28 février 2016

Mort indigne : on nous mène la vie dure

L’opposition à l’aide médicale à mourir ne dérougit pas. Pourquoi pénaliser la majorité qui veut en bénéficier en vertu de la vision étroite d’une minorité de médecins? On ne tient pas compte des athées et des agnostiques pour qui le paradis et l’enfer n’existent pas.

Presse Canadienne, Toronto (via La Presse) : 
     Aide à mourir : des médecins envisagent de quitter la pratique 
     La recommandation d'un comité parlementaire sur l'aide médicale à mourir, selon laquelle les médecins refusant d'accorder le service seraient contraints de référer leurs patients à un collègue volontaire, est non seulement décevante, mais elle mène des médecins à considérer quitter la pratique, soutient l'Association médicale canadienne (AMC). Le renvoi des patients a été une question épineuse parmi les membres du groupe. Plusieurs croient qu'ils ne devraient pas être contraints à fournir le service d'aide médicale à mourir, ni à faciliter la procédure lorsqu'elle entre en conflit avec leurs valeurs morales, religieuses ou éthiques.
     Parmi les médecins qui s'opposent fermement à l'aide à mourir, un bon nombre d'entre eux dit : «Si je le réfère à un autre médecin et que je sais qu'il va mener l'acte d'aide à mourir, je suis automatiquement moralement complice, parce que j'ai facilité le processus.»

Que pense l’AMC des jeunes militaires qu’on envoie  (possiblement) se faire tuer au Moyen-Orient avec la bénédiction du gouvernement?

De toute façon, j’ai peine à croire que des médecins abandonneraient une pratique aussi lucrative : «Les médecins québécois sont payés 253 000 dollars en moyenne, selon les chiffres publiés par l’Institut canadien d’information sur la santé. Ils se classent au huitième rang lorsqu’on les compare à leurs collègues des autres provinces canadiennes. C’est l’Alberta qui arrive au premier rang (349 655 dollars), suivie par l’Ontario (340 000 dollars), puis par la Saskatchewan (324 300 dollars). L’Île-du-Prince-Édouard ferme la marche (235 800 dollars). Évidemment, les salaires peuvent varier grandement autour de la moyenne selon la spécialité du médecin.» (L’actualité, 2013)

Comme disait ma mère, tandis qu’elle était encore lucide (90+) : «Qu’est-ce que je fais ici? À quoi je sers? J’ai fini ma vie. Euh... ah oui, ça fait travailler du monde...» Elle n’avait pas tort. Il est bien évident que les personnes en grave perte d’autonomie ont besoin d’aide. Néanmoins, l’entreposage de personnes en soins prolongés est un business payant (pour les médecins, l’industrie pharmaceutique, les services d’appoint...) – ça fait rouler l’économie. Par contre, ceux qui font le sale boulot (nourrir à la cuillère, baigner, torcher, changer les couches nauséabondes) sont mal rémunérés. Donc, les épargnes réalisées sur les salaires des médecins démissionnaires pourraient être partagées entres ces employés défavorisés – justice sociale...


Joy Tomkins, âgée de 81 ans (2011), s’est fait tatouer DO NOT RESUSCITATE (Ne pas réanimer) sur la poitrine, et PTO (Please Turn Over – Retourner) sur le dos pour signifier aux médecins de la laisser mourir si elle tombe gravement malade et perd conscience. Une dame très déterminée à éviter le cauchemar des soins de longue durée. Mais, le tatouage ne suffit pas, il faut des directives écrites en bonne et due forme.
Son histoire : http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/02/la-mort-choisie.html

Deux articles intéressants sur le site Dye With Dignity Canada  
(Traduction maison)

Le médecin retraité David Amies s’est rendu à un colloque sur l’aide médicale à mourir organisé par St. Andrew’s Church (Calgary, Alberta). Dans son article intitulé Les opposants religieux à l’aide médicale à mourir ignorent les réalités terrestres, il rapporte les propos de certains panélistes. 
     «Les arguments religieux contre l’aide médicale à mourir ne tiendront pas la route pour les non-croyants parmi nous – et en insistant, ils risquent de s’aliéner la sympathie de beaucoup de Canadiens croyants», affirme-t-il. 
     »L’organisatrice du colloque a présenté avec passion une longue dissertation théologique. Elle a affirmé, entre autres choses, que Jésus de Nazareth était l’incarnation de Dieu et qu’il avait gravement souffert sur la croix. Elle a laissé entendre que si Dieu avait enduré tant de souffrances insupportables, alors sa création, à savoir l'humanité, devait en faire autant. Par conséquent, utiliser une loi humaine pour échapper aux possibles souffrances de fin de vie était tout à fait inacceptable, voire, blasphématoire. Elle a défendu son point avec tant de véhémence qu’elle en pleurait quand elle s'est assise. Apparemment, elle n'avait pas pensé que ses paroles n’avaient aucun sens pour de nombreuses personnes de l'auditoire qui ne charrient pas de concepts de Dieu. 
     »Le représentant de Dying With Dignity Canada a de loin donné le meilleur exposé. Il a été bref, convaincant, direct et impassible. Je soupçonne qu'il était le seul panéliste du groupe non imprégné d'idéologie religieuse.» [...]

Article intégral en anglais : http://www.dyingwithdignity.ca/earthly_realities

Je m’approprie cette citation du site atheisme.free : «[Je respecte] la liberté pour chacun de croire aux esprits des ancêtres, à Dieu, au Père Noël, à la licorne bleue, à la vie éternelle ou à d'autres phénomènes, selon l'environnement culturel, si cela peut aider à mieux vivre la courte existence humaine. Mais les croyances et les doctrines religieuses deviennent dangereuses si elles menacent la liberté et l'intégrité de l'individu ou de la société.»

«La vie est un droit, non pas une obligation.» ~ Ramon Sampedro

Suit un témoignage extrêmement pertinent qui reflète ce qu’un grand nombre de personnes vivent dans les centres de soins de longue durée.


La peau comme du papier de soie... Obliger les gens à se rendre jusque-là ne correspond pas à ma perception de l’amour, de la charité et de la compassion.

Le 26 janvier 2015 j'ai perdu ma chère mère.
Elle avait 70 ans.

Par Lauri (17 juillet 2015, DWD Canada)

Elle a vécu pendant plus de huit ans avec une peine de mort qui pesait sur elle. Elle a combattu âprement, mais je ne souhaite à personne les dernières semaines de sa «vie».
     Les derniers jours de ma mère consistaient à hurler à pleins poumons pendant des heures : «Papa, s'il te plaît, aide-moi. Papa, aide-moi, s'il te plaît, s’il te plaît» et «Quelqu'un aidez-moi, s'il vous plaît, aidez-moi, s'il vous plaît, s’il vous plaît».
     Les infirmières venaient pour essayer de la calmer – mais n’y arrivaient pas. Je m’allongeais parfois dans le lit avec elle pour la calmer – en vain. Tout le personnel de l'unité s’agitait, paniquait. Cette femme timide, réservée qui n'avait jamais voulu déranger personne passait les dernières heures de sa vie à embêter chaque patient, chaque visiteur et chaque membre du personnel avec ses supplications pour obtenir de l'aide. 
     Certains diront que ma mère n'avait pas conscience que ses dernières semaines se déroulaient de la sorte – mais, c'était la plus grande crainte de ma mère, et elle aurait planifié une alternative. Elle aurait pu en être épargnée, si elle avait eu le choix.

