31 août 2014

Au bord du gouffre

Photo : Jean-claude Lamarre, Saint-Pacôme (août 2014)

Il y a des blogues qui se préoccupent du sort des humains, d’autres, de celui des animaux. Chacun sa spécialité. En ce qui me concerne, le sort, à la fois des humains, des animaux et de la nature, m’inquiète. De plus en plus.


C’est une triste chose de penser que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas. … Dieu perd son temps à faire les étoiles et les fleurs. ~ Victor Hugo 

La Nature est LE baromètre de l’activité humaine, notamment, industrielle

La découverte d'une sixième carcasse de béluga cette saison ravive les appréhensions des scientifiques
   Le directeur scientifique du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins (GREMM), Robert Michaud, admet qu'il est inquiet. «Depuis 2010, et en 2012 en particulier, on a noté une augmentation phénoménale des mortalités chez les nouveau-nés. Cette année - l'année n'est pas terminée – on a déjà un nombre de mortalités qui est plus que ce qu'on avait avant 2010.»
   De plus, la mort de ces veaux vient invalider l'une des hypothèses étudiées par les chercheurs pour expliquer le déclin de la population de bélugas du Saint-Laurent. Pour expliquer le déclin de la population de bélugas, les chercheurs du GREMM et de Pêches et Océans Canada considèrent également l'hypothèse de la présence d'un contaminant ignifuge persistant, le PBDE, qui s'accumule dans la chaîne alimentaire.
   Port pétrolier de Cacouna La découverte de cette sixième carcasse de béluga survient au lendemain du feu vert de Québec pour les travaux préliminaires de TransCanada au port de Gros-Cacouna. La construction du port pétrolier, rappelle Robert Michaud, se ferait dans ce que les chercheurs surnomment la ‘pouponnière des bélugas’. Cette autorisation émise par Pêches et Océan Canada pour ces forages exploratoires est contestée devant les tribunaux, parce qu'elle ne repose sur aucun avis scientifique.»
Article :
http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/08/22/007-bsl-belugas-decouverte.shtml?isAutoPlay=1


Le documentaire «La Chine empoisonnée» (Jean-Guy Michaud; Apollo films Arte Suisse) montre à quel point ce pays a largement dépassé le point critique (réversible?) de son degré de pollution environnementale.
   La grande destruction. Un cinquième de la population chinoise consommerait de l’eau très polluée. L’essor économique des dernières décennies a aussi son lot de menaces pour des millions de Chinois. Air irrespirable et des cours d'eau entiers devenus de véritables bassins chimiques cancérigènes.
   Documentaire (si vous avez accès à la zone et s’il est encore disponible) :
http://ici.tou.tv/les-grands-reportages/S2014E101?autoplay=true


A man looks at a contaminated river in Cangnan county of Wenzhou, Zhejiang province
   July 24, 2014 – If you woke up tomorrow and suddenly discovered your local river had turned blood red and that an awful, caustic smell had permeated your air, you would be alarmed, right? For residents of Wenzhou, China, and millions like them in China's rapidly industrializing and growing cities and towns, it's par for the course.
   Officials in Wenzhou are still trying to find the cause of the water and air pollution, but Yixiu Wu, who tracks water-pollution issues for Greenpeace, told Voice of America, “I think the water-pollution problem, it’s no longer a remote problem, only in the countryside," he said. "It’s affecting everyone. Even people in the cities.”
Article:
http://www.businessinsider.com/china-water-pollution-photos-2014-7?op=1#ixzz3AZAUm3A7

La Chine à la conquête de l’Amérique latine
   Yvan Coté,  25 juillet 2014 – Le président Xi Jinping vient de conclure une nouvelle tournée de huit jours en Amérique latine, sa deuxième en 18 mois. Fidèle à son habitude, le numéro un chinois a profité de l’occasion pour faire le plein de contrats extrêmement lucratifs. Il a signé 15 accords de coopération avec le Brésil, 19 avec Argentine, 38 avec le Venezuela et 30 avec Cuba.
   Influence croissante de l’Asie Des milliards de dollars pourraient aussi arriver bientôt en Argentine. La Chine s’est engagée à construire deux barrages hydroélectriques dans le sud du pays d’une valeur de 4,4 milliards de dollars et 11 navires qui pourraient représenter un investissement de 423 millions de dollars.
Article :
http://blogues.radio-canada.ca/correspondants/2014/07/25/la-chine-a-la-conquete-de-lamerique-latine/

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Si la pollution déborde chez toi, tu vas polluer ailleurs?

La Chine n'est pas plus à blâmer que les autres nations prédatrices mondialistes; elle a copié le modèle occidental.

Mais comment protéger notre environnement contre les requins financiers mondialistes  qui siphonnent toutes les ressources partout sur la planète? 

Lisez «NOUS Y SOMMES!» par Fred Vargas (onglet Introduction).

Ah, ce cher Bukowski…

Portrait : Richard Tito

Henry Charles Bukowski (1920-1994)
Quel personnage! Rebelle, lucide, visionnaire, irrévérencieux, sentimental à ses heures, quand il laissait son Bluebird* placer un mot.

Le documentaire Born like this nous présente l’écrivain «tel quel», sans édulcoration; et c’est bien la meilleure façon de lui rendre justice. L’on comprend mieux les méandres d’une vie mouvementée et loin d’être conforme aux normes d’esclavage courantes. Bukowski y récite entre autres ce poème à caractère prophétique – puisque nous sommes dedans

[La transcription sur écran cesse au mot powder; n’ayant pas trouvé de version complète sur le web, j’ai transcrit la suite à partir de l’audio.]

