29 septembre 2014

Dr Marc Zaffran : la relation entre patient et médecin

«Donne un cheval à celui qui dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir.» ~ Proverbe persan

Dr Marc Zaffran. Photo : Olivier Paradis-Lemieux, Les éclaireurs, Ici Radio Canada
   Samedi (27 sept.) : l’animateur de l’émission Les éclaireurs, Philippe Desrosiers, recevait le Dr Marc Zaffran. Un point de vue très intéressant sur la profession médicale en général et la médecine de proximité.

Dr Gaétan Barrette, ministre de la santé, se qualifiant lui-même de «redoutable négociateur». Photo : Tout le monde en parle, Ici Radio Canada
   Dimanche (28 sept.) : j’ai écouté en direct (via Internet) l'entrevue avec le Dr Gaétan Barrette. Sa façon de négocier avec ses confrères confirment les propos du Dr Zaffran (ci-après). 

Assez ironique cette congruence entre les deux interviews, à quelques heures d’intervalle.

À mon avis, si nous avions plus de médecins de la trempe du Dr Zaffran, notre système de santé se porterait mieux…

Site Les éclaireurs :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/les_eclaireurs/2014-2015/

Ma transcription (pour les visiteurs qui n’ont pas accès à l’Audio fil de Radio Canada); je trouvais que le job de moine valait la peine.

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Q. : Vous avez déjà dit que la médecine familiale était la plus belle. Pourquoi?
R. : Parce qu’un médecin… un médecin, on s’attend à ce qu’il soit un soignant. Les soignants sont les professionnels de la santé de proximité. Les infirmières, les sages-femmes, les médecins de famille et puis les autres professionnels de proximité, les ergothérapeutes, les assistantes sociales sont des soignants de proximité. Il y a beaucoup de métiers de profession de santé, mais ces professions de santé sont les plus belles parce que précisément on s’occupe des gens chez eux ou en tout cas pas loin de chez eux, dans leur environnement. On s’occupe de leur famille, on prend en compte tout un tas de choses. Quand on est un spécialiste très isolé, très éloigné de la vie quotidienne des gens, c’est beaucoup moins facile. Je ne dis pas que ce n’est pas un beau métier, mais que c’est moins facile et beaucoup moins gratifiant à certains égards. C’est plus technologisé. Donc, la médecine de famille, oui… De toute façon quand je voulais devenir médecin je voulais être médecin de famille. Si c’était à refaire, je ferais la même chose.

Q. : On parle beaucoup des disparités salariales dans les soins de santé. Vous parliez des infirmières ou des travailleuses sociales qui sont très peu payées et des médecins qui sont beaucoup mieux payés, les médecins spécialistes. On en parle beaucoup. Qu’en pensez-vous?
R. : Je pense que… Je suis très radical dans ce que je pense. Dans le livre que je viens de publier, je dis «Je pense qu'il ne devrait pas y avoir deux professions de santé invasives, c'est-à-dire les médecins et les infirmières. Il ne devrait y en avoir qu'une. Tout le monde devrait être en premier infirmier et ensuite se spécialiser pour faire un autre métier : médecin, chirurgien, infirmière spécialiste, etc. Ce qui voudrait dire que le salaire des gens devrait être proportionnel à leurs responsabilités et non pas à leur statut» – dans tous les pays, y compris les pays les plus égalitaires, et je pense que le Canada et le Québec sont parmi les pays les plus égalitaires sur ce plan-là.
   Dans tous les pays, il y a une séparation de fait entre le corps infirmier et le corps médical qui à mon avis est injustifiée, qui n’est pas une séparation de formation – il y a des infirmières qui sont bien plus compétentes que certains médecins – qui n’est pas une question de capacité intellectuelle, mais qui est liée aux gens, les hommes étaient médecins, les femmes étaient infirmières. Ce n’est plus vrai maintenant. La profession médicale est beaucoup plus féminisée qu’auparavant, il y a beaucoup d’infirmières. Mais maintenant, c’est lié au statut de classe, à une distinction, et dans une société égalitaire il ne devrait pas y avoir de différence de statut de classe entre les différentes professions de santé, puisque les professions de santé sont destinées à soigner tout le monde collectivement. Il y a un paradoxe fantastique, c’est que pour soigner – le soin est une activité altruiste – si on est en compétition on ne peut pas être altruiste. Or dans les professions de santé, même les médecins parmi eux-mêmes, sont en compétition, en permanence. Ils ne peuvent pas être en compétition les uns avec les autres et être altruistes avec leurs patients, c’est juste pas possible psychologiquement.

Q. : Il y a un truc qui se passe aussi à l’école, c’est-à-dire que pour les gens qui font médecine, c’est un métier extrêmement bien payé, et ça attire les meilleurs élèves.
R. : Non, ça attire des gens qui sont sélectionnés sur des critères particuliers, par exemple, le fait d’être très bon en maths ou en sciences, ceux qui ont les meilleures notes en sciences ou en maths.

Q. : Mais tout notre système d’éducation est orienté comme ça, si vous me permettez. C’est-à-dire que si quelqu’un au secondaire est assez bon, on va l’orienter vers des métiers de science. On va dire ‘pourquoi ne pas faire science pure ou science santé?’, et si on est bon là-dedans, on va dire ‘pourquoi ne pas faire médecine’. Donc il y a une valorisation extrême dans le système d’éducation.
R. : Oui, mais c’est quelque chose de très ancien la valorisation des métiers de savoir, des métiers dans lesquels il faut acquérir un grand savoir scientifique. Il y avait des échelles. Quelle était la profession la plus respectée jusque dans les années 90? C’était le savant. Depuis 1990, c’est le médecin. Donc, il y a une valorisation des métiers de savoir. Le problème n’est pas que les métiers de savoir n’ont pas de valeur, ce n’est pas ce que je veux dire, le problème c’est qu’on ne sélectionne pas les gens qui vont faire un métier de soins sur leur aptitude à soigner, c’est-à-dire plutôt sur leur aptitude à résoudre des problèmes théoriques sur papier … Encore une fois, au Canada c’est beaucoup mieux qu’en d’autres pays, comme la France. Néanmoins, par exemple, aux Pays-Bas, les étudiants en médecine sont tirés au sort, c’est-à-dire s’ils ont un niveau suffisant, quel que soit le type d’études qu’ils aient fait au secondaire, ils sont tirés au sort et peuvent devenir médecins. Pourquoi? Ils disent ‘peu importe que ce type là ait fait de la musique ou de la peinture ou ceci, s’il a des capacités on pourra le former pour devenir un bon médecin’. Donc, ils partent de ce principe et disent que c’est beaucoup plus égalitaire. On sait que statistiquement les gens qui font des études scientifiques viennent des classes plus favorisées; et ça perpétue, ça contribue à égaliser encore l’origine sociale des médecins et donc le type d’attitude qu’ils ont.

