31 janvier 2014

Rude mois de janvier

Rude début pour 2014, à bien des points de vue. Une couche supplémentaire :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2013-2014/
Les Affaires propose, dans l'édition actuelle du journal, un gros dossier très fouillé sur les terrains contaminés au Québec. Une carte interactive des zones contaminées est disponible sur le site Les Affaires.com. On parle de 5600 emplacements environ et toutes les zones peuplées du Québec sont concernées, même si le gros de la contamination se retrouve autour de Montréal. C'est le fruit de six mois d'enquête du journaliste Hugo Joncas.
Carte interactive des terrains contaminés du site Les affaires


Pire que le menteur est le menteur également hypocrite.
~ Tennessee Williams

Ce qui choque plus que la vérité, ce sont les mensonges que les gens utilisent pour camoufler leurs mensonges.


Tu ne peux pas perdre
ce que tu n’as jamais eu,
ni garder
ce qui ne t’appartient pas,
ni retenir
ce qui ne veut pas de toi.

Si quelqu’un te montre ses vraies couleurs,
n’essaies pas de le repeindre.

Terminons quand même sur une note positive…

27 janvier 2014

Emploi / Employment



Le travail, c’est une punition... Le travail, c’est l’esclavage, et les gens qui sont intéressés à dire le contraire sont précisément ceux qui, ne faisant rien, gagnent leur paix à la sueur du front des autres…
~ La Fouchardière (Le pour et le contre)

Là, le travail est si bien divisé que l’un travaille et que l’autre récolte.
~ Lanza del Vasto

L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié.
~ G. B. Shaw

L’emploi qu’un homme finit par obtenir est rarement celui pour lequel il se croyait préparé et dans lequel il pensait pouvoir être utile.
~ Marguerite Yourcenar

Rien ne tue plus sûrement la pensée, la créativité, le rêve, la lucidité ou le délire que le travail intensif, l’efficience, l’amour frénétique du gain, la course au profit et aux boulots profitables.
~ Jacques Sternberg

Je suis d’avis que si le travail était une chose vraiment merveilleuse, les riches en auraient gardé pour eux.
~ Bruce Grocott

À celui qui vous dira qu’il s’est enrichi par le travail, demandez ‘De qui?’
~ Don Marquis

Le propre du travail, c’est d’être forcé.
~ Alain

Si le travail c’est la santé, donnez donc le mien à quelqu’un de malade.
(Auteur inconnu)  

26 janvier 2014

Science et spiritualité


Soleil bleu, crédit Alan Friedman (explication à la fin du message). 

À l’heure des grandes discussions sur la foi religieuse, la laïcité, l’athéisme, etc., voici le point de vue modéré d’un scientifique réputé : Alan Lightman. (On peut dire qu’il porte bien son nom de famille…)

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Source des extraits (article complet en anglais) :
http://www.brainpickings.org/index.php/page/8/
Ouvrage de référence :
The Accidental Universe: The World You Thought You Knew; Alan Lightman
Prix Sydney, meilleurs essais 2011

En tant que scientifique, je crois fermement que les atomes et les molécules sont réels (même si c’est presque de l’espace vide) et existent indépendamment de notre esprit. D’un autre côté, je sais à quel point je suis stressé quand j’expérimente la colère ou la jalousie ou l’insulte, tous des états émotionnels fabriqués par mon propre esprit. L’esprit est certainement son propre cosmos. Comme l’a écrit Milton dans Le Paradis perdu : «[L’esprit] peut faire un paradis de l’enfer et un enfer du paradis». Dans notre quête incessante pour donner un sens à notre existence déconcertante et temporaire, piégés comme nous le sommes dans notre six kilos de neurones, il est parfois difficile de déterminer ce qui est réel. Nous inventons souvent ce qui n’est pas. Ou nous ignorons ce qui est. Nous essayons d’imposer un ordre, à la fois dans notre esprit et dans notre conception de la réalité extérieure. Nous essayons de nous connecter. Nous essayons de trouver la vérité. Nous rêvons et nous espérons. Et derrière tous ces efforts, nous sommes hantés par le doute que ce que nous voyons et comprenons du monde ne soit qu’une infime parcelle de l’ensemble. (…)
        La science ne donne pas de signification à notre existence, mais elle écarte tout de même certains voiles.

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J’endosse complètement la doctrine fondamentale de la science. Et je ne crois pas à l’existence d’un Être qui vit au-delà de la matière et de l’énergie, même si cet Être s’abstient d’entrer dans la mêlée du monde physique. Cependant, je suis d’accord que la science n’est pas la seule voie pour arriver à la connaissance, que des questions intéressantes et vitales dépassent les tests en éprouvettes et les équations. De toute évidence, les vastes territoires de l’art sont reliés à des expériences intérieures qui ne peuvent pas être analysées par la science. Les sciences humaines, comme l’histoire et la philosophie, soulèvent des questions qui n’ont pas de réponses définitives ou unanimement acceptées.
       Il y a des choses que nous acceptons par la foi, sans preuve physique, et parfois même sans aucune méthodologie de démonstration. Nous ne pouvons pas expliquer clairement pourquoi la fin d’un roman en particulier nous hante. Nous ne pouvons pas prouver les motivations qui nous pousseraient à sacrifier notre propre vie pour sauver celle de notre enfant. Nous ne pouvons pas prouver qu’il est bien ou mal de voler pour nourrir notre famille, ou même nous mettre d’accord sur une définition du «bien» et du «mal». Nous ne pouvons pas prouver le sens de notre vie, ou que la vie n’a pas de sens du tout. Devant ces questions, nous pouvons rassembler des preuves manifestes et en débattre, mais à la fin, nous ne pouvons pas arriver à système d’analyse semblable à celui du physicien qui détermine le nombre de secondes que prendra un pendule d’un pied de long  pour faire un swing complet. Ces questions sont d’ordre esthétique, moral et philosophique; des questions qui regardent les arts et l’humanisme. Ce sont aussi des questions en rapport avec certaines préoccupations intangibles de la religion traditionnelle.

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Si la science est la religion du 21e siècle, pourquoi discutons-nous encore sérieusement du ciel et de l’enfer, de la vie après la mort et des manifestations de Dieu? Le physicien Alan Guth, un autre membre de notre cercle, a répandu la théorie du Big Bang et contribué à élargir la connaissance scientifique de la naissance de l’univers jusqu’à un millième de milliardième de milliardième de seconde après t=0. Un ancien membre, la biologiste Nancy Hopkins, manipule l’ADN des organismes pour étudier comment les gênes contrôlent le développement et la croissance des êtres vivants. La science moderne n’a-t-elle pas poussé Dieu dans un minuscule recoin de sorte qu’Il (ou Elle) n’a plus de place pour agir – ou peut-être est-il devenu simplement hors de propos? Néanmoins, si l’on tient compte des sondages, plus du trois quarts des Américains croient aux miracles, aux âmes immortelles et en Dieu. En dépit de la récente vague de déclarations et d’ouvrages publiés par des athées éminents, la religion reste, avec la science, l’une des forces dominantes qui façonnent notre civilisation. Notre petit groupe de scientifiques et d’artistes reste fasciné par ces croyances contrastées, fasciné par les différentes façons de comprendre le monde. Et fasciné par la façon dont la science et la religion peuvent coexister dans notre esprit.

