29 avril 2018

«Le plus difficile, c’est incendier l’enfer.» – Stach

Je revois la première saison de Handmaid’s Tale (La servante écarlate). C’est alarmant de constater que les politiques nationales et internationales s’orientent inexorablement vers le totalitarisme, même dans nos prétendues démocraties.
   Un flashback remontant au début du point de bascule, montre une manifestation où des opposants au régime sont sauvagement abattus par des policiers. June et son amie Moira s’interrogent : s’agit-il de policiers ou de militaires? Une fois le régime dictatorial instauré, des militaires seront postés dans tous les recoins de la République Giléad pour faire respecter la loi et l’ordre, armes semi-automatiques en main – un état de siège permanent.
   June, désormais appelée Defred, marche en silence. On l’entend penser :
«Il n’y a aucune pitié pour les membres de la résistance. Elle n’a rien laissé derrière elle. Pas d’empreintes. Pas de petites miettes. Je ne connais même pas son nom. Deglen est partie. Je me suis éveillée au monde. Avant, je dormais. C’est comme ça que tout est arrivé. Quand ils ont massacré le Congrès, on ne s’est pas réveillés. Quand ils ont invoqué le terrorisme pour suspendre la Constitution, on ne s’est pas réveillés non plus. Ils ont dit que ce serait temporaire. Rien ne change instantanément. Dans une marmite chauffée graduellement, on meurt bouilli sans s’en apercevoir.»
    En 2006, dans une interview au sujet de son roman, Margaret Atwood disait :
«Quand les temps sont durs, les gens troquent volontiers leur liberté si quelqu’un leur dit : ‘Je suis un puissant leader et je vais m’occuper de vous’. Si vous vouliez transformer une démocratie en régime totalitaire, vous présenteriez la chose de façon détournée : ‘En vue de préserver votre liberté, vous devrez sans doute la sacrifier pour le moment. Pour préserver la liberté, nous devons la démolir.’»
   «Ce livre n’est pas anti-religion. Il est contre l’utilisation de la religion comme prétexte à la tyrannie, ce qui est une chose entièrement différente. À la suite des récentes élections américaines, la peur et l’anxiété prolifèrent. Les libertés civiles de base sont menacées, de même que les nombreux droits que les femmes ont acquis pendant les décennies précédentes, et en réalité, depuis des siècles. Dans ce climat de zizanie, où la haine envers différents groupes semble progresser et écorcher les institutions démocratiques, des extrémistes de tous bords s’expriment.» Margaret Atwood on What ‘The Handmaid’s Tale’ Means in the Age of Trump (New York Times, 10 mars 2017)

«Ce qui rend The Handmaid’s Tale si terrifiant, c'est que tout ce qui arrive est plausible. Atwood avait l’œil terriblement prémonitoire sur la façon dont un état comme Giléad pourrait en venir à exister : «... Après la catastrophe, lorsqu'ils ont tiré sur le président et mitraillé le Congrès, l'armée a déclaré l'état d'urgence. ... Les journaux ont été censurés et d’autres fermés, pour des raisons de sécurité, disait-on. Les barrages routiers ont commencé à apparaître, ainsi que les Identipasses. Tout le monde approuvait puisqu'il était évident qu’on ne pouvait pas être trop prudent. Les comptes bancaires des femmes furent gelés, puis fermés, et elles furent forcées de quitter leur emploi. Cela s’est fait étape par étape.» ~ Naomi Alderman, écrivaine (The Guardian, March 25, 2017)
   Le commandant Waterford, chez qui Defred est l’utérus du moment, reçoit une délégation mexicaine en vue de négocier des échanges commerciaux. Defred est présentée à une déléguée et doit se déclarer heureuse du service qu’elle rend la société. À son départ, l’ambassadrice lui offre un cadeau. Defred décide de lui dire la vérité.
Je veux vous offrir un petit cadeau pour vous remercier de votre sincérité. C’est une faveur inestimable. Du chocolat mexicain de ma ville natale. Merci de m’avoir aidée à comprendre votre monde un peu mieux.
Vous ne comprenez pas. Je vous ai menti. C’est un endroit cruel. Nous sommes prisonnières. Si on s’enfuie, ils nous tuent. Ou pire encore. Ils nous battent. Ils utilisent des aiguillons à bétail pour qu’on leur obéisse. Si on nous surprend à lire, ils nous coupent un doigt. La fois d’après, c’est toute la main. Ils nous arrachent les yeux... Ils nous mutilent de la pire façon qui soit. Ils me violent à tous les mois, dès que j’ovule.
Je suis désolée.
Je n’ai pas eu le choix. Ils m’on arrêtée alors que je voulais m’enfuir. Ils ont enlevé ma fille. Alors, ne soyez pas désolée. Je vous en prie, ne soyez pas désolée. S’il vous plaît, faites quelque chose.
Je ne peux pas vous aider.
Vous allez nous échanger contre quoi? Du chocolat à la con? Nous sommes des êtres humains. Comment pouvez-vous faire ça? Comment pouvez-vous?
Je viens de Xipica, Mlle Defred. C’est une ville agréable. Grande comme Boston. Aucun enfant n’a été mis au monde à Xipica en l’espace de six ans. Mon pays se meurt.
Mon pays est déjà mort.

À mon avis, il vaut mieux mourir que de vivre dans un régime semblable – dictatorial patriarcal, masculiniste, théocratique – contrôlé par une élite bourgeoise tarée, sadique et j’en passe. Un retour à des «valeurs traditionnelles» tordues et arbitraires, et à l’agression sexuelle institutionnalisée.

Les parallèles entre la République de Giléad et la République de Trump sont troublants. Sous l’influence du vice-président Mike Pence, cet évangéliste born again pour qui les femmes ne sont que des utérus, des mères-porteuses, l’administration Trump a déjà restreint les droits des femmes, notamment en matière d’avortement. À Nashville, Tennessee, un projet de loi proposait de désigner la Bible comme le livre de l’état, mais la loi n’a été adoptée. Récemment, les législateurs on proposé un mémorial aux victimes de l’avortement – les bébés qui ne sont jamais nés – devant le capitole de l’état. Le retour à la soumission et à la dictature patriarcale et théocratique de la République de Giléad n’est pas de la fiction, les Américains ont déjà les deux pieds dedans (1).
   L’Alberta est un copié-collé de l’Amérique de Trump. Le mouvement Pro-Vie albertain se bat comme diable dans l’eau bénite contre l’avortement à renfort de conférences de mauvais goût (pour ne pas dire odieuses) dans les écoles. Tout comme pour le droit de mourir dans la dignité, les débats ne portent pas sur le droit de la personne ni sur la science médicale, mais sur des croyances théologiques qui n’ont de valeurs que pour celles et ceux qui y croient. Par exemple : les femmes sont des machines à procréer qui n’ont pas le droit de disposer de leur corps comme elles l’entendent.

