29 avril 2019

Vivre de peu... mais mieux

La Nature est LE baromètre de l’activité humaine, notamment, industrielle. Nous étions au bord du gouffre, mais grâce à la croissance de l’industrie pétrochimique, nous avons fait un grand pas en avant.

En 2019, pratiquement à chaque jour, des déversements de produits toxiques (transport par pipelines/gazoducs, camions/wagons citernes, etc.) se produisent – on ne peut pas cacher ces catastrophes au grand public.

Fracturation hydraulique. Infographie Le Monde.

Registre des déversements et fuites d’hydrocarbures :

Registre des interventions d’Urgence-Environnement QC – pétrole, hydrocarbures...
Mars 2019 :
Avril 2019 :

Par contre, il y aussi les déversements que le grand public ignore (tel l’enfouissement illégal de matières dangereuses).
   Émission Enquête, épisode du jeudi 14 mars 2019 – Chaque année, des tonnes de débris et de terre contaminée voyagent des chantiers de construction de Montréal jusqu'à certaines terres agricoles du Québec. Cette semaine à Enquête, on cherche les coupables. Et aussi, une enquête dans le luxueux monde des jets d'affaires...

Il y a 250 millions d’années, des changements climatiques ont asphyxié les océans

Renaud Manuguerra-Gagné | Radio-Canada, le 14 décembre 2018

Courant marin. Photo : iStock

La plus grande extinction de masse de l'histoire de la Terre a emporté 96 % de la vie marine. En utilisant des outils pour comprendre les changements climatiques actuels, des chercheurs ont révélé l'identité du tueur responsable de cette hécatombe.
   La Terre traverse actuellement la sixième extinction de masse de son histoire lors de laquelle les espèces animales et végétales disparaissent à des rythmes cent fois plus rapides qu’elles ne le feraient si elles ne cohabitaient pas avec l'homme.
   Survenue il y a 252 millions d’années, à la fin de l’ère nommée le Permien, cette catastrophe sans précédent a mené à la disparition de la quasi-totalité des formes de vie marine et d’environ les deux tiers des espèces terrestres.
   Des traces géologiques ont permis de conclure que cet événement avait été causé par des éruptions volcaniques d’une ampleur inégalée, menant à des hausses de température de 10 degrés Celsius en moyenne.
   Bien que les chercheurs s’entendent pour dire que les bouleversements climatiques qui s’en sont suivis ont été la source de cette extinction de masse, les événements ayant directement entraîné la mort de ces espèces restent incertains.
   Les chercheurs estiment qu’au cours de cette période, des centaines de milliards de tonnes de méthane, de CO2 et de dioxyde de soufre auraient pu être libérées dans l’atmosphère, entraînant des pluies acides, décimant des forêts et augmentant les températures à des niveaux suffisants pour égaler les 10 degrés Celsius estimés par les études géologiques.
   Plus la température des eaux augmente, moins l'oxygène peut y être dissous. Les eaux relâchent alors ce gaz dans l’atmosphère, provoquant l’asphyxie des espèces aquatiques qui en ont besoin pour respirer.
   Selon l’étude, les régions les plus touchées par le phénomène étaient les eaux froides des pôles, plus riches en oxygène. Des animaux habitués à ces eaux n’auraient alors eu nulle part où aller et auraient été poussés vers l’extinction.
   Bien que les stress sur l’environnement engendrés par les changements climatiques actuels soient très loin du cataclysme du Permien, les chercheurs considèrent que leurs données peuvent servir d’avertissement et appellent à s’intéresser davantage aux risques causés par la diminution d’oxygène dans les fonds marins.

Article intégral :

Mais à quoi ont servi les avertissements et les alertes lancés depuis les années 1960 jusqu’à maintenant? It’s a cosmic joke!

«Quand l’homme ne tue pas l’homme, il tue ce qu’il peut, c’est-à-dire ce qui l’entoure. L’homme sort de son cadre, veut prendre la place des forêts et des animaux, souille les rivières, pollue l’air, se multiplie sans raison, se bâtit un enfer et s’étonne ensuite naïvement de n’y pouvoir vivre.» 
~ René Fallet (1927-1983)

Vivre de peu
Joseph Delteil (1894-1978)

La civilisation moderne, voilà l’ennemi. C’est l’ère de la caricature, le triomphe de l’artifice. Une tentative pour remplacer l’homme en chair et en os par l’homme robot. Tout est falsifié, pollué, truqué, toute la nature dénaturée. Voyez ces paysages métallurgiques, l’atmosphère des villes corrompue (les poumons couleur Louvres), les airs et leurs oiseaux empestés d’insecticides, les poissons empoisonnés jusqu’au fond des océans par les déchets nucléaires, partout la levée de substances cancérigènes, la vitesse hallucinante, le tintamarre infernal, le grand affolement des nerfs, des cœurs, des âmes, à la chaîne vous dis-je... Telle est la vie industrielle, la vie atomique. Le grand crime de l’homme moderne! Oui, ceci n’est qu’un cri : Au feu! Au fou! À l’assassin!