Un diagnostic rare

Au début de la soixantaine, on a diagnostiqué une forme de cancer du sang assez rare appelé macroglobulinémie de Waldenstrom. Un cancer qui ne croissait rapidement mais qui était fatal. Son espérance de vie était de sept ans à compter de la date du diagnostic. Il n'y a pas de remède.
     Pendant plusieurs années, elle a reçu des traitements de chimiothérapie périodiques qui semblaient amener une rémission (d’une certaine façon). Puis, il y a deux ans, le cancer gagna la moelle osseuse et elle se retrouva en soins intensifs puisque les médecins n’avaient pas d'autre choix que de lui bombarder le corps avec des doses massives de chimiothérapie. 
     Elle a survécu à cette crise, mais nous avons constaté que cela lui demandait beaucoup. La drogue avait tué le cancer mais gravement affaibli son système immunitaire. Elle a quitté l'hôpital une fois qu’il a commencé à se rétablir, mais elle a bientôt reçu un diagnostic de C. difficile qu’on semblait incapable de guérir. Ce fut des allers-retours à l'hôpital pendant un an et, à la fin, son corps était ravagé. Elle avait perdu 36 kg et elle était faible. Bronchites et pneumonies l’affaiblirent encore plus, mais elle a survécu. Non seulement elle vivait toujours, mais elle a commencé à planifier sa mort. Elle ne voulait pas ennuyer ni déranger qui que ce soit. ...
[...] 
     L'été dernier, elle ne se sentait pas bien, et son visage était tuméfié. Elle s'est rendue chez l’oncologue pour un check-up et il nous a informés qu'elle avait un lymphome non hodgkinien. Elle avait besoin d’une chimiothérapie plus «agressive». Elle a été courageuse. Elle a subi le traitement. [...]

Manque de chance

En décembre 2014, la chance l’a abandonnée. Elle dormait davantage et, quand elle était éveillée, elle semblait confuse et de plus en plus malade. Nous avons pensé qu'elle avait peut-être une infection à cause de la vulnérabilité de son corps. On l’a conduite une fois de plus à l'hôpital, mais ils n’ont pas détecté d’infection. Cependant, une IRM cérébrale indiqua que le cancer s'était propagé.
     Je suis allé chez elle ce week-end là pour lui tenir compagnie mais il ne restait pas grand-chose d’elle. Je sais en mon coeur et en mon âme que, si l'option avait été disponible, elle aurait pris des arrangements pour l’aide médicale à mourir avant de perdre la capacité de le faire. L'une de ses plus grandes peurs, avant le dernier diagnostic et de manière encore plus aiguë après, était de devenir complètement dépendante et de «perdre la raison». Ma mère n'a jamais été vaniteuse mais elle était très digne - elle n'aimait pas que les gens la voient débraillée, malade, en perte d’autonomie.
     Ses dernières semaines sur terre l’ont horrifiée et mortifiée. Quand je l’ai vue, son cancer du cerveau affectait son estomac, son équilibre, elle était presque sourde et souffrait de maux de tête presque constants, et elle était très confuse, ça n’avait aucun sens. Elle pouvait suivre les instructions de base des infirmières mais n’arrivait pas à se faire comprendre. Je n'oublierai jamais ses efforts pour me dire quelque chose qui semblait d'une importance cruciale pour elle, mais tout ce qui sortait de sa bouche c’était «Mamie a atterri sur un canard». Pour ma part, je ne comprenais pas ce qu'elle essayait de dire. 
     Le cancer du cerveau semblait également l’empêcher de dormir. À tour de rôle nous passions sept heures par jour avec elle. Elle fermait rarement les yeux – elle ne dormait jamais plus que quelques minutes. Nous n'arrivions pas à la garder au  lit, comme si son esprit lui commandait de faire des tas de choses : nettoyer, décorer, faire des préparatifs, etc. À chaque matin le personnel infirmier nous disait «votre mère a eu une très mauvaise nuit, elle n'a pas beaucoup dormi». Ils semblaient incapables de trouver un médicament qui puisse la calmer, et la sédation semblait avoir l'effet inverse.

«Les indignités semblait s'accumuler à chaque jour»

Durant les semaines qui suivirent, le problème ne fut pas résolu et son agitation a continué. On nous avait dit qu'ils devaient être prudents avec les médicaments parce qu'ils ne pouvaient pas «hâter sa mort». (Toutefois, il semblait correct de la laisser mourir de faim; on nous avait dit qu'à un certain moment elle serait incapable de manger de sorte que «la mort viendrait rapidement».) 
     À deux reprises, quand je suis arrivée à l'hôpital le matin, on m’a informée qu'elle était tombée pendant la nuit. La première fois, elle est tombée face contre terre et s’est cassé le nez, elle avait les yeux au beurre noir, le nez fendu, une bosse grosse comme un oeuf d'oie au milieu du front et les deux bras écorchés (sa peau était comme du papier après des années de stéroïdes). Le personnel de l'hôpital pensait qu'elle s'était fracturé le bras. La deuxième fois, elle tomba par derrière et nous pensions à une fracture de la hanche, car elle ne se déplaçait pas sans grimacer, gémir de douleur et se tenir la hanche. Ils n'ont pas radiographié pour confirmer ses blessures étant donné qu’elle était incapable de coopérer et de suivre leurs instructions. Le personnel n'a pas recousu son nez parce qu'il n’arrivait pas à l’immobiliser suffisamment. 
     L’absence de points de suture est devenue problématique dans les jours qui ont suivi. Elle frottait constamment la plaie qui l’irritait. Quand nous étions là, nous descendions doucement sa main (des centaines de fois) en lui expliquant pourquoi elle ne devait pas y toucher. Que se passait-il quand nous n'étions pas là? Je n'oublierai jamais le matin où en arrivant je lui ai retiré sa ceinture de sécurité (ils l’avaient finalement confinée dans un fauteuil muni d’une sangle qui l'empêchant de se lever). J’ai soulevé sa couverture et j’ai vu qu'ils avaient scotché des bas à ses mains. Elle a levé les mains devant son visage en les regardant sans expression – apparemment elle essayait de comprendre pourquoi elle ne pouvait pas voir ses doigts ni utiliser ses mains, et ne savait pas quoi faire. 
     Elle ne comprenait pas pourquoi elle devait elle-même être toujours recouverte. Ma timide, ma digne mère, baissait son pyjama ou relevait sa robe constamment devant n'importe qui dans la salle. Un jour, une infirmière m'a informée avec désinvolture que ma mère marchait dans le corridor avec seulement sa couche. J’imagine qu’aucun proche ne se réjouirait d’apprendre pareille nouvelle; mais, pour moi, ce fut dévastateur.

