29 juillet 2018

BP Canada : bar ouvert dans les Maritimes...

Nous ne voyons pas suffisamment d’incendies, d’inondations, de tremblements de terre, d’explosions, d’incidents pétroliers/gaziers et de famines. Alors pourquoi ne pas créer davantage de projets écocidaires?

Les chefs de clans ne se réunissent pas aux G7/8/20 et au Forum économique mondial de Davos juste pour la bouffe et les échanges de cadeaux. Non, ils développent des stratégies pour mieux faire passer le vandalisme écologique international. Y a-t-il encore des gens assez naïfs pour croire aux négociations diplomatiques internationales, aux accords de libre-échange équitable, à la réduction de la production et de l’usage des énergies fossiles?

Le roi Arthur et les chevaliers de la Table ronde (série Kaamelott)

Ce n’est pas parce qu’un individu (femme ou homme) est à la tête d’un État, d’une province ou d’un ministère que cela signifie automatiquement qu’il/elle est intelligent/e...

«L’État est comme le cocu, il est toujours le dernier à comprendre.»  
~ Richard Marchand, microbiologiste (Via La nature selon Boucar, ICI Radio-Canada Première, 28.07.2018)

«Toutes les nations sont en général égoïstes, nationalistes, orgueilleuses et séparatistes. Et, il existe dans chaque pays, sans exception, de bons et de mauvais éléments; des groupes progressistes et des groupes réactionnaires. Des hommes cruels et ambitieux seraient heureux d'exploiter le monde en imposant le prolétariat à l'ensemble du monde civilisé; et il y a des penseurs et des progressistes doués de vision qui leur font opposition. Certains réactionnaires craignent le pouvoir croissant des masses et s'accrochent désespérément à leur prestige héréditaire et à leur position; ils souhaitent freiner le progrès du peuple et restaurer l'ancien système hiérarchique, paternaliste et féodal. D’autres isolent et persécutent des minorités; leur nationalisme ignorant et arrogant, leurs haines raciales, leurs attitudes séparatistes et leurs méthodes politiques malhonnêtes s’expriment par la voix de leurs représentants politiques.
   Il faut reconnaître que la cause des troubles mondiaux et des guerres mondiales, qui ont ruiné l'humanité et répandu la misère sur toute la planète, sont attribuables en grande partie à un groupe égoïste, qui, dans des buts matérialistes, exploite les masses depuis des siècles et utilise le travail de l'humanité à ses propres fins égoïstes. Des barons féodaux en Europe et en Grande-Bretagne au moyen âge, jusqu'aux puissants groupes d'affaires de l'ère victorienne et à la poignée de capitalistes nationaux et internationaux, qui contrôlent aujourd'hui les ressources du globe, le système capitaliste s'est développé et a ruiné le monde. Ce groupe de capitalistes s'est acquis l'exclusivité des ressources du monde et des matières premières nécessaires à une existence civilisée et les a exploitées. Il a pu le faire parce que les richesses du monde lui appartenaient et qu'il les contrôlait par des administrations liées entre elles. Il tenait tout en mains. Il a rendu possible les vastes différences existant entre ceux qui sont très riches et ceux qui sont très pauvres. Il possède l'argent et le pouvoir qu'il procure. Les gouvernements et les politiciens sont ses jouets. Il contrôle les élections. Il est responsable des étroits buts nationalistes des politiques égoïstes. Il a financé le commerce du monde et contrôlé le pétrole, le charbon, l'énergie nucléaire, la lumière et les transports. Il est maître, publiquement ou en secret, des comptes en banque du monde entier.
   La responsabilité de la misère, largement répandue dans tous les pays, incombe donc principalement à certains groupements importants d'hommes d'affaires, de banquiers, de chefs de cartels, monopoles, trusts et organisations internationaux, et aux directeurs d'immenses corporations, agissant pour un gain commun ou personnel. Ils ne se soucient nullement du bien public, sauf dans la mesure où celui-ci demande plus de bien-être. Cela leur permet, grâce à la Loi de l'Offre et de la Demande, de fournir les biens, les transports, la lumière ou l'énergie, qui, en fin de compte, leur apporteront les plus gros bénéfices financiers. L'exploitation de la main-d'oeuvre, la manipulation des plus importantes ressources planétaires et l'encouragement à la guerre, pour leur profit privé ou celui de leurs affaires, caractérisent leurs méthodes.
   La masse populaire le sait et sa colère monte progressivement contre ce groupe de capitalistes; les classes moyennes, sympathisantes, craignent ces hommes, mais redoutent d'agir. Les riches honnêtes, et ils sont nombreux, les chefs d'entreprises bien intentionnés, qui sont aussi humanitaires (il en existe aussi beaucoup) n'osent rien faire, par peur des représailles et de la ruine. Cette ruine toucherait, à part eux et leurs familles, leurs actionnaires.

Photo : esclave salarié contemporain. «Ils se plaignent parce qu’ils se sentent exploités. Mais ils ne sont pas sensés savoir qu’ils sont exploités!» (Série Kaamelott)

Dans chaque nation existent de tels hommes et de pareilles organisations, responsables du système capitaliste. Les ramifications de leurs affaires et leur mainmise financière sur l'humanité s'étaient établies bien avant la dernière guerre mondiale, dans tous les pays; elles existent toujours, quoiqu'elles se soient dissimulées. Formés en un groupe international étroitement lié, ils agissent dans une complète communauté d'idées et d'intentions, se connaissent et se comprennent. Ces hommes travaillent ensemble et continuent à le faire grâce à des systèmes de contacts inter directoriaux, sous de faux noms et par des organisations fictives, aidés de pions partageant leurs idées. Malgré le désastre où ils ont plongé le monde, ils se réorganisent et renouvèlent sans cesse leurs méthodes. Leurs buts demeurent pareils.
   Leurs relations internationales ne sont pas rompues. Ils constituent la plus grande menace pour l'humanité. Ils contrôlent la politique, ils achètent les hommes en vue dans chaque nation; ils s'assurent de leur silence par des menaces, par de l'argent, et par la crainte. Ils amassent les richesses et se procurent une popularité illusoire au moyen d'entreprises philanthropiques. Leurs familles mènent des existences douces et faciles; elles ignorent le sens du travail. Ils s'entourent de beauté, de luxe et de trésors, ils ferment les yeux à la pauvreté, à la misère nue, au manque de chaleur et de vêtements décents, à la famine et a la laideur de l'existence menée par les milliers de gens qui les entourent. Ils donnent aux œuvres charitables et aux Églises pour éviter les impôts sur le revenu. Ils fournissent du travail à d'innombrables milliers, mais veillent à ce que ceux-ci reçoivent un salaire si minime, que le vrai confort, les loisirs, la culture et les voyages leur demeurent inaccessibles.
   Et, il y a ceux qui sont assez intelligents pour déchiffrer les signes des temps; ils comprennent que le système capitaliste ne peut continuer indéfiniment, en face de la colère croissante de l'humanité. Ils commencent donc à transformer leurs méthodes, en instituant des accords coopératifs avec leurs employés. Leur égoïsme inhérent leur dicte ces changements et l'instinct de préservation détermine leurs attitudes.
   Ce sont là de terribles accusations. Pourtant, elles peuvent être prouvées par mille exemples. Cela incite à la révolution et à des troubles croissants. Dans tous les pays, la masse du peuple est agitée et s'éveille. La guerre est maintenant déclarée entre les intérêts égoïstes des riches et la masse humaine, qui demande la justice et sa part équitable des biens de la terre.
   Il serait bon d'ajouter que le raisonnement égoïste et les motifs de division qui distinguent le système capitaliste se retrouvent chez le petit homme d'affaires sans importance, l’épicier du coin, le plombier et le mercier, qui exploitent leurs employés et trompent la clientèle. C'est l'esprit universel d'égoïsme et d'amour du pouvoir, contre lequel il faut lutter.
   Quel est réellement le cœur du problème matérialiste du monde moderne? «L'amour de l'argent est la racine de tous les maux». La faiblesse fondamentale de l'humanité est le désir, dont l'argent est le résultat et le symbole. Du simple procédé de l'échange des produits (le troc pratiqué autrefois entre individus de petites communautés) jusqu'à la structure financière et économique compliquée et imposante du monde moderne, ce désir est la cause originelle. Il exige la satisfaction du besoin éprouvé, il cause la soif de biens et de possessions, l'envie de confort matériel, l'acquisition et l'accumulation d'objets, la volonté de puissance et de suprématie que seul l'argent peut procurer. Ce désir contrôle et domine le raisonnement humain. C'est la clé de voûte de la civilisation actuelle.
   Néanmoins, il y a un grand nombre d’humains dont l'existence n'est pas dominée par l'amour de l'argent et qui raisonnent habituellement en fonction de valeurs supérieures. Ils constituent l'espoir de l'avenir, mais individuellement, ils sont prisonniers du système. Sans aimer l'argent, ils en ont besoin et il leur en faut. Ils sont soumis à l'atmosphère économique du monde et sont obligés, eux aussi, de travailler et de gagner de quoi vivre. Le travail qu'ils cherchent à accomplir pour aider l'humanité ne peut s'effectuer sans les fonds nécessaires.» (Auteur et date inconnus)

Avec la poutine vient la sauce brune...

