25 décembre 2018

Réflexions sur le végétarisme, la compassion et l’éthique

À moins d’être totalement déconnecté de ses émotions, l’ambiance actuelle, quelque peu apocalyptique, peut miner le moral. Si nous pouvions individuellement cultiver un minimum d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir impulsivement; si nous pratiquions le principe bouddhique qui recommande d’éviter le plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, de conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde deviendrait plus hospitalier.

Vous n’avez peut-être pas viré végé ou végan récemment, soit pour des questions de santé ou d’environnement ou de compassion envers les animaux. Néanmoins si vous éprouvez ne serait-ce qu’un peu de curiosité, explorez, essayez – un ragoût de boulettes végan pas d’pattes par exemple, vu que le temps des Fêtes n’est pas terminé – vous n’en mourrez pas, promis.
   Visitez le site de Jean Philippe Cyr, vous trouverez des recettes appétissantes et faciles à réaliser, et peut-être aurez envie d’acheter son livre La cuisine de Jean Philippe. Accueil https://www.lacuisinedejeanphilippe.com/

 

J’aime son côté pince-sans-rire – «ne nous prenons pas au sérieux».  
Spécial Noël : 7 conseils pour survivre au temps des fêtes en étant végane
Cette semaine on va apprendre comment survivre au temps des fêtes en tant que végane. Bien oui, les temps changent les amis. Y a plus moyen d’aller visiter sa famille sans tomber sur un ou une végane, une personne allergique au gluten, une personne allergique aux pois chiches, une personne allergique aux chats…Et c’est souvent la […]

Ragoût de boulettes végan


Vous êtes végan? Ou vous souhaitez simplement accommoder le fatiguant ou la fatigante qui refuse de manger de la dinde au réveillon? Cette merveilleuse recette vous simplifiera la vie. Oui c’est possible de manger végan et délicieux durant le temps des fêtes. Ces boulettes véganes dans une sauce onctueuse réussiront peut-être même à convaincre votre oncle Jean-Guy, mangeur de charcuteries.

Sauce «gravy» végan


Ma recette de sauce brune végan de type «gravy» arrive à point nommé pour le temps des fêtes! Vos invités seront ravis, encore une fois, lorsque vous servirez cette sauce extraordinaire et très simple à préparer en accompagnement avec des pommes de terre purée, de la tourtière de millet ou du seitan.

Cela fait plus de trente ans que je ne mange pas de chair animale, je me porte très bien et cela ne m’empêche pas d’avoir du plaisir à festoyer quand c’est le temps. À l’époque, on ridiculisait les végétariens, aujourd’hui ce sont les véganes (ou végétaliens) qui passent à la moulinette – il y a quand même progrès, la conscience faisant son petit bonhomme de chemin.

Yourcenar et la compassion envers les animaux
Jean Nakos | Les Cahiers antispécistes, novembre 2010


(Extrait)
On entend souvent dire que les défenseurs des animaux et des droits de ces derniers sont des citadins sentimentaux, ignorants des réalités de la nature et de la vie rurale. Pourtant il est frappant de constater que trois des plus célèbres défenseurs français des animaux, Albert Schweitzer, Théodore Monod et Marguerite Yourcenar, ont grandi à la campagne et ont passé toute leur existence ou une grande partie de celle-ci à proximité de la nature et des animaux.
   Marguerite Yourcenar reconnaissait volontiers que ses plus forts souvenirs étaient ceux du Mont-Noir, car c'était là qu'elle avait appris à aimer la nature et les animaux :
   «La grande qualité du Mont-Noir, pour moi, c'est la vie à la campagne, la connaissance de la nature. C'est très important pour un enfant d'avoir grandi dans un milieu naturel, d'avoir vécu avec des animaux, d'avoir rencontré quotidiennement des gens de toute espèce.»
   Mais il ne faut pas s'attendre à la voir idéaliser la vie rurale. Lucide, dans plusieurs de ses textes, elle décrit la réalité sans l'embellir. Par exemple :
   «Le riche aliment (le lait) sort d'une bête nourricière, symbole animal de la terre féconde, qui donne aux hommes non seulement son lait, mais plus tard, quand ses pis seront définitivement épuisés, sa maigre chair et finalement son cuir, ses tendons et ses os dont on fera de la colle et du noir animal. Elle mourra d'une mort presque toujours atroce, arrachée aux prés habituels, après le long voyage dans le wagon à bestiaux qui la cahotera vers l'abattoir, souvent meurtrie, privée d'eau, effrayée en tout cas par ces secousses et ces bruits nouveaux pour elle. Ou bien elle sera poussée en plein soleil, le long d'une route, par des hommes qui la piquent de leurs longs aiguillons, la malmènent si elle est rétive ; elle arrivera pantelante au lieu de l'exécution, la corde au cou, parfois l'œil crevé, remise entre les mains de tueurs que brutalise leur misérable métier et qui commenceront peut-être à la dépecer pas toute à fait morte.» [...]
   Marguerite Yourcenar, adversaire de tous les dogmatismes, est donc pour la solidarité et la compassion entre les humains, contre la guerre, contre la torture, contre le racisme, pour le respect et la compassion envers nos frères les animaux, pour le respect envers les végétaux qu'elle appelle créatures végétales ou créatures vertes, pour le respect et la sauvegarde de la nature, contre le nucléaire, contre le productivisme, contre la consommation irresponsable. Elle qualifiait notre société de «société de consommation et de destruction». [...]
   «Il lui déplaisait de digérer des agonies»! Ces sept mots ont fait plus pour le végétarisme éthique que plusieurs longs textes philosophiques ou militants réunis. Et ils ont marqué Théodore Monod.

