Introduction

Où en sommes-nous?

Soyez rassurés, ce blog ne sera pas sombre d’un bout à l’autre en dépit de la gravité du bilan de santé d’une planète qu’on pourrait croire en phase terminale. Nous sommes encore les propriétaires de notre tête, que je sache, et nous pouvons donc choisir ce que nous mettons dedans. D’ici la fin de cette civilisation en déclin, continuons d’utiliser notre créativité et cultivons l’humour; les arts et l’humour sont d’excellents antidépresseurs, beaucoup plus efficaces que le Prozac.

Néanmoins, il faut reconnaître que regarder une biosphère en dérive s’écrouler sous notre nez est passablement lugubre. En résumé, le mépris et l’irrespect du vivant (humains, animaux, nature) ont atteint un paroxysme. La violence, la corruption et le déni culminent. Les hommes se sautent à la gorge les uns et les autres au moindre prétexte. Les vieux systèmes patriarcaux échafaudés sur le mensonge agonisent. Les tyrans politiques, financiers, religieux et scientifiques pullulent, de même que les petits dictateurs de l’entourage individuel (milieu de travail, famille, etc.). À l’heure actuelle, il y a des barbaries plus graves et qui tuent plus de monde que toutes les pandémies de grippe réunies; pourtant, aucun vaccin en vue… Sur l’échiquier du pouvoir, l’ultime bataille pour dominer la terre se joue entre quatre principales nations. Qui l’emportera : Dumpling, Pita, Bagel ou Burger? Par ailleurs, il va sans dire que les bizarreries climatiques, la surpopulation et la disparition rapide d’innombrables espèces et écosystèmes multiplient les problèmes; cela ressemble étrangement à un suicide collectif… inconscient.

Déjà dans les années 60, certains biologistes et scientifiques sonnaient l’alarme. Je pense notamment à Rachel Carson dont le livre Silent Spring prédisait que l'empoisonnement graduel et irréversible des écosystèmes rendrait la terre impropre à toute vie - merci aux hydrocarbures chlorés et aux organophosphates! N'écoutant rien, nous avons continué de foncer dans le mur, la pédale de l’accélérateur collée au plancher. Avec le pétrole combiné au nucléaire, nous fonçons vers l’extinction à la vitesse de la lumière. Et bien sûr, avant d’y aboutir, nous aurons détruit et siphonné la terre jusqu’au dernier centimètre carré. Aussitôt que des prospecteurs découvrent des mines et des gisements inexploités, tout le monde applaudit et se précipite parce que cela signifie qu’on peut continuer, encore pour un temps, à vivre de la même manière sans se soucier des conséquences. Y a-t-il encore des humains assez naïfs pour croire que notre mode de vie barbare et archaïque (malgré toute la technologie, rien n’a changé sauf le décor) se poursuivra indéfiniment? À quoi bon une intelligence prétendument supérieure qui ne sert qu’à nous exterminer tous autant que nous sommes? Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas la sagesse qui nous exterminera, et nous n'avons pas besoin d'une boule de cristal ni d'un calendrier Maya pour prédire un futur déjà présent...

«Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines comme ça, pour se tuer… comme si on ne claquait pas assez vite tout seul!» -- Alphonse Allais

Peut-on récupérer l’irrécupérable, décrotter l’indécrottable? La terre choisira-t-elle de balancer dans le cosmos les parasites qui l’ont outrageusement violée et dévastée? Est-elle écœurée des bains de sang et des massacres, lasse d’héberger des visiteurs qui ne songent qu’à l’exploiter et à perpétuer la guerre au nom du profit? Hum… un vrai suspense de série noire.

Parfois je me dis que nous ne méritons pas de vivre sur cette planète, et que si nous disparaissions massivement pour plusieurs centaines d’années, davantage si nécessaire, la terre pourrait bénéficier d’un extreme makeover. De grâce cependant, épargnons-lui l’Arche de Noé.