L’étape juste avant la combustion spontanée

Le 22 juin 2018, la plateforme de forage de BP Canada, West Aquarius, située à 330 kilomètres d’Halifax a déversé 136 000 litres de fluides de forage et des boues à 30 mètres sous le niveau de la mer. L'événement se serait produit non loin de la zone de protection marine du Gully et de l'Île de Sable.
   L’enquête sur le déversement n’est même pas terminée, mais le 22 juillet 2018, BP et l'Office Canada-Nouvelle-Écosse des hydrocarbures extracôtiers (Canada-Nova Scotia Offshore Petroleum Board CNSOPB) approuvaient la reprise du forage au large de la Nouvelle Écosse.
   «Selon ce que nous savons des boues, celles-ci se répandent sur le fond océanique et le recouvre. Toute forme de vie qui s’y trouve n’y résiste pas.» ~ Angela Giles (Conseil des Canadiens, région atlantique)

Photo : Manifestation à Halifax.

La directrice nationale de Sierra Club Canada, Gretchen Fitzgerald, soutient que le Canada n'a pas tiré les leçons du passé et s'inquiète de ce que nous soyons peut-être condamnés à une répétition de la catastrophe de Deepwater Horizon de BP, si un puits extracôtier venait à exploser. «Le fait que BP ait été approuvé en dépit des graves inquiétudes soulevées, est plutôt choquant, a-t-elle déclaré. Et cela donne très peu de crédibilité à toute initiative qu’aurait le gouvernement en ce moment pour protéger l'océan. Au fond, cela confirme plutôt l'influence de l'industrie pétrolière sur nos dirigeants.»

Considérant que le Canada est un État membre du Commonwealth (incl. 53 pays), dont le chef est Elizabeth II, nous pouvons difficilement refuser au Royaume-Uni le droit de remplir les coffres du Trésor de Sa Majesté avec des redevances de BP Canada. Ce serait ingrat!

Le cas British Petroleum en trois chapitres, publié par The National Observer : à glacer le sang en effet!

Has Canada made itself vulnerable to a catastrophe on the scale of the Deepwater Horizon? 

An investigation by Joel Ballard indicates there is reason to believe that's exactly what Canada has done.

Article intégral :

Chapter 1 “It brings a chill to my blood!”

Dr. Robert Bea, leader of the Deepwater Horizon Study Group and co-founder of the Center for Catastrophic Risk Management says the BP project comes with some alarming risks for Canada that show that lessons from past oil disasters haven't been learned.
   “We need to benefit from our painful past,” warned Dr. Bea, referring to BP’s Deepwater Horizon disaster, where he worked as a post-blowout investigator.
   The Macondo well (Deepwater Horizon) spill was the largest marine oil spill in history and is estimated to have leaked around 3.19 million barrels of oil into the ocean for 87 consecutive days.
   Would other countries known for strict offshore drilling regulations have green-lighted a proposal like the one approved by Canada? “No.” Dr. Bea's response is immediate. “And notice how quickly I came to that answer. There’s no way.”
   Currently, Canada does not have a capping stack the aforementioned yellow, tentacle clad, steel giant an important piece of equipment that is used to cap an underwater well that is leaking oil into the ocean. If any of BP Canada's deep-water wells spring a leak, like the Deepwater Horizon disaster in the Gulf of Mexico, Canada would have to transport the 130,790 kg capping stack from a warehouse in Stavanger, Norway.
   In their own assessment, BP Canada predicts that the capping stack’s journey could take anywhere from 12-19 days based on weather conditions. Once on location, they claim it would take between 24 hours to 13 days to cap the well, resulting in a continuous underwater oil spill off Nova Scotia for up to 32 days.
   Dr. Robert Bea sees BP Canada’s estimations as blithely optimistic. “It brings a chill to my blood," he said. "If there’s a blowout in the wintertime with the North Sea blowing and going, are we going to be able to get a capping stack from Norway to Halifax in 30 days? Hell, no.”

Chapter 2 Local fishermen worry that an oil spill could signal the end of a way of life

The 2010 Deepwater Horizon spill is estimated to have cost the U.S. fishing industry between $51.7 and $952.9 million in total sales, according to a report by the Bureau of Ocean Energy Management. Sproul worries what a spill of that scale might do to Nova Scotia's fishing industry.
   Lingering effects of Deepwater Horizon The long-term effects of the BP Macondo spill on the environment are still unknown, however; Reuters reported in 2015 that “from 2002 to 2009, the Gulf averaged 63 dolphin deaths a year. That rose to 125 in the seven months after the spill in 2010 and 335 in all of 2011, averaging more than 200 a year since April 2010.”
   It's estimated that 600, 000 to 800, 000 seabirds died as a direct result of the spill and coastal communities struggled as large areas of the Gulf of Mexico were closed to commercial and recreational fishing.  
   BP Canada's site on the Scotian Basin sits 48 km to the south of Sable Island National Park and 71 km away from Gully Marine Protected Area, two government-protected habitats that support a variety of wildlife, including the world’s largest breeding colony of grey seals and two species of endangered sea turtles. Clinging to boulders on the slopes of the gully is a kaleidoscope of colour, the largest variety of cold-water corals in Atlantic Canada.
   If oil were to spill into the ocean, BP has proposed to use a chemical dispersant called Corexit 9500a, a plan Sproul calls the worst possible scenario as it would cause the oil sink to the ocean floor, covering “the very corals that the protected area is meant to protect.” The National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) confirms Sproul's fears in a report showing that when corals come into contact with oil, it can kill them or alter their individual and reproductive development.
   Gretchen Fitzgerald, the National Director for Sierra Club Canada is concerned about whales and the environment: “there will be an increased risk of mortality and injury to wildlife due to auditory damage from underwater noise pollution.”
   “Knowing we’re taking the risk when we shouldn’t be and we’re not even doing the best we can to protect marine life and other industries increases that sense of dread,” said Fitzgerald.

Chapter 3 Concerns grow over regulating board’s perceived bias

Gretchen Fitzgerald argues there are significant weaknesses in the government's regulation process for offshore drilling. In particular, she questions how the CNSOPB can effectively regulate oil companies when they are made up entirely of “oil industry insiders.”  
   The board consists of five appointees and currently includes the founder of The Maritimes Energy Association, the former Vice President of Resource Development for Nexen Energy, and the Chairman of the Board for Calgary-based Sproule.
   “You have that bias. You are from that world. It’s hard for you to balance that expertise with environmental protection or another industry’s perspective,” said Fitzgerald.
   Her concern over potential or perceived bias was an issue echoed by the Bay of Fundy Inshore Fishermen's Association.
   The problem of conflicting responsibilities will only increase with the introduction of Bill C-69, says the Sierra Club's Fitzgerald. That bill, sponsored by Minister McKenna, is currently in session and gives more power to the CNSOPB in terms of impact assessments.
   Fitzgerald argues that Canada hasn't learned the lessons of the past and worries we may have condemned ourselves to a repeat of BP's Deepwater Horizon disaster, should an offshore well blow out.
   “The fact that BP was approved in spite of pretty intense concern that’s been raised it’s pretty shocking, she said. And it gives very little credibility to any moves to protect the ocean on behalf of the government right now. At the heart of it, it speaks to the influence of the oil industry on our leaders.”

Photo : Darren Hodge. L'intérêt pour l'industrie du pétrole extracôtier de Terre-Neuve est à la hausse grâce à un effort musclé de la société d'énergie de la province. La plateforme Hebron, de 14 milliards de dollars, a commencé à extraire du pétrole en novembre 2017.

Plancton décimé, poissons sonnés : les effets du vacarme sous-marin créé par l'homme

Ivan Couronne | Agence France-Presse, 21 juin 2018

Image : Jean Kenyon

Les nuisances acoustiques sous-marines créées par les activités humaines sont à l'ordre du jour d'une réunion internationale sous l'égide des Nations unies cette semaine à New York, une victoire pour les ONG qui militent pour la reconnaissance mondiale de ce problème encore mal quantifié.

Quelles sont les origines du bruit?
Le bruit humain est principalement créé par les navires de transport maritime, les porte-conteneurs et les pétroliers, avec leurs moteurs et leurs hélices. Les explosions déclenchées pour démonter des plateformes pétrolières en mer produisent les sons les plus forts, mais sont plus rares.