Q. : Cette valorisation on la retrouve au Québec. Notre premier ministre est médecin et le ministre de la santé est médecin. Est-ce qu’on a raison de leur attribuer… je ne veux pas faire de politique, mais est-ce que ça veut quand même dire quelque chose?
R. : Au risque de me griller définitivement auprès de tous les hommes politiques et peut-être de tous les médecins du Québec, personnellement je pense que devenir un élu et un ministre est incompatible avec le fait d’être médecin. C’est incompatible. Pourquoi? Un poste d’élu est un poste de pouvoir. C’est du pouvoir. Mais une relation de soin ce n’est pas une relation de pouvoir. Les médecins qui cherchent à devenir ministres, c’est le pouvoir qui les intéressent, ce n’est pas les soins. Si nos trois ministres québécois qui sont médecins étaient si intéressés par le système de santé, vous ne croyez pas qu’il y aurait vraiment une révolution sur le système de santé? Vous ne croyez pas qu’en particulier ils essaieraient de faire quelque chose qui consisterait à dire : ‘mais d’abord, faut-il fermer les CLSC? je n’en suis pas sûr’. Est-ce qu’il ne faudrait pas faire comme tous les gens intelligents qui pensent au système de santé et qui disent : ‘premièrement il faut faire le bilan de ce dont on a besoin dans chaque zone, dans chaque région, puis attribuer les ressources, et non pas faire quelque chose qui va du haut vers le bas.

Q. : Mais attendez, les gens qui font de la politique, c’est des gens de pouvoir, faut pas être surpris, c’est comme ça partout.
R. : Oui! c’est ce que je vous dis. Moi je pense qu’un médecin qui devient un ministre ce n’est plus un médecin; sa préoccupation n’est plus d’être médecin. Donc, c’est un problème, parce que quand un médecin veut devenir un homme politique, se présenter pour être élu, il joue sur son image pour être élu. Et c’est pour ça que je pense que les médecins ne devraient pas être éligibles, comme les juges. Les juges ne sont pas éligibles. Vous ne devriez pas être éligible si vous êtes médecin parce que vous avez un rapport à l’ensemble de la communauté dont vous vous occupez, ce qui fait que les dés sont pipés.

Q. : Qu’est-ce que vous pensez du projet de loi ‘mourir dans la dignité’ commencé sous un gouvernement et fini par l’autre.
R. : Ah ça, je m’incline bien bas parce que c’est la preuve que la société québécoise est bien plus évoluée que la société française.

Q. : Il y a un certain snobisme envers certains médecins en France, qu’il n’y a pas ici. Les médecins qui font des visites familiales sont moins considérés.
M.Z. : Ils sont moins considérés parce qu’ils y a une différence de caste. Vous savez, en France, il y avait quasiment trois castes de médecins. Jusque dans les années 60, il y avait des médecins qui n’avaient jamais vu un patient. Il y avait des médecins qui voyaient des patients mais qui n’avaient aucune responsabilité. Il y avait ceux qui avaient été internes, et ceux-là devenaient spécialistes. Il y avait une médecine, une formation médicale à trois vitesses. Donc, on a toujours méprisé le médecin de famille. Mais pas ici.

Q. : Excusez-moi, je vous ai interrompu tantôt au sujet de ‘mourir dans la dignité’.
R. : Moi, il se trouve que j’ai lu un grand rapport du collège royal canadien et puis ensuite le rapport de la commission d’éthique québécoise qui étaient tous les deux dans le même sens et disaient : il faut décriminaliser un certain nombre de choses, en particulier il faut laisser les gens mourir comme ils ont envie de mourir et ne pas laisser les médecins s’acharner sur eux, et éventuellement les aider, etc.
   C’est compliqué parce que le code criminel canadien interdit qu’on aide quelqu’un à mourir ou qu’on le tue à petit… Mais en tout cas, ce qu’ils ont fait, à mon avis, est tout à fait remarquable parce que non seulement c’est dans le sens de ce qu’ont fait certains pays très évolués mais aussi dans le sens des besoins de la population. … Il y a des moments où on n’en peut plus, si vous voulez, c’est aussi simple que ça.

Q. : Mais vous avez vous-même été placé dans cette situation, en face de quelqu’un qui vous disait ‘je n’en peux plus’… un proche, un ami, votre mère, je crois.
R. : Oui, tout à fait! Un médecin est toujours mis devant ce genre de situation tout simplement parce que contrairement à ce qu’on croit, le médecin ne sauve personne. De temps en temps on sauve quelqu’un si on a de la chance. Tout le monde va mourir.

Q. : C’est une maladie mortelle!
R. : Voilà, la vie est une maladie mortelle, y compris pour les médecins. Et donc il arrive un moment où on se dit : est-ce que je vais traîner et souffrir encore longtemps? est-ce que je vais me morfondre encore longtemps dans ma souffrance et dans mon isolement? ou est-ce que je peux faire un  baroud d’honneur et puis m’en aller avec ou sans éclat? En Belgique, ça fait dix ans que ça existe et il y a un très beau livre de François Damas «La mort choisie» (1) où il raconte comment les gens qui choisissent de mourir accompagnés le font, et que ça peut être apaisant pour tout le monde.

Q. : Est-ce que vous pensez à votre propre mort?
R. : Depuis que j’ai sept ans.

Q. : Depuis l’âge de raison comme on dit.
R. Depuis que j’ai sept ans je sais que je vais mourir. Oui, ça me déplaît beaucoup, mais euh… bon … et c’est aussi pour ça que je suis très…

Q. : Il y a un truc que vous avez déjà dit qui me fait halluciner, c’est que vous ne voulez pas savoir, par exemple faire des tests de dépistage pour des maladies comme le cancer de la prostate, ou le cholestérol, vous ne mesurez pas ça.
R. : Mais c’est parce que je fais des choix rationnels. Je ne rejette pas tout. Mais par exemple concernant le dépistage du cancer de la prostate, il y a plein de gens qui disent qu’il ne faut pas faire dépister parce qu’on risque des effets secondaires beaucoup plus grave que la maladie elle-même. Le cholestérol, ça on sait – je viens de préfacer un livre qui vient de sortir et s’appelle «La vérité sur le cholestérol» – on sait très bien que là, c’est une manipulation de l’industrie pharmaceutique. Donc, j’ai une attitude quand même rationnelle par rapport à ça. Ce n’est pas parce je ne veux pas savoir.

Q. : Ce n’est pas parce que vous avez un comportement risqué, mais vous préférez ne pas le savoir si vous avez ça.
R. : Eh bien, je préfère ne pas savoir des choses qui ne vont rien m’apprendre et ne rien changer. Par exemple, je viens de lire un article très intéressant qui montre que ce qui entretient les prises de poids c’est les sucres rapides plutôt que les graisses. Comme j’ai envie de perdre un peu de poids je vais manger moins de sucres rapides.

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Un autre segment de l’émission portait sur l’immunothérapie (entrevue avec Marie-Pier Élie). Commentaire du Dr Zaffran :
   Ça rejoint l’idée qu’on a maintenant vis-à-vis de certains cancers comme le cancer su sein : les traitements qu’on utilise, qu’on utilisait jusqu’à présent, la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, diminuent l’immunité. Chez un certain nombre de patients, ça a tendance à accélérer la maladie. Donc maintenant on est en train de revenir sur les dépistages précoces, sur les chirurgies qui sont très mutilisantes, sur les chimiothérapies intenses, etc., en se disant que si le patient va bien et qu’il a une immunité correcte peut-être qu’il faut en faire un peu moins. Il faut enlever la tumeur, mais il faut peut-être en faire un peu moins sur les autres traitements, justement pour ne pas compromettre l’immunité. Et c’est la preuve qu’on peut aussi prendre le problème de l’autre côté, en se disant ‘mais qu’est-ce qui, en travaillant l’immunité, permettrait de soigner les gens?’

