27 décembre 2019

Dans la mire de 2019 – 2

Au nouvel an nous répétons ces nobles vœux depuis des siècles :
Paix et harmonie sur terre!
Fin de la pauvreté et de la faim sur terre!
Amour, joie, bonheur et prospérité pour tous!

Sommes-nous sérieux, euh, je veux dire… sincères?

Toujours les mêmes combats pour la suprématie depuis que le «vivant» a envahi la terre. Les virus, les bactéries, les végétaux, les animaux, les humains au sein des tribus, clans, régions, pays, royaumes, états et continents luttent pour survivre. Mais les humains disposent maintenant d’un arsenal nucléaire capable de détruire la planète en entier. À échelle réduite, on ne tue plus avec des haches et des flèches, mais avec des drones, des armes d’assaut, des révolvers, on attaque avec des Tasers, des gaz toxiques et autres. Nous n’avons pas évolué. Nous vivons dans un monde de brutalité et de violence que le vernis socioculturel ou religieux, quelle qu’en soit l’épaisseur, n’éliminera jamais. À quand la sixième extinction, le kali yuga?

Image : Godin, Le Devoir 27 décembre 2019

En droite ligne vers la paix universelle : Vladimir Poutine vantait son nouveau type de missile hypersonique Avangard; doté d’une portée de 4000 kilomètres, il le qualifie d’arme invincible. Il évoquait aussi des mini-submersibles. Une nouvelle course aux arsenaux nucléaires en perspective? C’est du délire.

«Depuis qu’il y eu deux hommes sur la terre, cela a été un écœurant spectacle de les regarder agir; cela n’a pas changé depuis et ne changera vraisemblablement jamais. Le plus surprenant dans ce scénario qui se déroule dans un Olympe quelconque et qui a pour personnages de petits dieux qui s’ennuient, c’est que l’actualité y est présente dans ce qu’elle a de plus horrible : la bombe atomique qui a réduit à néant Hiroshima et que les Français viennent d’expérimenter à Bikini. Les petits dieux jouent à la bombe atomique et se bousculent pour mieux voir ‘le spectacle d’annihilation’.» (1946)
~ Alexandra David-Néel; biographie 

Dans un texte intitulé «La guerre et la construction de l’État en tant que crime organisé» l’historien et sociologue américain Charles Tilly démontrait que l’État-nation s’était construit sur le racket des populations, en ce qu’il produisait à la fois le danger et la protection, payante, contre celui-ci. Il soutenait qu’à l’origine de la construction des États on trouvait bien la même pulsion que chez les bandes de pillards, de pirates dont il rappelait la longue proximité avec les souverains «légitimes». La convoitise, la cupidité, l’orgueil... Avec cette agrégation de territoires et de populations sous la coupe de moins en moins contestée des gouvernants, on voit se bâtir tout l’édifice de coercition des États. Des impôts qui deviennent réguliers, pour payer une armée qui se professionnalise, une administration vouée à remplacer les alliances avec les petits notables locaux afin de mieux collecter les impôts, une industrie subventionnée par les impôts afin de renforcer l’armée qui permettra de mieux lever les impôts...
   Chaque État a mené, dans des proportions conditionnées par sa situation historique, géographique et sociale, ces activités fondamentales :
   – Conduite de la guerre : tournée vers l’extérieur, elle vise à éliminer les rivaux situés hors du territoire, afin de maintenir le monopole de la domination sur celui-ci.
   – Formation de l’État : élimination des rivaux intérieurs, pour le même objectif. Cela passe par la répression, les exécutions, mais aussi les alliances avec des clients.
   – Protection : comme toute mafia, l’État justifie son existence par la protection de ses clients (les sujets, mais aussi les clients de certaines castes qui peuvent tirer un bénéfice privilégié du monopole d’État) contre les menaces extérieures, qu’il participe lui-même à exacerber en menant des guerres.
   – Prélèvement : acquisition des moyens de mener à bien les trois premières activités (impôts).
   «Si le racket en échange de protection représente la forme la plus manifeste du crime organisé, alors la guerre et l’État – quintessence de ce type de racket avec l’avantage de la légitimité – apparaissent comme les plus grands exemples de crime organisé. Sans taxer tous les généraux et hommes d’État de meurtriers ou de voleurs, je veux souligner la valeur de cette analogie. [...] Les réflexions qui suivent illustrent simplement, à partir de quelques siècles d’histoire européenne, l’analogie de la guerre et de la construction de l’État avec le crime organisé et tentent d’offrir des arguments relatifs aux principes de changement et de variation qui sous-tendent cette histoire. Mes réflexions sont liées à des préoccupations contemporaines : inquiétudes face au caractère de plus en plus destructeur de la guerre, au rôle croissant des grandes puissances dans la fourniture d’armes et d’organisation militaire aux pays pauvres, et à l’importance grandissante des élites militaires dans ces pays. Elles sont motivées par l’espoir qu’une bonne compréhension de l’expérience européenne nous aidera à saisir ce qui se passe aujourd’hui dans notre monde, et peut-être même à pouvoir agir sur lui.» ~ Charles Tilly 

Article intégral :

Un mini état des lieux en quelques photos cueillies sur le site du quotidien Le Devoir, section Grand format / Galeries de photos


Royaume-Uni 3 décembre 2019 | Les dirigeants des pays membres de l’OTAN prennent la pose avec la reine Élisabeth II et le prince Charles afin de commémorer 70 ans d’alliance. L’attention lors de ce sommet, du moins au Canada, a été monopolisée par l’apparente boutade de Justin Trudeau au sujet de Donald Trump captée par un microphone qui a valu au premier ministre canadien de se faire traiter d’«hypocrite» par le président américain. Photo : Yui Mok / Agence France-Presse
   [Ndlr : Salutations distinguées de la part des élites : «Nous allons régler, aujourd’hui même, la crise alimentaire, la crise politique et la crise environnementale.» Quand les rois préparaient la guerre ils se courtisaient toujours avant, histoire de tester les alliances possibles... C’est le but des réunions de l’OTAN.]


