26 mars 2021

Un budget si insignifiant qu’il y aura plus de féminicides!

À l’émission Ces femmes qu’on tue : faire la lumière sur les féminicides présentée en 2018, Céline Galipeau disait en introduction : «À toutes les heures, 10 femmes sont tuées dans le monde, la majorité par un partenaire ou un membre de la famille. Au Mexique, 1 femme est violée à toute les 18 secondes et 9 femmes sont assassinées chaque jour.»  

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1650557/feminicide-celine-galipeau-femmes-violence-speciale

Dossier sur la violence conjugale et le féminicide :

https://ici.radio-canada.ca/dossier/1005670/femmes-feminicide-violence-conjugale-canada

En 2020, on a rapporté 160 féminicides alors que généralement il y en a 12 par année au Canada. Le confinement a eu des répercussions dramatiques. 90 % des femmes tuées le sont par un homme. L’endroit le plus dangereux est le foyer. Il faudra changer la perception des relations amoureuses, par exemple, cesser de prétendre que la jalousie est une preuve d’amour. Bien sûr, il y a la violence au quotidien qui n’aboutit pas nécessairement à un féminicide, mais elle détruit néanmoins la personne. Les coups, l’étranglement et les chutes créent des commotions cérébrales qui ne sont pas détectées ni traitées si la personne n’est pas examinée à cet effet à l’hôpital. À chaque année, 200 000 femmes subissent ce genre de violence au Canada. On s’occupe des sportifs, mais pas des femmes battues :  

Violence conjugale et traumatismes crâniens : les coups oubliés (article)

https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/2240/violence-conjugale-traumatismes-craniens-fleau  

Reportage émission Enquête (première partie):

https://ici.tou.tv/enquete/S14E21?lectureauto=1

Les sept féminicides survenus au cours des sept dernières semaines au Québec pousseront-ils le gouvernement Legault à investir plus d’argent dans la prévention et l’intervention en matière de violence conjugale? [Voilà la question que se posaient les intervenant/e/s.]

   Les ressources d’aide, que ce soit pour les femmes ou les hommes, croulent sous les demandes et l’attente est longue, beaucoup trop, jugent ces organismes.

   Si les féminicides ont été beaucoup médiatisés, les chiffres concernant les tentatives de meurtre, voies de fait graves, menaces et agressions envers les femmes sont très préoccupants : «Pour l’année 2019-2020 on a hébergé et soutenu 300 femmes victimes d’une tentative de meurtre, et ç’a n’a même pas été déclaré à la police! Ce sont des tentatives d’étranglement, de noyades, être jetées en bas des escaliers... Elles n’ont même pas dénoncé parce que dans les statistiques policières on parle d’une quarantaine, cinquantaine, de tentatives [de meurtre], infractions commises au Code criminel. Nous on en a 300 par année», a dénoncé Manon Monastesse, directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes.

https://www.journaldemontreal.com/2021/03/25/300-tentatives-de-meurtre-sur-des-femmes-lan-dernier-1

Le budget du ministre des Finances, Éric Girard, a été mal reçu par les partis d'opposition présents à l’Assemblée nationale. Les trois formations politiques reprochent au ministre d'avoir dépensé «aux mauvais endroits» et d’avoir mis de côté les questions sociales et le virage vert. [...]

   Sur l’aide en matière de condition féminine et l'espoir d’un «féminicide zéro», les sommes promises sont «vraiment une insulte», a déclaré Manon Massé de Québec solidaire.

   «Obsédé par les années 1990», juge le PQ

   Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, trouve que le budget est «déconnecté des questions sociales et obsédé par l'économie des années 1990».

   Il évoque le manque d'investissement dans les maisons d'hébergement pour femmes, dans les centres de la petite enfance, dans le logement social et auprès des organismes communautaires.

   Selon lui, le gouvernement a raté une belle occasion de planifier une relance plus verte plutôt que d'investir encore dans des projets d'infrastructures, pour l'essentiel.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1780035/finances-publiques-quebec-deficit-dette-investissement

Mettre la hache dans les services sociaux et privatiser, une priorité pour la CAQ  

En passant : le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon devrait faire passer le salaire de son ami Guy Leblanc, le PDG d’Investissement Québec, de 483 685 $ (en 2020) à 1,1 million de dollars par an, soit le double de son prédécesseur. Les quatre autres dirigeants touchent près d’un demi-million – les pauvres, ils font pitié...

