3 novembre 2021

Diable, est-ce possible?!

Dites-moi, que faites-vous si vous venez d'avoir trente ans et que vous découvrez que la moitié des humains de ce monde sont cinglés? Vous jouez le jeu ou vous essayez de découvrir ce qui ne va pas? Je comprends le désespoir des jeunes.

C’est beau de voir se pavaner à la COP26 une bande de lobbytomisés (1) qui promettent de stopper la déforestation au plus tard en 2030. Imaginez le nombre d’arbres qui seront abattus d’ici là, tout le monde va se lancer dans les coupes à blanc. C’est révoltant.

Photo : Russell Cheyne / Reuters.

Quelques citations lucides de Stephen Corry* sur la COP26 :

– Ce que je pense... Vont-ils éliminer progressivement les combustibles fossiles? Non. Vont-ils arrêter l'exploitation forestière? Non. Les gouvernements et leurs copains des grandes entreprises sont-ils sérieux? Non. Est-ce la fin de l'humanité? Non. Devons-nous cesser de faire du climat une nouvelle excuse pour exploiter encore plus les pauvres et les démunis? Oui. Il n'y a pas de plan pour mettre fin à la déforestation. C'est aussi simple que ça. Mais vous ne verrez pas ça dans les médias grand public.

– Oui, Africains, ils viennent pour voler encore plus de vos terres. Comme prévu. Bezos a déclaré que «les 2/3 des terres productives de l'Afrique étaient dégradées mais que cela pouvait être inversé». Vous pensez que c'est pour aider les Africains ou la Terre? Il est temps de se réveiller.

* Stephen Corry (né en 1951) est un militant britannique des droits des autochtones, plus connu comme le PDG de Survival International. On lui a demandé de diriger l'organisation en 1984. https://www.survivalinternational.fr/

New Deal pour la Nature : payer l'empereur pour clôturer le vent

Stephen Corry, février 2020

Le WWF viole régulièrement les droits de l'homme, la loi et ses propres politiques. Il a déjà dépensé illégalement des millions de dollars pour la création d'un nouveau parc au Congo, le Messok Dja. L'argent provient du WWF lui-même et de ses complices, notamment une société d'exploitation forestière, de palmiers à huile et de tourisme de luxe, ainsi que de la Wildlife Conservation Society, du gouvernement américain, de l'UE et des Nations unies. Comme pour la création de presque toutes les aires protégées africaines, la première étape a été de chasser et de terroriser les Baka locaux (appelés Pygmées) qui vivent probablement là depuis des milliers d'années, et qui se sont adaptés et ont géré de manière durable leur environnement riche en biodiversité. Aujourd'hui, ils sont tenus à l'écart de leurs terres ancestrales et terrorisés, battus et arrêtés s'ils reviennent chercher des aliments traditionnels ou des médicaments à base de plantes.

Les deux dernières générations ont amplement démontré que les réunions de chefs d'entreprise, d'ONG, de politiciens et de célébrités ne vont pas résoudre les crises du climat et de la biodiversité. Les participants comptent parmi les principaux responsables des problèmes et sont les moins enclins à accepter tout changement qui pourrait menacer leur position. Ils argumentent sur des déclarations qui ne s'appliquent pas ou qu’ils n’auraient même pas l’intention d’appliquer si c’était possible, des déclarations qui regorgent de clauses garantissant le ‘statu quo’. Les réunions et les déclarations attirent un énorme cirque médiatique qui s'apparente à la cour du Roi nu**.

