30 mars 2011

La violence

Poussons l'introspection…

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Extrait de
Se libérer du connu  
Krishnamurti

Chapitre 6

La peur, le plaisir, la douleur, la pensée et la violence sont intimement reliés. La plupart d’entre nous prennent du plaisir à être violents, à détester des individus, à haïr des groupes ou des races, à éprouver un sentiment quelconque d’inimitié. Mais lorsque naît en nous un état d’esprit où toute violence a pris fin, une joie l’accompagne, très différente du plaisir que donnent la violence et ses manifestations telles que les conflits, les haines, les terreurs.

Pouvons-nous parvenir aux racines mêmes de la violence et nous en libérer? À défaut de cela, nous vivrons indéfiniment en état de guerre les uns contre les autres. Si c’est ainsi que vous voulez vivre – et c’est ce qu’apparemment veulent la plupart des personnes – continuez à dire que, encore que vous le déploriez, la violence ne pourra jamais cesser. Mais dans ce cas, nous n’aurons, entre nous, aucun moyen de communication, car vous vous serez bloqués. Si au contraire, vous pensez qu’il serait possible de vivre autrement, alors nous pourrons communiquer les uns avec les autres.

Examinons donc, entre ceux qui s’entendent, la question de savoir si l’on peut mettre fin, en soi-même, à toute forme de violence tout en vivant dans ce monde monstrueusement brutal. Je crois que c’est possible. Je ne veux avoir en moi aucun élément de haine, de jalousie, d’angoisse ou de peur. Je veux vivre totalement en paix… ce qui ne revient pas à dire que je souhaite mourir : je veux vivre sur cette merveilleuse terre, si belle, si pleine, si riche; je veux voir les arbres, les fleurs, les cours d’eau, les vallées, les femmes, les garçons, les filles, et en même temps vivre tout à fait en paix avec moi-même et avec le monde. Que puis-je faire pour cela?

Si nous pouvons observer la violence, non seulement dans la société – avec ses guerres, ses émeutes, ses conflits nationaux, ses antagonismes de classes – mais aussi en nous, alors, peut-être, pourrons-nous aller au-delà.

Ce problème est très complexe. Pendant des siècles et des siècles l’homme a été violent; des religions, dans le monde entier, ont essayé de le rendre plus amène, et n’y sont pas parvenues. Si donc nous avons l’intention de pénétrer dans cette question, nous devons – il me semble – être pour le moins très sérieux, car elle nous conduira dans un tout autre domaine, tandis que si nous ne l’abordons qu’en tant que divertissement intellectuel, nous n’irons pas très loin.

Peut-être croyez-vous être sérieux, lorsque vous vous dites que tant que le reste du monde ne s’orientera pas résolument vers la solution du problème de la violence, vous n’y pourrez rien. En ce qui me concerne, peu m’importe l’attitude des autres. J’envisage cette question avec le plus profond intérêt. Je ne suis pas le gardien de mon frère. En tant qu’être humain je ressens très profondément la nécessité de mettre fin à la violence et je veillerai à y mettre fin en moi-même. Mais je ne peux vous dire, ni à vous ni à quiconque, de ne pas être violents. Cela n’aurait aucun sens, sauf si vous en aviez le désir. Si donc vous avez réellement la volonté de découvrir ce qu’est la violence, poursuivons un voyage d’exploration dans ce domaine.

Ce problème est-il ailleurs ou ici? Cherchez-vous à le résoudre dans le monde extérieur ou à examiner la violence elle-même, telle qu’elle existe en vous? Si vous êtes libres de toute violence en vous-mêmes la question qui se pose est : «Comment puis-je vivre dans un monde rempli de violence, d’ambition, d’avidité, d’envie, de brutalité? Ne serais-je pas détruit?» Telle est la question inévitable que l’on se pose intérieurement.

Il me semble que lorsqu’on soulève cette question, c’est qu’on ne vit pas en paix, car dans le cas contraire on ne se poserait aucun problème. On peut se faire emprisonner parce qu’on refuse de se battre. Eh bien, on est fusillé : cela n’est pas un problème. Il est extrêmement important de le comprendre. J’essaie ici de voir la violence en tant que fait, non en tant qu’idée : en tant qu’elle existe dans l’être humain, et en tant que cet être est moi-même. À cet effet, je dois m’ouvrir à cette exploration, m’exposer à ma propre présence; je dois être dans un état d’esprit qui me pousserait jusqu’à l’extrême limite de ma recherche, sans m’arrêter à aucune étape en la jugeant suffisante.

Il doit m’apparaître avec évidence, maintenant, que je suis un être humain violent. J’ai reconnu la violence dans mes colères, dans mes exigences sexuelles, dans mes haines, dans les inimitiés que j’ai suscitées, dans ma jalousie; j’en ai fait l’expérience vécue; je l’ai connue; et je me dis que je veux la comprendre tout entière, ne pas m’arrêter à une quelconque de ses manifestations (telle que la guerre) mais dégager le sens de l’agressivité dans l’homme, qui existe aussi chez les animaux, et dont je suis partie intégrante.

La violence ne consiste pas uniquement à nous entretuer. Nous sommes violents dans nos altercations, nous le sommes lorsque nous écartons quelqu’un de notre chemin, nous le sommes lorsque la crainte nous incite à obéir. La violence n’est pas seulement ces boucheries humaines organisées au nom de Dieu, d’une société, d’un pays. Elle existe aussi dans des sphères plus subtiles, plus secrètes et c’est là, dans ses grandes profondeurs, qu’il nous faut la chercher.

Lorsque vous vous dites Indien, Musulman, Chrétien, Européen, ou autre chose, vous êtes violents. Savez-vous pourquoi? C’est parce que vous vous séparez du reste de l’humanité, et cette séparation due à vos croyances, à votre nationalité, à vos traditions, engendre la violence. Celui qui cherche à comprendre la violence n’appartient à aucun pays, à aucune religion, à aucun parti politique, à aucun système particulier. Ce qui lui importe c’est la compréhension totale de l’humanité.