Dans le même ordre d'idée :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/06/le-cancer-sans-chimioradiotherapie.html

Dernière publication du Dr Zaffran :
Le patient et le médecin
Marc Zaffran
Les Presses de l’Université de Montréal, 2014

Extraits disponibles :
http://www.pum.umontreal.ca/catalogue/patient-et-le-medecin-le

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(1) La mort choisie - Comprendre l'euthanasie et ses enjeux   
François Damas 
Éditions Mardaga 
http://www.editionsmardaga.com/mort-choisie

Le Dr François Damas à TED : un choix et un droit qui apportent apaisement et sérénité au patient et à son l’entourage.



Si le droit de mourir dans la dignité vous préoccupe :
   Une femme de Colombie Britannique, Gillian Bennett, s’est enlevée la vie parce qu’elle ne voulait pas subir l’indignité de la démence. Elle a créé un site pour expliquer son parcours et son choix. Une femme extraordinaire, brillante, lucide, qui pave le chemin pour nous http://deadatnoon.com/index.html car nous ne sommes pas sortis de la broussaille :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/08/morte-midi.html

Voyez aussi le libellé «Euthanasie».

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Concernant l’installation de caméras de surveillance dans les centres de détention prolongée pour personnes âgées, je suis entièrement d’accord! Cela réduirait le niveau de maltraitance et la fréquence des vols. Ma mère s’est fait voler des vêtements dument identifiés, des friandises, etc. Le personnel de direction est peut-être intègre, mais les préposés ne le sont pas toujours.
   Pourquoi s’indigner puisque nous sommes tous filmés partout où nous allons : coins de rues, épiceries et boutiques (prévention contre le vol), buildings à condos, édifices gouvernementaux, banques, officines d’avocats, etc. La vie privée n’existe plus depuis un bon moment…

27 septembre 2014

Dans l’engrenage du libre échange


Photo : Oscar, film réalisé par Édouard Molinaro (1967) – Un industriel (incarné par Louis De Funès) découvre au cours d'une seule journée que sa fille est enceinte, qu'il a été volé par un employé et que d'autres calamités se sont abattues dans sa maison et son entreprise.

Toutes ces histoires de libre échange avec les États-Unis, l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie ou autres, me font penser à cette fable de Jean de La Fontaine (que tout le monde connaît par cœur, mais…) :

La cigale et la fourmi 

La cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau
Elle alla crier famine
Chez la fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu'à la saison nouvelle
«Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'août, foi d'animal,
Intérêt et principal.»
La fourmi n'est pas prêteuse;
C'est là son moindre défaut.
«Que faisiez-vous au temps chaud?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
- Vous chantiez? j'en suis fort aise.
Eh bien : dansez maintenant.»

Cette fable me rappelle aussi une anecdote de mon enfance (c’est arrivé pour vrai). Ma cousine et moi étions voisines. J’avais quatre ans et elle sept. Un jour, on nous donna à  chacune un sac de croustilles. À peine dix minutes plus tard, ma cousine vint me voir en minaudant : «Je les ai toutes mangées, veux-tu partager ce qui te reste avec moi?» Je n’ai pas hésité deux secondes et nous avons vidé mon petit sac. Puis, elle est partie chez elle pour revenir quelques minutes après avec son sac toujours scellé… et elle n’a pas partagé. Bien sûr, à cet âge-là on ignore tout des stratégies humaines d’appropriation déloyale. Ce fut le début d’un long apprentissage, car j’avais spontanément tendance, il n’y a pas si longtemps encore, à faire confiance, à croire que les gens étaient sincères, honnêtes. Quelle naïveté! Ma cousine est toujours une manipulatrice chronique (c'est génétique); mais une fois qu’on le sait, c’est pour la vie. Le plus difficile, c'est avec les gens que nous connaissons peu ou mal et qui ne nous ont pas «officiellement» fait de coup bas.  

Dans Les manipulateurs sont parmi nous, Isabelle Nazare-Aga écrit : «Un escroc est presque toujours un manipulateur au masque sympathique.» 
   Et, au sujet de l’opacité : «Le silence et le flou peuvent permettre, quand cela s’avère utile, de modifier les attitudes, prises de position ou opinions en fonction de la tournure des événements. Être clair, c’est dire , qui, quoi, quand, combien, comment; et éventuellement pourquoi s’il s’agit de donner une consigne à des collègues ou à des subordonnés. Toutes les informations nécessaires doivent être soumises d’emblée pour qu’il n’existe aucun quiproquo, aucune mauvaise interprétation possible. 
   Le manipulateur reste souvent flou pour :
- ne pas se sentir coincé ni découvert;
- se donner une forme d’autorité et donc faire croire qu’il sait mieux que les autres;
- nous laisser interpréter de manière à pouvoir changer d’opinions;
- nous dévaloriser si nous nous trompons;
- se déresponsabiliser;
- séduire par le mystère (cela en fait fantasmer certains, il est vrai). 
   Comment procède-t-il? Le manipulateur ne complète pas ses phrases ou sa pensée de manière à nous laisser imaginer le reste. Le caractère équivoque est suffisant pour attirer l’intérêt dans un premier temps, puis la suspicion et le malaise dans un second temps, puisque le mystère reste entier. Le non-dit crée alors le trouble et la réflexion. Et puisque cela n’est toujours pas explicite, il aurait donc du négatif à camoufler! (interprétation naturelle). Le jeu consiste à ne pas être compréhensible. 
   Si la communication ne sert pas à informer correctement le récepteur, alors à qui cela profite-t-il? 
   Le manipulateur ne demande pas. Il impose. Face à certains sujets, le manipulateur détourne le contenu de la conversation. En une ou deux phrases nous ne parlons plus de la même chose! Le manipulateur s’éloigne de la conversation quand :
- le sujet ne lui est pas assez familier et qu’il ne veut pas qu’on le décèle;
- le sujet est mené brillamment par quelqu’un d’autre que lui;
- le sujet le gêne ou devient ‘dangereux’ pour son image;
- il ne peut démontrer ce qu’il avance, ses arguments manquent de poids;
- il veut attaquer, provoquer, critiquer ou dévaloriser son interlocuteur.»

(Toute ressemblance avec des personnalités publiques est pur hasard.) 

Bref, quel est le lien entre la fable et les accords de libre échange? 
Pourquoi nous précipiter pour donner (ou vendre à rabais) nos ressources à tout venant? Quand nous n’aurons plus rien, danserons-nous pour attraper des poches de maïs OGM, des bouteilles d’eau siphonnée ici mais expédiée/embouteillée chez Nestlé, et des médicaments génériques fabriqués en Asie qu’on nous balancera sur la tête? Parfois il faut dire oui, parfois il faut dire non; ça fait partie du long apprentissage du discernement.

Pensée du jour :
“A war is when you kill enemies that you don’t even see, using the same technology to feed and kill them.” ~ Bill Hicks

Photo : série télévisée «Guerre et paix» parodiée par "Blup!"  
http://www.blup.fr/2007/11/07/guerre-et-paix/

25 septembre 2014

Comprendre les impacts sur les cétacées


Prenez quelques minutes pour regarder les deux vidéos ci-après.

Beaucoup de gens ignorent que les êtres vivants sont de véritables tables de résonance, particulièrement, les mammifères. Toutes les espèces marines sont vulnérables car l'eau est un puissant propagateurs d'ondes. De notre côté, nous ne les percevons pas; nous sommes même plutôt inconscients des effets des sons et du bruit dans nos corps. Nous sommes devenus sourds et corporellement désensibilisés. Or, certains bruits et sons répandent des fréquences destructrices, c’est-à-dire qu’elles peuvent désintégrer la matière, littéralement. Les polluants chimiques ne sont pas les seuls responsables de certains désordres cellulaires pouvant favoriser le développement de divers cancers et l'apparition de problèmes cardiaques… 

Ce serait bien qu'on cesse de nous mener en barge...