Concernant le saccage de l’environnement, les États-Unis ont une longueur d’avance sur le Canada, mais nous ne tarderons pas à les égaler. Et, il est évident que nous allons nous casser la gueule.
  
La criminalisation des protestations anti-pipelines  

Scott Pruitt, le directeur de l'agence de protection de l’environnement (EPA), travaille fort pour la dissoudre afin de donner carte blanche (ou plutôt noire) aux producteurs d’énergies fossiles.
   Plusieurs états américains veulent se doter de lois qui entraîneront des peines sévères (emprisonnement, amendes démesurées, etc.) pour les manifestants qui voudraient bloquer des infrastructures gazières-pétrolières existantes ou en construction. L'industrie des combustibles fossiles et les législateurs républicains cherchent de nouveaux moyens de réprimer les manifestations pour la protection de l'environnement. Ils ont déjà eu recours à des forces armées spéciales et arrêté de nombreux protestataires. Des états riches en énergies sales comme l'Ohio et le Dakota du Nord, ont réussi à faire adopter des projets de loi interdisant certaines formes de contestation – les manifestations qui bloquent les routes et la circulation ou qui occupent des sites où se trouvent des infrastructures d’oléoducs.

Pas à pas vers la dictature

L’attitude délibérément myope et irresponsable de notre gouvernement fédéral ne peut qu’entraîner des désastres. Au lieu d’agir dans l’intérêt des Canadiens, on préfère arrêter les opposants au second pipeline de Kinder Morgan et les traiter comme si c’étaient eux les criminels. C’est le monde à l’envers. Voilà pourquoi on a vu Elizabeth May (Green Party leader) et Kennedy Stewart (NDP Burnaby South MP) être arrêtés devant le site de construction de Kinder Morgan à Burnaby Mountain, le 23 mars dernier. On les accuse de désobéissance civile.

In B.C., defendants face fines for protesting oil pipeline
By Dylan Waisman in News, Energy, Politics | April 23rd 2018

“Does a criminal contempt of court mean I now have a criminal record?” the woman asked B.C. Supreme Court Justice Kenneth Affleck. “So, when I go to volunteer at my granddaughter's school, I have to say I have a criminal record?”
   “I'm not in a position to give you legal advice,” Judge Affleck answered. Some similar cases in the past did not create criminal records for those found guilty, he added. Had his answer clarified things for her, he asked. She was still confused, she said.


The woman was one of dozens arrested for crossing a court-imposed exclusion zone around Kinder Morgan's Burnaby pipeline terminal called to appear at the Supreme Court of B.C today. Although many of the nearly two hundred people who crossed the line decided not to appear in court today, others did. [...]

‘I was in shock,’ says government insider about instructions to ensure approval of Kinder Morgan pipeline
By Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018

A new government insider has emerged to add their voice in support of allegations raised this week that Canada's review of Kinder Morgan's Trans Mountain expansion project was rigged.
   The allegations were first raised on Tuesday, when National Observer reported that public servants said they had been instructed at an internal meeting in Vancouver on Oct. 27, 2016 to ‘give cabinet a legally-sound basis for saying 'yes,’” to the Trans Mountain project. They suggested that Prime Minister Justin Trudeau's government rushed its review of Trans Mountain and had made up its mind to support the project, despite claiming, at that time, that they were still consulting First Nations and the public before making a final decision. [...]

Kinder Morgan warns of 'significant' delay after court urged to consider release of Trudeau government secrets
By Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018

A lawyer for energy giant Kinder Morgan is warning that its Trans Mountain expansion project is facing “significant and unwarranted delay” following an unexpected legal letter filed Thursday in the wake of dramatic revelations reported by National Observer about the project's approval by the Trudeau government.
   Maureen Killoran, a Canadian lawyer for the Texas-based company, drafted the warning in a letter filed Friday with the Federal Court of Appeal in response to a request filed on Thursday by the Tsleil-Waututh Nation in B.C. [...]

File photo of oil tanker farm in Burnaby by the Canadian Press

Oil disaster in Wisconsin raises questions for those living and working near Kinder Morgan tank farm
By Joel Ballard & Dylan Waisman in News, US News, Energy, Politics | April 27th 2018

Screen shot of NBC news video of refinery explosion in Superior, Wisconsin, on April 26, 2018.

About 27,000 residents had to evacuate their homes yesterday after an explosion at an oil refinery In Superior, Wisconsin, released black clouds of noxious smoke. Fifteen people suffered 'blast-related injuries', according to Reuters, leaving 11 hospitalized.
   Watching this from Burnaby, B.C., some yesterday were asking: “What if it were to happen here?”
   “It’s a tragedy...This is a whole community that’s having to deal with the impacts of something going wrong at a refinery,” said Andrea Harden-Donahue in response to the Wisconsin refinery explosion.
   Longtime Burnaby resident Elsie Dean was one of them. Dean has lived in the area since 1970 and told National Observer she was disturbed by images from the Wisconsin refinery explosion and wondered what would happen if a similar disaster were to occur in her community.
   “It's horrendous,” Dean said. “Maybe some notion of this danger to the people and the environment will arouse some discussion about bringing all this dilbit (diluted bitumen) into Burnaby.”

Explosions at the Husky Energy refinery
Tara Houska, April 27. Yesterday, the Husky refinery across the bay from my home exploded. Today, water protectors face court for standing up to #StopLine3 tar sands pipeline. Court might be cancelled due to evacuation. Prayers for those hurt, for families forever changed. https://twitter.com/billmckibben

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(1) “We’re gonna win. We have the force. We have the faith. And we will not rest until we have purified this country. In the name of God.” ~ Commander, Republic of Gilead 

Handmaid’s Tale season 2 uncannily predicts the present. In the wake of recent political events, this television show couldn’t come at a better time.
By Johanna Schneller | Special to the Star | Wed. April 25, 2018 

When The Handmaid’s Tale television series arrived in April 2017, it went down like a bitter-tasting but restorative tonic.
   Women and right-thinking men, but especially women were in despair about the victory of Trumpism, and here was a show that made manifest our fear, anxiety and anger. It felt urgent and necessary.
   A dystopia where women were robbed of their legal, sexual, professional and reproductive freedoms wasn’t a distant danger; it was here, in Washington, D.C., and elsewhere, and if we weren’t hypervigilant, it would get worse. The show wasn’t just set in the near future it was as if the showrunner, Bruce Miller, and his writers had a window into the actual future.
   In the months since, that has only become truer. Trump and his gang of thieves honestly, they couldn’t be more like Dr. Evil and his henchpeople if they tried have rolled back legal protections for LGBTQ+ people, defunded abortion and sex education, and made abstinence the official U.S. policy on birth control. Most of us view The Handmaid’s Tale as a cautionary one, but the Mike Pences of the world see it as a YouTube instructional video.

