31 août 2019

L’Amazonie en feu : un génocide colonialiste

En massacrant la forêt tropicale, on massacre tous les autochtones, les animaux, les insectes, les plantes, bref, tout le vivant considéré non productif par les nostalgiques des dictatures militaires et les puissants capitalistes avides de profits. Le scénario du pire se produira si toutes les nations du monde suivent l’exemple de Donald Trump, de Bolsonaro et autres fac-similés. Tant que le monde sera géré par une poignée de sociopathes et leurs pions, je ne vois aucune raison d’être optimiste.

Les incendies d'Amazonie : «un fléau terrifiant»

Survival | 27 août 2019

Les dirigeants indigènes de toute l'Amazonie brésilienne ont dénoncé les incendies dévastateurs comme un «fléau» et une «terreur» qui «rend nos enfants malades et tue les animaux».
   Antonio Enésio Tenharim du peuple Tenharim a dit : «Nous prenons soin de cette terre, de notre territoire. Jusqu'à aujourd'hui, le feu n'était pas entré. Mais maintenant, il est soudainement arrivé, en divers endroits. C'est une terreur pour notre peuple, parce qu'elle rend nos enfants malades, tue les animaux, n'apporte que de mauvaises choses.»

© United-Press. SOS Amazônia

Sonia Guajajara, leader autochtone de renom, a déclaré aujourd'hui : «Nous mettons nos corps et nos vies en danger pour essayer de sauver nos territoires... Nous mettons en garde depuis des décennies contre les violations que nous avons subies au Brésil. Le comportement prédateur des bûcherons, des mineurs et des éleveurs, qui ont un puissant lobby au Congrès national avec plus de 200 députés sous leur influence... a beaucoup empiré sous le gouvernement anti-autochtones de Jair Bolsonaro, qui normalise, encourage et renforce la violence contre l'environnement et contre nous.»
   Un groupe de dirigeants Huni Kuin a dit : «La nature pleure et nous pleurons. Si nous n'arrêtons pas cette destruction de Mère Nature, les générations futures vivront dans un monde complètement différent de celui dans lequel nous vivons aujourd'hui. C'est le cri de Mère Nature qui nous demande de l'aider. Et nous travaillons aujourd'hui pour que l'humanité ait un avenir. Mais si nous n'arrêtons pas cette destruction, nous serons ceux qui seront éteints, brûlés et le ciel descendra sur nous, ce qui a déjà commencé à arriver.»
   Le dirigeant autochtone Raimundo Mura s'est adressé à Reuters la semaine dernière : «Je résisterai jusqu'à ma dernière goutte de sang... C'est un fléau. Vous voyez les vies (des arbres) gaspillées. Tous ces arbres étaient autrefois vivants, ils avaient tous besoin de vivre, chacun à sa place. Vous pouvez voir les dégâts. C'est le but de l'homme blanc de détruire cette [forêt].»
   La Coordination des organisations autochtones de l'Amazonie brésilienne (COIAB) a également publié une déclaration sur les incendies.
   Le directeur de Survival International, Stephen Corry, a déclaré aujourd'hui : «Ces terribles incendies ne sont pas accidentels. L'attaque contre l'Amazonie est facilitée par l'attaque de Bolsonaro contre les peuples autochtones et l'environnement, dans une mesure que nous n'avions pas vue depuis 50 ans. L'Amazonie est en train d'être détruite et ses peuples autochtones sont détruits au rythme le plus rapide depuis des générations. Le meilleur moyen de faire face à la crise climatique est de lutter pour les droits fonciers des peuples autochtones.»


La police attaque la communauté autochtone kinikinawa au Brésil

Survival | 2 Août 2019

Des informations font actuellement surface selon lesquelles des policiers lourdement armés auraient attaqué des autochtones kinikinawa sur leurs terres situées dans le centre-ouest du Brésil, terrorisant la communauté et blessant plusieurs personnes.
   Une séquence vidéo montre les policiers arrivant dans plusieurs véhicules et un hélicoptère, ainsi qu’un homme kinikinawa saignant, blessé à la tête.

© Kinikinawa / Survival. Un Kinikinawa saigne des suites de blessures à la tête alors que la police attaque sa communauté.

Il a déclaré : «Je suis en train de verser du sang sur ma terre. Nous ne cesserons pas de nous battre.»
   Hier (le 1er août 2019), les Kinikinawa ont réoccupé une partie de leur terre ancestrale, qui leur avait été volée il y a des années pour faire place à des éleveurs. Peu de temps après que les Kinikinawa aient procédé à leur opération, la police est arrivée et les a attaqués.
   On pense que la police n’avait pas reçu l’ordre officiel d’un juge d’«expulser» les Kinikinawa du territoire réoccupé et agissait au lieu de cela sur ordre d’un maire et d’un éleveur local.
   Un message audio ayant fuité semble montrer le maire déclarant, juste avant l’attaque, que les Kinikinawa seraient «expulsés, de gré ou de force» et notifiant à d’autres qu’il y a «deux bus pour prendre 90 agents de police et qu’il y en a déjà 40 là-bas, [donc que] les [Kinikinawa] seraient expulsés. (…) C’est une bonne nouvelle et le gouvernement doit prendre position et instaurer la paix et l’ordre pour tous ceux qui vivent dans ce pays.»
   Le peuple autochtone voisin, les Guarani, a publié une déclaration dans laquelle il exprime sa colère : «Les éleveurs et la police agissent illégalement et attaquent les autochtones. Depuis des décennies, nous réclamons la restitution de nos terres, conformément au droit national et international, mais nous avons été ignorés. Nos terres sont toujours envahies et occupées par des éleveurs et des politiciens, donc nous réoccupons nos terres. Nous résisterons et nous répondrons à la guerre des éleveurs contre nous, peuples autochtones.»
   Le président Bolsonaro a pratiquement déclaré la guerre à la population autochtone du Brésil. Le nombre d’invasions territoriales et d’attaques contre les peuples autochtones a explosé depuis sa prise de fonction le 1er janvier 2019.
   Les peuples autochtones du Brésil et leurs sympathisants du monde entier font campagne pour stopper le génocide au Brésil. #StopBrazilsGenocide 


Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers

Survival

Pour les Guarani, la terre est à l’origine de toute vie. Mais les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire dont la plus grande partie a été spoliée.
   Les enfants souffrent de malnutrition et leurs leaders sont assassinés. Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés.
   À l’arrivée des Européens en Amérique du Sud il y a plus de 500 ans, les Guarani furent parmi les premiers peuples à être contactés.
   Ils sont aujourd’hui environ 51 000 au Brésil, répartis dans sept états, ce qui fait d’eux la plus nombreuse population autochtone du pays. De nombreuses autres communautés guarani vivent sur les terres voisines du Paraguay, d’Argentine et de la Bolivie.
   Les Guarani se divisent en trois groupes distincts : les Kaiowá, les Ñandeva et les M’byá. Les Kaiowá, qui signifie «peuple de la forêt», sont les plus nombreux.   
   Une communauté guarani raconte comment elle est harcelée par les hommes de main à la solde des fermiers qui ont spolié sa terre.
   Alors qu’ils occupaient autrefois un territoire de près de 350 000 km2 de forêts et de plaines, ils s’entassent aujourd’hui sur de petites parcelles de terres encerclées par les fermes d’élevage et les vastes plantations de soja et de canne à sucre. Certains n’ont aucun territoire et vivent dans des campements de fortune le long des routes.
   Depuis la colonisation, les Guarani du Mato Grosso do Sul ont été pratiquement dépossédés de toutes leurs terres.
   Plusieurs vagues de déforestation ont transformé leur territoire ancestral, autrefois fertile, en un vaste réseau de fermes d’élevages et de plantations de canne à sucre destinées au marché brésilien d’agrocarburants (le Brésil est l’un des premiers producteurs de biocarburant au monde).
   De nombreux Guarani ont été regroupés dans de petites réserves qui sont aujourd’hui surpeuplées de manière chronique. Dans la réserve de Dourados par exemple, 12 000 Guarani vivent sur moins de 3000 hectares.
   Le Brésil est depuis des années l’un des leaders mondiaux de la production d’agrocarburants. Les plantations de canne à sucre sont établies depuis les années 1980 et dépendent fortement de la main-d’œuvre indigène. Leurs conditions de travail sont épouvantables. Une compagnie de production d’éthanol a été fermée par les autorités après qu’on eut découvert qu’elle employait plus de 800 Indiens dans des conditions proches de l’esclavage.
   De nombreux Indiens sont forcés de travailler dans les plantations et s’absentent de leurs communautés pendant de longues périodes; les conséquences sur la santé et la société guarani sont désastreuses. Les maladies sexuellement transmissibles et l’alcool ont été introduits par les travailleurs de retour chez eux et les tensions et violences internes ont augmenté.
   Dans le seul État du Mato Grosso do Sul, 80 nouvelles plantations de canne à sucre et distilleries d’éthanol sont prévues, dont la plupart sur la terre ancestrale revendiquée par
les Guarani. Ils sont victimes de racisme et de discrimination et sont harcelés par les officiers de police. On estime que plus de 200 Guarani sont en prison avec peu ou pas d’accès aux conseils juridiques et à des interprètes, piégés dans un système judiciaire qu’ils ne comprennent pas. Beaucoup d’innocents ont été condamnés. Nombre d’entre eux subissent de lourdes peines pour des délits mineurs.

Crédit : Fabrice Tky Burdese

   La réponse de ce peuple profondément spiritualiste à la dépossession de ses terres a été une vague de suicides unique en Amérique du Sud. Depuis 1986, plus de 517 Guarani se sont donné la mort, le plus jeune n’avait que neuf ans.
   L’assassinat du leader guarani Marcos Veron en 2003 fut un exemple tragique mais caractéristique de la violence à laquelle son peuple est confronté.
   Marcos Veron, âgé de 70 ans, était le leader de la communauté guarani-kaiowá de Takuára. Durant 50 ans, sa communauté a tenté de récupérer une petite partie de son territoire ancestral après qu’un riche Brésilien l’ait transformé en une immense ferme d’élevage. La majorité de la forêt qui recouvrait autrefois ce territoire a aujourd’hui disparu.
   En avril 1997, désespéré d’avoir vainement fait pression sur le gouvernement pendant des années, Marcos décida de retourner avec sa communauté sur les terres du ranch. Ils commencèrent à y reconstruire des maisons et à y planter des jardins.
   Mais le fermier qui avait occupé leurs terres porta plainte et un juge ordonna l’expulsion des Indiens.
   En octobre 2001, plus d’une centaine de policiers armés et de militaires expulsèrent à nouveau les Indiens qui finirent par s’installer sous des bâches en plastique le long d’une route.
   Alors qu’il était encore à Takuára, Marcos avait déclaré «Là est toute ma vie, là se trouve mon âme. Si vous me privez de cette terre, vous me prenez ma vie».
   Ses mots furent prophétiques car en 2003, alors qu’il tentait pacifiquement de retourner sur sa terre, il fut sauvagement frappé par les hommes de main du fermier. Il mourut quelques heures plus tard.
   Suite à une audience qui s’est tenue début 2011, les trois hommes jugés pour son assassinat ont été acquittés d’homicide, mais reconnus coupables de crimes mineurs liés à l’attaque.

Article intégral :

Cet article fournit des détails sur les pratiques des propriétaires terriens et des militaires.

Le génocide des Indiens Guarani Kaiwoá au Brésil

Neide DS Libault
Regard d’infos 23 mai 2017

Le massacre des Indiens brésiliens Guarani Kaiowá est un crime contre l’humanité.  

La Présidence de la République du Brésil, c’est la valse des changements des Lois, dont celles concernant les Peuples Autochtones Brésiliens.
   Des peuples qui, comme les Guarani Kaiowá, sont opprimés par la puissante agro-industrie des gros propriétaires fonciers qui se sont appropriés de leurs terres. Ces gros fermiers en outre font partie du gouvernement. De plus ces personnes absurdement riches se sont groupées en syndicats qui maintiennent des milices de sécurité privée. Ces paramilitaires à leurs solde participent à la répression des peuples amérindiens et sont responsables de la plupart des assassinats des Indiens qui luttent pour sauvegarder leur territoire. Il va sans dire qu’aucun de ces assassinats n’a été puni, comme c’est souvent le cas au Brésil.

