29 janvier 2020

Damné vol d’identité!

Nous ne sommes pas au bout de nos peines. Comment protéger nos données sensibles, si les institutions bancaires ou gouvernementales ne sont même pas capables de le faire? Tel fut le cas de Desjardins dont un employé serait responsable de la fuite.
   Nos petits gestes d’autoprotection sont certes valables, mais insuffisants. À chaque fois qu’on ouvre un appareil (téléphone, tablette, portable, etc.) on est à risque.
   Puisque les technologies se renouvellent sans cesse, on peut en déduire qu’il est de plus en plus facile de pirater nos données. Le cybercrime est un business extrêmement lucratif, et les pirates peuvent se servir à volonté au bar ouvert Wifi. En quelques minutes, le pirate peut s’emparer de vos données et savoir où vous êtes né, quels collèges vous avez fréquentés, connaître vos hobbies, tous vos «amis», vos problèmes relationnels, tout ce que vous avez googlé, etc., même si votre système de protection est bétonné.


L’usurpation d’identité a des conséquences désastreuses, et c’est un enfer dont il semble quasiment impossible de s’extirper

Dans ces deux émissions françaises, des victimes d’usurpation d’identité racontent leurs expériences. L’avocat invité recommande de ne jamais laisser des fichiers de données personnelles dans un appareil numérique, mais plutôt de les conserver sur une clé USB. Après avoir consulté des documents extraits de la clé, il faut supprimer les fichiers temporaires de l’ordi. Et puis, il ne faut pas jeter des documents imprimés à la poubelle mais plutôt les déchiqueter ou les brûler. Le plus choquant dans tout ça, c’est que ce sont les victimes qui sont considérées coupables jusqu’à preuve du contraire, et qui doivent prouver leur identité, non pas les usurpateurs! Selon l’avocat ce sont les établissements bancaires qui sont coupables parce qu’ils ont accordé des crédits sans faire de vérification adéquate sur les demandeurs. L’ère des transactions numériques rend paresseux et inconscient...

Usurpation d’identité : comment récupérer sa vie?
Ma vie volée
Ça commence aujourd’hui, 2018

[Quatorze ans après son vol d’identité, un des invités a toujours des démêlées avec les institutions bancaires et/ou civiles!]


Usurpation d’identité : comment mettre fin au cauchemar?
Mille et une vies, 2017

Dalila, Loïc et Sylvain sont des victimes d’usurpation d’identité. Ils se sont battus pour retrouver leurs vies et nous racontent leur combat pour prouver la vérité. [L’un des invités a même songé au suicide car il ne voyait pas d’issue.]


Témoignages similaires au Québec 

Le cauchemar du vol d’identité
Karim Benessaieh / La Presse+ 22 juin 2019

En raison de la fuite massive de données personnelles chez Desjardins, 2,9 millions de membres redoutent un vol d’identité. Voici l’histoire de deux victimes d’une telle fraude ainsi que des conseils pour vous protéger.

«Ma vie a été chamboulée»
Ils font partie des 2,9 millions de membres Desjardins dont les renseignements ont été dérobés et ont connu, à six mois d’intervalle, un cauchemar semblable : ils se sont fait voler leur identité.
   Marie-Josée Suzor, de Shawinigan, et David Gagnon, de Saint-Lambert, ne peuvent établir en toute certitude un lien direct entre la fuite de données chez Desjardins et ce qui leur est arrivé. Les deux ont cependant reçu depuis jeudi la fameuse lettre de l’institution financière les informant que « certains de [leurs] renseignements personnels sont concernés » par la fuite et y ont trouvé une explication à leurs malheurs.
   «Ma vie a été chamboulée, dit Mme Suzor, commissaire industrielle à la Ville de Shawinigan. Je n’ai plus de vie.»
   Tout a commencé pour elle il y a deux semaines. Lors d’un congrès à Québec, elle s’est aperçue que son cellulaire et ses cartes de paiement ne fonctionnaient plus.
   En appelant son fournisseur mobile, Rogers, le mystère s’épaissit : elle n’a plus de compte à cet endroit, car son numéro de cellulaire depuis plus de 10 ans a été transféré à Bell. Pas moyen de payer sa note d’hôtel ou de restaurant, sa carte de crédit est refusée. On soupçonne un vol d’identité et on lui conseille de porter plainte à la police de Québec.
   Une autre surprise l’attend : «La dame qui prend ma déposition me dit que j’habite à Anjou, raconte au téléphone la résidante de Shawinigan. Là, je ne comprends plus rien.»
   Rapidement, les événements déboulent : sa sœur reçoit par texto des demandes d’argent au nom de Marie-Josée Suzor, elle apprend qu’un VTT a été acheté en son nom et que Desjardins a bloqué toutes ses cartes de paiement, par mesure de précaution et sans l’en aviser : «J’aurais aimé qu’ils m’avertissent, qu’ils me donnent un petit indice en me disant que je n’étais pas la seule dans cette situation.»
   Un appel chez Equifax et Mme Suzor est consternée : le ou les fraudeurs ont obtenu trois cartes de crédit à son nom et ont dépensé à qui-mieux-mieux.