Via http://www.care2.com :

Les baleines sont des mammifères, ce qui signifie que ce sont des animaux à sang chaud, qu'elles donnent naissance et s’occupent de leur progéniture, comme nous! Leur intelligence se mesure même (est comparable) à la nôtre.

Elles jouent un rôle important dans notre écosystème marin, et il n'y a pas de doute que ces créatures devraient être appréciées et respectées. Malheureusement, l'activité industrielle, les exercices militaires, l’exploration pétrolière et l’expansion du trafic maritime augmentent constamment la pollution sonore subaquatique, à des niveaux extrêmement dangereux.

Visitez le site de Joshua Horwitz, auteur de War of the Whales (La guerre des baleines) pour mieux comprendre ce qui se passe dans les océans. Joshua Horwitz est le fondateur des éditions Living Planet Books (Washington, DC), des publications rédigées par des scientifiques, des médecins et des psychologues réputés, concernés par l’avenir de la planète. http://warofthewhales.com/

Les baleines échouent, les bancs de poissons s'effondrent, les tortues de mer fuient. le bruit extrême menace toute la vie marine -- bruit induit par les tests militaires au sonar, la recherche de pétrole et de gaz et les immenses hélices de bateaux.

Silent oceans – Campaign against ocean noise pollution:
http://www.oceancare.org/en/sos_from_ibiza.cfm



Sons meurtriers – les sonars détruisent les baleines
Il est prouvé scientifiquement que bruit assourdissant des sonars représente un grave danger pour la vie marine, mais son utilisation continue de se répandre dans tous les océans. Ce film éloquent, proposé par Natural Resources Defense Council et narré par Pierce Brosnan, montre les effets des sonars sur les cétacées qui se retrouvent dans leur champ et explique comment les baleines, les dauphins et d'autres espèces marines pourraient être protégées des sonars meurtriers.

24 septembre 2014

Mise à jour forage à Cacouna

Bravo à la juge Claudine Roy!

Le jugement ne va pas assez loin à mon goût, mais c'est peut-être un pas vers le moratoire qu'on espère de tout coeur.


Les changements fondamentaux sont toujours venus d'individus qui prêtaient attention aux autres. ~ Pekka Himanen (L'éthique hacker)

[...] ce ne sont ni les brigands ni les incendies qui détruisent le monde, mais la haine, l'hostilité, les petites intrigues... ~ Anton Tchékhov (1860-1904)

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Le Tribunal ordonne à la compagnie albertaine de cesser ses travaux géotechniques jusqu'au 15 octobre.

Dans son jugement, la juge Claudine Roy note plusieurs lacunes dans le processus de délivrance du certificat des travaux par le ministère de l'Environnement.
       Les quatre fonctionnaires mandatés par le gouvernement, souligne la juge Roy, n'ont pas consulté les spécialistes des bélugas pour connaître les conséquences du projet sur l'habitat du béluga. La juge considère de plus que le ministre de l'Environnement n'avait pas en mains tous les documents et expertises scientifiques nécessaires pour délivrer les certificats d'autorisation à TransCanada.
       Le premier ministre Couillard admet qu'il y a eu des problèmes de communication entre le ministère des Pêches et des Océans et le ministère de l'Environnement. Les communications entre les deux doivent être plus fluides, croit le premier ministre.
       Pierre Béland, directeur scientifique de la recherche sur l'écotoxicité du Saint-Laurent et père de la recherche sur le béluga, considère aussi que toutes les règles n'ont pas été suivies. Le béluga est une espèce menacée et sa protection est régie par la Loi sur les espèces en péril et par la Loi sur les espèces menacées et vulnérables, fait valoir le scientifique.
        D'après la loi, explique M. Béland, Ottawa comme Québec auraient dû requérir l'avis des meilleurs scientifiques en la matière. Or, indique Pierre Béland, ils travaillent tous à l'Institut Maurice-Lamontagne et personne ne leur a demandé leur avis.

«Le béluga est une des espèces qui symbolisent le plus la lutte pour l'environnement.» ~ Pierre Béland, directeur scientifique de la recherche sur l'écotoxicité du Saint-Laurent et père de la recherche sur le béluga

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Le député de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, François Lapointe, s'est réjoui de la décision et exige que l'avis des spécialistes sur la protection des espèces menacées soit entendu.

Le député de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques, Guy Caron, estime pour sa part que les tribunaux sanctionnent aussi le manque de transparence du gouvernement conservateur.

Le NPD a maintes fois réclamé un moratoire sur les forages au large de Cacouna.

Source :
http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/09/24/005-bsl-cacouna-reax-politiques.shtml

22 septembre 2014

Arrivée du Minerva Gloria : alléluia!

Empreintes :  
 
 
«Ça fait au moins vingt ans qu’on m’accuse de pessimisme parce que je dis que nous sommes au milieu d’une catastrophe. Ce qu’il faut maintenant c’est trouver l’attitude à  adopter dans cette catastrophe. Tu n’es qu’un petit morceau de bois dans un torrent, une autre personne arrive, tu lui dis quoi? Je suis de gauche et tu es de droite? Es-tu pour ou contre l’avortement? On n’en a rien à foutre quand tout est en train d’exploser.» ~ Leonard Cohen

Deux reportages/articles de Thomas Gerbet (ICI Radio Canada)



1. Pétroliers : le trafic des navires de brut pourrait doubler sur le Saint-Laurent

Exclusif -  L'arrivée du pétrolier Minerva Gloria n'est que le début d'une longue série. Selon des chiffres obtenus auprès de sources gouvernementales et dans l'industrie, le nombre de navires chargés de pétrole brut pourrait doubler, voire tripler, sur le fleuve avant la fin de la décennie. Les ports de Montréal et de Lévis accueilleront à leur tour du pétrole des sables bitumineux.

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/national/2014/09/22/001-croissance-transport-petrole-fleuve-saint-laurent-navires-quebec.shtml


2. Pétrole des sables bitumineux : un navire géant arrive à Sorel-Tracy

Exclusif -  C'est le début d'une révolution dans le transport du pétrole brut sur le fleuve Saint-Laurent. Un navire pétrolier géant a jeté l'ancre dimanche après-midi à Sorel-Tracy. Il vient récupérer un chargement de pétrole brut issu des sables bitumineux.

(…) Depuis le mois de juillet, la pétrolière Suncor transporte son pétrole brut de l'ouest jusqu'aux réservoirs de Kildair, en traversant la Montérégie. Des citoyens inquiets s'y opposent. Monique Hains et le groupe Alerte Pétrole Rive-Sud manifestaient d'ailleurs dimanche à Boucherville : «Imaginez un déversement, c'est catastrophique. Le fleuve, c'est 3 millions de personnes qui s'approvisionnement en eau potable». (…)

http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/national/2014/09/21/001-petrolier-sorel-petrole-sables-bitumineux.shtml

21 septembre 2014

Leur sort : notre sort

Bill Hicks (1961-1994) : humoriste américain 

Parfois j’aimerais que la Nature, les baleines, les ours polaires, les éléphants… aient de réelles armes de défense (pas en ivoire!) contre les humains. Ce ne sont pas des démocraties que nous avons, mais des autocraties à la remorque des lobbies industriels.