Investir les sommes nécessaires pour maintenir des services sociaux/publics adéquats va totalement à l’encontre de la mentalité mercantile, libertarienne et parfois même déshumanisée de ce parti politique.

   La CAQ, tout comme son géniteur l’ADQ, a toujours défendu des politiques de centre droit : réduction de la taille de l'État, ménage des finances publiques, abolition de certaines institutions, grande ouverture au secteur privé même en soins de santé, création d’une économie de propriétaires, augmentation du salaire des profs en retour d'une évaluation des résultats de leur travail (comme si l’on pouvait se fier à ça!), maintien de relations boiteuses avec les syndicats, etc. Bref, à la mode de l’Institut Fraser, et de son gémellaire, l’Institut économique de Montréal : le développement économique passe par la privatisation et le démantèlement des services publics.

    La CAQ misait sur les compétences de l’économiste de la grosse droite Youri Chassin (député de Saint-Jérôme), ancien directeur de l’Institut économique de Montréal. Celui-ci  affirmait sans aucun scrupule ne pas croire au bien commun.

Le Devoir, 19 avril 2018 : Dans l’état-major économique de la CAQ, on retrouve Youri Chassin, qui a été longtemps à l’Institut économique de Montréal. Ses analyses économiques ont toujours été campées très à droite, à un tel point qu’on peut l’associer aux idées de Margaret Thatcher qui, rappelons-le, a déjà affirmé que la société n’existe pas. En ce sens, M. Chassin affirmait récemment qu’un État se mettant au service du bien commun était un mythe : «Si je me montre si suspicieux envers les solutions étatiques, c’est principalement parce que je ne crois pas au mythe d’un État au service du bien commun. Déjà, l’idée qu’il puisse exister un “bien commun” sonne l’alarme.» (22 mars 2018, blogue personnel de M. Chassin). On croirait entendre ici Ayn Rand, cette idéologue qui a inspiré les libertariens associés au Parti républicain des États-Unis. Mais qu’en est-il de cette idée du bien commun ? Est-elle une illusion sans valeur comme monsieur Chassin le croit ? (...)

   Nous pouvons conclure que monsieur Chassin nous propose une vision du bien (le commun n’existe pas pour lui) qui repose sur la somme des intérêts particuliers plutôt que sur l’intérêt du plus grand nombre. L’entrée en politique de monsieur Chassin a pour mérite de nous faire réfléchir collectivement sur le bien commun, sur sa définition et sur le modèle de société que nous voulons. Souhaitons-nous un modèle social qui ressemble à celui des États-Unis ? C’est ce que nous propose monsieur Chassin. Ou souhaitons-nous préserver le bien commun québécois, legs des générations passées qui ont permis de faire du Québec l’une des sociétés les plus heureuses (et égalitaires) de la planète ? (Ian de Valicourt et Julie Charron, professeurs au collège Lionel-Groulx)

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/525578/la-caq-et-le-bien-commun

Si Youri Chassin ne croit pas au bien commun, il croit au bien personnel. Monsieur, étant au-dessus de la plèbe, est allé au Pérou rencontrer son conjoint malgré la forte recommandation du ministère de la Santé d’éviter tout voyage d’agrément dans le Sud durant la période des Fêtes, histoire de limiter la propagation de la Covid-19. M. Legault avait même approuvé son voyage qu’il considérait essentiel; deux poids, deux mesures.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1760079/youri-chassin-voyage-perou-conjoint-coronavirus-pandemie

Quant à la protection de l’environnement, dès le départ, la CAQ ouvrait largement les portes à l’exploitation minière, gazière et pétrolière à la grandeur de la province, et peut-être un retour à Anticosti. Et, ouvrir nos parcs nationaux aux forestières au nom du progrès faisait partie de leurs plans de relance économique, et c’est en train de se concrétiser. 

