24 mai 2020

La notion de liberté illimitée

Une fausse conception de la liberté et des droits individuels et collectifs s’est propagée comme la peste via le libre-marché, le libertarisme, le survivalisme, etc.; cette interprétation de la liberté ne respecte rien ni personne, permet de tout détruire et de polluer sans vergogne, de voler autrui, de violer et de tuer à volonté, et de se ficher du monde entier.

Des radicaux armés pour dénoncer le confinement aux États-Unis

Fabien Deglise
Le Devoir, 14 mai 2020

Photo : Chandan Khanna Agence France-Presse. Des Floridiens participaient à un «Freedom Rally», une manifestation anti-confinement, dimanche dernier. Des mouvements en opposition aux mesures d’urgence mises en place pour contrer la pandémie ne cessent de gagner en vigueur aux États-Unis.

De la démonstration de force à la menace de mort. Les milices d’extrême droite opposées au confinement décrété au Michigan, durement touché par la pandémie de COVID-19, ont décidé de faire monter la tension d’un cran de plus cette semaine en appelant au lynchage et à l’assassinat de la gouverneure démocrate de cet État voisin du Canada, Gretchen Whitmer. Une montée en violence décriée par les élus locaux des deux camps politiques, à la veille d’une nouvelle manifestation prévue jeudi dans la capitale, Lansing, et baptisée par ces radicaux lourdement armés le «jugement dernier».

«Chaque fois que des milices armées apparaissent dans le débat public, le phénomène est à prendre au sérieux, résume à l’autre bout du fil le stratège politique républicain Mike Madrid, joint par Le Devoir à Sacramento, en Californie. Le mouvement est certes marginal, mais il est nourri aussi par les déclarations du président Donald Trump qui, fin avril, a appelé à libérer les États gouvernés par les démocrates. Il est un élément dangereux dans cette équation, et comme républicain, je trouve ça plutôt consternant.»


Le film Jusqu'au déclin vu par 21 millions de personnes, selon Netflix
Louis-Philippe Ouimet
Radio-Canada nouvelle


Premier film québécois produit par Netflix, Jusqu'au déclin a été vu par 21 millions de personnes, selon le géant numérique. Faites le calcul, c'est plus de deux fois la population du Québec. Ce succès fracassant marque un nouveau chapitre pour le cinéma d'ici qui rêve d'être vu partout sur la planète.
   Parmi les 21 millions de personnes abonnées qui ont regardé Jusqu'au déclin, un suspense haletant à propos de survivalistes qui s'entredéchirent, 95 % vivent à l'extérieur du Canada. Nous avons appris la nouvelle de ce succès planétaire à Réal Bossé, un des comédiens principaux du film. Il n'en revenait tout simplement pas : «Vingt et un millions, c'est beaucoup de monde [...].» ...

Ce film québécois ne peut pas mieux tomber. Le suspense suit des survivalistes qui craignent une catastrophe économique ou écologique, voire... une pandémie! Reclus pour une fin de semaine dans une base autonome pour un exercice mené par un gourou-entraîneur, ils vont devoir mettre la théorie en pratique pour sauver leur peau! (Journal Le Soleil)

Le pouls qui s’accélère, les mains tellement crispées qu’elles se mettent à trembler : il faut avoir les nerfs solides pour passer à travers le film Jusqu’au déclin. En effet, le réalisateur Patrice Laliberté offre là un thriller survivaliste de fort calibre, haletant, et qui fait un usage inspiré de l’impitoyable hiver québécois. On a fait grand cas de ce qu’il s’agit du premier long métrage d’ici produit par le géant Netflix, mais au-delà de l’anecdote, c’est d’abord et avant tout un excellent exemple de film de genre réussi.

Le texte qui suit se veut une satire. Il s'agit d'un regard ironique sur certaines des choses que les gens disent lorsqu'ils tentent d'écarter les préoccupations concernant l'éthique de l'utilisation des animaux à des fins personnelles. Lorsque ces mêmes déclarations sont utilisées pour défendre d'autres formes de comportement non éthique, on peut clairement voir à quel point elles sont absurdes.



Ne me dites pas quoi faire
Angel Flinn (Gentle World, 2 mars 2013)

Je n'ai aucun problème avec votre mode de vie. Je respecte votre point de vue. Vous avez droit à votre opinion, et j'ai droit à la mienne.

Ne vous méprenez pas. J'admire les gens qui ont de fortes valeurs morales. Mais je n'aime pas qu’ils me les enfoncent dans la gorge.

Moi, par exemple, je ne vois rien de mal à l'esclavage. Certaines personnes sont nées pour servir les autres. C'est comme ça, voilà tout. Vous n’êtes pas obligé d’en posséder un, si vous ne voulez pas. Je n’ai aucun problème avec ça. Mais ne me dites pas que je ne peux pas en avoir.

Et ne me dites pas que je ne devrais pas frapper ma femme quand je le dois. Je ne vous dis pas de frapper la vôtre. Ça ne me dérange pas, d'une façon ou d'une autre. Si vous ne voulez pas frapper votre femme, c'est votre choix. Mais ne me dites pas que je dois m’en priver.