Peu de gens croient que les animaux sont intelligents et capables d’appréhender les choses. Quand ils font des bons coups, on appelle ça commodément de l’instinct. Le terme n’a aucune importance et n’enlève rien au phénomène.

L’incident qui suit en est une illustration et nous serions des sots finis si nous ignorions leurs signaux de détresse. Il ne s’agit pas "d’un conte à la Disneyworld ou d’un coup monté par des écolos qui auraient entraîné les baleines à agir de la sorte" (Fred Savard dixit) comme certains idiots le prétendent.

La présence de petits rorquals et de bélugas fonçant près des barges de TransCanada à Cacouna a temporairement freiné les travaux. Selon un environnementaliste de Greenpeace, ils ont effectué une centaine de sorties dans la zone de forage, c’est leur milieu de vie après tout.

Photo: Petit rorqual dans la zone des travaux et près des barges de TransCanada, crédit Greenpeace/Mikael Rioux.

«Malgré le fait que les travailleurs aient été forcés d’arrêter leurs travaux tout l’après-midi, ces derniers n’ont pas jugé bon de prendre les précautions minimales pour éviter de perturber les cétacés en fin de journée. Notre observateur a en effet constaté que le zodiac qui raccompagnait les travailleurs au port en fin de journée se déplaçait sur l’eau à une vitesse élevée. Sa vitesse était clairement trop élevée considérant la présence des baleines dans ce secteur. Comme de fait, un petit rorqual est sorti de l’eau à proximité du zodiac et nous avons même capté ce moment sur pellicule. 
   Ce que vous pouvez faire : Déjà plus de 40 000 personnes ont demandé à l’Office national de l’énergie (ONÉ) de considérer les craintes des communautés et des experts climatiques dans son évaluation du pipeline Énergie Est.» (Patrick Bonin)

Article complet et pétition :
http://www.greenpeace.org/canada/fr/Blog/cacouna-les-baleines-stoppent-les-travaux-de-/blog/50656/

 
Image : André-Philippe Côté, journal Le Soleil
 
Le même avenir nous attend.

19 septembre 2014

Tellement pas drôle qu’on en rit

Pour compenser les restrictions budgétaires : les ministres trouveront sûrement des billets de 1000$ chiffonnés dans les poches de leurs vieux pantalons… Miracle!

Fermeture de conservatoires
Dans la course à l'élimination du déficit, le gouvernement libéral de Philippe Couillard envisage de fermer certains conservatoires, et peut-être même l'ensemble du réseau qui compte sept établissements de musique et deux d'art dramatique.

Côté musique on pourra se rabattre sur Banjo Duel (film Délivrance)  
Sculpture : Thomas Kuebler

Ou sur «Dis-moi c’est quoi ta toune»

La révolution du Dr Barrette
Exclusif (18.09.2014) – Radio-Canada a appris qu'une véritable révolution structurelle attend le réseau de la santé du Québec. Le ministre Gaétan Barrette veut abolir les agences de santé et fusionner la vaste majorité des Centres de santé et de services sociaux (CSSS).

Trop de chefs (grassement rémunérés) et trop d’Indiens (compétents, mal payés et trop occupés à remplir de la paperasse)…

Clairvoyance du caricaturiste André-Philippe Côté (mars 2014) :
 
Restriction budgétaire au ministère de l’éducation 

Le Chat de Geluck

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Les électeurs qui ont voté en faveur du PLQ sont-ils satisfaits? J'en connais plusieurs qui ont voté rouge par crainte d'un référendum. Comme on l'a vu en Écosse, il est toujours possible de dire "non"; par contre, cela peut fournir des outils de négociations avec l'opposant qui a lui-même la frousse de perdre ses acquis. L'arroseur arrosé?

Quant à nos autres sujets d'inquiétude :  

17 septembre 2014

Les chroniques du sage Yves Duteil


La lumière ne fait pas de bruit, alors j’ai laissé les chroniques d’Yves Duteil entrer dans ma courte pause de bruit mental. Des réflexions sur le monde et notre façon de vivre, «écrites de l’intérieur», enveloppées de sagesse, d’amour, d’authenticité et d’humour. De la hauteur de vue. Superflu de dire ma grande estime pour ce poète. Aujourd’hui, je salue l’«écrivain public».

La petite musique du silence, Éditions Médiaspaul, 2014
(Sélection de chroniques mensuelles publiées dans Panorama entre 2002 et 2011)

«Je me suis rendu compte qu’en essayant chaque mois de trouver un sujet, qu’on est entouré d’événements qui nous permettent de regarder notre vie avec un regard un tout petit peu plus profond et de se dire : on a un esprit, c’est comme un gouvernail; c’est à la fois un gouvernail d’altitude et de profondeur. On peut s’élever, ou aller plus profondément vers les racines, au cœur des sujets. Et je me suis aperçu que plutôt que de penser simplement à quelque chose de façon fugace, on peut le formaliser et l’écrire, aller au bout de cette réflexion et en faire quelque chose d’un peu humoristique et agréable à lire, et le composer comme on compose une chanson. Ces textes courts, sont la somme de toutes ces réflexions au fil des mois.» (Extrait d’interview)

«Berceau de la création, écrin de la pensée, le silence est aussi le berceau de la beauté du monde. (…) Face à soi-même, on ne trompe personne. C’est à sa source qu’on puise la force et la raison de notre folie douce. Son murmure nous offre les signes de piste de notre propre boussole intérieure, celle qui nous montre le Nord quand on se croit perdu.» (Avant-propos)

En passant, sa tournée au Québec en juillet dernier incluait Natashquan :  
http://blog.yvesduteil.com/blog/index.php/2014/07/08/un-oiseau-migrateur-de-guitare/

Ces extraits ne sont pas les plus tendres ou drôles, mais je les ai choisis pour leur pertinence : que vaut la vie, a-t-elle un prix, que faisons-nous de notre conscience, de notre liberté, en ce moment même

QUEL JUSTE PRIX?

Deux adolescentes se jettent d’un balcon, au moment où à l’Institut Curie, un autre enfant se bat pour sauver sa vie. Dans une école, une collecte rassemble 200 euros en contribution au voyage pour soigner un camarade. Dans la cour, deux élèves jouent à s’étrangler jusqu’à la syncope. Ailleurs, un soldat ajuste son tir pour abattre une sentinelle, qui songe à sa fiancée. Quel est le prix de nos vies? Pour Ingrid Betancourt, prisonnière quelque part dans la jungle colombienne, et qui prie pour retrouver ses enfants, est-ce le prix de la liberté? Ou celui d’un regard, pour retenir un proche qui voudrait mettre fin à ses jours? Est-ce le prix d’un revolver, aux USA où les armes sont en vente libre et où l’on nous explique que ce n’est pas le pistolet qui tue, mais celui qui appuie sur la détente? Quel est le prix du silence pour un témoin gênant qu’il faut faire taire? Celui de l’inconscience, pour un chauffard qui fauche un piéton avec 3 g d’alcool dans le sang? Est-ce le prix de la vérité pour l’innocent bafoué, ou celui du mensonge pour le coupable en liberté? Je pense à tous ceux qui meurent de trop de souffrance ou de manque d’écoute. À ceux que la vie ne porte plus, et qui sombrent dans le néant faute d’un point d’ancrage, à ceux qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment. À ceux qui échangeraient bien leur maladie contre une vie qui va s’éteindre en pleine santé. Au donneur d’organes qui s’offre d’avance pour donner une chance de survie à un inconnu. Quand je songe au kamikaze qui prépare sa bombe, je rêve à un impossible dialogue entre l’inventeur de la guillotine et un chirurgien spécialiste de la réparation des membres sectionnés. Entre le chercheur qui développe une parade de virus de la lèpre* et celui qui travaille sur la guerre bactériologique pour en répandre des milliards. Je rêve d’un face à face entre l’assassin de sang-froid et ceux qui lui ont donné le jour…