En 2018, Éric Girard [ministre des Finances], posait la question suivante : «Les changements climatiques, on se base sur quoi?» Dans cet article du Huffington Post (17 septembre), on apprenait qu’il était «sceptique face aux phénomènes météorologiques extrêmes» qui confirment l’impact des changements climatiques sur la planète.

19 mars 2021

Les oubliés de la commémoration Covid-19

Lors de la journée de commémoration nationale en mémoire des victimes de la Covid-19 à Québec, on a souligné le travail du personnel en soins de santé. M. Legault a brièvement mentionné les indispensables commis d’épicerie... Mais il y en a beaucoup d’autres qui mériteraient bien plus que des «mercis».

Entreprises essentielles pour qui?

Marie-Claude Lortie / La Presse / 13 mars 2021

«Les travailleurs qu’on aide, ils n’ont jamais eu le privilège de faire du télétravail.» Ils n’ont jamais pu «s’ennuyer» ad vitam æternam entre les quatre murs de leur bureau de la maison, jamais pu passer des journées entières avec leur famille, enfermés, certes, mais loin du virus et de la peur tant de le contracter que de le transmettre. La pénurie de levure pour le pain maison, l’ennui, l’écœurantite de réunions Zoom? «Les gens avec qui je travaille, poursuit M. Henaway, disaient plutôt : “Pourquoi, déjà, on est essentiels?”»

   Mostafa Henaway est candidat au doctorat en géographie sociale à Concordia et organisateur communautaire, et les gens avec qui il travaille n’ont pas arrêté une minute pendant la pandémie. Dans les entrepôts, les usines, les commerces, les centres de distribution... Il est porte-parole du Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), organisme qui aide les travailleurs récemment immigrés, réfugiés, temporaires, sans-papiers... Les travailleurs au statut précaire, qui occupent souvent les emplois les moins payés de la société, aux conditions les plus dures. Les travailleurs qui ont notamment gardé les manufactures ouvertes et bien des grands commerces en marche.

(...) «Il faut se demander si c’était si nécessaire de choisir de ne pas fermer certains secteurs de l’économie», affirme Mostafa Henaway.

 

Photo : Robert Skinner / Archives La Presse

 

Et je me demande effectivement si on a bien fait de fermer les restaurants et les salles de théâtre, tout en gardant ouvertes à plein régime des entreprises œuvrant dans toutes sortes de secteurs, là où les éclosions se sont multipliées.

   Parce que c’est comme ça qu’une bonne partie de la contagion s’est amplifiée : au sein des communautés les moins bien nanties, où vivent les travailleurs les moins bien payés, en plus de travailleurs de la santé en première ligne.

 

Des gens qui ne vivent pas dans des maisons spacieuses, avec balcons et jardins, chalet pour le week-end et accès à pied à toutes sortes de grands parcs, histoire de maximiser les possibilités de distanciation.

   Je le répète : il faudra mettre la loupe sur les choix économiques qui ont été faits pendant la pandémie. Qu’est-ce qui était vraiment essentiel? 

Article intégral : 

https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-03-13/entreprises-essentielles-pour-qui.php  

8 mars 2021

Comment dire...

À voir absolument sur ICI TOU.TV ou autres : V.F. de Woman - Cinquante pays, deux mille femmes et tout autant d’histoires prenantes. Vivez ce portrait vibrant de la condition féminine à travers la planète, qui révèle au grand jour les injustices que subissent les femmes partout dans le monde mais qui souligne aussi la force de celles-ci.

https://ici.tou.tv/femmes

Si la richesse était le résultat inévitable du travail et de l'entreprise, chaque femme en Afrique serait millionnaire.

En ce qui me concerne, je ne sais plus comment aborder la Journée internationale des droits des femmes; à chaque fois on répète les mêmes choses. Et plus les années passent plus les crimes augmentent. L’autre jour j’ai regardé l’épisode «Victimes de crimes sexuels» de la série Victimes, leur vie a basculé (TV5). D’entrée de jeu le présentateur disait : «Selon l’Observatoire national de la délinquance il y aurait 75 000 personnes victimes de viol chaque année en France. Parmi elles, 24 000 seulement osent porter plainte auprès des services de police.» C’est beaucoup mais comparativement à certains pays, c’est peu. Tout est relatif. Tant que la culture patriarcale et/ou machiste prévaudra nous ne verrons guère d’amélioration.