Les vraies réponses aux crises du climat et de la biodiversité résident dans une inversion de l'approche actuelle, et un rejet du New Deal for Nature et de son incapacité à comprendre la relation entre les peuples indigènes et la nature. Si nous voulons vraiment sauver notre monde, les riches doivent commencer par réduire leur surconsommation massive. Les dix pour cent les plus riches sont à l'origine de la moitié de la pollution totale de la planète, et ils doivent donc faire tout leur possible pour la réduire. Les conflits militaires et la croissance des technologies de l'information doivent être considérés comme les principaux pollueurs qu'ils sont. Le premier est à peine mentionné dans l'activisme climatique, et le plan pour le second est à l'opposé de ce qui est nécessaire, avec encore plus d’«intelligence artificielle» avide d'énergie qui fait la queue pour surveiller nos vies au profit de l'industrie et du contrôle de l'État. Si nous voulons réduire la dépendance aux combustibles fossiles, nous devons également réduire la dépendance aux technologies «intelligentes», et nous devons accepter le fait que les vraies solutions ne se trouvent pas dans les slogan de marketing comme le «net zéro», la compensation, les marchés du carbone ou la «tarification de la nature». On trouve de véritables solutions chez les populations locales qui ont réussi à créer et à gérer la biodiversité mondiale depuis la préhistoire.

L'humanité dans son ensemble n'est pas responsable de ces problèmes, un secteur en particulier l'est, et c'est le même qui propose le New Deal pour la nature. Ceux qui le promeuvent veulent dicter au reste du monde comment vivre, mais ils agissent surtout pour eux-mêmes. L'interdiction de l'activité humaine dans des «zones protégées» est une autre manifestation de l'orgueil qui nous a mis dans ce pétrin au départ. Les populations locales – celles qui conservent une certaine autosuffisance, du bon sens et un lien avec leur environnement – restent l'épine dorsale la plus solide de l'humanité, même aujourd'hui. Ils ont de meilleures réponses que les technocrates de la conservation et les autres élites mondiales qui manquent de perspective. En expulser encore plus et les réduire à une pauvreté sans terre les détruiront, ainsi que l'environnement. Ce serait désastreux pour tout le monde.

Nous devons respecter les droits fonciers et encourager les populations indigènes et les autres communautés locales à rester là où elles sont – si elles le souhaitent – pour continuer à gérer leurs terres à leur manière, et nous devons surtout mettre un terme au vol de leurs territoires pour la conservation. Ceux qui le souhaitent devraient maintenir leur autosuffisance, et non être contraints de se tourner vers les marchés mondiaux qui profitent plus que quiconque aux pollueurs. Nous devons leur «rendre» des terres précédemment volées, pour qu'ils les gèrent eux-mêmes. Nous devons les écouter plutôt que de les détruire, comme nous le faisons actuellement.

Il reste à voir si cela se produira. Les quelques voix qui font remarquer à l'empereur qu’il n'a pas de vêtements du tout, se heurtent à un cri assourdissant des propagandistes de la conservation et des médias grand public, qui affirment que le New Deal pour la nature est la solution parfaite. Le choix de la voix qui l'emportera dépendra de la crédulité des gens et de leur capacité à remettre en question à la fois leurs propres préjugés et leurs puissants intérêts. Il s'agit d'une véritable bataille, dont l'issue déterminera dans quelle mesure la nature sera encore volée à ce monde magnifique que nous avons contribué à créer.

** Le Roi nu. Il y a bien longtemps dans un pays lointain, vivait un roi qui aimait être bien mis. Il avait un habit pour chaque heure du jour. Un beau jour, deux escrocs arrivèrent dans la ville. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir. Ils proposèrent au souverain de lui confectionner des vêtements. Le roi pensa que ce serait un habit exceptionnel et qu’il pourrait ainsi repérer les personnes intelligentes de son royaume. Les deux charlatans se mirent alors au travail. Quelques jours plus tard, l’empereur, curieux, vint voir où en était le tissage de ce fameux vêtement. Il ne vit rien car il n’y avait rien. Troublé, il décida de n’en parler à personne, car personne ne voulait d’un roi sot. Il envoya plusieurs ministres inspecter l’avancement des travaux. Ils ne virent rien non plus, mais n’osèrent pas l’avouer, de peur de passer pour des imbéciles. Tout le royaume parlait de cette étoffe extraordinaire. Le jour où les deux escrocs décidèrent que l’habit était achevé, ils aidèrent le roi à l’enfiler. Ainsi «vêtu» et accompagné de ses ministres, le souverain se présenta à son peuple qui, lui aussi, prétendit voir et admirer ses vêtements. Seul un petit garçon osa dire la vérité : «Mais, le roi est nu!». Et tout le monde lui donna raison. Le roi comprit qu’il s’était fait berner.