Quant à l’alimentation… Le pain, le vrai pain est mort. Vous savez comment on dégerme, énerve, décervelle le brave blé (après quoi il reste il est vrai l’amidon, sans doute pour les lavandières du Portugal). Comment on sophistique toutes choses, à force de bromures, de carbonates de magnésie, de persulfates d’ammonium, etc. Vous consommez le lait conservé à l’aldéhyde formique, les épinards verdis au sulfate de cuivre, le jambon au borax, le vin fuschiné, etc. C’est l’alimentation chimique.

Ils appellent ça le progrès. Mais entre l’hippopotame dans son marigot, le lézard au soleil et l’Homme au fond de sa mine, où est le progrès?

Il s’agit de faire front, de retrouver terre, de redevenir sauvages, vierges de sens et d’esprit comme au premier matin...

Source :
Cent poèmes pour l’écologie
Choisis par René Maltête (photographe, 1930-2000)
Le cherche midi éditeur; 1991

Dans la préface, Hubert Reeves écrivait (en 1991, notons-le) :
«Notre planète, nous le découvrons avec stupeur, est bien malade. Chaque semaine, pratiquement, on nous signale une nouvelle agression à la biosphère, restée jusque-là insoupçonnée. Nous savons que si tout espoir n’est pas perdu, il faudra agir vite et avec efficacité pour que la Terre de nos enfants soit encore habitable. []
Comme on le verra dans ces pages, la préoccupation écologique, (même si le mot est relativement récent), n’est pas un thème nouveau pour les poètes. Jamais pourtant cette préoccupation n’avait pris une telle ampleur; jamais la situation n’a été aussi dramatiquement pressante. Il faut remercier les éditeurs d’avoir rassemblé ici un ensemble de poèmes étalés le long des âges. Leur message prend aujourd’hui une nouvelle actualité.» 

Aux antiquaires, les arbres! À la fourrière, les animaux! À la glacière, les oiseaux!  disait Jacques Prévert.  

J’ajouterais : Aux charniers, les humains?

Le phénomène de la haine et le danger qu’il représente pour la survie de l’humanité – vingt ans après l'entretien, la réponse troublante de l’anthropologue Serge Bouchard trouve résonnance avec l’actualité de ces dernières années. 

Extrait d’un entretien à l’émission La vie d’artiste, 1999.

Quand je suis venu au monde en 1947, on était deux milliards. ... On est en explosion démographique sur la planète. ... On est intelligents, donc on est des animaux extrêmement dangereux. On vit sur une ligne très tendue. On est dangereux. On est dangereux pour les autres, pour les animaux. D’ailleurs la preuve c’est que les espèces animales disparaissent. Malgré tout ce que les gens disent, à long terme y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a pas de place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, humanise tout.
   Mais aussi, il s’en prend à lui-même. Sa haine ne s’arrête pas à l’ours qu’il tue pour vendre sa rate pour 54 piasses. Sa haine va envers lui-même. Et l’histoire de l’humanité, sans être de mauvaise humeur là... c’est une histoire de meurtres, c’est une histoire de guerres, c’est une histoire d’extermination et c’est une histoire de racisme.
   Alors, je vous dirai que ce qui nous menacerait le plus, à dix milliards, ce serait de grands mouvements racistes haineux. Imaginez la scène! Depuis que le AK-47 existe et d’autres trucs euh... avec lesquels on peut exprimer notre haine avec beaucoup d’efficacité, je vous dirais que nous sommes haineux, des animaux haineux. Le serpent est venimeux, l’être humain est haineux. C’est dangereux. Et on devrait plus se méfier de ça que de la bombe atomique ou que des météorites et des martiens. La probabilité est beaucoup plus forte qu’une partie de l’humanité se mette à tuer l’autre partie. Pis j’veux pas devenir prophète et qu’un jour, dans 75 ans, ils ressortent cette cassette pis qu’ils disent «aïe, ce gars-là l’avait dit».
   Moi j’aime beaucoup les êtres humains. Mais quand je rentre dans certaines places, je m’en méfie, je me tiens le long du mur, pis j’ai ma place pour m’asseoir. Parce que, on a beau aimer, euh ... méfie-toi. Comme on dit, tu flattes pas un ours... naïvement. Les ours, c’pas des oursons.

