20 mai 2013

L’intemporel web



Pièce extraite de l’album “In a Time Lapse”, du pianiste et compositeur Ludovico Einaudi.

Tandis que vous perdez votre temps, d’autres l’utilisent 
Le temps perdu, c’est comme les amours perdues qu’on ne retrouve jamais.

Les gens se plaignent de manquer de temps. Nous pourrions aisément blâmer Internet. Malheureusement, c’est nous qui choisissons d’y passer un peu, moyennement ou énormément de temps. Faites le test : chronométrez votre temps passé sur cet outil magique pendant une journée complète, du réveil au dodo – réseaux sociaux, courriels, jeux, recherches, etc. Soyez honnête avec vous-même, ne modifiez pas vos habitudes, ne trichez pas. Vous seul(e) connaîtrez le résultat; euh… en fait, pas vraiment*.  

Quelques bouquins autour de la question 

La librairie francophone, Emmanuel Khérad :

Aujourd’hui, internet nous accompagne toujours et partout  
Où que nous soyons, grâce à nos téléphones portables, nous pouvons nous connecter à tout moment. Conséquence : nous ne savons plus nous déconnecter. D’où une addiction maladive aux messages, un oubli de la présence de l’autre, un état de distraction chronique, voire un manque d’efficacité et de présence au monde… Pour certains, la connexion est un réflexe mécanique : elle a perdu toute signification. On se connecte… sans même savoir pourquoi ! Le temps est venu d’apprendre à vivre avec les nouvelles technologies. Un mouvement en faveur de la « déconnexion » est en train d’émerger dans nos sociétés. Ici et là, des individus commencent à ralentir le rythme. Ils n’hésitent plus à « débrancher » temporairement leurs appareils électroniques. Leur objectif ? Reprendre le contrôle de leur vie. S’appuyant sur ses lectures, de Sénèque à Sylvain Tesson, en passant par Thoreau et tant d’autres, Rémy Oudghiri pense que cette déconnexion salutaire est une possibilité de se retrouver soi-même et de remettre les livres et l’esprit au coeur de notre vie.
Rémi Oudghiri, Déconnectez-vous, Éditions Arléa
 
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Par 4 chemins, Jacques Languirand :
 
Quand la fatigue ramène à l'essentiel
Dans une société où même le temps libre doit être rempli par des « activités », nous courons, nous courons. Toute notre société souffre ainsi de ce qu'Anselm Grün appelle un burn-out collectif. Il montre comment faire face à ces moments d'angoisse qui peuvent être saisis comme autant d'occasions de revenir vers nous-mêmes.  
Anselm Grün, Retrouver le goût de la vie, Les éditions Albin Michel

Quand la course à la reconnaissance mène à l'épuisement
Comme Anselm Grün, Pascal Chabot parle de l'épuisement professionnel non pas comme un problème individuel, mais comme une pathologie de civilisation. La postmodernité, marquée par l'accélération du temps, la soif de rentabilité et les tensions entre la technologie et des humains déboussolés, est devenue un piège pour les personnes trop dévouées.
Pascal Chabot, Global burn-out, Éditions PUF

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* Non, vous ne serez pas seul(e) à savoir, car les fournisseurs d’accès, par définition, sont omniprésents et omniscients. Donc, ils savent tout sur nous. Dans le livre Menace sur nos libertés (Julian Assange) les co-auteurs disent ce qui suit :
– Jérémie : … il existe aussi une surveillance privée et la possibilité d’une collecte massive de données par le secteur privé. Il n’y a qu’à regarder Google. Si tu es un utilisateur ordinaire de Google, Google sait avec qui tu communiques, qui tu connais, ce que tu recherches, il connaît éventuellement ton orientation sexuelle et tes croyances religieuses et philosophiques. – Andy : Il en sait plus sur ton compte que toi-même. – Jérémie : Plus que ta mère en tout cas, et peut-être plus que toi-même. Google sait quand tu es en ligne et quand tu ne l’es pas. – Andy : Sais-tu quelle recherche tu as accomplie il y a deux ans, trois jours et quatre heures? Tu ne le sais pas; Google si.

“Smile, you’re on candid [web] camera!”  
La grosse machine doit collecter des données pour les faire circuler sur le réseau, c’est logique. Et Google n'est plus fautif que les autres collecteurs. Nous vivons une époque charnière en matière de communications, et comme en n’importe quel domaine nous ne sommes pas à l’abri des nombreux dérapages possibles.

Le malheur est que même les communications les plus privées, que nous entendons partager seulement entre amis, ne le sont plus de la seconde où nous cliquons sur envoyer, publier. Et rien ne s’efface. D’ici à ce qu’il y ait «des solutions techniques – la décentralisation des services, l’hébergement par chacun de ses propres données, le cryptage, la possibilité pour l’utilisateur d’avoir une relation de confiance avec son fournisseur d’accès qui lui offre des services de cryptage» (Jérémie), eh bien il vaut mieux s’abstenir de tout numériser.

Fascinant quand même ce bouquin, pas techno au point d’être inaccessible aux nuls, ni parano ou «complotiste»; des faits basés sur les expériences des co-auteurs. Du tout vrai? Je ne sais pas, mais c’est très plausible. Quoiqu’il en soit, après l’avoir lu on est moins crédule ou naïf, pour ne pas dire autre chose.

Les grandes compagnies par lesquelles passent nos données sont-elles fiables en matière de respect de la vie privée? Voyez leur cote :
https://www.eff.org/who-has-your-back-2013

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