Dans la nature sauvage le prix d’une vie, c’est souvent la mort d’une autre. L’humanité a voulu élever sa conscience vers la spiritualité pour échapper un jour peut-être à cette fatalité. Le juste prix de nos vies ne nous appartient pas. Il se mesure en bonheur ou en chagrin, c’est celui des chemins que l’on trace, des fruits que l’on sème. Il est dans la stupeur ou dans l’indifférence, dans la douleur qui prend sa place, dans la douceur salée des larmes et des regrets. Mons on peut parfois l’apercevoir dans le regard de ceux qui nous aiment. Et sans mourir pour autant. (p. 83-84)

[* Il y a eu le sida, maintenant c’est l’Ébola. Hum…] 

OÙ S’EST ENDORMIE LA CONSCIENCE?

C’est la cerise sur le gâteau, l’aboutissement d’une logique convergente de systèmes injustes ou égoïstes, une crise de confiance à l’égard de ceux qui promettent de nous mener à bon port. On a tellement de mal à appeler les choses par leur nom, que pour ne pas prononcer le mot récession, on parle de décroissance. On ose même «croissance négative». Le phénomène purement américain, local, confiné et sous contrôle, est à présent devenu une tourmente mondiale. Mais si cette crise inédite est en même temps financière, politique, économique, environnementale, sociale, si elle touche à la fois l’hôpital, l’école, l’université, le tribunal, l’économie, les médias, la presse, la culture, la famille, n’est-ce pas parce qu’elle est avant tout philosophique et spirituelle? Si la parole était d’argent, la crise serait source de richesses inépuisables. Mais les alchimistes de la finance ont changé l’or de la Bourse en chape de plomb. C’est le règne du silence. Qui dénonce les institutions qui nous gouvernent quand les signaux d’alarme n’arrêtent plus les trains qui foncent dans le mur? Guantanamo, négation des Droits de l’Homme, sur le continent-symbole déjà entaché d’un mensonge d’État. Des présidents de grandes nations préparent ouvertement leur réélection à vie, prélude au retour sournois de dictatures dans le monde. Confiscation des pouvoirs des Parlements, parodie de justice comme en Russie. 

Et tout passe, sans vergogne, au-delà des protestations, des manifestations, des révoltes. Des voix se font entendre, mais rien ne change pour autant. Quand les coupables triomphent, la peur bâillonne le courage, les justes sont humiliés, les plus fragiles bafoués. On ne peut espérer qu’en l’intégrité et la compétence de ceux qui dirigent le navire. Qu’est devenue la vérité? Où est ce monde respectable qui avait vaincu les totalitarismes, apaisé ses haines, réconcilié ses peuples en guerre? Où sont les institutions souveraines dont la sagesse devait faire autorité? Dans le partage des richesses, où s’est endormie la conscience, indissociable pilier des démocraties? Qui peut encore défricher l’avenir dans ces forêts d’intérêts inextricables, et retrouver le nord en pleine tempête?

L’esprit de l’humanité a aujourd’hui le pouvoir de s’élever vers les étoiles, de déchiffrer les secrets de l’univers, de se projeter vers l’infini et de disposer de lui-même. Il lui manque encore l’essentiel : savoir pourquoi. (p. 105-106)

LIBERTÉ, TRÉSOR FRAGILE

Comme Peter Pan, il faudrait recoudre notre part d’ombre à nos talons pour retrouver notre dimension humaine. Nous sommes pétris de bons et de mauvais sentiments, et notre plus grande noblesse, c’est de pouvoir choisir. Grandir en altitude, en sagesse, c’est apprendre à gérer cette liberté, à éclairer nos choix. La réalité est rarement simple. Nous n’avons pas toujours les clés pour l’appréhender, mais l’intuition peut aussi pallier la raison quand le fossé est trop large. Nos petites voix intérieures nous conseillent, même si notre esprit est souvent trop bavard pour les entendre. Partant de l’idée que l’ordre et la précision de l’univers, dans ses aspects innombrables, serait le résultat d’un hasard aveugle, est aussi peu crédible que si, après l’explosion d’une imprimerie, tous les caractères retombaient par terre dans l’ordre d’un dictionnaire (Albert Einstein), dans ce monde où il n’existe aucun effet sans cause, tout est fait pour conduire le plus grand nombre vers l’intérêt de quelques-uns, par les autoroutes de l’information qui mènent vers la caisse ou vers l’isoloir. La vérité a peu de poids face à l’argent et au pouvoir. Elle est pourtant notre bien le plus précieux. Ceux qui l’ont perdue le savent bien. Otages conscients ou non, nous votons, nous payons, en affirmant notre libre-arbitre de clients ou d’électeurs. Mais qu’en est-il vraiment, face aux trous noirs voraces, à l’affût sur les aiguillages de la pensée? Derrière nos choix difficiles, l’essentiel est souvent caché, invisible. Si nous ignorons notre propre part d’ombre, comment pressentir celle d’autrui, pour déjouer les pièges qu’elle nous tend?

Renouer avec nous-mêmes, c’est ouvrir les yeux sur la nature humaine, parfois malveillante, perverse, et savoir que certains, sans états d’âme, choisissent délibérément le mal, la cruauté. Dès lors, le monde apparaît dans sa globalité. Le mal est en nous, il est dans la norme. Les dictateurs nous ressemblent, ils ont juste choisi l’égoïsme, et laissent libre cours à leurs penchants néfastes. Comme ceux qui asservissaient les peuples ou les êtres, ceux qui chargent les bombes faites pour tuer la foule ne connaissent par le regret. Ils sont des nôtres, inhumains mais humains, justifiant leurs choix par des discours faits pour endoctriner. Libres de massacrer des innocents pour en venger d’autres, capables du meilleur, ils ont choisi le pire, comme d’autres la bienveillance, le respect. La liberté est le trésor le plus fragile de l’humanité.
(p. 99-100)

15 septembre 2014

Retour à la «civilisation»

16 sep. 2014, un site à visiter. Examinez les cartes : toutes les raisons du monde d’être consternés… Et de nous sentir concernés peut-être? Au moins un peu? Vous pouvez aussi jeter un coup d’œil sur l’état des forêts partout sur terre. Même si vous ne comprenez pas l’anglais, les cartes parlent fort. Tellement fou et horrifiant que ça dépasse tout entendement. On voit bien qu’il ne s’agit pas d’une lubie environnementaliste. Il est évident qu'il nous faudra des bombonnes d'oxygène et des abreuvoirs à minuterie au coin des rues, avec accès limité aux gens possédant des cartes d'identification pré-payées par iPhone; sait-on jamais, des vols d'oxygène pourraient se commettre.

Tar Sands Threaten World’s Largest Boreal Forest

(...) Canada’s boreal forest is one of Earth’s major ecological treasures.

Yet the region’s forests are under threat from logging, hydrodams and mining. Satellite data reveals a major new threat to Canada’s boreal forests—tar sands development.