Crédit : Latuff 2012. «L’agro-négoce et le génocide des Guarani Kaiowá au Brésil»

Du nom du procureur public Jader de Figueiredo Correia, un rapport de 7000 pages met en évidence les horribles atrocités infligées aux premières nations du Brésil. Ce document, commandé par le ministre de l’Intérieur, en 1967, révèle les crimes commis contre les Indiens aux mains des puissants propriétaires terriens et du Service gouvernemental de Protection des Indiens – SPI. Ce rapport alarmant énumère les crimes commis en 1940, 1950 et 1960, dont furent victimes les Indiens du Brésil. Tels que : meurtres de masse, torture, esclavagisme, guerre bactériologique, abus sexuels, spoliations territoriales. Suite à ces atrocités, certains peuples ont complètement disparu et de nombreux autres ont été décimés. Le rapport Figueiredo a déclenché un sérieux scandale international à ce moment-là.
   Et toujours la même manière de procéder : les hommes de main recrutés par les fermiers, ou des policiers, attaquent leur village, les encerclent avec des bulldozers ou des tracteurs, brulent leurs cabanes, leurs tirent dessus, blessent des bébés, des femmes, des hommes, les torturent et les placent dans des réserves. Afin que des partenaires d’un groupe pétrolier, comme Shell ou un autre, convertissent leurs terres en plantations de canne à sucre pour l’agrocarburant à base d’éthanol pour l’Europe, ou dans des immenses plantations de soja transgénique.
   Au Brésil, la situation des Indiens s’est visiblement aggravée avec l’ingérence des États-Unis, des grosses entreprises multinationales et des gros propriétaires fonciers  tous bien acceptés par le gouvernement brésilien. Depuis, les autochtones sont placés dans des réserves entourées par les milices des grosses exploitations de canne à sucre de soja transgénique et d’élevage de bovins pour les McDo. Tout cela fait disparaître la forêt Amazonienne au même rythme que les Indiens. Les principaux marchands responsables de cette situation sont ADM, Cargill, Bunge, Maggi.
   En effet, au Mato Grosso do Sul cette situation s’empire jour après jour. Les raisons sont évidentes puisque l’agro-business s’est, très, très bien installée avec la bénédiction des autorités locales qui s’enrichissent personnellement. Ces puissants propriétaires terriens sont bien organisés, financièrement et politiquement, grâce à leurs représentants dans tous les niveaux des pouvoirs de la Nation : judiciaire, législatif, exécutif, et aux niveaux : municipal, étatique, et fédéral. De cette façon la boucle est bouclée et ces gros fermiers, avec d’autres secteurs capitalistes, détiennent le pouvoir dans tout le Pays. En revanche, les communautés indigènes n’ont pas de représentation dans aucune des instances des pouvoirs du gouvernement (judiciaire, législatif, exécutif), ni à l’échelle du département ou du municipal. Voilà pourquoi la solidarité internationale se présente comme l’un des seuls moyens de pression sur le gouvernement brésilien.

Article intégral :

Complément sur les scandales au sujet du WWF mentionnés à la fin de l'article "Le cynique est en fait un réaliste" (26 août 2019)

Le soutien du WWF à des programmes de stérilisation et au «tir à vue» révélé par la télévision néerlandaise

Survival | 22 Mai 2019

Extrait du rapport : «Ce téléphone portable vient de m’être remis avec les photos de deux personnes tuées par balles par la police alors qu’elles étaient en train d’être expulsées».
   Une enquête choc de la télévision néerlandaise révèle l’implication du WWF dans des programmes de stérilisation autour de parcs nationaux.
   La très controversée politique de réduction de la population humaine autour d’aires protégées a été condamnée comme «absolument contraire à l’éthique» par le directeur de Survival International, Stephen Corry, qui a déclaré : «Pouvez-vous imaginer le WWF promouvoir la stérilisation des femmes vivant près de parcs nationaux en Europe ou aux États-Unis? Le fait qu’ils considèrent cela acceptable en Inde ou en Afrique est du racisme pur et simple.»
   L’enquête révèle aussi des preuves montrant que le personnel du WWF non seulement était conscient de l’existence de la politique de «tir à vue» en Inde, qui utilise l’expression «tuer les indésirables», mais n’a rien fait pour la changer.
  Le rapport, intitulé «Victimes du WWF», a été diffusé dans Zembla, le principal programme d’investigation de la télévision néerlandaise.
   Également dans ce programme, des gardes forestiers de l’important parc national de Kaziranga reconnaissent qu’ils ont toujours l’autorisation de tirer à vue sur des personnes alors que le gouvernement nie l’existence d’une telle politique.
   Le WWF Pays-Bas devait être interviewé pour ce programme mais a annulé sa participation sans fournir d’explications. L’organisation est l’un des principaux bailleurs de l’aire protégée de Messok Dja au Congo, qui se développe sans le consentement des populations locales. Messok Dja a récemment fait l’objet d’une enquête par Buzzfeed.
   Survival International, qui depuis des décennies combat les abus contre les droits humains qui ont lieu au nom de la protection de la nature, a contacté des ambassadeurs du WWF, ainsi que des célébrités le soutenant, pour obtenir leurs commentaires.
   Les 100 millions de personnes autochtones et tribales vivant en Inde, connues sous le nom d’Adivasis, ont déjà été secouées par un double choc :
   • Une récente décision de la Cour suprême, actuellement en suspens, a ordonné l’expulsion de plus de 8 millions d’entre eux hors des forêts indiennes.
   • Des plans gouvernementaux pour amender le Indian Forest Act (ensemble de lois destinées à protéger l’environnement) datant de l’ère coloniale, qui ont fuité dans la presse en mars dernier, incluent un vaste projet de militarisation des forêts indiennes; l’autorisation pour le personnel du département des forêts de tirer sur des personnes tout en bénéficiant d’une quasi-immunité qui les mettrait à l’abri de poursuites judiciaires; et la possibilité d’anéantir les droits territoriaux existants des Adivasis.

Les peuples autochtones et tribaux en Inde, au Brésil et en Colombie sont en première ligne de ce que leurs défenseurs appellent «le plus grand assaut mondial contre les droits autochtones depuis 50 ans».

Pour le directeur de Survival International, Stephen Corry, chaque mois semble apporter de nouvelles révélations montrant jusqu’où le WWF est prêt à aller pour promouvoir ‘la conservation-forteresse’. «Les politiques du tir à vue et les programmes de stérilisation des villageois vivant près des parcs nationaux sont les signes d’un mouvement qui, en poursuivant un ordre du jour antihumain intransigeant, a complètement perdu son sens de l’éthique. C’est tragique pour les personnes innocentes qui subissent ces abus – et absolument autodestructeur pour la protection de la nature à long terme.»

L’Amazonie en feu : sommes-nous tous fautifs?

On peut avec raison lancer la pierre à Jair Bolsonaro qui a d’ailleurs refusé les boyaux d’arrosage à jardin offerts par certains pays. Ironiquement, les chefs d’états qui le dénoncent, ont tous des pratiques similaires dans leurs propres pays, allant totalement à l’encontre de la protection environnementale. Comme disait le père de l’écrivain Michel Tremblay, les politiciens s’injurient et ensuite ils vont jouer au golf ensemble...