Photo : Alex Brandon/AP Images. Un des Commandants de la République de Trump, Mike Pence, et son épouse Karen. Le Commandant ne dîne jamais seul avec d’autres femmes. Karen, que Mike Pence appelle "Mother", joue un rôle majeur dans les coulisses. Au cours des six premières années de leur mariage, le couple était confronté à l'infertilité. «Nous ne le disions à personne. C'est difficile parce que je pense que les gens qui ne connaissent pas l'infertilité ne peuvent pas vraiment sentir ce que c'est que de vouloir un bébé plus que tout, et que ça n’arrive pas», disait Karen en interview. Ils ont finalement eu trois enfants. (Source: Business Insider)

Here comes the spoiler alert: based on the two episodes of season two made available to critics, Miller still has his crystal ball. We begin right where last season’s finale (and Margaret Atwood’s source novel) ended and, though there’s no way Miller and Co. could have predicted the Time’s Up movement or the March for Our Lives anti-gun protests, the series feels infused with their energy.
   Offred (nee June, played by Elisabeth Moss) and her sisters, including Janine (Madeline Brewer), Moira (Samira Wiley) and Emily (Alexis Bledel, a big Time’sUp advocate IRL) have had it. They’re spread out over a wider world now and they’re joining the insurrection.
   It appears that we’ll also be seeing more of Serena Joy’s (Yvonne Strahovski) backstory and that feels timely, too: she stands for all the anti-woman women the Valerie Hubers and Laura Ingrahams who are the real gender traitors that Trump and his ilk dig up from under who-knows-what rotten log. Can they really believe what they spout? How do they sleep at night? Perhaps Serena Joy will give us an answer.

Photo : Serena Joy, Defred et Fred Waterford lors de la cérémonie mensuelle de copulation du régime giléadien. Une méthode de reproduction (par procuration) pour les familles dominantes ayant des problèmes de fertilité. On se justifie en rappelant que l’épouse du Jacob biblique lui aurait dit d’utiliser ses servantes pour assurer sa descendance. Après son divorce d’avec Joséphine, Napoléon avait dit «je veux un ventre!».

Episode 1 begins with a cheat: a false threat that’s a bit too reliant on the series’ trademark aesthetic of terrible beauty. I hope that’s an anomaly. This show doesn’t need to be that heavy-handed. Like Aunt Lydia (the great Ann Dowd), The Handmaid’s Tale is scariest when it speaks in its singsong, this-is-all-normal-dear voice.

By the way, last season Canada was a haven of sanity amid the Handmaids’ horror. But now Ontarians are bracing themselves for a victory for Conservative Doug Ford. I wonder if Miller saw that coming, too.

Season 2 of The Handmaid’s Tale premieres April 29 at 9 p.m. on Bravo.

26 avril 2018

Quotient Environnemental canadien : zéro

Je m’interroge sur les motifs qui poussent les monopoles industriels à faucher le Canada au bouldozeur-bélier sur 8 000 km (distance de la Transcanadienne d’un océan à l’autre). Bien sûr on invoque souvent le terrorisme capitaliste (une sorte de mafia économique mondiale), la compétition commerciale féroce, l’appât du gain démesuré, les idéologies politiques antisociales, le contrôle de masse, etc. Derrière tout ça se cache une chose qu’on n’a pas encore réussi à détecter. Donc, je revisite le DSM-5, le «catalogue» des troubles mentaux, en quête de réponses. Que penser de nos béni-oui-oui au pouvoir, de quels troubles souffrent-ils? La dépendance au pétrole, ça se soigne. Sinon, on pourra ouvrir des centres d’injections de pétroïdes pour les personnes incapables de réduire leur consommation.

L’autre jour, un chroniqueur radio a déclaré à la blague : «Ottawa couche avec les pétrolières». Pas fou.
   Qui croit encore aux promesses virtuelles?
   Le gouvernement devrait simplement avouer : «Nous ne protégerons pas les océans, l’eau douce, les forêts, la faune et la flore si cela risque de nuire à l’industrie pétrolière-gazière ou forestière ou... et à la croissance économique. C’est dans l’intérêt national et de compétence fédérale.»
   Le cabinet Trudeau martèle que tout ce qui traverse les provinces, notamment les oléoducs, est de juridiction fédérale. Je pense qu’il devrait s’occuper avec la même férocité de tout ce qui passe par-dessus le Canada, c’est-à-dire les impôts dus envolés dans les paradis fiscaux.

Les députés libéraux de la C-B suivent la ligne de parti et mordent à l’hameçon comme les saumons du Pacifique : «Le plan de protection des océans est le meilleur plan jamais vu», affirmait Sukh Dhaliwal, député de Surrey-Newton. 
   Publié sur le site officiel du gouvernement fédéral. 
Le 7 novembre 2016 à Vancouver, Colombie-Britannique : 
Le Plan de protection des océans du gouvernement du Canada vise à préserver et à restaurer les écosystèmes marins qui sont vulnérables à l’augmentation du transport et du développement maritime. À cette fin, le plan permettra de réduire l’incidence qu’a la circulation quotidienne de navires sur les mammifères marins en tirant profit de données scientifiques probantes et des connaissances des eaux locales de communautés autochtones et d’autres résidents de communautés côtières. Principaux objectifs : protéger les mammifères marins; prévenir les incidents liés à la pollution marine et y intervenir; restaurer les écosystèmes côtiers; aborder la question des navires abandonnés et désertés et des épaves.