Je vis ma vie selon mes propres valeurs. Je comprends que nous voyons les choses différemment, et j'accueille la diversité qui fait en sorte que les individus sont différents.

J’en ai marre des bien-pensants qui disent par exemple que c'est mal si des adultes ont des rapports sexuels avec des mineurs. Vous pensez peut-être que les enfants ne devraient pas être soumis sexuellement, mais cela ne signifie pas que je dois le voir de cette façon. De quel droit me dites-vous ce que je devrais et ne devrais pas faire? Qu’y a-t-il de si mauvais dans la sexualité non consensuelle, de toute façon? Certains peuvent considérer le viol comme quelque chose de mal, mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les non-violeurs ne devraient pas s’attendre à ce que tout le monde vive selon leurs règles.

Est-ce que ça vous regarde?

Alors, ne me dites pas quoi penser, ou quoi manger, ou quoi porter, ou comment vivre. Ne m'attaquez avec vos notions de bien et de mal, de justice et d'injustice... Ces concepts sont sujets à interprétation, et personne n'a le droit d'imposer sa morale à quiconque. Occupez-vous de vos affaires... Vivez votre vie comme vous l’entendez.

Vous croyez que nous devrions vivre sans opprimer les autres animaux. Formidable, tant mieux pour vous.

Vous croyez que nous ne devrions pas obliger des êtres sensibles à se reproduire dans le but de les exploiter, et qu'il est immoral d’user de violence pour les plier à notre volonté. Vous croyez que marquer, castrer et mutiler leurs corps est inexcusable. Vous croyez que c’est mal d'exploiter le système reproducteur des femelles, d’arracher les nourrissons aux mères en pleurs et de les abattre tandis que le cordon ombilical est encore attaché. Vous croyez que manger de la chair et boire du sang sont des pratiques barbares et dégueulasses, et que la peau écorchée de l’un ne devrait pas servir à vêtir le corps d’un autre. Vous croyez que ces pratiques sont archaïques et qu’elles n’existeraient pas dans une société véritablement civilisée.

Vous croyez que les 56 milliards de morts horribles, à chaque année, sont moralement répréhensibles, d’autant plus que ce massacre continuel n’a pas d’autre but que de satisfaire l'appétit humain pour des saveurs et des textures spécifiques? Vous croyez que les désirs et les préférences d’une personne ne devraient pas se substituer aux droits moraux fondamentaux d’une autre?

Je vois, je comprends. Et je respecte que vous viviez selon vos principes. Mais vous devez me respecter. Vous ne pouvez pas imposer vos croyances aux autres. Personne n'est en mesure de décider ce qui est bien ou mal pour nous, alors pour l’amour du ciel, je vous en prie...

Ne me dites pas quoi faire.

Source: Don’t Tell Me What To Do http://gentleworld.org/dont-tell-me-what-to-do/

13 mai 2020

«Ave Coronavirus, morituri te salutant»

«Salut Coronavirus, ceux qui vont mourir te saluent.»  

Le Triumvirus Arruda – Legault – McCann n’a pas raté une occasion d’affirmer que ses consignes s’ajustaient quotidiennement aux données fournies par des experts scientifiques.

Caricature : André-Philippe Côté, Le Soleil 10.05.2020

«Certains l’auront remarqué, la pandémie de coronavirus est et aura été une puissante occasion, pour l’immense majorité d’entre nous, de ressentir à quel point nous sommes dépossédés de tout pouvoir sur notre existence, sur la société dont nous sommes, bon gré mais (surtout mal gré), parties prenantes. Confinés chez nous à voir ou entendre des experts et autres spécialistes nous exposer l’étendue de leur incertitudes contradictoires (le Covid-19 est issu des pangolins, ou des chauves-souris, ou des deux, ou d’aucun des deux; il peut se transmettre sur une distance d’un mètre, ou trois, ou huit, ou plus, ou moins; son taux de létalité est assez élevé, ou moyennement, ou faible, car le nombre de personnes asymptomatiques mais infectées est peut-être bien plus élevé qu’on croit, ou un peu plus élevé, ou plus faible; ses symptômes peuvent inclure une anosmie, une dysgueusie, de l’urticaire, des maux de tête, de la fièvre, une toux sèche, mais il peut aussi ne provoquer aucun de ces symptômes, ou en provoquer bien plus, ou des bien plus graves; «Le remdesivir, ce traitement potentiel du Covid-19 se révèle inefficace dans un premier essai clinique chez les patients sévères mais un autre essai annoncé par le National Health Institute pourrait venir contredire ce dernier»; etc.), nous sommes sommés d’attendre, et de ne rien faire, ou de travailler comme d’habitude, en tout cas de nous plier aux décisions – éclairées par lesdits experts scientifiques, mais aussi économiques – de nos dirigeants étatiques.» https://www.partage-le.com/

À tort ou à raison

On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger.
Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde.
Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort!
Donc, j'avais raison! Par conséquent, j'avais tort! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu'ils avaient raison.
C'est-à-dire que moi qui n'avais pas tort, je n'avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu'ils avaient tort!
J'ai raison, non? Puisqu'ils avaient tort! Et sans raison, encore!
Là, j'insiste, parce que ... moi aussi, il arrive que j'aie tort.
Mais quand j'ai tort, j'ai mes raisons, que je ne donne pas.
Ce serait reconnaître mes torts!!!
J'ai raison, non? Remarquez... il m'arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison aussi.
Mais, là encore, c'est un tort. C'est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort.
Il n'y a pas de raison!
En résumé, je crois qu'on a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort!