Une BMW à son nom
David Gagnon, un mixeur pigiste de Saint-Lambert, se débat dans un cauchemar semblable depuis novembre dernier. Selon ce qui a été rapporté jeudi, c’est à cette époque que Desjardins a détecté une première transaction suspecte.
   M. Gagnon a reçu deux certificats d’assurance pour deux véhicules de luxe achetés en son nom à Calgary, une Land Rover et une BMW. Il accède à son dossier de crédit chez Equifax et est stupéfait : des demandes de crédit auprès de la BMO et de la Banque Scotia et une dizaine de transactions « complémentaires », puis un prêt de 15 000 $ auprès d’un obscur prêteur en ligne lui démontrent qu’on a usurpé son identité.
   Il pousse son enquête plus loin et découvre que le fraudeur s’est présenté aux deux concessionnaires à Calgary avec des fausses cartes comportant ses numéros de permis de conduire et d’assurance sociale. [...]
   Commence alors le cauchemar administratif visant à régulariser la situation.
Après des péripéties et des renvois interminables, la question du prêt accordé par BMW Financial n’est toujours pas réglée auprès d’Equifax, alors que TransUnion a pris acte. M. Gagnon est toujours considéré comme en défaut de paiement pour deux mois consécutifs, ce qui a ruiné sa cote de crédit.
   Il a récemment voulu changer de fournisseur de services de télécommunications et opter pour Vidéotron. Lui qui avait une cote impeccable avant cette mésaventure a dû verser un acompte équivalant à trois mois de service. Il craint que le scénario se répète pour le renouvellement de son hypothèque, qui arrive à échéance bientôt.
   «La police dit que c’est simple, mais c’est faux, on est laissé à nous-mêmes, dénonce M. Gagnon. Il faut pédaler, j’ai dû passer 20 ou 30 heures là-dedans, je fais des démarches dans le vide!»

Comment se protéger?

[...] Miser sur la discrétion – Évidemment, il est difficile de se protéger quand votre institution financière, à qui vous avez confié des données confidentielles, est elle-même victime d’une fraude. En dehors de cette éventualité, il est conseillé de ne pas donner accès aux données les plus recherchées par les fraudeurs, soit la date de naissance, le numéro d’assurance sociale, l’adresse intégrale, les numéros de compte et de passeport. Comment ? « Les poubelles sont une mine d’or pour les voleurs d’identité, précise dans un premier temps la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Assurez-vous de déchiqueter vos documents personnels ou financiers avant de les jeter à la poubelle. » On recommande par ailleurs de ne garder sur soi que les documents dont on a besoin régulièrement, ce qui exclut la carte d’assurance sociale et le passeport, afin de limiter les conséquences d’un vol ou d’une perte de son portefeuille, par exemple.
   Attention à l’hameçonnage – Une des méthodes les plus efficaces pour récolter des données confidentielles consiste à se faire passer pour des institutions financières ou des services auxquels vous êtes abonné en imitant leurs courriels. La GRC a également relevé certains cas où une telle fraude était effectuée par téléphone. Dans tous les cas, les recommandations sont les mêmes : les entreprises légitimes ne vous demanderont jamais au téléphone ou par courriel des informations confidentielles comme votre mot de passe ou votre numéro d’assurance sociale. Dans les courriels, ne cliquez pas sur les pièces jointes provenant d’expéditeurs douteux ni sur les liens. «Fiez-vous à votre instinct, résume le Centre antifraude du Canada. Si un courriel semble frauduleux, il l’est probablement.»
   Attention à la boîte aux lettres – Même en 2019, une bonne partie de l’organisation des fraudeurs repose sur le bon vieux courrier à domicile. Votre boîte aux lettres est particulièrement attirante pour y voler des documents, et changer ou utiliser votre adresse est souvent l’un des premiers gestes que font les fraudeurs. Première précaution : «Lorsque vous changez d’adresse, assurez-vous d’avertir le bureau de poste local et toutes les institutions financières concernées», précise la GRC. TransUnion recommande en outre d’« installer une boîte aux lettres avec verrou à votre résidence afin de réduire le vol de courrier ». Prévenir Postes Canada est également conseillé si vous craignez de voir votre courrier détourné par un fraudeur.