Born like this

born like this
into this
as the chalk faces smile
as Mrs. Death laughs
as political landscapes dissolve
as the oily fish spit out their oily prey

we are born
like this
into this
into hospitals which are so expensive
that it’s cheaper to die
into lawyers who charge so much
it’s cheaper to plead guilty
into a country where the jails are full
and the madhouses closed
into a place where the masses elevate fools
into rich heroes

born into this
walking and living through dying
because of this
castrated
debauched
disinherited
the fingers reach for
the bottle
the pill
the powder

we are born into this sourful deadliness
there will be open and unpunished murder
in the streets
it will be guns and roving mobs
land will be useless
food will become a diminishing return
nuclear power will be taken over by the many
explosions will continually shake the earth
radiated men will eat the flesh of radiated men
the rotting bodies of men and animals
will stink in the dark wind 
and there will be the beautiful silence never heard
formed out of that  
the sun hidden there
and waiting the next chapter 

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The genius of the crowd

There is enough treachery, hatred, violence,
absurdity in the average human being
to supply any given army on any given day.

And the best at murder
are those who preach against it.
And the best at it
are those who preach love.
And the best at war – finally –
are those who preach peace.

Beware
the average man
the average women
beware their love
their love is average, seeks average.

But there is genius in their hatred
there is enough genius in their genius
to kill you, to kill anybody.

Not wanting solitude
not understanding solitude
they will attempt to destroy anything
that differs from their own.

Not able to create art
they will not understand art 
they will consider their failure as creators
only as failure of the world.

Not being able to love fully
they will believe your love incomplete
and then they will hate you.

And their hatred will be perfect
like a shining diamond
like a knife
like a mountain
like a tiger
like hemlock
their finest art. 

Vidéo avec sous-titrage en français :
https://www.youtube.com/watch?v=D3r1vdst5Wo

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Superbe film d'animation inspiré du poème Bluebird, par Monika Umba (2009)  



* Bluebird
(1992)

there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I’m too tough for him,
I say, stay in there, I’m not going
to let anybody see
you.
there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I pour whiskey on him and inhale
cigarette smoke
and the whores and the bartenders
and the grocery clerks
never know that
he’s
in there.

there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I’m too tough for him,
I say,
stay down, do you want to mess
me up?
you want to screw up the
works?
you want to blow my book sales in
Europe?
there’s a bluebird in my heart that
wants to get out
but I’m too clever, I only let him out
at night sometimes
when everybody’s asleep.

I say, I know that you’re there,
so don’t be
sad.
then I put him back,
but he’s singing a little
in there, I haven’t quite let him
die
and we sleep together like
that
with our
secret pact
and it’s nice enough to
make a man
weep, but I don’t
weep, do
you?

“Love is kind of like when you see a fog in the morning, when you wake up before the sun comes out. It’s just a little while, and then it burns away… Love is a fog that burns with the first daylight of reality.” (Bukowski)

En bonus pour la fête du travail :

«L'esclavage n’a jamais été aboli, il n'a été qu’élargi de manière à inclure toutes les couleurs. Et ce qui fait mal, c'est la déshumanisation de ceux qui se battent pour garder des emplois dont ils ne veulent pas, mais qui craignent qu’une alternative soit pire. Les gens se vident tout simplement. Ce sont des corps peureux et des esprits obéissants. (...) Quand j’étais jeune, je ne pouvais pas croire que les gens puissent soumettre leur vie à pareilles conditions. Le vieil homme que je suis ne peut toujours pas y croire. Pourquoi font-ils ça? Le sexe? La télé? L’automobile à paiements mensuels? Ou les enfants? Les enfants qui vont faire exactement les mêmes choses qu'eux?» (H.C. Bukowski) 
 
J’ai toujours détesté le labeur et si je travaille, c’est dans le but unique de subvenir à mes débauches. ~ Alphonse Allais
 
Le but du travail n’est pas tant de faire des objets que de faire des hommes.
~ Lanza Del Vasto

29 août 2014

Accro au Nutella?

Un peu d’humour (ou de Nutella?) ne fait pas de tort quand tout va mal… Si la probabilité d'une pénurie de Nutella vous jette par terre, lisez ce qui suit. 


Indices de dépendance au Nutella

Votre première pensée au réveil : Nutella! Quel support utiliserez-vous – baguette, bagel, rôtie? Avez-vous le temps de vous faire une crêpe farcie au Nutella comme celles que vous avez déjà mangées à Paris?

Quand ça va mal, rien ne vous console comme le Nutella, pas même la crème glacée ni la bouteille de vin.

Votre profil Facebook inclut une photo de vous avec un pot de Nutella, autrement, il serait incomplet.

Vous imaginez constamment de nouvelles façons de l’intégrer dans tout ce que vous faites. Malheureusement, vous ne pouvez pas le coudre sur vos vêtements.

Vous n’en manquez jamais. Ce n’est même pas envisageable. Vous ne reniez ni ne justifiez votre dévotion au Nutella.

Vous n’hésiteriez pas à rompre avec des amis qui ne partagent pas ou ne comprennent pas votre affinité et votre relation au Nutella. Ce serait comme se lier d’amitié avec un ennemi.

C’est votre toutou. Pourquoi un teddy bear quand ce joyau de Nutella peut vous réconforter le soir?

Vous essayez toujours de l’améliorer. En fait, vous ne voulez pas changer votre Nutella, mais en faire ressortir les qualités, alors vous faites en sorte qu’il soit en évidence… sur votre ventre.

Vous le trouvez aussi bon que la première fois. Vivre sans Nutella? C’est franchement impensable, voire, impossible. 

Votre dernière pensée avant de dormir : Nutella! Première et dernière pensée : n’est-ce pas là un signe de véritable amour? Oui!  

Inspiré/résumé d’un article d’Amanda Chate (les gifs sont drôles)  
http://www.care2.com/greenliving/11-signs-the-nutella-shortage-will-change-your-life.html

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Moins drôle : le Nutella est bourré de sucre raffiné et d’huile de palme. Cette huile (et ses dérivés) est utilisée dans la nourriture (confiserie et autres), les produits de beauté et de soins corporels et les produits d’entretien. Lisez les étiquettes, vous aurez de grosses surprises. Cette huile est présente dans 40 à 50 % des produits que nous achetons. C’est un important générateur de mauvais cholestérol (gras trans).