Michel Desautels le disait mieux que moi dans sa chronique à Tout un matin (ICI Radio-Canada Première). La question étant pouvons-nous passer outre la souveraineté des états pour protéger l’environnement :
«...On est toujours dans une zone de friction entre la souveraineté des états et la volonté internationale de protéger, dans ce cas-ci un patrimoine universel, le poumon amazonien, et aussi parce qu’y a pas que des arbres en Amazonie, y’a aussi des populations autochtones, et là on entre effectivement dans la protection des humains pas juste des objets ou des territoires. Chaque pays est responsable de sa part du patrimoine universel en matière d’environnement,  de protection des eaux, de l’air, etc., mais en même temps, collectivement on a le droit et l’obligation de s’en préoccuper, de s’y intéresser. Comment  allons-nous faire ça? Cette définition du droit elle n’existe pas encore. Surtout avec une organisation comme l’ONU qui n’est pas capable d’agir rapidement dans ces matières là. Obtenir par exemple au conseil de sécurité l’assentiment de tout le monde sur un texte dans ce sens là, soit de protéger un environnement malgré la souveraineté d’un État, ça ne passerait pas. Imaginons qu’on dise aux Chinois : «hé, vos barrages sur les trois gorges là, ça marche pas cette affaire là, ça va polluer», ils auraient bloqué évidemment tout texte du genre. Parce qu’il faut s’attendre au retour de bâton. C’est facile maintenant d’attaquer le président Bolsonaro mais qui va lui lancer la première pierre? Parce qu’on a tous des petits péchés et des gros péchés sur nos territoires, le Canada y compris. Alors essayer d’obtenir un consensus là-dessus ce serait extrêmement compliqué. En plus, c’pas un hasard, on dit qu’y a pas de hasards, y’a que des rencontres. Il y a deux ans, donc avant l’élection de Bolsonaro, le pape François, lui-même sud-américain, a décidé d’organiser pour octobre 2019 un synode sur l’Amazonie qui va se dérouler au Brésil. Donc Bolsonaro n’était même pas élu; mais la question de la déforestation et des feux ça existe depuis les années 60. Donc ça aura lieu en octobre. Et Bolsonaro a dit quoi? Il a dit : «eh bien moi, je vais organiser un contre-synode en septembre à Rome». Et je vous rappelle que Bolsonaro est dans un pays où les évangéliques prennent de plus en plus de place et qu’il est catholique; et malgré ça il se prépare à un affrontement avec le pape François, c’est tout dire. Donc je reviens sur ce concept du droit de protection environnementale par la communauté internationale à Desautels le dimanche, cette semaine.»  

Quant à moi, j’ai tellement lu et entendu de commentaires (scientifiques, politiques, écolos) parfois contradictoires sur les incendies qui ravagent la forêt amazonienne, que mes petites cellules grises, affolées, dansaient la claquette! L’analyse est aussi dense que la forêt amazonienne elle-même.

J’ai retenu les réflexions d’un professeur d’écologie forestière à l’université du Québec à Montréal et en Outaouais. Christian Messier expliquait la différence entre les incendies en forêt boréale et en forêt humide. Selon lui, la forêt boréale s’est adaptée aux incendies naturels, souvent causés par la foudre par exemple, et est généralement capable de se régénérer. Les incendies dans les forêts tropicales (ou humides) ne sont jamais naturels, car le niveau extrêmement élevé d’humidité ne peut pas déclencher la foudre, même par temps plus sec. Donc, les feux en Amazonie sont délibérément déclenchés par l’humain.


«Quand on brûle une forêt tropicale aussi humide qu’en Amazonie, ce sont des centaines d’espèces d’arbres, des milliers d'animaux, de plantes, d’insectes qui disparaissent – par hectare. Cette forêt ne pourra jamais récupérer, à l’échelle humaine, elle prendra des centaines de milliers d’années pour se régénérer, parce que la forêt tropicale, ne s’étant pas adaptée aux feux naturels comme la forêt boréale, est incapable de se régénérer. Les forêts humides ne se sont jamais adaptées au feu, donc c’est une perte irréversible. Au G7 les gens proposaient de reboiser. On va reboiser avec quoi?! Souvent on plante une seule espèce. Alors que là, ce sont des centaines d’espèces avec toute une interaction, toute une complicité, qui sont disparues. Pour moi, c’est ça qui est dramatique. C’est une forêt unique qui ne pourra jamais retrouver son état originel. Et quand je dis jamais souvent on me critique, mais on parle effectivement de centaines de milliers d’années – à l’échelle humaine c’est jamais.
   La forêt tropicale génère sa propre pluie, elle s’auto-arrose. Plus on coupe des arbres, plus on empêche cette forêt de créer des pluies. Et on approche du seuil au-delà duquel elle ne pourra plus s’auto-arroser, entraînant une accélération des phénomènes qu’on connaît. C’est ce qu’on appelle des rétroactions positives. Plus on brûle la forêt, moins il y a d’eau qui s’accumule, et plus y’a des périodes de sécheresse. Il y a une boucle de rétroactions. Et si on faisait un calcul économique, on peut dire que le mieux qu’on peut faire pour protéger cette région est de ne pas la brûler. Parce qu’à chaque fois qu’on perd de la forêt, c’est autant de pluie qui ne se crée pas. La pluie ne tombe pas seulement en forêt tropicale, mais dans toute la région, et tous les agriculteurs de la région profitent de cette pluie. S’il pleut moins, les rendements sont moindres, donc les profits sont moindres.
   On coupe principalement pour planter du soja destiné à l’élevage bovin. Les gens disent qu’ils vont cesser de manger de la viande parce que le soja c’est mieux pour la santé et l’environnement. Oui, le soja a moins d’impact sur l’environnement que la viande, mais je pense qu’il faudrait se demander d’où vient le soja. Si le tofu qu’on consomme a été produit en convertissant la forêt tropicale en cultures, ce n’est pas très bon pour l’environnement, même si c’est mieux de consommer du tofu que de la viande.
   Les vrais poumons de la terre sont les algues marines; elles produisent la majorité de notre oxygène. Le poumon est dans l’eau. Mais on sait que les océans sont menacés et ça, c’est un autre gros problème. La forêt amazonienne est très importante parce qu’elle produit de la pluie. Plus on va la perdre, plus il y aura de sécheresses, et il y a un seuil, un point de non-retour. On a surtout étudié ça en Afrique. Quand les précipitations diminuent, au-delà du seuil, ça s’accélère et on peut voir de grandes forêts humides perdre leur biodiversité et leur biomasse et devenir des savanes.
   J’aimerais ajouter que la forêt amazonienne contient énormément de carbone, emmagasiné en permanence. Et, quand elle brûle, cela libère du carbone qui accélère le réchauffement climatique et cause plus de sécheresses. La solution? Elle est très simple. Il faut dire à Bolsonaro qu’il n’a pas le droit de brûler la forêt amazonienne, et l’empêcher de le faire. C’est aussi simple que ça! Un autre facteur important est que ce ne sont pas les pauvres qui profitent de ces pratiques. Ces immenses cultures appartiennent à des grandes compagnies multinationales comme JBS (1). Il faudrait regarder de ce côté-là, et quand on achète un produit il faut demander d’où il vient, quel est son impact sur l’environnement. On commence à se demander pas seulement s’il y a du sucre, mais quel impact réel il a sur le plan environnemental. Je pense que les gens sont prêts à prendre des décisions plus basées sur la protection de l’environnement.
    Là, on va essayer d’éteindre les incendies (il y en a eu autour de 23 000 depuis janvier 2019), les pluies vont arriver, mais tout va recommencer l’an prochain. Tant qu’un gouvernement qui encourage ces pratiques sera au pouvoir, ça va continuer. La lumière au bout du tunnel, c’est la réaction internationale. Les gens en parlent, vous en parler, ça inquiète. Il y a un aspect politique sur lequel on pourrait avoir un impact.»