According to data from Global Forest Watch, an online mapping platform that tracks tree cover loss and gain in near-real time, industrial development and forest fires in Canada’s tar sands region has cleared or degraded 775,500 hectares (almost two million acres) of boreal forest since the year 2000 (Map A). That’s an area more than six times the size of New York City. If the tar sands extraction boom continues, as many predict, we can expect forest loss to increase.
(...)
According to Global Forest Watch data, from 2000-2013, Canada lost more than 26 million hectares of forest, mainly in its boreal region. More than 20 percent of the boreal forest region (more than 150 million hectares) is now covered by industrial concessions for timber operations, hydrocarbon development, hydroelectric power reservoirs, and mineral extraction (Map B).

http://www.wri.org/blog/2014/07/tar-sands-threaten-world%E2%80%99s-largest-boreal-forest

 

Les vacances sont propices à l’introspection et à l’évaluation de nos activités. Mes blogues ont survécu au grinder… alors me revoilà.

Le Québec pourrait être une oasis de beauté. On y trouve encore de l’eau potable, des arbres, de la végétation (mais pour combien de temps?). Il pourrait même être un modèle de respect envers la nature.

Mosaïculture

Mais, nous sommes en train d’en faire un mirage de désert minier/pétrolier… Les drapeaux rouges se multiplient et nos dirigeants continuent d’approuver les projets les plus rouges  
   Jeudi 11 septembre 2014. Déversement de diésel à Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine – Hydro-Québec a indiqué que des tests de conformité avaient été réalisés sur l'oléoduc dans la semaine. Il semble que le bris soit survenu lors de l’inspection qui a mal tourné. 17 000 litres récupérés jusqu’à maintenant… et pas lieu de s’inquiéter (!).
http://ici.radio-canada.ca/regions/est-quebec/2014/09/13/001-hydrocarbures-fuite-cap-aux-meules.shtml
   Nous devrions avoir honte de sacrifier nos vraies richesses naturelles (essentielles à notre survie – terres arables, cours d’eau, etc.) sur l’autel de la croissance économique qui mène sans équivoque à notre propre ruine.


Quelques citations d’Aldous Huxley en guise de commentaires au sujet des batailles perdues récemment.

Industrie pétrolière :
Procuste en tenue moderne, le savant en recherches nucléaires préparera le lit sur lequel devra coucher l'humanité; et si l'humanité n'y est pas adaptée, ma foi, ce sera tant pis pour l'humanité. (Le meilleur des mondes, 1932)
[J’ajoute recherches pétrolières…]

Guerres :
- Aujourd'hui, après deux guerres mondiales et trois révolutions majeures, nous savons que la corrélation nécessaire entre la technologie plus avancée et la morale plus avancée n’existe pas. (…) Tous les hommes désirent la paix, mais il y en a peu, en vérité, qui désirent les choses qui conduisent à la paix. (Les portes de la perception, 1954)
- Il y a trois sortes d'intelligences : l'intelligence humaine, l'intelligence animale et l'intelligence militaire. (Point et Contrepoint, 1928)

Croissance économique :
- La population optimale est sur le modèle de l'iceberg : huit neuvièmes au-dessous de la ligne de flottaison, un neuvième au-dessus. (Le meilleur des mondes, 1932)
- Les armements, la dette universelle et l'obsolescence programmée sont les trois piliers de la prospérité occidentale. Si la guerre, le gaspillage et les usuriers étaient abolis, vous vous effondriez. (Île, 1962)

Série Commission Charbonneau :
- Les mots peuvent causer de la confusion et créer des «enchevêtrements»; mais l'absence de mots engendre une obscurité totale.
- La réalité ne peut être passée sous silence, sauf moyennant un prix à payer; et plus on persiste à la passer sous silence, plus le prix à payer devient élevé et terrible.
(Les portes de la perception, 1954)

Conclusion :
… La seule chose que nous connaissons au sujet de l'avenir, c'est que nous sommes profondément ignorants de ce qui va advenir, et que ce qui arrive effectivement est en général fort différent de ce que nous avions prévu. (Les portes de la perception, 1954)

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Deux livres de collection que vous aimerez revisiter une fois que la voie maritime du Saint-Laurent  aura été dévastée du nord au sud par la prospection, la fracturation, l’extraction d’énergies fossiles et la navigation démultipliée de bateaux citernes voguant vers d’autres continents; si l’on continue dans cette voie, le fleuve ne sera plus que rouille et boue noire dans peu de temps.

Le Québec au fil de l'eau
Mathieu Dupuis (photographe)
Marie-José Auclair (auteure, reporter et photographe)
Les Éditions de l’homme (2009)

Ce livre est un hommage à la beauté et à la fragilité de l’eau, ce patrimoine de l’humanité. Pure ou trouble, calme ou agitée, glacée ou vaporeuse, l’eau est multiforme. Elle se révèle complexe et majestueuse sous la lentille du photographe Mathieu Dupuis. Voyez le spectacle de cet «or bleu» qui devient tantôt ocre, vert, fuchsia, orangé, sous le regard ébloui de la nature et de l’humain. Au cœur de paysages sauvages, de décors urbains et domestiques, découvrez l’eau comme vous ne l’avez jamais encore vue. Au-delà de cette symphonie parfaite de couleurs et de formes, l’harmonie entre l’homme et l’eau demeure précaire. Ainsi, Marie-José Auclair nous entretient de cette ressource indispensable et des menaces qui pèsent sur elle. Percez l’univers grandiose et mystérieux de cet élément essentiel à la vie sur terre.

Anticosti Unique au monde
Alain Dumas (photographe)
Yves Ouellet (journaliste et photographe)
Les Éditions  de l’homme (2013) 

L'île d'Anticosti, un refuge sauvage aux paysages sublimes au milieu du golfe du Saint-Laurent.
   Nulle part au monde on ne saurait trouver une terre comparable à cette île envoûtante qu'est Anticosti. Vaste espace au milieu de l'immensité du golfe du Saint-Laurent, ce morceau de continent a attiré de tout temps les êtres épris de liberté.
   Au-dessus de cet éden que l'humain a apprivoisé, l'âme de Gamache le Sorcier continue de régner dans chaque arbre et chaque pierre, et les personnages phares d'Henri Menier et de Georges-Martin Zédé demeurent bien vivants dans l'esprit des insulaires. Partez à la découverte de ce trésor caché de l'histoire et du paysage québécois.
   Alain Dumas et Yves Ouellet se font vos guides pour vous révéler les plus beaux sites d'Anticosti, des paisibles prairies de l'Anse-aux-Fraises aux eaux cristallines de la Jupiter, des parois vertigineuses des canyons jusqu'aux bords de mer à saveur d'infini. Le temps d'un livre, vivez au rythme d'Anticosti et faites escale à mille lieues de la frénésie du monde moderne. 