Nous n’avons aucune raison de nous féliciter : cinq féminicides en moins d’un mois au Québec. «Cinq femmes assassinées dans un contexte de violence conjugale. Pourtant, il y a des études internationales, il y a des spécialistes qui étudient la question depuis 60 ans!» déclarait Manon Monastesse, la directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes. La Fédération doit refuser annuellement au moins 10 000 demandes de femmes violentées à la recherche d’un refuge temporaire dans l’immédiat. Le confinement a eu un autre effet pervers : la violence familiale est en hausse.

   Le Québec a de nouveau été secoué par un drame conjugal lundi soir. Un homme violent aurait assassiné son ex-conjointe et la mère de celle-ci à coups de hache, à Sainte-Sophie, avant de tenter de se suicider avec sa voiture. De son côté, le premier-ministre François Legault a fait une déclaration qui est tout à son honneur : «J’ai le goût de parler aux hommes, d’homme à homme: il n’y a rien de masculin, il n’y a rien de viril à être violent avec une femme. Au contraire, je trouve ça lâche, a-t-il déclaré mercredi, visiblement ému. Ça n’a pas de bon sens, qu’en 2021, on vive comme des barbares. On est dans une société civilisée, et toutes les femmes et tous nos enfants ont droit à un milieu sécuritaire.»

Domestic violence is still fashionable. Amnesty International campaign.

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Dans le texte suivant, le conférencier disait : «...une fois que nous aurons inclus toutes les personnes – incluant les filles et les femmes – comme partie intégrante de cette éthique...» S’il n’y avait pas de problème, il serait inutile de mentionner ou d’insister sur notre inclusion... 

Personne n’est libre, tant que tous ne sont pas libres

«Au Canada, les jeunes femmes et les jeunes filles d'origine autochtone sont contraintes de se prostituer dans la rue en nombre bien plus important que les femmes blanches», me disait Summer Rain Bentham, une femme de la nation Squamish qui a vécu et travaillé dans les rues du quartier pauvre Downtown Eastside à Vancouver et qui s'est courageusement levée de son siège dans la salle de conférence pour me rejoindre sur le podium en signe de solidarité après la conférence. «Nos vies sont jugées moins précieuses parce que le monde occidental a décidé que nous ne valons rien. Ces points de vue racistes créent une hiérarchie basée sur la race, même au sein de la prostitution féminine elle-même. Cela signifie que certaines femmes sont enfermées dans des clubs de strip-tease ou des ‘agences’ – parfois elles sont éduquées, et dans certains cas elles peuvent même croire qu'elles ont une autre option que la prostitution. Cette hiérarchie raciste laisse les femmes autochtones au bas de l'échelle, en l'occurrence dans la prostitution de survie, sans aucun choix, subissant un niveau de violence difficile à comprendre ou à appréhender. Une violence qui ne la quittera jamais et qui est perpétuée par les hommes non seulement parce que nous sommes des femmes, mais aussi parce que nous sommes des femmes autochtones. Ce sont les privilèges, le pouvoir et les droits des hommes dans le monde qui maintiennent les femmes dans la prostitution. Ce sont les hommes qui profitent du fait que les femmes autochtones continuent d'être au bas de l'échelle. La prostitution n'est pas ce que la plupart des femmes qui ont déjà été prostituées ou des femmes qui n'ont jamais été confrontées à la prostitution choisiraient de faire. La prostitution n'est pas ce que nous voulons pour une femme ou une fille.»

   Nous sommes appelés à construire un monde où tous les gens ont la possibilité de choisir la sécurité, la sûreté et le bien-être plutôt que des emplois qui les laissent traumatisés, malades, mutilés et même détruits. Je ne vois pas l'intérêt de ce combat si ce n'est pas notre objectif. (...)

   L'effondrement sera mondial. Il n'y a pas de nouvelles terres à piller, pas de nouveaux peuples à exploiter. La technologie, qui a effacé les contraintes du temps et de l'espace, a transformé notre village planétaire en un piège mortel mondial. Le sort de l'île de Pâques sera écrit en toutes lettres sur la vaste étendue de la planète Terre.