28 avril 2019

Le temps du barguignage est terminé

Des marches ont été organisées à nouveau dans plusieurs villes du monde, dont à Montréal, pour rappeler l'urgence climatique. On demande des actions concrètes au gouvernement pour protéger l'environnement.
   Parmi les manifestants, le réalisateur Dominic Champagne, du Pacte pour la transition, rappelle que les inondations des derniers jours montrent que les changements climatiques sont déjà à l’œuvre : «Montréal est en état d'urgence, le premier ministre, les deux pieds dans l'eau, dit qu’il va falloir se rendre à l'évidence : nous sommes en crise climatique, d'urgence climatique, dit-il. Il faut être solidaire de ceux qui vivent aujourd'hui les impacts cruels, brutaux du climat, mais il faut se mettre aussi en mode prévention.»
   «Il y a quand même quelque chose d'incroyable. C'est une des pires crises environnementales qu'on connaît dans l'histoire du Québec», ajoute le président de la CSN, Jacques Létourneau.
   La sauvegarde de l’environnement, qui passe par la lutte aux changements climatiques, est sans doute la cause la plus importante pour l'humanité, mais c'est aussi le combat le plus difficile à mener, car il signifie un changement de mode de vie à l'échelle planétaire.
   Malgré les marches pour la planète qui se multiplient partout dans le monde, la dégradation de l'environnement se poursuit. La concentration de CO2 dans l'atmosphère a atteint son plus haut niveau depuis trois millions d'années.
   «La santé environnementale et la santé humaine, c'est vraiment indissociable», rappelle Roxanne Houde, présidente des Jeunes médecins pour la santé publique.
   L'augmentation de la population humaine reste l'éléphant dans la pièce, car elle entraîne forcément l'épuisement des ressources, la disparition des écosystèmes et le bouleversement du climat.
   La mobilisation des environnementalistes va se poursuivre dans les prochains mois pour culminer le 27 septembre. On entend alors déclencher un mouvement de grève mondiale en faveur la planète.

Reportage de Michel Marsolais :

Photo : Mario Beauregard / Agence QMI

D’autres marches ont eu lieu à Alma, Carleton-sur-Mer, Gaspé, Mont-Laurier, Rimouski, Rouyn-Noranda, Sherbrooke, Trois-Rivières, Val-David ainsi qu’à Ottawa. Au total, ce sont des milliers de citoyens québécois qui ont pris part à tous les rendez-vous organisés samedi. (TVA Nouvelles, 27 avril 2019)

Karel Mayrand, directeur général pour le Québec, Fondation David Suzuki;
président, Réalité climatique Canada. Photo : ICI Radio-Canada / nouvelle

«Là, on n'est plus en train de défendre les ours polaires. Je suis ici en train de défendre mes deux enfants de 14 ans. À mon âge, probablement que la planète sur laquelle on va vivre ne leur permettra pas d'avoir la qualité de vie dont je dispose aujourd'hui.»
   «Se pointer [Andrew Scheer] au Québec pendant que nous luttons contre une catastrophe climatique, ne rien avoir à dire sur le climat et promouvoir les énergies fossiles. Quelle insensibilité.»
   «Résumé du plan d’Andrew Scheer pour le climat :
1) Construire des pipelines et des autoroutes 2) Provoquer le dérèglement du climat 3) Construire plus de pipelines et d’autoroutes pour financer la transition et l’adaptation 4) Attraper le Roadrunner (not!) 5) Recommencer l’étape 1.»  
~ Karel Mayrand
Je m'exprime à titre personnel sur ce compte : 
https://twitter.com/Karelmayrand?lang=en

Andrew Scheer maintient le flou conservateur sur l'environnement

Publié le samedi 27 avril 2019 à 16 h 39


Le chef conservateur fédéral Andrew Scheer refuse, à quelques semaines de la publication du plan environnemental de sa formation en vue des élections de l'automne, d'en dévoiler les premiers détails.
   En marge du conseil québécois du Parti conservateur du Canada (PCC), tenu cette fin de semaine à Victoriaville, M. Scheer se contente ainsi d'évoquer la nécessité de «laisser la planète en meilleur état». Pour lui, dit-il, l'essentiel est de défendre les travailleurs du secteur canadien de l'énergie.
Si le chef conservateur s'est retrouvé dans l'embarras, cette semaine, après des révélations du Globe and Mail à propos d'une rencontre secrète avec des dirigeants de l'industrie pétrolière, il affirme que «sa position a toujours été claire» dans ce domaine.
   Il a également profité de l'occasion pour s'attaquer de nouveau à son adversaire libéral, le premier ministre Justin Trudeau, «qui rencontre des groupes environnementaux radicaux qui veulent détruire» le secteur canadien de l'énergie et les emplois qui lui sont associés, soutient-il.