Réflexions sur l’éthique
Albert Schweitzer  
Les grands penseurs de l’Inde; Payot, 1956  
Chapitre XVI, Coup d’œil rétrospectif, perspectives d’avenir 

«Albert Schweitzer reste un des rares théologiens chrétiens ayant prêché une éthique de pitié pour l'animal et plus généralement du respect de la vie, de toute vie. Beaucoup de violences bafouent l'idéal moral : chasse, corridas, élevage concentrationnaire où l'animal n'est plus un être vivant mais une matière première, abus d'une expérimentation souvent inutile ou cruelle, etc. Il prend soin d'aider l'être en détresse, fut-il ver de terre égaré après la pluie sur le chemin ou l'insecte tombé à l'eau. Schweitzer va jusqu'à affirmer que pour l'homme vraiment moral toute vie est sacrée et même celle qui du seul point de vue humain paraît la plus inférieure...» ~ Théodore Monod (Et si l'aventure humaine devait échouer, 2000)

«Le principe fondamental de l’éthique est le respect de la vie. Nous avons à le pratiquer vis-à-vis de nous-mêmes et des autres êtres. [...]
   Ce que nous appelons amour est, en son essence, le respect de la vie. Toutes les valeurs, matérielles et spirituelles, ne sont des valeurs qu’en tant qu’elles servent au maintien et au développement de la vie au plus haut degré possible.
   En ses exigences et en son extension, l’éthique est sans limite. C’est en prenant conscience de notre solidarité avec tous les êtres, et en la pratiquant, que nous entrons de la seule façon possible en communion active avec l’Être infini en lequel tous les êtres ont leur existence. Ce n’est pas par la connaissance du monde, mais par la connaissance de l’essence et de la portée de l’éthique que nous arrivons à donner un sens à notre vie.
   L’éthique remonte à ce fait essentiel que notre vie est née d’une autre vie et engendre d’autres vies. Nous n’existons pas uniquement pour nous-mêmes. D’autres existences participent à la nôtre, et la nôtre de la leur. L’éthique la plus élémentaire telle qu’on la rencontre non seulement chez l’homme, mais déjà chez les animaux supérieurs, consiste dans ce fait primordial qu’un être prend conscience de la solidarité dans laquelle il se trouve avec d’autres et la met en pratique.
   Quand notre pensée commence à s’occuper de la mystérieuse solidarité qui existe entre nous et d’autres êtres, elle se trouve obligée de s’avouer qu’elle n’arrive pas à en établir les limites. Par delà la famille, elle doit l’étendre au clan, puis à la tribu, puis au peuple et finalement à l’humanité entière. Elle ne peut même pas s’arrêter à la solidarité avec l’homme, mais est obligée de reconnaître qu’il existe un lien entre l’homme et toute créature.
   L’éthique illimitée permet à l’homme de se retrouver lui-même dans tous les êtres. L’éthique, c’est la reconnaissance de notre responsabilité, envers tout ce qui vit.» 

Albert Schweitzer (1875 -1965) fut médecin, théologien protestant et musicologue; il a reçu le Prix Nobel de la paix en 1954.  

Commentaires sur la vie 
Jiddu Krishnamurti
Éditeur : J'ai Lu (20/10/2008)

«Le moi monte sans cesse et retombe toujours, toujours à la poursuite de quelque chose et toujours frustré, toujours gagnant et perdant toujours. Il essaie sans cesse d'échapper à cette ronde épuisante de futilité. Il s'échappe par les activités extérieures ou par des illusions agréables, par la boisson, le sexe, la radio, les livres, la culture, les plaisirs, et ainsi de suite.»
   «L'attachement à votre travail est votre forme de fuite. Il y a des formes de fuite à tous les niveaux de votre être. Vous fuyez à travers le travail, un autre fuira à travers la boisson, un autre à travers les cérémonies religieuses, un autre à travers le savoir, un autre à travers Dieu et un autre trouvera l'évasion dans les distractions. Toutes les fuites sont semblables, il n'en existe ni de supérieures ni d'inférieures. Dieu et la boisson sont au même niveau aussi longtemps qu'ils sont fuites devant nous-mêmes. Ce n'est que lorsque nous avons conscience de ces fuites que nous pouvons entrevoir notre conditionnement.»
   «Les êtres humains aiment tuer, soit d’autres humains, soit des cerfs aux grands yeux inoffensifs, soit un tigre venant d’attaquer le bétail. On écrase délibérément un serpent sur la route, et dans les pièges posés, un loup ou un coyote se fait toujours prendre. Des gens très bien vêtus et très joyeux s’en vont avec leur précieux fusils tuer des oiseaux qui, l’instant d’avant, chantaient encore. Un jeune garçon tue un geai bleu caquetant avec un revolver à plomb et parmi ses aînés, nul n’a le moindre mot de pitié, et personne ne le gronde; tous, au contraire, le félicitent d’être si fin tireur.
   Tuer au nom d’un prétendu «sport», ou pour la nourriture, au nom de son pays ou de la paix – il n’y a pas grande différence entre tout cela. Toute justification est vaine. Il n’est qu’une règle absolue : ne jamais tuer. Pour l’Occidental, les animaux n’existent qu’en fonction de son estomac, ou de son plaisir de tuer, ou simplement pour la fourrure qu’ils procurent. Et à l’Oriental, on enseigne depuis des siècles, depuis des générations, à ne pas tuer, à avoir pitié et à démontrer de la compassion envers les animaux. Ici les animaux n’ont pas d’âme, on peut les tuer impunément, et là-bas, ils en ont une.
   Alors réfléchissez et laissez votre cœur connaître l’amour. Manger la chair des animaux est considéré dans toute une partie du monde comme normal et naturel, la religion et la publicité nous y encouragent. Et ailleurs, il n’en est pas de même, et les gens réfléchis et religieux n’en mangent pas.
   Mais cela est en train de s’effondrer. En Occident, on a toujours tué au nom de Dieu et de la Patrie et il en est partout ainsi. La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit indissolublement lié à l’amour.»  