Article intégral :

Maxime Bégin, de Québec, a partagé son histoire de vol d'identité
En Beauce, 10 juillet 2019

Il a raconté son histoire sur sa page Facebook le 4 juillet 2019

Tout a commencé le mercredi 12 juin 2019, à mon retour du travail, quand j’ai eu la surprise de trouver un mystérieux état de compte de la Master Card Walmart dans ma boîte aux lettres. La surprise était d’autant plus saisissante que je n’avais reçu aucun courrier à la maison depuis des mois (je reviendrai sur cette situation plus bas) et que je n’avais aucune carte de crédit de cette chaîne de magasins.
   Je me suis empressé de contacter le service à la clientèle de la banque en question où l’on m’a appris qu’une carte avait été émise en mon nom en février 2019 et qu’un solde de plus de 3000$ y était inscrit. Suite à une longue discussion et à de nombreuses vérifications de sécurité, j’ai fini par prouver qu’il s’agissait d’une fraude et on m’a rassuré en m’expliquant que je n’aurais pas à régler la note. Ouf! Le téléphoniste, après m’avoir accidentellement révélé le faux numéro de téléphone associé au compte, a terminé l’appel en me conseillant d’aviser la police de ma situation et de m’adresser à Equifax et Trans Union pour faire retirer cette carte de mon dossier de crédit.
   C’est à ce moment que le cauchemar a réellement commencé. J’ai contacté les deux agences de crédit pour réaliser qu’une autre carte, celle-ci de la Banque Canadian Tire, avait aussi été émise en mon nom et avait aussi un solde de plus de 3000 $ en souffrance, et que plusieurs autres demandes de crédit et de téléphones cellulaires avaient été faites, entre autres chez Amex, à la Banque TD et chez Fido. Résultat : je devais maintenant près de 7000 $ et ma cote de crédit autrefois enviable avait chuté drastiquement pour se retrouver dans le 10 % le plus bas au Canada. Partout on avait donné le même numéro de téléphone et la même adresse courriel frauduleuse, partout on avait utilisé mon nom, mon numéro d’assurance sociale, ma date de naissance et mon adresse pour faire les demandes. Comment se pouvait-il que quelqu’un ait accès à toutes ces informations confidentielles et surtout, comment se faisait-il que je n’avais encore jamais reçu de relevé de compte pour toutes ces cartes de crédit?
   Sous les conseils de la téléphoniste de Trans Union, j’ai décidé de contacter Postes Canada pour les aviser de la situation. On m’a alors appris que mon courrier avait été réacheminé, à ma demande, à une autre adresse (qu’on a refusé de me divulguer), de février 2019 à juin 2019 et que c’était pour cette raison que je n’avais rien reçu pendant des mois. J’étais stupéfait. Je n’avais jamais fait cette demande. [...] Comment se pouvait-il que quelqu’un ait réussi à faire virer notre courrier à une autre adresse sans présenter de papier d’identité avec photo et comment se pouvait-il que personne n’ait remarqué que notre courrier était transféré lors de nos multiples appels en mars?
   Je me suis mis au travail. J’ai porté plainte à la police d’Ottawa qui m’a répondu, en gros, qu’elle s’occuperait de mon dossier si elle avait le temps. J’ai porté plainte à la GRC. J’ai appelé chacune des institutions financières figurant à mon dossier de crédit suite à la fraude pour demander que les transactions soient retirées de mon dossier de crédit. Je me suis plaint à Postes Canada. J’ai communiqué avec Services Canada pour savoir quoi faire pour la fuite de mon NAS.
   Et j’ai finalement contacté Desjardins, parce que j’y ai des comptes et des cartes de crédit depuis plus de 40 ans et pour m’assurer que rien de douteux n’y figurait. On m’a dit qu’on prenait ma situation en note, de ne pas m’inquiéter et d’appeler la police et les agences de crédit. [...] Puis j’ai ouvert la télévision et appris la fuite de renseignements personnels qui affectait Desjardins, son ampleur, les conséquences qu’elle pourrait avoir et les actions que promettaient de prendre ses dirigeants pour aider leurs clients. Et j’ai finalement compris ce qui s’était probablement passé. [...]
   Aujourd’hui, je ne peux m’empêcher d’angoisser sur le possible passeport émis à mon nom, sur la dizaine de textos et d’appels d’hameçonnage que je reçois maintenant chaque jour, sur ce courrier de 5 mois que je n’ai pas reçu et que je ne recevrai jamais, sur les problèmes que j’aurai désormais chaque fois que j’ai besoin de crédit ou d’utiliser mon NAS et sur le fait qu’un criminel possède mon adresse et mes informations personnelles et pourrait débarquer chez moi n’importe quand. Je trouve la situation très sérieuse et je considère que toutes les victimes de la fuite méritent une certaine compensation et beaucoup plus d’aide que ce qui m’a été offert jusqu’à présent, tant chez Desjardins que chez Postes Canada.