Article intégral :

Les conservateurs passent aux préparatifs
«Au Canada, il y a déjà 840 000 km de pipelines d’est en ouest et du nord au sud qui servent à la collecte et à la distribution du pétrole.» (J.T.)
Conseil général du Parti Conservateur du Canada – Le point avec Janic Tremblay :

Retour à une théocratie évangéliste anti-écolo et pro-pétrole avec le dauphin de Stephen Harper? Une perspective des plus sombres. Le problème est que nous n’avons aucun parti politique digne de confiance puisqu’ils sont tous atteints de boulimie pétro-gazière.

En 2016, le gouvernement Couillard proposait un virage au gaz naturel pour réduire la consommation de produits pétroliers et diminuer notre dépendance aux énergies fossiles :
   «Les industries minière et pétrolière du Québec accueillent favorablement les orientations présentées par le gouvernement Couillard dans le cadre de sa politique énergétique pour les 15 prochaines années. Elle vise notamment à soutenir un virage vers l'utilisation du gaz naturel comme énergie de transition.
   Pour sa part, l'entreprise québécoise Pétrolia estime que les orientations présentées par Québec «envoient un signal fort» à l'industrie des hydrocarbures. ... «L'accent sur la transition énergétique est en soi une bonne nouvelle, puisque celui-ci reconnaît l'importance des hydrocarbures dans le portrait énergétique québécois», explique la société par voie de communiqué. (Radio-Canada, 7 avril 2016)

La CAQ suit la même voie totalement illogique.

Zones des permis d’exploitation au Québec (2017). À proximité des rives du fleuve, notre principale source d’eau potable. Quelle inconscience!

Le gaz naturel est un combustible fossile également obtenu par fracturation hydraulique. Le gaz naturel et le pétrole brut sont souvent associés et extraits simultanément des mêmes gisements, ou encore des mêmes zones de production. Les hydrocarbures liquides proviennent du pétrole brut pour une proportion moyenne de l'ordre de 80 %; les 20 % restants, parmi les fractions les plus légères, le propane et le butane sont presque toujours liquéfiés pour en faciliter le transport. L'exploration (recherche de gisements) et l'extraction du gaz naturel utilisent des techniques à peu près identiques à celles de l'industrie du pétrole. Une grande partie des gisements de gaz connus à travers le monde a d'ailleurs été trouvée au cours de campagnes d'exploration dont l'objectif était de trouver du pétrole. (Wikipédia)    

J’ai envie de dire avec Ashleigh Brilliant :  
“I think I’ll just sit here and wait till life gets easier.”

«En cannibalisant la nature, nous sommes en train de détruire le fruit de 3,8 milliards d’années de vie sur Terre, fruit dont il ne restera bientôt plus grand-chose. Et bien que la Terre n’ait aucunement besoin du vivant pour exister (c’est elle qui a permis sa constitution et non l’inverse), sa présence active lui donne l’occasion de déployer sa prolifique somptuosité.
   Survivre à une nature ravagée replacerait l’humain sur une voie qu’il avait pourtant choisi d’éviter dès le départ : celle de se retrouver isolé, aux prises avec le déplaisir de l’angoisse existentielle dans un monde sans aucune autre vie que la sienne. Est-ce cela que nous voulons?
   Mutiler la Terre, c’est donc beaucoup plus que mettre en péril l’existence de l’humanité. C’est d’abord nier le sens ultime de notre existence comme témoin privilégié d’un environnement prodigieux. Vivre sans tenir compte de ce rôle, ce n’est déjà plus vivre, c’est tenter bêtement de survivre sans aucune raison d’être.»

~ Pierre Desjardins, philosophe (Peut-on vivre sans raison d’être? | La Presse+ Opinion, 06.12.2015)

Logomachie politique – repères pour mieux comprendre la langue de bois des élus

La moitié du mal que l'on fait en ce monde 
Est dû aux gens qui veulent se sentir importants. 
Ils ne veulent pas faire le mal – mais le mal leur est indifférent. 
Ou bien ils ne le voient pas, ou bien ils le justifient, 
Parce qu'ils sont absorbés dans un interminable effort 
Pour penser du bien d'eux-mêmes. 