Les indignités s’accumulaient de jour en jour au cours des dernières semaines. La pensée qu'elle a été forcée de les subir me hante encore aujourd'hui.

Source: Dying With Dignity Canada. It’s your life. It’s your choice. http://www.dyingwithdignity.ca/  

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Pendant soixante ans
sans une seule nuit de danse
a été ma vie

Kobayashi Issa (trad. J. Cholley)

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Le reste de ta chanson
je l’écouterai dans l’autre monde
coucou

Anonyme (trad. M. Coyaud)

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Voyez les libellés «Religions» et «Euthanasie».

Rapport du Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir

Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité

Montréal, 25 février 2016

C’est avec respect et enthousiasme que l’AQDMD reçoit le rapport du Comité mixte
spécial sur l’aide médicale à mourir, co-présidé par Ms. Ogilvie et Oliphant.

Le rapport nous apparaît très respectueux de l’esprit de la décision de la Cour Suprême dans l’arrêt Carter c. Canada (6 février 2015). Le rapport reflète les diverses opinions parfois contradictoires mais trace une ligne consensuelle tout au moins en regard des volontés exprimées par une vaste majorité de citoyens canadiens.

Les recommandations émises nous apparaissent aussi justes que pondérées et indiquent clairement nous semble-t-il les balises qui pourront être suivies par le législateur, en accord avec les droits et libertés des citoyens dans un système démocratique et pluriel.

Nous tenons aussi à souligner certaines recommandations qui nous paraissent incontournables eu égard à la loi 2 au Québec. Ainsi, la recommandation no 2 donne ouverture à l’aide médicale à mourir (AMM) pour les patients atteints de maladies non terminales, ce qui permet entre autre au patient avec maladie neurologique dégénérative irrémédiable de faire la demande d’AMM. De même, la recommandation no 3 sur les patients atteints d’une maladie psychiatrique nous apparaît tout aussi importante eut égard à la souffrance psychologique intense que certains patients peuvent endurer avec peu ou pas d’espoir d’amélioration.

La recommandation no 7 sur les directives médicales anticipées est tout aussi importante et touche les inquiétudes d’une grande partie de la population. Enfin, nous sommes sensibles à la recommandation no 11 qui recommande que «tous les établissements de soins de santé financés par l’État offrent l‘aide médicale à mourir» sans donner de précision sur le pourcentage de ce financement.

L’AQDMD remercie le comité fédéral pour l’ensemble de son travail, effectué dans un très court délai.

Au nom du conseil d’administration,
Georges L’Espérance, neurochirurgien
Président
AQDMD

http://www.aqdmd.qc.ca/

Rapport du Comité mixte spécial sur l’aide médicale à mourir
Février 2016
42e législature, 1re session

Extraits

RECOMMANDATION 2
Que l’aide médicale à mourir soit accessible aux personnes atteintes de maladies terminales et non terminales graves et irrémédiables leur causant des souffrances persistantes qui leur sont intolérables au regard de leur condition. 

     2. Maladies mentales 
     Étant donné que les requérants dans l’affaire Carter ne souffraient pas de troubles de santé mentale, la Cour ne s’est pas prononcée sur la question de l’AMM dans le contexte des maladies psychiatriques. Jeanette Ettel, avocate-conseil à la Section des droits de la personne du ministère de la Justice, a déclaré que le Comité avait toute latitude pour décider si les troubles psychiatriques devraient faire partie des maladies ouvrant droit à l’AMM. 
     À l’instar du Comité externe, le Comité a entendu des opinions contraires quant à la façon d’aborder la santé mentale dans le contexte de l’AMM. Selon Benoît Pelletier, membre du Comité externe et spécialiste en droit constitutionnel, le Comité externe avait constaté que les Canadiens appuyaient surtout l’AMM pour une maladie physique, mais qu’à première vue, les critères établis dans l’arrêt Carter pouvaient tout aussi bien s’appliquer aux troubles psychiatriques. La professeure Downie et d’autres étaient d’accord avec lui : 
     [...] la santé mentale ne devrait pas être un critère d’exclusion. La Cour suprême ne l’a pas exclu, et les personnes atteintes d’une maladie mentale ne sont pas toutes inaptes. Les médecins déterminent déjà, sur une base régulière, si une personne est apte, même dans le cas de personnes atteintes d’une maladie mentale. De plus, la souffrance associée à la maladie mentale peut être aussi insoutenable que la souffrance associée à une maladie physique. Enfin, je dirais que l’exclusion d’une personne fondée sur la maladie mentale irait à l’encontre de la Charte. 
     Plusieurs personnes ont exprimé, dans leur témoignage ou mémoire, leurs inquiétudes quant à l’inclusion des maladies mentales dans le contexte de l’AMM. Le docteur K. Sonu Gaind, président de l’Association des psychiatres du Canada, a présenté certaines des questions à régler : 
     En ce qui concerne l’irrémédiable, il faut en déterminer soigneusement la signification dans le contexte de la maladie mentale. Bien sûr, irrémédiable ne peut pas simplement signifier incurable. Beaucoup d’états sont considérés, par la psychiatrie et la médecine, comme chroniques et incurables, mais cela n’empêche pas d’agir pour remédier à la situation ou l’améliorer. 
     Selon le docteur Raek Rajji, chef du service de psychiatrie gériatrique au Centre de toxicomanie et de santé mentale : 
     La maladie mentale peut donc être grave pour certaines personnes. Les symptômes peuvent causer des souffrances psychologiques et parfois physiques persistantes. La souffrance n’est cependant pas synonyme d’incurabilité, et si l’évolution naturelle de la maladie ne conduit pas à une mort inévitable ou prévisible, nous avons la possibilité d’offrir un traitement axé sur le rétablissement. 
     [...] sur le plan des déterminants sociaux de la santé, les personnes atteintes de maladies mentales peuvent être vulnérables : elles peuvent connaître la pauvreté, vivre dans un logement inadéquat et être dépourvues de soutien social. Ces circonstances peuvent exacerber leur souffrance et les amener à penser que leur maladie est incurable. [...] dans un milieu clinique axé sur le rétablissement, il est toujours possible que la maladie mentale puisse être guérie. 
     En guise de réponse, la professeure Downie a rappelé au Comité l’aspect suivant du jugement dans l’arrêt Carter
     Il convient d’ajouter que le terme «irrémédiable» ne signifie pas que le patient doive subir des traitements qu’il juge inacceptables. 
     Le Comité reconnaît que l’application des critères d’admissibilité à l’AMM dans le cas de patients souffrant d’une maladie mentale, en particulier lorsque cette maladie est à l’origine de la demande, posera des problèmes particuliers. Cependant, si la personne est capable et répond aux autres critères définis dans la loi, le Comité ne voit pas comment on pourrait lui refuser un droit reconnu par la Charte à cause du trouble mental dont elle est atteinte. Par ailleurs, d’après le Comité, l’arrêt Carter n’exclut pas les personnes atteintes de maladies mentales. 
     Toute demande d’AMM devra répondre à l’ensemble des critères, y compris ceux touchant le caractère irrémédiable du problème de santé et la capacité du patient. Comme l’ont rappelé plusieurs témoins, les professionnels de la santé devront assurer un juste équilibre entre le droit des Canadiens d’accéder à ce droit protégé par la Constitution et la protection des personnes vulnérables qui pourraient être forcées à demander une aide médicale à mourir. Il sera sans doute difficile pour les professionnels de la santé de gérer les cas de troubles mentaux, mais le Comité a confiance en l’expertise de ces professionnels et en leur capacité d’établir et d’appliquer des lignes directrices appropriées. La complexité de tels cas ne justifie pas que l’on fasse de la discrimination à l’endroit de ces personnes en leur refusant l’accès à l’AMM. Le Comité s’attend à ce que très peu de personnes demandent l’AMM en raison de troubles de santé mentale, comme on a déjà pu l’observer dans les sociétés qui ont légalisé l’AMM.