~ Raymond Devos

En dehors des entreprises carcérales, existe-t-il une science du confinement et du déconfinement? Non. Mais, comme dit le premier-ministre François Legault «on s’inspire de ce qui se fait ailleurs dans le monde»...

Un appel de Vincent Lindon : «Comment ce pays si riche...»
Par Fabrice Arfi | Mediapart 6 mai 2020

Le comédien a confié à Mediapart une longue réflexion, lue face caméra chez lui, sur ce que la pandémie révèle du pays qui est le nôtre, la France, sixième puissance mondiale empêtrée dans le dénuement (sanitaire), puis le mensonge (gouvernemental) et désormais la colère (citoyenne). Un texte puissamment politique, avec un objectif : ne pas en rester là.
   Pour le commun des Français, le confinement est la règle, chômage technique pour les uns, télétravail pour les autres. Tous les Français? Non. Pour les caissières, les livreurs, les éboueurs, les policiers ou les pompiers, l’activité doit se poursuivre, quels que soient les périls. Eux qui formaient le gros des bataillons en gilet jaune, naguère vilipendés, sont désormais officiellement essentiels. Exit les premiers de cordée, place aux premiers de corvée.
   Pour écrire son texte, Vincent Lindon s’est fait un peu journaliste – il a interrogé des spécialistes de médecine ou d’économie avant de prendre la plume. Il est aussi un peu politique – il ne fait pas que s’indigner, il propose.


Extrait de la transcription jointe à l’article :

Au-delà de la santé, c’est l’ensemble du secteur public qui subit depuis des décennies les coups de boutoir des présidents qui se succèdent avec toujours la même obsession : réduire la place de l’État dans l’économie. La recette est simple : privations pour ce qui coûte (l’éducation, la justice, la police, l’armée, la santé...) et privatisations pour ce qui rapporte. [...] ...des offrandes pour ceux qui n’ont besoin de rien, des sacrifices pour ceux qui ont besoin de tout?

...Ignorés, méprisés et matraqués quelques semaines plus tôt, les soignants sont désormais portés aux nues.

Le 23 avril, dans une adresse solennelle à la nation, le président Macron annonce enfin le déconfinement pour le 11 mai. Pourquoi le 11 plutôt que le 5? Pourquoi mai plutôt que juin? Parce que.
   Deux semaines plus tard, le premier ministre en dévoile les conditions. Acte 1 : réouverture des crèches et des écoles primaires. Curieux puisqu’elles avaient été les premières à être fermées, avant même le début du confinement, au motif qu’elles étaient un lieu hautement favorable à la propagation du virus... Évidemment économique – il s’agit bien sûr de libérer les parents de l’obligation de garder leurs jeunes enfants, pour leur permettre de reprendre le travail –, la véritable raison de ce choix sera passée sous silence, voire niée, alors même qu’elle est audible : vouloir éviter l’effondrement total de l’activité et son cortège de drames est après tout une motivation hautement respectable.
   Empêtré dans ses mensonges et ses omissions, le pourvoir tergiverse. Très vite, le discours s’infléchit : l’obligation de retourner en classe ne s’appliquera pas systématiquement. Les maires, les préfets pourront décider, ou non, de s’y conformer.
   Mieux, les parents seront libres de garder leurs enfants à la maison. Dans les milieux favorisés, on n’hésitera guère. Mais dans les milieux plus modestes, le dilemme est cornélien. Alors que le chômage enfle, dois-je exposer mon enfant au risque de tomber malade, ou accepter l’éventualité de perdre mon emploi? Et si les parents sont d’avis contraires, le couple pourra-t-il résister, notamment si les choses tournent mal? Questions sans réponses...

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Qu’attendent nos gouvernements (fédéral et provinciaux) pour récupérer les dus de l’évasion fiscale? Cela pourrait résoudre le problème de rémunération à rabais dans le système de santé – bien sûr je ne parle pas des médecins...

9 mai 2020

Québec suicidaire

Pourquoi envoyons-nous les enfants au front dans les écoles alors que l’année scolaire tire à sa fin? Le prétexte pour ouvrir les garderies est que les travailleurs doivent reprendre le boulot, c’est une question de sécurité économique.
   On comprend que cette pandémie est sans précédent et que la CAQ se contredise et modifie ses consignes, mais là, on joue à la roulette russe. À ma connaissance, aucune autre province n’ouvrira ses établissements scolaires avant l’automne.