Selon World Wildlife Fund, l’industrie de l’huile de palme a détruit l’équivalent de 300 terrains de football de forêts tropicales (les poumons de la terre!) et conséquemment décimé de nombreuses populations autochtones et espèces animales. L’expansion de cette industrie détruit les écosystèmes et la biodiversité. L’Indonésie y goûte...

Différentes appellations pour l’huile de palme et ses dérivés :
Palm Kernel Oil; Palm Kernel Stearin; Palm Kernel Olein; Partially Hydrogenated Palm; Palm Kernel Oil; Fractionated Palm et Palm Kernel Oil; Palmitate -- vitamine A ou Ascorbyl Palmitate; Sodium Laureth ou Lauryl Sulphates (aussi dérivés d’autres huiles); Sodium dodecyl Sulphate; Elaeis Guineensis; Glyceryl Stearate et Stearic Acid; Steareth -2 et Steareth -20; Hydrated palm glycerides; Sodium isostearoyl lactylaye; Cetyl palmitate et octyl palmitate.

Facile à retenir, non?

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Bonne nouvelle : faites votre propre Nutella!

Si Ferrero a acheté toutes les autres cultures de noisettes (ailleurs qu’en Turquie), le Nutella sera hors de prix et/ou vous risquez de ne pas trouver de noisettes chez votre épicier. Utiliser d’autres noix est une alternative très honorable.

Nutella-maison de Becky Striepe (recette flexible)

Ingrédients (mesures américaines)

1 tasse de noisettes ou d’amandes, noix de Grenoble, pacanes ou macadamia (au choix!) rôties et non salées
2 c. à table de poudre de cacao
1/4 de tasse de sucre en poudre
1 c. à table d’huile de tournesol biologique

Préparation

Pulvérisez les noix au mixeur. Stoppez, raclez et pulvérisez à répétition jusqu’à l’obtention d’une pâte aussi lisse que le beurre d’arachides naturel. Ne lâchez pas… vous verrez la fine poudre se transformer en beurre de noix.

Ajoutez les autres ingrédients et mélangez bien; vous devrez peut-être stopper et racler quelques fois. Votre Nutella sera un peu moins consistant parce que le processus génère de la chaleur, mais il se raffermira au réfrigérateur. Conservez-le dans un pot de verre.

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Le Glaçage au chocolat de Crudessence (auquel on peut simplement ajouter de la poudre de noisettes ou d’amandes sans la transformer en beurre) est une seconde alternative décadente à souhait -- sans huile de palme ni sucre raffiné. Il n’est pas défendu d’improviser. 

Ingrédients

60 ml (1/4 de tasse) d’huile de noix de coco fondue
1 c. à table d’eau
30 g (1/4 tasse) de poudre de cacao
60 ml (1/4 de tasse) de nectar d’agave
1/2 c. à café d’essence de vanille sans alcool
1/8 c. à café de sel de mer

Préparation

Faites fondre l’huile de noix de coco au bain-marie. Réduisez tous les autres ingrédients au mixeur jusqu’à l’obtention d’une crème uniforme. Ajoutez l’huile de noix de coco fondue et mélangez jusqu’à ce qu’elle soit bien incorporée. Mettez au réfrigérateur pour le raffermir. Peut se conserver deux semaines au réfrigérateur.

Doublez ou triplez la recette si vous êtes plusieurs à piger dans le pot… 

28 août 2014

Boomerangs du culte des armes à feu

Comme dans tous les cultes (religieux ou autre), il y a toujours beaucoup de morts…

Photo (sans le texte) : La Presse
La fillette de 9 ans a tué par accident un instructeur lors d'une leçon de tir au fusil mitrailleur. (!!!) Comment vivra-t-elle avec ce traumatisme une fois qu’elle aura vraiment pris conscience des conséquences du geste? Hum…

Aide-mémoire : Le 30 avril 2013, à Burkesville, Kentucky, Kristian Sparks, un enfant âgé de 5 ans, a tiré avec un fusil de calibre 22 (reçu en cadeau de ses parents), frappant la poitrine de sa jeune sœur Caroline, âgée de deux ans, morte peu après son arrivée à l'hôpital. Le 24 février, à Houston, Texas, Jaiden Pratt âgé de 4 ans, s'est tiré une balle dans l'estomac en jouant avec le fusil de son père endormi sur le sofa. En mai 2013, «aux États-Unis, les enfants ont tué plus d'Américains que les terroristes!» (statistiques d’Opposing Views). Entre janvier et juin 2013, 11 personnes ont été tuées par des enfants d'âge préscolaire, âgés de 3 à 6 ans. Des morts accidentelles, bien sûr.

Et ce n'est pas mieux ailleurs dans le monde, le culte est répandu à l'échelle planétaire.

Plus il y aura d’armes en circulation, plus il y aura de risques de meurtres accidentels et prémédités. Pas besoin d’être statisticien pour le prévoir.

Et le ministre de la Justice Peter MacKay, avec son chandail pro-armes du lobby ACAF, ferait peut-être mieux d’aller se rhabiller...  