Mais c'est que tout le monde est seul – du moins, me semble-t-il. 
Ils font du bruit, et pensent que c'est de la conversation, 
Ils font des grimaces, et croient qu'ils se comprennent. 

Si l'on nous jugeait tous suivant les conséquences 
De nos paroles et de nos actions, au-delà de l'intention, 
Et au-delà de notre compréhension limitée 
De nous-mêmes et des autres, nous serions tous condamnés.

~ T.S. Eliot 1888-1965 (Cocktail Party; 1950)

Tout le monde et personne n’est coupable. Les funestes gérants de la planète, qui s’en croient les propriétaires, ont réussi à nous déconnecter de la Nature et à nous faire oublier notre interdépendance avec tout le vivant. Si l’on veut parler économie, notre dette envers la terre dépasse notre capacité de rembourser. Cependant, ensemble, nous pouvons choisir de restaurer et préserver ce qui peut l’être! Même si les anti-écolos font énormément de bruit médiatique, il y a des milliers de gens silencieux qui s’activent. Restent nos colosses aux pieds d’argile (gouvernements) à ébranler...

«C’est un combat épique, une lutte ouverte, entre la force de destruction et la force de restauration.» ~ Hubert Reeves

À voir :  

La terre vue du cœur (documentaire 2018)

En ligne sur le site Doc Humanité (Radio-Canada Télé)

Hubert Reeves est devant nous, dans son jardin. À partir de son environnement immédiat, qu’il connaît par cœur, il nous raconte des histoires fabuleuses qui nous permettent de comprendre la vastitude des biodiversités animale, végétale, océanique et cosmique, et surtout leurs liens d’interdépendance. Il nous montre également la multitude d’actions posées aujourd’hui par des personnes investies d’une mission plus grande qu’eux, chacun à leur façon, par des gestes artistiques, politiques, scientifiques ou communautaires. Il nous invite à les rencontrer, par le biais du film d’abord, puis à les rejoindre par le geste, en partant de qui nous sommes et des moyens à notre disposition. Il nous invite à être créatifs et joyeux, et à célébrer la vie. Il y a urgence d’agir, nous le savons, mais nous savons moins que les gestes pour changer les choses sont à notre portée et peuvent nous rendre profondément heureux.

24 avril 2019

Trop de larmes

J'ai trop de larmes pour pleurer 
ils font la guerre à la nature 
Moi qui tutoyais le soleil 
je n'ose plus le regarder en face
~ Jacques Prévert


La Planète s’invite au parlement conclura la Semaine de la Terre par une grande manifestation à Montréal le samedi 27 avril de 14h à 17h; plusieurs autres marches sont prévues ailleurs en région.


Marchez doucement...  
“Tread softly. For all the earth is holy ground.”
~ Christina Rossetti (1830-1894)


Prévert   
Jadis les arbres on ne savait pas d'où ils venaient
Jadis les arbres étaient des gens comme nous
Mais plus solides plus heureux plus amoureux peut-être plus sages
C'est tout.

Rossetti
One day in the country is worth a month in town.

Prévert 
arbres
chevaux sauvages et sages
à la crinière verte
au grand galop discret
dans le vent vous piaffez
debout dans le soleil vous dormez
et rêvez

Rossetti  
Spring is when life’s alive in everything.

Prévert
Mais une manivelle a défait le printemps
et des morceaux de glace lui ont sauté à la figure

Prévert
Oiseaux de tous les pays
oiseaux de toutes les branches de tous les arbres de tous les pays
rossignols du Japon
unissez-vous
oiseaux de paradis
oiseaux-mouches
oiseaux de proie
pélicans
pingouins
moineaux
unissez-vous

Si nous pouvions cultiver un minimum d’éthique et de bienveillance; si nous réfléchissions avant d’agir impulsivement; si nous pratiquions le principe qui recommande d’éviter le plus possible de faire souffrir les êtres sensibles (ce qui inclut les animaux), peut-être qu’il y aurait moins de cruauté, de corruption, d’exploitation, d’esclavage, de conflits, de désastres et de calamités, peut-être que globalement notre monde deviendrait plus hospitalier.