Deux façons de penser existent au sujet de la violence. Selon une école, elle est innée dans l’homme; selon l’autre elle est le résultat de son héritage social et culturel. Aucune de ces deux façons de voir ne nous intéresse : elles n’ont aucune importance; l’important est le fait que nous sommes violents, non de raisonner à ce sujet.

Une des manifestations les plus habituelles de la violence est la colère. Si ma femme ou ma sœur est attaquée, je me dis que ma colère est juste. J’éprouve également cette juste colère lorsque mon pays, mes idées, mes principes, mon code de vie sont attaqués. Je l’éprouve encore lorsque mes habitudes, mes petites opinions sont menacées. S’il arrive qu’on me marche sur les pieds ou qu’on m’insulte, je me mets en colère; ou encore si quelqu’un m’enlève ma femme et que je suis jaloux : cette jalousie passera pour être bienséante et juste, parce que cette femme est ma propriété. Tous ces aspects de la colère sont justifiés moralement, ainsi que tuer pour mon pays. Donc lorsque nous parlons de la colère, qui est une forme de violence, distinguons-nous, selon notre inclination et les influences du milieu, celle qui est juste de celle qui ne l’est pas, ou considérons-nous la colère en tant que telle?

Une colère juste? Cela peut-il exister? Ou la colère a-t-elle une qualité intrinsèque, tout comme l’influence qu’exerce la société, que je qualifie de bonne ou mauvaise, selon qu’elle me convient ou non? Dès que vous protégez votre famille, votre pays, un bout de chiffon coloré que vous appelez drapeau, ou une croyance, une idée, un dogme, ou l’objet de vos désirs, ou ce que vous possédez, cette protection même est un indice de colère. Pouvez-vous examiner cette colère sans l’expliquer ou la justifier, sans vous dire qu’il vous faut protéger votre bien, ou que vous avez le droit d’être en colère, ou qu’il est absurde de l’être? Pouvez-vous la regarder complètement, objectivement, c’est-à-dire sans l’absoudre ni la condamner? Le pouvez-vous?

Puis-je vous voir objectivement si je suis votre adversaire ou si je pense que vous êtes un être merveilleux? Je ne peux vous voir tel que vous êtes que si je vous regarde avec une attention que n’altèrent pas de tels rapports. Mais puis-je regarder la colère de la même façon? Être vulnérable à ce phénomène extraordinaire? Ne pas lui résister? L’observer sans la moindre réaction? C’est très difficile de l’observer sans passion, parce que la colère fait partie de mon être. Et pourtant c’est ce que j’essaie de faire.

Me voici, être humain violent, blanc, noir, brun ou rouge, et il ne m’intéresse pas de savoir si j’ai hérité de cette violence ou si la société l’a engendrée en moi : ce qu’il importe de savoir, c’est si je peux m’en libérer. Cette question pour moi prime tout le reste, nourriture, besoin sexuel, situation sociale, car elle me corrompt, me détruit et détruit notre monde. Je veux la comprendre, la transcender. Je me sens responsable de toute la colère et de toute la violence du monde. Je m’en sens personnellement responsable; ce ne sont pas que des mots, je me dis : «Je ne peux agir dans ce sens que si je suis au-delà de la colère, au-delà de la violence, au-delà des particularismes nationaux.»

Ce sentiment de devoir comprendre la violence en moi engendre une immense vitalité, une passion de savoir. Mais pour aller au-delà de la violence, je ne dois ni la refouler, ni la nier, ni me dire : «Elle fait partie de moi, je n’y peux rien» ou «Je veux la rejeter». Je dois la regarder, l’étudier, entrer dans son intimité et à cet effet je ne dois ni la condamner ni la justifier. C’est, pourtant, ce que nous faisons. Je vous demande donc de suspendre, pour l’instant, vos jugements à son sujet.

Si vous voulez mettre fin à la violence et aux guerres, demandez-vous combien de vous-mêmes, combien de votre vitalité vous y mettez. N’êtes-vous pas profondément affectés de voir que vos enfants sont tués, que vos fils sont enrégimentés, assujettis, assassinés? Cela vous est-il indifférent? Grand Dieu, si cela ne vous émeut pas, qu’est-ce qui vous intéresse? Conserver votre argent? Vous divertir? Vous droguer? Ne voyez-vous pas que votre propre violence est en train de détruire vos enfants? Ou n’est-ce là qu’une abstraction pour vous?

Fort bien. Si la question vous intéresse, adonnez-vous à elle de tout votre cœur et de tout votre esprit. Apprenez à regarder la colère, à voir votre mari, votre femme, vos enfants; à écouter les hommes politiques. (…) Vous êtes conditionnés en tant qu’Allemands, Indiens, Nègres, Américains, au hasard de votre naissance, et votre condition a alourdi vos esprits. Pour découvrir une vérité fondamentale on doit pouvoir explorer ses profondeurs. On ne peut explorer des profondeurs qu’avec un esprit pénétrant comme une aiguille, dur comme un dimant.

Il faut le sentir comme on a faim, et il faut se rendre compte que ce qui abêtit l’esprit est son sentiment d’invulnérabilité, qui l’a enfermé dans des murs. Ce sentiment est présent chaque fois que l’on condamne ou que l’on justifie. Si l’on peut s’en débarrasser, on peut regarder, étudier, pénétrer un problème et peut-être parvenir à un état où l’on en est totalement conscient.

Revenons au cœur de la question : pouvons-nous déraciner la violence en nous-mêmes? Si je vous disais : «Pourquoi n’avez-vous pas changé?» ce serait une forme de violence. Je n’ai en aucune façon le désir de vous convaincre de quoi que ce soit. C’est votre vie, non la mienne, et chacun la vit comme il l’entend. Je demande simplement s’il est possible à un être humain, psychologiquement intégré à une société quelle qu’elle soit, de se débarrasser de sa propre violence. Si un tel processus est possible, il ne peut manquer de susciter une nouvelle façon de vivre.