Chennai (Inde) 29 novembre 2019 | Un enfant joue dans un bain de mousse s’étendant sur plusieurs kilomètres de plages de cette ville du sud de l’Inde. Cette mousse, qui est provoquée par des agents polluants, revient chaque année. La substance pourrait causer des problèmes de peau, selon des médecins. Les pêcheurs de la région ont reçu le conseil d’éviter la zone touchée.  Photo : Arun Sankar / Agence France-Presse


Feux en Amazonie | Quand des images ont révélé cet été que la forêt amazonienne était en train de brûler à un rythme affolant en raison, principalement, de la déforestation, un mouvement d’indignation a s’est propagé à l’échelle internationale. Toutes les flèches ont visé le président brésilien, Jair Bolsonaro, un climatosceptique d’extrême droite dont les politiques, notoirement nocives pour l’environnement, faisaient déjà polémique. Sa gestion de la crise en Amazonie a d’ailleurs été au centre du sommet du G7 à Biarritz, en août. Photo : Carl de Souza / Agence France-Presse


Incendies en Australie | Si la Californie a continué de lutter contre des incendies dangereusement invasifs cet automne, une nouvelle urgence est apparue en novembre:  des feux de forêt incontrôlables en Australie, près de Sydney. Le scénario est tristement le même: la sécheresse et des chaleurs records (près de 50 degrés), quand ce n’est pas en plus du vent, attise des incendies d’une intensité déjà inquiétante. L’état d’urgence a été décrété à la mi-décembre en Nouvelles-Galles du Sud, dont la capitale est Sydney. Un mot a résumé cette saison d’incendies: catastrophique. Photo : Peter Parks / Agence France-Presse
   [27 décembre 2019 : Après avoir connu un court répit, les pompiers devront redoubler d'efforts pour combattre les incendies qui font rage en Australie. Une alerte rouge a été émise vendredi dans l’État de l’Australie-Méridionale, où les températures pourraient atteindre jusqu’à 42 degrés en fin de semaine. Depuis plusieurs semaines, la côte orientale du pays est en proie à d'importants feux de forêt. Les États de l’Australie-Méridionale, de Victoria et de la Nouvelle-Galles du Sud sont les plus gravement touchés par les incendies, dont certains sont devenus incontrôlables. D'autant plus que l’importante taille des brasiers complique la tâche des autorités. Au cours des derniers mois, près de 5 millions d'hectares ont brûlé au pays. Imaginez les animaux qui disparaissent brûlés vifs. Horrible!]


Incendies en Californie 1er novembre 2019 | L’incendie Maria a éclaté tard jeudi soir dans le comté de Ventura, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Los Angeles. Des centaines de pompiers appuyés par des moyens aériens ont combattu toute la nuit l’incendie, qui menaçait deux petites communautés agricoles et qui a provoqué des évacuations préventives concernant plus de 7000 personnes. Photo : Josh Edelson / Agence France-Presse


Invasion de la Syrie par la Turquie | Quelques jours après le retrait brutal des troupes américaines du nord de la Syrie sur ordre de Donald Trump, en octobre, les forces turques lançaient en catimini une offensive contre les Kurdes – précisément dans cette zone. L'affaire a soulevé un violent tollé international et causé une querelle interne à l'OTAN, jamais mis au courant de cette initiative. Pour échapper aux combats, plus de 100 000 Syriens ont dû fuir leur domicile, faisant craindre un nouveau désastre humanitaire dans un pays déjà exsangue. Photo : Delil Souleiman / Agence France-Presse


Manifestations au Chili | Une banale augmentation du prix du billet de métro a mis le feu aux poudres au Chili, donnant naissance en octobre à un mouvement de contestation contre les inégalités socio-économiques. Manifestation après manifestation, qui ont fait une vingtaine de morts et quelque 2000 blessés, plusieurs voix – dont celle de femmes en noir, symboliquement endeuillées – se sont élevées pour dénoncer la répression policière, finalement montrée du doigt par l’ONU en décembre. Malgré la promesse du gouvernement de réviser la Constitution, héritée de la dictature de Pinochet, le ras-le-bol n’a pas dit son dernier mot. Photo : Martin Bernetti / Agence France-Presse


Venise inondée | Ce n’est hélas pas pour la beauté de son architecture, mais plutôt pour ses marées hautes exceptionnelles (les acqua alta) que Venise a fait le tour du monde en novembre – où, le 12 du mois, une marée haute de 187 cm a battu tous les records depuis 1966. La ville, qui se trouve déjà à plus d’un mètre sous le niveau de la mer, a été envahie par des eaux qui ont dévasté plusieurs de ses joyaux. Cet épisode historique est venu rappeler la vulnérabilité de Venise, qui s’enfonce peu à peu dans la mer. Photo : Luca Bruno / Associated Press