«La protection de l’animal c’est au fond le même combat que la protection de l’homme.» ~ Marguerite Yourcenar  


«L’homme se fait la main sur les animaux. Il nous est arrivé à tous de regarder avec horreur et dégoût les scènes d'exécution sur la place publique des peintures du Moyen Âge ou des gravures du XVIIe siècle. Il est arrivé aussi à beaucoup d'entre nous de passer vite, écoeurés, dans quelque petite ville d'Espagne ou d'Orient, devant la boucherie locale, avec ses mouches, ses carcasses encore chaudes, ses bêtes vivantes attachées et tremblantes en face des bêtes mortes, et le sang s'écoulant dans le ruisseau de la rue. Notre civilisation à nous est à cloisons étanches : elle nous protège de tels spectacles.» (M. Y.) 
   Marguerite Yourcenar, adversaire de tous les dogmatismes, était pour la solidarité et la compassion entre les humains, contre la guerre, contre la torture, contre le racisme, pour le respect et la compassion envers nos frères les animaux, pour le respect envers les végétaux qu'elle appelle créatures végétales ou créatures vertes, pour le respect et la sauvegarde de la nature, contre le nucléaire, contre le productivisme, contre la consommation irresponsable. Elle qualifiait notre société de «société de consommation et de destruction».  

L’esclavage humain contemporain 

Source: Walk Free Foundation. Sugarcane cutters transported in a cattle truck from their lodgings to the field in the morning. In Bahia State, Northeastern Brazil there are still cases of sugarcane workers subjected to debt bondage and modern slavery. Photo credit: Ricardo Funari / Brazil / Getty Images
 
Enfants esclaves

La Déclaration universelle des droits de l’Homme en atteste : l’esclavage et le commerce d’esclaves sous quelque forme que ce soit sont interdits. À l’heure actuelle, plus aucun État ne légitime juridiquement l’esclavage. Malgré tout, on trouve partout dans le monde des formes illégales d’exploitation de l’homme par l’homme.

L’ONG Walk Free Foundation estime que 45,8 millions de personnes dans le monde sont touchées par l’esclavage moderne.

Autour du monde  
• 167 pays sont confrontés à l’esclavage moderne sous une forme ou une autre : servitude, esclavage sexuel, camps de travail...
• 800 000 personnes sont victimes de trafic à travers les frontières internationales chaque année.
• La Corée du Nord possède la plus grande proportion d’esclaves modernes, soit 4,37 % de la population.
• L’Inde a la plus grande population d’esclaves modernes : 14 millions.
• Le travail des esclaves génère 150 milliards $ de profits illicites chaque année.
• On estime que le profit généré par la traite des êtres humains pourrait surpasser celui du trafic de drogues en moins de 5 ans.

Les victimes
• 22 % de toutes les victimes de la traite humaine sont soumises à l’esclavage sexuel.
• Les victimes travaillent en moyenne 20 h/jour, 7 j/semaine, 365 j/an.
• L’esclavage moderne touche des enfants de seulement 6 ans.
• 54 % des trafiquants sont étrangers aux victimes, mais 46 % sont des membres de la famille, des amis ou des membres d’une même communauté.
• La majorité des victimes ont entre 18 et 24 ans.
• 45,8 millions de personnes sont soumises à l’esclavage moderne.
• 30 000 victimes de trafic sexuel meurent chaque année de mauvais traitements, de la maladie, la torture ou la négligence.

22 avril 2019

Journée de la Terre les pieds dans l’eau


Avant d’entrer dans le vif du sujet – les inondations –, mentionnons que le Canada bat des records en matière d’émissions de GES. Parions que Jason Kenney fera sauter la barre.

Caricature : Serge Chapleau. La Presse, 18 avril 2019

Alberta : Jason Kenney promet de s'en prendre aux écolos
Bob Weber
La Presse Canadienne Edmonton | 17 avril 2019

Le premier ministre désigné de l'Alberta promet de s'attaquer aux organismes de bienfaisance du secteur de l'environnement qui bloquent selon lui les exportations de pétrole – mais ces groupes pourraient en fait profiter de ces batailles, qui attisent la générosité des donateurs.
   Dans son discours de la victoire, mardi soir, le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, a réitéré sa promesse de lutter contre les groupes écologistes canadiens qui acceptent de l'argent de fondations américaines avec le secret dessein de saboter l'économie d'ici en empêchant l'Alberta d'exporter du pétrole ailleurs que vers le sud.