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À un moment donné, chaque scientifique travaille, ou essaie de travailler, sur un problème particulier, une question qui autorise une réponse définitive. À nous les scientifiques, on apprend dès le départ à ne pas perdre de temps avec les questions qui n’ont pas de réponses claires et précises.
       Mais souvent, les artistes et les humanistes ne se soucient pas de la réponse car il n’existe pas de réponses définitives à toutes les questions intéressantes et importantes. Les idées dans un roman ou l’émotion dans une symphonie compliquent les choses en raison de l’ambigüité intrinsèque de la nature humaine. … Pour de nombreux artistes et humanistes, la question est plus importante que la réponse. Comme le poète allemand Rainer Maria Rilke l’a écrit il y a un siècle : «Nous devrions essayer d’aimer les questions elles-mêmes, comme des pièces verrouillées et comme des livres écrits dans des langues étrangères incompréhensible». Puis, il y a aussi des questions qui ont des réponses définitives mais auxquelles nous ne pouvons pas répondre. La question de l’existence de Dieu peut faire partie de ce genre de question.
       En tant qu’êtres humains, n’avons-nous pas besoin à la fois de questions sans réponses et de questions avec réponses?

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La foi, dans son sens le plus large, dépasse largement la croyance en l’existence de Dieu ou le mépris de la preuve scientifique. La foi c’est accepter de parfois se consacrer entièrement à des choses que nous ne comprenons pas entièrement. La foi c’est croire à des choses plus grandes que nous. La foi c’est être capable d’honorer le silence à certains moments et à d’autres de chevaucher la passion et l’exubérance, à savoir, l’impulsion artistique, l’envol de l’imagination, l’engagement total envers ce monde étrange et vibrant.

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Alan Lightman pourrait se décrire lui-même comme un humaniste, mais l’anecdote suivante en fait un «créaturiste» doté d’un remarquable respect envers les êtres non-humains qui partagent notre existence :
       Par un après-midi d’août, tandis que j’observais le nid de la galerie qui encercle la maison, les deux bébés balbuzards de la saison ont volé pour la première fois. Tout au long de l’été, ils m’ont surveillé quand je les regardais de la galerie. Ils pressentaient peut-être que j’étais dans mon nid comme eux étaient dans le leur. En cet après-midi de vol inaugural, ils ont tourné en boucle autour de la maison puis, ils ont piqué droit vers moi à une vitesse incroyable. Ma première impulsion fut de courir me mettre à l’abri car ils pouvaient me déchiqueter avec leurs puissantes serres. Mais quelque chose me figea sur place. Lorsqu’ils furent à 20 mètres de moi, ils se sont soudainement envolés très haut. Mais, juste avant cette éblouissante et effrayante volteface verticale, nos regards se sont croisés pendant une fraction de seconde. Les mots ne peuvent pas exprimer ce qui s’est échangé entre nous durant cet instant. C’était un regard de connexion, de respect mutuel, de reconnaissance à savoir que nous partagions la même terre. Après leur départ, j’ai constaté que je tremblais, je pleurais. À ce jour, je n’ai pas toujours compris ce qui s’est passé durant cette fraction de seconde. Mais ce fut l’un des moments les plus profonds de ma vie.

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Certaines personnes croient qu’il n’y a aucune distinction entre univers spirituel et physique, aucune distinction entre l’intérieur et l’extérieur, entre le subjectif et l’objectif, entre le miraculeux et le rationnel. J’ai besoin de telles différenciations pour donner un sens tant à ma vie spirituelle que scientifique. Pour moi, il y a de la place pour un univers spirituel et un univers physique, tout comme il y a de la place pour la religion et la science. Chacun de ces univers a sa propre puissance. Chacun a sa propre beauté et son propre mystère. Un ministre presbytérien me disait récemment que la science et la religion ont en commun le sens de l’émerveillement. Je suis d’accord.

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Explication : Le soleil peut sembler doux et moelleux, mais il n’en est rien. Notre soleil est une grosse boule de gaz chaud en effervescence, principalement de l’hydrogène gazeux. Cette photo du soleil a été prise avec une couleur rouge spécifique de lumière émise par le gaz d’hydrogène appelé hydrogène-alpha et ensuite inversée pour apparaître en bleu. Les détails de la chromosphère sont ainsi plus visibles et font ressortir les nombreux tubes de gaz chaud appelés spicules qui émergent du soleil, un peu comme les fibres d’un tapis à poils longs. Le soleil brille parce qu’il est chaud et qu’il y a très peu d’oxygène. La source d’énergie de notre soleil est la fusion nucléaire de l’hydrogène et de l’hélium logés en son centre. Pas de taches ni de grande activité solaires ce jour-là, mais on discerne quelques protubérances en bordure.

Sur la route du gaz


Pas besoin de mourir pour voyager en enfer; c’est sur terre que ça se passe.
(Photo : Ken Peters)  

Un drapeau rouge de plus
Un pipeline de gaz naturel de TransCanada a pris feu et a explosé la nuit dernière (25 janvier, vers 1h00), près d'Otterburne, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Winnipeg.

Des témoins qui vivent proches du lieu de l'explosion l'ont qualifiée d'énorme. Paul Rawluk vit non loin de là et s'est rendu jusqu'au site. «En nous approchant, nous pouvions voir des flammes imposantes de 200 à 300 mètres de haut propulsées hors du sol et cela sonnait littéralement comme un avion à réaction», explique-t-il. 

(Source : Radio Canada, Grands titres)  

Selon la police, le feu qui émane du pipeline n'est pas toxique. (Pas mal celle-là!)

Vidéo tournée par une personne évacuée.

22 janvier 2014

Qu’est-ce qu’un animal?


Je sais que parler des droits des animaux peut paraître superflu lorsqu’on bafoue les droits humains à la grandeur de la planète. Mais ça va de pair : on traite les humains comme on traite les animaux – c’est-à-dire, comme des choses. 

Le discours de ceux qui raillent les défenseurs des droits des animaux et les végétariens est toujours identique, accroché au préjugé que les activistes sont insensibles aux misères qui frappent les humains. Vraiment… Peut-être aussi que les détracteurs ignorent que l’eau et les céréales qui servent à nourrir les animaux de consommation pourraient sauver des populations entières de la famine.

Cela dit, je comprends que la compassion envers les animaux de consommation n'existe pas dans le champ de conscience de beaucoup de monde, et qu’il est plus facile d’en éprouver envers les animaux de compagnie.

Je comprends aussi que certains se sentent appelés à aider/sauver les humains et d’autres à aider/sauver les animaux. L’un n’est pas mieux que l’autre. Les deux voies d’action sont indispensables en ce monde où l’on abandonne et traite cruellement tant les humains que les animaux.

Quoiqu’il en soit, voici un texte de Boris Cyrulnik qui, à mon avis, fait beaucoup plus pour aider ses semblables (notamment les enfants) que bien des prétendus «sauveurs d’humains».

Animaux humanisés, animaux dénaturés
Boris Cyrulnik, neuropsychiatre 

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Cette aristocratie du minable laisse échapper que celui qui parle appartient au monde supérieur, au sommet de la pyramide, du simple fait d’être. Il n’y a rien à prouver, ni rien à mériter. Il suffit d’être bien né.
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En questionnant mes amis, il me fut aisé de découvrir que personne ne savait ce qu’est un animal. Nous passons notre temps à côtoyer des êtres que nous ignorons, et qui pourtant ne sont pas transparents. Ils ont l’impression qu’ils planent en nous. Ils sont l’idée que nous nous en faisons.

C’est pourquoi, les philosophes qui ne parlent que d’animalité, ne nous apprennent rien sur les animaux, puisque l’enjeu de leurs concepts consiste à désigner les créatures vivantes qui ne sont pas des hommes : des non-Hommes en quelque sorte … des êtres moins.