Cyclone au Mozambique | Après le passage du puissant cyclone Idai sur la côte du Mozambique, en mars, la désolation s’étalait à perte de vue. Étant donné l’ampleur de la destruction, l'acheminement de l'aide a été d'une complexité inouïe. Des milliers de sinistrés sont ainsi restés démunis, sans toit, comme ces deux soeurs réfugiées sous une bâche pour se protéger de la pluie. Cette énième catastrophe est venue confirmer à quel point les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient dans le monde, quel que soit le continent. Photo : Yasuyoshi Chiba / Agence France-Presse


Louisiane 22 juin 2019 | Theresa et Donald Dardar vont à la rencontre de chevaux près de l’Isle de Jean-Charles, en Louisiane. En 60 ans, 98 % de la surface de l’Isle de Jean-Charles, située dans le sud de la Louisiane, a disparu sous les eaux du golfe du Mexique. «Ses habitants sont les premiers réfugiés liés à la montée des eaux en Amérique», souligne Marie-France Coallier. Au banc des accusés, l’industrie pétrolière, qui a creusé des dizaines de milliers de kilomètres de canaux permettant à l’eau salée d’entrer dans les terres. À bord de leur barque, Theresa et Donald Dardar vont caresser des chevaux, eux aussi touchés par le dérèglement climatique. Photo : Marie-France Coallier / Le Devoir 


Montréal 18 décembre 2019 | SNC-Lavalin a plaidé coupable à une accusation de fraude, concernant des gestes posés en Libye entre 2001 et 2011. Sa division de construction a ainsi reconnu avoir versé des pots-de-vin à l’un des fils de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi. La firme d’ingénierie et de construction devra payer une amende de 280 millions. Photo : Marie-France Coallier / Le Devoir
   [Ndlr : On peut dire que la haute gomme de SNC Lavalin s’en tire à très bon compte! Comme beaucoup d’autres du même statut. «Selon Harriet, les tribunaux sont une ‘foutue mascarade’. L’inspectrice Manon Bradshaw sait qu’à l’instar d’Harriet, la plupart de ses collègues sont persuadés que les criminels finissent toujours pas voir leur peine revue à la baisse, quand ils ne sont pas tout simplement acquittés, et que le système entier est ligué contre la police. Si l’on permettait aux policiers de réécrire la législation, les mots ‘prison pour l’éternité’ y apparaîtrait sûrement. Elle a parfois l’impression de lutter contre une marée crasse, et de s’y noyer.» (Présumée disparue; Susie Steiner, Guy Saint-Jean Éditeur 2019)]


Jérusalem 2 août 2019 | À la sortie de la prière du vendredi, des centaines de musulmans affluent dans les rues du Vieux-Jérusalem; un soldat israélien patrouille le secteur, la main sur son revolver. «J’ai attendu deux heures avant d’avoir cette photo», raconte Jacques Nadeau. Jérusalem, c’est le carrefour des trois religions monothéistes. C’est aussi le lieu de toutes les tensions, où la moindre étincelle peut se muer en un geyser de violence. Une discordance ici captée au détour d’une rue étroite. «Les croyants étaient dans un état méditatif et marchaient très vite en sortant de la mosquée. J’attendais d’avoir des soldats dans ma lentille. Mais je ne pensais jamais qu’il y en aurait un qui serait prêt à dégainer.» Photo : Jacques Nadeau / Le Devoir


Montréal 13 juillet 2019 | Le premier coup d’éclat du groupe écologiste Extinction Rebellion à Montréal se solde par l’arrestation de 25 activistes. L’image est chargée. Et le contraste saisissant entre le manifestant, dépouillé, qui s’abandonne à son arrestation, et les policiers, lourdement équipés, qui encerclent l’activiste, lui tordent les poignets et lui mettent les mains au visage. Au plus fort de l’été, des membres d’Extinction Rebellion s’étaient enchaînés les uns aux autres au pied du bureau du premier ministre québécois, au centre-ville de Montréal, avant de se faire déloger par des policiers. «Je voulais documenter leurs techniques pour neutraliser les manifestants.» Photo : Jacques Nadeau / Le Devoir


Montréal 10 juillet 2019 | Une manifestante interpelle le chef libéral Justin Trudeau lors de l’investiture de Steven Guilbeault dans Laurier — Sainte-Marie. Une campagne électorale, c’est l’apothéose du contrôle de l’image. Tout est calculé et judicieusement encadré. L’investiture du candidat libéral Steven Guilbeault au Lion d’or, à Montréal, n’y a pas fait pas exception. Jusqu’à ce qu’une activiste s’opposant au pipeline Trans Mountain réussisse à se frayer un chemin jusqu’au premier ministre. «Je voulais avoir cette image où les deux éléments se rencontrent. C’est l’une des seules images que j’ai prises de la campagne électorale qui n’est pas contrôlée.» Photo : Jacques Nadeau / Le Devoir

La terre a mangé des claques monumentales en 2019. Voici deux exemples apparemment anodins mais qui parlent quand même fort...