Crédit photo : Xavier Leoty. Le bruit humain est principalement créé par les navires de transport maritime, les porte-conteneurs et les pétroliers. Accostage du super tanker indien, le "Swarna Kamal" au Port autonome de La Pallice. Le pilote Bertrand Cardunec dirige les manoeuvres des lamaneurs pour l'évitage. La Rochelle, le 01/04/2011.

Les ONG se concentrent sur les canons à air utilisés par les compagnies pétrolières pour détecter des réserves sous-marines. Un bateau remorque un tel canon qui envoie des ondes vers les fonds marins; en rebondissant plus ou moins profondément selon les sédiments et les roches, les ondes dessinent une carte en 3D d'éventuelles réserves pétrolières. Ces décharges de canons à air peuvent se succéder à quinze secondes d'intervalles, sur d'immenses zones, pendant des semaines, à un très fort volume.
   L'ONG OceanCare, basée à Bern en Suisse, a compilé en mai 115 études réalisées principalement depuis les années 1990 et 2000, montrant des effets plus ou moins graves sur 66 espèces de poissons et 36 espèces d'invertébrés.
   Le zooplancton apparaît comme très vulnérable aux canons à air. Une étude de 2007 a montré qu'une seule décharge de puissance inférieure aux canons habituellement utilisés par les bateaux de prospection pétrolière pouvait décimer la moitié du plancton dans la zone traversée. Certaines espèces de zooplancton ont été tuées à 95 %. Or ces planctons sont à la base de la chaîne alimentaire, notamment pour les baleines et de nombreux invertébrés comme les huîtres et les crevettes.

Crédit photo : Wikimedia by Hans-Petter Fjeld. Les cabillauds ou morues de l’Atlantique sont déboussolés par le vacarme sous-marin provoqué par l’homme.

Les poissons peuvent souffrir de lésions internes et changer de comportement, comme déboussolés par le bruit, conduisant certains à l'immobilisme, d'autres à fuir. Dans des études de 1996 et 2012, les tirs de canons à air ont provoqué la fuite de bancs de haddocks (aiglefins) et de cabillauds, jusqu'à faire baisser le taux de prise de 20 à 70 % selon les zones. Certains poissons sont descendus plus bas, où ils étaient plus vulnérables; d'autres ont été pêchés le ventre vide, ayant apparemment cessé de s'alimenter.

Quelles solutions?
La solution la plus directe consisterait à limiter le nombre et l'intensité des prospections acoustiques. Mais, du moins aux États-Unis, c'est la direction inverse qui est prise: l'administration de Donald Trump a annoncé l'ouverture prochaine du plateau continental de la côte atlantique à de telles «études sismiques» en vue, in fine, de forages.
   L'industrie pétrolière, elle, argue que les preuves scientifiques ne sont pas probantes et que les compagnies prennent des précautions. «En outre, les études sismiques sont fréquemment utilisées par le service géologique américain, la fondation nationale des sciences et le secteur de l'éolien en mer», dit à l'AFP Michael Tadeo, porte-parole de l'Institut américain du pétrole, une fédération professionnelle.
   Concernant les navires, un ralentissement de la vitesse réduirait le volume du bruit. Le port de Vancouver mène des expériences dans ce but depuis l'an dernier, dans le cadre d'un projet nommé «ECHO».
   Les ONG militent de leur côté pour que la notion de pollution sonore créée par l'homme soit incluse dans une résolution de l'ONU sur les océans, plus tard cette année.
   Alors qu'initialement, c'était principalement l'effet sur les dauphins et les baleines qui était mis en avant, l'ONG agite le spectre d'une perturbation générale de la faune sous-marine, avec une réduction possible des stocks de poissons.
   «C'est vraiment un problème de chaîne alimentaire», dit à l'AFP Nicolas Entrup, de l'ONG OceanCare. Mais il se félicite : «Le problème du bruit dans les océans est en train de monter vite à l'ordre du jour, en tant que menace environnementale».


Impossible de vérifier l’authenticité de cette carte, mais si ce n’est pas un canular, il y a de quoi grimper au plafond : 

 Bill O'Brien@BillOBrien Twitter It wasn't until I started to find pictures like this that I realized the full horror of fracking. Figure 3:  Marcellus Shale Gas Wells, Well Pads and Access Roads in Northeast Pennsylvania as of August 25, 2014  

27 juillet 2018

Ignorance, indifférence, hypocrisie?

«Face aux périls qui nous menacent, il est tentant de blâmer les barons de l’industrie forestière, les compagnies pétrolières qui résistent à l'énergie solaire et à d'autres sources d'énergie alternatives; les gens qui s'obstinent à conduire des véhicules qui consomment trop d'essence; et les agences gouvernementales à courte vue qui considèrent l'environnement seulement comme une collection de ressources à exploiter. Mais ce faisant, nous négligeons ce qui est peut-être une des forces motrices parmi les plus puissantes derrière la dévastation de la biosphère : la dépendance à la viande.
   À l'heure actuelle, quand nous mangeons, nous ne sommes pas conscients de la façon dont nos choix alimentaires affectent le monde. Nous ne réalisons pas que dans chaque Big Mac il y a un morceau de forêt tropicale, et qu’à chaque milliard de burgers vendus une autre centaine d'espèces disparait. Nous ne nous rendons pas compte que dans le grésillement de nos steaks il y a la destruction des habitats, la perte de nos terres arables, la pollution de notre eau et l'abattage de nos forêts. Nous n'entendons pas dans le grésillement les cris de millions de personnes affamées qui pourraient autrement être nourries. Nous ne savons pas que nous mangeons notre pétrole, notre climat et l'avenir de la vie sur terre. Pourtant, une fois que nous réalisons l'impact de notre dépendance à la viande, quelque chose change en nous. Lorsque nous voyons que manger de la viande aujourd'hui est un crime écologique, nous savons ce que nous devons faire. Il ne s'agit pas de faire plus de sacrifices ou d'énormes efforts. Il s'agit de ne pas résister à la vérité par crainte des changements qu'elle nécessite dans notre vie.»
~ John Robbins (Animals’ Voice, 1988)

Blind to the Hypocrisy by Jo Frederiks, a passionate animal rights advocate, speaking through her art to create awareness of animal cruelty. She is a fulltime practicing Wildlife artist, exposing the well-hidden plight of helpless 'livestock' animals.

Pourquoi n’y a-t-il pas plus de gens préoccupés par les changements climatiques?

Aujourd'hui, les changements climatiques ont peut-être moins à voir avec la conservation qu'avec le cœur. Les gens connaissent les faits au sujet des changements climatiques ou commencent à les connaître mais ils s'en fichent, tout simplement.
   Les recherches en psychologie de la perception du risque démontrent clairement que connaître un danger potentiel, aussi monumental soit-il, suscite l'indifférence s'il est trop abstrait. Une menace lointaine et impersonnelle ne nous fait pas peur, alors que faire face à une menace immédiate disons, un incendie par exemple nous pousserait à l'action. À l'heure actuelle, on n’a pas l’impression que les changements climatiques «pourraient ruiner notre vie, ou nous tuer» personnellement.
   Soyons réalistes : pouvez-vous nommer une seule conséquence des changements climatiques qui aurait un impact sérieux et négatif directement sur vous dans les dix prochaines années? Probablement pas. La plupart des gens, même les plus renseignés, ne peuvent pas prévoir. Pensez-vous que les impacts c’est pour dans cinq ou dix ans?
   Nous ne vivons pas dans une forêt tropicale lointaine, mais la météo nous préoccupe. Nous voulons que notre système alimentaire soit saint. Nous voulons protéger nos résidences contre les inondations et avoir accès à de l'eau potable. Croire que “le changement climatique n’est pas notre problème” ou que “le changement climatique ne nous affectera pas” est exactement ce qui met toutes ces choses en péril. Le problème n’est pas pour demain, les changements climatiques nous affectent déjà.

Certains impacts du changement climatique méritent notre attention immédiate :

Phénomènes météorologiques extrêmes
Les phénomènes météorologiques extrêmes tels que les tornades, les ouragans et les incendies de forêt sont de plus en plus fréquents. En fait, l'intensité, la fréquence et la durée des ouragans dans l'Atlantique nord ont tous augmenté depuis les années 1980. Les inondations causées par les marées ont également décuplé dans plusieurs villes côtières des États-Unis depuis les années 1960.

Il fait de plus en plus chaud – vraiment plus chaud
Les températures annuelles moyennes aux États-Unis ont déjà augmenté de 1,8 degré fahrenheit entre 1901 et 2016. Les villes en sont les principales victimes, avec une augmentation des températures diurnes jusqu'à 7 degrés fahrenheit. Cela est particulièrement vrai dans l'est et le sud-est des États-Unis.