24 décembre 2018

L’obsession du foie gras

«Il est grand le mystère de mon foie, on s'étonne qu'il soit encore vivant après toutes les cochonneries que je lui ai fait manger...»
~ Bob, série Dans une galaxie près de chez vous (1)

Le foie gras, l’ultime «met» des fines gueules et le plus glorifié du temps des fêtes, est de toutes les émissions culturelles (radio, télé, réseaux sociaux), même celles qui n’ont rien à voir avec la bouffe. «Si tu ne manges pas de foie gras, t’as pas de classe, t’es pas in».

Amateurs dudit met favorisez l’autophagie (nettoyage / recyclage cellulaire, une sorte de cannibalisme interne), car selon de récentes statistiques, «dans les pays industrialisés, 20 à 40 % des adultes souffre de la maladie du foie gras (stéatose hépatique non alcoolique) soit à peu près une personne sur trois, et 10 % des enfants et adolescents en souffre». (Dr Marie-Ève Morin, médecin de famille)

La stéatose hépatique, une maladie du foie sournoise étroitement liée à l’obésité

Photo : iStock

Selon le gastro-entérologue Michaël Bensoussan, la stéatose hépatique est «un tueur lent». Cette maladie du foie est provoquée essentiellement par des apports alimentaires trop riches en gras. Longtemps associée à l'alcoolisme, la stéatose hépatique ne touche plus seulement les gens aux prises avec un problème d'alcool. Cette maladie du foie, si elle n’est pas traitée, peut mener à une cirrhose et même au cancer. La stéatose hépatique survient en raison de l’accumulation de graisses dans les cellules du foie. Les tissus graisseux s’accumulent tranquillement dans le foie lorsqu’une personne excède la quantité de graisses que son corps peut traiter. (Source : émission Les éclaireurs, ICI Radio-Canada Première, le 16 juillet 2018)  

Faites d’une pierre deux coups : d’abord ne vous gavez pas de foie gras (pour ménager votre usine de recyclage – le foie), ensuite pour épargner aux oies et canards le cruel supplice du gavage.

Pour deux minutes de plaisir gustatif : 
La production de foie gras dans le monde représente 0,65 kilo par seconde soit 26 800 tonnes de foie gras par an, dont les 3/4 en France qui est à la fois le premier consommateur et producteur de foie gras au monde. Chaque année, 37 millions de canards et 700 000 oies sont gavées (seulement en France) pour produire du foie gras. (Planétoscope)


Pour beaucoup, la consommation massive de foie gras à Noël ne sera jamais compatible avec une production éthique. Certains réclament donc son interdiction pure et simple. C’est le cas de l’association L214 qui dénonce les conditions d’élevage des oies et des canards : «Le foie gras est une des rares productions où l’on rend volontairement malade un animal pour lui prélever son foie, qui souffre de stéatose hépatique, on la provoque exprès par gavage», indique Brigitte Gothière, cofondatrice de l'association.
   Même si un arrêté ministériel de 2015 a renforcé les normes d’hébergement des oies, le problème persiste car le foie gras lui-même est protégé en vertu du patrimoine culturel et gastronomique français, et qu'il ne peut être obtenu que par un engraissement artificiel.
   Une alternative est à l’étude à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Il s’agit de la greffe d’une bactérie intestinale qui stockerait la graisse dans le foie des oies. (Brut, France Inter) 

Que c'est donc brillant...  

IL N'EXISTE PAS DE FAÇON HUMANITAIRE DE TORTURER 
OU DE RENDRE MALADE 

Une tradition barbare

Le foie gras est l'organe malade d'une oie ou d'un canard, gavé de force plusieurs fois par jour au moyen d'un tube de métal de 20 à 30 centimètres enfoncé dans la gorge jusqu'au jabot. Pour contraindre son corps à produire du foie gras, l'oiseau doit ingérer en quelques secondes une quantité de maïs telle que son foie finit par atteindre presque dix fois sa taille normale, et développe une maladie, la stéatose hépatique.
   En se débattant lorsque le tube s'enfonce dans sa gorge, ou par la simple contraction de son oesophage provoquée par le besoin de vomir, il risque l'étouffement et des perforations mortelles au cou.
   L'enfoncement du tube provoque des lésions du cou où se développent des inflammations douloureuses et des germes. La suralimentation forcée et déséquilibrée provoque fréquemment des maladies du système digestif, potentiellement mortelles.


Suite au choc du gavage, il est pris de diarrhées et de halètements. En outre, les dimensions de son foie hypertrophié rendent sa respiration difficile, et ses déplacements pénibles.
   Si ce traitement était poursuivi, il provoquerait la mort des animaux gavés. L'abattage intervient à temps pour masquer les conséquences du gavage. Les plus faibles d'entre eux sont tout de même moribonds lorsqu'ils parviennent à la salle d'abattage, et beaucoup ne résistent pas jusque-là : le taux de mortalité des canards est dix à vingt fois plus grand pendant la période de gavage.
   Cette violence, inhérente à la production de foie gras, justifie à elle seule son abolition. Mais pour la plupart de ces animaux le calvaire ne s'arrête pas à la brutalité du gavage. Beaucoup sont amputés d'une partie de leur bec, sans anesthésie, à l'aide d'une pince ou d'une simple paire de ciseaux.
   Le gavage est reconnu pour procurer de grandes souffrances aux canards et aux oies qui le subissent. Il est à ce titre interdit dans de nombreux pays du monde.
[...]
Plusieurs pays ont interdit cette pratique stupide :