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La COP26 qui a commencé ses travaux ce lundi 1er novembre à Glasgow n’échappe pas à la règle; photo de groupes, grand-messe, conciliabules, guéguerre en coulisse entre sherpas, lobbyistes chuchotant à l’oreille complaisante des conseillers des puissants de ce monde. Leur mission? Faire obstacle par tous les moyens aux engagements que pourraient imposer les Nations unies. Appointés par des actionnaires des entreprises mondialisées, ces communicants ont habilement vidé de sa substance ou contourné la nature même de l’écologie en gommant soigneusement la brutalité de l’économie libérale. Ils ont changé d'appellation à l’exemple de la Générale des eaux devenue Veolia, un nom qui «sonne plus doux à l’oreille du client». D’autres ont poussé leur raisonnement obscène jusqu’à qualifier «d’écoresponsable» l’appropriation des terres rares nécessaires à la fabrication notamment des smartphones. Du grand art!

Les multiples rapports produits par les scientifiques du monde entier ne font aucun mystère de ce à quoi nous sommes confrontés :« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. » Ce n’est pas le pitch d’un film d’horreur mais un constat tiré du récent rapport du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) publié en août 2021. On continue?

Serge Rémy, Mediapart, 3 novembre 2021

https://blogs.mediapart.fr/serge-remy/blog/011121/pavane-pour-une-planete-presque-defunte

Un vendeur de trains et d’autobus électriques à la COP26  

Ça tombe bien, Noël approche... les enfants adorent recevoir des trains électriques.

ICI Radio-Canada Environnement – Le Québec prend part à la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), à Glasgow, pour «mettre un peu de pression sur tous les chefs d'État». Celui qui s'est fait élire en 2018 avec un programme environnemental plutôt limité veut maintenant prêcher par l'exemple. Il rappelle que le Québec est, parmi tous les États fédérés d'Amérique du Nord, celui qui émet le moins de gaz à effet de serre par habitant, tout juste en dessous de 10 tonnes par habitant, par rapport à une moyenne de 20 tonnes au Canada. Le premier ministre avait d'ailleurs déjà indiqué qu'il avait bien l'intention de promouvoir à la COP26 la vente d'autobus et de trains électriques conçus et assemblés au Québec. Le document promotionnel de la mission fait valoir que le Québec est «incontournable» pour son «expertise électrique», d'Hydro-Québec jusqu'à la construction et le recyclage de batteries. Il déplore en outre l'absence à la COP26 de la Chine, le plus important pollueur mondial, et reproche à l'Inde, un autre grand pollueur, de repousser à 2070 l'objectif d'atteindre la carboneutralité. «Sans devenir anxieux, j'ai deux fils de 28 et 29 ans, et c'est préoccupant, l'avenir de la planète», conclut le premier ministre.

Si nos émissions de GES per capita sont plus basses, ce n’est pas dû au gouvernement, mais bien aux citoyens eux-mêmes. Ce qui se passe en coulisses démontre que le Québec n’a pas de leçons à donner en environnement!  

1. Le caribou forestier demeurera sans protection jusqu’en 2022. Même si le caribou forestier est considéré comme étant menacé de disparition depuis plus de 15 ans et que l’espèce poursuit son déclin, le gouvernement de François Legault a décidé de reporter à 2022 l’élaboration d’une «stratégie» pour éviter la disparition du cervidé en sol québécois.