Les pluies sont plus intenses
Les précipitations dans le Midwest et dans les plaines du nord et du sud augmentent de façon significative. Les pluies torrentielles de plus en plus fréquentes provoquent des crues soudaines mortelles, des pénuries de denrées alimentaires, une dégradation de la qualité de l'eau potable et elles affectent les pêcheries. Par ailleurs une grande partie de l'ouest, du sud-ouest et du sud-est subit de graves sécheresses.

Le niveau de la mer augmente
Jusqu'à présent, globalement, le niveau des océans a déjà augmenté d'environ 8 pouces (20 cm) selon les relevés qui ont commencé en 1880. Les scientifiques prévoient qu'il augmentera de 4 pieds (1,22 m) d'ici 2100. Sur une note similaire, l'Arctique pourrait être complètement dépourvu de glace en été, d’ici le milieu de ce siècle. Mais vous le savez sans doute.

Certains impacts nous affectent déjà plus directement :

Bière et café
De nombreuses brasseries sont confrontées à des pénuries d'eau fraîche et propre pour le brassage. En outre, de fortes pluies en Australie et une sécheresse en Angleterre ont endommagé les cultures d'orge et de houblon. L’approvisionnement en café rencontre des problèmes similaires de production.

Le prix des denrées alimentaires est en hausse
Les changements climatiques affectent l'offre agricole mondiale. Les phénomènes météorologiques extrêmes ont déjà gravement affecté l'approvisionnement alimentaire en Afrique et en Amérique centrale, provoquant des troubles civils. Pourquoi? Les éléments essentiels de la vie quotidienne sont soudainement inabordables.

De nombreux propriétaires ne peuvent plus assurer leurs résidences  
Confrontés à plusieurs séries de pertes dues à des tempêtes violentes, de nombreux assureurs ont radicalement modifié leurs politiques d’assurance. Les primes, pour ceux qui vivent en Caroline du Sud ou en Floride par exemple, ont grimpé en flèche.

Nos lacs et nos forêts disparaissent
De vastes étendues de forêts de pins ont été dévastées par le scolyte des pins et les incendies. Merci à la hausse globale des températures, les lits des lacs à travers les États-Unis sont en train de s'assécher. Le tiers des grands lacs et des grandes rivières du monde s’assèchent, affectant l'approvisionnement en eau douce pour plus de 3 milliards de personnes.

Lauren Bowen

L'impact de l'homme sur la terre n'a jamais été aussi grand. Aux États-Unis, l'un des pays les plus industrialisés du monde, on commence à en prendre conscience de la fragilité de la terre, malgré l'indifférence officielle. Vraiment?!

L’élevage intensif du bétail à l'américaine  

Aux États-Unis, les cultures de soja/maïs réservées à l'élevage bovin intensif, accaparent une grande partie des terres agricoles et sont une source de pollution désastreuse. Malheureusement, beaucoup de pays les imitent. L’addiction aux hamburgers nécessite des quantités astronomiques de viande de bœuf pour fournir les chaînes de resto-burgers désormais implantés dans le monde entier.
   Pour produire la nourriture destinée au bétail, les États-Unis ont déboisé plus de 260 millions d’acres de forêt entre 1967 et 1988. «People have to eat», était l’argument massue de l’industrie. En 1960, les Américains ont commencé à importer de la viande de bœuf de l’Amérique centrale et de l’Amérique du sud. Pour satisfaire à la demande de pâturages, ces pays ont sacrifié 130 000 milles carrés (336 700 km carrés) de leur précieuse forêt vierge tropicale. En 1988, il ne restait plus que 75 000 milles carrés (194 250 km carrés) de ce joyau de la réserve mondiale de biodiversité. Elles ont été rapidement détruites pour nourrir le bétail du marché américain de fastfood. Selon le Conseil des importateurs de viande d’Amérique, à l’époque les Américains importaient 10 % de leur consommation de bœuf, dont plus de 90 % de l’Amérique centrale et de l’Amérique latine. En 1985, ils ont importé 100 000 tonnes de viande du Costa Rica, du Salvador, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua et du Panama. Le Conseil spécifiait que toute la viande aboutissait dans les restaurants de hamburgers. Ce faisant, les populations locales ont été réduites à la famine car ils n’avaient plus accès aux produits de base qui servaient désormais à nourrir le bétail. Quant aux tribus autochtones, elles ont été rayées de la carte. La chaine de destruction touche toutes les espèces animales et la nature dont elles dépendent.
   Autre crime humanitaire et écologique : la privatisation de l’eau. L’eau est en train de devenir une «denrée monnayable». Les mafieux de l’agrobusiness s’emparent de l’eau douce partout dans le monde avec la bénédiction des gouvernements. Nestlé, Coca Cola et d’autres voleurs du genre – accumulent des réserves qu’ils vendront aux plus offrants au marché boursier dans peu de temps. Et nous ne protestons même pas.
   Comme c’est la saison des BBQ, tous les «chefs» participent aux grandes campagnes publicitaires de l’industrie bovine. On n’entend parler que de hamburgers à la radio (ici). Si le prix de l’eau nécessaire pour produire une livre (0,4 kg) de bœuf était ajouté au prix du hamburger, ce dernier coûterait 40 $ la livre – ça pourrait aider à réduire la consommation de cadavre en décomposition.

À votre avis, y’a pas trop de laitue? En tout cas le client aura son quota d’antibiotiques, d’hormones de croissance (supposément bannies), de pesticides et autres substances toxiques.

L’érosion des sols, un phénomène croissant aux États-Unis dans certains états, a atteint son stade le plus grave : la désertification. Les archéologues nous disent que l’érosion des sols a joué un rôle déterminant dans le déclin et la disparition de plusieurs grandes civilisations, dont celles des Égyptiens, des Grecs et des Mayas. L’érosion détruit la fertilité des terres et conséquemment les civilisations qui en dépendent.

Les impacts écologiques de l’élevage bovin intensif
(Bien sûr, les données ci-après s’appliquent à tous les élevages intensifs, qu’il s’agisse de volailles, porcs, etc.) 

Le feedlot est un parc d’engraissement où sont élevés les bœufs. Les animaux sont concentrés dans des enclos (environ 80 par hectare) dont ils ne sortiront que pour être envoyés à l’abattoir. On trouve énormément de parcs comme ceux-là aux États-Unis, mais il y en a partout dans le monde. Tout est mis en place pour obtenir un engraissement rapide des animaux, et pour gérer les problèmes causés par l’entassement massif des individus.

L'exemple de l'élevage intensif : les feedlots au Texas

Quand on parle de développement durable, on ne peut pas éviter de mentionner la diète des sociétés plus opulentes, riche de cet aliment hyperprotéique. La viande, en effet, est un des produits les plus dispendieux, inefficaces et polluants, qui de plus, requiert une consommation très élevée de ressources naturelles. En particulier l’élevage intensif qui augmente la productivité et la rentabilité. C’est ainsi que se retrouve, dans un espace très restreint, un nombre très élevé d’animaux. Cette manière d’élever les animaux est contre-nature et a largement recourt à l’exploitation des ressources environnementales.
   Un des exemples les plus significatifs des dommages environnementaux causés par la production massive de viande est celui de la forêt Amazonienne où 88 % des zones déboisées sont consacrées au pâturage. Au Brésil, en l’espace de 6 ans, les exportations de viandes bovines ont augmenté de 600 % à destination des États-Unis, de l’Europe et de la Chine.
   La pollution des sols et des eaux est aussi liée à l’élevage intensif du bétail et à la lourde exploitation du terrain au profit des monocultures destinées à nourrir les animaux. Cette forme de pollution est apparue dans les années 50 à cause du recourt systématique aux fertilisants chimiques, de synthèse, et aux pesticides.
   La production repose sur un système inefficace : en seulement un an, 145 millions de tonnes de céréales et de soja ont été produites aux États-Unis et, de leurs transformations, on été retirées seulement 21 millions de tonnes de viande et de sous-produits. Près de 124 millions de tonnes de nourriture gaspillée qui aurait pu nourrir des populations sous alimentées. La consommation d’eau pour la production des céréales, l’abreuvage des animaux ainsi que le nettoyage des étables est un des facteurs de majeure consommation des ressources hydriques mondiales et cela crée un profond impact sur l’économie des ressources de la planète. 16 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire 1 kilo de viande de bœuf!

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L’Australie est le royaume de l’élevage intensif du mouton. Les chaleurs intenses, les sécheresses et les incendies sont très fréquents depuis des décennies.

Le silence des agneaux 

Un fermier de NSW (New South Wales) devra abattre 1200 moutons affamés parce qu’il ne peut plus les nourrir ni les abreuver; il les enterrera dans une fausse commune sur sa ferme.  

Photo: Sam Ruttyn. Le fermier Les Jones sur sa propriété à Goolhi, à l'ouest de Gunnedah.