Ainsi posé, le problème contient sa propre réponse puisque l’animalité devient la non-humanité, comme la machine se définit pas la non-âme et la mort par la non-vie. (…)

(…) Un scientifique livide, malgré sa suffocation, parvint à dire qu’il ne supportait pas qu’on rabaissât l’Homme au rang de la bête. Cette indignation me pose encore aujourd’hui deux problèmes car plus je découvre la condition animale, plus je souligne la dimension humaine, et quand j’observe les goélands au large de Porquerolles, j’ai du mal à comprendre ce qu’il y a d’humiliant. À moins qu’il ne s’agisse de l’idée d’animal que se faisait ce scientifique et non pas de l’animal réel. Si je pense que les goélands sont des machines à fiente et qu’un collègue me dise alors que l’Homme est un goéland, je détesterai ce collègue. Par bonheur, je crois que l’Homme n’est pas un goéland, et puisque rien n’est identique, ni nos chromosomes, ni nos langages, je peux soutenir que nous vivons dans des mondes totalement différents et que pourtant nous appartenons tous deux au monde des êtres vivants, infiniment plus complexes qu’une machine à fiente.

J’aimerais beaucoup partir dès maintenant à la découverte des mondes animaux. Mais l’ennui avec les humains, c’est qu’ils voient l’univers avec leurs idées, bien plus qu’avec leurs yeux. Quand on me disait çà, dans ma première jeunesse, je répondais qu’une table est une table et n’est matérialisée que par mes yeux. Je ne défendrais plus aujourd’hui cet objectivisme naïf, depuis que j’ai vu à quel point les étudiants en médecine ne peuvent voir que ce qu’ils savent. (…)

Ce qui explique pourquoi nous avons eu tant de mal à simplement observer les congénères de King-Kong. Ils nous ressemblent trop et nous caricaturent. Ils nous fascinent et nous exaspèrent, tant ils portent sur eux la part de nous -mêmes que nous voulons cacher. Alors nous leur reprochons d’être ce que nous combattons. Dites-moi ce que vous haïssez dans un animal, et je vous dirai ce que vous refoulez : sa lubricité… sa paresse… sa cruauté? C’est pourquoi nous sommes vivement attirés par les singes qui nous horripilent. Mais s’agit-il des singes ou de ce qu’ils évoquent? La femme qui a écrit King-Kong parlait-elle de ce qu’elle éprouvait pour l’homme de ses rêves, la douce bestialité d’un puissant mâle désexualisé que l’amour rendait esclave d’une ravissante et minuscule princesse?

(…) «Tous nos malheurs proviennent de ce que les hommes ne savent pas ce qu’ils sont, et ne s’accordent pas sur ce qu’ils veulent être», fait dire Vercors à Douglas Templemore (Les animaux dénaturés, Vercors). Le choix du nom «plus de temple» et la signature au pluriel de cette citation : «plus ou moins bêtes» vaut mieux qu’un long discours puisqu’en un seul nom et en une seule lettre, Vercors représente la nécessité humaine de se démarquer de l’animal :  
- Mais alors, s’écria Doug, où passe la ligne de démarcation?
- Le Pasteur hocha la tête, et, fermant les yeux murmura :
- S’il parle, baptisez-le, mais s’il ne parle pas, cuisinez-le. 

(…) Tant que je ne me le représente pas, je ne sais pas comment me comporter avec lui : est-ce un homme ou une bête? Mais dès qu’une instance supérieure, à laquelle je crois (prêtre, officier ou professeur au Collège de France) énonce une loi à laquelle je me soumets, du type : ‘Ceci est un homme, puisqu’un de ses parents parle’, elle me donne une représentation qui code mes comportements avec cet être là. Grâce à cet énoncé, je sais que je dois le baptiser et le scolariser.

Mais s’il arrive qu’un inventeur de représentations me dise avec des mots ou avec des images : «Ceci est une bête», je pourrai alors la mettre en cage, la vendre ou la tuer, sans risquer de passer devant la justice des hommes.

Ne croyez pas que ce raisonnement soit rare, il est habituel, aujourd’hui encore. Quand on désire éliminer une population, le processus est simple et la recette bien connue. Il faut d’abord la rendre vulnérable en diminuant ses droits sociaux; réduire son accès au travail, lui interdire certaines études et certains métiers, ou même réquisitionner sa bicyclette; il suffit ensuite de façonner une représentation sociale contenant des analogies bestiales : «un rat qui vole notre pain… une vipère qui nous mord après qu’on l’a réchauffée sur notre sein… un parasite qui vient polluer notre pure société…» Il ne reste alors qu’à envoyer la police ou l’armée, avec un sentiment de Bien et de devoir accompli, car il serait absurde de juger un homme qui vient de déposer un peu de raticide.

Reste alors à définir la ligne de démarcation, la ligne de la coupure entre Homme et bêtes. La parole, bien sûr, est un bon marqueur, mais dans ce cas nos propres enfants après la naissance, les comateux, les sourds et les aphasiques sont-ils encore des hommes? Et ceux qui n’emploient pas nos mots aussi couramment que nous, les retardés mentaux, les bégayeurs, les étrangers, sont-il des sous-hommes?

La bipédie et la fabrication des outils nous offrent alors d’autres repères. Mais dans ce cas, les singes brachiateurs qui se déplacent en se suspendant dans les arbres, les oiseaux tisserins qui cousent leur nid, les loutres qui cassent des noix à coups de bouteilles de bière seraient-ils des hommes?

Les pratiques sexuelles alors? Dans ce cas, c’est sur un état et non pas dans un lit qu’il faudrait allonger les Romains et les Aztèques qui pratiquaient la sodomie pour prouver leur politesse (…).

Quand un homme croit parler de l’animal, il ne se rend pas compte qu’il est en train de lire la place qu’il s’attribue parmi les êtres vivants.

Entre nous, il suffit de désigner celui qui est moins homme pour le rapprocher de la Nature et ne pas le soumettre aux mêmes lois que nous «Les Noirs courent plus vite… les femmes sont soumises aux cycles biologiques… les animaux ne parlent pas… ils appartiennent à un autre ordre que le nôtre…» Ces vérités partielles alimentent des théories que l’on prend pour des vérités totales, commettant ainsi un abus de raison. C’est vrai que les noirs courent plus vite, que les femmes ont des cycles visibles et que les animaux ne parlent pas. En quoi, ces vérités partielles pourraient-elles justifier une théorie définitive? Existe-t-il sur terre quelqu’un qui soit capable de penser une théorie totale? Est-ce qu’un tout petit segment de représentation du réel ne risque pas de servir d’alibi à une représentation du monde qui ne parlerait que de nos désirs inavouables? Il est difficile aujourd’hui de dire «Monsieur le Nègre… Madame la Femme… Toi l’animal… Je suis nettement supérieur car j’appartiens à une autre essence». Alors on dit : «Il court plus vite, elle a un cycle, il ne parle pas» car ces fragments de discours idéologiques disent la vérité comme la bouche, derrière un masque, exprime l’inavouable. Cette aristocratie du minable laisse échapper que celui qui parle appartient au monde supérieur, au sommet de la pyramide, du simple fait d’être. Il n’y a rien à prouver, ni rien à mériter. Il suffit d’être bien né.

(Les animaux humanisés, in Si les lions pouvaient parler)

Source : http://www.tribunal-animal.com/consciences/presentes/cyrulnik-boris/

COMMENTAIRE

Si les goélands sont des machines à fiente, sommes-nous plus complexes que des machines à m…? Pensons deux minutes aux cours d'eau et aux égouts municipaux.   

Statut juridique de l’animal

27 janvier 2014 
Super! Un manifeste équivalent existe au Québec :
http://lesanimauxnesontpasdeschoses.ca/ 

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J’entendais récemment Frédéric Choinière (co-auteur de la série Les verts contre-attaquent à Télé Québec) commenter élogieusement l’ouvrage Mal de terre, coécrit par Hubert Reeves et Frédéric Lenoir*.