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(1) Il s’agit d’une des répliques loufoques de la série, parfois absurdes et souvent inspirées de proverbes de la langue française.
   La série télévisée québécoise Dans une galaxie près de chez vous incluait 65 épisodes de 30 minutes qui furent diffusés entre le 25 janvier 1999 et le 25 novembre 2001. Les auteurs Claude Legault et Pierre-Yves Bernard avaient-ils vu juste? Prémonition ou déduction logique de l’état des lieux? Peut-être, 2034 c’est demain...
    Synopsis – l'équipage du vaisseau spatial canadien est à la recherche d'une nouvelle planète d'accueil pour l'humanité :  
   «Nous sommes en 2034, la situation sur la Terre est catastrophique : la couche d'ozone est complètement détruite par les gaz carboniques des voitures, l'industrie chimique et le push-push en cacanne [aérosols]. Résultat : la Terre cuit sous les rayons du soleil. Les récoltes sont complètement brûlées, il n'y a presque plus d'eau potable et les compagnies de crème solaire s'enrichissent. La situation devient urgente : il faut trouver une nouvelle planète pour y déménager 6 milliards de tatas*. C'est ainsi que le 28 octobre 2034, le vaisseau spatial Romano Fafard quitte la Terre en route vers les confins de l'univers.»
  
* Surnom donné aux humains. En québécois, tata signifie : individu borné, mal dégrossi; synonyme : tarla, épais, poche. (Dictionnaire des injures québécoises, Stanké 1996)

22 décembre 2018

Pot-pourri «spirituel» de Noël

[...] je réserve dans l'année un certain nombre de semaines, appelons-les blanches, appelons-les noires, où je n'accorde aucun intérêt, quel qu'il soit, au monde qui m'entoure. Quand j'émerge de cette abstinence médiatique, il s'avère toujours que je n'ai rien raté d'important. Nous vivons sous une pluie crépitante de désinformation et de rumeurs, avec un nombre très réduit de nouvelles décisives. Au cours de ces semaines d'abstinence, je me consacre à la recherche d'une autre sorte d'informations : celles que j'ai en moi. ~ Henning Mankell (Avant le gel, Seuil/Policiers, 2005)

La connaissance ouvre des portes, tandis que l’ignorance les verrouille. La connaissance, confirmée par l’intuition, est peut-être la seule parcelle de libre-arbitre que nous ayons pour prendre conscience de nos comportements robotisés. Si jamais les humains choisissaient la coopération «désintéressée», à l’intérieur de leurs sociétés respectives et globalement avec les autres sociétés, eh bien, peut-être qu’ils pourraient oser se qualifier de «supérieurs». Cette vision frise l’utopie et requiert une bonne dose d’imagination... mais bon.

«Si ça brasse sur le navire, ne t’accroche à rien qui traîne sur le pont», dit le proverbe.

Mes vœux les plus sincères :

Existe-t-il une voie spirituelle universelle?
Je dis que chacun a son propre
chemin de vie avec ses propres expériences.

La spiritualité ne se pratique pas,
Elle se vit au quotidien...
C’est pouvoir s’éveiller et évoluer en liberté,
sans dépendre d’une structure, de rituels imposés,
c’est être responsable et ne pas se rendre
esclave et dépendant d’une institution humaine
se substituant à nous.

Être spirituel, c’est voir au-delà des apparences,
c’est croire que les possibilités sont infinies,
c’est vivre à partir de notre cœur,
c’est être ouvert et bienveillant
avec soi-même et les autres,
c’est vivre pleinement l’instant présent
et en toute simplicité...

~ Cnudde M. (Voie spirituelle)

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David Rand a retweeté Raïf Badawi, le 20 octobre 2018  

Les lois contre le blasphème sont barbares.
Les lois contre l'apostasie sont encore pires.
Les deux sont d'horribles atteintes à la liberté de conscience.

Rappel de la cause : Raïf Badawi, blogueur et défenseur des droits humains a été condamné en 2012 à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet, et 290 000 $ d’amende. En plus de cela, après avoir purgé sa peine, il lui sera interdit de quitter le pays ou d’utiliser les réseaux sociaux pendant dix ans. L’Arabie saoudite a organisé la première flagellation publique du prisonnier d’opinion le 9 janvier 2015, en lui infligeant 50 coups de fouets. Les autres séries de coups de fouet ont été reportées dû à la santé fragile de Raïf, diabétique, et aux vives réactions de la communauté internationale pour empêcher cette pratique barbare. Raïf Badawi est devenu la cible des autorités saoudiennes après avoir créé un site internet faisant la promotion de la liberté d’expression sur des sujets relatifs aux droits humains, à l’égalité, aux droits des femmes ainsi qu’à d’autres questions sociales importantes. Sa sœur qui milite pour les droits de la personne, a aussi été emprisonnée. (Amnistie Internationale)


Ottawa a à peine levé le petit doigt pour sortir Raïf Badawi de la prison saoudienne où il croupit, malgré les appels à l’action internationaux et les vigiles. Un écran de boucane pour subjuguer la communauté internationale car Justin Trudeau ne cesse de clamer que le Canada accueille ceux qui «fuient les persécutions, la terreur et la guerre». Or il aurait suffi d’accorder une citoyenneté canadienne honorifique à Raïf Badawi.
   Le monde entier s’aplatit devant l’Arabie saoudite. Les relations internationales s’enlisent ainsi dans l’hypocrisie jusqu’au cou. De sorte que tout ce qui entoure l’affaire Omar Khadr laisse extrêmement songeur et pointe vers des liens peut-être plus obscurs qu’on ne le pense entre le gouvernement fédéral et Riyad.
   Ottawa a versé une indemnité de 10,5 millions de dollars à l'ex-adolescent-soldat Omar Khadr pour le dédommager des sévices qu'il a subis lors des 10 années passées à la prison américaine de Guantanamo. Mais ce n’était pas suffisant.
   Récemment, le Canadien, maintenant âgé de 32 ans, demandait le droit d’obtenir un passeport afin de pouvoir se rendre en Arabie Saoudite pour faire un pèlerinage à La Mecque. Il souhaitait également pouvoir parler sans surveillance à sa soeur, Zaynab Khadr qui avait suscité la controverse en se prononçant en faveur d’Al-Qaïda par le passé. La juge albertaine a toutefois refusé d'assouplir les conditions de remise en liberté sous caution de l'ancien détenu de la prison de Guantanamo lors d'une audience vendredi matin (21/12/2018).

