30 juin 2022

Arruda mériterait une chirurgie à mensonge ouvert...

Au nom de la croissance économique (de l'argent) «les décisions sont prises au détriment de la santé et de l'environnement» (Émilise Lessard-therrien). Quand l'obscurantisme environnemental est au pouvoir, on peut s'attendre à des ravages à tous les niveaux.

Retrait de données sur le cancer : la défense d’Arruda est contredite   

Jean-Marc Belzile / Thomas Gerbet

[Extraits]

Selon nos sources, l'ex-directeur national de santé publique n’a jamais commandé d'étude approfondie, en 2019, comme il l’a affirmé pour justifier sa décision de retenir la diffusion de résultats préliminaires au sujet de l'excès de cancers du poumon à Rouyn-Noranda.

La version des faits du Dr Horacio Arruda s'étiole dans le dossier de la pollution à l’arsenic de la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda. Radio-Canada a appris que l’ex-directeur national de santé publique du Québec n’a pas fait de geste concret pour accompagner sa décision de ne pas diffuser de données sur le risque de cancer du poumon, en septembre 2019.

«Mon intention n’a jamais été de cacher quoi que ce soit», a martelé Horacio Arruda lors d’une conférence de presse, le 23 juin, tout en reconnaissant qu'il a demandé de retirer l’annexe 6 du rapport de biosurveillance en 2019.

À deux reprises durant la conférence de presse, le Dr Arruda a affirmé que c’était lui qui avait demandé l’étude approfondie, et c’est par le besoin d’attendre ce rapport complet qu’il justifiait d’avoir retiré l’annexe.

Or, la santé publique régionale confirme les informations de nos sources. C’est bien elle (la santé publique régionale), et non le Dr Arruda, qui a demandé à l’INSPQ un rapport plus détaillé sur l'évaluation du risque cancérigène pour la population de Rouyn-Noranda.

Le directeur national de la santé publique actuel, le Dr Luc Boileau, a abordé la question pour la toute première fois mercredi soir, au Téléjournal 18h.

Il a assuré qu’il sera à Rouyn-Noranda "dans les prochaines journées" pour répondre aux préoccupations des citoyens.

«On va garder le cap sur transparence, rigueur et disponibilité [...] Ce sont des risques dont les gens veulent comprendre l'ampleur.» – Dr Luc Boileau, directeur national de la santé publique du Québec  

Un droit de polluer au-delà des normes québécoises

La Fonderie Horne bénéficie d’une autorisation du ministère de l’Environnement (1) pour émettre jusqu’à 100 nanogrammes d’arsenic par mètre cube dans l’air, alors que la norme québécoise est de 3. C'est 33 fois plus.

Il s’agit en quelque sorte d’une clause de droits acquis puisque l’usine était en exploitation bien avant la mise en place de la norme. Cette entente arrive toutefois à échéance en novembre.

Le ministère de l’Environnement et la Fonderie Horne négocient en ce moment une nouvelle entente afin de déterminer le seuil que devra atteindre l’entreprise dans les prochaines années.

Selon nos informations, l’étude de l’INSPQ contiendra différents scénarios de réduction des émissions d’arsenic de la fonderie, afin d’évaluer quelle serait leur incidence sur les cas de cancer du poumon.

En 2019, la santé publique régionale évoquait l’idée d’imposer une limite de 15 ng/m3 afin d’éviter un «effet neurotoxique chez les enfants». Elle ajoutait : «Plus on dépasse ce seuil et plus l’exposition est prolongée, plus on augmente la possibilité́ que ce type d’effet puisse être observé.»

Rappelons que le ministère de l’Environnement permet à la Fonderie Horne d’émettre jusqu’à 67 fois plus d’arsenic dans l’air, soit 200 nanogrammes par mètre cube (ng/m3), que la norme provinciale, qui est de 3 ng/m3.

Résultats d’étude inquiétants sur la santé des enfants

À l’automne 2018, la santé publique régionale a mené un dépistage du plomb, du cadmium et de l’arsenic chez les jeunes enfants qui vivent dans le quartier Notre-Dame, adjacent à la fonderie. Les résultats indiquent que ces enfants sont 3,7 fois plus exposés à l’arsenic, un cancérigène reconnu, que des enfants qui ne sont pas exposés à des sources industrielles d’arsenic.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1894643/rouyn-noranda-fonderie-horne-arruda-sante-publique

(1) Benoit Charrette, l'actuel ministre de l'Environnement, est plutôt le ministre des lobbies Énergies fossiles et Déforestation (avec Pierre Dufour). 

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Initialement publié en novembre 2020, cet article s'applique parfaitement au cas Horacio Arruda qui mériterait une chirurgie à mensonge ouvert... une opération délicate. 

«Il n’y a pas de complots d’extraterrestres ou autres, il y a seulement des gens qui ont des intérêts et qui s’en occupent.» ~ Jean-Jacques Pelletier, auteur de romans d’espionnage et de fiction-politique

Répliques récurrentes de ministres, sous-ministres, députés, fonctionnaires, lobbyistes, etc. Des vrais enfants de la maternelle pris en flagrant délit qui s'imaginent qu'on les croit!  

«De la fraude? Je n’étais pas du tout au courant.
Je l'apprends aujourd'hui, en même temps que vous!»

«Ne me demandez pas où est passé l’argent,
je n’en ai aucune idée!»

«Des journalistes victimes d'espionnage électronique par des policiers?!
Je n'ai pas jamais été informée.»

«Des agressions sexuelles de la part de députés?
Pas à ma connaissance... Je n’ai reçu aucune plainte à ce propos.»

Une perle inoubliable (2015) :
«Il est permis de faire des fouilles à nu [dans les écoles], à une seule condition, il faut que ce soit très respectueux. Il y a un cadre à respecter.» 
Dr Yves Bolduc (alors ministre de l’éducation; ce qui lui a coûté son poste...)

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Ça donne envie de faire du macramé et de regarder des vidéos de chiens et de chats.