En  visitant le site de Lenoir, j’ai trouvé une pétition de la Fondation 30 Millions d’Amis : «Pour un nouveau statut juridique de l’animal».
http://www.fredericlenoir.com/actualites/changement-du-statut-juridique-lanimal

«Les animaux sont encore définis par le Code civil comme des choses, sur lesquelles l’homme peut par conséquent exercer un droit absolu. Nous n’ignorons pas que toute tentative de faire évoluer cette classification se heurte à la force des habitudes et soulève invariablement des objections d’ordre économique. Nous l’ignorons d’autant moins que c’est le cas chaque fois qu’est réclamée la légitime considération due à un groupe exploité ou opprimé.
       Certes les animaux ne sont pas des êtres humains. Ce n’est pourtant pas la proclamation d’une dignité métaphysique, mais certains attributs – capacité à ressentir le plaisir et la douleur notamment – que les humains partagent avec au moins tous les vertébrés, qui enracinent les droits les plus fondamentaux. Et bien que dans diverses réglementations françaises et européennes les animaux soient reconnus pour leur qualité «d’êtres sensibles», encouragés en ce sens par les progrès de la connaissance scientifique, ils demeurent de manière de plus en plus contradictoire des biens meubles dans notre Code civil.
       Pour que les animaux bénéficient d’un régime juridique conforme à leur nature d’êtres vivants et sensibles et que l’amélioration de leur condition puisse suivre son juste cours, une catégorie propre doit leur être ménagée dans le code civil entre les personnes et les biens.»

En octobre 2013, des penseurs, écrivains, historiens ou scientifiques respectés et influents ont signé : Christophe André, Florence Burgat, Didier Van Cauwelaert, André Comte-Sponville, Boris Cyrulnik, Didier Decoin, Philippe Devienne, Luc Ferry, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay, Irène Frain, Marie-Angèle Hermitte, Jacques Julliard, Frédéric Lenoir, Jean-Pierre Marguénaud, Edgar Morin, Michel Onfray, Érik Orsenna, Pierre Rahbi, Hubert Reeves, Matthieu Ricard, Danièle Sallenave, Enrique Utria, Frédéric Vitoux…

Pétition :
http://www.30millionsdamis.fr/agir-pour-les-animaux/petitions/signer-petition/pour-un-nouveau-statut-juridique-de-lanimal-22.html 

Site de la Fondation 30 Millions d’Amis :
http://www.30millionsdamis.fr/la-fondation/la-derniere-newsletter/newsletter-mars-2013.html

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* Frédéric Lenoir est écrivain, cofondateur de l'association «Environnement sans frontières», et fortement engagé dans la cause écologique. Il a écrit avec l'astrophysicien Hubert Reeves Mal de terre (2003). Militant pour la cause animale, il rejoint en 2012 le jury du Prix Littéraire 30 Millions d'Amis. Il est aussi le parrain de l'association pionnière dans le logement intergénérationnel Le PariSolidaire depuis septembre 2011.  


20 janvier 2014

Dis la vérité

Dis la vérité, même si ta voix tremble.

On dirait que les gens ne réalisent pas du tout que c’est la peur qui les fait mentir ou dissimuler – peur de perdre leur image ou un bénéfice quelconque. Dommage. Il y aurait probablement moins de malentendus, d’illusions, et par conséquent moins de haine et de désir de revanche si la vérité était dite. La vérité rend libre, à n’importe quel plan, pas juste au plan des relations intimes.

Être vrai
Par Mark Nepo

Dans la culture polynésienne et mélanésienne, le terme «Mana» est utilisé pour décrire cette extraordinaire puissance ou force qui réside dans une personne ou un objet; une sorte d'électricité spirituelle qui recharge celui qui la contacte. Carl Jung lui donna la définition suivante : «influence inconsciente d'un être sur un autre». Jung voulait signifier que l'énergie émise lorsqu’on est soi-même a plus de pouvoir que la persuasion pure et simple, le débat ou la force de la volonté. Il avançait que si nous étions nous-mêmes, nous libérerions une puissance extraordinaire qui, sans intention ou dessein particuliers, affecterait les gens qui entrent en contact avec cette authenticité.

Cette vérité simple et belle peut être comparée au soleil. Le soleil brille simplement, sans réserve et en permanence. Étant lui-même, il réchauffe la Terre de sa lumière sans privilégier certaines choses plutôt que d’autres. Le soleil rayonne en tous sens, en tout temps, et les choses se développent. De la même manière, lorsque nous sommes authentiques, nous propageons notre chaleur et notre lumière dans toutes les directions, et les choses autour de nous peuvent grandir. Quand nos âmes, comme de petits soleils, expriment la lumière de ce que nous sommes, nous émanons ce que Jésus appelait amour et que le Bouddha appelait compassion; ainsi, les racines de la communauté s’allongent.

Sans aucune intention de changer les autres, en étant simplement authentiques, nous manifestons mana (chaleur et lumière spirituelles). Ces qualités émanent de notre âme, et font grandir les autres – non pas à travers nous mais à travers la lumière qui circule en nous. De sorte que, non seulement nous expérimentons la vie dans toute sa plénitude, mais, candidement et sans intention particulière, nous aidons les autres à devenir authentiques. En étant vrais, en restant connectés à cette énergie d’authenticité, nous nous aidons mutuellement à grandir dans l’unique lumière vitale.

Adaptation/traduction de The Energy of Being Real :
http://www.awakin.org/read/view.php?tid=563

18 janvier 2014

La fin des «vraies» tomates?

Reçu cet email la semaine dernière 
Chronique Ariégeoise d'Olivier de Robert «avé l’assent»... à voir! :  
http://www.ariegenews.com/ariege/chroniques/2013/67205/les-chroniques-d-olivier-de-robert-des-tomates-hors-categorie.html


Un coup de gueule qui fait plaisir à entendre : cet été un maraîcher de Lavelanet, commune ariégeoise, a été contrôlé et verbalisé sur le marché... Son délit? Avoir vendu des tomates «hors catalogue»!

Cette histoire fait l'objet d'une chronique d'Olivier de Robert, un conteur ariégeois qui commente l'actu par chez nous.

On vit la fin d'un monde où on pouvait garder ses semences et replanter l'année d'après, comme le font les hommes depuis qu'ils ont découvert qu'en plantant, ça poussait!

Faites passer ce petit spot de 5 minutes, ce conte récité avec ferveur c'est une merveille à tous les niveaux !

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D’autres chroniques sur le site – très drôle et droit dans le mille ce conteur.

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Un de mes amis va enseigner en Chine à chaque année – dans une petite ville de campagne. L’eau est brune, impropre à la consommation et à la culture maraîchère. La pollution de l’air est dense à couper au couteau. Il dit que ça lui prend quelques jours avant de pouvoir fonctionner à peu près normalement par la suite. En voyant cette photo, on comprend.  

Projection d’une image du soleil sur écran géant... on ne voit plus le vrai alors?

La Chine deviendra-t-elle le pays du soleil mourant? À quoi sert d’être la plus grande puissance économique du monde si l’on ne peut même pas bien vivre chez soi? Tous les pays très industrialisés devraient en tirer des leçons.

15 janvier 2014

Agendas cachés *

Les agendas cachés * des superpuissances religieuses : quoi d’autre pourrait entraver l’aboutissement d’un État laïque? Un État laïque où tout le monde aurait le droit de pratiquer sa religion – en privé et sans imposer ses propres lois (civiles), dogmes et rituels aux autres citoyens. Et qui donc paie la facture de cette lutte de pouvoir vieillarde entre représentants politiques et religieux  si ce n’est la masse de croyants et d'incroyants?