La plupart d’entre nous ont accepté que la violence soit à la base de leur mode de vie. Deux guerres ne nous ont appris qu’à dresser des barrières de plus en plus nombreuses entre les hommes – c’est-à-dire entre vous et moi. Mais ceux qui veulent s’affranchir de la violence, comment doivent-ils s’y prendre? Je ne pense pas qu’ils puissent y parvenir en s’analysant ou en se faisant analyser par un spécialiste. Ils pourraient, par ce moyen, se modifier quelque peu, vivre un peu plus paisiblement, dans un meilleur climat affectif, mais ils ne pourraient acquérir la perception totale qu’ils recherchent.

Nous avons des idéaux en grand nombre; tous les livres sacrés en sont pleins; et pourtant nous sommes encore violents.

Pour voir en fait ce qu’est la colère, on ne doit passer aucun jugement à son sujet, car aussitôt que l’on pense à son opposé on la condamne, ce qui empêche de la voir. Lorsque vous déclarez détester ou haïr quelqu’un, cela peut paraître brutal, mais le fait est là, et si vous l’examinez à fond, complètement, il disparaît, tandis que si vous vous dites : «Je ne dois pas haïr; je dois avoir de l’amour en mon cœur», vous vivez dans un monde hypothétique, avec une double série de valeurs. (…)

Vivre dans le présent, complètement, totalement, c’est vivre avec ce qui «est», avec l’actuel, sans le condamner ni le justifier. Tout problème dans cette clarté est résolu.
(…)

Vos esprits conditionnés, vos façons de vivre, toute la structure de la société vous empêchent de voir un fait tel qu’il est et de vous en affranchir séance tenante. Vous dites : «J’y penserai; je verrai s’il m’est possible ou non de m’affranchir de la violence; j’essaierai.» Cette déclaration «j’essaierai» est une des pires que l’on puisse faire. Essayer, faire de son mieux, cela n’existe pas. On fait la chose ou on ne la fait pas. Vous voulez du temps pour prendre une résolution lorsque la maison brûle. Elle brûle à cause de la violence dans le monde, et vous dites : «Donnez-moi le temps de trouver l’idéologie la plus propre à éteindre l’incendie.» Lorsque la maison brûle, discutez-vous sur la couleur des cheveux de celui qui apporte l’eau?

28 mars 2011

Quotient Émotionnel

On parle d’intelligence émotionnelle (ou quotient émotionnel – QE) depuis quelques décennies déjà. Mais, on ne peut pas dire qu’elle fait «fureur», contrairement à l’épidémie de rage universelle.

Quand on observe les débats politiques, entre autres, on peut légitimement se demander ce que signifie l’adjectif «civilisé»!

Caucus de mâles empereurs
Si j’étais whip j’obligerais tous les députés participant aux assemblées à lire «Zoom sur l’intelligence émotionnelle» (un whip ou chief whip est le membre d'un parti politique élu au parlement dont le rôle est de s'assurer que les membres du parti soient présents lors des votes à la chambre et suivent les consignes données par les chefs du parti).

Beaucoup de gens semblent confondre intelligence émotionnelle avec charisme, ou la considèrent comme un don inné – «on l’a ou on ne l’a pas». Or il s’agit d’une faculté qu’on peut développer par un training conscient en apprenant à remplacer une réponse automatique par une autre plus adéquate qui aura pour effet d’améliorer nos rapports sociaux plutôt que de les envenimer.

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Extrait de Zoom sur l’intelligence émotionnelle; Travis Bradberry, Ph.D., Jean Greaves, Ph.D.; Éditions Un monde différent. (Cette synthèse sur l’intelligence émotionnelle inclut les techniques de training.) 

Voyez l’addenda d’«Impact de la colère sur le corps» pour un extrait introduisant ce livre :  

Chapitre 6
PERFECTIONNEZ VOS COMPÉTENCES

Comment mieux vous comprendre et améliorer la gestion de vos émotions

«Vous ne vous noyez pas en tombant dans l’eau, vous vous noyez en restant là.» ~ Edwin Louis-Cole

La compétence personnelle se traduit par la connaissance de soi et l’optimisation de vos ressources. Cela n’a rien à voir avec la perfection et un contrôle total de vos émotions. C’est plutôt permettre à vos sentiments de vous informer et de modeler votre comportement.

Plongez-vous dans l’inconfort

Comme le démontre nos propres recherches, le plus grand obstacle à l’accroissement de la compétence personnelle est la tendance à éviter l’inconfort qui accompagne une plus grande conscience de soi. Plus des deux tiers des gens que nous avons étudiés avaient beaucoup de difficulté à admettre leurs défauts. Les choses auxquelles on ne pense pas ne figurent pas sur notre radar pour une raison bien précise : elles peuvent empester lorsqu’elles font surface. Le fait d’éviter cette douleur crée des problèmes, car c’est une solution à court terme. Se plonger dans son inconfort est la seule façon de changer. Vous ne pourrez pas exercer une gestion adéquate de vous-même si vous ignorez ce qu’il faut changer.

Plutôt que d’éviter un sentiment, vous devriez plutôt vous tourner vers lui, y faire face et, éventuellement, en devenir maître. Cela s’applique même au plus léger inconfort émotionnel, comme l’ennui, la confusion ou l’anticipation. Lorsque vous ignorez ou minimisez une émotion, même si elle a peu d’importance, vous ratez l’occasion d’en faire quelque chose de productif. Pire encore, le fait d’ignorer vos sentiments ne les fait pas disparaître; cela ne fait que les aider à refaire surface lorsque vous vous y attendez le moins.

Le théoricien du management, Peter Drucker, dit que pour arriver à mieux se gérer soi-même, il faut découvrir sa propre arrogance. Nous écartons des choses que nous jugeons trop peu importantes pour nous donner la peine d’en apprendre davantage sur elles. Dans le domaine de la compétence personnelle, un individu peut penser que les excuses sont pour les personnes lâches, et il n’apprend jamais à reconnaître le moment où il convient d’en faire. Un autre individu peut détester se sentir déprimé, et consacre donc tout son temps à jouer le boute-en-train. Tous deux doivent réagir et explorer les sentiments qui pourront générer un changement. Autrement, ils continueront d’emprunter une trajectoire improductive et insatisfaisante, répétant encore et encore les mêmes schémas de comportement.