Guillaume Lepage, Le Devoir 7 mai 2020 – Une garderie de Mascouche est devenue le premier foyer d’éclosion connu dans un service de garde du Québec. Des employés et près de la moitié des enfants de l’établissement – aujourd’hui fermé – ont contracté le virus.
   Le directeur de la santé publique de Lanaudière, le Dr Richard Lessard, en a fait l’annonce mercredi lors d’un point de presse virtuel. Cette situation inédite sera «investigué à fond» afin d’en tirer les «leçons» qui s’imposent, a-t-il promis. Car selon lui, «il faut s’attendre à d’autres éclosions dans d’autres garderies».

Photo iStock

Au total, 12 enfants sur 27 ont contracté la COVID-19 dans ce service de garde d’urgence réservé aux travailleurs essentiels. Quatre membres du personnel ont aussi été infectés.


Patrick Lagacé, La Presse 7 mai 2020 – Le Québec est l’endroit le plus touché par le coronavirus au Canada… Et c’est en même temps l’endroit le plus pressé de commencer le déconfinement.
   Notre empressement à déconfiner est sans égal au Canada. Ailleurs au pays, cet empressement est vu comme une sorte de «folie».
   Les experts de l’Institut national de santé publique (INSPQ) ont publié une critique à peine voilée des motivations présentées par l’État pour justifier le déconfinement des enfants, la semaine passée, ce qui peut légitimement soulever la question de la véritable place de la science dans la prise des décisions de déconfinement...
   Des chercheurs dénoncent l’opacité du gouvernement du Québec face aux données qui guident ses décisions, ce qui pose la question de la qualité des données qui guident les décisions du gouvernement.


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Les gens qui se questionnent sont aussitôt accusés de donner dans les théories complotistes. Absurde. Les humains complotent depuis l’aube des temps, du bas au top de la pyramide inclusivement. La Covid-19 fait-elle partie d’une forme de bioterrorisme? Ce ne serait pas la première fois qu’on verrait ça.

«Il n’y a pas de complot d’extraterrestres ou autres, il y a seulement des gens qui ont des intérêts et qui s’en occupent.» ~ Jean-Jacques Pelletier (romans d’espionnage et de fiction-politique)  

Caricature : Serge Chapleau, La Presse 18.04.2020

Le laboratoire P4 chinois (Institut de virologie de Wuhan), pointé du doigt par des médias américains comme possible source du nouveau coronavirus, a catégoriquement démenti toute responsabilité dans la pandémie de la COVID-19, malgré les doutes émis par des pays occidentaux et de nouvelles menaces du président Donald Trump contre Pékin.
   Selon la plupart des scientifiques, le nouveau coronavirus a probablement été transmis à l’homme par un animal. Un marché de Wuhan a été incriminé car il aurait vendu des animaux sauvages vivants.  Mais la présence à quelques kilomètres de là de cet Institut de virologie alimente les spéculations sur une fuite depuis ces installations sensibles. (Agence France-Presse, avril 2020)

Voilà ce qui est réellement arrivé à Wuhan :


De fausses informations au sujet de la 5G et du coronavirus, partagées des centaines de milliers de fois sur les réseaux sociaux, avancent que les nouvelles installations 5G ont créé le virus. Une série d’incendies criminels sont survenu alors que ces théories du complot associent la cinquième génération (5G) du réseau de communications mobiles à l'éclatement de la pandémie de COVID-19 dans le monde. Il semble toutefois que la plupart des tours visées depuis une semaine au Québec ne comportent pas la technologie 5G. La 5G est une norme technologique que les entreprises de téléphonie cellulaire déploient progressivement partout dans le monde. (Radio-Canada Info, 7 mai 2020)
   Selon CIME-FM, la municipalité de Prévost, une ville des Laurentides où une tour cellulaire a brûlé cette semaine, s’apprête à adopter une résolution demandant à Ottawa un moratoire sur l’implantation de la technologie 5G. La résolution demande à Ottawa de suspendre le déploiement de la technologie tant qu’il n’aura pas davantage informé la population «et obtenu l’acceptabilité sociale», évalué l’impact sur la demande d’énergie et instauré avec les municipalités un programme de partage des redevances liées au spectre de radiofréquences.

Blâmer la technologie 5G pour la propagation du coronavirus est vraiment ridicule. Par contre, son pouvoir d’intrusion et d’espionnage numérique est réel et illimité; sa consommation d’énergie et ses émissions de GES sont colossales.

Huawei : un espion venu de Chine
Manuel Vicuña  | ARTE 21; octobre 2014

Huawei, le géant chinois des télécommunications et promoteur de la G5, s’est lancé à la conquête de l'Europe.
   C'est un mastodonte reste encore méconnu du grand public. Huawei n'est pas une entreprise comme les autres. Son fondateur a longtemps travaillé dans le renseignement militaire pour le compte de l'armée chinoise. Et si elle tisse sa toile partout en Europe, de l'Allemagne à la Suède, son image reste entachée de graves soupçons de cyber-espionnage industriel. Le risque majeur : le siphonage des données économiques des pays dans lesquels elle vend ses routeurs, des appareils par lesquels transitent l'ensemble de nos données informatiques.
   Huawei, un espion à la solde de Pékin? C'est ce que dénonçait récemment l'ex-patron de la CIA, Michael Hayden. Déjà, en 2012, le congrès américain avait demandé que le groupe soit exclu des contrats publics. Depuis, l'Australie a déclaré Huawei persona non grata sur son territoire. Quant à l'Angleterre, qui accueille un centre d'évaluation de sécurité de Huawei sur son sol, elle a décidé de redoubler de vigilance.