Comment faire en sorte que toutes ces pointes de tarte cohabitent dans le même État (sans s'entretuer) si celui-ci n'est pas laïque?
 

* Agenda caché : en écrivant ce titre, il me semblait entendre Guy Bertrand (notre ayatollah de la langue française à R.C.) dire «c’est un anglicisme»… L’expression juste est : objectif secret ou stratégie secrète. Voilà, corrigé.

Henry David Thoreau :

Je ne cherche pas querelle à des ennemis lointains mais à ceux qui, tout près de moi, collaborent avec ces ennemis lointains et leur sont soumis : privés d'aide ces gens-là seraient inoffensifs. Nous sommes accoutumés de dire que la masse des hommes n'est pas prête; mais le progrès est lent, parce que l'élite n'est, matériellement, ni plus avisée ni meilleure que la masse. Le plus important n'est pas que vous soyez au nombre des bonnes gens mais qu'il existe quelque part une bonté absolue, car cela fera lever toute la pâte. Il y a des milliers de gens qui par principe s'opposent à l'esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu'ils ne savent que faire et ne font rien; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s'endorment sur les deux. Quel est le cours d'un honnête homme et d'un patriote aujourd'hui? On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n'entreprend rien de sérieux ni d'effectif. On attend, avec bienveillance, que d'autres remédient au mal, afin de n'avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un «Dieu vous assiste» à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux. Mais il est plus facile de traiter avec le légitime possesseur d'une chose qu'avec son gardien provisoire.
       …Même voter pour ce qui est juste, ce n'est rien faire pour la justice. Cela revient à exprimer mollement votre désir qu'elle l'emporte. Un sage n'abandonne pas la justice aux caprices du hasard; il ne souhaite pas non plus qu'elle l'emporte par le pouvoir d'une majorité. Il y a bien peu de vertu dans l'action des masses humaines. Lorsqu'à la longue la majorité votera pour l'abolition de l'esclavage, ce sera soit par indifférence à l'égard de l'esclavage, soit pour la raison qu'il ne restera plus d'esclavage à abolir par le vote. Ce seront eux, alors, les véritables esclaves. Seul peut hâter l'abolition de l'esclavage, celui qui, par son vote, affirme sa propre liberté. (…)
       Ce n'est une obligation pour personne, bien sûr, de se vouer à l'extirpation de tel ou tel mal, aussi criant et injuste soit-il; on peut très bien se consacrer à d'autres poursuites; mais qu'au moins on ne s'en lave pas les mains : ne pas accorder à ce mal d'attention soutenue ne veut pas dire qu'il faille lui accorder un appui de fait. Si je me livre à d'autres activités, à d'autres projets, il me faudrait au moins veiller d'abord à ne pas les poursuivre juché sur les épaules d'autrui. Je dois d'abord en descendre pour permettre à mon prochain de poursuivre, lui aussi, ses projets. (…)

Voici quelques années, l'État vint me requérir au nom de l'Église de payer une certaine somme pour l'entretien d'un pasteur dont, au contraire de mon père, je ne suivais jamais les sermons. «Payez, disait-il, ou vous êtes sous les verrous.» Je refusai de payer. Malheureusement, quelqu'un d'autre crut bon de le faire pour moi. Je ne voyais pas pourquoi on devait imposer au maître d'école l'entretien du prêtre et pas au prêtre, celui du maître d'école, car je n'étais pas payé par l'État. Je gagnais ma vie par cotisations volontaires. Je ne voyais pas pourquoi mon établissement ne présenterait pas aussi sa feuille d'impôts en faisant appuyer ses exigences par l'État à l'imitation de l'Église. Toutefois, à la prière du Conseil Municipal, je voulus bien condescendre à coucher par écrit la déclaration suivante : «Par le présent acte, je, soussigné Henry Thoreau, déclare ne pas vouloir être tenu pour membre d'une société constituée à laquelle je n'ai pas adhéré.» Je confiai cette lettre au greffier qui l'a toujours; l'État ainsi informé que je ne souhaitais pas être tenu pour membre de cette Église, n'a jamais depuis lors réitéré semblables exigences, tout en insistant quand même sur la validité de sa présomption initiale. Si j'avais pu nommer toutes les Sociétés, j'aurais signé mon retrait de chacune d'elles, là où je n'avais jamais signé mon adhésion, mais je ne savais où me procurer une liste complète. (…)

L'État n'affronte jamais délibérément le sens intellectuel et moral d'un homme, mais uniquement son être physique, ses sens. Il ne dispose contre nous ni d'un esprit ni d'une dignité supérieurs, mais de la seule supériorité physique. Je ne suis pas né pour qu'on me force. Je veux respirer à ma guise. Voyons qui l'emportera. Quelle force dans la multitude? Seuls peuvent me forcer ceux qui obéissent à une loi supérieure à la mienne. Ceux-là me forcent à leur ressembler. Je n'ai pas entendu dire que des hommes aient été forcés de vivre comme ceci ou comme cela par des masses humaines – que signifierait ce genre de vie? (…)

La démocratie telle que nous la connaissons est-elle l'aboutissement ultime du gouvernement? Ne peut-on franchir une nouvelle étape vers la reconnaissance et l'établissement des droits de l'homme? Jamais il n'y aura d'État vraiment libre et éclairé, tant que l'État n'en viendra pas à reconnaître à l'individu un pouvoir supérieur et indépendant d'où découleraient tout le pouvoir et l'autorité d'un gouvernement prêt à traiter l'individu en conséquence. Je me plais à imaginer un État enfin, qui se permettrait d'être juste pour tous et de traiter l'individu avec respect, en voisin; qui même ne trouverait pas incompatible avec son repos que quelques-uns choisissent de vivre en marge, sans se mêler des affaires du gouvernement ni se laisser étreindre par lui, du moment qu'ils rempliraient tous les devoirs envers les voisins et leurs semblables. Un État, qui porterait ce genre de fruit et accepterait qu'il tombât sitôt mûr, ouvrirait la voie à un État encore plus parfait, plus splendide, que j'ai imaginé certes, mais encore vu nulle part.

Notes biographiques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_David_Thoreau

Mark Twain :

Tant de sang a été versé par l'Église en raison d'une loi absente de l’Évangile : «Tu resteras indifférent à la religion de ton voisin». Pas uniquement tolérant, mais indifférent. Plusieurs religions se réclament de la divinité, mais aucune n'est assez magnanime ou assez divine pour ajouter cette nouvelle loi à son code. (A Biography) 

Notre Bible nous révèle la nature de notre Dieu avec une précision minutieuse et implacable. Le portrait est en gros celui d’un homme, si l’on peut imaginer un homme débordant les limites humaines par ses impulsions malfaisantes, bref quelqu’un que plus personne ne souhaiterait fréquenter, maintenant que Néron et Caligula sont morts. Dans l’Ancien Testament, ses actes dévoilent constamment sa nature vindicative, injuste, mesquine, impitoyable et vengeresse. Il ne fait que punir, traitant des peccadilles avec une sévérité démesurée, poursuivant des enfants innocents pour les fautes de leurs parents, châtiant des populations blanches comme neige pour les torts de leurs dirigeants, s’abaissant même, pour assouvir Sa soif de vengeance, à verser le sang d’inoffensifs agneaux, veaux, moutons et boeufs, en punition d’affronts insignifiants commis par leurs propriétaires. (Dieu est-il immoral? / 1906)

L'homme est un animal religieux. Il est le seul animal religieux. Il est le seul animal qui possède la Vraie religion – et même plusieurs. Il est le seul animal qui aime son prochain comme lui-même et qui lui tranche la gorge si sa théologie n’est pas correcte. Il a fait du globe un cimetière en voulant de bonne foi aplanir le chemin de son frère vers le bonheur et le paradis... Les animaux supérieurs n'ont aucune religion. Et on nous dit qu'ils vont être laissés pour compte dans l'au-delà. Je me demande pourquoi? Cela semble questionnable. (The Lowest Animal)

À propos de Dieu : Nous le considérons comme la Source de la morale, alors que Son histoire et Son comportement quotidien démontrent qu'il est complètement dénué de morale. Si Dieu existe, il n'y a qu'à observer l'état de notre monde pour comprendre qu'il est un malade mental, une brute malfaisante.