Après vous être permis à quelques reprises de vous pencher sur l’inconfort, vous découvrirez rapidement qu’il a des avantages. … Ce qui est étonnant à propos de cette amélioration de la conscience de soi, c’est que le seul fait d’y penser vous aidera à changer, même si vous vous concentrez surtout de prime abord sur ce que vous faites «mal». N’ayez pas peur de vos «erreurs émotionnelles». Elles vous indiquent ce que vous devriez faire différemment et sont une source constante d’informations qui vous aideront à mieux comprendre jour après jour.

Pour accroître votre habileté à reconnaître les émotions, examinez la gamme d’émotions que les gens expriment. Nous disposons d’un grand nombre de qualificatifs pour décrire les sentiments qui déferlent sur nous pendant notre vie, bien que les émotions ne découlent que de cinq sentiments de base : le bonheur, la tristesse, la colère, la peur et la honte. La complexité de ces émotions apparaît lorsqu’on considère les divers degrés d’intensité avec lesquels elles se manifestent.

Le fait de ressentir une gamme d’émotions n’est pas synonyme de conscience de soi. Pour bien reconnaître une émotion, vous devez également prêter attention à votre thermostat interne, c’est-à-dire aux pensées et aux manifestations physiques qui accompagnent un sentiment. Ces signaux ne sont pas les sentiments eux-mêmes, mais les croyances et les sensations qui viennent d’eux. Une conscience de soi élevée permet de reconnaître les sensations qui vous habitent et d’être capable de nommer l’émotion qui y correspond.

Chacun d’entre nous a un thermostat différent. Les pensées et les sensations physiques sont des réactions parfaitement normales dans des situations propices à la naissance d’émotions. Vos pensées peuvent s’emballer ou votre esprit devenir vide. Vous pouvez vous sentir envahi pas une sensation de chaleur, de froid, ou encore vous sentir engourdi. Votre cœur peut s’arrêter le temps d’un battement ou s’emballer. Votre gorge peut se serrer ou vous pouvez éprouver des picotements dans un membre.

Il en va de même avec vos tendances; la façon dont vous avez l’habitude de réagir dans diverses situations et devant diverses personnes est unique. L’un des sentiments troublants que les gens ressentent généralement lorsqu’ils s’efforcent d’accroître leur compétence personnelle est l’impression d’être inachevé, de ne rien maîtriser encore.

Nous avons peur de faire une erreur devant ceux qui pourraient nous observer. Le développement personnel exige que nous fassions de nombreuses erreurs, même s’il est désagréable de les reconnaître. Nous nous surprenons à nous laisser emporter, ou bien à essayer de réprimer nos émotions et de les étouffer. C’est dans de tels moments que nous devons tenter quelque chose de différent. S’appliquer à développer nos compétences émotionnelles exige que nous assumions notre part de responsabilités dans les difficultés auxquelles nous devons faire face.

Les gens qui ont une grande intelligence émotionnelle se sont plongés dans leur inconfort, ont fait des erreurs, se sont exercés à mettre leurs habiletés en pratique et se sont améliorés au fil des ans.

Examinez la gamme d’émotions énumérées ci-après. Vous vient-il à l’esprit des exemples tirés de votre vie qui illustrent chaque degré d’intensité des cinq émotions de base? Afin de devenir plus personnellement compétent, établissez parmi ces émotions celles que vous avez tendance à éprouver le plus fréquemment. Ceci vous aidera à accroître la conscience que vous avez de vous-même et vous servira de guide quant à la manière de gérer ces émotions lorsqu’elles surgissent.

Les cinq émotions de base sont exposées de gauche à droite. Les manifestations de chacune de ces émotions, selon leur intensité, sont énumérées sous chaque colonne.


(Adapté par les auteurs de Zoom d’après le tableau de l’écrivaine Julia West – tableau complet en anglais : Character moods or emotions

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Compléments 

Excellent guide des émotions disponible sur redpsy :

Test de Quotient Émotionnel sur Psychologies.com : http://test.psychologies.com/calculez-votre-quotient-emotionnel

Autres tests (en anglais) sur Psychology Today :

25 mars 2011

De faillite en révolte

Un vœu maintes fois exprimé, voire une conjuration :
Les assemblées parlementaires de tous les États devraient obligatoirement inclure des humanistes et des philosophes (dépourvus d’allégeance politique) ayant le bien-être de l’humanité à cœur puisque les politiciens et les économistes n’ont que l’argent à cœur. Une contrebalance indispensable, si notre civilisation devait survivre.  

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L'exaltation fanatique des brillants jouets qui amusent les hommes...  


Extraits de :

Le pèlerinage aux sources (1943)
Lanza Del Vasto*

Chapitre IV, Wardha ou trois mois chez Gandhi

Si les gens d’aujourd’hui ne sont pas convaincus du caractère fâcheux d’un système qui les a menés de crise en krach, de faillite en révolte, de révolution en conflagration; qui gâte la paix, la rend affairée et soucieuse; qui fait de la guerre un cataclysme universel, presque aussi désastreux pour les vainqueurs que pour les vaincus; qui ôte son sens à la vie et sa valeur à l’effort; qui consomme l’enlaidissement du monde et l’abrutissement du peuple; si les gens d’aujourd’hui accusent n’importe qui des grands maux qui les accablent, en attribuent la cause à n’importe quoi plutôt qu’au développement de la machine, c’est qu’il n’est pas de sourd mieux bouché que celui qui ne veut rien entendre.

Il faut que la puérile admiration pour les brillants jouets qui les amusent, il faut que l’exaltation fanatique pour l’idole qu’ils se sont forgée, et à laquelle ils sont prêts à sacrifier leurs enfants, leur ait tourné la tête et fermé les yeux à l’évidence pour qu’ils continuent d’espérer du progrès indéfini de la machine l’avènement d’un âge d’or.