La famille consomme son eau en bouteille, c’est tout ce qu'elle a à boire. Les 12 cours d’eau de la propriété sont soit à sec, soit ils ne contiennent que quelques centimètres d'eau brune, qu'ils ont dû clôturer parce que les moutons s’empêtraient sur les berges boueuses et mouraient. Il n'y a plus aucune zone de pâturage sur la propriété juste de la terre rouge et des touffes d'herbe-rasoir, que les animaux ne peuvent pas manger parce que cela leur taillade la bouche. «Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau et lorsque le dernier cours d’eau sera asséché nous n'aurons pas d’autre choix que de quitter.»

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Le barrage qui a cédé au Laos est situé sur un affluent du Mékong dans la province d'Attapeu, dans le sud-est du pays. En s’effondrant, il a libéré cinq milliards de mètres cubes d'eau, l'équivalent de plus de deux millions de piscines olympiques.
   Des dizaines de barrages, financés majoritairement par la Chine, sont actuellement en construction au Laos, notamment sur le Mékong.
   Les organisations environnementales ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes à ce sujet, mettant en avant l'impact des barrages sur le Mékong, sa flore et sa faune, sur les populations rurales, souvent déplacées, et sur les économies locales qui en dépendent.

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Déforestation, agriculture extensive, urbanisation massive = catastrophe écologique. Une conséquence logique. 

Confrontée à des pénuries d'eau, Sao Paulo doit développer ses infrastructures

Un texte de Jean-Michel Leprince
ICI Radio-Canada Nouvelles | Lundi 28 mai 2018 

Photo : Radio-Canada. La forêt «Mata Atlantica» disparaît au profit des terres agricoles.

[Extrait] 

Une saison particulièrement sèche a presque vidé les réservoirs d'eau de la ville de Sao Paulo au Brésil, faisant craindre le pire à ses millions d'habitants. Cette crise survient alors que deux nouveaux systèmes d'approvisionnement viennent d'être inaugurés. Ces infrastructures seront-elles suffisantes?
   Une telle crise de l’eau surprend dans un pays qui possède 13 % des réserves mondiales d’eau douce. Mais le problème date de plusieurs décennies : moins de précipitations, combiné à une population de plus en plus importante et à de mauvaises politiques publiques de gestion de l'eau.

SOS forêts

L’urbanisation massive et l’agriculture extensive ont pratiquement éliminé la « Mata Atlantica », comme on appelle la forêt native de la côte brésilienne.
   «Ce qu’on voit, c’est que la forme de pluie a changé dans ces villes, explique Pedro Roberto Jacobi, professeur à l’Institut énergie et environnement à l’Université de Sao Paulo. À cause de quoi? De la déforestation autour des réservoirs et de l’expansion de l’agriculture dans l’État de Sao Paulo, principalement celle de la canne à sucre pour l’alcool.»
   La seule solution : reboiser. Ce qui se fait, mais encore trop timidement. L’ONG SOS Mata Atlantica en a fait sa mission.
   D’autres vont plus loin encore pour trouver les causes des changements climatiques de Sao Paulo : la déforestation en Amazonie.
   «L'Amazonie exporte de l'humidité et apporte des pluies dans le sud-est, le centre-ouest et le sud du Brésil, mais aussi dans d'autres régions de Bolivie, du Paraguay et d'Argentine, à des milliers de kilomètres, précise Antonio Donato Nobre de l'Institut national de recherches spatiales. La sécheresse exceptionnelle que vit la région sud-est du Brésil, spécialement Sao Paulo, peut déjà être le résultat de la destruction de l'Amazonie.»
   Les scientifiques soulignent également que les fortes pluies en Asie-Pacifique, la température plus élevée des océans et la sécheresse en Californie sont interconnectées et font partie du même déséquilibre mondial.

Article intégral :

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Dans la même veine «L’humain, trop grand pour échouer?» : 

24 juillet 2018

Soumission, crédulité, discernement...

Dans les forces armées (et policières) on n’apprend pas à penser par soi-même, on apprend à obéir aux ordres, quels qu’ils soient.

Qu’arriverait-il si les soldats disaient soudain :
«Je refuse d’aller me battre pour une politique d’expansion territoriale dont je ne reconnais pas la légitimité.» (Kaamelott)

Photo : The Canadian Press / Sean Kilpatrick. Les soldats canadiens ont atterri au Mali pour se préparer à l'arrivée des huit hélicoptères promis pour la mission onusienne.


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Quand on répète des conneries, on passe pour des cons.

JOUNALISME 101 : 
«Si quelqu’un vous dit qu’il pleut et qu’une autre personne vous dit que le temps est sec, ce n’est pas votre boulot de citer les deux. Votre boulot est de regarder par la foutue fenêtre et de trouver ce qui est vrai.»


Merci aux médias traditionnels pour leur persévérance à présenter des nouvelles déformées et mensongères. Remercions-les d’insister autant sur leur totale transparence, sans quoi nous pourrions être tentés de croire ce qu'ils racontent; ainsi nous développons notre discernement.

This is what fake news looks like

20 juillet 2018

Énergies fossiles : des lendemains qui désenchantent

Le premier ministre Trudeau se fait pousser par des provinces ayant souvent des objectifs opposés. Il a donc procédé à un remaniement ministériel pour mieux s’armer en prévision des batailles électorales de 2019. On sent l’épuisement au combat : «La donne est en train de changer, et à travers le pays, avec les différentes élections provinciaux (sic)... Le contexte international est en train de changer...» Des petits bas avec des gants de boxe seraient une bonne idée.
   La légalisation de la marijuana a été une diversion traitée comme une priorité qui a fait perdre beaucoup de temps aux élus. Le protectionnisme américain continue de causer de graves maux de tête. Quand Trudeau parle de l'unité entre les provinces canadiennes, on se demande à quel sujet... Cependant, Trudeau a concrétisé son plan de lutte contre les changements climatiques en achetant le pipeline Trans Mountain à même la cagnotte publique – aux applaudissements de l’Alberta et de la Saskatchewan, mais sans l’approbation des autres provinces ni des contribuables. Chic!

Stade olympique : sept militants de Greenpeace contre Trans Mountain seront accusés

La Presse canadienne 19 juillet 2018 – Sept militants de Greenpeace Canada ont été arrêtés jeudi après avoir déployé une bannière géante sur la tour du Parc olympique de Montréal en protestation contre l’implication du gouvernement du Canada dans l’élargissement de l’oléoduc Trans Mountain, dans l’ouest du Canada.

Photo : Photo : Greenpeace Twitter

Le gouvernement du Canada a annoncé il y a quelques semaines qu'il se portait acquéreur de l'entièreté du controversé projet d'oléoduc, pour 4,5 milliards $. L'accroissement de la capacité de l'oléoduc actuel de Kinder Morgan devrait permettre de tripler l'acheminement quotidien de pétrole lourd de l'Alberta vers le port de Vancouver, pour fins d'exportation vers l'étranger.

Rappel : «Les oléoducs sont plus sécuritaires» rabâchent les promoteurs. N’allons surtout pas croire que la multiplication des oléoducs réduira le transport ferroviaire qui a l’avantage de faciliter les transbordements. Le pipeline est simplement un moyen additionnel de transporter plus de pétrole et de gaz. Je vous laisse juger des risques : entre 2004 et 2012 en Amérique du nord, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), à distances comparables les oléoducs ont déversé trois fois plus de pétrole que les trains. En outre, les déversements sont rarement détectés sur-le-champ de sorte qu’ils s’échappent dans la nappe phréatique. Voyez les articles Lac-Mégantic 1 et 2 (4 juillet 2018), ainsi que Gisement de Bakken (8 juillet 2018). Tout se déglingue, tant les rails, les wagons que les pipelines, surtout s’ils sont mal entretenus. La solution est simple : réduire, limiter à l’essentiel, au lieu d’augmenter la production et le transport des matières dangereuses issues du pétrole et du gaz.

DES TECHNIQUES DE PERSUASION SOURNOISES

1. Quelqu'un envoie de mystérieux robocalls à travers le canada à propos du projet d'expansion de l'oléoduc Trans Mountain

Fatima Syed | The National Observer | Le 16 juillet 2018

Depuis le 1er juillet, les Canadiens reçoivent de mystérieux appels automatisés au sujet du projet d’expansion de l'oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan. Des sources de la région du grand Toronto disent qu'ils ont été appelés la semaine dernière : #kindermorgan # abpoli #bcpoli #cdnpoli #tmx

«Il y avait une voix robotique à l'autre bout de la ligne.» L'appel venait de quelqu'un qui utilisait le code régional 647, identifié sur l'écran du téléphone comme «Dites-le à la mairie» (Tell city hall). Le robot demandait de participer à un sondage sur le pipeline Trans Mountain. «C'était un appel bizarre, a déclaré un résident de Toronto qui voulait garder l'anonymat parce qu'il travaille pour les gouvernements municipal et fédéral. Je pensais que l'appel me demanderait des commentaires sur ma participation passée à plusieurs études sur l'engagement civique.»  