Traitement inégal? La question se pose car la disparité est flagrante. Raïf Badawi n’a commis aucun crime de guerre ni assassiné qui que ce soit (accidentellement ou volontairement). Le gouvernement fédéral voulait sans doute esquiver des représailles. Le tweet de Mme Freeland nous a valu quelques coups de fouet préventifs. Que voulez-vous le Canada est lui aussi prisonnier de Riyad en raison de ses ventes d’armes, entre autres. Faire libérer Raïf Badawi aurait cependant eu un impact significatif, et cela aurait signifié que nous n’acceptons pas les arrestations et les assassinats de journalistes comme ce fut le cas avec Jamal Khashoggi... D’un autre côté, Ottawa se démène pour faire libérer Michael Kovrig et Michael Spavor, détenus par la dictature chinoise dont nous sommes également prisonniers. Est-ce qu’on accorde plus de valeur à certaines personnes qu’à d’autres en fonction de leur statut social?

«N’oubliez pas : le prix qu’il faut payer pour la liberté diminue à mesure qu’augmente la demande.» ~ Stanislaw Jerzy Lec,  écrivain polonais (1909-1966)

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Si seulement la Bible rendait les gens meilleurs au lieu d’en faire des fanatiques sanguinaires. Le climat de haine et de violence omniprésent dans l'Ancien Testament, c'est du Stephen King. La Bible devrait être bannie des écoles. «Il [Dieu] est jaloux, fier de l'être, impitoyable, injuste et tracassier dans son obsession de tout régenter... Adepte du nettoyage ethnique, c'est un revanchard assoiffé de sang, un tyran lunatique et malveillant; ce misogyne homophobe, raciste, mégalomane et sadomasochiste pratique l'infanticide, le génocide et le 'fillicide'.» ~ Richard Dawkins

Le sacrifice d’Amelia


Une femme qui a noyé sa propre fille de quatre ans, puis l'a incendiée pour plaire à Dieu, reproduisant ainsi une version plus violente du mythe biblique d'Abraham et d'Isaac, a été innocentée de toute accusation de meurtre. Carly Ann Harris, une mère galloise, était en procès pour le meurtre de sa fille Amelia. Harris croyait apparemment que sacrifier sa fille sauverait l'humanité, et le jury s’est laissé convaincre qu'elle était légalement folle, ce qui signifie qu'elle ne recevra pas de peine de prison.

Article intégral en anglais :

À propos des religions  

Il n’est nul besoin de s’étendre sur des religions telles que l’islam ou le christianisme, dont les activités prosélytes sont bien connues. Mais ce phénomène se répand à présent dans l’hindouisme. Figurez-vous que ces gens ont commencé à construire des temples à l’étranger, dans des villes comme New-York, Milwaukee ou Philadelphie. A-t-on vraiment besoin d’exporter toutes les absurdités et autres non-sens qui ont cours sous l’étiquette de l’hindouisme? Doit-on réellement transmettre ces superstitions de pacotille aux autres pays? Qu’espérons-nous au juste en montrant à travers le monde tout ce charabia pompeux?
   La religion, d’une manière générale, a perdu son contenu profond. Elle est organisée aujourd’hui comme les grandes entreprises, dont elle partage du reste les méthodes. Derrière ces hiérarchies organisées opèrent toutefois des forces extrêmement puissantes. Celles-ci possèdent tout l’argent nécessaire et n’hésitent pas, le cas échéant, à recourir à la force. En outre, la plupart des journaux préfèrent garder le silence sur leurs activités. Qui voudrait en effet critiquer les religions établies et perdre ainsi des centaines de milliers de lecteurs?
    En fait, les différentes hiérarchies cléricales se consacrent principalement au renforcement de leurs institutions, et les gourous à l’augmentation du nombre de leurs disciples. Doit-on ici parler de religion? Ou s’agit-il tout simplement de fanatisme? Et quelle est donc la différence entre pareille «religion» et la politique?
    Peut-on concevoir qu’un certain nombre d’esprits lucides se rassemblent afin de prévenir un tel danger? Je vous répondrai d’abord que les esprits raisonnables ne sont guère légion parmi les religieux. La lucidité ne fait pas d’ordinaire bon ménage avec la superstition.
    À la vérité, la corruption règne partout, et les soi-disant religieux y contribuent eux aussi. Voyez ces adeptes qui se querellent à longueur de temps, en utilisant des arguments du type : «Mon gourou est plus grand que le tien.» Où sont donc les êtres lucides? Et comment espérez-vous les trouver parmi ces groupes avides de compétition? [...]
    À considérer tout cela, une seule question vient à l’esprit : la religion peut-elle échapper à la croyance, au dogme et au rituel pour se fonder simplement sur l’éthique de la vie quotidienne? Autrement dit, existe-t-il un sacré au sein duquel on puisse vivre authentiquement? Mais qui saurait entendre une telle question? 
   Briser le carcan des habitudes n’est pas chose facile. L’homme se soumet à un modèle, tombe dans une sorte de léthargie et évite soigneusement tout ce qui peut le remettre en question. Au fond, les gens cultivent l’amertume et le cynisme. D’un point de vue psychologique, rares sont ceux qui veulent la liberté. Certes chacun aime être libre d’agir à sa guise – mais qu’en est-il de la liberté intérieure ?
    Celle-ci demande un long et patient travail d’exploration sur soi. Détruire le vieux cocon exige en effet une énergie phénoménale. En vérité, la plupart des gens qui assistent à mes conférences sont surtout poussés par la curiosité. Combien d’entre eux entendent vraiment mener une vie juste et droite? Combien sont prêts à faire l’expérience de ce que je leur transmets, à le mettre en pratique dans leur vie? Aujourd’hui, le matérialisme règne en maître.
    Au fond, la Vérité n’intéresse pas grand monde. Si l’on est incapable de transcender le jeu des phénomènes pour se mettre en quête de l’essentiel, on reste prisonnier du passé. Et la plupart des gens refusent de voir plus loin. Ce qu’ils veulent, c’est se divertir. Même la religion est devenu un divertissement.  