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Big Data : faut-il avoir peur de son nombre?
Pierre Henrichon, Écosociété, Montréal, 2020

«Big Data»: la bataille cachée pour contrôler notre monde

Le premier essai de Pierre Henrichon scrute la mathématisation effrénée du monde. Le Big Data, qui réduit nos vies en informations monnayables et en outils de surveillance, l’automatisation du travail ainsi que l’économie de la donnée unissent leurs forces opaques, soutient le président fondateur d’Attac-Québec. Cela au mépris du politique rendu impuissant, de l’intérêt général et des droits sociaux.
   Résultat? La déferlante numérique néolibérale menace nos sociétés de dissolution. Cela provoque «l’amenuisement, voire la suppression, de l’espace politique, l’érosion de la pertinence économique et sociale du travail humain et la destruction de la société comme lieu de mutualisation des activités, des projets et des risques».
   Analyse de l’évolution des conditions contractuelles de Facebook au fil du temps, modèle d’affaires d’Uber, percées des robots industriels, gestion des attentes et des résultats en santé et en éducation, palmarès à tout vent : Henrichon montre combien les chiffres donnent des ordres au nom de la transparence, de l’efficacité et de la compétitivité.

Citations du jour 

Aldous Huxley :

Sans la sécurité économique, l’amour de la servitude n’a aucune possibilité de naître.

Grâce au contrôle des pensées, à la terreur constamment martelée pour maintenir l’individu dans un état de soumission voulu, nous sommes aujourd’hui entrés dans la plus parfaite dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s'évader, dont ils ne songeraient même pas à renverser les tyrans. Un système d'esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l'amour de leur servitude.

Un état totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs aurait la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude. La leur faire aimer – telle est la tâche assignée dans les Etats totalitaires d'aujourd'hui aux ministères de la propagande, aux rédacteurs en chef des journaux et aux maîtres d'école.

Nous conditionnons les masses à détester la campagne (activité non rentable), dit le Directeur pour conclure, mais simultanément nous les conditionnons à raffoler de tous les sports de plein air. En même temps, nous faisons le nécessaire pour que tous les sports de plein air entraînent l'emploi d'appareils compliqués. De sorte qu'on consomme des articles manufacturés, aussi bien que du transport.

3 mai 2020

Pistage des covidés-19 et dette

Ce que j’aime du confinement, c’est le SILENCE. La réduction de la stressante pollution sonore – vacarme de construction, de circulation, d’autoroutes bondées, de pétarades de motos, de concerts de klaxons; et olfactive – smog, gaz et autres. On peut enfin entendre les oiseaux, c’est formidable. Je ne veux pas que ça redevienne comme avant. Quelle planète bruyante!

Samedi, il faisait très beau. Alors beaucoup de «confiné.e.s» ont envahi les espaces verts pour prendre l’air. La Ville de Montréal ferme donc les stationnements de certains grands parcs pour favoriser le maintien de la distanciation physique. Ainsi, les stationnements des parcs La Fontaine, Maisonneuve, Jarry, Frédéric-Back et du parc-nature de l'Île-de-la-Visitation, seront fermés à compter de dimanche. Dans un communiqué publié samedi soir, les autorités expliquent avoir pris cette décision, car, même si les Montréalais respectent les consignes de façon générale, «en ce samedi ensoleillé, certains parcs de la métropole ont été largement fréquentés».

«Oui, j’aimerais dénoncer des gens qui ne vivent pas dans la peur.»

LA STASI DE LA COVID-19

La pandémie est un excellent prétexte pour instaurer un contrôle de masse plus intrusif, à l’aide d’applications de traçage numérique des infectés ou de bracelets (tels que ceux des prisonniers); on n’est pas loin de la micropuce obligatoire implantée dans le corps.
   La pandémie accélère le processus :
– Contrôle / isolement / mise en quarantaine des populations  
– Effondrement de l'économie et des marchés boursiers
– Société sans argent liquide – Selon des tests scientifiques, l’argent comptant ne comporte pas plus de risque de contamination que d’autres objets de ‘paiement sans contact’ comme les terminaux de cartes de crédit, les claviers à NIP et même les téléphones. L’éventuelle disparition des paiements en espèces entraînerait de très nombreuses difficultés, en particulier pour les personnes qui ne possèdent pas de téléphone intelligent ou de connexion Internet, encore très nombreuses. L’on craint aussi que si l’argent comptant disparaît, les autorités puissent retracer plus facilement les faits et gestes de la population pour mieux la contrôler – le développement incroyable des applications de paiement électronique en Chine au cours des cinq dernières années l’a démontré. (La Presse)
– Déploiement de la 5G
– Surveillance numérique universelle  
– Vaccination forcée

Photo : Un chirurgien insère un implant sous-cutané à un scientifique Britannique, le Dr Mark Gasson, dans sa main gauche avec une puce RFID (16 mars 2009)