Les Canadiens de partout au pays reçoivent ce genre d'appels depuis la fête du Canada. Quatre résidents de Toronto et de Mississauga ont dit à National Observer qu'ils avaient été contactés par le mystérieux groupe la semaine dernière. Lorsque vous acceptez la demande, un lien envoyé par message texte à partir d'un numéro du Québec, dit «merci d'avoir accepté de partager votre opinion sur des questions importantes pour tous les Ontariens», avant de lancer une série de questions sur l'expansion du pipeline Trans Mountain.
   National Observer a appris que le sondage est mené pour le compte du gouvernement albertain. «Dites-le à la marie» est un programme de la firme spécialisée en études de marché Advanis Inc. dont le siège social est à Waterloo en Ontario. En activité depuis plus de 25 ans elle n’offre ses services qu'au gouvernement et à des organismes sans but lucratif.
   Le «sondage d'opinion» initié le 1er juillet vise 20 000 répondants dans l'ensemble du pays. Aucune ville ou province n'est visée plus qu’une autre; et les territoires sont exclus.
   «Il s’agit d’une recherche pour vérifier l’efficacité des message d’information», a déclaré David Sands, le porte-parole du gouvernement de l'Alberta. «Nous essayons de trouver les gens qui sont préoccupés par le projet Trans Mountain. Nous leur donnons de l'information, et nous leur demandons ensuite s’ils se sentent moins inquiets ou plus préoccupés.»
   L'enquête a été commandée et conçue par l'équipe du service Communications et engagement public du gouvernement albertain. Le coût du sondage téléphonique fait partie de la campagne publicitaire pro-pipeline annoncée en mai par la première ministre Rachel Notley. Elle avait déclaré que la province dépenserait 1,2 million de dollars pour une campagne publicitaire en faveur des pipelines afin de convaincre le public que le pipeline profiterait à tous les Canadiens. À l'époque, elle avait dit que la campagne publicitaire qui résulterait de cet investissement ciblerait principalement les britanno-colombiens.

Article intégral en anglais :

2. Un coup de semonce pour les libéraux de Trudeau en Ontario avec une campagne «pro-pipeline» agressive  

Fatima Syed et Robert Cribb |The National Observer | Le 5 juillet 2018

Le plus important groupe de pression pétrolier et gazier du Canada a mené une guerre de terrain politique qui a ciblé les électeurs de 13 «circonscriptions libérales vacillantes» de l'Ontario avec des panneaux publicitaires installés dans des «endroits de grande visibilité» de la région de Toronto; et 400 000 dépliants pro-pipeline ont été envoyés via Postes Canada, selon une enquête en cours de National Observer / Toronto Star / Global News.

Photo : Alex Tétreault. Canada's Energy Citizens, a group operated by the Canadian Association of Petroleum Producers, set up a booth at the Manning Networking Conference 2018, held at Ottawa's Shaw Convention Centre, on Thursday February 8th, 2018.

Les détails de la campagne de l'Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) figurent dans un dépliant qui fut distribué lors d'un sommet parrainé par le gouvernement, à Vaughan, près de Toronto, où l'Association avait un stand. Le dépliant expliquait comment le groupe de pression s'était engagé dans une «campagne de terrain en Ontario» entre le 8 avril et le 29 mai – période au cours de laquelle le gouvernement fédéral décidait du sort du projet d'agrandissement du pipeline Trans Mountain.
   La campagne d’ACPP incluait 13 manifestations à travers le pays, l’installation de panneaux d'affichage, une énorme pression auprès des médias sociaux et des centaines de milliers de lettres au public concernant leur lutte pour la concurrence et l'accès aux nouveaux marchés du pétrole et du gaz. Le groupe de Calgary a également envoyé 24 000 lettres à des «décideurs clés», dont le premier ministre de la Colombie Britannique, John Horgan, la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, et le ministre fédéral des ressources nationales, Jim Carr, selon le document divulgué par l’ACPP.

Article intégral en anglais :

L’Association pétrolière et gazière du Canada est sur le point de prendre les décisions les plus importantes pour notre économie depuis le crash de 2014

Pour la première fois en quatre ans, il pourrait y avoir plus de 20 milliards de dollars à dépenser dans l'industrie canadienne du pétrole et du gaz qui cherche à s'orienter. Voyez les options : article intégral en anglais par Peter Tertzakian | Financial Post | Le 17 juillet 2018         

LES «VRAIS» LENDEMAINS QUI DÉSENCHANTENT

Le déraillement de Saint-Polycarpe inquiète à Lac-Mégantic
ICI Radio-Canada Nouvelles | Le 17 juillet 2018

Photo : Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST). Le nettoyage et le dégagement de la voie ferrée, la principale ligne ferroviaire du Canadien Pacifique au pays, s'annoncent longs et ardus.

Le gouvernement fédéral et les compagnies ferroviaires n'ont rien appris de la tragédie de Lac-Mégantic, qui a fait 47 victimes dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013, selon la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic.

La Coalition réagissait au déraillement survenu à Saint-Polycarpe, où un train de marchandises transportant 95 wagons, dont plusieurs wagons-citernes remplis de diesel et de gaz propane, a quitté les rails lundi. Il s'agit d'un deuxième déraillement en une semaine après celui survenu à Saint-Constant le 10 juillet dernier.
   «Depuis que la loi permet aux compagnies de s'autoréglementer et d'être responsables de leur propre sécurité ferroviaire, on n'entretient plus les voies ferrées, on n'entretient plus le matériel roulant; on les laisse s'user à la corde, jusqu'à ce qu'il se produise un accident», déplore Robert Bellefleur, porte-parole pour la Coalition des citoyens et organismes engagés pour la sécurité ferroviaire de Lac-Mégantic.
   «Il faut absolument changer cette façon de faire au Canada. Il faut que Transports Canada redevienne le chien de garde qu'il était auparavant, parce qu'on ne doit pas laisser les compagnies être les maîtres-d'oeuvre de la sécurité ferroviaire... c'est comme laisser la surveillance du poulailler au renard...», image-t-il.


La circulation ferroviaire reprend à Saint-Polycarpe
ICI Radio-Canada Nouvelles | Le 18 juillet 2018 à 14 h 19

Photo : Alexandre Letendre. Le CP a reçu des renforts, mercredi matin.

La circulation ferroviaire est partiellement rétablie à Saint-Polycarpe, en Montérégie, à la suite du déraillement d'au moins 25 wagons-citernes survenu plus tôt cette semaine sur la voie principale des trains de marchandises qui relie Montréal à Vancouver. Mais l'opération nettoyage du Canadien Pacifique (CP) est loin d'être terminée.
   Car les wagons qui ont déraillé n'ont toujours pas encore été vidés de leur contenu – une opération délicate qui pourrait prendre plusieurs jours.
   Les voitures ont été déplacées, tout simplement, ce qui a permis de dégager la voie vers minuit, dans la nuit de mardi à mercredi. Le directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Clet, Saint-Polycarpe et Rivière-Beaudette, Michel Bélanger, a confirmé la reprise de la circulation, mais sur une seule voie ferrée du tronçon, celle en direction de l'ouest.
   Les opérations de dégagement sont sous la responsabilité du CP. Toutefois, la société ferroviaire n'a accordé aucune entrevue depuis l'accident.
   C'est plutôt le ministre Martin Coiteux qui a pris la parole, mardi. «Ils vont devoir transvider les matières dangereuses pour les sortir des wagons qui ont déraillé, donc il y a beaucoup de précautions qui doivent être prises, a-t-il expliqué. On veut s’assurer que c’est fait correctement pour la sécurité de la population et la protection de l’environnement.» Ces matières dangereuses seront transbordées dans des camions-citernes, qui sont arrivés sur place mercredi.
   Certains des wagons transportaient du propane et du diesel. Un wagon transportant du propane est même tombé dans la rivière Delisle, mais il ne s'est pas enflammé.
   Les pompiers et le ministère de l'Environnement soutiennent qu'aucun déversement toxique n'a eu lieu.

Photo : Pascal Marchand. Le déraillement du train du CP à Saint-Polycarpe n’a pas causé de déversement de matière dangereuse, selon le ministère de l'Environnement.

Déraillement de train à Saint-Constant
ICI Radio-Canada Nouvelles | Le 10 juillet 2018

Le Canadien Pacifique explique que cinq wagons en tout ont déraillé. Aucune matière dangereuse n'a été déversée, assure le CP. Quatre des wagons impliqués transportaient des rouleaux d'acier et le cinquième transportait du bois. Le train avait en tout 40 wagons, dont deux étaient vides.