Citations d’Alessandro Baricco (1958 - ) :

[...] les médiocres ne savent pas qu'ils sont médiocres, c'est ça leur problème. Parce qu'ils sont médiocres il leur manque l'imagination pour penser que quelqu'un peut être meilleur qu'eux. Alors si quelqu'un l'est effectivement c'est qu'il a quelque chose qui ne va pas, c'est qu'il a triché quelque part, ou finalement c'est un fou qui s'imagine être meilleur qu'eux, donc c'est un prétentieux, comme ils vont sûrement te le faire comprendre très vite et avec des systèmes pas vraiment agréables, et même avec cruauté, des fois, ça c'est typique des médiocres, être cruels. La cruauté c'est la vertu par excellence des médiocres, ils ont besoin d'exercer leur cruauté, un exercice pour lequel il n'est pas nécessaire d'avoir la moindre intelligence, et ça les aide, évidemment, ça leur rend l'opération facile, ça les fait exceller, si on peut dire, dans cette opération d'être cruels, chaque fois qu'ils le peuvent, c'est-à-dire souvent, plus souvent que tu ne t'y attendras [...]. (City, trad. Françoise Brun, p.246, Albin Michel 2000)

Je ne crois pas que, s'il y a une «bonne» globalisation, elle peut être réalisée par des têtes qui s'en vont détruire les McDonald's ou qui ne voient que des films français. Ce à quoi je pense, c'est autre chose. Je pense à des gens convaincus que la globalisation, telle qu'on est en train de nous la vendre, n'est pas un rêve erroné : c'est un rêve petit. Arrêté. Bloqué. C'est un rêve en gris, parce qu'il sort directement de l'imaginaire des chefs d'entreprise et des banquiers. En un certain sens, il s'agirait de commencer à rêver à ce rêve à leur place : et à le réaliser. C'est une question d'imagination, de ténacité et de colère. C'est peut-être cela, la tâche qui nous attend. (Next, trad. Françoise Brun, p.69, Albin Michel, 2002)

Source des citations : Au fil de mes lectures 
http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

27 août 2014

Par chemins autochtones

Mise à jour : je viens de voir la deuxième partie du documentaire Les sceaux d’Utrecht 
 
Un cours d’histoire en accéléré et une réflexion sur les enjeux du présent pour ouvrir les yeux et sortir de notre torpeur.
 
Comme le dit Alma Brooks dans cet épisode : «Je pense que les gens n’ont pas encore réalisé ce qui se passe sur le plan écologique.»
 
L’on revient à ce que disait récemment George Monbiot :
«... Nous essayons de faire le procès des gens qui se fichent totalement de la nature. Comment pouvons-nous les convaincre de changer de mentalité s’ils ne partagent pas nos valeurs? Pour moi, la réponse est simple : on ne le fait pas. (...)
       Si nous cédons au système financier en disant : «Le marché néolibéraliste est la façon d'aller de l'avant», ce faisant, nous adoptons ces valeurs sociales. Les écologistes comptent parmi les dernières lignes de défense contre la société progressiste basée sur des valeurs extrinsèques. Si nous ne nous levons pas pour dire : "Nous ne partageons pas ces valeurs, nos valeurs sont des valeurs intrinsèques. Nous nous soucions des gens. Nous nous soucions de la nature. Nous sommes intégrés à nos communautés et aux personnes autour de nous, et nous voulons les protéger, pas seulement nous-mêmes. Nous ne voulons pas être égoïstes. Ce n’est pas une question d'argent!", qui d’autre le fera?
       Alors, vous me demandez : "Eh bien, que pouvons-nous faire? Vous présentez des arguments contre les tentatives de tarification, de financialisation et de monétisation de la nature en vue de la protéger. Que devons-nous faire, alors?"
       Eh bien, ce n'est pas un mystère. La réponse a toujours été la même. Et elle sera toujours la même. La seule chose qui fonctionne, mais que nous ne faisons pas, est simplement de quitter notre fauteuil. La solution, c’est la MOBILISATION.
        C'est la seule chose qui a fonctionné, c’est la seule chose qui peut fonctionner. Tout le reste n'est que bonbon, substitut et excuse pour ne pas faire ce qui fonctionne. Et cela s'applique aux tentatives de monétiser et de financialiser la nature autant qu’à toutes les autres questions que nous ne réussissons pas à résoudre.»

~ George Monbiot (The price of everything)
http://www.monbiot.com/2014/07/24/the-pricing-of-everything/  
 
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Je préfère acheter la sauge blanche et les tresses de foin d’odeur (sweet grass) directement dans les boutiques amérindiennes (pourquoi passer par des revendeurs qui mangent leurs profits?). Le foin d’odeur est aussi appelé Herbe à bison, Herbe de Sénèque et «Cheveux de la Terre-Mère»; j’aime beaucoup son parfum un peu vanillé.

À ma dernière visite, j’ai acheté «Littérature amérindienne du Québec», des écrits en langue française colligés par Maurizio Gatti : «La littérature est un espace de liberté dans lequel un nombre grandissant d’auteurs amérindiens laissent leur marque. Ce recueil s’efforce d’en rendre compte.»

Catégorie Poèmes

AUTOCHTONICITÉ
Éléonore Sioui *

Dans un verre
De vin blanc
Déposez deux ou trois gouttes
De sang indien
Ajoutez-y une once de pollution
Brassez à l’européenne
Et vous aurez un mélange de deuxième classe
Puis fermentez le résidu de l’élixir
Qui vous procurera une troisième classe
Dont la dilution deviendra
L’Amérindien
Contaminé dans son authenticité.
Make big plans, aim high in hope and work
Do not make little plan as it gives no magic stir.