Barbare! ils pourraient au moins les tuer avec de leur arracher les pattes. 
Harvesting Frogs' Legs : En Roumanie, des grenouilles aux pattes arrachées à des fins de consommation luttent pour remonter à la surface, au milieu de leurs œufs tout juste pondus. Photo : Bence Máté, Gagnant – Section Nature | World Press photos 


Un hippocampe nageant avec un coton-tige jeté illustre les enjeux de la pollution plastique dans nos océans. Photo: Justin Hofman (via The Guardian) 

26 décembre 2019

Dans la mire de 2019 – 1

«Quand la nature aura passé, l’homme la suivra.» ~ Roger Heim

2020 ne changera rien à la destinée de notre civilisation «bulldozer» : une chute vertigineuse dans l’abîme à plus ou moins court terme.
  
Longue vie à la pollution industrielle! Le projet de saccager la terre jusqu’au dernier cm2 a le vent dans les voiles. Ce serait dommage que l’humanité disparaisse avant d’avoir vu ça!

Certains projets «phare» garantissent l’atteinte de nos objectifs : «augmentation des GES», «consommation ostentatoire» et «paix économique». Trinquons avec les Albertains. À bas l’écologie, cessons d’être à contre-courant, polluons dans la joie et la bonne humeur! Remercions notre leader environnemental autoproclamé Justin Trudeau, et dansons le rigodon avec François Legault et ses députés (1a) [avec pareille vidéo, ils ne devraient pas se moquer de Catherine Dorion!].

«La forêt précède les peuples; le désert les suit.» ~ Chateaubriand

Je venais de regarder le documentaire Invasion, lorsque l’article du Guardian a été publié le 20 décembre dernier. Selon l’article, en janvier 2019, la GRC avait planifié un raid militarisé pour se débarrasser des militants (non armés) de la Première nation Wetʼsuwetʼen, qui contestait le passage du gazoduc Coastal GasLink sur son territoire. ‘Lethal overwatch is req’d’ lit-on dans un communiqué, ce qui signifie déployer des tireurs d’élite (snipers), et dans un autre «des arrestations seront nécessaires pour stériliser le site». On se croirait au Brésil où les persécutions contre les peuples autochtones sont violentes, sinon létales. Ça prouve que nous sommes tous à la merci des criminels financiers qui mènent le monde et que les armes ont le dernier mot.

Photo : Alexander Shafir. Canyon à Moricetown, un village Wet'suwet'en situé à mi-chemin entre Smithers et Terrace

Rivière Morice  

Pourquoi saccager un territoire d'une telle beauté?! Nous sommes saturés de gaz, on en respire, on en boit, on en mange, ça nous sort par les oreilles, le nez, la bouche, la peau et le reste! Le gazoduc Coastal GasLink acheminera le gaz naturel vers Kitimat où des méthaniers l’expédieront vers les marchés asiatiques. Encore et toujours l’Asie (1b).
  
Invasion a été filmé lors des événements de janvier 2019.

Invasion
Franklin López 2019 18:19

Invasion is a short film about the Unist’ot’en camp, where Wetʼsuwetʼen First Nation peoples have been living on their traditional unceded territory since time immemorial, only to face repeated threats in the past decade by the Canadian government and corporations that are relentlessly pushing to install oil pipelines and other extractive industries on their land. Wetʼsuwetʼen feel they have a sacred duty to protect their land from harm and preserve it for future generations, and so formed the Unist’ot’en camp to resist the colonisers and their destructive ways. Located 1,200 km from Vancouver, the camp is on the shores of the Wedzin Kwah and mouth of Gosnell Creek, as a healing space for Indigenous people and settlers alike, and an active example of decolonisation and resistance.


La «violence» pour protéger un gazoduc en Colombie-Britannique

Marco Fortier 21 décembre 2019
Le Devoir / Société


Le recours autorisé à la force policière «létale» pour déloger des Autochtones opposés à la construction d’un pipeline de gaz naturel en Colombie-Britannique, en janvier dernier, soulève l’indignation des Premières Nations et des défenseurs des droits de la personne.
   Les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont reçu l’autorisation de tirer sur les manifestants et de recourir à toute la «violence» nécessaire pour démanteler une barricade érigée par des Autochtones non armés, a révélé une enquête du quotidien britannique The Guardian.
   Le gazoduc Coastal GasLink, long de 670 kilomètres, fait partie du «plus grand projet d’investissement privé de l’histoire canadienne», avait déclaré le premier ministre Justin Trudeau en octobre 2018. Ottawa a investi 275 millions dans ce projet qui comporte une usine de liquéfaction du gaz naturel, un pipeline et un terminal maritime. Le projet de 40 milliards de dollars créera 10 000 emplois au plus fort des travaux de construction, avait souligné le premier ministre.
   Le terminal doit permettre d’exporter au moins 26 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par année, principalement vers l’Asie, ce qui représente environ 20 % de la production de gaz au Canada.
   La nation Wet’suwet’en s’oppose au passage du gazoduc sur un territoire qu’elle revendique devant les tribunaux. Celui-ci doit passer sous la rivière Morice, jugée cruciale pour la région. Le consortium LNG Canada, promoteur du projet, avait obtenu une injonction provisoire interdisant la présence de barricades pour bloquer les ouvriers de TC Energy (anciennement TransCanada) – responsable de la construction.
   La GRC était prête à prendre les grands moyens pour faire respecter l’injonction, a découvert le quotidien britannique en mettant la main sur des documents internes de la police fédérale. La police a arrêté 14 manifestants pacifiques le 7 janvier 2019. Les agents étaient prêts à recourir à la force «létale».