RECOMMANDATION 3
Que l’on ne juge pas inadmissibles à l’aide médicale à mourir les personnes atteintes d’une maladie psychiatrique en raison de la nature de leur maladie.

RECOMMANDATION 7
Que l’on autorise le recours aux demandes anticipées d’aide médicale à mourir à tout moment, après qu’une personne aura reçu un diagnostic de problème de santé qui lui fera vraisemblablement perdre ses capacités ou un diagnostic de problème de santé grave ou irrémédiable, mais avant que les souffrance ne deviennent intolérables. Une personne ne pourra toutefois pas faire de demande anticipée avant d’avoir reçu l’un ou l’autre de ces diagnostics. On appliquera aux demandes anticipées les mêmes mesures de protection que pour les demandes d’aide immédiate.

23 février 2016

Monsanto au banc des accusés

Le Tribunal de citoyens «Crimes contre la nature et l'humanité, et écocide» poursuit Monsanto

Par Michelle Schoffro Cook (Care2)

À la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris, on a annoncé qu’un procès contre Monsanto – intenté par des groupes d'activistes environnementaux – aura lieu devant la Cour internationale des citoyens à La Haye, Pays-Bas, le 16 octobre 2016 (lors de la Journée mondiale de l'alimentation).

Ce ‘tribunal mondial de citoyens’ inclura des groupes environnementaux qui représenteront des millions de personnes qui luttent contre Monsanto ainsi que 800 organismes affiliés provenant de 100 pays.



Selon le communiqué de presse publié par Organic Consumers Association, il s’agit d’une «cour internationale qui évaluera la potentielle responsabilité criminelle de Monsanto en matière de dommages causés à la santé humaine et à l'environnement». La cour citoyenne suivra les règles développées par les Nations Unies.

Le procès sera mené par des juges et des avocats professionnels, dirigés par Olivier de Schutter.

Comme il s'agit d'un tribunal de citoyens (1), Monsanto ne sera pas officiellement accusé ou condamné. Toutefois, tout au long de l'histoire, les tribunaux de citoyens ont été de puissants outils de changement dans les cas où le système judiciaire ordinaire ne parvenait pas à demander des comptes aux autorités gouvernementales ou aux grandes sociétés.

Lors de cette annonce, le président de l'IFOAM, André Leu, a déclaré sans ambages : «Monsanto peut ignorer les dommages causés aux humains et à l’environnement par ses produits et maintenir ses activités dévastatrices grâce à sa stratégie de dissimulation systématique : recours au lobbying auprès des agences de réglementation et des gouvernements, au mensonge et à la corruption, au financement d’études scientifiques frauduleuses, à des pressions sur les scientifiques indépendants, et à la manipulation de la presse et des médias.»

L'annonce s'inscrivait aussi dans la foulée d'une récente décision de la cour française de poursuivre Monsanto pour empoisonnement chimique. En outre, l'Organisation mondiale de la santé avait déclaré plus tôt cette année que le glyphosate était une substance «probablement cancérigène».

Le pesticide connu sous le nom «Roundup» contient du glyphosate et il est intégré aux graines génétiquement modifiées (maïs, soja, colza) Roundup-Ready de Monsanto. Même si l’agence Cancer Research de l'Organisation mondiale de la santé a déclaré que le glyphosate était probablement cancérigène, Monsanto maintient sa position : «aucune agence de réglementation dans le monde ne considère le glyphosate comme un agent cancérigène».

Par ailleurs, dans sa Proposition 65 qui demande à l'État de publier la liste des produits qui causent le cancer et des malformations congénitales, la California's Environmental Protection Agency entend étiqueter le glyphosate comme «cancérigène».

La poursuite judiciaire internationale ne portera pas uniquement sur le glyphosate. Des douzaines de groupes témoigneront sur la longue liste de produits toxiques développés par l'entreprise, notamment : les BPC (biphényles polychlorés); l'acide 2,4,5-trichlorophénoxyacétique (2,4,5-T), un composant  de l'agent Orange (2); et Lasso**, un herbicide interdit en Europe.

Comme de nombreux militants, j’espère que la déclaration publique du physicien, auteur et activiste Dr Vandana Shiva, laisse entrevoir la conclusion de la Cour : «Monsanto a imposé les OGM afin de percevoir des redevances auprès des agriculteurs pauvres, les piégeant dans l'incapacité de rembourser leur dette et les poussant au suicide. Monsanto promeut un modèle agro-industriel qui contribue au moins à 50 % des émissions de gaz à effet de serre anthropiques globales. Monsanto est aussi largement responsable de l'appauvrissement des sols et des ressources en eau, de l'extinction des espèces et de la diminution de la biodiversité, et du déplacement de millions de petits agriculteurs dans le monde entier.»

** À l’émission Médium large, ICI Radio-Canada Première (23/02/2016) :  
Paul François, agriculteur en guerre contre Monsanto

L'agriculteur Charentais (France) est de passage à Montréal pour participer à une discussion sur les répercussions des pesticides sur nos vies. Intoxiqué après avoir inhalé les vapeurs de l’herbicide Lasso, en 2004, il a intenté et gagné une poursuite contre le géant pour préjudice à son endroit, devenant le premier agriculteur français à faire condamner Monsanto. 
   La discussion Pesticides : quels enjeux pour la santé? aura lieu ce soir à 19 h à l'Université Laval, à Québec. 
   La conférence Victoire historique contre Monsanto! Et après? aura lieu le 29 février à 18 h à la salle des boiseries de l'UQAM (Montréal). 
   Paul François sera de retour en novembre pour participer au festival du film d'investigation environnementale, économique et sociale à Saint-Jérôme.