   L'éthique propagée par les élites capitalistes et impérialistes, le culte du soi, le bannissement de l'empathie, la croyance que la violence peut être utilisée pour rendre le monde conforme, exigent la destruction du partage communautaire et la destruction du sacré. Cette éthique corrompue, si elle n'est pas brisée, signifiera la fin non seulement de la société humaine mais aussi de l'espèce humaine. Les élites qui orchestrent ce pillage, comme les élites qui ont pillé des parties du globe dans le passé, croient probablement qu'elles peuvent échapper à leur propre destructivité. Ils pensent que leur richesse, leurs privilèges et leurs communautés protégées les sauveront. Ou peut-être qu'ils ne pensent pas du tout à l'avenir. Mais la marche vers la mort qu'ils ont entamée, la contamination incessante de l'air, du sol et de l'eau, l'effondrement physique des communautés et l'épuisement éventuel du charbon et des combustibles fossiles eux-mêmes ne les épargneront pas, ni leurs familles, même s'ils peuvent tenir un peu plus longtemps que nous dans leurs enclaves privilégiées. Ils succomberont eux aussi à l'empoisonnement des éléments naturels, aux bouleversements climatiques et aux conditions météorologiques effrayantes provoqués par le réchauffement de la planète, à la propagation de nouveaux virus mortels, aux émeutes de la faim et aux énormes migrations qui ont commencé alors que les personnes désespérées fuyaient les poches de terre inondées ou frappées par la sécheresse. 

   Les structures prédatrices du capitalisme, de l'impérialisme et du colonialisme devront être détruites. La Terre, et les formes de vie qui l'habitent, devront être vénérées et protégées. Cela signifie qu'il faut inculquer une vision très différente de la société humaine. Cela signifie reconstruire un monde où la domination et l'exploitation incessante sont des fautes et où l'empathie, en particulier envers les faibles et les vulnérables, y compris notre planète, est considérée comme la plus haute vertu. Cela signifie retrouver la capacité d'émerveillement et de respect pour les sources qui entretiennent la vie. Une fois que nous aurons défendu cette éthique de la vie, une fois que nous aurons inclus toutes les personnes – incluant les filles et les femmes – comme partie intégrante de cette éthique, nous pourrons construire un mouvement de résistance qui pourra défier les forces corporatives qui, si nous les laissons au pouvoir, nous anéantiront tous. 

Chris Hedges (Passage tiré de la conférence No One Is Free Until All Are Free donnée à Vancouver le 29 mars 2015)  

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«Je me demande comment les élites se sentiront lorsque le monde s'effondrera autour d’eux et qu’ils réaliseront qu'ils ne peuvent pas acheter une autre Terre.» ~ Steven Christensen, architecte

3 mars 2021

Bilan de la crise sanitaire au Québec

Après un an de calamités, l’heure est au bilan. Oui, oui, le gouvernement québécois, comme tous les autres gouvernements du monde, a fait de son mieux pour faire face au  tueur en série imprévisible. Pourtant certains pays ont mieux réussi à contrôler la propagation du virus; malheureusement la CAQ ne les pas imités. «Pourquoi faire des vagues? Tout va bien aller!» Les responsables prenaient souvent des décisions à l’emporte-pièce sans réfléchir aux conséquences à court et moyen termes, puis ils se ravisaient et changeaient de cap. De vraies toupies. De multiples incohérences concernant les mesures sanitaires et la sélection des services et produits désignés essentiels et pas ont déboussolé les citoyens. Ils jouaient aux serpents & échelles et à la roulette russe. Le «passeport vaccinal digital» appartient à la catégorie des projets stupides générés par la panique, et propice à la discrimination systémique (1). Par ailleurs le ministre de la Santé Christian Dubé craint la prolifération des rejetons du «Galloping Covid».