Ces décisions prouvent une énième fois que le gouvernement Trudeau nous roule dans le bitume :

Ottawa ouvre une future zone de protection marine aux pétrolières
Alexandre Shields | Le Devoir, 28 juin 2017


Malgré le fait qu’une étude scientifique fédérale a démontré que l’exploration pétrolière et gazière est incompatible avec la mise en place de la zone de protection marine du chenal Laurentien, le gouvernement Trudeau a confirmé mardi que ce futur territoire protégé sera accessible à l’industrie.
   Le ministre de Pêches et Océans Canada, Dominic LeBlanc, a annoncé mardi la publication du règlement qui précise les activités qui seront permises dans cette zone de protection marine (ZPM), en vue de la période de «consultations»  des 30 prochains jours.
   Celle-ci sera située à l’entrée du golfe du Saint-Laurent, au sud de l’île de Terre-Neuve, au coeur d’une vallée sous-marine reconnue par le gouvernement comme «une zone d’importance écologique et biologique». Une fois officiellement établie, la ZPM du chenal Laurentien sera la plus importante de l’est du Canada, avec un total de 11 619 km2.
Article intégral :

BP obtient le feu vert pour forer au large de la Nouvelle-Écosse
Alexandre Shields | Le Devoir, 23 avril 2018

Les autorités canadiennes et de la Nouvelle-Écosse viennent d’accorder les autorisations finales à BP, qui compte entamer un forage en eaux profondes au large de la province. Le secteur ciblé par la pétrolière à l’origine de la gigantesque marée noire du golfe du Mexique est fréquenté assidûment par des espèces en voie d’extinction, dont la baleine noire.


Selon le président de l’Office Canada / Nouvelle-Écosse sur le pétrole extracôtier, Stuart Pinks, le forage de BP «sera réalisé de manière sécuritaire» et sous étroite surveillance de l’organisme réglementaire.
   Ce feu vert survient quelques jours après l’arrivée de la plateforme de forage West Aquarius au large de la Nouvelle-Écosse. Celle-ci avait déjà été transportée depuis l’Europe, à la demande de BP. Elle se trouvait d’ailleurs déjà dans la zone ciblée pour le forage à venir.
   La pétrolière pourra donc forer un puits exploratoire à près de 300 kilomètres au sud-est d’Halifax. C’est dans ce secteur que BP compte forer jusqu’à sept puits d’exploration d’ici 2022, afin de vérifier s’il existe un gisement de pétrole.
   Ce premier forage en haute mer sera réalisé à une profondeur de près de 3000 mètres, soit le double de la profondeur du forage exploratoire qui a mené à la catastrophe de Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique. Et aucun puits de secours (utilisé pour stopper une fuite) n’est prévu pour ces travaux en plein Atlantique Nord.

Mckenna approuve La ministre de l’Environnement du Canada, Catherine Mckenna, s’est portée dimanche à la défense de la décision d’autoriser BP à lancer cette nouvelle campagne de forages. [...]
   Le discours rassurant du gouvernement Trudeau ne convainc pas Angela Giles, du Conseil des Canadiens. «La réalité est que l’industrie pétrolière ne peut pas nous promettre qu’il n’y aura pas de déversement. Pour nous, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Nous ne voulons pas devenir le prochain golfe du Mexique», a-t-elle souligné, à la suite de l’autorisation accordée à la pétrolière. [...]  

Baleines noires Selon des informations publiées la semaine dernière par Radio-Canada, à partir de données recueillies par les chercheurs américains, les baleines noires fréquentent assidûment la région maritime ciblée pour les forages de BP. Et selon la documentation produite par le gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur les espèces en péril, l’exploration pétrole constitue une «menace» directe sur l’habitat de ce cétacé. [...]
Article intégral :

Les exploitations canadiennes de British Petroleum ont leur siège social à Calgary et la société exerce ses activités principalement dans la région de l'Alberta, les Territoires du Nord-Ouest et la Nouvelle-Écosse (quatre blocs offshore). C’est en effet une compagnie fiable dont les installations sont sécuritaires... 
Fuites et déversements de BP les plus connus :
– Britain1965: Sea Gem offshore oil rig disaster 
– Texas City Refinery explosion and leaks: 2005 explosion; 2007 toxic substance release; 2010 chemical leak
– Alaska 2006: Prudhoe Bay oil spill
– Caspian Sea 2008: gas leak
– Gulf of Mexico 2010: Deepwater Horizon explosion and oil spill

Un exemple étasunien démontrant que les propriétaires terriens qui se trouvent sur le tracé d’un pipeline n’ont aucun droit. S’ils refusent les compensations financières, les bouldozeurs feront leur job avec l’aide des forces armées. Catherine Mckenna doit bien s'entendre avec son homologue américain Scott Pruitt dont le but est d'éliminer l'EPA. 

Une femme de 61 ans essaie d'empêcher le passage d’un pipeline sur ses terres 
Gregory S. Schneider | Washington Post, 21 avril 2018

Roanoke County, Virginie – Theresa "Red" Terry, une mère de trois enfants âgée de 61 ans, vit perchée sur une plate-forme de 32 pieds entre deux chênes, pour empêcher un pipeline de gaz naturel de traverser le domaine de 1500 acres concédé à la famille de son mari par le roi d'Angleterre à l'époque coloniale.

Photo : Michael S. Williamson / le Washington Post. Theresa "Red" Terry vit dans cet arbre pendant sa vigile. On l’a avisée qu'elle sera arrêtée dès qu’elle mettra les pieds à terre.

Pendant trois semaines, elle a enduré la pluie, la neige, la grêle, des températures nocturnes dans les - 7°C et les grands vents. Son corps est raide et douloureux. Lorsqu’elle ferme la bâche pour rester au chaud, il fait habituellement trop sombre pour lire. Elle s'ennuie.
   Il y a dix jours, la police a déclaré que la famille et les amis ne pouvaient plus lui apporter de nourriture et de l'eau sur la plateforme. Les agents attendent 24/24 au pied des arbres et l'arrêteront aussitôt qu’elle descendra. Sa fille de 30 ans, perchée dans un autre arbre, trop loin dans le boisé familial pour qu’on puisse la voir, défie aussi la police.
   Invoquant l'expropriation, les constructeurs du pipeline ont offert une compensation pour utiliser une partie des terres de la famille Terry. Ils ont refusé l'argent et ont plutôt intenté une poursuite pour bloquer le projet. Un juge fédéral a statué contre eux au début du mois dernier.
   Du personnel médical passent à tous les après-midi pour vérifier l’état de santé des femmes. «Nous ne leur refusons pas la nourriture et l'eau, dit l’agent Whittaker, elles peuvent en obtenir au pied des arbres, si elles descendent.»
   Si elles descendent, elles seront arrêtées.
   Les manifestant/e/s ne veulent pas attirer l'attention uniquement sur le déboisement, mais aussi sur l'eau qui est présente partout sur le tracé du pipeline. Dans au moins un des endroits de la terre des Terry, une source naturelle s'écoule vers un ruisseau maintenant sous une pile d’arbres abattus. L’un des enjeux marquants du parcours est qu’il longe le ruisseau et ses zones de terres humides.
   L'eau de Bent Mountain se jette dans la rivière Roanoke qui fournit l'eau potable à l'ensemble de la région et, avec ses affluents, elle sera traversée par le pipeline des centaines de fois. Les opposants craignent une catastrophe écologique.