Ne parlons pas des bouleversements que le progrès des machines fait sans cesse subir aux institutions humaines, parlons seulement des avantages par lesquels elles allèchent le sot : elles épargnent du temps, elles épargnent des peines, elles produisent l’abondance, elles multiplient les échanges entre les peuples, elles finiront bientôt par assurer à tous les hommes un loisir perpétuel.

S’il est vrai qu’elles épargnent du temps, comment se fait-il que dans les pays où les machines règnent on ne rencontre que des gens pressés et qui n’ont jamais de temps? Alors que dans ceux où l’homme fait tout de ses mains, il trouve le temps de tout faire et du temps en outre, autant qu’il en veut, pour ne rien faire.

S’il est vrai qu’elles épargnent de la peine, pourquoi tout le monde se montre-t-il affairé là où elles règnent, attelé à des tâches ingrates, fragmentées, précipitées par le mouvement des machines, à des travaux qui usent l’homme, l’étriquent, l’affolent et l’ennuient. Cette épargne de peine, en vaut-elle la peine?

S’il est vrai qu’elles produisent l’abondance, comment se fait-il que là où elles règnent, règne aussi, dans tel quartier bien caché, la misère la plus atroce et la plus étrange? Comment, si elles produisent l’abondance, ne peuvent-elles produire la satisfaction? La surproduction et le chômage ont logiquement accompagné le progrès des machines, tant qu’on n’a pas fait une guerre, trouvé un trou pour y jeter le trop-plein.

S’il est vrai qu’elles ont multiplié les échanges et rendu les contacts plus intimes entre les peuples, il ne faut pas s’étonner que lesdits peuples en éprouvent les uns pour les autres une irritation sans précédent. Suffit qu’on me frotte à quelqu’un malgré moi et malgré lui pour que je commence de haïr ce quidam et lui moi. Peut-être est-ce regrettable, mais c’est humain. Les contacts mécaniques et forcés n’engendrent pas l’union. C’est bien dommage, mais ainsi veut nature.

Enfin, s’il était possible, toutes ces crises Dieu sait comment dépassées, de soulager l’homme de tout travail pénible et de lui assurer un loisir perpétuel, alors tous les dégâts que le progrès des machines a pu causer par ruines, révolutions et guerres deviennent insignifiants au regard de ce fléau définitif : une humanité privée de tout travail corporel.

À dire vrai, l’homme a besoin du travail plus encore que du salaire.

Ceux qui veulent le bien des travailleurs devraient se soucier moins de leur obtenir un bon salaire, de bons congés, de bonnes retraites, qu’un travail qui est le premier de leurs biens.

Car le but du travail n’est pas tant de faire des objets que de faire des hommes. L’homme se fait en faisant quelque chose. Le travail établit un contact direct avec la matière, et lui en assure une connaissance précise, un contact direct et une collaboration quotidienne avec d’autres hommes; il imprime à la matière la forme de l’homme et s’offre à lui comme un mode d’expression; il concentre l’attention et les forces sur un point ou au moins sur une ligne continue; il bride les passions en fortifiant le vouloir. Le travail, le travail corporel constitue pour les neuf dixièmes des hommes leur seule chance de manifester leur valeur en ce monde.

Mais pour que le travail même, et non le paiement seul, profite à l’homme il faut que ce soit un travail humain, un travail où l’homme entier soit engagé : son corps, son cœur, son intellect, son goût. L’artisan qui façonne un objet, le polit, le décore, le vend, l’approprie aux désirs de celui à qui il le destine, accomplit un travail humain. Tandis que l’ouvrier enchaîné au travail à la chaîne, qui de seconde en seconde répète le même geste à la vitesse dictée par la machine, s’émiette en un travail sans but pour lui, sans fin, sans goût ni sens. Le temps qu’il y passe est temps perdu, vendu : il vend non son œuvre mais le temps de sa vie. Il vend ce qu’un homme libre ne vend pas : sa vie. C’est un esclave.

Il ne s’agit pas d’adoucir le sort du prolétaire afin de lui faire accepter, il s’agit de supprimer le prolétariat comme on a supprimé l’esclavage, puisque de fait le prolétariat c’est l’esclavage.

Quant aux peuples entiers voués à l’oisiveté, que fera-t-on d’eux, que feront-ils d’eux-mêmes?

«L’État, répondent ces gens-là (si vous ne savez pas ce que c’est l’État je vous le dirai : c’est la Providence mécanisée), l’État qui aura résolu le problème du travail par l’industrialisation intégrale n’aura plus qu’à résoudre le problème des loisirs et de l’éducation. Il réglera jeux et spectacles et distribuera la science à tous.»  

Mais les plaisirs des hommes sans travail ont toujours été l’ivrognerie et la débauche. L’État aura beau leur proposer des plaisirs éducatifs, ils préféreront toujours l’ivrognerie et la débauche. Les jeux éducatifs devront donc prendre un caractère obligatoire et cesseront d’être des jeux pour devenir des disciplines et des corvées : des falsifications du travail d’où rien de bon ne saurait résulter. Mieux eût valu régler le travail.

Mais il est un plaisir plus cher à l’homme sans travail, plus cher que l’ivrognerie et la débauche, celui de crier «À bas» et de mettre le feu partout. Ce jeu-là ne tardera pas à remplacer tous les autres au Paradis mécanisé.

Si les malheurs qui accablent aujourd’hui même les civilisés finissent par leur démontrer par la réduction à l’absurde qu’il leur faut tourner ailleurs leurs espoirs, on pourra dire que leurs malheurs auront été bons à quelque chose.

(…) «Que voulez-vous, dit-on, il n’y a rien à faire contre les lois de l’Histoire et de l’Économie. On ne peut pas retourner en arrière.»

Et voilà comment des gens à l’esprit fort qui se sont révoltés contre toute croyance, qui prétendent s’en remettre en tout à leur courage et à leur intelligence, s’engourdissent dans des superstitions artificielles et savantes, celles de l’Histoire et de l’Économie, et se résignent à telle Fatalité qui n’a d’autre substance ou raison d’être que leur sottise et leur entêtement.