17 juillet 2018

Réflexions sur le racisme

Dès qu’on prononce le mot racisme, les boucliers se lèvent. Ça ne prend pas grand-chose pour activer le «gène de Caïn» qui sommeille en chacun de nous. D’après l’une des interprétations religieuses du mythe Caïn et Abel, la lignée de Caïn (le tout premier assassin psychopathe) aurait pris fin au moment du Déluge, à l’époque de Noé. C’est une blague ou quoi? Les tueries entre «frères» rivaux n’ont jamais cessé. On voit des individus de même couleur de peau (blanche ou autre), de même race et de même religion s’entretuer partout dans le monde. Le gène Caïn s’est transmis sans obstacle d’une génération à l’autre, a résisté à l’épreuve du temps et poursuit ses ravages. (1)

Si l’on se fie à la définition du Petit Robert, le racisme repose sur une théorie de la hiérarchie des races, qui conclut à la nécessité de préserver la race dite supérieure de tout croisement, et son droit de dominer les autres.

Cours 101 pour créationnistes : ethnies et génétique

Pour alimenter la réflexion, je vous propose un audio sur l'histoire des zoos humains racontée par l’anthropologue et écrivain Serge Bouchard, un texte de l’écrivain Philippe Claudel sur les parcs de pauvres, et un film sur les origines du racisme américain et du «white power» avec Tim Wise.

RÉCIT
L’histoire des zoos humains
Par Serge Bouchard


L’histoire des zoos humains, c’est l’histoire de l’invention du sauvage, ces prétendus sauvages qu’on a recrutés, on leur a un peu forcé la main, partout en Afrique, en Océanie, en Asie dans les Amériques, Amérique du Sud, Amérique du Nord. On les exposés dans des cirques, des cabarets, des foires, des villages itinérants, dans des expositions universelles, et surtout des expositions coloniales. On est au 19e siècle et ça s’inscrit dans toute la culture de l’Occident. C’est un immense spectacle avec des figurants, des impresarios, des décors, c’était le grand spectacle. Donnons des chiffres : de 1850 à 1940, c’est 1 milliard et demi de visiteurs, c’est quand même pas rien, qui ont regardé 30 000 à 34 000 figurants primitifs sauvages. Ça s’est passé beaucoup en Angleterre, mais le chef de file était la France, beaucoup l’Allemagne et le Danemark, les Danois étaient fous de ça. Les Américains ont aussi plongé là-dedans, et ç’a été jusqu’en Asie, mais on connaît moins. Ça s’est fait beaucoup au Japon aussi.
   Le problème était de savoir qui était l’autre. Un barbare, un monstre, un homme des bois, un cannibale? Christophe Colomb allait découvrir 60 000 parfaits sauvages. On s’est mis à les amener en Europe pour les exhiber.
   Selon la mentalité colonialiste, «l’homme supérieur a le devoir de civiliser l’homme inférieur».
    C’est l’époque du racisme scientifique. Et les spectacles et les zoos humains sont appuyés par les savants, sont appuyés par la science, et par une certaine anthropologie physique, une anthropologie qui est au cœur même du racisme moderne. Cette fausse science créa d’énormes dommages.

Audiofil :

Dans son roman «Inhumaines», Philippe Claudel pousse la caricature, le cynisme et l’ironie à l’extrême, mais ce faisant, il nous renvoie notre image.
   «Le rire contre les armes. Et l’ironie pour se moquer de nous. L’homme est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est aussi l’unique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse. À observer le monde comme il va, on hésite alors entre les larmes et le rire.
   J’ai choisi dans Inhumaines de m’affubler d’un nez rouge, d’exagérer le vrai pour en saisir l’atroce. Ma volonté était de cette façon de tempérer la cruauté née de notre société en la croquant de façon grotesque, ce qui permet de s’en moquer, en espérant contribuer à la corriger aussi, même si je n’ai guère d’illusion sur ce point : restons modeste.
   Je suis convaincu qu’il est des situations où la littérature doit se transformer en papier de verre pour décaper les cervelles : cela fait un peu mal au début mais cela chatouille aussi. ... Inhumaines est inspiré de faits réels. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existant est totalement volontaire. J’ai simplement forcé un peu le trait. À peine. Et je n’ai d’autre ambition que faire rire, même jaune, à nos propres dépens, à commencer par les miens. Inhumaines est à la vérité ce que le palais des glaces est au réel : exhibant un reflet convexe, parfois concave, rétréci ou agrandi, même s’il déforme, il ne ment jamais.»

Le chapitre intitulé «Réduction de la fracture sociale» décrit une version contemporaine des zoos humains. Les camps de réfugiés ou ceux des immigrants illégaux aux États-Unis en sont aussi de parfaits exemples...

Depuis peu on a parqué les pauvres. C’est bien mieux. Ça ne pouvait plus durer. Dans une société à deux vitesses où les riches passent leur temps à s’enrichir et où les pauvres passent le leur à s’appauvrir, rien ne sert que les seconds soient dans le même espace que les premiers. Il ne pourrait en découler que de la peine et aussi de l’envie. Le gouvernement a agi. Et pour une fois, il a bien agi. On a ramassé tous les pauvres qu’on a pu trouver. Certains ont dû s’échapper mais pour aller où. Dans les bois. Dans des contrées hostiles. Ils n’y survivront pas longtemps. Les pauvres ont été rassemblés dans des stades qu’ils connaissent bien, qu’ils affectionnent et qu’ils remplissent souvent pour assister à des matchs de football, leur sport préféré, en buvant des bières. En l’occurrence ils étaient dans les gradins mais aussi sur la pelouse. Ça a dû leur faire bizarre. Et plaisir sans doute d’être aujourd’hui là où se trouvaient les héros d’hier. La vie réserve bien des plaisirs à ceux qui savent patienter. Pendant les deux jours suivants, on les a répertoriés et marqués. De façon discrète. Un très léger tatouage sur l’avant-bras gauche. À l’encre bleue. Un simple chiffre. Puis ils ont été entassés dans des trains. Direction les parcs des pauvres. Situés loin. Je veux dire loin de nous. Vers l’intérieur du pays. Dans des espaces désertiques au climat vivifiant. Le pauvre est rugueux. Il est doté d’une étonnante capacité de résistance. Afin de gommer les légères différences et de na pas faire de jaloux, on leur a donné un uniforme composé d’un joli pantalon et d’une agréable chemise de toile bleus à bandes blanches. Quelque chose de tout à la fois léger, confortable et indémodable. Intemporel. Un basique. À quoi ressemble un parc un parc à pauvres. Je veux y répondre. Nous sommes allés en visiter un le mois dernier. Le comité d’entreprise était à l’initiative du déplacement. Nous avons bien ri dans l’autobus. Et chanté. Chauffeur si t’es champion appuie appuie sur le champignon. Nous avons été hébergés dans un hôtel doté de tout le confort moderne, sauna, hammam, massages, golf dix-huit trous, fontaine à champagne, bar à huîtres, hôtesses asiatiques, dociles et insatiables, mâles africains, ougandais ou kényans disponibles en room service vingt-quatre heures sur vingt-quatre. [...] Le lendemain, répartis dans de petits véhicules électriques munis d’un toit ouvrant, nous avons été amenés dans le parc. C’était l’heure du repas. Les pauvres attendaient bien sagement devant leurs dortoirs, de coquets baraquements en bois pouvant accueillir une centaine d’entre eux. On leur distribuait une belle soupe claire ainsi que le quart d’un copieux pain bis. Le directeur du parc qui nous accompagnait nous a précisé que, le soir venu, les pauvres avaient droit au même repas. Ne craigniez pas de trop les gâter. La femme de Brognard aime poser des questions. Il est important de créer un lien de respect et de sympathie. Le directeur se faisait pédagogue. Ma femme se bouchait le nez. L’odeur était il est vrai un peu forte. Pourquoi sont-ils pieds nus dans la neige. On leur donne des chaussures sans lacets pour éviter qu’ils ne se pendent, mais ils les perdent tout le temps. Ensuite nous sommes allés sur leur lieu de travail. Une magnifique carrière à ciel ouvert dans laquelle les pauvres sculptent un grand escalier. Nous avons été fascinés devant le spectacle pharaonique de ces milliers de pauvres travaillant de leurs mains, maniant marteaux et burins avec toute leur énergie, à ce chantier monumental. Déjà aux cent trente-neuf marches. Où mène cet escalier. C’était Leroux cette fois. Nulle part. On les occupe comme on peut. Ils ne s’en plaignent d’ailleurs pas. Le pauvre est oisif. C’est pour cela d’ailleurs qu’il est pauvre. Le parc a une dimension pédagogique et rééducatrice. J’y tiens beaucoup. Belle idée. Beaucoup d’entre nous, debout dans les véhicules, le torse sortant du toit ouvrant, ont pris des photographies. La femme de Brognard a lancé à des enfants qui portaient de grosses pierres une poignée de friandises. L’idiote. Il est pourtant interdit de donner de la nourriture. Des panneaux le rappellent en maints endroits. Les enfants pauvres ont immédiatement lâché leurs pierres, se sont précipités et se sont à demi écharpés pour les ramasser. L’un est resté au sol. Mort sans doute. La femme de Brognard s’est fait réprimander par le directeur. Puis par son mari. L’ambiance était cassée. Nous avons regagné l’hôtel en silence où un repas chaud nous a été servi. J’avais les joues rosies par le froid et les pieds gelés. J’ai repris quatre fois du porc en sauce. Le vin chaud montait à la tête de ma femme. Elle chantonnait. Il faisait bon. Ç’avait été une journée instructive. Dans la contemplation de la différence on prend conscience de sa spécificité. Le bonheur tient parfois à peu de chose. Le lendemain, au petit-déjeuner, Brognard a répudié sa femme. L’incident de la veille ne passait pas. Brognard ne plaisante pas avec les règles. Il l’a jetée hors de l’hôtel. Comme elle vient d’une famille sans fortune, elle s’est retrouvée subitement pauvre. Le directeur a décidé de faire un geste. Il l’a accompagnée lui-même dans le parc. (Inhumaines, Éditions Stock 2017; pp. 71-75)