Source : émission Moteur de recherche, ICI Radio-Canada Première
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(1) Ce monstre industriel a bouffé de nombreuses multinationales...  
Source : Wikipédia – JBS-Friboi est la principale multinationale brésilienne de l'industrie agroalimentaire, qui représente environ un quart du marché mondial du bœuf. Elle distribue principalement des produits à base de viandes (essentiellement du bœuf, du poulet et du porc), soit fraîches, soit réfrigérées. Elle est basée à São Paulo, mais fut fondée en 1953 à Anápolis, dans l'État de Goiás. JBS possède des usines notamment au Brésil, en Argentine, aux États-Unis et en Australie, et exporte vers près de 110 pays. Elle est impliquée dans plusieurs affaires de corruption au Brésil. La société s'est imposée comme l'un des leaders mondiaux dans le secteur de la viande avec l'acquisition de plusieurs magasins et entreprises de l'agroalimentaire au Brésil et dans le monde.
   Elle a notamment mis l'accent sur les États-Unis, via l'acquisition en 2007, pour 225 millions de dollars de la firme américaine Swift & Company, le troisième producteur de viande porcine aux États-Unis. JBS est le leader mondial en termes de capacité d'abattage, avec 51 400 têtes par jour, et continue de se concentrer sur les opérations de production, de transformation et d'exportation, au niveau national et international.
   Avec cette acquisition, JBS est entrée sur le marché du porc, permettant de devenir à la fin de l'année le troisième producteur et transformateur de ce type de viande aux États-Unis. L'acquisition a élargi le portefeuille de la société, via l'obtention des droits à travers le monde de la marque Swift. L'année suivante, JBS acquiert Smithfield Foods, dans le segment de la viande bovine. L'entreprise a alors été rebaptisée JBS Packerland.
   Le 16 septembre 2009, JBS acquiert l'activité d'exploitation alimentaire de Grupo Bertin, l'un des trois leaders du marché brésilien, consolidant sa position de plus grand producteur de viande bovine dans le monde. Les banques JP Morgan Chase et Santander Brasil ont participé à la transaction. Le même jour, on a annoncé que la compagnie avait acquis 64 % de Pilgrim's Pride pour une offre de 2,8 milliards de dollars, renforçant la position de JBS dans la distribution de volaille. Cette participation est depuis passée à 67,2 %. La même année, la tentative de racheter National Beef, basé à Kansas City (Missouri), fut bloquée par les autorités américaines pour des raisons de concurrence.
   En novembre 2014, JBS acquiert Primo Group, une entreprise spécialisée dans la production de jambon et de sauces en Australie et en Nouvelle-Zélande pour 1,25 milliard de dollars.
   En juin 2015, JBS acquiert Moy Park, filiale britannique spécialisée dans l'aviculture du groupe Marfrig Global Foods, pour 1,2 milliard de dollars et une reprise de dette de 200 millions de dollars. En juillet 2015, JBS fait une offre d'acquisition de 1,85 milliard de dollars sur les activités américaines d'élevage porcin de Cargill.
   En septembre 2017, Pilgrim's Pride annonce l'acquisition de Moy Park, pour environ 1 milliard de dollars à JBS, qui elle-même détient toujours une participation majoritaire dans Pilgrim's Pride.
   La multinationale aurait versé des pots-de-vin entre 2010 et 2017 au vice-président (2010-2016) puis au président du Brésil (2016- ) Michel Temer, impliqué dans de nombreux scandales de corruption. Elle aurait également cherché à acheter l'un des juges de la Cour suprême chargé d'affaires la concernant. Elle aurait investi au total près de 350 millions de dollars en onze ans (2006-2017) pour acheter des hommes politiques.
   JBS est présente sur les cinq continents. Elle est principalement présente en Amérique Latine (Brésil, Mexique, Chili, Argentine, Paraguay, Uruguay), mais aussi en Europe (Angleterre, Russie, Italie) aux États-Unis ou encore en Chine. Les États-Unis sont d'ailleurs le premier pays du groupe en termes d'employés, avec plus de 54 000 employés (contre près de 45 000 au Brésil).

BBB américain : Bacon Bible Balle – similaire au BBB brésilien Bœuf Bible Balle 

Alors, qui sont les principaux importateurs du soja (transgénique) brésilien?

Quand il a lancé la première pierre, M. Macron ignorait peut-être les statistiques suivantes.   
Le soja, ennemi de la forêt brésilienne : quelle est l'implication de la France?