Jiddu Krishnamurti / Ultimes paroles (entretiens entre janvier 1981 et décembre 1985); Albin Michel 1997


À propos de la croyance en Dieu

La croyance en Dieu a été un puissant stimulant qui a poussé l’homme à mieux vivre. Pourquoi niez-vous Dieu? Pourquoi n’essayez-vous pas de ranimer la foi de l’homme en l’idée de Dieu?

– Examinons avec intelligence le problème dans son ampleur. Je ne nie pas Dieu. Ce serait sot de le faire. Seul l’homme qui ne sait pas ce qu’est la réalité se complaît dans des mots qui n’ont pas de sens. L’homme qui dit «je sais» ne sait pas. Celui qui vit la réalité d’instant en instant n’a aucun moyen de communiquer cette réalité.
   Croire c’est nier la vérité; les croyances font obstacle au réel; croire en Dieu ce n’est pas trouver Dieu. Ni le croyant ni l’incroyant ne trouveront Dieu; la réalité est l’inconnu, et votre croyance ou non-croyance en l’inconnu n’est qu’une projection de vous-mêmes, donc n’est pas le réel. Il y a partout de nombreux croyants; des millions de personnes croient en Dieu et y trouvent leur consolation. Tout d’abord, pourquoi croyez-vous? Vous croyez parce que cela vous donne du contentement, une consolation, un espoir, et cela donne aussi un sens à la vie. En fait, votre croyance n’a que très peu de valeur, parce que vous croyez et exploitez, vous croyez et tuez, vous croyez en un Dieu universel et vous vous assassinez les uns les autres. Le riche, lui aussi croit en Dieu; il exploite cruellement, accumule de l’argent et bâtit ensuite un temple ou devient philanthrope.
   Ceux qui ont lancé la bombe atomique sur Hiroshima disaient que Dieu était avec eux; ceux qui s’envolaient d’Angleterre pour détruire l’Allemagne disaient que Dieu était leur copilote. Les dictateurs, les premiers ministres, les généraux, les présidents, tous parlent de Dieu; ils ont une foi immense en Dieu. Sont-ils au service de l’humanité? Ils disent qu’ils croient en Dieu et ils ont détruit la moitié du monde et la misère est partout. L’intolérance religieuse divise les hommes croyants et incroyants, et aboutit à des guerres religieuses. Cela montre à quel point nos esprits sont préoccupés de politique.
   La croyance en Dieu a-t-elle été «un puissant stimulant qui a poussé l’homme à mieux vivre»? Votre stimulant ne devrait-il pas être votre désir de vivre proprement et simplement? Si vous avez recours à un stimulant, c’est le stimulant qui vous intéresse, et non pas le fait de rendre la vie possible à tous. Et comme votre stimulant est différent du mien, nous nous querellons à leur sujet. Si nous vivions heureux tous ensemble, non pas à cause de notre croyance en Dieu, mais du fait de notre humanité, nous partagerions tous les moyens de production en vue de produire pour tous. Par manque d’intelligence, nous acceptons l’idée d’une supra-intelligence que nous appelons Dieu; mais ce Dieu, cette supra-intelligence, ne vous accordera pas une vie meilleure. Ce qui mène à une vie meilleure c’est l’intelligence; et il ne peut pas y avoir d’intelligence s’il y a croyance, s’il y a des divisions de classes, si les moyens de production sont entre les mains d’une minorité, si existent des nationalités isolées et des gouvernements souverains. Toutes ces choses indiquent un manque évident d’intelligence. Ce sont elles qui font obstacle à une vie meilleure, et non l’incroyance en Dieu.
   Vous croyez de différentes façons, mais vos croyances n’ont absolument aucune réalité. La réalité c’est ce que vous êtes, ce que vous pensez; et votre croyance en Dieu n’est qu’une évasion de votre vie monotone, stupide et cruelle. En outre, les croyances, invariablement, divisent les hommes. Il y l’hindou, le bouddhiste, le chrétien, le communiste, le socialiste, la capitaliste, etc. Les croyances, les idées divisent; elles n’unissent jamais les hommes. Vous pouvez rassembler quelques personnes en un groupe, mais ce groupe sera opposé à d’autres groupes. Les idées et les croyances n’unifient pas; au contraire, elles séparent; elles sont désintégrantes et destructives. Par conséquent votre croyance en Dieu propage en fait la misère dans le monde. Bien qu’elle ait pu vous donner une consolation momentanée, elle vous a en réalité apporté un surcroît de misères et de destructions sous forme de guerres, de famines, de divisions de classes et d’actions individuelles dénuées de toute pitié. Donc vos croyances ne sont pas du tout valables. Si vous croyiez réellement en Dieu, si c’était une expérience vraie pour vous, votre visage aurait un sourire, et vous ne seriez pas en train de détruire des êtres humains.
   Qu’est-ce que la réalité, qu’est-ce que Dieu? Dieu n’est pas un mot, le mot n’est pas la chose. Pour connaître l’immesurable, l’intemporel, l’esprit doit être libéré du temps, ce qui veut dire qu’il doit être débarrassé de toute pensée, de toutes idées sur Dieu. Que savons-nous de Dieu ou de la vérité? Vous ne savez rien concernant cette réalité. Tout ce que vous savez ce sont des mots, les expériences d’autrui et quelques moments d’expériences personnelles plutôt vagues. Mais cela n’est pas Dieu, cela n’est pas la réalité, cela n’est pas au-delà du champ de la durée. [...]  
   Dieu, la vérité – le nom n’a pas d’importance – est quelque chose qui entre en existence d’instant en instant, et qui n’a lieu que dans un état de liberté et de spontanéité, et non lorsque l’esprit est discipliné à l’imitation d’un modèle.