(Femmes de l’île, Rillieux, Sur le dos de la tortue, numéro hors série, 1990, p.12)

* Née à Wendake (1925-2006), Éléonore Sioui a été la première Wendat (Huronne) à avoir publié un recueil de poèmes au Québec. L’ensemble de ses activités lui ont valu en 2001le titre d’officier de l’Ordre du Canada. (…)

GARDE LE SILENCE
Jean Sioui *

Garde le silence si tu crains que le vent
n’emporte tes paroles au mauvais endroit

Arrête-toi un moment
écoute les bruits de la forêt
regarde la hauteur des arbres
respire l’odeur du bois
touche la fraîcheur du sol
et repars
enivré de vie

(Le Pas de l’Indien, Pensées wendates, Québec, Le Loup de Gouttière, 1997, p.50)

Le pas de l’Indien est léger
son empreinte est ineffaçable
(Idem; p. 12)

* Jean Sioui, né en 1948, est Wendat (Huron). Il demeure à Wendake où il conçoit des projets pour promouvoir l’écriture par les Amérindiens. (…)


Religions, États, mercantilisme, colonialisme et génocides 

À voir : un documentaire percutant et pertinent, Les sceaux d’Utrecht (en deux parties) http://ici.tou.tv/les-grands-reportages/S2014E106?autoplay=true
Réalisation : Paul Bossé

Court Synopsis
   1713, date de la signature du fameux traité d’Utrecht qui a changé la face du monde. Cette mini-série documentaire animée par le rappeur métis/anishnabe Samian présente l’histoire du point de vue de ceux qui n’étaient pas à la table pour signer un traité qui fut fort de conséquences pour toute l’Amérique. Ce regard sur les événements fait valoir la mentalité des cultures autochtones, acadiennes et européennes face à l’exploitation des terres et raconte le fondement de notre économie actuelle qui encore aujourd’hui exerce une exploitation sauvage des ressources naturelles.
   Au cours de ses rencontres, Samian découvre et questionne les conséquences de ce traité avec des penseurs et militants tels que Serge Bouchard, Chef Ghislain Picard, Dominique Rankin, les historiens Dale Miquelon, Renger de Bruin et Françoise Enguehard pour en nommer quelques-uns. http://www.samian.ca/

Mes transcriptions (première partie) :

Avant la signature du Traité de paix d’Utrecht en 1713, l’Édit du pape Nicolas V, en 1452, avait causé de nombreuses guerres entre les nations européennes :
«Par les présentes nous vous accordons la permission complète d’envahir, de capturer et de soumettre tous les incroyants et les ennemis du Christ où qu’ils puissent être et de prendre possession de leurs royaumes, principautés et autres biens.»

Serge Bouchard, anthropologue :
«Quand ils débarquent quelque part, surtout si les terres sont sauvages, vierges et non exploitées et qu’ils ne reconnaissent pas de civilisations, de pyramides, de constructions et d’infrastructures, alors là, ils vont déclarer tout simplement ‘je plante mon drapeau et prends possession de ces terres, et mon idée c’est de déclarer que ces terres ne sont à personne’. Il y a une expression en droit qui dit ‘terra nullius’, terre sans souverain, terre sans contenu, terre sans rien. La fameuse croix qu’on pense être une croix chrétienne, était une croix politique. C’était des planteux de croix. Ils arrivaient quelque part, abattaient deux arbres, les gossaient et les plantaient. Les Indiens regardaient ça et disaient : ‘Qu’est-ce que tu fais là?’»  Au sujet des traités : «Ce sont tous des langues fourchues réunies dans un salon, de mauvaise foi, qui signent des papiers qu’ils n’ont pas l’intention de respecter. C’est ça un traité. D’un trait de plume, un aristocrate avec une perruque pis des petits collants, signe : C’est à vous autres les Anglais!»

Alma Brooks, Aînée Wolastoqiyik :
«Ils ont dessiné des cartes et remplacé nos noms par les leurs. Ils on ensuite envoyé ces cartes en Angleterre pour donner l’impression que personne n’habitait ici. Mais c’était un mensonge.»

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Ne pas supporter Dieu : certainement une bonne raison pour susciter la colère de tous ceux qui s'en servent comme une arme. ~ Umberto Eco

La monarchie telle que définie par Mark Twain :
Monarchy: A select and peculiar kind of slave-proprietor who does not get his property by purchase, or trick, or beguilement, but inherits it – from an ancestor who stole it.

À chaque fois qu’un empire colonialiste s’emparait d’un pays (quelles que soient les époques), il se conduisait plus sauvagement que les sauvages qu’il entendait assimiler par la force ou exterminer purement et simplement. 

J’ai sauté au plafond en lisant des extraits du document d’enquête de Kevin D. Annet : Hidden No Longer; Genocide in Canada, Past and Present. Non pas à cause des méthodes génocidaires utilisées – toujours les mêmes horreurs! – mais parce que nous ne savions rien de ce qui se passait. Qui étaient les assassins? De fervents chrétiens supposés suivre religieusement le Décalogue. Notamment : «tu ne tueras point», «tu ne déroberas point», «tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain» – ah mais... le mot «prochain» n'incluait pas les aborigènes, bien entendu.


«Cette histoire de génocide délibéré implique tous les niveaux de gouvernement au Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chaque église dominante, les grandes entreprises, la police locale, des médecins et des juges. Le réseau de complices de cette machine à tuer était, et demeure, si vaste que sa dissimulation a nécessité une procédure complexe de camouflage conçue par les hautes sphères du pouvoir au pays. Le cover-up se poursuit, surtout que maintenant des témoins oculaires des meurtres et des atrocités commis par l'Église dans les «pensionnats» sont révélés pour la première fois : 
   »On entend toujours des histoires au sujet de tous les enfants qui ont été tués à Kuper Island. L’existence du cimetière au sud de l’école, où l’on enterrait les bébés des jeunes filles violées par les prêtres, a été ignorée jusqu'à ce qu'il soit creusé par les prêtres à la fermeture de l’école en 1973. Les religieuses pratiquaient les avortements et parfois elles tuaient les mères. Il y avait beaucoup de disparitions. Ma mère, âgée de 83 ans maintenant, a vu un prêtre descendre un escalier en traînant une fille par les cheveux; la jeune fille est morte. Des filles ont été violées, tuées et enterrées sous le plancher. Nous avons demandé à la GRC de la région d'exhumer cet endroit et de rechercher les restes, mais ils ont toujours refusé jusqu’à récemment, en 1996. Le caporal Sampson nous a même menacés. Ce genre de cover-up est la norme. Les enfants ont délibérément été mis en contact avec des malades atteints de tuberculose à l'infirmerie. C'était une procédure standard. Nous avons recensé 35 meurtres sur une période de sept ans.»
~ Témoignage de Diane Harris au Tribunal IHRAAM, le 13 juin 1998 (agente en santé communautaire pour le Conseil de bande Chemainus, Vancouver)