Cédric Stanghellini | LCI | 27 août 05:05

À LA LOUPE – En proie à de multiples incendies et départs de feu, la situation la forêt amazonienne interroge. Pour les défenseurs de l'environnement, cette situation est le résultat de décennies de déforestation au profit de la culture intensive, essentiellement du soja. Une légumineuse que la France importe en masse.
   Emmanuel Macron, ainsi que d'autres leaders européens, ont exprimé leur mécontentement vis-à-vis de la réaction timide des autorités brésiliennes pour lutter contre les incendies.
   Cette année, le Brésil est devenu le premier exportateur mondial et assure près de la moitié de la production mondiale de cet oléagineux. Mais dans quelle mesure la France participe-t-elle au développement de cette production de soja brésilien, alors qu'Emmanuel Macron, lundi soir sur France 2, a reconnu «une part de complicité»?
   L'année 2018 a été un record pour la culture du soja au Brésil. Le pays a réussi à produire plus de 120 millions de tonnes. Le Brésil devient ainsi le plus gros exportateur devant les Etats-Unis. L'an dernier, le Brésil a réussi à exporter 83,8 millions de tonnes de soja, soit une hausse de +23 % par rapport au 2017.
   La Chine est le principal pays d’importation du soja brésilien, notamment en raison de la guerre commerciale sino-américaine. Les Chinois boudent désormais le soja américain et se tournent vers la production brésilienne. Aujourd'hui, près de 80 % du soja brésilien est exporté vers la Chine.
   La France dépend très largement du soja brésilien. Comme l'indique pour LCI le ministère d'Agriculture et de l'Élevage du Brésil, «en 2018, la France était le huitième importateur mondial de soja brésilien et le troisième au sein de l'Union européenne».
D'après France Agri Mer, 63% des importations de tourteaux de soja (farine obtenue par broyage) en France sont assurées par le Brésil.
   Mais pourquoi la France importe-elle tant de soja brésilien? Terre Univia nous fournit une information révélatrice : «Nous estimons qu'environ 60.000 tonnes de graines de soja sont utilisées pour l’alimentation humaine. Le reste allant à l’alimentation animale.» Un 'reste' qui représente tout de même 90% des 620.000 tonnes des graines importées. De leur côté, les tourteaux sont quasi-exclusivement utilisés pour l'alimentation animale.
   En juin 2019, Greenpeace estimait dans une étude que 87 % du soja importé en Europe est destiné pour nourrir les élevages. Les trois-quarts sont destinés aux élevages industriels de poulets de chair et poules pondeuses ou de porcs. Les vaches laitières consomment elles 16 % du soja importé et les vaches à viande 7 %. Des importations en Europe qui sont stimulées par une absence totale de droit de douane pour le soja. De quoi s'interroger sur l'impact qu'aurait une éventuelle suspension de la ratification du traité de libre échange entre l'Union européenne et le Mercosur.
   Toutefois, notre pays jouit d'une plus grande autonomie que ses voisins pour l'alimentation du bétail. Sous l'égide de Terres Univia, la filière du soja tricolore s'organise depuis plusieurs années afin de proposer d'avantage de tourteaux de soja pour l'élevage français, le tout sans OGM. Car, si la culture du soja OGM est interdite en France, son utilisation est possible dans les mangeoires du bétail français. La France n'échappe donc pas aux sojas génétiquement modifiés venus du Brésil où 92,3 % du soja produit est OGM.
   Contrairement à l'Europe, les cultures génétiquement modifiées sont loin d'être un tabou. Par exemple, 94 % du coton est OGM, ainsi que 80 % du maïs. Des productions que consomment les Français via l'alimentation du bétail ou la confection de différents produits.


© Yasuyoshi Chiba / AFP. Au Brésil, à Campo Novo do Parecis, dans l'État du Mato Grosso, des moissonneuses batteuses récoltent des plants de soja durant une démonstration à la presse (27 mars 2012)

Derrière les feux en Amazonie, l’appétit mondial pour le bœuf et le soja brésiliens

Morgann Jezequel | AFP, 24 août 2019

Rio de Janeiro | De la viande bovine et du soja OGM, achetés goulûment dans le monde entier : voilà les activités agricoles qui rongent l’Amazonie et, selon tous les chercheurs, expliquent la dramatique multiplication des incendies.

«L’élevage bovin extensif est le principal facteur de déforestation de l’Amazonie. Un peu plus de 65 % des terres déboisées en Amazonie sont aujourd’hui occupées par des pâturages», explique Romulo Batista, chercheur chez Greenpeace.
   Le Brésil est le premier exportateur mondial de bœuf. Ses exportations de viande bovine ont atteint en 2018 le record de 1,64 million de tonnes (source: Association des industries exportatrices de viande au Brésil). Les principaux marchés sont la Chine, suivie de l’Égypte, puis de l’Union européenne.
   Derrière cette première place, un peu plus de vingt ans de croissance plus que spectaculaire. Entre 1997 et 2016, par exemple, le pays a tout simplement multiplié par 10 ses exportations de viande bovine (en poids comme en valeur). 
   Le marché est dominé par trois mastodontes: JBS, Minerva et Marfrig.

L’agriculture remplace la forêt
Les activités agricoles occupent quant à elles près de 6,5 % de la surface déboisée.
Déjà premier exportateur mondial de soja devant les États-Unis, le Brésil a exporté un record de 83,6 millions de tonnes en 2018, soit 22,6 % de plus qu’en 2017, selon le ministère brésilien de l’Économie. 
   Cette performance s’explique surtout par l’appétit de la Chine, premier client du soja brésilien, majoritairement OGM : la guerre commerciale qui oppose Pékin et Washington depuis près d’un an a conduit l’Empire du Milieu à acheter davantage au Brésil pour nourrir son bétail. 
   Les exportations de soja brésilien vers la Chine ont fait un bond de près de 30 % l’an dernier.
   Le soja était l’une des principales cultures à grignoter du terrain sur la forêt amazonienne. Mais depuis un moratoire entré en vigueur en 2006, «moins de 2 % du soja planté en Amazonie provient de zones déboisées après 2008», précise M. Batista.
   L’Europe aussi est client du soja brésilien, qui lui sert surtout pour l’alimentation animale, selon Greenpeace. L’ONG avait dénoncé en juin une «dépendance» européenne à ces exportations de soja venu d’Amérique du Sud, utilisées en particulier pour les élevages industriels de volaille et de porc.
   Principale production céréalière du Brésil, le soja a connu une incroyable ascension dans les années 1970, avec la migration de producteurs du sud vers le centre-ouest du Brésil, le développement de nouvelles techniques de culture et l’usage de pesticides.

26 août 2019

Le cynique est en fait un réaliste

«Le cynisme vous aidera à poser un regard lucide sur ce qui se passe dans le monde», disait Krishnamurti.

«Si vous mentez au gouvernement, c'est un crime. Si le gouvernement vous ment, c'est de la politique.»