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15 janvier 2020

Dans la mire de 2020

Il faut redoubler d’effort, on peut faire mieux pour gagner cette Grande guerre contre la Nature. Car oui, on remportera la victoire, grâce à l’ingéniosité et l’intelligence exceptionnelles de l’espèce humaine, en particulier le modèle pétro sapiens. Mais il faut agir avant que Mère Nature ferme les robinets (pétrole, gaz, uranium, air, eau...) si l’on veut continuer à vivre de la même façon – tel que le décrivait si bien l’écrivaine Fred Vargas en 2008 :
   «Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous», entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.» (Extrait de «Nous y sommes!»)

«On est intelligents, donc on est des animaux extrêmement dangereux. On vit sur une ligne très tendue. On est dangereux. On est dangereux pour les autres, et pour les animaux. D’ailleurs la preuve, c’est que les espèces animales disparaissent. Malgré tout ce que les gens disent, à long terme y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a de la place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, humanise tout. Mais aussi, il s’en prend à lui-même. Sa haine ne s’arrête pas à l’ours qu’il tue pour vendre sa rate pour 54 piasses. Sa haine va envers lui-même. Et l’histoire de l’humanité, sans être de mauvaise humeur là... c’est une histoire de meurtres, c’est une histoire de guerres, c’est une histoire d’extermination et c’est une histoire de racisme.» ~ Serge Bouchard, anthropologue, animateur et écrivain (Entretien à La vie d’artiste, 1999)

«En cannibalisant la nature, nous sommes en train de détruire le fruit de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il ne restera bientôt plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement besoin du vivant pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse), sa présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité. Mutiler la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle, ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison d’être.» ~ Pierre Desjardins, philosophe (Peut-on vivre sans raison d’être?, La Presse+, 06.12.2015)

À moins d’être totalement déconnecté de ses émotions, l’ambiance apocalyptique actuelle, peut miner le moral. Si nous pouvions individuellement cultiver un minimum d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir impulsivement; si nous pratiquions le sage principe qui recommande d’éviter le plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, de conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde deviendrait plus hospitalier.

«En Occident, on a toujours tué au nom de Dieu et de la Patrie et il en est partout ainsi. La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit indissolublement lié à l’amour.
   Nous n’avons pas été créés pour un but plus grandiose que celui des fourmis ou des mouches qui volent autour de nous, ou des moustiques qui nous sucent le sang. Nous ne sommes pas plus significatifs ou importants que n’importe quoi d’autre sur cette planète. La nature n’utilise pas de modèles quelconques. Elle ne cherche qu’à perfectionner les espèces. Elle essaie de créer des espèces parfaites et non pas des êtres parfaits. Vos superbes idées religieuses, la paix, le bonheur suprême, la béatitude ou autres, n’intéressent pas l’organisme humain. Son seul intérêt est la survie. Ce que la société nous a proposé comme but à atteindre est l’ennemi de cet organisme vivant. Ce n'est pas une bonne idée de bien s'adapter à une société profondément malade. Chacune de nos inventions, chacune de nos découvertes, nous pousse vers l’annihilation totale de l’espèce humaine. Je peux paraître très cynique, mais le cynique est en fait un réaliste. Le cynisme vous aidera à poser un regard lucide sur la façon dont les choses se passent dans le monde. L’instinct biologique est très puissant; et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.» ~ Krishnamurti  

À mon avis, si la tendance se maintient, l’espèce humaine devrait atteindre rapidement son but ultime : faire table rase du vivant.

Collage satirique : Joe Webb http://www.joewebbart.com/

La Canada sur la voie de l’échec climatique
Alexandre Shields / Le Devoir, 4 janvier 2020

«[Mettre en place le train de mesures nécessaires] dans le contexte d’une population qui achète des quantités records de camions légers, s’étale sur les terres agricoles pour y mettre des piscines hors terre individuelles et désire prendre des vols pour Cancún régulièrement est très délicat, voire impossible.» ~ Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal 

Une société de la Couronne albertaine s’achète un pipeline en Colombie-Britannique – La nation Wet'suwet'en s'oppose toujours au projet
ICI Alberta, 27 décembre 2019

TC Energy, anciennement TransCanada, a annoncé jeudi s’être départie de la majorité de ses parts dans le projet Coastal GasLink, un gazoduc actuellement en construction dans le nord de la Colombie-Britannique. Une société d’État albertaine s’en est portée en partie acquéreuse.
   Deux entités ont mis la main sur 65 % des parts du projet Coastal GasLink : le fonds d'investissement américain Kohlberg Kravis Roberts & Co. (KKR) et la Société de gestion de l'investissement de l'Alberta (AIMCo).
   AIMCo est une société d'État qui administre les régimes de retraite des Albertains qui travaillent dans le secteur public.
   Un gazoduc imposé par une injonction La construction du gazoduc Coastal GasLink est évaluée à plus de 6 milliards de dollars. Il reliera Kitimat, dans le nord de la côte britanno-colombienne, à Dawson Creek, une région riche en gaz naturel aux portes de l'Alberta.
   D'une longueur de 670 km, l'infrastructure de transport est en construction depuis le début de 2019. Elle traverse le territoire ancestral de la nation Wet'suwet'en qui, opposée au projet, a tenté de bloquer l'accès au site plus tôt cette année.
   Une fois terminé, Coastal GazLink devrait faciliter l'exportation de près de 700 000 litres de gaz naturel par jour.