– Micropuçage ID2020 – L’Alliance ID2020, comme on l’appelle, en collaboration avec l’«Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination», espère surveiller chaque être humain vivant sur Terre. Il s'agit d'une alliance de partenaires public-privé, dont des agences des Nations unies et la société civile. Ce programme d'identification électronique utilise la vaccination généralisée comme plateforme pour l'identité numérique. La micropuce à destination humaine est un circuit intégré ou un transpondeur RFID encapsulé dans un tube de verre de silicate et implanté dans le corps d'un être humain. L’implant sous-cutané contient généralement un numéro d'identification unique qui peut être lié à l'information contenue dans une base de données externe, telles que l'identification personnelle, les antécédents médicaux, les médicaments, les allergies et les informations de contact. Bien que les terrains d’essai du programme ID2020 se trouvent principalement dans le Tiers-Monde, le groupe travaille aussi avec des états américains pour commencer à vacciner les gens par micropuce. À Austin, au Texas, par exemple, la population des sans-abri est maintenant exploitée comme cobaye collectif pour le programme de vaccination par micropuce d’ID2020, qui, selon le groupe, aidera à «autonomiser» les sans-abri en leur donnant soi-disant un «contrôle» sur leurs données personnelles. ID2020, et plusieurs autres partenaires collaborent avec les sans-abri et les prestataires de services qui s’engagent avec eux à développer une plate-forme d’identité numérique basée sur une Blockchain appelée MyPass pour permettre aux sans-abri de disposer de leurs propres données d’identité.» (Chris Burt pour BiometricUpdate.com) Cette alliance veut que tous les humains soient «vaccinés» avec des puces de pistage numériques qui créeront un système de surveillance transparent permettant de gérer les populations du monde avec facilité. Tout cela prépare le public à un éventuel mandat de vaccination par micropuce, qui sera nécessaire pour chaque individu afin d’acheter et de vendre des biens. Les systèmes d’identité numérique seront nécessaires pour l’accès des individus aux services et aux moyens de subsistance.

Surveillés et dociles?
Alexandre Klein
Le Devoir / Idées / 2 mai 2020

C’est au tour de Justin Trudeau de se laisser séduire par les sirènes des applications de pistage. Mercredi dernier, le premier ministre affirmait que le gouvernement fédéral était en discussion avec plusieurs entreprises en vue de produire des applications de localisation des personnes ayant été en contact avec un ou une malade. Avec le déconfinement qui se profile, les dispositifs de prise en charge de la pandémie tendent à se diversifier. Aux mesures classiques de quarantaine succède la mise en place de dispositifs de contrôle inédits, qu’on aurait aisément pu qualifier de dystopiques il y a encore quelques semaines.
   Après les drones équipés de haut-parleurs qu’on a vu rappeler des citoyens récalcitrants à l’ordre en Chine puis à Paris, ce sont maintenant des dispositifs de pistage qui fleurissent un peu partout à travers le monde. En France, l’application Stop-Covid est ainsi mise en avant par le gouvernement comme un outil nécessaire au déconfinement, tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, les compagnies rivales Apple et Google sont associées pour produire une application pour remonter la chaîne de transmission. À Toulouse, une entreprise propose même des bracelets électroniques pour suivre les malades du coronavirus. Nous sommes entrés, sans trop nous en rendre compte, dans une ère nouvelle, annonciatrice de ce que risque d’être le monde de demain.
   Car, si partout on nous assure que ces mesures seront temporaires, l’Histoire tend à nous rendre sceptiques. En effet, les décisions prises en temps de crise sont (trop) souvent devenues les fondements du monde d’après. Ce fut le cas, par exemple, des mesures exceptionnelles adoptées aux États-Unis après le 11 septembre 2001 (le Patriot Act), ou en France dans la foulée des attentats de 2015 (l’état d’urgence), qui se sont inscrites durablement dans le droit et les usages communs de ces deux pays. Mais plus essentiellement encore, il faut se rappeler que c’est sur le modèle de la gestion de la peste que s’est établi, au cours de l’époque moderne, le mode d’organisation du pouvoir qui qualifie nos sociétés occidentales.
[...]  

Caricature : Serge Chapleau, La Presse 01.05.2020
La clôture et le quadrillage du territoire, l’identification et la surveillance constante des individus, appelés à être «dociles» comme le rappelait récemment la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, assuraient le contrôle des villes lors des pestes. 

...Les décisions que nous prenons actuellement sont loin d’être anecdotiques ou simplement temporaires. Elles participent au contraire de la construction du monde de demain. Et c’est pour cela que nous nous devons d’être prudents. [...] Ainsi, plutôt que d’opter, dans l’urgence, pour des solutions technologiques soi-disant efficientes en matière de contrôle épidémiologique, mais certainement très coûteuses en matière de libertés publiques, prenons le temps et le soin de considérer le devenir démocratique de nos sociétés, car c’est aussi cela qui se joue dans nos choix actuels de gestion de la pandémie.