Politique et cynisme selon l’écrivain Michel Tremblay :
   Ce qui me choque le plus, c’est le cynisme ambiant. Depuis quelques années, je constate que tous les politiciens nous mentent. On sait qu’ils mentent, ils savent qu’on sait qu’ils mentent, pis ils nous mentent pareil en pleine face. Ils savent qu’on ne les croit pas. Ils savent que si on les croit c’est parce qu’on veut avoir des affaires, c’est pour ça qu’ils font des promesses. Ce cynisme-là, de part et d’autre, de ma part, me choque. Je déteste les cyniques. [...] Même si je bitch des fois, je suis rarement cynique dans ma vie. Le seul sujet qui m’a attiré vers le cynisme, c’est la politique.
   Quand j’étais petit, y avait Adélard Godbout d’un côté et de l’autre monsieur Duplessis. Mon père disait «c’est ça, y se disent des bêtises en chambre, pis y vont jouer au golf ensemble après». Et là, je me disais «ben voyons donc, ça s’peut pas, c’est des ennemis!» Avec le temps j’ai compris ce qu’il voulait dire. (Émission Dessine-moi un dimanche, Radio-Canada Première 25 août 2019)

«L'intelligence artificielle ne battra jamais la stupidité naturelle.»

Un slogan de campagne électorale qui conviendrait à tous nos partis :
«Reculons en avant!»   

«Bienvenue à l’association des pompiers-pyromanes.» Guillaume Meurice https://twitter.com/GMeurice  

Retour au Brésil

SURVIVAL 

Une surprenante vidéo d'Indiens non contactés rendue publique alors que des bûcherons se rapprochent

Survival | 22 juillet 2019

© Mídia Índia. Le nom de cet Awá non contacté n’est pas connu. Mais sa forêt a été détruite autour de lui et il ne reste plus qu’un petit îlot de forêt. Les bûcherons s’y installent maintenant.

Une nouvelle vidéo extraordinaire, montrant des indiens parmi les plus menacés au monde, a été diffusée par un groupe autochtone au Brésil.
   Ces images, sur lesquelles on peut voir des membres non contactés du peuple awá dans l’État du Maranhao, dans l’est du Brésil, ont été filmées par un peuple autochtone voisin, les Guajajara, qui tentent de protéger les ilots de forêt tropicale dans lesquels vivent les Awá.
   La forêt qui se trouve dans cette région est détruite à vive allure; des groupes Guajajara y patrouillent régulièrement pour surveiller les incursions et expulser des bûcherons. À cause de cela, beaucoup de Guajajara ont déjà été menacés de mort et certains d’entre eux tués.
   Olimpio Guajajara, coordinateur des Gardiens de l’Amazonie, a déclaré : «Nous, Gardiens, défendons les droits de notre peuple, défendons les Indiens non contactés et défendons la nature pour nous tous. Trois de nos Gardiens ont été assassinés. Il faut que la terre soit protégée pour de bon.»

© Google Maps. Le territoire autochtone d’Arariboia est un îlot de verdure au milieu d’une déforestation flagrante.

Les Awá sont fréquemment victimes d’attaques initiées par les bûcherons. La plupart d’entre eux ont déjà été contactés, mais on sait que certains d’entre eux vivent non contactés au sein des dernières zones de forêt substantielles encore existantes. Les Guajajara les avaient vus pendant qu’ils chassaient, et cette vidéo apporte la preuve de leur existence.
   Sous la présidence de Jair Bolsonaro, les bûcherons et éleveurs ont été encouragés à accentuer leurs assauts contre les terres autochtones. La déforestation sur le territoire est dorénavant généralisée et des campements de bûcherons ont été repérés à proximité d’Awá non contactés.

© F. Watson / Survival. La famille de Karapiru Awá a été massacrée par des karai (des personnes non autochtones). Il est parvenu à s’échapper et à survivre dix ans seul dans la forêt. Peu après, il a été réuni avec son fils, qui a également survécu à l’attaque.

Dans le cadre de sa campagne pour les peuples non contactés, Survival International travaille avec les Gardiens et soutient leur travail de protection de la forêt tropicale.
   Flay Guajajara de Mídia Índia, qui a filmé ces images, a déclaré aujourd’hui : «Nous espérons que cette vidéo aura un résultat positif. Nous espérons qu’elle aura un impact à travers le monde pour aider notre peuple et notre forêt.»
   Le directeur de Survival International, Stephen Corry, a déclaré aujourd’hui : «Cette vidéo est une preuve supplémentaire que les Awá non contactés existent réellement. Il suffit de regarder une image satellite pour prendre conscience du danger qui les guette. Les bûcherons ont déjà tué nombre de leurs proches et en ont chassé d’autres hors de la forêt. Le président Bolsonaro et ses amis de l’industrie forestière ne demanderaient rien de mieux que les survivants soient éliminés. Seul un tollé général les sépare d’un génocide.»

Note aux éditeurs : Ces images ont été rendues publiques par Mídia Índia, une association de vidéastes autochtones. Elles ont été diffusées sur la chaîne de télévision brésilienne Globo TV hier soir et font partie d’un film qui sortira prochainement, intitulé Gardiens de la forêt en danger, de Mídia Índia en collaboration avec Instituto Catitu et d’autres partenaires. Ce court-métrage de 13 minutes est un appel à l’action face à la situation périlleuse des Awá non contactés qui vivent dans le territoire autochtone d’Arariboia avec leurs voisins, les Guajajara. Il sera diffusé le 23 juillet à Unibes Cultural, à São Paulo, pour clôturer l’événement de l’Instituto Socioambiental «Les 25 ans du cinéma socio-environnemental».

Erisvan Guajajara de Mídia Índia a déclaré : «Nous n’avions pas la permission des Awá de filmer mais nous savons qu’il est important d’utiliser ces images, car si nous ne les montrons pas au monde entier, les Awá seront tués par des bûcherons. Nous devons montrer que les Awá existent et que leur vie est en danger. Nous utilisons ces images comme un appel au secours et nous appelons le gouvernement à protéger la vie de nos voisins qui ne veulent pas de contact avec des personnes extérieures.» 

Faites circuler si la cause vous importe.

Bande-annonce  

Article sur le leader autochtone assassiné au nord de l’Amazonie en juillet dernier :

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J’ai souvent douté de l’intégrité du Fonds mondial pour la nature (WWF) non seulement à cause des scandales fréquents, mais aussi en raison des fondateurs  – Julian Huxley (biologiste et théoricien de l’eugénisme); Peter Markham Scott; Yolanda Farr; Bernhard de Lippe-Biesterfeld (corruption affaire Lockheed, présumé cofondateur du très controversé groupe Bilderberg*, membre du parti nazi NSDAP jusqu’en 1936); Philip Mountbatten (conjoint d’Elisabeth II); Edward Max Nicholson; Guy Mountfort; Godfrey A. Rockefeller. Et la relève actuelle est tout aussi inquiétante, notamment le prince Charles...