L'agriculteur Paul François arrive au tribunal de Lyon avant l'ouverture du procès en appel contre Monsanto le 28 Mai 2015 / afp.com – Jeff PACHOUD

La vie de l'agriculteur bascule le 27 avril 2004, lorsqu'il vérifie une cuve ayant contenu du Lasso -- "un herbicide pour le maïs que j'utilisais depuis au moins quinze ans" -- et qu'il inhale des vapeurs toxiques. S'ensuit une longue période d'hospitalisation durant laquelle les médecins craindront plus d'une fois pour sa vie, sans jamais faire le lien avec l'herbicide de Monsanto. "D'examen en examen, de coma en coma, on a fini par trouver une importante défaillance au niveau cérébral. Là, ma famille a commencé à faire son enquête sur le Lasso", à ses frais, explique l'agriculteur.

La bonne nouvelle c’est qu’il a gagné son procès contre Monsanto. 

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(1) Clarification : ce «tribunal mondial de citoyens» n'est pas juridiquement contraignant. Dommage...

(2) La compagnie Dow Chemical a été un des producteurs de l'agent orange et a été reconnue responsable en 2013 par la justice sud-coréenne des maladies de peau développées par des vétérans de la guerre du Vietnam à la suite de leur exposition à cet herbicide. Ayant racheté Union Carbide en 2001, Dow Chemical a été associé à la catastrophe de Bhopal survenue en Inde en 1984. 
   Dow est le plus grand fabricant de plastiques : polystyrène, polyuréthane, polytéréphtalate d'éthylène, polypropylène, et caoutchouc synthétique. Il est aussi un important fabricant de chlorure de calcium et d'oxyde d'éthylène, tout comme de divers acrylates, surfactants et résines de cellulose. Il produit pour l'agriculture. En ce qui concerne le marché du consommateur individuel, ses produits les plus connus sont le Saran Wrap, les sacs Ziploc, le Styrofoam et le Silly Putty.

Pour en savoir plus sur la situation au Canada http://www.vigilanceogm.org/

Dans la même veine (incluant vidéo) :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/10/le-quebec-paradis-des-pesticides.html

Québec a perdu le contrôle des pesticides

Exclusif - L'utilisation de pesticides agricoles atteint des niveaux record au Québec. De nouvelles données compilées par Radio-Canada montrent une présence préoccupante de ces produits toxiques dans l'environnement. Dans le même temps, le gouvernement provincial réduit ses efforts budgétaires pour trouver des solutions de rechange plus écologiques, et ce sont les vendeurs de pesticides qui en profitent.
Un reportage de Thomas Gerbet :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/National/2015/10/21/001-pesticides-quebec-agriculture-rivieres.shtml

21 février 2016

Dernier sondage de Dying With Dignity Canada


80 % des personnes interrogées sont en faveur de l’aide médicale à mourir demandée par anticipation.

Commentaire d’une internaute (Gail Dillane) sur le site DWD : 
Entreposer les gens dans des foyers de soins de longue durée n'est pas la solution. Le personnel médical surchargé de travail ne peut pas s’occuper convenablement du grand nombre de personnes atteintes de démence, nombre qui s’accroîtra dans les cinq prochaines années. Ce qu’on offre n’inclut aucune qualité de vie.

Tous ceux qui ont vu des personnes âgées souffrant de démence s’arracher les cheveux sur la tête (littéralement), délirer, avoir de soudains accès de violence, tomber parce qu’elles sont dopées, et se comporter comme des chimpanzés, comprennent très bien que la démence (Alzheimer et/ou sénilité) mérite l’aide à mourir au même titre que le cancer terminal et les autres maladies incurables. Le personnel médical nous a donnés des leçons de morale à profusion lorsque nous avons osé parler de sédation palliative pour notre mère – dans leur tête, c’est un assassinat. Ils préféraient la regarder s'assommer sur le plancher ou attendre qu’elle fasse une embolie pulmonaire à la suite d’une pneumonie. "La mort doit survenir naturellement, mais nous assurons les mesures de confort nécessaires"... Bien sûr, bien sûr. Je pense qu'à force d'en voir, ils sont complètement déconnectés et insensibles à la réalité du patient. (Voyez : «Lois absurdes», 11 janvier 2015, et libellé «Euthanasie», Situation planétaire)

Si vous voulez avoir une bonne idée de la vie en CHSLD voyez ce documentaire. Et puis, décidez si vous voulez finir votre vie dans pareilles conditions. Le personnel n'est pas à blâmer, loin de là. C'est l'état de santé du patient qui est pitoyable. Même si vous pouvez vous payer un endroit luxueux, ça n'y changera rien. Alors, prenez le temps de remplir une demande par anticipation lorsque ce sera légalement possible.

En soins de longue durée :
http://zonevideo.telequebec.tv/media/496/en-soins-de-longue-duree/soins-intensifs   

Le patient qui reçoit un diagnostic de démence peut demander l'aide médicale à mourir, mais pas une fois qu’il sera alité et incapable de se laver, de se raser et d’aller aux toilettes par lui-même, car on considère qu’il aura alors perdu la lucidité nécessaire pour en faire la demande :
«Si l’on n’offre pas le choix aux Canadiens atteints de maladies dégénératives comme la démence de faire une demande par anticipation, plusieurs seront devant un choix cruel : mourir trop tôt tandis qu’ils sont encore sains d’esprit ou vivre un très, très long cauchemar.» (Shanaaz Gokool, DWDC’s National Campaigns Director and incoming CEO)


Un aperçu du très long cauchemar 

Symptômes de démence sénile
- Fabulation, fausses reconnaissances.
- Désorientation temporelle plus ou moins marquée.
- Humeur généralement euphorique, avec une faible conscience des troubles.
- Évolution progressive, avec aggravation des troubles mnésiques.
- En fin de vie, la démence est totale, avec gâtisme et état grabataire.
- La mort survient au bout de 5 à 10 ans.
(Source : psychologie.aujourd’hui.com)

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Dyng with Dignity Canada (DWD) vient de publier un sondage dont vous trouverez plus bas l’essentiel.

Nous vous informons ici des conclusions les plus importantes.

• Huit Canadiens sur 10 sont d'accord que les personnes qui rencontrent les critères établis pour l’aide médicale à mourir (AMAM) devraient être en mesure d’en faire la demande à l’avance (directives médicales anticipées - DMA).

• Ce soutien a été élevé et constant à travers le pays, sans variations régionales significatives.

• Les personnes handicapées sont à 88% en faveur de la demande d’AMAM dans leurs DMA lorsqu’il y a un diagnostic médical précis.

• Les personnes qui déclarent avoir un membre de leur famille atteint de démence sont 81% en faveur de l’AMAM.

• Parmi ceux qui sont d’accord avec la décision de la Cour suprême, 90% pensent que la mort médicalement assistée devrait être disponible par consentement préalable.