Le pétrole albertain plus polluant que tout le Québec
Martin Croteau
La Presse | 17 avril 2019

Pétrole bitumineux

La production de pétrole bitumineux en Alberta a bondi de 158 % entre 2005 et 2017. Pendant cette période, les émissions de GES de cette activité sont passées de 36 à 81 millions de tonnes. À elle seule, cette industrie pollue donc davantage que le Québec au complet, dont les émissions s'élevaient à 78 millions de tonnes. La production de ce pétrole est plus polluante que les sources conventionnelles, car pour séparer le bitume du sable, il faut y injecter de la vapeur. Ce procédé nécessite la combustion de grandes quantités de gaz naturel. En tout, la production de pétrole et de gaz équivaut à 27 % des émissions canadiennes de GES.
   Les émissions de GES du secteur des transports sont restées stables entre 2016 et 2017, mais elles avaient grimpé de manière soutenue au cours des années précédentes. Elles constituent le quart (24 %) des émissions totales du pays. La raison est simple : les pick-up et les véhicules utilitaires sport (VUS) sont de plus en plus populaires. On comptait 3,3 millions de camions légers au Canada en 1990. En 2017, il y en avait 12,3 millions.
   Les camions légers – pick-up, VUS, minifourgonnettes – émettent 31 % plus de GES par kilomètre parcouru qu'une voiture conventionnelle.

Inondations et affaissement urbain

Pour ceux qui croient encore que les activités de l’homme ont peu ou pas d’impact sur le climat, la nature et conséquemment sur nous : le documentaire Inondations : une menace planétaire (ce n’est pas Nostradamus qui parle!). Un documentaire que tous nos élus municipaux devraient voir. Peut-être qu’ils céderaient moins aux pressions des promoteurs, développeurs et investisseurs orientés uniquement sur le profit.

Plus de 136 métropoles côtières sont menacées d’affaissement Montréal fait partie de la liste.

Principales causes? 
Urbanisation frénétique et continuelle malgré les menaces
Multiplication des gratte-ciels (toujours plus nombreux et plus hauts)
Bétonisation des métropoles
Constructions sur des zones artificielles (fonds sablonneux)
Liquéfaction des sols
Barrages, détournements de cours d’eau
Pompage dans la nappe phréatique
Disparition des mangroves
Piscicultures
Surpopulation urbaine
Changements climatiques

À voir ou revoir (documentaire complet, 2 :34)

Le promoteur
Jean-Louis Fournier

   Un jour sans vent, le promoteur a regardé la mer.
   Elle était basse, elle découvrait des kilomètres carrés de sable. C’était la grande marée.
   Il a pensé à toute cette surface inutilisée. Cette place perdue.
   Il a pensé à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer.
   Il a imaginé des rocades, des tours, des résidences pieds dans l’eau, des avenues à perte de vue, des marinas.
   On a perdu la vue sur mer. Les crevettes se sont tirées et les coquillages ont été murés vivants dans le béton.
   Quand je suis sur le petit morceau de plage qui reste, je vois encore, entre les voitures, un peu de mer. Je ne l’entends plus, j’entends les scooters de mers. Dans le mot «promoteur», il y a «moteur».
   Le promoteur à explosion, il n’est plus là. Il est parti très loin, rechercher la solitude et le silence dans des pays magiques où la mer s’étale sur des plages infinies.
   Il regarde la mer, il pense à toute cette surface inutilisée, cette place perdue, à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer...
   À force de vouloir gagner sur la mer, on perd la mer.

Source : Ça m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012

Le développement urbain le long des grands cours d’eau et de la mer se retourne contre nous. 

«L’ennemi avance lentement, mais sûrement. Il ronge le rocher, il monte de quelques millimètres par année, il repousse de plus en plus les limites, il avance doucement. Il avance... rapidement dans les faits.»
~ Gérald Filion, Blogue économique, ICI Radio-Canada

France 2018. Photo : Sylvain Desjardins, correspondant pour Radio-Canada à Paris.

Beauceville, Québec 2019. Photo : Jacques Boissinot, La Presse canadienne

En 2017, les inondations ont causé pas mal de dégâts au Québec.
Bilan partiel du 9 mai 2017 :
171 villes et municipalités sinistrées;
10 municipalités en état d’urgence;
2733 résidences inondées par la crue des eaux;
1940 personnes ont évacué leur résidence;
486 routes touchées par la crue des eaux au Québec.

Au lieu de prévenir, nous mettons des poches de sable sur le bobo.

L’asphalte et le béton n’absorbent pas l’eau; elle bifurque, contourne, dévie. On le sait. Autrefois, les villes incluaient des cours d’eau (zones naturelles de ruissellement) à ciel ouvert, des chemins de terre, des terres arables cultivées et des espaces de verdure pouvant absorber l’eau. Libérer les rivières souterraines enfouies sous nos déserts de béton citadins, serait un projet révolutionnaire en matière d’environnement.
   Si les glaciers continuent de fondre aussi rapidement, ce serait un moyen de composer avec les changements géophysiques qui se produiront inévitablement. On a beau essayer de contrôler et d’enclaver l’eau, quand vient la fonte des neiges ou lors de pluies torrentielles (plus fréquentes et abondantes) les égouts refoulent. Alors, il faudrait modifier nos orientations mégalomanes, avant que l’île de Montréal ne s’effondre. En outre, il y aurait beaucoup d’emplois en perspective, notamment pour les entreprises d’ingénierie et de construction.
   Mais, que voyons-nous aujourd’hui? De plus en plus de gratte-ciels cordés les uns contre les autres, des parcs de condos et de résidences cossues (faux châteaux), des méga complexes commerciaux, des îles créées de toute pièce pour le divertissement (courses automobiles, spectacles à grand déploiement, jeux, etc.), et l’on multiplie les infrastructures autoroutières au mépris des écosystèmes.