La première et la dernière liberté / Par Krishnamurti (1895-1986); Éditions Stock 1954

21 décembre 2018

Des Fêtes gobeuses de cash

En 1974, à l’émission Consommateurs avertis, le journaliste André Ménard avait questionné des élèves de l’École Laurier, à Montréal :  
   «Qu’est-ce que tu as demandé pour Noël?» «Un train électrique.» «En as-tu déjà un?» On entend l’enfant acquiescer. «Il fonctionne encore? Oui? Pourquoi en veux-tu un autre?» On l'entend ensuite demander à une fillette qui souhaitait avoir une poupée «qui marche et qui boit» pour Noël : «Est-ce que tu as déjà une poupée?» «J’en ai huit.» «Huit? Et t’en veux d’autres?», réplique le journaliste ahuri. (Gravel le matin, Ici Radio-Canada Première, novembre 2018)

«Noël... en chiffres» de Statistiques Canada fournit des données sur la consommation gravitant autour du temps des Fêtes (1). En décembre 2016, les Canadiens ont dépensé plus de 50 milliards de dollars (vente au détail). Certains sondages prévoient qu’en 2018 les ventes pourraient dépasser celles de 2017. Combien de bébelles seront remisées au sous-sol ou balancées aux ordures? C’est fou.

Le piège des marques 

L’extrait qui suit est tiré de : En as-tu Vraiment besoin? | PIERRE-YVES MCSWEEN; Guy Saint-Jean Éditeur 2016 

En glorifiant une marque, on crée un désir, on suscite de l’envie, on forge une personnalité. On vend du rêve, pas de la réalité.  

La valeur des marques
Pourquoi se procurer des marques? Pourquoi vouloir une sorte de panneau ambulant? Parce qu’on a réussi à nous donner l’impression qu’on faisait partie de quelque chose de plus grand que nous en les consommant. Or, il s’agit d’un sentiment d’appartenance un peu futile et sans valeur.
   Les marques sont un outil d’acceptation sociale : un genre de police d’assurance de non-rejet. Bien que ce soit futile, acheter telle ou telle marque adoptée par un groupe d’amis équivaut à accorder sa confiance à une certaine tranche de la population.

Le désir d’hier et l’inutilité de demain 
Avec les années, les marques changent, la mode évolue, mais le phénomène perdure. Une année, c’était Burton, une autre, c’était Tommy Hilfiger. Il y a aussi eu les manteaux Canada Goose : les fameux manteaux tous pareils. Dans les corridors de HEC Montréal, c’en était une farce.
   Qui se souvient des célèbres t-shirts Vuarnet? Ils ont complètement disparu de la carte, sauf quelques exemplaires encore en bon état dans les comptoirs de l’Armée du Salut.
   Les consommateurs d’Apple ne sont pas seulement des consommateurs; ils sont parfois des disciples. Des disciples prêts à écouter la grand-messe annuelle, au moment de la sortie des nouveaux produits. Des disciples prêts à défendre la marque et à participer à l’obsolescence programmée. Le marketing a gagné, la raison a perdu.
   Les marques nous projettent dans la réalité attirante d’un autre. Notre cerveau fait une association et manque aussi d’esprit critique quand vient le temps de sonner un sens à notre interprétation des marques. Quand une vedette s’associe à tel produit, est-ce logique? Endosse-t-elle vraiment le produit ou plutôt le chèque qui y est lié? Est-ce qu’Eugénie Bouchard se bourre vraiment de Coke Diète? Maria Sharapova affirmait prendre des médicaments pour prévenir ou traiter le diabète, très présent dans la famille. Or, elle a sa propre marque de bonbons, Sugarpova. Honnêtement, n'est-ce pas là un illogisme d'image?


Les marques laissent leur marque dans notre cerveau. C’est du vent, on le sait, on le sent. On ne peut expliquer pourquoi on est esclave des marques à certains égards. On a un biais cognitif de représentativité. Plus on entend parler d’une marque de façon positive, plus notre cerveau lui confère de la valeur. Il faut juste en être conscient.
   Par contre, certaines marques sont si ancrées dans notre inconscient qu’elles s’apparentent à un tatouage et s’imprègnent dans notre processus de réflexion. On ne choisit plus un produit parmi les marques facilement disponibles, mais on exige UNE marque, pour laquelle on a un préjugé cognitif favorable. Il est très difficile de se libérer de ce réflexe d’opter pour une marque connue ou prestigieuse, même si la différence de prix représente une somme substantielle à mettre sur la table.
   Même les espaces naturels ont une marque. Même les régions géographiques ont une marque. Tout est marque. Tout adulte vivant dans une société de consommation verra son jugement faussé par la reconnaissance de la marque. 

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(1) Quelques-unes des hallucinantes statistiques de surconsommation saisonnière.