~ Georges L’Espérance, neurochirurgien
Président de l'AQDMD http://www.aqdmd.qc.ca/


Photo : Philippe Huguen (Belgique)

http://www.dyingwithdignity.ca/advance_consent_assisted_dying_poll

We just finished an in-depth media briefing about the poll at our offices this morning, and we are thrilled to share the highlights with you now:

• Eight in 10 Canadians agree that individuals who qualify for physician-assisted dying should be able to consent to assisted death in advance;

• Support was consistently high across the country, with no significant regional variations;

• Individuals in the disability community are 88% in favour for advance consent with a medical diagnosis;

• Individuals who report having a family member with dementia are 81% in support;

• Of those who supported the Supreme Court’s decision, 90% believe physician-assisted dying should be available by advance consent.

New poll: 8 in 10 Canadians support the right to advance consent for assisted dying

Posted by Dying With Dignity Canada on February 11, 2016

Eight in 10 Canadians agree that individuals with a grievous and irremediable medical condition, including patients with dementia, should be permitted to consent to assisted death in advance.

This is a key finding of a new public opinion poll commissioned by Dying With Dignity Canada and conducted by Ipsos Reid. The poll digs into one of the most sensitive issues facing federal lawmakers as they prepare new rules for physician-assisted dying: the issue of advance consent, and more specifically, whether a still-competent patient with a serious degenerative illness should be allowed to make an advance request for assisted death that could be carried out when he or she is no longer competent.

“The results are astonishing,” said Dying With Dignity Canada CEO Wanda Morris. “While legislators are debating new rules for physician-assisted dying, ordinary Canadians have made it clear they support laws that put patient choice front and centre.”

More than 2,500 Canadians were surveyed for the poll. It was conducted between February 2 and February 5, nearly one year after the Supreme Court announced its decision in Carter v. Canada. When it comes into effect on June 6, 2016, the ruling will strike down the country’s Criminal Code ban on physician-assisted dying for patients who are suffering intolerably as the result of a grievous and irremediable illness and who clearly consent to the termination of life.

The poll found that 85% of respondents support the Supreme Court’s decision. Of those, 90% support allowing patients with a diagnosis of a grievous and irremediable medical condition to provide advance consent for physician-assisted dying.

Shanaaz Gokool, DWDC’s National Campaigns Director and incoming CEO, urged federal and provincial lawmakers to take the poll results to heart. “Real choice means allowing patients facing terrible diagnoses to make advance requests for physician-assisted dying,” she said. “If Canadians with degenerative illnesses like dementia aren’t given this option, then many will face a cruel choice: end their lives too early while still sound of mind or live through a nightmare for far, far too long.”

Highlights from the poll include:

Eight in 10 respondents (80%) said they support the option outlined in the following question: “Assuming the patient meets all the other criteria for a physician assisted death, would you support or oppose physician assisted death for patients who are competent at the time of the request but not competent at the time the request is carried out, as long as the person has a diagnosis of a grievous and irremediable medical condition when the request is made? For example, if a patient has a diagnosis of dementia and requests to have assistance to die when they become bedridden and unable to bathe, shave and toilet themselves, but is no longer competent when these conditions arise.”

Support was strong in every region of the country; no statistically significant regional variations were found.

Individuals with severe physical disabilities (those who report being unable to carry out the basic activities of daily living without assistance) are 88% in support of allowing Canadians with a grievous and irremediable illness to consent in advance to assisted dying (results valid within +/- 12.3%).

Individuals who self-identified as members of a regulated health profession (such as doctors, nurses and physiotherapists) are 76% in support of allowing advance consent for assisted dying (results valid within +/- 8.9%).

Approval was high among supporters of the three leading federal parties, especially supporters of the New Democratic Party (84%) and the Liberal Party of Canada (83%). Three out of four Conservative supporters (74%) were in favour, too.

78% of Catholics and 73% of Protestant Christians support allowing Canadians with a grievous and irremediable illness to make advance requests for physician-assisted dying. Sample sizes for people of other faiths weren’t large enough to allow for statistically significant comparisons.

Other poll questions presented different possible scenarios involving advance consent for assisted dying. About eight in 10 (82%) Canadians said they would support physician-assisted dying for patients who have a scheduled assisted death, and were competent at the time of the request, but who lose competence before the request can be carried out (for example, in the case of a patient who falls into a coma just days before the scheduled provision of aid in dying).

Seven in 10 (71%) Canadians would support allowing a patient without a diagnosis for a grievous and irremediable illness to make an advance request for physician-assisted dying that would be honoured if certain pre-stated conditions were met.

The Canadian public resoundingly endorsed the Supreme Court’s Feb. 2015 decision on physician-assisted dying. More than eight respondents in 10 (85%) reported being in support of the high court’s decision.

More about the poll:

The poll was conducted between Feb. 2 and Feb. 5, 2016. A sample of 2,530 Canadians was surveyed online and the results have been weighted by region, age, and gender to reflect the demographic makeup of the national population. In cases where the base sample was used, the results are considered accurate with +/- 2.2 percentage points, 19 times out of 20.

18 février 2016

Pour ceux qui ne peuvent réclamer l’aide à mourir

J’ai eu l’occasion de parler à des médecins enferrés dans des croyances religieuses ou des soi-disant principes éthiques pro-vie. La mort taboue. Ça me rappelait cette fable...


Tableau : Jean-François Millet (1814-1859); La Mort et le Bûcheron, 1859

La Mort et le Bûcheron
Jean de La Fontaine

Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde?
Point de pain quelquefois et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, 
             Le créancier et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort; elle vient sans tarder, 
             Lui demande ce qu'il faut faire. 
             «C'est, dit-il, afin de m'aider
À recharger ce bois; tu ne tarderas guère.» 

            Le trépas vient tout guérir;
            Mais ne bougeons d'où nous sommes :
            Plutôt souffrir que mourir,
            C'est la devise des hommes.

Source : http://www.lafontaine.net/index.php

5 février 2016

Pays à l’encan

«Soyons maîtres chez nous!» disait Jean Lesage en 1962. C’est devenu une farce. Les groupes d’investisseurs étrangers ont de quoi se réjouir puisque notre dollar a chuté bien bas. Buffet à volonté et bar ouvert : pétrole, minerais, entreprises et terres agricoles. À l’instar du pétrole et des minerais, les récoltes seront acheminées à l’étranger. Holà! devraient dire les élus. Silence. Il serait temps de multiplier les coopératives agricoles/maraîchères indépendantes et autonomes supportées par les consommateurs locaux, comme cela se fait de plus en plus en Europe. Ce serait une façon de limiter la mainmise étrangère.