L’expression «létale» a été utilisée hors contexte, explique au Devoir la sergente Janelle Shoihet, de la GRC en Colombie-Britannique. Il s’agit d’un terme générique [«observation létale»] qui  ne mène pas à une action autre que l’observation», a-t-elle précisé. «La référence à l’observation létale, pour la GRC et pour les forces policières partout dans le monde, indique une position d’observation prise par des policiers armés pour assurer la protection de la police et de la population», écrit la sergente.

Le «progrès» d’abord

Les explications de la GRC n’ont pas convaincu les Premières Nations de la Colombie-Britannique, qui luttent depuis des décennies pour revendiquer des droits ancestraux. «Rien n’a changé en 150 ans! Ils sont prêts à nous tuer pour nos terres et à voler nos enfants», a réagi sur Twitter le groupe Gidimt’en Checkpoint.
   Dans ses documents internes, la GRC avait évoqué la possibilité de remettre aux services sociaux des enfants qui se seraient trouvés sur les lieux de la barricade – d’où l’accusation de «voler nos enfants», un traumatisme bien documenté par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
   «La GRC ne fait que renouveler ses premières responsabilités qui étaient de tasser les peuples autochtones pour laisser place au progrès», dit Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Cet épisode rappelle que les mentalités restent les mêmes malgré les excuses de la GRC dans la foulée de l’enquête sur les femmes autochtones, souligne le chef Picard.
   L’avocate Karina Kesserwan, spécialiste du droit autochtone, explique que le statut juridique des Premières Nations dans cette région de la Colombie-Britannique est très complexe : le consortium LNG Canada affirme avoir signé des ententes avec le conseil de bande de toutes les nations situées le long du gazoduc projeté, mais d’autres groupes traditionnels – opposés au projet – ont aussi voix au chapitre.
   «Les tribunaux n’ont pas encore tranché au sujet des revendications territoriales dans cette région. D’ici là, la jurisprudence indique que les Autochtones doivent être consultés et accommodés, mais ces notions laissent place à interprétation», dit-elle.

L’article du Guardian (en anglais) :

Mise à jour : réponse de la GRC à l’article du Guardian

CBC / La Presse canadienne / Radio-Canada Espaces autochtones / 23.12.2019 – La Gendarmerie royale du Canada (GRC) nie avoir voulu tirer sur des manifestants autochtones qui bloquaient la construction d'un gazoduc dans le nord de la Colombie-Britannique, comme le révélait The Guardian la semaine dernière.
   «La GRC a commencé à examiner tous les documents relatifs à l’exécution de l’injonction ordonnée par le tribunal et, à ce jour, elle n’a trouvé ni document ni référence qui reflète les déclarations faites dans l’article», affirme Dwayne McDonald, commandant divisionnaire intérimaire de la GRC en Colombie-Britannique, dans un communiqué envoyé mardi.


«Quelle que soit la source, les affirmations faites dans l’article ne sont aucunement représentatives de l’esprit et de l’intention de la directive des commandants de la GRC chargés de planifier et d’exécuter la directive du tribunal, et elles ne correspondent pas non plus à ce qui s’est réellement passé.» (Dwayne McDonald) 
   La GRC a arrêté 14 manifestants membres de la Première Nation Wet’suwet’en en janvier 2019.
   La police fédérale dénonce en outre un article «non corroboré, incomplet et de nature incendiaire», qui compromet les relations entre «la GRC et l’ensemble des intervenants, nouées après des années d’efforts».
   Le Guardian a déclaré mardi dans un communiqué que son article avait été soigneusement fouillé et préparé.
  Pour cette histoire, le quotidien dit se baser sur des notes de la GRC provenant d'une séance préparatoire à une opération policière datant du 6 janvier dernier, à Smithers, en Colombie-Britannique. Radio-Canada n'a pas eu accès aux documents originaux.