Et puis, selon une perspective élargie, toute cette folie déambulatoire ne serait-elle pas le signe qu’il est temps de passer à autre chose? Il n’y a pas de changement sans destruction de l'ancien, tel que l'insinue Jane Roberts à la fin de cet article.

Terminons ce bref tour d’horizon avec quelques textes choc, différents mais d’égale perspicacité. Je suis loin d’être convaincue que la peur de l’extinction suffise pour que l’humanité se mette au boulot comme le suggèrent Krishnamurti et Fred Varga. Une fois que nous serons tous égaux dans la dèche, à moitié ensevelis sous des boues de pétrole et des déchets nucléaires, pratiquerons-nous la coopération désintéressée? J’en doute. Comme dans Soylent Green ou The Road, la compétition et la prédation resteront la commune mesure.
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Débutons par un extrait du livre Le cerveau de Kennedy, de Henning Mankell (1948-), romancier :
… La cupidité gagne du terrain, elle avance ses pions sans répit. À une époque où les milliards de dollars volent en tous sens, guidés par la seule loi du profit, la cupidité est en train d’asseoir son hégémonie mondiale. À présent, la cupidité a jeté son dévolu sur ce petit virus qui se répand comme la peste dans le monde. Personne n’en connaît l’origine, même si on suppose qu’il s’agit d’un virus du singe qui a franchi la barrière génétique pour contaminer les hommes, et cela non pas pour anéantir, mais pour faire comme vous et moi … survivre. Ce minuscule virus, tout faible, ne désire rien d’autre. Un virus n’a pas de conscience, on ne peut pas lui demander de connaître la différence entre la vie et la mort, il fait ce pourquoi il est programmé, voilà tout : survivre, créer d’autres générations de virus poursuivant le même but, la survie. Le virus provoque le chaos, comme une voiture sans pilote lancée dans la circulation, à cause d’un autre virus, «le virus de l’avarice, type 1». Il se propage aussi vite et il est aussi dangereux que la maladie endémique.
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NOTRE MONDE
Extraits d’un entretien (1983) avec Krishnamurti (1895-1986)
Philosophe, métaphysicien, écrivain et conférencier

On doit se demander pourquoi il y a tant de divisions – les Russes, les Américains, les Britanniques, les Français, les Allemands, et ainsi de suite – pourquoi ces divisions homme contre homme, race contre race, culture contre culture, idéologies contre idéologies? Pourquoi? Pourquoi cette séparation? L’homme a divisé la terre : la vôtre et la mienne – pourquoi?

Essayons-nous de trouver la sécurité, l’autoprotection, à l’intérieur d’un groupe particulier, d’une croyance ou d’une foi particulière? Car les religions ont également séparé les hommes, soulevé l’homme contre l’homme – les Indous, les Musulmans, les Chrétiens, les Juifs, etc.

Le nationalisme, avec son malheureux patriotisme, est réellement une forme de tribalisme glorifié, ennobli. La petite ou la grande tribu génère un sentiment d’appartenance parce qu’on parle la même langue, qu’on a les mêmes superstitions et le même genre de système politique et religieux. Dès lors, on se sent en sécurité, protégé, heureux, réconforté. Et, au nom de cette sécurité, de ce bien-être, nous voilà prêts à tuer ceux qui ont le même désir de se sentir en sécurité, de se sentir protégés et d’appartenir à quelque chose. Ce terrible désir d’identification à un groupe, à un drapeau, à un rituel religieux, et ainsi de suite, nous donne l’impression d’avoir des racines, de ne pas être des vagabonds sans port d’attache.

L’industrie lourde est peut-être l’une des principales causes de la guerre. Lorsque l’industrie et l’économie marchent main dans la main avec la politique, elles doivent inévitablement semer la division pour préserver leur stature économique. Tous les pays, grands et petits, agissent de la sorte. Les petits [pays] sont armés par les grandes nations – certains discrètement, clandestinement, d’autres ouvertement. Le besoin d’afficher son arrogance ou de se montrer supérieur aux autres serait-il la cause de toute cette souffrance et de cet énorme gaspillage d’argent en armements?