«Ton arrière-arrière-grand-père il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père il a labouré la terre
Et pis ton grand-père a rentabilisé la terre
Pis ton père l’a vendue pour devenir fonctionnaire
Et pi toé mon p’tit gars tu sais pu c’que tu vas faire
Dans ton p’tit 3 et demi ben trop cher, fret en hiver 
Il te vient des envies de devenir propriétaire
Et tu rêves la nuit d’avoir ton p’tit lopin d’terre...
[...]
Ton arrière-arrière-grand-père a vécu la grosse misère
Ton arrière-grand-père il ramassait des cennes noires
Et pis ton grand-père, miracle, est devenu millionnaire
Ton père en a hérité, il a tout mis dans ses REER
Et pis toé p’tite jeunesse tu dois ton cul au ministère
Pas moyen d’avoir un prêt dans une institution bancaire
Pour calmer tes envies de holdupper la caissière
Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire» 
[...]
Dégénérations, par Mes Ayeux


Début 2011, la comédienne chinoise Tao Fei Fei a publié une série de photos replaçant des tableaux classiques dans un contexte de dévastation ou de pollution humaine afin de sensibiliser le public à la cause environnementale. Sa version moderne du tableau Le déjeuner sur l'herbe de Manet peint en 1863 au milieu d'une forêt verdoyante, se déroule au milieu des déchets d’un chantier au coeur d'une métropole grise de fumées.

L'intérêt des Chinois pour les terres agricoles
Le mardi 2 février 2016

Des promesses d'achat pour 3300 acres de terres appartenant à quatre agriculteurs au Témiscamingue ont fait les manchettes récemment. Des intérêts chinois sont concernés par cette offre, dont l'entreprise Mapleville, qui vend des produits canadiens à la Chine, comme du cidre de glace et des produits de l'érable. À terme, c'est 10 000 acres de terres qui seraient visées. Notre chroniqueur économique Jean-Philippe Cipriani résume la situation. 
    Ces terres, utilisées pour cultiver la luzerne, intéressent les Chinois pour nourrir les bêtes de la production laitière. Selon notre chroniqueur, les rumeurs évoquaient non pas 10 000 acres, mais 10 000 hectares, soit l'équivalent de 88 fermes québécoises. Cet intérêt vient du fait que les terres ne coûtent pas cher, même qu'elles coûtent 15 fois moins que les terres en Montérégie. C'est un territoire assez peu peuplé, dévitalisé par endroit, et l'agriculture y est au ralenti. 
    Depuis quelques années, des immigrés chinois investissent des millions de dollars dans les prairies de l'Ouest canadien. En Saskatchewan, par exemple, ils bâtissent des fermes géantes afin d'exporter des produits en Asie. Un autre projet de 12 millions de dollars en Colombie-Britannique vise à exporter des milliers de tonnes de luzerne en Chine. 
    Le modèle de la ferme familiale s'érode. Au Québec, la loi empêche les non-résidents d'acheter des terres au Québec. Ils doivent habiter ici depuis au moins trois ans. Dans l'Ouest canadien aussi, seuls les citoyens et les entreprises canadiennes peuvent investir. La crainte, et rien ne permet de croire ça jusqu'ici, est qu'il y ait utilisation de prête-noms et que l'argent provienne du gouvernement chinois. 
    La Chine représente 20 % de la population mondiale et sa production agricole est de 9 %. Ses besoins alimentaires sont énormes. La croissance économique chinoise des dernières années a beaucoup rapporté et, aujourd'hui, la Chine met à profit sa richesse en investissant dans l'exploitation agricole partout dans le monde
   Intérêts chinois au Témiscamingue : pas seulement de la luzerne – «De la luzerne, des céréales et peut-être du maïs plus tard», explique l'un des représentants de la compagnie Mapleville, M. Yang. Celui-ci est censé faire le lien entre les intérêts chinois et le Canada, de la tour à bureaux de l'arrondissement Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce à Montréal. (La Terre de Chez Nous)

http://ici.radio-canada.ca/emissions/bien_dans_son_assiette/2015-2016/chronique.asp?idchronique=396729

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Trouvez l’erreur... Les Chinois  sont en train de raser leurs propres terres agricoles pour y construire des parcs industriels (aéronautique, nouvelles technologies, ingénierie, etc.). Les fermiers expropriés sont relocalisés dans des logements sociaux à proximité des parcs; les nouveaux citadins y travailleront une fois les installations vendues à des entrepreneurs. 
   Les propriétaires sont donc fortement incités à changer de statut, c’est-à-dire à se désinscrire du registre rural pour s’inscrire au registre urbain. Ce faisant, ils perdent leur droit de propriété à jamais, impossible de faire marche arrière. Comme les installations des sites industriels ne se vendent pas en ce moment, ils vivotent d’aide sociale ou s’expatrient vers les côtes pour trouver du boulot tandis que leurs familles restent dans les tours. 
   Pour détruire le village Heyan et ses fermettes par exemple, les représentants gouvernementaux devaient obtenir le consentement signé de 90 % des fermiers. Et, le maire en colère insistait : «Je ne tolérerai pas que vous refusiez de signer. Nous devons nous sacrifier pour les générations futures.» À la fin, un sage fermier du village, le seul à résister, regarde la démolition de son village. «Il y a de tout dans un village, de l’eau, des arbres, des plantes, de la nourriture. Je fais tout moi-même sur ma ferme depuis 40 ans, je cultive et je trouve tout sur mes collines. J’aime cette vie plus que tout, j’ai tout ce dont j’ai besoin, je ne veux pas être riche. Je ne paie que pour l’électricité. Mon droit de propriété était censé être valide jusqu’en 2025, mais l’État a changé les directives.»

Le documentaire La Chine en transition donne un aperçu de ce très vaste projet d’urbanisation qui balaie présentement les campagnes chinoises. C’est la ville de Chongqing, avec ses 30 millions de résidents qui sert de modèle à ce plan audacieux. Les fermiers de cette région, qui représentent les deux tiers de la population, deviendront tous des citadins d’ici 20 ans. Mais ce projet se bute déjà à de sérieux obstacles. Réalisation Tetsuji Miyagawa : http://ici.tou.tv/les-grands-reportages/S2016E13?lectureauto=1