L’homme est une merveilleuse curiosité … il pense qu’il est le chouchou du créateur… et qui plus est, il croit que le créateur l’aime; qu’Il est passionné par lui : qu’Il se lève la nuit pour l’admirer; qu’Il le protège et qu’Il le sauvegarde des mésaventures. Il lui adresse des prières et il pense qu’Il l’entend. N’est-ce pas là une idée pittoresque? (Lettres de la Terre)

La religion est un ensemble de choses que l'homme moyen croit vraies et dont il aimerait être certain. (Notebook, 1879)

En matière de religion, l'Histoire le montre, nous progressons à reculons et pas autrement.

L'Inde a deux millions de dieux qu’elle vénère tous. En matière de religion tous les autres pays sont pauvres; l'Inde est le seul millionnaire. (Following the Equator)

The easy confidence with which I know another man's religion is folly teaches me to suspect that my own is also. I would not interfere with any one's religion, either to strengthen it or to weaken it. I am not able to believe one's religion can affect his hereafter one way or the other, no matter what that religion may be. But it may easily be a great comfort to him in this life – hence it is a valuable possession to him. (A Biography)  

Zeal and sincerity can carry a new religion further than any other missionary except fire and sword. (Christian Science)

Notes biographiques : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mark_Twain

11 janvier 2014

État et religions


Un vieux problème… En matière de séparation, on peut remplacer «église» par «religion». 

Je le savais qu’il y aurait quelque chose de pertinent chez Rémy de Gourmont!

Séparation de l’Église et de l’État
Rémy de Gourmont
15 avril [1905]

La Séparation de l'Église et de l'État. – On va, dit-on, prononcer, par consentement d'un seul, le divorce de ces deux puissances. Cela fait qu'à la Chambre on débite force discours théologiques. On se croirait au concile de Trente. Cela intéresse beaucoup les protestants, dont l'intellect entre en érection dès qu'ils entendent parler de la liberté de conscience; mais les autres y trouvent plutôt des causes de frigidité. Pour y prendre quelque goût, ils sont obligés d'écarter le point de vue religieux, qui est secondaire, et de considérer la question sous ses aspects vrais, qui sont : l'aspect politique, l'aspect financier, l'aspect commercial, l'aspect artistique ou pittoresque.

L'Église étant une puissance, il est très utile à l'État de la pouvoir dominer. Le concordat lui en donne le moyen. Pour vaincre l'ancienne noblesse, Napoléon avait imaginé de l'enrôler dans sa domesticité. Pour mater l'Église, qu'il reconstituait en France, il mua les ecclésiastiques en fonctionnaires. Il considérait le clergé comme l'appoint de la gendarmerie. Les prêtres ont longtemps joué ce rôle très utilement. Maintenant que leur crédit a diminué en certaines régions, et peut-être partout, cette fonction s'est amoindrie : elle est encore appréciable, et il n'est pas un curé, parmi les plus humbles, qui n'ait prévenu quelque crime et beaucoup d'infractions sociales. Cette utilité a son revers, une influence générale selon des tendances communément appelées rétrogrades ou réactionnaires, et c'est pour cela même, si l'on adopte les idées les plus modérées de la théorie étatiste, qu'il est bon que le gouvernement garde sur le clergé une prise certaine.

Une confiance décidée dans les bienfaits de la liberté à l'infini ferait au contraire accepter avec plaisir une séparation réelle, qui pourrait même n'être qu'un prélude. Après l'Église, on arracherait à la tutelle bureaucratique l'instruction publique, les beaux-arts, l'agriculture, les postes, plusieurs autres administrations, sans compter les tabacs et les allumettes, et peu à peu l'État se trouverait réduit à son vrai rôle, celui de grand juge de paix.

Mais la séparation que l'on projette ne semble pas, au point de vue politique, pouvoir être examinée sous cet aspect. Elle sera verbale, plutôt que réelle, et les prêtres, cessant d'être surveillés comme fonctionnaires, le seront ainsi que des sortes de malfaiteurs d'un ordre tout particulier. Cela n'est pas très intelligent. Quand on se trouve en présence d'une force utilisable, il vaut mieux que la détruire la capter à son profit. Si on parvenait à la détruire, ce serait au moins une solution; y parviendra-t-on? Beaucoup d'esprits sages en doutent sérieusement. S'ils n'en doutaient pas, d'ailleurs, seraient-ils sages? On connaît l'heureux principe de Machiavel, qu'il faut tuer son ennemi, et non pas le blesser seulement, un ennemi blessé étant un ennemi décuplé. S'il y a dans l'Église d'aujourd'hui une hostilité sourde contre l'État tel qu'il est, on la verra, après la blessure, s'avouer et s'exaspérer.

Au point de vue financier, les charges de l'État seront fort peu diminuées. Sensiblement les mêmes pendant quelques années, elles seront maintenues à un niveau élevé par la mendicité des députés, jusqu'aux plus radicaux, qui trouveront mille prétextes, pour le besoin électoral, à tirer des ministères de secrètes subventions. Ensuite si le curé, trop appauvri, ne fait plus l'aumône, la misère retombera toute à la charge des communes.

L'aspect commercial est important. Dans les petites communes, et il y en a trente mille en France, où, faute de ressources, un curé ne pourrait plus résider, l'humble commerce local en souffrirait singulièrement. L'église est un centre; près d'elle, le dimanche matin, un petit marché s'organise. Cela survivra-t-il à la fermeture de l'église? On ne le croit pas.

Je ne parle pas des grandes industries ecclésiastiques, industries qui touchent à l'art par bien des côtés. Il peut y avoir là une perte immense, qui ne sera compensée par rien.

Reste l'aspect pittoresque. Le clocher est un des éléments les plus originaux des paysages de France. C'est aussi un phare. Qui aperçoit un clocher, égaré dans la campagne, est sauvé. La plupart des communes rurales se composent de hameaux ou groupes de maisons inégalement réparties sur un territoire assez vaste souvent. L'un de ces hameaux, et ce n'est pas toujours le plus populeux, possède le clocher. Là est le centre; là donc aussi la mairie, et aussi l'école, et le débit, et le bureau de tabac, et la boîte aux lettres. Le clocher disparu, la commune disparaît. On la cherche en vain.

Il arrivera aussi que si l'église est détruite ou détournée de sa destination, les autres hameaux ne voudront plus être subordonnés. On verra de petites guerres. Il y aura des heures émouvantes, c'est quand du résultat d'un scrutin municipal dépendra la vie ou la mort du clocher qui pendant des siècles contempla les moissons. Une voix de plus et on démolira la flèche, qui coûte bien cher d'entretien. La nef sera louée à ce riche fermier, qui a besoin d'une grange.

Peut-être aussi n'y aura-t-il rien de changé, ou du moins si peu de chose que cela ne sera qu'une crise dans l'évolution qui entraîne toutes choses vers la mort.

On peut, en tout cas, craindre, pour une des prochaines années, une réaction terrible des opprimés. Mais cela, c'est la guerre. À chacun son tour.