«Je suis persuadé que nous trouverons ensemble le juste équilibre entre la protection de cette espèce et le maintien de la vitalité économique du Québec et de ses régions.» ~ Pierre Dufour, ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs  

En vertu de la «vision» du gouvernement de la Coalition avenir Québec, il est en effet prévu que le ministre prenne acte des travaux qui ont déjà permis de déterminer «l’habitat préférentiel» des caribous, tout en promettant que cela soit «sans impact sur l’industrie forestière et ses travailleurs».

«Des coupes forestières sont actuellement prévues dans des secteurs désignés comme étant importants pour la survie du caribou». ~ Pier-Olivier Boudreault,  biologiste

Alexandre Shields / Le devoir, avril 2019

https://www.ledevoir.com/societe/environnement/551361/caribou-forestier-quebec-repousse-l-elaboration-d-un-plan-de-protection-a-2022

Suite : Québec lance un projet de mise en captivité des caribous dans deux parcs nationaux. Le gouvernement Legault vient de lancer le projet de mise en captivité des derniers caribous de Charlevoix et d’une partie de ceux qui vivent en liberté dans le parc national de la Gaspésie, une mesure extrême censée les sauver de l’extinction. Québec refuse toutefois de s’engager à restaurer et à protéger leur habitat, qui a été dégradé par l’industrie forestière. Une situation qui condamne ces cervidés à la disparition, préviennent les experts. Professeur titulaire au Département de biologie de l’Université de Sherbrooke, Marco Festa-Bianchet craint que ces animaux soient déjà condamnés. Dans ce contexte, «il faut retenir des leçons pour les autres hardes de caribous au Québec. Il faut mettre en place un plan qui nous évite de nous retrouver encore avec des situations catastrophiques», prévient-il.

«Le caribou de Val-d’Or, c’était le canari dans la mine qui annonçait des jours sombres pour les caribous de Charlevoix et de la Gaspésie. Maintenant, les autres hardes qui vivent plus au nord risquent fort de subir le même sort, ajoute M. St-Laurent. Lorsqu’on fait des analyses de viabilité des caribous forestiers au Québec, on se rend compte que les populations ont peu de chances de se maintenir de façon naturelle au cours des 50 prochaines années. »

Alexandre Shields / Le devoir, juillet 2021  

https://www.ledevoir.com/societe/environnement/618576/quebec-lance-le-projet-de-mise-en-captivite-des-caribous-de-deux-parcs-nationaux

Le précédent gouvernement libéral n’était pas mieux : «Je ne sacrifierai pas une seule job dans la forêt pour les caribous», avait indiqué Philippe Couillard, lorsque contacté en 2014 par Le Progrès-Dimanche.  

2. On ne peut pas compenser ce qui a été détruit. La CAQ se fera un plaisir d’approuver ce projet de con, surtout s’il y a quelques emplois à l’horizon. Les conséquences à long terme, on s’en fout. Pourquoi laisse-on les Australiens violer notre territoire?!

Le Fonds de solidarité FTQ investira jusqu’à 75 millions de dollars dans l’expansion de la mine du Lac Bloom.

Pour pouvoir aller de l’avant, l’entreprise Minerai de fer Québec prévoit la destruction de lacs, de cours d’eau et de milieux humides afin de stocker les 872 millions de tonnes de résidus miniers qui seront produites au cours des prochaines années. Québec n’a pas encore décidé s’il autorisera la minière à procéder avec ce projet, qui a été sévèrement critiqué par le BAPE.

Minerai de fer Québec (MFQ), est une filiale de la minière australienne Champion Iron Limited, qui a racheté la mine du lac Bloom en 2016 grâce au soutien financier de l’État québécois.

La minière a pour sa part indiqué que des projets de «compensation» ont été élaborés pour les milieux humides et hydriques qui seront détruits par le stockage prévu. Les plans de compensation doivent être approuvés par le ministère de l’Environnement.

Le BAPE précise que ce projet entraînera «la destruction de 11 lacs, 15 étangs et 25 ruisseaux». La minière a donc prévu un programme de «restauration» pour compenser la perte de milieux naturels.