Il y a actuellement 9 millions de fermiers en Chine. Le but de l’État est d’augmenter la population urbaine à un milliard. Ce qui justifie la déportation systématique des fermiers. Le colossal bulldozer chinois, dans son agressive quête de pouvoir et de croissance économique, a peut-être perdu conscience de la valeur intrinsèque de ses propres terres agricoles. 
   D’un autre côté, si les Chinois achètent des terres partout dans le monde pour nourrir leur population qui ne cultive plus, eh bien où est le problème? Ce phénomène porte tout de même un nom : néo-colonialisme – avec le consentement, voire la bénédiction, de nos propriétaires terriens et de nos élus. En exploitant la main d’œuvre à bon marché dans les pays émergeants, nos crapuleux et voraces entrepreneurs ont donné la clef de notre royaume. La porte est grande ouverte pour les générations futures – de qui? Nous avons le choix, les Chinois ne sont pas les seuls à nous avoir dans leur mire... 
   «La raison de la croissance virale du néo-colonialisme chinois est que les hommes d’affaire chinois ont introduit l’élément caractéristique du modèle chinois – la collusion entre gouvernement et commerce – usant de dessous de table afin d’obtenir des droits miniers et une entrée sur le marché des infrastructures, de la construction, du pétrole et du gaz naturel. Le modèle chinois, marqué par la corruption, l’exploitation des ressources, et le mépris à la fois de l’environnement et du bien-être des personnes, s’est étendu de par le monde par le biais d’investissements outremer. Faisant main-basse sur les matières premières du pays où ils investissent, ils lui revendent ensuite des produits finis. La Chine est là pour ses intérêts propres. Elle dépend maintenant lourdement des ressources étrangères. Il lui faut abandonner son modèle actuel, que le monde trouve ignominieux. Sans cela, un jour le monde s’unira contre la Chine pour la boycotter. À ce moment-là, d’«orphelin de l’Asie» la Chine deviendra «orphelin du monde». » (Epoch Times, 2013; au sujet du néo-colonialisme chinois en Afrique)

Qui veut manger des soupes populaires aux pénis de chiens ou aux insectes gigotant dans le bol? Ou partager cette coutume ultra barbare qui consiste à attacher un petit singe encore en vie au milieu d’une table, à lui ouvrir le crâne à froid pour manger sa cervelle vivante? Incapable de voir cette partie d’un documentaire sur les coutumes alimentaires chinoises. Les convives riaient. Il faut être foncièrement sadique. Berk.

Quoiqu’il en soit, c’est quand même dommage que la Chine ajoute les horreurs du capitalisme occidental corrompu aux siennes propres.

Polluons dans la joie et la bonne humeur!

Chongqing. Source: Research and Other Investigations by Matthew Niederhauser
– Artist, Photojournalist, and Cinematographer – Beijing, China
http://matthewniederhauser.com/research/

Big is never big enough...

The opening of the New Century Global Centre marked a new pinnacle for temples of consumption in China. Catering to the 14 million constituents of Chengdu, it is the largest building on the planet in terms of floor space and hosts all the necessities for the “modern” and “harmonious” Chinese Dream.” (Photo/comment: Matthew Niederhauser)

Rappel historique : En 1958, Mao décida de propulser la Chine dans l’avenir. Sa catapulte fut le Grand Bond en Avant, un plan économique destiné à exploiter la main d’œuvre chinoise dans un programme de modernisation massive. Des pancartes montraient un ouvrier chinois à cheval sur une roquette. Le slogan disait : SURPASSONS L’ANGLETERRE EN 15 ANS! Les étudiants, les personnes âgées, les intellectuels et les fermiers travaillèrent sans relâche à la construction de fours pour la fabrication de l’acier. Ils recueillirent des ustensiles en fer et arrachèrent les éléments en laiton des portes anciennes de leurs maisons pour fournir la ferraille nécessaire à la construction de ces fours. Mobilisé en masse, les paysans quittèrent leurs maisons, pour aller travailler comme des forcenés dans les cantines communautaires et se lancèrent dans le travail avec enthousiasme. (...) Malheureusement, le long du parcours, le Grand Bond en Avant fit faux pas et tomba de tout son long. Les cantines communautaires fermèrent. Les propriétaires de maison qui avaient amené leurs ustensiles durent en trouve d’autres. Les coupons de rationnement apparurent pour le blé, l’huile, le tissu et même les allumettes. (...) Durant ces trois longues années de «progrès» héroïque, des millions de Chinois moururent de faim. (p. 37-38)

«L’expérience nous apprend que les hommes n’apprennent jamais de l’expérience.» ~ George Bernard Shaw

Analogie : Une amibe traçant son chemin dans un bassin plein de ses congénères a une habitude que les autres bestioles peuvent trouver agaçante. L’amibe est une microscopique tache molle qui avance, hésitante, dans le fluide où elle vit, à la recherche de quelque chose à manger. Lorsqu’elle rencontre une autre créature se tortillant avec enthousiasme, elle enveloppe petit à petit sa voisine dans une étreinte humide. Pour ce faire, l’amibe caoutchouteuse se plie en deux autour de l’infortunée créature, se serre contre elle et encercle littéralement la goutte d’eau qui contient son invitée. Puis elle aspire la goutte et son habitante à l’intérieur de son propre corps. La gouttelette ingérée apparaît maintenant à un microscopiste comme une bulle temporaire (connue techniquement sous le nom de vacuole), se déplaçant à l’intérieur de la forme transparente de l’amibe. L’amibe inonde de fluides digestifs le cachot en forme de bulle dans lequel elle a piégé sa captive. Lentement, ce liquide sépare les protéines, les acides aminés, l’oxygène et l’hydrogène qui composent le corps de la prisonnière suppliciée. L’hôte absorbe la soupe qui en résulte. Puis son métabolisme rassemble activement les composants de l’ancienne pensionnaire, en les regroupant cette fois en sections d’amibe. Une entéléchie a disparu. Une autre a été fabriquée. 
   Telles des amibes affamées, les groupes sociaux ont un désir systématique de croître. Les superorganismes sont des créatures affamées, essayant de briser les barrières de leurs concurrents, d’arracher des morceaux de substance à leurs adversaires, de les digérer et de les redistribuer en tant que partie d’eux-mêmes. 
   Hans Morgenthau, théoricien politique, disait : «Une idéologie est généralement le noble masque qui cache le désir irrépressible d’un groupe d’acquérir le pouvoir et les ressources d’autres groupes sociaux. Les hommes n’acceptent pas volontiers la vérité sur la nature humaine et tout particulièrement sur la nature de la politique. Le but de la politique n’est pas de rendre les gens meilleurs ou d’alléger leurs souffrances : c’est d’accroître le pouvoir d’un homme ou d’un groupe d’hommes au détriment du pouvoir d’un autre homme ou groupe d’hommes.» Morgenthau affirme que nous sommes convaincus que notre ennemi veut juste du pouvoir et des ressources, et qu’il n’a aucune valeur morale. Pourtant, nous voulons aussi du pouvoir et des ressources. (...) Dissimulé par les attributs des mouvements politiques et religieux, se trouve le désir vorace de redistribuer les ressources, de leur arracher un morceau de leur superorganisme et de l’ajouter au nôtre. (...) La révolution marxiste et la conquête impérialiste ont quelque chose en commun : elles entraînent toutes les deux la confiscation de la propriété de quelqu’un par la violence. Le marxisme et l’impérialisme ne sont pas les seules idéologies à se couvrir d’une pieuse parure. (...) 
   Comme l’amibe affamée, le superorganisme est impatient de grandir. Il est impatient de se sustenter de la chair de ses voisins. (p. 243-246)

Source : Le principe de Lucifer Une expédition scientifique dans les forces de l’histoire; HOWARD BLOOM. Le Jardin des Livres 2001.