Article intégral : https://www.washingtonpost.com/    

22 avril 2018

Le plastique : on en parle mais on fait peu

Le plastique est le thème du Jour de la Terre. Hum. 

À Ottawa, la croissance économique et les emplois dans l'industrie des énergies fossiles passent avant la protection de l’environnement qui, en réalité, se retrouve en dernière position des priorités. Beaucoup de pays manquent d'eau potable. Ici, nous la gaspillons pour augmenter toujours plus la production de pétrole bitumineux. C'est un non-sens. J'ai honte. Pire encore, le gouvernement canadien en panique a approuvé l'arrestation de manifestants pacifiques qui s'opposent au pipeline Trans Mountain, dont Kennedy Stewart et Elizabeth May le 23 mars dernier, les accusant d'activités criminelles. Plus de 200 manifestants ont été arrêtés depuis le début des manifestations. Comme dit Bill McKibben : "When you can't win an argument, jail your opponent."  

Je bois au triomphe de l’intelligence sur l’argent!


Justin Trudeau ne s'engage pas à interdire les pailles en plastique
Le Canada adhérera volontiers à une déclaration internationale visant à nettoyer les océans, mais le premier ministre Justin Trudeau ne s'est pas engagé, jeudi, à interdire l'usage des pailles en plastique, comme le souhaite son homologue britannique.
La Presse canadienne
   Theresa May, qui a demandé aux autres membres du Commonwealth de réduire leur utilisation du plastique, s'apprête à dévoiler un projet sans précédent qui interdira au Royaume-Uni les produits de plastique à usage unique, comme les pailles, les verres et les cotons-tiges, afin de nettoyer les océans du monde.
   Ottawa s'apprête aussi à interdire, en juillet, les microbilles dans les produits d'hygiène personnelle, mais n'a pas annoncé de calendrier pour les autres types de plastique. Plusieurs pays ont déjà éliminé les sacs de plastique à usage unique. Au Canada, seules certaines municipalités ont fait des gestes concrets.

Déchets de plastique : Ottawa veut améliorer la santé des océans
En ce Jour de la Terre, la ministre fédérale de l'Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, souligne que le gouvernement est à la recherche de solutions pour améliorer la santé de nos océans, un thème prioritaire du prochain sommet du G7 dans Charlevoix.


De son côté, Greenpeace Canada réclame un cadre national pour réguler la production, la vente et la récupération du plastique à usage unique par les grandes compagnies. La porte-parole de l'organisme, Loujain Kurdi, affirme notamment qu'il y a 10 000 tonnes de plastique dans les Grands Lacs, et que 85 % de nos oiseaux marins au Canada ont ingéré du plastique.
   Mme Kurdi insiste sur l'urgence d'en faire davantage pour le gouvernement canadien afin qu'il ne soit pas parmi les derniers pays à agir sur ce problème-là.

Source : Presse canadienne

Un premier bilan
Jean Lemire

10 décembre 2012

«[...] Il faut entendre le silence régner dans les forêts tropicales; voir la blancheur de certains récifs coralliens pour comprendre toute la portée de la crise climatique sur la planète; essayer de comprendre comment on tue quelque 75 millions de requins par année pour nourrir une industrie de la soupe aux ailerons, une atrocité que nous tolérons au nom d’une certaine culture; constater comment les espèces envahissantes font des dommages irréversibles aux habitats de la planète, par nos exportations de libre marché; voir l’indifférence, l’insouciance et le gel alarmant du ‘je-m’en-foutisme’ de certains de nos dirigeants, qui voient la sauvegarde de notre planète comme un frein à la sacro-sainte croissance économique.
   Le bilan est simple : nous manquerons de temps – et de moyens – pour sauver la vie, sous toutes ses formes. Et pendant ce temps, nous hésitons à réaliser une entente pour faire suite au protocole de Kyoto... Avec 9 milliards d’humains à la fin du prochain siècle et une température moyenne en hausse de 4 à 5°C, on peut prédire sans se tromper que les décennies à venir seront celles de la lutte pour notre propre survie.
   Sans doute initiée par cette crise climatique mondiale, nos enfants verront peut-être la fin de l’ère économique, un modèle basé sur une économie qui dépend de la consommation toujours grandissante des humains pour supporter ce système. Un dogme qui suppose l’extraction et le marchandage des ressources naturelles, au-delà des règles élémentaires de régénération, sans soucis réels pour demain et les générations à venir. Un modèle insoutenable!
   Il ne reste qu’à espérer que l’héritage de ces temps difficiles engendrera un nouvel équilibre entre l’humanité et la nature, où le développement durable dressera les nouvelles règles de croissance et d’évolution. Mais il faudra sans doute toucher le fond du baril pour espérer le changement vital de nos façons de faire. La fin inévitablement tragique de l’ère économique pourrait bien initier une nouvelle ère de responsabilisation universelle, basée sur le respect de la vie et sur ce qui la supporte. Une ère nouvelle, où l’évaluation de la croissance d’un peuple serait mesurée en ‘qualité’ plutôt qu’en ‘quantité’.»

Jean Lemire, biologiste et explorateur québécois, fut chef des expéditions Mission Arctique (2002), Mission Baleines (2003), Mission Antarctique (2005-2006) et la mission 1000 jours pour la planète (2012-2016), toutes réalisées à bord du voilier Sedna IV. http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil

L'odyssée des illusions : le cri du coeur de Jean Lemire
La Presse | 17 novembre 2016

Les réflexions de Jean Lemire sont au coeur de son plus récent ouvrage, L'Odyssée des illusions, publié aux éditions La Presse. Il revisite pour l'occasion ses grandes expéditions, depuis l'Arctique jusqu'à l'Antarctique en passant par son tour du globe (1000 jours pour la planète), achevé en octobre dernier. Les quelque 150 photos sont à couper le souffle, fidèles à la beauté sauvage des coins explorés par l'équipage. [...]