ICI Radio-Canada, le 2 août 2019 : L'entreprise à l'origine du projet affirme pour sa part avoir signé des accords avec les 20 Premières Nations élues, le long de la route de 670 kilomètres menant au terminal d’exportation de LNG Canada, sur la côte à Kitimat, dont le conseil des Wet'suwet'en.

~~~
(1a) GNL Québec est une filiale de Pacific NorthWest LNG (LNG Canada), géré par le géant énergétique privé Petronas Malaisie œuvrant dans le nord de la Colombie-Britannique et promoteur de l’usine de liquéfaction à Kitimat en vue d’acheminer le gaz vers les marchés asiatiques.
   Gazoduq, une nouvelle entreprise fondée par GNL Québec, avait annoncé en novembre 2018 son projet de conduite souterraine de gaz naturel reliant l'Ontario au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le corridor de 750 kilomètres proposé débute en Ontario, à l’ouest de Rouyn-Noranda, puis passe par le sud du lac Saint-Jean pour finalement se rendre à Saguenay dans le secteur de La Baie. Il vise à alimenter le port de Grande-Anse. La société en commandite GNL Québec est propriétaire de Gazoduq ainsi que de l’entreprise Énergie Saguenay. Le projet gazier est scindé en deux : l'usine de liquéfaction et le gazoduc seraient construits par des entreprises différentes, bien qu'elles aient toutes deux le même actionnaire principal, GNL Québec.

(1b) Quand t’as épuisé tes propres ressources, tu vas en chercher ailleurs, si? Les investisseurs chinois grafignent  pour s’approprier le pétrole canadien, nos minéraux, nos terres agricoles et notre surproduction de bétail – nous en produisons trop pour répondre à leur demande, et ce faisant nous polluons irrémédiablement notre environnement... Allez visiter une mégaporcherie vous en aurez une idée.
   Le Dragon à mille têtes crache le feu et donne des coups de queue... Le chantage des Chinois concernant l’affaire Meng Wanzhou, ayant entraîné l’emprisonnement de deux Canadiens, est une mascarade car ils ne cesseront jamais de faire main basse sur nos ressources par tous les moyens, avec la bénédiction de nos gouvernements. Y a-t-il quelqu’un d’assez naïf pour croire qu’ils laisseraient tomber leur participation au développement du leur réseau sans fil 5G au Canada? Ben voyons. Voilà pourquoi en dépit de la discorde politique visant à protéger l’image de Pékin :
   «[En juillet dernier] ...Huawei Canada a lancé une opération charme, avec publicité, lobbying et, surtout, l’annonce de son soutien au déploiement, d’ici 2025, de services haute vitesse sans fil dans au moins 70 communautés nordiques, dont 50 dans le Nord-du-Québec. [...] Mais quel est l’intérêt véritable de Huawei dans cette affaire? Est-on face à une entreprise simplement désireuse d’entrer dans les bonnes grâces des Canadiens ou à une compagnie qui exploite une faille canadienne pour faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire charmer d’un côté et, de l’autre, servir les intérêts du gouvernement chinois? [...] La Chine a des visées sur l’Arctique et le gouvernement chinois ne s’en cache d’ailleurs pas. En janvier 2018, il a publié un livre blanc décrivant ses ambitions d’édification d’une «route de la soie polaire» qui mise sur l’ouverture des voies maritimes arctiques pour, entre autres, accéder aux ressources. Ses entrepreneurs sont déjà actifs dans l’Arctique canadien et au Groenland. Des communautés inuit ont été approchées avec des propositions d’investissements dans des infrastructures importantes. Huawei est une entreprise chinoise, soumise à la loi chinoise. La réponse musclée de Pékin à l’arrestation en décembre dernier [2018] de Mme Wanzhou démontre l’importance stratégique de ce fleuron industriel pour les autorités chinoises. La détention arbitraire de deux Canadiens accusés faussement d’espionnage et les représailles commerciales contre des produits agricoles d’ici ne visent qu’à forcer le Canada à refuser l’extradition de cette femme qui fait face à des accusations de fraude aux États-Unis.» (Manon Cornellier, Le Devoir / 29 juillet 2019)

21 décembre 2019

Idéal visé : zéro arme de poing / d'assaut!

Tout aussi utopique que zéro déchet... je sais.

Le débat sur la restriction de la vente et la possession de certaines armes à feu et le possible retour d’un registre pancanadien suscite la grogne chez les opposants.

Caricature : André-Philippe Côté / Le Soleil, 6 octobre 2019

Définitions sommaires
- Arme d’épaule – carabine ou fusil de chasse; certaines présentent des caractéristiques qui correspondent à ce qui est décrit comme une arme d’assaut.
- Arme de point parfois semi-automatique utilisée pour le tir sportif; arme à feu à canon court. Dans la famille : le revolver et le pistolet.
- Arme d’assaut : arme d’épaule semi-automatique et automatique pourvue d’un grand chargeur configurée pour le tir rapide. Dans la famille : la mitrailleuse et le pistolet mitrailleur. Les fusils d’assaut sont prisés par les tueurs de masse. Le fusil d’assaut est une arme à tir sélectif (qui utilise le tir au coup par coup, le tir automatique et parfois le tir en rafale). Il est polyvalent et c'est l’arme personnelle de base dans quasiment toutes les armées. Ils sont à différencier des fusils de bataille (Battle rifle) qui sont des armes d’épaule à tir semi-automatique uniquement, de calibre parfois légèrement plus grand. Ceux-ci sont aujourd’hui moins utilisés que les fusils d’assaut mais restent des armes de choix pour les tireurs de précision (tireur d’élite). Le pistolet-mitrailleur est généralement une arme d'épaule et parfois une arme de poing. Il possède certaines caractéristiques du fusil d’assaut, comme le tir sélectif.