* Parmi le gratin (de gruyère troué) du dernier meeting Bilderberg : le roi Willem-Alexander (Pays-Bas), Jared Kushner (conseiller de Donald Trump), Mike Pompeo flanqué de l’ambassadeur Ed McMullen, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, le PDG de Crédit-Suisse Tidjane Thiam, le gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark J. Carney, l’ex-PDG de Google Eric Schmidt, le PDG de Total Patrick Pouyanné, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, le PDG de Microsoft Satya Nadella, l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger...
Liste complète :


Caricature : Andy Singer – Green Marketing. Capitalisme consumériste brun ou vert, aucune différence.

WikipédiaDe nombreux observateurs dénoncent la connivence entre le WWF et certaines multinationales. Ils dénoncent aussi l'opacité du financement de cette fondation qui refuse de fournir une liste détaillée des entreprises qui font partie de ses donateurs. Parmi ces entreprises :
• Lafarge : le groupe industriel aurait financé des sénateurs américains climatosceptiques, selon un rapport du Réseau Action Climat d'Europe. 
• Banque Crédit agricole alors que celle-ci est classée par l'association écologiste Les Amis de la Terre comme enseigne la plus nocive en France pour ses investissements réalisés dans les secteurs du forage pétrolier, de l'exploitation des sables bitumineux et du nucléaire.
• Les liens entre le WWF et SeaWorld Parks & Entertainment, une des principales entreprises gestionnaires de parcs aquatiques présentant des orques, ont été dénoncés.
   Les présidents du WWF amateurs de chasse : l'ex roi Juan Carlos (président d’honneur); prince Philip, prince Charles (président du WWF-Royaume-Uni depuis 2011); le roi Charles XVI Gustave (président du WWF-Suède).

Une fondation apparemment colonialiste sur fond d’eugénisme, dont l’idéologie de façade est proprette, mais dont les coulisses sont sales...
   Le prolifique prédateur sexuel Epstein savait qui fréquenter : grandes fortunes, politiciens et affairistes corrompus, célébrités, têtes couronnées. On retrouve dans son carnet de contacts : le prince Pierre d’Arenberg (Pays-Bas), le prince Andrew (Royaume-Uni), Sarah Ferguson (duchesse de York), Tony Blair, Lynn Forester de Rothschild, Gerald Edelman (prix Nobel), John Kerry (ex secrétaire d’état américain), Henry Kissinger, Michael Bloomberg, Bill Clinton, Donald Trump, David Koch (décédé la semaine dernière, Koch Industries), Bob Weinstein, etc.
Et une multitude d'autres :

Photo: Jae Donnelly / News Licensing. With Prince Andrew in Central Park in 2010. Epstein has entertained the prince at his townhouse, where he would toss aside regal formalities and refer to him simply, and to English ears heretically, as “Andy.” Prince Andrew has had Epstein and Maxwell to shooting parties at Sandringham House, the queen’s country retreat in Norfolk.

“I wish I might live fifty years longer; I believe I should see the thrones of Europe selling at auction for old iron. I believe I should really see the end of what is surely the grotesquest of all the swindles ever invented by man – monarchy. ... We hold these truths to be self-evident – that all monarchs are usurpers and descendants of usurpers; for the reason that no throne was ever set up in this world by the will, freely exercised, of the only body possessing the legitimate right to set it up the numerical mass of the nation.” ~ Mark Twain (Letter to Sylvester Baxter of Boston Herald, 1889)  

“I now perceive why all men are the deadly and uncompromising enemies of the rattlesnake: it is merely because the rattlesnake has not speech. Monarchy has speech, and by it has been able to persuade man that it differs somehow from the rattlesnake, has something valuable about it somewhere, something worth preserving, something even good and high and fine, when properly “modified,” something entitling it to protection from the club of the first comer who catches it out of its hole.” ~ Mark Twain (An unpublished letter, 1890)

L'Allemagne bloque le financement du WWF suite à des violations des droits humains en République démocratique du Congo (RDC)

Survival | 26 juillet 2019

Une grande enquête menée par le site d’informations BuzzFeed, publiée le 4 mars 2019, a révélé un nombre choquant d’abus violents commis par des écogardes et des gardes forestiers financés par le Fonds mondial pour la nature (WWF).


© BuzzFeed

Le gouvernement allemand a gelé le financement du WWF à la suite d’une série d’enquêtes menée par BuzzFeed révélant que l’association caritative finance, équipe et travaille directement avec les forces qui ont torturé, violé et tué des personnes.
   Le WWF a étouffé à plusieurs reprises les accusations de violence et d’abus. Plus tôt ce mois-ci, BuzzFeed a révélé que le WWF avait dissimulé les preuves de viols collectifs et de torture dans le parc de la Salonga, financé par l’Allemagne et les États-Unis.
   Des enquêtes sur l’implication du WWF dans des atrocités commises à l’encontre d’autochtones sont également en cours aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aux États-Unis, les législateurs du Committee on Natural Resources (Comité des ressources naturelles du Congrès) cherchent à savoir si l’argent des contribuables américains a été utilisé par ces forces qui ont commis des violations des droits humains. Au Royaume-Uni, la Commission caritative enquête pour déterminer si la branche britannique du WWF fait preuve de diligence raisonnable pour s’assurer qu’elle ne soutient pas financièrement des actes de violence.
   Les fonds gelés étaient destinés au parc national de la Salonga, en République démocratique du Congo, où le WWF avait dissimulé des preuves de viols collectifs et de tortures. Un rapport confidentiel commandé par l’association caritative a révélé que les gardes avaient violé et torturé quatre femmes, dont deux qui étaient enceintes, et avaient attaché les pénis des villageois avec des lignes de pêche. Les documents consultés par BuzzFeed montrent que le WWF a demandé aux autorités allemandes de traiter tous les détails de l’enquête et ses conclusions « de façon non-publique ».
   Survival International fait campagne depuis le début des années 90 contre les atrocités commises par les gardes forestiers financés et soutenus par le WWF.
   Le directeur Stephen Corry a déclaré aujourd’hui : «Espérons que la décision allemande marque le début d’un réel changement sur le terrain. Pendant des décennies, les gouvernements ont financé le vol de terres et des violations des droits humains, bien documentés, par de grandes ONG de conservation. Les contribuables ne devraient pas le tolérer, pas plus que la Commission européenne, qui est toujours l’un des principaux bailleurs de fonds de l’aire protégée de Messok Dja, au Congo, qui est en train de voler les terres des Baka aujourd’hui.»


Le Fonds mondial pour la nature (WWF) se retrouve sur la sellette à la suite de la publication d'une enquête de longue haleine suggérant qu'il a formé et financé dans plusieurs pays des «unités antibraconnage» responsables de graves exactions.

La Presse, 3 mars 2019