Ne serait-il pas étrange, pour ne pas dire ironique, que les Amérindiens (encore rejetés, bafoués, violés, méprisés, affamés, assassinés et dépouillés de leurs ressources) sauvent le pays des odieux pipelines?
   «La route prévue pour exporter du pétrole vers l'Asie passe par le chenal de Douglas qui s'étend sur 90 kilomètres et relie l'océan Pacifique à Kitimat, terminal du controversé oléoduc Northern Gateway entre les sables bitumineux de l'Alberta et la côte ouest. Le projet ferait en sorte que des centaines de superpétroliers transportant le bitume d'Alberta utiliseraient ce passage étroit vers la mer.
   Une plainte déposée en Cour d'appel allègue que le gouvernement fédéral n'a pas tenu compte des droits autochtones et du titre ancestral de la nation Gitxaala en approuvant le projet d'oléoduc de l'entreprise albertaine Enbridge. Le jugement portant sur la nation Tsilhqot'in renforce le dossier présenté par les Gitxaala, a estimé Rosanne Kyle, l'avocate de la communauté : «Le projet Northern Gateway sera le premier cas dans lequel les implications (du jugement) Tsilhqot'in se cristalliseront». À environ 250 kilomètres au nord-est de la nation Gitxaala, la nation Gitxsan a donné aux entreprises présentes sur son territoire jusqu'au 4 juillet pour quitter les lieux.» (Source : journal La Presse)

En diplomatie, l'ultimatum est la dernière exigence avant les concessions.
~ Ambrose Bierce

La seule façon pour un rêveur de se sortir d’une situation impossible est de se réveiller. ~ D. Pelletier

À voir aussi : Le peuple invisible
Réalisation : Richard Desjardins, Robert Monderie
Production : Office national du film du Canada (ONF); 2007
https://www.youtube.com/watch?v=s9L7IIUBMk4

Synopsis : Alors que différents projets forestiers, miniers ou hydroélectriques s'intéressent aux territoires autochtones, Rémi Savard, un anthropologue qui a travaillé sur le film, nous donne cette description : «Ce n'est pas un film sur les Indiens, c'est un film sur nous». Les Algonquins vivaient jadis en symbiose avec le vaste territoire qu'ils occupaient. Cet équilibre fut rompu avec l'arrivée des Européens au 16e siècle. Peu à peu, leur mode de vie ancestral a été réduit en miettes, sans compter le pillage de leurs ressources naturelles. Ils ne sont d'ailleurs plus que 9000 personnes réparties dans une dizaine de communautés, certaines plongées dans une grande misère alors que les droits humains de ce peuple autochtone sont souvent ignorés.

COMMENTAIRE

Observer les maîtres du monde concurrencer sur l’échiquier planétaire, soutenir les tensions raciales, les désordres sociaux, les guerres frontalières et économiques, et armer simultanément les factions opposées, ne laisse guère de place à l’optimisme.

22 août 2014

Morte à midi

Photos : The Vancouver Sun

Une femme de Colombie Britannique, Gillian Bennett, s’est enlevée la vie parce qu’elle ne voulait pas subir l’indignité de la démence. Elle a créé un site pour expliquer son parcours et son choix. Une femme extraordinaire, brillante, lucide, qui pave le chemin pour nous http://deadatnoon.com/index.html car nous ne sommes pas sortis de la broussaille!
    Ma mère aurait aimé s’enlever la vie de cette manière si elle avait pu. Mais, une fois intégré dans le système médical, il est trop tard. Quelque bétonné que soit votre Testament de Vie, on ne le respecte pas. Peu de médecins osent aider ceux qui réclament l’aide médicale à mourir – même en catimini! Beaucoup de trouillards dépourvus de compassion qui craignent pour leur job super payant. Alors, les patients deviennent les cobayes du système pour des médicaments contre l’Alzheimer ou la sénilité, et d’autres pour allonger la vie encore un peu plus. Ils finissent par ressembler aux pauvres chimpanzés des zoos qui développent plein de tics nerveux parce qu’ils s’emmerdent à mourir.
   Je suis entièrement d’accord avec le choix de cette femme, et je ferai pareil le jour où je constaterai que je sombre lentement mais sûrement dans la démence. Le problème c’est quand un individu subit un AVC et qu’on le force à vivre à moitié paralysé contre sa volonté. Vraiment moche ça. Encore une fois, l’aide médicale à mourir est pour celles et ceux qui en VEULENT; je me demande si les instances politiques et religieuses vont finir par comprendre, c’est pourtant pas compliqué… Désespérant à la fin. (Si la question vous intéresse, voyez le libellé «Euthanasie»)

Traduction de quelques passages de l’article publié dans The Vancouver Sun :
Les derniers mots de Gillian Bennett sur son site personnel constituent un plaidoyer passionné en faveur de l’assistance médicale à mourir.

Par Denise Ryan
21 août 2014

Lundi matin, un peu avant midi, à Bowen Island, Gillian Bennett a traîné un matelas de mousse de chez elle vers l'un de ses endroits préférés, l’endroit qu'elle avait choisi pour mourir, sur l'herbe, en face d’un rocher escarpé de la falaise.

Bennett, âgée de 85 ans et dans les premiers stades de la démence, a choisi de s’enlever la vie avec une bonne dose de whiskey, une dose de Pentobarbital mélangée à de l'eau, et son mari avec qui elle a vécu durant 60 ans.