Diable, les Australiens sont en train de devenir des réfugiés climatiques!  

Les incendies en Australie menacent une biodiversité unique au monde
Alexandre Shields / Le Devoir 8 janvier 2020

En plus des pertes de vies humaines et des maisons détruites, les feux qui ravagent des régions entières de l’Australie ont déjà tué des centaines de millions d’animaux sur cette île-continent. Cette hécatombe pour la biodiversité est d’autant plus inquiétante que le pays compte énormément d’espèces endémiques, dont plusieurs étaient déjà menacées de disparition.

 
Photo : Dana Mitchell, Kangaroo Island Wildlife Park via Associated Press. Un koala souffrant de brûlures a été secouru au début du mois par des agents de conservation de la faune. Dans certaines régions, le petit marsupial risque d’ailleurs d’être complètement éradiqué. Il vaudrait mieux accorder une mort dans la dignité aux animaux brûlés au troisième degré... les rescaper est plutôt cruel.

Les feux qui frappent plusieurs régions de l’immense territoire australien depuis septembre auraient tué plus de 500 millions d’animaux, selon un premier bilan «conservateur» publié le 3 janvier par des chercheurs de l’Université de Sydney, qui ont alors pris soin de souligner que le décompte final serait sans aucun doute «considérablement plus élevé».
   Au moment où les incendies continuent leur progression, après avoir déjà consumé plus de 80 000 km2 (185 fois la superficie de Montréal), une nouvelle évaluation réalisée par des scientifiques de l’Université de Sydney et le Fonds mondial pour la nature (WWF) avançait d’ailleurs mardi le chiffre d’un milliard d’animaux.
   Le koala n’est par ailleurs qu’une des très nombreuses espèces qu’on ne retrouve qu’en Australie. En fait, c’est le cas de plus de 80 % des mammifères du pays, mais aussi de 90 % des reptiles et des amphibiens, ainsi que 45 % des oiseaux.
   Les feux risquent donc d’entraîner des pertes majeures pour la biodiversité mondiale, selon Marco Festa-Bianchet, professeur titulaire à la faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke.
   Le chercheur, qui étudie les kangourous gris en Australie depuis 12 ans, juge d’ailleurs que les répercussions sur les espèces australiennes se feront ressentir très longtemps après la fin des incendies.
   «Il ne faut pas seulement calculer le nombre d’animaux morts, mais aussi les habitats qui ont été détruits. Pour les animaux herbivores, ça veut dire qu’ils n’auront rien à manger. Mais aussi, les prédateurs introduits comme le chat et le renard vont détruire les abris des animaux, donc les survivants aux feux seront davantage victimes de la prédation. Et les effets négatifs seront très importants au cours des prochaines années.»
   Autre signe de l’ampleur du désastre en cours, les services météorologiques chilien et argentin ont annoncé lundi que les fumées des incendies australiens avaient été repérées dans le ciel de ces deux pays, distants de plus de 12 000 km de l’Australie.

Sécheresse en Australie: 10 000 dromadaires sauvages seront abattus
Holly Robertson / Agence France-Presse 8 janvier 2020

(Sydney) Des tireurs d'élite vont abattre depuis des hélicoptères 10 000 dromadaires sauvages en Australie, en raison de la menace que constituent pour les populations ces animaux qui, du fait de la sécheresse, s’approchent de plus en plus des localités de l’intérieur du pays pour y trouver de l’eau.
   Des responsables locaux de l’État d’Australie-Méridionale affirment que des troupeaux «extrêmement importants», en quête d’eau et de nourriture, menacent les réserves de ces villages, en plus de provoquer des dégâts et de constituer un danger pour les automobilistes.
   L’immense île-continent a vécu en 2019 son année la plus chaude et sèche, ce qui a non seulement entraîné de dramatiques incendies de forêt qui font toujours rage dans certaines régions, mais aussi des pénuries d’eau dans nombre de localités.