La sécheresse, l’inondation, le tremblement de terre, la douleur, la vieillesse et la mort sont des fatalités contre lesquelles il est insensé de murmurer. L’Histoire et l’Économie, faites de main d’homme, se défont et se refont de même. La seule chose qui les rende fatales c’est de les croire telles. Insensés ceux qui s’y résignent au lieu de travailler à les changer.

L’intention de Gandhi n’est pas de retourner en arrière. Nul n’est moins que lui porté sur les reconstitutions historiques et sur la nostalgie du Bon Vieux Temps. Il ne professe ni la haine de l’Occident, ni l’horreur de la civilisation, ni le mépris de l’économie.

Sa révolution regarde au contraire vers l’avenir avec de sévères espérances. Il est le premier sage en Orient à prescrire le travail comme un devoir pour tous et comme une voie au Salut. Il a jeté les bases d’une nouvelle constitution civile, d’un nouveau développement économique ainsi que d’une nouvelle culture.

Mais pour lui l’unique intérêt de l’économie c’est celui que les grands économistes  ne considèrent jamais (Karl Marx pas plus que les autres) : l’unique intérêt de l’économie ce n’est pas le développement économique, mais le développement de la personne humaine, sa paix, son élévation, son affranchissement.

«On ne nous dira pas, objecterons les gens, qu’un usage raisonnable et limité, qu’un progrès dûment dirigé de la machine ne pourrait pas contribuer à ce bien et à cette délivrance sans exposer la personne humaine aux cataclysmes apocalyptiques qu’il vous plaît de prévoir.»

Si l’on savait faire de la machine un usage raisonnable et limité, si l’on pouvait diriger son progrès, il n’y aurait en effet nul inconvénient à la mettre en œuvre.

On peut fort bien se servir des machines pourvu qu’on sache aussi bien s’en passer. Si la machine vous est utile, servez-vous d’elle; mais si elle vous est nécessaire, alors il devient urgent de la jeter loin de vous car il est fatal qu’elle vous enchaîne et vous prenne dans son engrenage.

La machine a gagné l’homme. L’homme s’est fait machine, fonctionne et ne vit plus.

Ses gestes, ses désirs, ses peurs se mécanisent, ses amours et ses haines. Ses goûts, ses opinions. L’éducation des enfants, l’activité productrice, le sport et les divertissements, l’application des lois, la police et l’administration, l’armée et le gouvernement tout commence à tendre à l’inhumaine perfection de la machine.

Quand vous aurez fait de l’État une machine, comment empêcherez-vous un fou quelconque de s’emparer du guidon et de pousser la machine au précipice?

Quand vous aurez fait de l’État une machine, il faudra que vous lui serviez vous-même de charbon.  

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Ahimsâ – la doctrine et la pratique de la non-violence.
Ahimsâ signifie au sens étymologique : abstention de nuire.


* Issu d’une famille illustre, Lanza del Vasto est né en Sicile en 1901 et décédé en 1981. En 1936, il entreprend un long voyage en Inde qu’il raconte dans ce livre. À son retour, ce disciple chrétien de Gandhi se fait apôtre de la non-violence en fondant des communautés, en France et dans plusieurs autres pays, pour répandre cette philosophie. Immense a été la répercussion de son œuvre poétique, initiation à la sagesse millénaire de l’Inde, où l’humour a sa place.

23 mars 2011

La pinède


Le chant des aiguilles

Dimanche  à la montagne  
au milieu de la pinède.     
Murmure à cappella,  
chaque aiguille
telle une corde de violon
vibre sous l’archet du vent.  
Douceur et accord parfait.
Mon âme chante de joie.  

Mestengo © 2011

Que de moments délicieux passés dans les pinèdes à écouter ce chant indescriptible (pas trouvé d’enregistrement à partager; dommage, c’est tellement beau!)  

***
Un seul arbre

Les meubles n’ont pas de langue
mais le bois sec parle

Un seul arbre,
avec des siècles de mémoire
incrustés dans ses fibres,
racontent les batailles et les amours
des voyageurs temporels  
retracent l’alternance des saisons  
des jours et des nuits,
évoquent le son du vent et
le gazouillis des oiseaux
ayant niché dans son feuillage.  

Un seul arbre,
témoin silencieux du temps.

Peut-être ai-je profité de ton ombre
dans une autre vie  
et que maintenant je m’assoie
sur le fauteuil ancestral
que tu es devenu...

Mestengo © 2004

***
Coupe à blanc en Colombie Britannique : 50 000 arbres...
Le pin blanc n'est plus que l'ombre de lui-même. L'arbre gigantesque, au tour de taille impressionnant, dont les remarquables colonies caractérisaient la forêt mixte du pays, est devenu bateau, poutre, poutrelle, planche, tonneau. À la surexploitation, s'est ajoutée une maladie qui a fait des ravages énormes dans les populations indigènes. Aux États-Unis, ce sont des milliers d'hectares qui ont aussi disparu en l'espace de quelques décennies.

21 mars 2011

Le nucléaire – suite

J’ai hâte d’écrire «suite et fin» - pour le bon motif, bien sûr!  
Faites circuler si le nucléaire vous inquiète.  

Site SORTONS LE QUÉBEC DU NUCLÉAIRE :
une mine d’informations de qualité à consulter pour être mieux renseigné
AVEC PÉTITION À SIGNER


LETTRE DE FREDERIC BACK

20 janvier 2010
Att : Christian Simard, directeur
Nature Québec

Bonjour,

Je veux vous remercier pour l’utilisation de mon dessin pour la lutte contre le nucléaire.  Dans mon film Crac!, terminé en 1991, j’espérais donner une bonne idée en suggérant de transformer les centrales nucléaires en musées ou en salles de concert!