Réconcilier l'écologie et l'économie
Aujourd'hui, il estime que le sort de la planète ne doit plus rester l'affaire des écologistes seuls. «J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut réconcilier les deux ‘écos’, l'écologie et l'économie. Aucune solution n'est possible sans plus de justice sociale. Les parents dont la priorité est de s'assurer que leurs enfants vont manger pendant la journée ne peuvent pas avoir la même conscience environnementale. Les acteurs du monde financier doivent se mobiliser.» C'est pour cette raison qu'il a demandé à l'homme d'affaires Alexandre Taillefer de signer la préface du livre.
   Il souhaite aussi une plus grande implication des décideurs. «L'environnement, ce n'est pas juste un titre qu'on ajoute à une fonction ministérielle. Il faut des gestes. C'est bien beau d'être populaire, de prendre des selfies et de déclarer que le Canada est de retour, mais quand on voit que le gouvernement Trudeau s'apprête à approuver le projet de pipeline, je m'interroge. On en est encore là? Les petites mesures, les petits gestes ne suffisent plus. Est-ce qu'on va finir par faire ce qu'il faut pour empêcher le pire de se produire? Parfois, j'ai peur que non.»
   Jean Lemire se défend toutefois d'avoir écrit un livre déprimant, et encore moins fataliste. «La montagne est haute, c'est vrai, mais il faut la gravir. Sinon, que lèguerons-nous aux générations futures?»



La planète et les chaussettes de Justin
David Goudreault
La Tribune 20 avril 2018

«Il faut savoir que, non seulement notre lieu d’habitation, mais l’espèce humaine elle-même est en danger.» ~ Hubert Reeves

CHRONIQUE / Nous sommes tous un peu Justin : «Oui oui, ça nous touche, nous concerne et nous consterne. L’environnement est une priorité et nous passons à l’action...» Certains l’assument avec moins d’hypocrisie, d’autres seraient prêts à retourner ciel et terre pour s’en défendre, mais comme notre fin stratège de premier ministre, notre écologisme en est un de façade.

De petits gestes suffisent à nous donner bonne conscience : un peu de recyclage par ci, une pomme bio par là et le tour est joué. Mais c’est oublié que notre recyclage est de plus en plus insignifiant, les Chinois n’achètent plus en masse nos cargos de papiers souillés (qui polluaient déjà par leur expédition et leur traitement). Et c’est aussi omettre que nos dispendieux fruits et légumes bios voyagent davantage que nous, que l’empreinte écologique de leur transport suffit souvent à annuler leur bienfait environnemental. Consommer local? Excellente idée, bonne chance! Il faut du courage et de l’organisation pour se nourrir ou se vêtir de produits locaux. Jetez un œil dans vos armoires, ouvrez vos tiroirs; trouvez-vous des pâtes, des conserves, des bobettes ou des chaussettes made in Québec? Non. On importe. Et Justin veut qu’on exporte...
   En campagne électorale, Trudeau fils n’en finissait plus d’embrasser la terre-mère, de la caresser de mille promesses : le Canada doit être un leader des énergies renouvelables, fini le temps des énergies fossiles, etc. Mais le voilà qui revient au pays à bride abattue pour régler l’impasse politique qui bloque le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. Non seulement il réaménage son horaire, mais il délaisse rapidement son inutile rôle de médiateur pour enfiler sa casquette d’entrepreneur. «On va pouvoir démontrer aux investisseurs que nous sommes un pays de droit où, quand les processus sont suivis comme il faut et qu’on approuve des projets, on est capables de créer ces projets». En d’autres mots, malgré la grogne des Premières Nations, le rejet populaire et l’insoumission de la Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral est prêt à tout pour favoriser l’exportation du pétrole de l’Alberta. Et notre bon Justin qui repartait le lundi suivant pour signer des accords bilatéraux avec la France sur la lutte contre les changements climatiques. Contradictoire, dites-vous?
   Je suis un peu écologiste et très fatigué. Les écologistes acharnés qui font preuve de cohérence soutenue entre leurs idées et leurs actions doivent être carrément épuisés. Aux limites du véganisme, informé, voyageur écoresponsable et dons en sus, j’y ai cru. Je me suis slaqué le pompon depuis. Toujours pas de viande, mais un peu plus de poisson et d’indulgence au menu. Les arriérés qui laissent tourner leurs moteurs m’énervent autant, mais je reste zen. L’explosion des ventes de VUS et de pick-up au Québec me laisse presque de marbre. L’extinction imminente des papillons monarques ne me concerne plus, pas plus que la mort récente de Sudan, le dernier rhinocéros blanc de la planète. Je mange des pommes bios et je mets mon carton dans le bon bac. Pour tout le reste, je n’y peux rien...
   Mais Justin y pourrait quelque chose, lui. Voilà la cruelle vérité qui se dissimule derrière la responsabilisation individuelle martelée par les campagnes gouvernementales : les individus, même informés et mobilisés, ne peuvent endiguer le réchauffement climatique et le saccage de la biodiversité tant que les grandes industries pourront polluer en paix. Monsanto détruit davantage de sols fertiles qu’on ne peut produire de vergers bio; Walmart fait parcourir davantage de kilomètres à ses cochonneries de plastique que nos voitures électriques ne pourraient en couvrir; les pétrolières déversent davantage de pétrole dans l’eau et dans le sol que celui que je pourrais économiser en échangeant ma Corolla pour un unicycle.
   La population est sensibilisée, même si nos choix de consommateurs ne le reflètent pas toujours. Les scientifiques sonnent l’alarme depuis trop longtemps déjà. On a atteint un certain consensus sur l’urgence d’établir des mesures d’envergure pour freiner la pollution. Mais la volonté politique manque à l’appel.
   Trump s’en sacre comme de sa première pute. Climatosceptique assumé, il a le mérite de donner l’heure juste : il ne faut pas compter sur l’immense pollueur qu’est notre voisin du sud. Mais Justin lui, avec ses belles promesses vertes, ses diversions, ses engagements non contraignants sur trente ans et ses chaussettes assorties, il joue sur tous les tableaux, mais surtout sur celui de l’industrie. Des industries trop souvent subventionnées ou placées à l’abri de l’impôt, des coûts sociaux et environnementaux liés à leurs activités. Toujours l’économie avant l’écologie, à tout prix.
   Ce dimanche, c’est le jour de la Terre. Vous aviez prévu quelque chose de spécial pour la célébrer? Les multinationales, les pétrolières et Justin Trudeau non plus.