Voici un film sur les origines du racisme et les raisons pour lesquelles il perdure aux États-Unis.

The Great White Hoax (Le grand canular blanc) contextualise la politique actuelle aux États-Unis, en mettant l'accent sur la campagne électorale de Donald Trump pour la présidence 2016. Cependant, le film élargit sa portée en montrant comment la rhétorique chargée de Trump s'inscrit dans un modèle historique de longue date dans la politique aux États-Unis, offrant une étonnante perspective sur la façon dont le racisme et le racisme de boucs émissaires ont façonné la politique américaine pendant des siècles. Le film devient une solide ressource pour comprendre les rapports entre races, le privilège blanc, l’entrecroisement des races, la classe, et les identités de genre, la politique présidentielle, et la propagande politique à l'ère des «médias sociaux».

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Tim Wise milite contre le racisme aux États-Unis. Il a formé des éducateurs, des employés de corporations et des policiers pour éradiquer le «racisme» des institutions. Il s’est fait connaître dans la lutte contre l’apartheid et a donné des conférences dans plusieurs collèges et universités. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres sur le sujet et on l’a vu dans des documentaires et émissions télévisées. Wise soutient que le racisme aux États-Unis est institutionnalisé en raison du racisme manifeste du passé (et de ses effets permanents) et de la discrimination actuelle. Il soutient que dans les sociétés multiraciales comme les États-Unis, tous les gens (blancs ou de couleur) ont intériorisé divers éléments de la pensée raciste. Toutefois, ce n'est pas parce que la société a été conditionnée de cette façon qu’elle doit rester engagée dans la pensée raciste. Les membres de la société peuvent contester ce conditionnement et apprendre à croire en l'égalité.

The Great White Hoax
Jeremy Earp, Sut Jhally 2017 | 1:12:47
Featuring Tim Wise

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(1) Une explication possible à ce penchant inné de tueur qui habite l’homme, proposée par des chercheurs scientifiques.

La violence : les humains sont-ils mauvais jusqu’à l’os?
Par Gemma Tarlach ǀ 28 septembre 2016

SMACK! POW! BANG! Les humains ont évolué le long d'une branche particulièrement violente de l'arbre de vie. (Photo via Discover Magazine)

Désolée, pacifistes. Une nouvelle recherche, qui a adopté une approche novatrice pour tracer l'évolution de la violence meurtrière, a constaté que l'Homo sapiens descend d'une branche de mammifères particulièrement brutaux. Notre inclinaison à démolir et à tabasser est inscrite dans notre ADN. Cependant, avant de frapper quelque chose parce qu’une manchette vous dérange, prenez courage : les chercheurs ont également constaté que notre propension à nous entretuer peut être atténuée.
   Essayer de comprendre pourquoi les humains ont tendance à tuer d'autres êtres humains tourmente les scientifiques et les philosophes depuis longtemps. Une partie du problème vient du fait que les causes de cette violence impliquent une multitude d’influences potentielles difficiles à isoler de façon scientifiquement rigoureuse.
   Le chercheur José María Gómez et ses collègues ont développé une approche pour parer à cette difficulté en se tournant vers la phylogénie, qui démontre comment une espèce se développe et rayonne ensuite sur différentes espèces.
   En résumé, ils ont découvert que l'Homo sapiens faisait partie d'une lignée particulièrement violente remontant à des millions d'années.
   Dans l'ensemble du spectre des mammifères, le taux de violence meurtrière contre un membre de la même espèce est d'environ 0,30 pour cent – le risque d'être tué par un membre de sa propre espèce est de 1 sur 300. Chez nos ancêtres les grands primates, il était de 1,8 pour cent. Chez l'homme, au point d'origine de l’espèce, le taux grimpe à 2 pour cent – le risque d’être assassiné était de 1 sur 50.
   En d'autres termes, notre espèce est, en tête de liste (telle qu’elle est) avec une augmentation constante de la violence meurtrière intra-espèce qui se perpétue depuis environ 100 millions d'années.
   «Attendez un instant!», me direz-vous en maugréant, comment peuvent-ils connaître ces taux avec les quelques boîtes de fossiles qu’ils ramènent à la fin de journée?» En effet, reconstituer ces évaluations inclut une part d’estimation, mais aussi beaucoup de calcul et de modélisation sophistiquée.
   Les chercheurs, dont le travail a été publié dans Nature, ont recueilli des données provenant de plus de 4 millions de décès chez 1000 espèces de mammifères (des musaraignes aux baleines) et chez 600 populations humaines de chasseurs-cueilleurs de leurs premiers jours (connus) jusqu'à maintenant. En utilisant des méthodes de modélisation similaires à celles qui retracent l'évolution des caractéristiques physiques spécifiques, l'équipe a tracé la prévalence de la violence meurtrière à l'intérieur de chaque espèce.
   Quelques modèles se sont dégagés : certaines espèces animales passablement différentes s'entendent très bien avec les membres de leur espèce, entre autres les baleines et les chauves-souris. Les herbivores sont en général plus kumbaya.
   Mais les chercheurs ont trouvé que plus une espèce était sociale et territoriale, plus la violence entre les membres de la même espèce était répandue.
   C’est logique : si vous vivez avec d'autres membres d’un groupe social, vous avez tout simplement plus de possibilités de vous retrouver dans une prise de bec sanglante. Si vos ressources sont limitées, ou si vous devez protéger vos biens ou si vous sortez du bois, vous avez plus de prétextes pour assommer un concurrent. Hé, j’ai regardé les rediffusions de Law & Order! Motivation et opportunité. Ç’a toujours été une question de motivation et d'opportunité.
   Les primates ne sont pas la seule branche de l'arbre généalogique ayant des tendances meurtrières. Sans grande surprise, les chercheurs ont constaté que les prédateurs carnivores non-primates avaient aussi tendance à être plus violents les uns envers les autres, en particulier, là encore, ceux qui vivaient dans des groupes sociaux et territoriaux.

Ne pouvons-nous pas tous nous entendre?

Cependant, avant de trop désespérer, disons que la seconde partie de la recherche offre un peu d’espoir. Les chercheurs se sont intéressés aux taux de violence meurtrière à l’intérieur de centaines de populations humaines étudiées selon le modèle de société où les individus évoluaient. L'équipe a constaté que les choses sont devenues particulièrement sanglantes autour de l’an 1000 av. J.-C., mais que, au cours des 500 dernières années ou à peu près, les humains avaient un peu nettoyé le jeu.
   Le pic des carnages se situerait au début de l'âge du fer, cette période où une grande partie de notre espèce abandonna peu à peu la vie nomade de chasseur-cueilleur, quitta les petites bourgades pour des espaces urbains plus importants. C'est aussi le moment où les états s'engagèrent dans la compétition territoriale. Ouais, de plus en plus de monde entassé et en compétition pour les mêmes ressources et territoires. Motivation et opportunité.
   Au cours du siècle dernier, cependant, la diminution de la violence meurtrière, amorcée il y a 500 ans, s'est accélérée. Dans les sociétés d’aujourd'hui, avec les systèmes juridiques et le maintien de l’ordre public (deux groupes distincts d'égale importance...) et, tout aussi important, avec une culture qui rejette la violence, le taux de criminalité est autour de 1 sur 10 000.
   Ainsi, même si l'étude présente un dossier solide qui montre que nous sommes de par nature plus violents que la moyenne des autres mammifères, les chercheurs ont également montré que les systèmes sociaux et les normes culturelles peuvent garder à vue notre tendance innée à démolir et tabasser.

Article original (en anglais) :  

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