Malheureusement, on n’a pas suivi mon conseil, et malgré Tchernobyl et un tas d’autres méfaits cachés, les tenants du nucléaire continuent, aveuglément, à promouvoir cette source d’énergie. Alors que nous sommes assis sur des volcans qui cherchent à se libérer, on ne fait guère appel à cette puissance infinie et non-polluante que l’on exploite d’une manière minimale!!! (Car il y a moins de fortunes à se mettre dans les poches sans doute) On n’entend que les savants fous qui tiennent à faire valoir leurs inventions, advienne que pourra!  Avec le soutien de l’armée, bien sûr.

De tout cœur je soutiens vos efforts pour lutter et vaincre cette vision étroite qui ne veut pas voir les solutions énergétiques qui existent au cœur de la planète.

Bien votre reconnaissant,

Frédéric Back

18 mars 2011

Percevoir autrement...

Un peu d’humour et de sagesse pour alléger l’atmosphère.

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Dear God,
 
My prayer for 2011 is for a fat bank account and a thin body.
Please don’t mix these up like you did last year.
 
Amen!


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Au magasinier de l’Univers,

Je refuse de me laisser intimider par la réalité planétaire actuelle.
Ce n’est pas ce que nous avions commandé.

Merci de réviser attentivement le bon d’achat!

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Life is risky; we are all acrobats
Tiptoeing over one bridge or another.
To a tightrope walker
The rope is just like home.
Those who hold their bodies lightly
And their minds simply
May seem in danger
But they are safe.
~ Chinese scrolls

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- Parmi les best-sellers, on trouve des livres de recettes et des livres de diètes. Les uns vous montrent comment préparer votre nourriture et les autres comment ne pas la manger.
- Un avion conçu pour protéger le Président contre toute attaque nucléaire fut démantelé après avoir percuté une volée d’oies sauvages.
- Une compagnie d’aviation avait égaré les bagages d’un passager; rien de nouveau ou de drôle à cela, sauf qu’il était le seul passager à bord.
- Un homme gagna 9 millons $ à la loterie parce qu’il avait oublié la date de son anniversaire de mariage et joué un autre numéro.

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Bo Lozoff (créateur de Human Kindness Foundation) :

L’humour abonde, partout autour de nous … Regardez les sommes qu’investissent les gens aux cheveux frisés pour se faire défriser, tandis que ceux qui ont les cheveux raides investissent dans les permanentes … Le pape dépense des millions de dollars pour visiter des pays pauvres … Comment se fait-il que les scientifiques ne découvrent pas que la luzerne et les fèves de soya sont dommageables pour nous; il faut toujours que ce soit quelque chose comme la crème glacée, le chocolat, l’alcool ou la marijuana … Nous sommes vraiment fous, nous décarcassant pour des illusions que nous ne pouvons pas obtenir, sur une planète qui ne supporte pas le style de vie que nous essayons de créer avec tant d’acharnement. Comme le caricaturiste Gahan Wilson le disait : «Singulièrement, la vie ne marche pas. Et c’est une source d’humour infinie.»  

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Dear God,

How can you be so cruel? I spent the entire day cleaning the living room rug. Then, even before it was dry, four-year-old Ryan came into the room and spilled a bowl of cereal and milk all over it.
      Lisa

Dear Milk Maid,

Please forgive me. I was having a pretty dull day. Traffic was moving along without an accident, I forgot to create a whopping thunderstorm that the weatherman had predicted, and I was tired of making the Dow fall.

So, when I saw Ryan coming into your wonderfully clean living room with an overflowing bowl of cereal, I knew I just had to create another Milky Way. I thought it was hilarious. Sorry you did not. What can I say? I could tell you not to cry over spilt milk, but that has been uttered before.

Love and kisses,
      God

P.S.: Give Ryan a big hug for me.

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DEVANT L’INÉVITABLE...  

L'évolution est la loi de la vie. Tout doit évoluer, même les minéraux; ils évoluent très lentement, mais ils évoluent ; il y a dans le minéral une force qui travaille pour faire apparaître toutes les qualités et les vertus qu'il contient. Les pierres précieuses, les métaux précieux sont des minéraux plus évolués qui possèdent des vertus bénéfiques. Les plantes aussi évoluent, et plus elles évoluent, plus elles donnent des fleurs et des fruits nutritifs, curatifs. Il en est de même pour les animaux et les hommes. Et c'est même vrai pour notre planète et tout le système solaire.
   Tout doit avancer, s'améliorer; là où cette loi est entravée, il se produit des destructions. Des humanités, des mondes, des constellations ont disparu pour s'être opposés à la loi de l'évolution. Tâchez donc de prendre au sérieux cette loi; toute votre vie en sera transformée et vous vous créerez un avenir magnifique.  
(Auteur inconnu)

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La vie ne cesse pas d’être drôle parce que les gens meurent ni ne cesse d’être sérieuse parce que les gens rient. ~ George Bernard Shaw  

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Avoir peur, c’est mourir mille fois, c’est pire que la mort. ~ Stefan Zweig

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La mort ne surprend pas le sage : il est toujours prêt à partir. ~ Jean de La Fontaine

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Mourir, ce n’est rien. Commence donc par vivre. C’est moins drôle et c’est plus long. ~ Jean Anouilh

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Un au-delà? Pourquoi pas? Pourquoi les morts ne vivraient-ils pas? Les vivants meurent bien. ~ Chaval

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À ma mort, je souhaite léguer mon corps à la science-fiction. ~ Steven Wright

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L’homme, depuis sa naissance, est coincé entre deux mirages : l’un étant la mort qui le pousse dans le dos, et l’autre étant l’horizon qui recule sans cesse. ~ Driss Chraïbi

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Longévité : prolongation inconfortable de la peur de la mort. ~ Ambrose Bierce

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As long as you are not aware of the continual law of Die and Be Again, you are merely a vague guest on a dark Earth. ~ Johann Wolfgang von Goethe

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Ikkyu, the Zen master, was very clever even as a boy. His teacher had a precious teacup, a rare antique. Ikkyu happened to break this cup and was greatly perplexed. Hearing the footsteps of his teacher, he held the pieces of the cup behind him. When the master appeared, Ikkyu asked: “Why do people have to die?”
   “This is natural,” explained the older man. “Everyhing has to die and has just so long to live.”
   Ikkyu, producing the shattered cup, added, “It was time for your cup to die.”

