», il suffit de se tourner vers des biens, des loisirs et des espaces d’évasion que l’on chérit. Même l’accès salvateur à la nature n’est pas distribué également, c’est même une évidence. Parlez-en aux familles confinées dans leurs logements trop petits et trop chers – parce que la pandémie a tout perturbé, sauf la spéculation immobilière – ou aux sans-abri autochtones arrachés au territoire qu’on laisse mourir dans la rue.

   Ces images ne témoignent pas seulement d’un accès privilégié au divertissement en ces temps difficiles. Elles s’ajoutent à une fresque qui dépeint quelque chose comme une «idée caquiste de la vie bonne», esquissée à travers le discours gouvernemental depuis le début de la pandémie. Ce discours sur les petits-plaisirs-malgré-la-pandémie s’articule autour d’éléments très précis, d’un conservatisme assumé, exaltant les bonheurs de la domesticité et les joies de la consommation dans l’espace privé. Cette parade est le reflet d’une vision de la société où le rayon de la solidarité se limite à la sphère domestique et aux liens de sang, où la notion d’effort collectif rime avec obéissance et autosuffisance plus qu’avec partage et équité. Une parade qui ignore le manque éprouvé par ceux qui n’accèdent pas aux loisirs dispendieux ou aux jouissances de la propriété. Et, à force, cette omission finit par avoir l’air délibérée. Voilà ce qui choque. ~ Aurélie Lanctôt / Le Devoir

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/594222/coronavirus-ensemble-avec-qui