Au sujet du documentaire Main basse sur la ville :

À VOIR : Rivières perdues 

Quand les dolines s’ajoutent aux ornières

En mars 2016, un effondrement majeur s’est produit au cœur du Plateau-Mont-Royal. Une conduite d'aqueduc vieille de 125 ans a cédé et entrainé l’effondrement. Sous la pression de l'eau, la terre sous la chaussée s’est liquéfiée si bien que plus rien ne soutenait la rue.

Lorsque le sol s’ouvre sous nos pieds et nous plonge dans l'abîme on peut s’attendre à ce que gens commencent à parler de Bible, de fin du monde ou de phénomènes cosmiques comme on le voit sur le web. En fait, les dolines (sinkholes)  sont des phénomènes géologiques, non pas des «actes de Dieu», et ils résultent très souvent des «activités humaines».

Les dolines sont généralement corrélées aux pratiques d'utilisation des sols, en particulier au pompage de l'eau souterraine, et aux pratiques de développement et de construction.  Elles peuvent aussi se former lorsque les structures naturelles de drainage de l'eau sont modifiées et que de nouveaux systèmes de déviation sont créés. D’autres se forment quand le sol est modifié, comme lorsque l'industrie crée des bassins de stockage/ruissellement. Le poids considérable du nouveau matériel peut déclencher un effondrement souterrain des supports. Tout ce que l’homme construit est éphémère et voué à la destruction ou à l’effondrement, surtout quand on construit sur du remblaiement de sable parce que ça coûte moins cher...
   Mais, comme le faisait remarquer un géologue, le climat joue un rôle – avec les longues périodes de sécheresse suivies de pluies torrentielles et persistantes, on peut facilement prédire que de tels incidents seront de plus en plus fréquents dans le futur à mesure que le climat de la terre change.
   À tous ces facteurs, on peut ajouter les secousses sismiques provoquées par la fracturation hydraulique en exploitation des sables bitumineux.
   Les dolines peuvent se former partout où il y a des roches solubles dans le sous-sol. C’est ce qu’on appelle un «terrain karstique», selon Randall Orndorff, directeur de l’Eastern Geology and Paleoclimate Science CenterUnited States Geological Survey.
   Les roches solubles qui peuvent former des dolines contiennent du calcaire, du gypse et du sel. Les précipitations abondantes sont un ingrédient clé pour l’ouverture d’un gouffre. Une fois infiltrée dans le souterrain, l'eau devient acide et, sans un drainage adéquat, elle peut créer une sorte de piscine propice aux dolines. (...)
   Les dolines peuvent également être artificielles, c’est-à-dire sans que des roches solubles soient présentes sous terre. Selon l'USGS, une tuyauterie qui fuit, de vieux puits miniers et un dysfonctionnement dans le traitement des eaux usées sont trois exemples attribuables à la négligence humaine.
   Les dolines survenant dans les zones urbaines sont dangereuses car tandis que la roche se dissout dans l'eau, des trous et des cavernes se forment sous la terre. À un certain moment ils deviennent suffisamment énormes pour provoquer des effondrements. La canalisation des aqueducs et des égouts est déjà présente dans le sous-sol. Selon Orndorff, au fur et à mesure que l'eau infiltre le souterrain, les infrastructures (conduites d'eaux usées et tuyaux d'aqueduc) s’érodent avec le temps et créent des cavernes qui contribuent à la formation de dolines.
   Des dolines naturelles peuvent aussi se former en raison de sécheresses et de pluies abondantes. Dans le cas d'une période de sécheresse, la nappe phréatique peut chuter et perdre la stabilité qu'elle avait auparavant. En outre, lorsque le calcaire se dissout, il forme un sol argileux qui retient beaucoup d'eau. Quand le sol argileux sèche, il perd son lien cohésif, et peut potentiellement causer un affaissement du sol.

Source :

Des explications logiques, scientifiques à propos des dolines (sinkholes) :