Caricature : Serge Chapleau / La Presse 27/02/2021

Les tensions au sein de l'État québécois face à la crise révélées dans un livre

Stocks d’équipements de protection individuelle (EPI), capacités hospitalières, situation dans les CHSLD : l’équipe de François Legault a pris des décisions déterminantes pour l’évolution de la COVID-19 en territoire québécois sur la base d’informations erronées, constate-t-on à la lecture d’un essai politico-sanitaire signé par Alec Castonguay.

Compte rendu de lecture :

https://www.ledevoir.com/lire/596085/une-vague-et-des-remous

Le printemps le plus long : au coeur des batailles politiques contre la COVID-19, Éditions Québec Amérique (2 mars 2021)

Résumé : Le Québec a sombré dans la pire crise sanitaire de son histoire au printemps 2020, fortement secoué par la première vague de l’épidémie de coronavirus. Que s’est-il réellement passé dans les entrailles du gouvernement, alors qu’il bataillait pour contenir la progression de la COVID-19?

   Système d’alerte en panne, fausses pistes scientifiques, préparation en catastrophe des hôpitaux, tragédie dans les CHSLD, chasse planétaire aux équipements de protection médicale, hésitations sur le port du masque, plan de confinement draconien pour Montréal…

   Après avoir mené des dizaines d’entrevues avec les acteurs clés de la crise, obtenu des documents inédits et accompli un travail d’enquête minutieux, le journaliste Alec Castonguay expose ce récit hors de l’ordinaire. De Shanghai à Montréal, de Munich à Québec en passant par New York et Ottawa, il nous transporte au cœur de la plus sévère pandémie des 100 dernières années.

 Ce livre à suspense se lit comme un roman. Sauf que tout est vrai.

 https://www.quebec-amerique.com/

Tou.tv a remis l’épisode Mourir dans l’angle mort à la une de la liste des émissions Enquête. Un journaliste disait que ce reportage était encore plus «vrai» que le livre de Castonguay car il est sans indulgence envers le Triumvirus caquiste.

Mourir dans l’angle mort (septembre 2020)

Le Québec est l’un des endroits au monde où le nombre de décès per capita liés à la COVID-19 est le plus élevé. C’est en très grande partie dû au fait que le premier ministre François Legault et l’équipe qui gérait la crise au ministère de la Santé et des Services sociaux ont négligé la préparation des CHSLD. C’est là, pourtant, que se trouvaient les citoyens les plus vulnérables. Près de 4000 aînés sont morts dans nos CHSLD et plusieurs d’entre eux ont souffert plus qu’ils n’auraient dû. Enquête met en évidence une dizaine de décisions qui ont été prises trop tard et qui ont contribué à l’hécatombe.

https://ici.radio-canada.ca/tele/enquete/site/segments/reportage/199943/pandemie-covid-chsld-aines-legault-gouvernement-sante-services-sociaux

Ou : https://ici.tou.tv/enquete/S14E01?lectureauto=1

Ou : https://www.youtube.com/watch?v=S8dhFPfTWP4

On deviendra tous vieux

Guilhème Pérodeau / Le Devoir Idées / 26.02.2021

Des décennies de mesures d’austérité «pour éponger le déficit» combinées à une négligence répétée pour tout ce qui a trait aux plus âgés d’entre nous culminent ces jours-ci par des enquêtes publiques ordonnées par la coroner en chef du Québec sur les conditions de vie en CHSLD.

   Nous, qui détournions pudiquement le regard sur le sort réservé à nos aînés les plus vulnérables, n’avons d’autre choix aujourd’hui que d’ouvrir les yeux, et bien grands. Près de la moitié des décès liés à la COVID-19 au Canada ont eu lieu en sol québécois. Plus affligeant encore, à la mi-février, 77 % des 10 153 Québécois décédés vivaient en collectivité dans un CHSLD ou une résidence pour personnes âgées RPA. [...]

https://www.ledevoir.com/opinion/idees/595950/coronavirus-on-deviendra-tous-vieux

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(1) On croirait que les Israéliens ont oublié les horribles «étoiles jaunes»! Leur modèle de passeport vaccinal inclut un insigne de couleur différente selon que vous êtes vacciné ou non, porté sur le vêtement. C’est scandaleusement discriminatoire, je dirais même fasciste.