L’Australie brûle dans l’indifférence de ses journaux
Stéphane Baillargeon / Le Devoir 7 janvier 2020

Collage satirique : Joe Webb

Jeudi dernier, alors que les grands médias de la planète consacraient leurs manchettes aux incendies catastrophiques ravageant l’Australie, The Australian, quotidien jugé le plus influent du pays, accordait sa première page à une chasse au trésor et à une histoire de contrôle des boissons alcooliques dans les communautés aborigènes. Cherchez l’erreur...  
   La veille de Noël, The Australian a par exemple dénigré comme « alarmistes » les critiques d’un ex-pompier en chef du pays jugeant sévèrement l’impréparation du pays pour faire face aux transformations du climat, réclamant la fermeture des centrales au charbon. L’Australie est le plus grand producteur mondial de houille.
La veille du jour de l’An, le même journal a publié une «nouvelle» présentée comme «exclusive» niant encore une fois l’importance des bouleversements climatiques.
   Rien ne change L’Australie est dominée depuis des décennies par des gouvernements et des médias climatosceptiques. Le pays offre un cas d’espèce sur l’alliance des sphères politique et médiatique pour fabriquer un consensus autour de cette position idéologique.
   La catastrophe en cours ne fait qu’accentuer le paradoxe faisant que la population australienne subit les pires incendies de son histoire, plus violents et plus précoces que d’ordinaire en raison d’une sécheresse persistante, pendant que les élites se fourvoient dans le négationnisme climatique.
   Le premier ministre libéral Scott Morrison, climatosceptique notoire, a répété ces dernières semaines qu’il en faisait déjà suffisamment contre les réchauffements du climat et que sa politique environnementale ne pouvait pas être tenue responsable des incendies.
   Là encore, rien ne change. Les gouvernements conservateurs de Canberra restent à la solde des industries des énergies fossiles depuis des décennies. L’auteur Richard Flanagan, dans un texte publié le 3 janvier dans The New York Times, a écrit que son pays était en train de commettre un «suicide climatique» et que ses dirigeants semblaient «déterminés à l’envoyer à sa perte».

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Quand on meurt par le feu

À chaque fois que des incendies font rage, je suis infiniment bouleversée et peinée pour les victimes qui perdent des êtres chers et se retrouvent sans toit, les mains vides. Le pire c’est que la plupart du temps, ces incendies sont dus à la négligence humaine – au Québec, en 2012, l’humain était responsable de 80 % des incendies de forêt.
   Mais, je suis aussi profondément peinée quand je songe à tous les animaux qui périssent dans ces incendies. Je ne peux imaginer pire supplice que de brûler vif tandis qu’on est encore conscient. Je ne veux pas être sadique, mais je pense qu’il est important de comprendre ce qui se passe dans le corps d’un être vivant  consumé par le feu – humain ou animal.  On croit à tort que le sang s’assèche d’un coup à cause de l’extrême chaleur; or, dépendant de l’intensité du brasier, les fluides sanguins peuvent se répandre à flots en sifflant dans les flammes, notamment par les yeux. C’est sans doute l’une des morts les plus terrifiantes, atroces. Ce que la science en dit : Si le brasier est énorme et très dense, on peut mourir empoisonné au monoxyde de carbone avant que les flammes ne carbonisent le corps – ce qui est une bénédiction puisqu’on ne sentira plus rien. Cependant, si le brasier est de moindre intensité, si les flammes carbonisent le corps graduellement, alors on peut mourir d'hypovolémie (le corps se vide de ses fluides, notamment du plasma sanguin cherchant à «traiter» les brûlures), ou bien d'une «décomposition thermique» durant laquelle la chaleur provoque la rupture des molécules.

Élyane Rejony sur les oubliés des catastrophes (2012)

[...] Je pense beaucoup à ces gens morts, poursuivis par les flammes, sans issue. Je pense à ces gens qui ont vu brûler leur maison. À ceux qui ont eu très peur, qui s'en sont sortis, qui ont abandonné leur véhicule pour fuir. La douleur humaine se partage «naturellement», surtout lorsqu'elle est servie en spectacle sur un plateau au moment de l'apéritif.
   Je crois que l'empathie réelle ne doit pas se contenter de notre anthropocentrisme culturel. Mes pensées empathiques se tournent aussi vers les êtres les plus humbles, les plus oubliés. Les animaux souffrent autant que nous en brûlant. Je pense à leur détresse et à leur douleur : comme nous ils ont peur, ils essaient de fuir mais parfois ils sont attachés ou enfermés. Et ils ont mal, et ils hurlent, comme les humains qui se consument.
   On nous parlera peut-être, en passant, des milliers de «bêtes» qui rapportent de l'argent (et encore), et je comprends bien l'intérêt légitime des hommes.
   Dans notre monde où la sensiblerie est bien plus vilipendée que le cynisme ou la cruauté, il ne me paraîtrait pas superflu d'évoquer, en passant, le fait que de nombreux êtres vivants sont morts dans les incendies. Juste pour rappeler que les êtres humains ne sont pas les seuls êtres vivants de la planète. Mais que vaut un être vivant s'il n'est pas un humain? Rien du tout. Notre société se moque déjà de la vie humaine, alors pensez, les animaux…
   On nous répète en boucle que la prise de conscience écologique avance, que l'humain comprend enfin l'importance du reste de la nature en dehors de lui. L'environnement, les biotopes, la faune, la flore... Tu parles!
   Mon avis de poète paraîtra peut-être étrange à ceux qui oublient que les animaux ont un cerveau, un système nerveux, et qu'ils souffrent, qu'ils ont peur, comme nous. Dans le regard éperdu d'un chien ou d'un chat recueilli, on peut lire la reconnaissance et l'affection, que l'on ne voit d'ailleurs pas briller dans les yeux de tous les humains. Alors?
Les poètes sont là pour faire penser à ce qui s'oublie facilement. Je n'aime ni le racisme, ni le sexisme, ni l'espécisme.