C’est notre terre, non pas la vôtre ni la mienne. Nous sommes appelés à y vivre, à nous aider les uns et les autres, non pas à nous détruire les uns et les autres… Si vous blessez les autres, si vous tuez les autres, en vertu de la colère ou du massacre organisé qu’on appelle guerre, vous, qui constituez le reste de l’humanité, non pas des individus séparés du reste de l’humanité, vous vous détruisez vous-même.

Citations complémentaires du même auteur :


Nous n’avons pas été créés pour un but plus grandiose que celui des fourmis ou des mouches qui volent autour de nous, ou des moustiques qui nous sucent le sang. Nous ne sommes pas plus significatifs ou importants que n’importe quoi d’autre sur cette planète. La nature ne semble pas utiliser de modèle quelconque; elle ne cherche qu’à perfectionner les espèces. Son seul intérêt est la survie. Ce que la société nous a proposé comme but à atteindre est l’ennemi de cet organisme vivant. Chacune de nos inventions, chacune de nos découvertes, nous pousse vers l’annihilation totale de l’espèce humaine.

Je peux sembler très cynique, mais le cynique est en fait un réaliste. Le cynisme vous aidera à poser un regard lucide sur ce qui se passe dans le monde. L’instinct biologique est très puissant, et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.
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NOUS Y SOMMES!
Portrait de la situation planétaire brossé par Fred Vargas (1957- )
Archéologue et auteure de romans policiers

Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

Franchement on s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. «On est obligés de la faire, la Troisième Révolution?» demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.

C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix. On s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance. Peine perdue.

Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.

Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille, récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés). S'efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d'échappatoire, allons-y. Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible. À condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie - une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut être.

À ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.
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Enfin, voici un poème de Jane Roberts qui propose une compréhension plus vaste de la question – je n’ose pas dire «cosmique» tant ce mot a été associé à des notions «ésotériques» que les cartésiens et les sceptiques de tous ordres considèrent comme des inepties. Manqueraient-ils de hauteur de vue? Quoiqu’il en soit, selon une perspective réincarnationniste – et partant de la théorie selon laquelle «la pensée crée la réalité» –, ce texte laisse entendre qu’à titre de «petits dieux» nous avons participé à la création de ce monde matériel depuis ses débuts. Faire du neuf avec du vieux a ses limites. Devant l’ampleur du cul-de-sac et de notre cuisant échec, ne vaudrait-il pas mieux faire table rase? Selon le point de vue de l’auteur, ce ne serait pas la première fois que nous le ferions.

We have created a mess and this planet needs a break – a big one.
Traduction en français : Aller-retour perpétuel
http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/08/terre-aux-abois.html

WORLDSLATE
“If We Live Again” (1982); Jane Roberts (1929-1984)
Poet, author; researcher in ESP (extrasensory perception)

Sometimes do we all get together
and wipe the world slate clean,
(Good-bye Babylon and Atlantis)
and watch the moon touch
familiar vineyards for the final time,
say good-bye to all our edifices,
and stone flowerpots
on skyscraper windowsills,
wave farewell to statues
of public heroes in city parks,
feeling in our hearts
that what we’ve made
was spectacular but closed-ended,
with flaws suddenly
multiplied beyond control,
and that we needed
to clear our vision once again,
rip civilization down to its bone,
release the buried dreams
that our world was once based upon?

Do we sometimes know
what must be done,
with some ancient animal instinct
we’ve forgotten,
a need that rouses nature
to our command,
conjuring earthquakes and avalanches
to do the job for us, for we know
how our own hands would falter,
and at the last,
which one of us could destroy
a world so painstakingly made?

So in a flash, old beliefs
and superstitions topple,
with all the structures
risen in their names,
old gods and temples,
arts and sciences
crumble and nature’s vast sweep
everywhere sweeps clean.