   Si le gouvernement canadien entend mieux contrôler les armes d’assaut militaires, il doit modifier son système de classification. Il devra tenir compte de l’ensemble des caractéristiques afin d’y inclure la panoplie d’armes qui se trouve sur le marché, les fabricants contournant sans cesse les législations basées strictement sur une simple caractéristique physique.

«Faire taire les armes à feu» ne veut pas dire exiger des utilisateurs qu’ils mettent un silencieux sur leurs guns, n’est-ce pas?!

Les statistiques récentes de la Gendarmerie royale du Canada révèlent que 900 000 armes de poing sont la propriété de Canadiens, en toute légalité. De ce nombre, 282 110 appartiennent à des Ontariens et 19 798 d'entre elles sont la propriété de résidents de la région de Toronto.
   Ce nombre est impressionnant, selon le fondateur de l’organisme de sensibilisation Silence the Violence, Shun the Guns, Robert, qui préfère taire son nom de famille pour des raisons de sécurité. Il s’inquiète du nombre d’armes qui se retrouvent entre les mains de criminels ou de personnes en détresse. «Nous ne savons même pas combien sont sur le marché noir, c’est très préoccupant.»
   Selon les données de la police de Toronto, environ la moitié des armes utilisées pour commettre des crimes dans la métropole ont été achetées légalement au Canada.
   Certaines peuvent toutefois avoir changé de mains, par exemple en raison d’un vol. D’autres peuvent avoir été revendues illégalement par des procédés d’achat fictif au cours desquels des personnes au dossier criminel vierge obtiennent des permis pour acheter des armes, dans le but de les revendre à des groupes criminalisés.
   En 10 ans, Toronto a vu son nombre de fusillades augmenter radicalement, ainsi que celui des victimes. En 2010, la ville comptait 259 fusillades et 343 victimes. Le 14 novembre 2019, la ville atteignait le sommet des fusillades enregistrées en 2018, soit 428 et 613 victimes, mais avec un nombre de victimes plus élevé, soit 642.
   [Mise à jour 20 décembre 2019 (Toronto) : 460 fusillades, 717 victimes.]  
   Des élus, des militants et des proches de victimes de fusillades à Toronto reviennent à la charge en matière de contrôle des armes à feu, pressant les libéraux fédéraux récemment réélus d'interdire les armes de poing, et ce, partout au pays.
   Durant la campagne électorale, Justin Trudeau a promis de bannir les armes d'assaut et de collaborer avec les municipalités cherchant à restreindre la vente et la possession des armes de poing.
   «Les armes de poing n'ont pas plus d'utilité en campagne qu'en ville. Les tireurs sportifs et les collectionneurs vont protester, mais nous avons atteint un point où il faut choisir entre le passe-temps de certains et la vie de nos enfants.» Wendy Cukier, président de la Coalition pour le contrôle des armes
   Selon Mme Cukier, les Canadiens possèdent légalement plus de 1 million d'armes de poing actuellement. (ICI Radio-Canada nouvelle / Toronto, novembre 2019)

Néanmoins, le premier ministre conservateur de l’Ontario, Doug Ford, a déjà manifesté son opposition à l’interdiction des armes de poing malgré le soutien du maire de Toronto, John Tory.

En avril 2019, un regroupement de médecins canadiens a formé une coalition baptisée Médecins canadiens pour un meilleur contrôle des armes à feu (Canadian Doctors for Protection from Guns en anglais), qui se bat pour l'adoption de lois plus strictes sur le contrôle des armes à feu, notamment l'interdiction des armes de poing et de toutes les armes d'assaut. L'été dernier, en opérant une jeune femme atteinte au cou par un projectile d'arme à feu à Montréal, le Dr Andrew Beckett, membre de la coalition, a eu une prise de conscience. «Elle a eu la vie sauve, mais elle restera paralysée jusqu'à la fin de ses jours. Elle avait seulement 17 ans. Tout ça parce que dans son entourage, il y avait de mauvaises personnes avec un accès à des armes à feu», déplore le chirurgien spécialisé en traumatologie. Les ravages causés par les armes à feu ne sont pas toujours médiatisés, souligne le médecin. Or, le Centre de traumatologie de l'Hôpital général de Montréal, où le chirurgien pratique, reçoit en moyenne un patient par semaine blessé par balle.
   L'implication de médecins dans le débat ne plaît pas à tout le monde.
   La coprésidente du regroupement, la Dre Najma Ahmed, fait l'objet de pressions d'une association de propriétaires d'armes à feu. La chirurgienne torontoise, qui a soigné les victimes de la fusillade de l'avenue Danforth l'été dernier, a publié plusieurs messages sur les réseaux sociaux en faveur de l'adoption rapide du projet de loi C-71. Elle se prononce aussi contre la possession d'armes de poing et d'armes d'assaut.
   Or, un groupe de propriétaires d'armes à feu reproche à la Dre Ahmed d'user de sa crédibilité de médecin pour alimenter un débat strictement politique.
   Des membres de la Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu ont récemment déposé près de 70 plaintes contre la chirurgienne auprès de son ordre professionnel – plaintes que l'ordre a refusé de trancher, jugeant qu'on avait ici affaire à un désaccord politique, non à des reproches liés aux soins cliniques ou au comportement professionnel du médecin. (La Presse, avril 2019)

Le nombre de patients admis avec des blessures par balle à l'hôpital Sunnybrook de Toronto a plus que doublé de 2014 à 2018. Des 64 patients atteints par balle et passés par les urgences de Sunnybrook en 2014, le nombre est passé à 142 en 2018.
   Le Dr Samuel Vaillancourt, qui est chef d'équipe de traumatologie et urgentologue dans un autre hôpital de Toronto, St. Michaels, dresse le même constat pour son établissement : En 2014, on a vu 28 [patients atteints par balle], l’an dernier, on en a eu 57, donc plus d’un cas par semaine.