Passeport pour les problèmes

Isabelle Hachey / La Presse; 27 février 2021

[...] On n’en peut plus, des restrictions. On a besoin de sortir, de voir du monde, de prendre nos petits-enfants dans nos bras. De reprendre notre vie où on l’avait laissée en mars 2020.

   Christian Dubé est conscient de notre lassitude collective. Jeudi, en conférence de presse, le ministre de la Santé a laissé entendre qu’il avait en main une solution pour accélérer le retour à la normale : le passeport vaccinal.

   Ça prendrait la forme d’un code QR, sur un téléphone intelligent, qui prouverait que son propriétaire est vacciné – et qui lui ouvrirait les portes des lieux publics.

   Au premier abord, on est tenté de se dire : voilà un moyen efficace de redonner leur souffle aux industries du tourisme, du spectacle et de la restauration, toutes trois étranglées par une année noire de restrictions sanitaires.

   Radio-Canada rapportait vendredi que le passeport vaccinal ne servirait pour l’instant qu’à voyager. La veille, Christian Dubé semblait néanmoins très ouvert à une utilisation dans les commerces. «Un passeport de vaccination digital, pour moi, c’est tout à fait normal», a-t-il dit.

   Sauf qu’à bien y penser, il n’y a pas grand-chose de «normal» à exiger des gens qu’ils montrent patte blanche immunitaire pour avoir le privilège de fréquenter des lieux publics. Ça ne s’est jamais vu.

   Inévitablement, ça créerait deux classes de citoyens : les vaccinés, qui auraient accès à tout. Et les autres.

   On dirait un scénario de science-fiction. En Israël, c’est déjà une réalité. Depuis dimanche, la société est coupée en deux. Les Israéliens inoculés portent un badge vert et peuvent fréquenter piscines, salles de gym, hôtels et salles de concert. Ceux qui n’ont pas reçu le vaccin portent un badge pourpre et n’ont accès à rien de tout cela.

   L’objectif avoué? Persuader. Le système de badges est une «manière d’encourager de plus en plus de gens à se faire vacciner», a expliqué le ministre de la Santé, Yuli Edelstein. Personne n’a envie d’être laissé en plan.

   Le problème, c’est que les non-vaccinés ne sont pas tous des citoyens négligents ou des antivax bornés. Beaucoup ne peuvent pas être vaccinés : les enfants, les femmes enceintes, celles qui allaitent, les personnes immunosupprimées…

   Et puis, il y a tous ceux qui attendent leur tour. ...

   ...Avec la vaccination de masse s’ouvre un nouveau chapitre de cette pandémie.

   Un chapitre un peu paradoxal, au cours duquel de plus en plus de Québécois seront vaccinés sans que l’immunité collective soit atteinte pour autant.

   Le danger, c’est que les vaccinés se mettent à croire qu’ils peuvent balancer leurs masques et faire tout ce qu’ils veulent. Le passeport vaccinal risque de renforcer ce faux sentiment d’immunité. ...

   Et puis, jusqu’où pousserait-on la discrimination? Voyager à l’étranger, c’est une chose. Aller au resto, c’en est une autre. Mais faire son marché? Louer un appart? Décrocher un emploi? Au Royaume-Uni, déjà, une entreprise a fait savoir qu’elle appliquerait la politique No jab, no job. Pas de vaccin, pas de boulot.

   La pandémie a exacerbé les iniquités sociales. Le passeport vaccinal risquerait de les faire exploser.

   Pour finir, imaginez les frustrations si, après une année de privations, on donnait plein de privilèges à une classe de citoyens. Imaginez le sentiment d’injustice.

Article intégral :

https://www.lapresse.ca/covid-19/2021-02-27/passeport-pour-les-problemes.php 

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Québec solidaire s’est inquiété des effets potentiellement discriminatoires d’un passeport vaccinal. «Il ne s’agit pas seulement de pouvoir prendre l’avion ou de pouvoir souper au restaurant! Des questions sérieuses se posent sur l’accès au logement et sur le droit au travail, pour ne nommer que ces deux exemples», a déclaré le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois.

Québec songe à un passeport vaccinal pour fréquenter les lieux publics

https://www.ledevoir.com/politique/quebec/595887/point-de-presse-13h