J'ai écrit, il y a des années, ce petit texte, pour ne pas oublier les détails «inutiles».

Flammes

Dans le grand incendie des collines, dévoreur de sève et de sang,
Sous les hurlements sauvages du feu
personne n'entend
crépiter les souris, les musaraignes au fin minois,
brûler vivants les petits lézards, les orvets et les salamandres,
les biches, les marcassins, les blaireaux, les furets,
s'étouffer les oisillons au nid,
craquer les tortues calcinées, les fourmis consumées,
les coccinelles carbonisées,
Suffoquer les petits lapins épouvantés dans leur abri,
personne n'entend
Milliers de victimes minuscules,
vivantes, muettes
Humbles vies palpitantes d'espoir
comme nous,
effacées du monde sans ménagement
effacées de la vie
et du monde vivant
sans empathie
oubliées des journalistes et des bilans
niées
effacées
ignorées des braves gens.
Braves gens.

D'après les premières enquêtes, le feu serait parti d'un mégot... Un mégot. Un humain serait donc responsable du désastre. Mais il a droit, lui, par sa seule nature d'humain, à l'empathie humaine. Pourtant les animaux, que nous méprisons officiellement, puisqu'ils n'ont juridiquement que le statut d'objet, ne jettent jamais de mégot.

8 janvier 2020

Si, je juge


Je ne juge pas? Si, je juge, je passe mon temps à juger. Ils m'irritent profondément ceux qui vous demandent, les yeux faussement horrifiés : «Ne seriez-vous pas en train de me juger?» Si, bien sûr, je vous juge, je n'arrête pas de vous juger. Tout être doté d'une conscience à l'obligation de juger. Mais les sentences que je prononce n'affectent pas l'existence des «prévenus». J'accorde mon estime ou je la retire, je dose mon affabilité, je suspends mon amitié en attendant un complément de preuves, je m'éloigne, je me rapproche, je me détourne, j'accorde un sursis, je passe l'éponge – ou je fais semblant. La plupart des intéressés ne s'en rendent même pas compte. Je ne communique pas mes jugements, je ne suis pas un donneur de leçons, l'observation du monde ne suscite chez moi qu'un dialogue intérieur, un interminable dialogue avec moi-même. ~ Amin Maalouf (Les désorientés)

Pour moi, toute cause qui tue cesse de me séduire. Elle s'enlaidit à mes yeux, se dégrade et s'avilit, aussi belle qu'elle ait pu être. Aucune cause n'est juste quand elle s'allie à la mort. ~ Amin Maalouf (Samarcande)

1 janvier 2020

À force de mal, tout va bien. (Proverbe)

Soyons positifs un moment : la transition verte ne pénalisera pas la croissance économique car les bénéfices de l’opération de destruction massive financeront le virage écolo. Nous allons continuer d’exploiter nos ressources fossiles «de façon pragmatique, sans compromettre votre style de vie», dixit un politicien québécois. On peut applaudir et crier : miracle!

Les miracles, on ne réussit jamais à savoir comment ça arrive. Prenons le cas de Jésus. Le bon vieux Joseph, probablement impuissant, n’avait jamais eu de relations sexuelles avec Marie, mais il épouse la jeune vierge de 15 ans (paradoxalement enceinte). On raconte dans la bible qu’elle avait été fécondée par l’esprit-saint pour donner naissance au sauveur de l’humanité – c’était donc lui le pédophile! Voilà, c’est simple.

Donc, en 2020, tous nos problèmes devraient être résolus par miracle.
Sinon, nous resterons sur la liste d’attente des espèces en voie d’extinction.


Un de nos problèmes majeurs est que la paix menace l’économie. Si tous les budgets des États alloués aux dépenses militaires étaient transférés à la restauration et à la préservation de la Terre, il y aurait peut-être effectivement un effondrement économique temporaire, mais cela changerait le monde – assurément pour le mieux car on pourrait sans doute éradiquer la pauvreté.
   Or les dépenses militaires mondiales ne cessent de croître – la fabrication et la vente d’armement est extrêmement lucrative. Les États-Unis, avec l’arrivée de Trump, ont pété des scores en 2017. En 2018 elles s’élevaient à 1 822 milliards de dollars. Voici le classement des dix plus importants budgets militaires (2018) : 1 / États-Unis; 2 / Chine, 3 / Arabie saoudite; 4 / Inde; 5 / France; 6 / Russie; 7 / Royaume-Uni; 8 / Allemagne; 9 / Japon; 10 / Corée du Sud.