Comment le plastique a envahi notre vie depuis les années 50 (1)  

«Un matin comme un autre. J’ouvre un œil. Je me retourne dans mes draps cinquante pour cent polyester (plastique). J’éteins mon radioréveil en styrène (plastique). Je gagne à tâtons les dalles en vinyle (plastique) de ma salle de bains. Pommeau de douche en plastique. Shampooing dans un flacon de plastique. Porte-serviette en plastique, serviette en fibres synthétiques : plastiques, vous dis-je!
   Je m’habille : 50 pour 100 polyester (plastique). Je me chausse : mes semelles sont en polyéthylène (plastique). Petit déjeuner : cafetière électrique en plastique et gâteau emballé dans du plastique. Par bonheur, le café est bio... Je bois un jus de fruit que contenait une bouteille en polychlorure de vinyle (plastique). Je me passe un DVD de musique, support en mylar (plastique). Je sors ma poubelle en plastique.
   Je suis plastifié jusqu’à l’os... Notre civilisation se drogue aux plastiques. Elle est emballée dedans comme la mouche dans la toile d’araignée. Elle en use et en abuse, de toutes les textures et de toutes les couleurs. Elle ne peut plus s’en passer. Non seulement elle emballe et s’emballe, mais elle suremballe!
   Or, les plastiques sont préparés, synthétisés, polymérisés à partir du pétrole. Ils recèlent du chlore et cent composés polluants qui provoquent des allergies, des stérilités, des cancers, des naissances anormales. Nous en fabriquons des dizaines de millions de tonnes par an, que nous jetons à peine employées; qui encombrent nos décharges; ou que nous brûlons en commettant des crimes à la dioxine ou aux PCB...     
   Je suis anéanti. Je pense me recoucher pour oublier. J’entends pleurer dans la chambre voisine. Mon petit-fils se réveille. Je crois que je vais aller lui voler sa tétine (en plastique), me la planter entre les lèvres et la sucer une heure ou deux pour me rassurer.
   Nos déchets de plastique se retrouvent en grande quantité partout, notamment dans la mer. Ils y flottent, en surface ou entre deux eaux. Ils sont là pour des siècles... Ils tournent avec les grands courants océaniques. On en a découvert deux concentrations hallucinantes, l’une dans le Pacifique Nord, l’autre dans l’Atlantique Nord, qu’on appelle les «grands gyres» ou les «grands maelströms». Dans ces zones, les océanographes ne pêchent pas moins de 5 kilogrammes de ces déchets par kilomètre carré, soit six fois plus que de plancton! Bon appétit aux tortues marines, aux grands poissons, aux dauphins qui gobent ces débris de toutes tailles, par inadvertance ou par erreur, en les confondant avec des proies…
   Je l’ai dit plusieurs fois : je suis bipolaire. 90 % de désespoir, 10 % d’espoir...
J’écris pour clamer ce que je vois poindre au XXIe siècle : d’immenses peines pour nos enfants et petits-enfants. Des désastres difficiles à imaginer, mais qu’il nous faut quand même tenter de décrire d’avance – si nous voulons nous donner une chance de les éviter...» ~ Yves Paccalet (ancien blogue fermé, décembre 2012)

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(1) Après la Libération en 1945 et avec les années 50, la consommation de masse et la diversification crée une explosion des demandes et confortent l’essor de cette industrie nouvelle. Les matières plastiques seront essentiellement fabriquées par la pétrochimie, à partir du pétrole ou du gaz naturel. Les usages sont très variés et entrent «dans les petits objets de la vie de tous les jours».
   Le choc pétrolier de 1973 marque un tournant : les plastiques, considérés comme matières de substitution jetables et bas de gamme, deviennent souvent des matériaux sophistiqués et de haute technicité. La production mondiale de plastiques augmente chaque année (+ 2,9 % en 2012) et pose des problèmes liés à la pétrochimie et au devenir des plastiques usagés. La prise de conscience des enjeux environnementaux se développe et incite à de nouveaux progrès : amélioration du recyclage et de la biodégradabilité, utilisation de matières premières renouvelables, utilisation raisonnée des matériaux…
   Depuis 1950, année à laquelle le plastique fait son apparition dans notre vie quotidienne, nous avons produit et consommé à l’échelle mondiale 8,4 milliards de tonnes de plastique.

Source : Expédition LE 7e CONTINENT

20 avril 2018

Si seulement nous aimions la Terre!

Jour de la Terre Québec

«Le 22 avril, on porte tous un peu le chapeau». Sous le signe de la fête, mais aussi de la responsabilité que nous portons tous envers l’environnement, la campagne 2018 du Jour de la Terre a été réalisée par lg2. Une première collaboration avec cette agence!



Si vous avez besoin d’optimisme, d'inspiration et de motivation, voyez «La terre vue du cœur». Présenté dans plusieurs cinémas :


Le futur c’est maintenant et il est entre nos mains. (Nom de l’artiste introuvable...)

Au début des années 1970, le discours écologiste gagne les médias. Des événements collectifs sont organisés pour conscientiser la population à la nécessité de la protection de l'environnement. Fernand Seguin est bien connu du grand public québécois à l’époque. Dès les années 1950, il se consacre à temps plein aux communications et anime les premières émissions scientifiques de l'histoire du petit écran. Dans une entrevue, en 1971, il expliquait l'importance d'informer la population de la dégradation de l'environnement et sonnait l’alarme : «Le problème de la pollution, avec celui de la faim, celui de la surpopulation, sont à mon avis des problèmes auxquels un biologiste ne peut pas rester indifférent.  Ces problèmes vont finir par peut-être mettre fin à l’aventure de l’espèce.» Il faudra attendre 20 ans avant que le Jour de la Terre connaisse une ampleur internationale. En 1990, plus de 130 pays forment des comités pour organiser des manifestations, des colloques et des expositions sur les dangers de la pollution. (Source : ICI Radio-Canada / Archives)

Photographe inconnu. 

Quand a débuté l’initiative du recyclage, nous devions déposer nos choses dans des bacs en forme de cloche installés à différents endroits, rarement à proximité de notre résidence. Il fallait vouloir... On trouvait généralement trois cloches – papier/carton, plastique, verre. Un jour, pour encourager les gens à participer, la collecte pêle-mêle aux résidences est apparue. Peut-être pas l’idée la plus lumineuse du siècle...