   «Depuis 2010, depuis que le gouvernement conservateur a commencé à affaiblir le contrôle des armes à feu, on a vu une augmentation en flèche du nombre d’armes à feu possédées par les Canadiens», affirme Francis Langlois, professeur d’histoire au Cégep de Trois-Rivières et membre de la chaire de recherche Raoul-Dandurand.
   Environ 75 % des armes trouvées sur des scènes de crime au Canada au début des années 2000 étaient d’origine américaine. «Maintenant, au-dessus de 60 % des armes viennent du Canada», note M. Langlois.
   L’outil est disponible, on l’utilise.
   La Coalition pour le contrôle des armes abonde dans le même sens que M. Langlois. Sur son site web, l’organisme militant rappelle que le projet de loi conservateur C-19, sanctionné en avril 2012, a éliminé le registre des armes à feu. Mais «peu de gens réalisent que ce projet de loi a également éliminé les contrôles sur les ventes d’armes à feu instaurés depuis 1977», écrit la Coalition, qui demande leur rétablissement.
   «On a vu une augmentation du trafic d’armes depuis l’abolition du registre», constate également M. Langlois, qui évoque des arrestations de trafiquants, notamment dans la région de Vancouver et en Ontario.


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À la suite de la fusillade à Parkland (Floride, É.-U.) en février 2018, des médecins américains ont publié, à la fin d'octobre, une étude dans laquelle ils pressaient le gouvernement de resserrer le contrôle des armes à feu. Ils estimaient avoir le devoir de faire de la prévention contre les armes, qu’ils voient comme un problème de santé publique. La NRA avait répliqué sur Twitter en leur demandant de «se mêler de leurs affaires».
   Someone should tell self-important anti-gun doctors to stay in their lane. Half of the articles in Annals of Internal Medicine are pushing for gun control. Most upsetting, however, the medical community seems to have consulted NO ONE but themselves.”
– NRA (@NRA) November 7, 2018
   Les médecins avaient alors riposté en publiant diverses photos montrant des salles d’opération, des pansements tachés de sang, accompagnées du mot-clic #StayInMyLane («Je me mêle de mes affaires») pour illustrer les conséquences de l’utilisation d’armes à feu. Ils avaient décidé de répondre avec ce qui frappe : la réalité.
   “Since doctors are required to stay on their lane, maybe NRA members should have their gunshot wounds treated with thoughts and prayers.”
[Puisqu’on demande aux médecins de se mêler de leurs affaires, peut-être que les blessures par balle subies par les membres de la NRA devraient être soignées par des pensées et des prières.]

Image : Gini Fischer; 10 nov. 2018 #ThisIsMyLane

Je me souviens qu’on disait aux jeunes étourdis en classe : «on va vous mettre un peu de plomb dans la tête». Avoir du plomb dans la tête signifiait être réfléchi, calme et raisonnable. Or certains prennent l’expression à la lettre... 

Si les armes circulent et se vendent librement aux États-Unis, les drogues aussi. Les drogues (incluant l’alcool) sont des facteurs d’inhibition qui poussent les individus enclins à la violence à passer aux actes, peu importe le motif et même si l’assassin n’a aucun antécédent de maladie mentale ou de criminalité. La vérification des antécédents n’a de valeur que si les armes sont légalement enregistrées. Or aux États-Unis on peut acheter une arme aussi facilement qu’un tube de dentifrice. Pour amorcer un véritable changement, le gouvernement devrait bannir la propagande de la NRA dans l’espace public et les médias, et son chantage auprès des électeurs. Mais, ce faisant, les sénateurs et les représentants se mettraient à dos leurs principaux bailleurs de fonds.    
   La question est limpide : faut-il modifier la loi sur la possession d'armes à feu ou sacrifier femmes, enfants et adolescents?
   Le discours des promoteurs de la National Rifle Association tient du délire paranoïaque, un syndrome caractérisé par des convictions et des jugements dogmatiques, des comportements et des attitudes gouvernés par des croyances irréductibles qui forment une sorte de vérité et d’idéal qui ne s'accordent pas à la réalité ni à la coexistence avec autrui.
   Fanatisme, moralisme et cléricalisme, principes rigides, radicalisme, autoritarisme, orgueil, sentiment de supériorité, méfiance, agressivité et mépris font partie des symptômes. Pensée unique convient parfaitement à la façon de penser parano, c’est la seule qui peut exister, et tout le monde doit y adhérer. Le dogme s’appuie sur des arguments et des raisonnements assertifs au service des postulats de départ dont les thèmes sont idéologiques, politiques et sociaux (revendication sociale, racisme, peine de mort). Les faits sont interprétés et distordus pour rendre la démonstration plausible et convaincante.
   Un ancien porte-parole de la NRA, Pat Aqualino, a déjà déclaré : «Wayne LaPierre a été décrit comme le Darth Vader de la politique des armes à feu, mais il est plus comme Mère Teresa.» (!!!)
   La NRA répète toujours son argument de base adressé à la multitude de chrétiens qu’elle courtise : «le droit constitutionnel de posséder et de porter des armes n'est pas conféré par l'homme, mais accordé par Dieu à tous les Américains, c’est un droit de naissance».

Quelle brillante découverte : «les armes à feu ne tuent pas les gens, ce sont les gens qui tuent les gens; les fusils et les revolvers sont des objets totalement inoffensifs».

En effet, ce ne sont pas les fusils qui tuent les gens...
Ni les autos qui roulent en état d’ébriété
Ni les crayons qui font des fautes
Ni les fourchettes qui prennent du poids
Etc.


Caricature : Jim Unger / «Il y en a huit milliards ici-bas! Assurez-vous qu'aucun d'entre eux ne monte dans le vaisseau d’ici à qu'on décolle.»