«Se laisser mourir de faim n’est pas un choix»

[...] Avoir la possibilité de choisir ce à quoi on consacre son existence est un grand privilège. Pour la très grande majorité des habitants de la planète, la vie est fondamentalement une affaire de survie, dans des conditions dramatiques. [...] Au cours des millénaires, très rares sont ceux qui ont pu se consacrer à autre chose qu’à la survie. Ils n’ont certes jamais été aussi nombreux qu’aujourd’hui. La moitié de l’humanité, de nos jours, vit encore sans aucune possibilité de choix. [...] Pouvoir «changer de vie» leur est un luxe inaccessible.
   Ceux qui n’ont pas été contraints de consacrer leur temps à la survie ont aussi généralement été ceux qui détenaient le pouvoir, quelle que soit la forme de société dont on parle. [...] Les révoltes et les révolutions ont toujours eu le même enjeu. Lorsqu’on ne peut survivre alors qu’on s’échine au travail jusqu’au bout de ses forces, il ne reste pas d’autres solution que de se révolter. C’est après le passage à la révolte que la question du «droit à autre chose» s’affirme et se précise. [...]
   Ceux qui vivent dans les marges extrêmes d’une société n’ont aucun choix.
   Se coucher dans la rue pour mourir n’est pas un choix. Se laisser mourir de faim n’est pas un choix. Nous avons aujourd’hui tous les moyens nécessaires pour éradiquer la misère absolue et hisser l’ensemble des êtres humains vivants au-dessus du seuil de malnutrition. Nous choisissons de ne pas le faire. C’est un choix que je ne peux considérer autrement que comme un acte criminel. Mais il n’existe pas de tribunal habilité à poursuivre, à l’échelle globale, les criminels responsables du fait que la faim et la misère ne sont pas combattues à l’aide de toutes les ressources disponibles. Et qui nous entraînent tous à être complices et à avoir notre part de responsabilité dans ce choix. [...]

~ Henning Mankell (SABLE MOUVANT Fragments de ma vie; traduit du suédois par Anna Gibson; Éditions du Seuil, septembre 2015) 

Le réchauffement du climatoscepticisme

David Goudreault | La Tribune | 4 novembre 2017

Extrait

[...] À qui profite le crime? Aux pollueurs, évidemment! Moins les populations sont informées, moins elles se mobilisent; plus on peut polluer en paix, privatiser les profits et externaliser les coûts sociaux et environnementaux. Certains gouvernements aussi en bénéficient, il est plus facile de se faire élire sur des campagnes de peur ou des mensonges sans fondements que d’établir un programme cohérent. Et de s’y tenir!
   Le scepticisme en question ici découle peut-être d’un mécanisme de défense. Le doute est confortable, mais le confort se précarise à vue d’œil. Alors qu’il faudrait une mise en action massive et mondiale, on s’obstine encore sur la pertinence de la mobilisation. Si l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles à l’échelle planétaire ne peut convaincre les climatosceptiques; si les données scientifiques et les preuves empiriques ne suffisent pas à démontrer l’évidence, rien ne le pourra. Nous sommes foutus. Le règne de l’opinion creuse propulsera d’autres Donald au pouvoir. Le pétrole coulera à flots, la déforestation et la désertification suivront leurs cours, l’acidification des océans s’accélérera et les millions de morts liés à la pollution crèveront en vain. Mais nous consommerons en paix.
   Peut-être que je me trompe, peut-être que ... et les climatosceptiques ont raison, je ne suis qu’un exalté de la gogauche colportant les fausses statistiques d’un complot écologiste ourdi par les services secrets chinois... Si tel est le cas, c’est déjà assez déprimant, ne m’écrivez pas pour m’insulter en plus. Si vous le faites quand même, prenez le temps d’accorder vos participes passés. Merci!

Article intégral :

Je ne ferai pas de bilan des activités délétères de 2019. J’ai relayé nombre d’articles (libellé Série noire) qui témoignent de l’exploitation malveillante et destructrice de la nature, des animaux et des humains, par des tyrans abrutis qui s’autoproclament les gestionnaires de la terre. Les Copineux de la COP25 n’ont même pas réussi à s’entendre sur des accords «non contraignants» – c’est dire la bonne volonté dont ils font preuve!

Image : André-Philippe Côté, Le Soleil 8 décembre 2019. Cette illustration me touche beaucoup, ça aurait pu être des enfants... les animaux et les enfants sont les premiers touchés par les folies humaines.

Bonne année 2020 quand même!