Le Québec et ses ordures
Par Émile Brassard | 8 novembre 2017

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Si le public pouvait d’abord penser que le Québec a de quoi être fier de son large réseau de bacs bleus à travers ses maisons et ses écoles, le documentaire La PouBelle Province vient rapidement mettre fin à ce mirage du recyclage : la province a encore beaucoup de chemin à faire en matière de gestion, mais aussi de production des déchets. En effet, il apparait que les Québécoises et Québécois sont parmi les plus grands producteurs de déchets par individu, dépassant même les Étasuniennes et Étasuniens. À cela s’ajoute qu’au Québec, il n’y a environ que le tiers des matières qui ont le potentiel d’être recyclées qui le sont véritablement au bout du compte.
   Denis Blaquière évoque ainsi le gaspillage massif d’une grande quantité de déchets recyclables, lorsque souillés au contact d’autres déchets ou jetés directement à la poubelle. Le fait que le tri des matières déposées au recyclage ne s’effectue pas encore chez les citoyens, mais dans les centres de tri, diminue considérablement le rendement et l’efficacité du recyclage dans la province.
   Au moment de la production du documentaire en 2012, l’État acceptait toujours les demandes d’agrandissement parmi les cinq grands dépotoirs au Québec. Et cela, malgré que les gaz nauséabonds, polluants et, dans une proportion de 1 %, toxiques émis dans l’atmosphère ainsi que les risques de contamination souterraine préoccupent les résidents et entrepreneurs à proximité des centres d’enfouissement. Au final, le documentaire insiste surtout sur la surproduction de matières résiduelles et le gaspillage des déchets qui peuvent pourtant être récupérés, comme le verre, certains plastiques et l’aluminium, alors que ces deux phénomènes sont en grande partie la cause de l’élargissement des dépotoirs provinciaux.
   Cependant, des solutions plus simples encore sont à portée de main. À la fin du documentaire, les propositions de Denis Blaquière incluent la réduction de déchets domestiques, l’achat responsable et la valorisation des matières recyclées. Le documentariste n’écarte pas non plus l’expansion du système de consignation pour les quelque 200 millions de bouteilles de vin et de spiritueux produites chaque année par la Société des alcools du Québec, dont la moitié continuent de se retrouver dans des centres d’enfouissement.
   Bref, les choix quotidiens de chacun, multipliés à l’échelle de la province, soulèvent d’importantes questions environnementales lorsque vient le temps de faire disparaitre toutes les matières résiduelles, emportées chaque collecte vers les grandes poubelles provinciales.


La PouBelle Province


Bande annonce

Documentaire 

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Notre gouvernement provincial se pète les bretelles en matière d’environnement. Or la Société des alcools du Québec (SAQ), un monopole étatique, n’est même pas capable de s’inspirer de l’Ontario qui consigne les bouteilles de vins et spiritueux; en 2015, la province comptait déjà 800 points de retour!

C’est une chose qui semble aller de soi, mais au Québec on doit faire pression au moyen d’une pétition.

Signez la pétition en ligne, vu que les élections approchent, peut-être que la ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques va se grouiller... À ce jour (20.04.2018), il y a seulement 13 760 signatures. C’est peu, compte tenu du nombre d’acheteurs québécois et de la quantité de bouteilles d’alcool qui aboutissent au dépotoir – quelque 218 millions de bouteilles de vin et spiritueux sont vendues à chaque année par la SAQ.

La pétition sera en ligne jusqu'au 9 juin prochain

Une pétition réclame le recyclage des bouteilles de vin

Une pétition en ligne sur le site de l'Assemblée nationale du Québec permet aux Québécois de réclamer une consigne sur les bouteilles de vin et spiritueux.
La campagne «Verre: la fin du gaspillage, je signe pour la consigne» a été amorcée récemment par la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat des Métallos (FTQ) et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-Québec/FTQ).
   «Ce qu'on propose, c'est que la SAQ organise la collecte des bouteilles à travers son vaste réseau grâce à une consigne. Les citoyens auraient droit à un crédit sur leur carte de fidélité de la SAQ pour chaque bouteille rapportée. Ces dernières seraient acheminées vers les centres de tri pour être triées par couleur et que le verre puisse y être conditionné pour un autre usage», a expliqué l'adjoint au directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux, dans un communiqué.
   Le verre est dangereux pour les travailleurs parce qu'il se retrouve cassé dans les bacs, et étant donné qu'il est souillé, on ne peut pas le réutiliser. Pour l'heure, seulement 14 % des bouteilles de verre non consignées sont recyclées.
   Déjà en décembre, des militants des trois organisations syndicales ont amassé quelque 10 000 signatures, principalement en approchant des clients de la SAQ à l'entrée d'une vingtaine de succursales à travers le Québec.

HuffPost Québec

Recyclage en Ontario

Trois milliards de contenants, et ça continue! La vente de vin, de bière et de spiritueux par la LCBO génère chaque année plus de 400 millions de contenants vides. C’est ainsi qu’elle a contribué au recyclage de trois milliards de bouteilles en verre et de canettes en aluminium.

En effet, en finançant le Programme de consignation de l’Ontario et les collectes municipales des boîtes bleues, la LCBO s’assure que plus de 93 % des bouteilles et des canettes qui découlent de ses activités sont recyclées au lieu de se retrouver dans les décharges. En savoir plus sur le Programme de consignation de l’Ontario (1).
   Depuis les débuts de ce programme en 2007, un nombre impressionnant de 3 milliards de contenants ont été triés en vue d’un recyclage optimal au lieu d’être enfouis. Les bouteilles en verre ont été transformées en nouvelles bouteilles, l’aluminium, en nouvelles canettes ou en d’autres produits manufacturés, et les bouteilles de plastique PET, en tissu et en emballages. 
   Mais nos efforts de recyclage ne s’arrêtent pas là. La LCBO recycle la quasi-totalité du carton, de la pellicule plastique, du papier, des contenants endommagés, des piles et de l’équipement électronique qu’elle utilise.
   En soutenant les programmes des boîtes bleues, la LCBO s’assure aussi que tout le matériel promotionnel qu’elle produit, comme le magazine À bon verre, bonne table et les encarts dans les journaux, est recyclé à l’échelle de la province.
   Notre programme complet de gestion des déchets témoigne de notre engagement à aider toutes les localités de la province à réduire les déchets, et à encourager le recyclage chaque fois que c’est possible.


(1) Programme de consignation de l’Ontario