«J'ai tenu sa main», a déclaré son conjoint Jonathan, professeur de philosophie à la retraire. «Sa voix était réfléchie, résonante, mesurée. J'étais d'accord avec son choix.»

Avant que l'ombre de la démence ne commence à voiler son esprit, Bennett avait créé un site web à publier post-mortem. Elle était douloureusement consciente de la progression de la démence : «Je suis en train de devenir un légume», écrivait-elle. «À chaque jour je perds des parties de moi-même, et il est évident que je me dirige vers l'état que toutes les personnes souffrant de démence atteignent finalement : ne pas savoir qui je suis et avoir besoin de soins à temps plein.»

Bennett voulait faire face à la mort, comme elle avait fait face aux défis de sa vie : avec sa curiosité intellectuelle, son courage et sa grâce. Elle ne voulait pas être une «carcasse» physiquement vivante sans «personne à l'intérieur».

Elle a donc décidé de mettre fin à sa vie avant que son esprit ne disparaisse totalement.

«Elle ne voulait pas que je l’aide, et je ne le souhaitais pas», a déclaré Jonathan. «Je ne sais pas où elle a obtenu le Pentobarbital (Nembutal) ou les instructions; elle ne me l'a pas dit.» Elle ne pas voulait pas non plus qu’il l’aide à glisser le matelas dehors, même si ce dernier effort était physiquement difficile pour elle.

Une chose cependant que son mari sait avec certitude : «elle n'avait absolument pas peur; pas même un peu; elle était aussi calme et paisible qu’on puisse imaginer».

Après son décès, Jonathan a lâché sa main pour appeler le médecin de son épouse, qui est venu confirmer la mort et a avisé la GRC.

(…) Gillian Bennett, mère de deux enfants, grand-mère et arrière-grand-mère, voulait qu’on se souvienne d’elle comme «la personne enthousiaste, remplie de vitalité et d’idées, et encourageante », qu’elle était. «Une ouvreuse de portes.»

La dernière porte qu’elle voulait ouvrir pour les autres, tandis qu’elle fermait la sienne, était simplement : «une conversation; à propos de ça». 

Article complet et vidéo :
http://www.vancouversun.com/health/Dead+noon+grandma+ends+life+rather+than+suffer+indignity+dementia/10132068/story.html?__federated=1


C’était le dernier vœu de Gillian Bennett que cette lettre soit publiée (The Vancouver Sun)

18 août 2014

Cher Éditeur,

Je vais m’enlever la vie aujourd'hui vers midi. Il est temps. Lentement au début, puis beaucoup plus vite récemment, j'étais en train de devenir un légume.

Avec la progression de la démence, il vient un moment où l’on n'est plus compétent pour s’occuper de ses propres affaires.

Je pourrais ainsi végéter pendant peut-être dix ans à l'hôpital, à plus de 50 000 $ par année. Les infirmières, qui avaient cru se lancer dans une carrière intéressante, devraient changer mes couches et rapporter les changements physiques d'une enveloppe vide. Je trouve que c’est du gaspillage ridicule.

Je ne perds rien de ce que je veux en me suicidant**.

Je souhaiterais que la profession médicale autorise, à travers des protocoles sensibles et appropriés, l'administration d'une dose létale de Pentobarbital pour mettre fin à la vie d'une personne âgée ou d’un malade en phase terminale, conformément à son Testament de Vie.

Mais la loi canadienne et américaine en fait un crime lorsque quelqu’un aide une personne à se suicider – je vais donc prendre du Pentobarbital sans aide. Je parie que mon mari me tiendra dans ses bras jusqu'à ce que je perde conscience.

Aujourd'hui, maintenant, je vais entrer gaiement et avec tellement de gratitude dans cette bonne nuit. Je n’ai besoin de rien de plus. Il est presque midi.

Gillian Bennett
Bowen Island, British Columbia
Canada

Note : Madame Bennett s’est enlevée la vie le 18 août à 11 h 30. 

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Quotes from her website:

There are so many things we obsess about. We seem to have a need to get things right. Should we bring a bottle of wine or some flowers to the party? Will jeans and my new boots work or is that too casual? How do I find a new mate?
   We do NOT talk much about how we die. Yet facing death is thoroughly interesting and absorbing and challenging. I have choices which I have reviewed, and either adopted or discarded. I think I have hit upon the right choice for me.
   I have talked it over with friends and relatives. It is not a forbidden topic. Anything but.

** Understand that I am giving up nothing that I want by committing suicide. All I lose is an indefinite number of years of being a vegetable in a hospital setting, eating up the country's money but having not the faintest idea of who I am.

I have done my homework. I have reviewed my options:
   Have a minder care for my mindless body. This would involve financial hardship for those I leave behind, or involve them in a seemingly endless round of chores that could erode even their fondest memories of me.
   Request whatever care the government is willing to provide. (The facility will expect my husband, children, grandchildren, to visit often to thank the caretakers for how well they are looking after the carcass. Fair enough, but not what I wish for my family.)
   End my own life by taking adequate barbiturates to do the job before my mind has totally gone. Ethically, this seems to me the right thing to do.
   (...) My family, all of whom are rational and funny to boot, would not visit me in hospital, because they know I would not want them to.

Three outsize institutions: the medical profession, the Law, and the Church will challenge and fight any transformative change. Yet we all hear of changes in each of these professions that suggest a broader approach, guided and informed by empathy.
   My hope is that all of these institutions will continue to transform themselves, and that the medical profession will mandate, through sensitive and appropriate protocols, the administration of a lethal dose to end the suffering of a terminally ill patient, in accordance with her Living Will.