[Anticosti] Reine du Golfe! Terre de lumière! Clef du Saint-Laurent! Paradis! Royaume vierge! Nef de verdure! (…) ~ Frère Marie-Victorin

Article complémentaire :

Retour au fleuve
Le Saint-Laurent, si fabuleux et si fragile
Par Marie-José Auclair, écologiste

Vous souvenez-vous de l’époque des bateaux blancs à vapeur qui, jusque dans les années 1960, ont marqué le développement des croisières sur le Saint-Laurent et celui de la villégiature dans la région de Charlevoix? Et que dire que de la tradition de baignade qui existait au tournant du XXe siècle à la plage du parc du Bout-de-l’Île à Pointe-aux-Trembles ou encore aux plages Bissonnette et Choquette, sur l’Île Sainte-Thérése?
   De tous temps, les êtres humains ont entretenu un contact étroit avec ce fleuve majestueux que les Amérindiens appelaient «Rivière qui marche». Pour les premiers explorateurs, il servira de voie de pénétration et de communication et tracera les routes de la traite des fourrures. De l’agriculture à l’industrie, en passant par les activités récréatives, le Saint-Laurent est l’épine dorsale de l’histoire et du développement du Québec et même du reste de l’Amérique du Nord. Ses paysages fabuleux ont toujours fasciné les touristes et les villégiateurs.

Un écosystème menacé

Malgré l’importance que le fleuve joue dans notre prospérité et notre bien-être, il est souvent laissé pour compte. L’urbanisation croissante et le développement industriel et agricole le menacent toujours. Pourtant, près de 45% des Québécois boivent son eau et la majorité d’entre eux vivent dans son bassin versant. Les pêches et le tourisme génèrent plus de 2 milliards de dollars par année. Véritable patrimoine vivant, il recèle plusieurs milliers d’espèces animales et végétales et une grande diversité d’écosystèmes qui rendent de nombreux services écologiques, dont la filtration de l’eau et l’atténuation des inondations par les milieux humides.
   Bien sûr, 30 ans d’efforts de dépollution et de restauration ont eu des effets bénéfiques, mais sa santé demeure fragile. Si certains polluants toxiques ont diminué, de nouvelles substances hautement toxiques ont fait leur apparition dans toutes les sphères de l’écosystème. Depuis les années 1980, leurs concentrations ont augmenté de 1000 fois chez les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent. Quant à la population d’anguilles d’Amérique, autrefois abondante et très prisée par les pêcheurs commerciaux, elle chute dramatiquement depuis les années 1980.
   Le fleuve est aussi menacé par les empiètements dans la plaine inondable et le dragage du chenal de navigation. S’ajoutent à cela les changements climatiques, susceptibles de provoquer une diminution du débit de l’eau en amont du fleuve alors qu’une hausse, par la fonte des glaciers, sera provoquée en aval. Les espèces envahissantes sont de plus en plus nombreuses. Et la pollution sonore engendrée par le trafic maritime et l’exploration pétrolière menace les mammifères marins qui utilisent l’écholocation pour se diriger, s’alimenter, se reproduire et socialiser.

Bientôt la fin de l’ère Anthropocène?

[Athene noctua] Chevêche d’Athéna (ou de Minerve chez les Romains). Athéna était la déesse de la guerre, de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes et des institutions pédagogiques. La chouette chevêche fut probablement associée à la déesse en raison de sa capacité de vision dans les ténèbres. (Photo : Yann Cambon; Oiseaux.net) 

Fin de l’histoire?
L’ère de la civilisation humaine, brève et étrange, semble tirer à sa fin. 

Par Noam Chomsky

[Extrait]

Il n'est pas réjouissant d’imaginer les pensées qui doivent traverser l'esprit de la Chouette de Minerve tandis que le crépuscule tombe et qu’elle s’apprête à interpréter l'ère de la civilisation humaine, qui s’approche peut-être d’une fin peu glorieuse.
(…)

La fin probable de l'ère de la civilisation est présagée dans le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), un moniteur généralement conservateur sur ce qui se passe dans le monde physique.

Le rapport conclut que l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre risque «d’avoir des impacts graves, généralisés et irréversibles sur les populations et les écosystèmes» durant les décennies à venir. Le monde approche le degré de température où la fonte du vaste couvert de glace du Groenland sera imparable. Avec la fonte glaciaire de l'Antarctique, le niveau des mers pourrait monter et submerger les grandes villes et les plaines côtières.

L'ère de la civilisation coïncide de près avec l'époque géologique Holocène, ayant commencé il y a 11 000 ans. Précédemment, l’époque Pléistocène avait duré 2,5 millions d'années. Les scientifiques indiquent maintenant qu'une nouvelle ère, l’Anthropocène, a débuté il y a 250 ans, une période où l'activité humaine a eu un impact considérable sur le monde physique. Le parallèle avec les changements survenus lors des bouleversements géologiques est difficile à ignorer.

L’un des indices de l'impact des activités humaines est l'extinction d'espèces qui atteint presque celle d’il y a 65 millions d'années lorsqu’un astéroïde a percuté la terre. C'est la cause présumée de la fin de l'âge des dinosaures qui permit aux petits mammifères et ensuite aux humains modernes de proliférer. Aujourd'hui, les humains sont l'astéroïde qui condamne beaucoup de vies à l'extinction.

Le rapport du GIEC réaffirme que la «grande majorité» des réserves connues de carburant doit rester dans le sol pour éviter d’exposer les générations futures à des risques insoutenables. Pendant ce temps, les grandes sociétés d'énergie ne cachent pas leur intention d'exploiter ces réserves et d’en découvrir des nouvelles.

Le jour précédent la publication des conclusions du GIEC, le New York Times révélait qu’au Midwest d’énormes stocks de céréales sont en train de pourrir parce que l’acheminement des produits du boom pétrolier du Dakota Nord vers l'Asie et l'Europe accapare le transport ferroviaire.

L'une des plus redoutables conséquences du réchauffement planétaire anthropogénique est le dégel du pergélisol. Une étude de la revue Science prévient que «même un léger réchauffement des températures [moins que ce qui est prévu dans les années à venir] pourrait commencer à faire fondre le pergélisol, qui à son tour libérerait d'énormes quantités de gaz à effet de serre emprisonnés dans la glace», avec possiblement des «conséquences fatales» pour le climat mondial.

Arundhati Roy suggère que «la métaphore la plus appropriée pour la folie de notre temps» est le champ de bataille le plus élevé du monde, le glacier Siachen, où les soldats indiens et pakistanais se sont entretués. Le glacier est en train de fondre et met à jour «des milliers d’obus vides, des barils de carburant vides, des vieilles bottes, des tentes et plein d’autres déchets que les milliers de belligérants humains ont générés» avec leurs conflits insensés. Étant donné que les glaciers sont en train de fondre, l'Inde et le Pakistan sont maintenant exposés à un désastre indescriptible.

Triste espèce. Pauvre chouette.

Article original :
http://inthesetimes.com/article/17137/the_end_of_history

Photo : Un camp militaire indien sur le glacier Siachen, «le plus haut champ de bataille du monde». Longtemps un site de batailles féroces entre l'Inde et le Pakistan, le glacier est maintenant en train de fondre en raison des changements climatiques. (Annirudha Mookerjee / Getty Images)

1 septembre 2014

Mini pause de bruit mental…

Ordinairement le mal fait du bruit, il retentit de tous côtés, les journaux en sont remplis, on en parle dans toutes les réunions. Le bien, au contraire, passe de préférence – comme la lumière du soleil – sans bruit sur le monde.
~ Fredrika Bremer (1801-1865)

De retour dans une quinzaine :-)  
Portez-vous bien!

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Après le silence, ce qui exprime le mieux l’inexprimable, c'est la musique.

Le silence est aussi plein de sagesse et d'esprit en puissance que le marbre non taillé est riche de sculpture.

~ Aldous Huxley (1894-1963)  

Madredeus – Concertino Silencio



Poésie et musique traditionnelle portugaises :
http://www.madredeus.pt/main2011.html