ARBRES DE NOËL 


Production  

● 77,6 millions de dollars – La valeur des recettes monétaires agricoles tirées de la production d'arbres de Noël au Canada en 2016.
● 1 872 – Le nombre d'exploitations agricoles qui cultivaient des arbres de Noël en 2016. Cette activité agricole est concentrée au Québec, en Nouvelle-Écosse, en Ontario, en Colombie-Britannique et au Nouveau-Brunswick.

Exportations d'arbres de Noël fraîchement coupés

● 43,1 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été exportés par le Canada dans le monde en 2016.
● 1 952 489 – Le nombre d'arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été exportés par le Canada dans le monde en 2016.

● 5,1 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël fraîchement coupés qui ont été importés au Canada en provenance des États-Unis en 2016.

Importations d'arbres de Noël artificiels

● 61,0 millions de dollars – La valeur totale des arbres de Noël artificiels importés au Canada en 2016.
● 59,5 millions de dollars – La valeur des arbres de Noël artificiels importés au Canada en provenance de la Chine en 2016.

CADEAUX

L'échange de cadeaux est un aspect important de Noël, sans parler de Hanoukka et de l'Aïd al-Adha. (Les données ne sont pas désaisonnalisées)

● 5,1 milliards de dollars – La valeur des aliments et des boissons achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 16,92 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 4,35 milliards de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 16,8 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 459,9 millions de dollars – La valeur des téléviseurs et de l'équipement audio et vidéo achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 121,3 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 207,8 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 31,0 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 417,8 millions de dollars – La valeur des jouets, des jeux et des articles de passe-temps (y compris les jeux électroniques) achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 203,7 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 137,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 38,8 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 274,9 millions de dollars – La valeur des ordinateurs et des logiciels achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 65,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 166,3 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 11,9 % rapport aux ventes en novembre 2016.
● 263,4 millions de dollars – La valeur des petits appareils ménagers électriques achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 91,5 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 137,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 33,0 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 238,5 millions de dollars – La valeur des articles de table, des articles de cuisine, des batteries de cuisine et des moules achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 82,1 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 131,0 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 46,6 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 154,8 millions de dollars – La valeur des cosmétiques et des parfums achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 69,2 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 91,5 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 48,9 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 171,6 millions de dollars – La valeur des articles de sport achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 16,2 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 147,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 47,7 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 98,7 millions de dollars – La valeur de la papeterie, des fournitures de bureau, des cartes, du papier d'emballage et des articles pour réception achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 85,1 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 53,3 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 43,5 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 118,0 millions de dollars – La valeur des montres et des bijoux achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 130,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 51,2 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 108,2 % par rapport aux ventes en novembre 2016.
● 73,7 millions de dollars – La valeur des appareils-photo (traditionnels et numériques) ainsi que du matériel et des fournitures photographiques connexes achetés chez les grands détaillants au Canada en décembre 2016. Il s'agit d'une hausse de 177,4 % par rapport à la moyenne mensuelle des ventes de 26,6 millions de dollars pour cette catégorie en 2016, et de 88,4 % par rapport aux ventes en novembre 2016.

AVEZ-VOUS ÉTÉ SAGE?

Selon la tradition, les enfants qui n'ont pas été sages reçoivent un morceau de charbon dans leur bas de Noël!
● 61,0 millions de tonnes – La quantité de charbon produite au Canada en 2016.

BONBONS ET ALIMENTS À GRIGNOTER

● 460,2 millions de dollars – La valeur des ventes de bonbons, de confiseries et d'aliments à grignoter des grands détaillants canadiens en décembre 2016, le mois où les ventes ont été les plus élevées.

VINS MOUSSEUX


● 363,2 millions de dollars – La valeur des ventes de vins mousseux au Canada en 2015-2016. Les produits canadiens représentaient un septième de cette valeur.
● 17,2 millions de litres – Le volume des vins mousseux vendus au Canada en 2015-2016.

CONSOMMER DE FAÇON RESPONSABLE

● 70 500 – Le nombre d'affaires de conduite avec les facultés affaiblies déclarées par la police en 2016, soit environ 1 400 de moins que l'année précédente.
● 100 – Le nombre d'affaires de conduite avec les facultés affaiblies (alcool ou drogues) causant la mort en 2016.

BRÛLER LES CALORIES ACCUMULÉES

● 31,3 millions de dollars – La valeur des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants canadiens en janvier 2016. En décembre 2015, la valeur des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants se chiffrait à 29,0 millions de dollars.
● 17,1 millions de dollars – En comparaison, la moyenne mensuelle des ventes d'équipement d'exercice et de conditionnement physique des grands détaillants canadiens en 2016.

LAIT DE POULE ET CRÈME À FOUETTER

● 5,2 millions de litres – Le volume des ventes commerciales de lait de poule au Canada en décembre 2016. Plus de 2,6 millions de litres de lait de poule ont été vendus en novembre 2016.
● 5,7 millions de litres – Le volume des ventes commerciales de crème à fouetter au Canada en décembre 2016. Octobre 2016 était le deuxième mois où l'on a enregistré les ventes les plus élevées, soit 4,9 millions de litres.

DINDES ET DINDONS

● 21,8 millions – Le nombre de dindes et de dindons produits au Canada en 2016.
● 183,4 millions de tonnes – La quantité de dinde produite au Canada en 2016.
● 1 992 – Le nombre d'exploitations agricoles produisant des dindes et des dindons au Canada.

Le chat n'en veut même pas. 

Les deux derniers items m’ont inspiré l’article «Des Fêtes gobeuses d’animaux» ci-après. Je n’oublie pas mes amis animaux... 

Avertissement : le contenu pourrait meurtrir les coeurs sensibles. 

Comme je souhaiterais que les humains soient moins cruels et aient de la considération pour nos compagnons de voyage.