Il n'y a pas plus de vérité en politique qu'en philosophie. Une suite d'apparences nous émeut, ou parfois nous étreint le cœur; chacune est contradictoire. Le progrès d'aujourd'hui sera la reculade de demain. On sait qu'une innovation a été un progrès, quand elle s'est imposée aux usages, aux besoins, quand elle est devenue une habitude. Mais cette habitude même devient quelque jour un fardeau. Les socialistes et les radicaux de l'an 305 étaient ardemment chrétiens; le noble et fécond paganisme ne leur inspirait que dégoût. La religion qui remplacera peut-être en France le catholicisme sera façonnée à la mesure de la nouvelle bassesse des âmes. Plus tard, elle paraîtra grande, parce qu'elle aura vaincu. Rien n'est définitif. L'aiguille tourne infatigable autour du cadran; le peuple, de temps en temps, se pend à la chaîne de l'horloge et remonte les poids. Heureux les hommes qui ont assisté à quelque intermède pittoresque, qui ont vu Fouché devenir duc d'Otrante et protéger Louis XVIII. M. Jaurès sera-t-il chambellan? Verra-t-on les délateurs d'aujourd'hui dénoncer ceux qui ne vont pas à la messe? Tout cela n'est qu'un amusement d'imagination et ne sera jamais, même réalisé en plein, qu'un amusement historique.

Les hommes politiques d'aujourd'hui semblent trop médiocres pour jamais nous donner le spectacle curieux des revirements brusques. Leurs persécutions aussi sont timorées comme leurs âmes. Et ceux qui font profession d'aimer la liberté ne l'aiment qu'à demi. Ils font un choix. Ils réprouvent certains excès, laissant ainsi dans leurs lois un ferment d'arbitraire. Mais il en sera toujours de même : le législateur est un tyran inconscient qui croit avoir fait son devoir quand il a satisfait à ses préjugés.

Ce qui engage tant d'hommes présentement à vouloir la séparation de l'Église et de l'État, c'est ce motif : que la religion n'est pas vraie et que l'État se déshonore en subventionnant une imposture. L'argument n'est pas sans force théologique; il est aussi très propre à égayer les gens sérieux. Le peuple est idéaliste. Il le faut être pour lui plaire. Le christianisme s'est soutenu, en répétant : Je suis la vérité. À tout autre secte qui tiendra le même langage, le peuple, inquiet, prêtera l'oreille.

Voilà où nous en sommes, après plus d'un siècle de science expérimentale.

Source : http://www.remydegourmont.org/index2.php


Églises à vendre

On ne sait que faire des églises désertées par les fidèles ici. Pourquoi ne pas les transformer en refuges pour sans-abris plutôt que les démolir ou en faire des façades à condos? Ce serait au moins dans la ligne paupérisante du nouveau pape (appliquée au Vatican*). Qui plus est, l’oisiveté étant la mère de tous les vices, les membres du clergé enclins à faire des choses, disons pas très catholiques, pourraient s’occuper des sans-abris – double vocation expiatoire au projet.

* Le Vatican tire ses revenus de la vente de ses timbres et des revenus provenant de ses placements immobiliers. Son budget est complété par une partie du denier de Saint-Pierre, c'est-à-dire l'ensemble des contributions annuelles des diocèses de partout dans le monde. Seul le secteur économique tertiaire est représenté au Vatican, sous la forme d'activités bancaires. Le Vatican est considéré comme un paradis fiscal. Il est impossible d'obtenir de données précises au sujet de son PIB ou de son PNB. Les revenus du Vatican ont totalisé 216 millions d'euros en 2002 (337 millions de dollars canadiens), pour des dépenses de 13,5 millions d'euros (21 millions de dollars canadiens).

9 janvier 2014

Varia noir

Intelligence économique versus intelligence écologique (lacunes flagrantes dans la seconde). Et, il y a une intelligence destructrice à l’œuvre, apparemment indestructible celle-là… 


Les drapeaux rouges se multiplient donc…

1. Nouveau-Brunswick, Plaster Rock – Combien d’alertes faudra-t-il encore? Se pourrait-il que les sciences économiques nous fassent perdre tout gros bon sens, tout discernement?
       Avons-nous besoin de 150 études scientifiques pour comprendre que si des wagons dérapent et s’enflamment à répétition, c’est qu’il est temps, non pas d’augmenter la production et la circulation des carburants fossiles, mais plutôt d’y mettre un frein – soit nous en tenir à l’essentiel? Si le feu sort du robinet, avons-nous besoin de 150 études scientifiques pour prouver que l’eau est contaminée?
       Quand diverses régions du pays auront expérimenté plusieurs BP Oil Spill, Kalamazoo, Lac Mégantic, les uns après les autres, il sera trop tard.

2. Un manifeste en faveur de la fracturation et du forage pétrolier (Anticosti / Old Harry). Faut-il scraper le pays au grand complet? http://situationplanetaire.blogspot.ca/2010/10/norvege-en-quebec.html

À propos de la fracturation hydraulique…

Pollution de l’eau par fracturation hydraulique en quatre états américains
(Brandi in Diets in Review)

La fracturation a été un dossier très chaud l'an dernier, et il semble que ça continuera en 2014. Des célébrités comme Mark Ruffalo, qui tweet fréquemment sur les dangers de la fracturation, donne voix aux gens qui sont contre cette pratique, à une plus grande échelle.

La fracturation a également fait l'objet du film Promised Land, sorti il y a un an. Les principaux acteurs, Matt Damon et John Krasinski, ont participé à la rédaction du scénario, et ils ont suivi le périple d’un vendeur de gaz naturel qui découvre les effets dommageables de la fracturation sur l'environnement.

Maintenant, il y a encore plus de preuves que la fracturation endommage les écosystèmes et notre santé. L'Associated Press a procédé à une recherche dans quatre états (Pennsylvanie, Ohio, et Virginie de l'ouest et Texas) à la suite de plaintes déposées au sujet des effets de la fracturation.

Bien que l'industrie de la fracturation prétende que les problèmes sont rares, les plaintes n’ont cessé de s’accumuler, principalement en rapport avec la contamination des puits.

Jusqu'à la prochaine réévaluation, l'industrie de la fracturation pourrait contester ces allégations. Toutefois, maintenant que l'Associated Press a confirmé un certain nombre de plaintes, parmi des centaines concernant la pollution de l'eau, il leur sera plus difficile de prétendre que ces problèmes sont rares.

La fracturation hydraulique est une méthode d'extraction du pétrole et du gaz naturel, et l’industrie a connu un boom dans ces deux secteurs. Pour extraire le combustible, on doit utiliser des centaines de milliers de gallons d'eau, du sable et des produits chimiques qui sont injectés dans le sol pour fracturer le roc.

En surface, ça ne semble pas une si mauvaise chose, pourtant c’est en surface que se situe le problème. Une fois que le roc a été fracturé et le carburant libéré, l’eau contaminée remonte à la surface. L'eau peut contenir des niveaux élevés de sels de forage, des produits chimiques, de métaux lourds et naturellement des radiations de faible niveau.

L'eau polluée nuit à la santé des animaux et des personnes qui utilisent l'eau de leurs puits comme principale source d'approvisionnement. Pour le moment, nous savons au moins que certaines plaintes ont été vérifiées et confirmées. De nombreux experts souhaitent que la prochaine étape d’investigation révèle exactement comment cette pollution affecte les gens qui y sont exposés.