Ottawa jongle avec l'idée d'une application pour tracer les cas de COVID-19

Ottawa discute avec une douzaine d'entreprises de la possibilité d’utiliser votre téléphone cellulaire pour vous suivre à la trace, a appris Radio-Canada. Une question de santé publique qui soulève des questions sur la protection de la vie privée.
   Avec qui êtes-vous entré en contact aujourd’hui? Avez-vous contracté le nouveau coronavirus? L’avez-vous refilé à quelqu’un sans le savoir? À l’ère du déconfinement, obtenir ces réponses rapidement peut faire toute la différence.
   La solution se trouve peut-être dans votre téléphone cellulaire. Grâce aux données GPS ou Bluetooth, la santé publique peut retracer la chaîne de contamination. De nombreux pays le font déjà, comme la Corée du Sud, Singapour et l’Australie.
   Les autorités de santé publique canadiennes trouvent l’outil «intéressant», pour obtenir «les meilleurs moyens de trouver absolument tous les cas, tous les contacts et de faire un bon suivi», indique le docteur Howard Njoo, sous-administrateur en chef de la santé publique du Canada.


Margaret Atwood disait à propos de la surveillance des citoyens :

«Quand les temps sont durs, les gens troquent volontiers leur liberté si quelqu’un leur dit : ‘Je suis un puissant leader et je vais m’occuper de vous’. Si vous vouliez transformer une démocratie en régime totalitaire, vous présenteriez la chose de façon détournée : ‘En vue de préserver votre liberté, vous devrez sans doute la sacrifier pour le moment. Pour préserver la liberté, nous devons la démolir.’»
   Atwood mentionnait avoir ébauché son roman La servante écarlate (The Handmaid’s Tale) en 1984, alors qu’elle vivait à Berlin Ouest, toujours séparée par le mur. «L’empire soviétique était bien installé et ne devait pas s’effondrer avant cinq ans. Chaque dimanche, les Forces de l’air de l’Allemagne de l’Est diffusaient des booms soniques pour nous signaler leur proximité. Durant mes visites dans différents pays du Rideau de fer – Tchécoslovaquie, Allemagne de l’Est – j’ai vécu la défiance, le sentiment d’être toujours épiée, les silences, les changements de sujet, les façons biaisées de transmettre l’information, et cela a eu une influence sur ce que j’étais en train d’écrire. De même que la réaffectation des édifices : ‘cela appartenait à ..., mais ils ont disparu’. J’ai entendu ce genre d’histoires plusieurs fois.»

En quoi consistait la Stasi?
Wikipédia

Le ministère de la Sécurité d’État (Ministerium für Staatssicherheit, MfS), dit la Stasi (abréviation de Staatssicherheit), était le service de police politique, de renseignements, d'espionnage et de contre-espionnage de la République démocratique allemande (RDA) créé le 8 février 1950. Sous tutelle du gouvernement de la RDA, la Stasi était désignée comme «le bouclier et le glaive du parti» (Schild und Schwert der Partei) par la propagande du régime.
   Au moment de sa dissolution, elle comptait environ 91 000 agents officiels et 175 000 informateurs, soit 1 % de la population est-allemande. La Stasi comportait donc 266 000 agents et constituait une surveillance très présente et très efficace mais certains services et certains employés étaient chargés de tâches sans rapport avec la surveillance comme au Département des finances ou au Département armements et services chimiques, ou assuraient d’autres types de fonctions régaliennes que l’espionnage de la population comme le contrôle des passeports et des frontières par le Département principal VI, la répression des fugitifs ayant été coordonnée par un service distinct (le ZKG). Les archives de la Stasi contiennent le fichage de plusieurs millions de personnes, en premier lieu des citoyens de la République démocratique allemande, mais aussi de la République fédérale d'Allemagne et d'autres États étrangers.

«Que lisons-nous dans un dossier personnel de la Stasi?»
Cairn Info   

Quiconque a vécu en RDA savait que la Stasi travaillait avec des espions et connaissait ses méthodes de surveillance comme le contrôle postal, l’écoute des communications téléphoniques, la mise en place de micros dans les locaux, la vidéosurveillance ou encore la filature. En revanche, avant l’ouverture des dossiers personnels, on ne pouvait que spéculer sur l’ampleur et la méticulosité de cette surveillance ; les avis sur la question étaient d’ailleurs très partagés.
   Les protocoles d’écoute sont des transcriptions de bandes magnétiques enregistrées lors de la mise sur écoute de certaines salles ou de certains téléphones ou, encore, lors de vidéosurveillances. Ils demeurent difficiles à lire, notamment parce que le locuteur n’est pas toujours identifié et que certains passages restent incompréhensibles. Le contenu en est généralement politiquement insignifiant. En revanche, ces comptes rendus livrent des renseignements sur les différents de nature privée ayant pu exister entre les personnes surveillées, sur leur état d’esprit et leurs problèmes quotidiens. En fait, les dossiers ne contiennent pas uniquement des éléments relatifs aux discussions entre les personnes placées au cœur de la procédure de surveillance, c’est-à-dire, dans le cas présent, mon ancien mari et moi-même, ni même uniquement des indications sur ce qui se passait dans notre appartement. Ils recèlent aussi des informations sur d’autres personnes, recueillies également en d’autres lieux, mais en rapport avec nous. J’y ai notamment retrouvé la transcription d’une discussion nocturne entre un homme et une femme à propos de l’état de notre couple, et j’ai alors pu lire ce que nos amis avaient dit de nous en notre absence.