I have had a husband beyond compare, and children and grandchildren who have outstripped me in most meaningful ways. Since I was seven I have had wonderful friends, whom I did and still do adore.
   This is all much tougher than it need be on Jonathan, and I wish he did not have to be alone with his wife's corpse. Canadian law makes it a crime for anyone to assist a person committing suicide, and Jonathan, therefore, will in no way assist me. Our children, Sara and Guy, would so willingly be with their father, but the laws being what they are, we will not put them in jeopardy.

21 août 2014

Les animaux thérapeutes

Une belle histoire, comme une grosse bouffée d’oxygène au milieu du smog de mauvaises nouvelles. Quelques larmes peut-être? Bon signe, ça prouve que vous êtes capable d’empathie. La vidéo a été vue plus de trois millions de fois -- réconfortant de savoir qu'il y a encore beaucoup d'humains sensibles...

Cette vidéo est extraite d’un documentaire réalisé dans le cadre d’un cours en filmographie à l'Université de Hertfordshire : «Nous avons réussi à trouver cette famille et à filmer leur vie très particulière pendant quelques mois. Nous voulions non seulement raconter leur histoire et mieux faire comprendre le Syndrome de Schwartz Jampel, mais aussi montrer à quel point les chiens sont d’incroyables soutiens thérapeutiques. Un peu d'amour peut faire un grand bout de chemin.»



Wendy Holden, a publié un ouvrage, Haatchi & Little B, où elle raconte la relation particulière entre le jeune garçon et son chien.

Résumé :
   Owen (appelé aussi "Little Buddy" ou "Little B") est jeune garçon atteint d’une maladie génétique très rare qui affecte le système musculaire – les muscles ne se relâchent pas après les contractions. Une quasi-paralysie peut s’ensuivre étant donné que le système musculaire est constamment sollicité et qu’Owen n’arrive pas à le contrôler. Ce qui le laisse la plupart du temps confiné à son fauteuil roulant. Avant l’arrivée de Haatchi, Little B était souvent frustré et impatient, de sorte qu’il avait de la difficulté à se faire des amis.
   En janvier 2012, un berger Anatolien* âgé de cinq mois a été assommé et abandonné à son sort sur le bord d’une voie ferrée. Heurté par un train, il a perdu une patte et une bonne partie de sa queue. Il a survécu, mais comme il était gravement handicapé et déprimé, il éprouvait des difficultés à socialiser avec d’autres chiens. [* Appelé Haatchi en référence au célèbre chien japonais qui, après la mort de son maître, l’avait attendu près de la gare jusqu’à la fin de sa vie.]
   Les parents d’Owen, Colleen Drummond and Will Howkins, ont décidé de présenter le chien au garçon. Les deux se sont regardés et ce fut un coup de foudre mutuel; leur incroyable lien a radicalement transformé leur vie.

Facebook des parents : https://www.facebook.com/Haatchi
   About: I admire anyone who strives to give animals the chance to lead a pain free fulfilling and loving life and home.
   We have never been paid for any interview or public appearance we have made. Any financial gift won through competitions has and always will be given to Charity. The only money we will ever retain is money raised via a public fundraising event specifically to purchase something for Little B such as the electric wheelchair. Little B's father had to leave his job as a serving military soldier in December 2012 in order to care for Little B full time due to him often requiring attention during the night. This means the only source of income is from Little B's stepmother who works full time in a physically and mentally challenging job. As a result we live on a very tight budget but are grateful for everything we have and do not take any of this for granted. Any suggestion that money is made for personal greed using Little B and Haatchi's relationship will be fiercely refuted. Our main objective has and always will be to raise awareness of Schwartz Jampel Syndrome and adopting rescue animals.

COMMENTAIRE

Il est très facile de constater que les animaux ont une âme, et ça n’a rien d’ésotérique! – ce mot dont les scientifiques cartésiens et sans cœur ont une peur bleue. Mais, c’est tellement commode de prendre les animaux pour des objets, car cela les blanchit de toutes les tortures qu’ils leur infligent en laboratoire pour tester vaccins et médicaments qu’aujourd’hui on peut valider autrement (cellules souches, par exemple). Le malheur, c’est que les usines à fabriquer des cobayes animaux  génèrent des profits colossaux.

"The average dog is a nicer person than the average person." ~ Andy Rooney

19 août 2014

«Je gagne ou je meurs!» (Marlborough)

Contre la stupidité, les dieux eux-mêmes luttent en vain.
Les grands arrêteront de dominer quand les petits arrêteront de ramper.
~ Friedrich von Schiller (1759-1805)

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Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d’assassiner quelqu’un à coups de hache.
~ Fiodor Dostoïevski (1821-1881)

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Frontières : En géographie politique, ligne imaginaire entre deux nations, séparant les droits imaginaires de l'une des droits imaginaires de l'autre.

Canon : Instrument utilisé dans la rectification des frontières nationales.

Histoire : Compte rendu hautement douteux d'événements historiques hautement futiles, causés par des chefs d'une haute scélératesse et des soldats particulièrement stupides.

Paix : Dans les affaires internationales, période de duperie entre deux périodes de combats.

Cynique : Grossier personnage dont la vision déformée voit les choses comme elles sont, et non comme elles devraient être. De là l'ancienne coutume scythe d'arracher les yeux d'un cynique pour améliorer sa perspective.

~ Ambrose Pierce (1842-1914) Dictionnaire du Diable

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Depuis qu'il y a eu des hommes sur la terre, cela a été un écœurant spectacle de les regarder agir. Cela n'a pas changé depuis et ne changera vraisemblablement jamais.

Quelle universelle folie! Quelle vaste maison de fous est le monde! De pauvres pantins, d’absurdes marionnettes, c’est là tout ce que sont les plus grands d’entre les humains. Mon Dieu que tout cela est compliqué et que la Paix, le repos sont difficiles à rencontrer si on les cherche en dehors de soi-même dans les circonstances extérieures.

~ Alexandra David-Néel (1868-1969)

Parfaite illustration du «gène Caïn» :