(Source : Care2)

3. Fruits et légumes biologiques contaminés – des traces minimes.
Même si les terres sont certifiées, l’air pollué et les pluies acides ne peuvent pas les contourner...  c’est juste le gros bon sens qui le dit.
       Manger bio réduit au moins l’accumulation de pesticides et autres «ides» dans notre organisme. Et puis, si vous ne mangez pas de viande, vous risquez moins de contracter la grippe aviaire, la salmonellose, et ainsi de suite. C’est un choix personnel, bien sûr.

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Une fois de plus, que voulons-nous?

ÇA : 
(Route des Frontières Nouveau-Brunswick / Maine; Bonjour Québec) 

Ou ÇA : 
(Plaster Rock, N.-B.)  

8 janvier 2014

La mort digne, c’est pour quand?



Par sections sur youtube
ou au complet sur le site de l’ONF
http://www.onf.ca/film/mourir_pour_soi

Ce reportage a été tourné en 2000. Malheureusement, les choses n’ont guère progressé depuis, on stagne. Si la question vous intéresse, visitez le libellé «Euthanasie» pour d’autres articles.

Mourir pour soi
Documentaire de Lina B. Moreco (2000)
ONF

Documentaire questionnant l’acharnement thérapeutique. Lorsque vivre signifie mourir à petit feu, perdre toute autonomie, voir se dégrader l'image que l'on a de soi, la mort devient parfois la délivrance ultime. Testament biologique, acharnement thérapeutique, euthanasie active, euthanasie passive, quelle liberté de choix notre société nous offre-t-elle? Avec courage et générosité, des malades gravement atteints nous parlent de qualité de vie et de leur volonté de mourir dignement. En parallèle, des médecins proposent une approche plus humaine de la maladie et de la mort.

Extraits :

«Je n’ai plus aucune raison de vivre. Je ne fais qu’exister. J’ai supplié pour mourir et ils ne font rien.»
~ Terry Graham

«Imaginez un homme seul qui tombe en bas d’une falaise. Il est blessé, et dan le ravin il n’y a personne. Il sait que personne ne viendra. Comme il est blessé, il ne peut pas remonter le ravin. Il réalise que la mort viendra assez rapidement. Ça fait cinq ans que mon père est dans le ravin. Il attend qu’on le délivre de sa souffrance quotidienne. Il sait qu’il va mourir, mais il doit attendre, attendre et attendre. Je ne souhaite pas ça à personne. It’s fucking hell! On traite mon père comme de la merde.
       On ne peut pas mettre les mots qualité et vie dans la même phrase dans son cas. Il existe c’est tout. Aucune qualité de vie. Peur et ignorance face à la question, c’est ça le problème. Ottawa pourrait faire quelque chose. On devrait amener une centaine de personnes dans un état comme le sien devant le Parlement pour que tout le monde voie comment ils sont traités comme des vidanges. Ils attendent que la fin arrive, mais elle ne vient pas.»
~ Terry Junior Graham

Commentaire d’un homme qui fait la lecture de son testament biologique :
«L’euthanasie ce n’est pas tuer, c’est offrir aux gens un choix entre plusieurs façons de mourir. On ne les tue pas – tuer c’est enlever la vie à quelqu’un contre son gré. Obliger quelqu’un à survivre à sa mort, c’est ça tuer!»

Pensée du jour :

Le plus grand ennui, c'est exister sans vivre.
~ Victor Hugo

6 janvier 2014

Témoin d’un acte d’intimidation?

Que feriez-vous en pareille circonstance?

Pour éviter que «l’assistance à une personne en danger se résume à assister au danger», des jeunes ont simulé des actes d’intimidation et filmé les réactions des témoins. Des peureux, des indifférents et aussi des courageux qui interviennent (il y a même des filles plus courageuses que les gars…) Regardez jusqu’au bout parce qu’à la fin du clip, les vidéastes ont demandé aux passants pourquoi ils s’étaient comportés d’une manière plutôt qu’une autre.



“Why is bullying such an on going issue in society today? It's the people who start it but is it not the people who have the capacity to put a stop to it? By watching an act of bullying with the thought of, "I was going to step in if it kept going." you may be too late. This video opened up my eyes in ways no video has done before. Hope it promotes positive change. If you'd like, subscribe for more videos and share this video to help support the campaign and message.”

[«Pourquoi l’intimidation est-elle un problème récurant dans la société d'aujourd'hui? Ce sont les gens qui commencent, mais ne sont-ils pas capables aussi d’y mettre fin? Si vous êtes témoin d’un acte d'intimidation et que vous pensez «si ça continue, je vais intervenir», il sera peut-être trop tard. Cette vidéo m’a ouvert les yeux comme nulle autre auparavant. Espérons qu'elle incitera un changement positif. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous abonner et partager pour promouvoir les messages de cette campagne.»]

The Kid getting bullied: https://www.facebook.com/profile.php? ...
Thank you for watching! Please Subscribe:
http://bit.ly/1jJ9uw1  
I try to do videos every week! :D
Instagram: http://www.instagram.com/fouseyTUBE2
Vine: fouseyTUBE 


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Please share this video, and share and share some more! It may just be exactly what that one person needs to hear. Even if this does not apply to you... it may get to somebody who shares and, in turn, helps another!
       You cannot end depression with a First Aid Kit.
       By turn hilarious and haunting, poet Shane Koyczan puts his finger on the pulse of what it's like to be young and ... different. "To This Day," his spoken-word poem about bullying, captivated millions. Here, he gives a glorious, live reprise with back-story.
       This guy started out as a bully. Where he ended up will surprise you. It surprised the audience too, so they went ahead and gave him a rousing standing ovation. It's worth watching every single inspirational minute of this.
       www.ultimatelifetoday.com

[Veuillez partager cette vidéo, et partager, et partager encore plus! C’est peut-être exactement ce que quelqu’un a besoin d'entendre. Même si le message ne s'applique pas à vous ... il peut atteindre quelqu’un qui le partagera à son tour, et ainsi aider quelqu’un d’autre!
       On ne peut pas mettre fin à la dépression avec une trousse de premier secours.
       Tour à tour hilarant et déstabilisant, le poète Shane Koyczan met le doigt sur le bobo : ce que ça fait quand on est jeune et... différent. «À ce jour», ses récitals de poèmes sur l’intimidation ont captivé des millions de personnes. Ici, il reprend de façon percutante sa propre histoire.
       Le gars a été un intimidateur, et la conclusion de son histoire vous étonnera. Il surprend l'auditoire qui lui livre une vibrante ovation. Ça vaut la peine d’écouter chaque minute inspirante de ce témoignage unique.]

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http://artdanstout.blogspot.ca/2014/01/acceptation-et-inclusion-des-handicapes.html
 

3 janvier 2014

Voeux d'un sage


Vœux de Nasredin

«Je ne sais pas si l'année qui commence sera aussi douce qu'une crème à la vanille. Il y a plutôt à parier qu'il y aura même ici ou là, un peu de poivre et de moutarde. Je te souhaite surtout de ne pas succomber dans les moments difficiles, de ne pas médire, de ne pas maudire la vie, de ne pas te maudire toi-même. Si tu serres les dents, viens prendre un thé avec moi. Je ne sais pas si je saurai trouver les mots pour traverser; mais nous boirons un peu de silence. Même si ton coeur te condamne, moi je ne te condamne pas. Je ne puis seulement te souhaiter du miel, car je ne connais pas de vie qui ressemble à une longue tartine de miel. Je regretterais d'oublier de te souhaiter plus de courage et de joie malgré les épreuves, et peut-être aussi, en fait, grâce à elles. On te souhaite d'avoir plus? Je te souhaite de donner davantage, car tout ce qui n'est pas donné est perdu.»

Ainsi parlait Nasredin.

Source de la traduction : Le Nouveau Phalanstère
https://sites.google.com/a/volubilys.fr/phalanstere2/accueil