Then, ages, where our minds turn with the seasons,
contemplating more perfect visions,
till once again, our desires
turn into thoughts and begin
to spin new worlds.


Jane Roberts a écrit ce qui suit en avant-propos de son recueil de poèmes :
To me at least, poetry – like love – implies a magical approach to life, quite different from the present accepted rational way of looking at the world. That is, poetry brings out life’s hidden nuances. It delights in forming correspondences between events that seem quite separate to the intellectually-tuned consciousness alone, and reveals undercurrents of usually – concealed actions that we quite ignore when we’re most concerned about its own spontaneous rationality, and often supplies us with answers more satisfying than purely intellectual ones.

Our feelings dare ask questions that our intellects ignore – or deplore, in their desire for objective respectability. Our imaginations constantly explore alternate versions of reality, and exult in the adventurous creative process of wondering itself, wherever it might lead. The intellect wants truth clearly defined in neat yes-or-no packages, without contradictions which alarm it and upset its sense of order. But our emotions and imaginations often rise above contradictions, forming new syntheses, leaping beyond a limited order to a free-wheeling speculation.

Love itself, of another person, object, or even an idea, presents us with an alternate state of consciousness to some degree, extending our usual self-orientation and bringing to light aspects of that inner magical kind of correspondence and order that I’m now convinced underlies the structure of our world.

Love changes our perceptions of time, for that matter, and while it exults in appearances – as per its enhanced appreciation of physical beauty and surfaces – still love glorifies in a depth of perception that transcends physical attributes, particularly as they change through the years. To that extent, love defies time. Love has its own perspectives, values, and visions; visions that press for expression but sometimes wear out in our desire to explain feelings that are quite clear to the heart but often nearly incomprehensible to the mind – as we use the mind. We’ve told ourselves that love and logic make poor bed companions; that intellect and intuition, “blind” love and knowledge, are somehow incompatible. But when we love someone, we love with our minds and hearts. Intuition and intellect blend, expand, and transform themselves into what amounts to an exalted state of perception and awareness.

(… ) And now and then in the middle of ordinary world, love’s vision for no apparent reason often bursts through our usual perceptions once again, and splashes its brilliant elegance out into our experience.

How unloving, in fact, the views of our sciences are: How truly limited, the emotional and intellectual vision of a natural universe absent of love’s qualities; with love seen as no more than a shoddy self-serving biological mechanism. Science wants love kept in its proper place where inappropriate empathy can’t undermine its own cool, unloving objectivism.

For what if love’s heroic and compassionate light fell upon the scientist in his laboratory, so that he was touched by love’s great unifying vision as he wired his bombs and contemplated the extinction of national enemies? Or when he was inoculating caged animals with a dread disease? Or when he was contemplating the mathematical complexities of a nuclear power plant?

For love unites while science dissects. Science sees the universe as somehow less than the sum of its parts. Love sees details and particularities brilliantly, while relating them to a greater sensed unity, reconciling individuation and wholeness. Science deals with separate categories almost exclusively; categories so truly esoteric and divorced from human emotions that it can present no picture of life itself. It offers only dry, sterile hypothetical model, devoid of the very subjective qualities upon which our perception of the world rests.

Equally ignoble is religion’s concept of a god of “love” who terrorizes his worshippers through fear, so that even the saint’s ecstasy must be paid for by repentances and denial of the flesh. All restrictive cults and religions first try to control love’s expression, teaching us to love all people equally, while forbidding a wedge between love and sexuality. Love goes to God, and the power of sexuality separated from love becomes the power upon which such organization flourish. We are told to love cosmic man or mankind in general, but to restrict sexual expression of love even in our family relationships. But love needs expression and specifics.

Pure love, cosmic love, ideal love – those terms are all well and good as descriptions of an idea. But if they are held up as the only worthy kind of love, then they can stand in love’s way. Cosmic love can be seen so grand and unattainable a goal that any other love seems trivial by contrast, or love within any other than divine context appears profane.