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You can’t do anything about the length of your life, but you can do something about its width and depth. ~ Shira Tehrani

Interpretation:
Life is a funny thing. It’s an ever-going marathon, yet no one knows where his or her finish line is. We just keep running and running, hoping we still have a long way to go. We do whatever we can to prolong the run, but sometimes despite our best efforts, the marathon is cut short. So many of us are only concerned about the distance we are traveling, we lose focus of what’s going on during the run. And this is the important part, so take advantage. Stretch some personal boundaries, work outside of your comfort zone, and try something new. There will be bumps along the road, shortcuts, and paths that lead into dead ends. These are all parts of the journey; how you deal with them will determine where you go in life. Remember, we don’t always determine the distance, but we can determine the path.

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Death is the final wake-up call. If the destination is heaven, why do we scramble to be first in line for hell? ~ Doug Horton

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The day we fear as our last is but the birthday of eternity. ~ Seneca

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Men fear death as children fear to go in the dark; and as that natural fear in children is increased by tales, so is the other. ~ Francis Bacon

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• Death is just a temporary physical discomfort. The last one.
• Seeing death as the end of life is like seeing the horizon as the end of the ocean.
(Unknown authors)  

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When you were born, you cried and the world rejoiced. Live your life so that when you die, the world cries and you rejoice. ~ Cherokee saying

17 mars 2011

En hommage à Yourcenar


«Un rendez-vous manqué est à l'origine du documentaire Sur les traces de Marguerite Yourcenar qui ouvre ce soir le 29e Festival international du film sur l'art. Marilu Mallet, n'ayant jamais pu rencontrer cette grande dame des lettres qu'elle admirait, s'est lancée à la recherche de ceux qui l'ont bien connue. Avec pour résultat un portrait sensible en forme de road movie sur l'amitié et le voyage.»
~ Chantal Guy, La Presse


Le documentaire sera présenté à Montréal :
ce soir 17 mars, à 20 h au Musée des beaux-arts
vendredi 18 mars, à 18 h 30 à la Grande Bibliothèque
lundi 21 mars, à 21 h au Cinéma ONF  
samedi 26 mars, à 21 h à la Grande Bibliothèque

Programme complet du Festival

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Hommes, soyez humains! (Voltaire)

Marguerite Yourcenar
Le temps, ce grand sculpteur,
Gallimard, NRF, 1983, p.191-195.

Une civilisation à cloisons étanches

Il nous est arrivé à tous de regarder avec horreur et dégoût les scènes d'exécution sur la place publique des peintures du Moyen Âge ou des gravures du XVIIe siècle. Il est arrivé aussi à beaucoup d'entre nous de passer vite, écœurés, dans quelque petite ville d'Espagne ou d'Orient, devant la boucherie locale, avec ses mouches, ses carcasses encore chaudes, ses bêtes vivantes attachées et tremblantes en face des bêtes mortes, et le sang s'écoulant dans le ruisseau de la rue. Notre civilisation à nous est à cloisons étanches : elle nous protège de tels spectacles.

À la Villette, aux chaînes n° 2 des nouveaux abattoirs, les veaux et les bovins, ces derniers après une chute brutale, sont suspendus en toute conscience avant l'exécution, ce qui permet (time is money) d'aller plus vite. Ce système est bien entendu interdit (par un décret du 16 avril 1964), ce qui n'empêche pas qu'il reste profitablement en usage. Les murs de nos nouveaux abattoirs (belle réalisation technique, à n'en pas douter, pourvue comme on voit de tous les perfectionnements) sont épais : nous ne voyons pas ces créatures se tordre de douleur ; nous n'entendons pas leurs cris, que ne supporterait pas le plus ardent amateur de bifteck. Les effets de la conscience publique sur la digestion ne sont pas à craindre.

Oscar Wilde a écrit quelque part que le pire crime était le manque d'imagination : l'être humain ne compatit pas aux maux dont il n'a pas l'expérience directe ou auxquels il n'a pas lui-même assisté. J'ai souvent pensé que les wagons plombés et les murs bien construits des camps de concentration ont assuré l'extension et la durée de crimes contre l'humanité qui auraient cessé plus vite s'ils avaient eu lieu en plein air et sous les yeux de tous. L'habitude, sur les places publiques du Moyen Âge et du Grand Siècle, mithridatisait assurément certains spectateurs ; il s'en trouvait toujours, pourtant, pour s'émouvoir, sinon protester tout haut, et leur murmure a fini par être entendu. Les exécuteurs des hautes œuvres de nos jours prennent mieux leurs précautions.

«Mais quoi», s'écrie le lecteur, déjà irrité ou amusé (certains lecteurs s'amusent de peu), «il s'agit de veaux et de vaches dont le nom seul est ridicule, comme on sait, et vous osez évoquer à leur propos les pires crimes contre l'humanité.» Oui, sans doute : tout acte de cruauté subi par des milliers de créatures vivantes est un crime contre l'humanité qu'il endurcit et brutalise un peu plus. Je crains qu'il ne soit pas, malheureusement, dans nos possibilités de Français d'interrompre immédiatement la guerre du Vietnam, d'empêcher la défoliation de la terre indochinoise, ou de panser les plaies de l'Inde et du Pakistan. Je crois au contraire que nous pouvons quelque chose pour faire cesser sous peu le cauchemar de la chaîne n° 2 à l'aide d'une autre chaîne, celle de la télévision. J'appelle de mes vœux un film plein de sang, de meuglements, et d'une épouvante trop authentique, qui fera peut-être plaisir à quelques sadiques, mais produira aussi quelques milliers de protestations.

J'ai écrit il y a quelques années la vie d'un certain Zénon, personnage imaginaire il est vrai, qui se refusait «à digérer des agonies». C'est un peu en son nom que j'ai rédigé ces lignes.

1972