Alexandre Shields / Le Devoir 19 août 2021

https://www.ledevoir.com/societe/environnement/626241/le-fonds-de-solidarite-ftq-investit-dans-un-projet-minier-qui-pourrait-detruire-plusieurs-cours-d-eau

3. Le troisième lien, un projet né des lobbies de promoteurs immobiliers. Le premier ministre a finalement reconnu (le 28 octobre) que le 3e lien, ce mégaprojet de 10 milliards de dollars n’est pas «en ligne avec les objectifs» verts du Québec, à savoir, des objectifs de réduction de GES. Virement étonnant puisqu’il a défendu les vertus environnementales du tunnel entre Québec et Lévis. (Même scénario pour GNL Québec) Y a toujours bien des limites à se ridiculiser et à rire du monde.

Pour en finir avec l’étalement urbain

L’étalement urbain augmente la congestion routière, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi que les dépenses des municipalités en infrastructures. Un cocktail au goût amer pour le climat, alors que des solutions existent pour le freiner.

Ce mode de développement entraîne également la destruction de milieux naturels, empiète sur les terres agricoles, accentue notre dépendance à l’automobile et force citoyens et marchandises à parcourir des distances de plus en plus grandes. Ce sont en outre des milliers de kilomètres d’infrastructures (aqueduc, trottoirs…) qui doivent être construits pour desservir toute la population.

Malgré ses effets néfastes, le rêve de la maison unifamiliale en banlieue persiste dans l’imaginaire des Québécois. Quant aux villes, elles cherchent constamment à se développer puisque 70 % du financement des municipalités dépend des taxes foncières.

C’est au Québec que l’on s’étale le plus.  

Émilie Laperrière / Le Devoir, 9 octobre 2021

https://www.ledevoir.com/societe/environnement/638868/de-l-etalement-a-la-contraction-urbaine

4. Ray-Mont Logistiques asphalte le terrain où des citoyens voulaient créer un parc. Le promoteur d’un projet de transbordement de conteneurs situé aux limites d’un quartier résidentiel de l’est de Montréal vient de débuter l’asphaltage du site où des citoyens du secteur réclament la création d’un parc nature. Ces derniers redoutent les impacts des activités industrielles prévues par l’entreprise Ray-Mont Logistiques, qui n’a pas encore demandé, ni obtenu, toutes les autorisations nécessaires pour son projet.

Depuis lundi matin, les travaux d’asphaltage ont débuté sur le terrain de Ray-Mont Logistiques, situé au nord de la rue Notre-Dame et à l’est de la rue Viau. C’est là que l’entreprise entend construire une plateforme intermodale (qui permettrait de faire passer les conteneurs des camions aux wagons) qui serait en activité tous les jours, 24 heures sur 24. La plateforme comprendrait aussi l’empilement d’un maximum de 10 000 conteneurs sur le site, en vue de leur exportation par navires, et un millier de passages de camions chaque jour.

Alexandre Shields / Le Devoir, 5 octobre 2021

https://www.ledevoir.com/societe/environnement/637896/environnement-ray-mont-logistiques-debute-ses-travaux-sans-avoir-toutes-les-autorisations

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(1) Lobbytomie Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

Stéphane HOREL * / Éditions La Découverte 2018

 


Lobby des pesticides. Lobby du tabac. Lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les «lobbies» de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de superpouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.

   C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.

   Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en «lobbytomie».

* Stéphane Horel, journaliste indépendante et collaboratrice du Monde, explore de longue date l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques. En 2017, son travail sur les perturbateurs endocriniens - qui a donné lieu au livre Intoxication, La Découverte, 2015 - a été récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. En 2018, elle a reçu, avec Stéphane Foucart, l’European Press Prize de l'investigation pour leur série sur les Monsanto Papers publiée dans Le Monde.

https://situationplanetaire.blogspot.com/search?q=Lobbytomie