Procès verbal d’observation
Deuxième type de documents contenus dans les dossiers personnels, les protocoles d’observation livrent, sur des pages entières, des informations du genre :
   «Cercle II a quitté son immeuble à 8 heures 15 munie du sac à course déjà identifié, elle est entrée à 8 heures 22 dans la boulangerie à l’angle de la rue Dimitroff, elle en est ressortie avec un sac plein à 8 heures 29. Le contenu de celui-ci n’a pas pu être identifié...»
   Ces comptes rendus consignent toutefois toutes les personnes saluées, dans la rue, ou tout simplement ayant échangé un mot avec «Cercle II». Celles-ci étaient ensuite généralement soumises à un contrôle d’identité. La seule chose intéressante dans ces dossiers pour la personne surveillée, c’est d’apprendre à quelle fréquence et à quelles occasions elle a été observée et, plus encore, de découvrir à quels moments elle a effectivement réussi à tromper ses observateurs. Beaucoup d’opposants avaient en effet l’habitude des filatures. Il existait plusieurs «trucs» pour savoir si l’on était l’objet ou non d’une filature, et différentes méthodes pour tenter d’y échapper – lorsque cela s’avérait important. Il était possible notamment de passer par les arrière-cours berlinoises et de ressortir dans une autre rue. Toutefois, ces ruses ne réussissaient pas toujours.

LA DETTE

La question qui hante le petit hamster cérébral des Canadiens :
Pourquoi l’aide massive de l’État, d'où vient l'argent et qui payera la facture?

Le point de vue plutôt optimiste d’un économiste :

Par contre, notre dette envers la terre dépasse notre capacité de rembourser.


Inspiré de l’ouvrage à succès de Margaret Atwood Comptes et légendes (la dette et la face cachée de la richesse), le documentaire La dette de Jennifer Baichwal présente la dette sous une perspective fascinante en la décrivant comme une construction de l’imaginaire, et observe son influence sur les relations, les sociétés, les structures dirigeantes et le sort de la planète.

Réalisé par Jennifer Baichwal - 2011 | 85 min
Anglais / sous-titrage français
Production : Office National du Film du Canada (ONF)

Citations

Margaret Atwood :

Selon la théorie économique appelée «effet de diffusion» : il est bon que les riches s’enrichissent dans la mesure où une partie de leur richesse «tombera» goutte à goutte jusqu’à ceux qui occupent les échelons inférieurs de l’économie. Notons que la métaphore veut qu’il s’agisse non pas d’un déluge, mais d’un robinet qui fuit.
   Que se passe-t-il lorsqu’on ne s’acquitte pas de ses dettes, qu’on n’est pas capable ou qu’on s’y refuse? Que se passe-t-il? Et cette question en soulève une autre : que se passe-t-il lorsque les dettes sont, de par leur nature même, du genre qu’on ne peut pas rembourser avec de l’argent?
   J’ouvre une parenthèse pour réfléchir au mot «vengeance» qui, d’après le dictionnaire Oxford, vient du latin revindicare. Et revindicare est dérivé de vindicare, c’est-à-dire revendiquer, défendre, délivrer et rendre la liberté (à un esclave, par exemple). Ainsi, se venger de quelqu’un, c’est s’affranchir de nouveau. Jusque là, en effet, vous n’êtes pas libre. C’est que vous êtes l’esclave de votre haine obsessionnelle de l’autre, de votre propre désir de vengeance. Le compte à régler est d’ordre psychique, et le genre de dette qu’on ne peut rembourser avec de l’argent est aussi d’ordre psychique. C’est une blessure de l’âme.

Raj Patel :

Où aboutissent les tomates qui viennent d’Immokalee [Floride]? Elles sont partout, de Walmart à McDonald. Elles semblent peu chères dans les supermarchés ou dans les hamburgers. Donc on ne se rend pas compte qu’on est redevables aux ouvriers qui sont payés moins que le salaire minimum et travaillent dans des conditions dégradantes et inhumaines [des conditions extrêmes d’esclavage], parce que cette dette ne s’inscrit jamais dans nos consciences. Comme consommateurs, nous sommes encouragés à ne jamais penser aux procédés de production des biens et services que nous consommons.
   Le système qui a provoqué tout cela, qui nous a promis la prospérité, c’est l’économie de marché (free market). Mais la liberté, dans l’économie de marché, n’est pas pour tous. C’est la liberté de ceux qui ont de l’argent. Dans une économie de marché, vous n’avez que la liberté que votre argent vous procure, et le pouvoir qu’à son tour il vous confère. Si vous êtes pauvre, la liberté n’est pas une chose à votre portée. Donc les agents les plus libres sont les grandes sociétés et les super-riches, le reste d’entre nous, nous vivons avec les conséquences environnementales et sociales de leurs actes.
   Un autre mot pour dette : compensation.

Photo : Jae C. Hong 

Casi Callaway (Mobile Baykeeper Team)

La dette colossale engendrée par l’explosion de la plateforme de BP Oil dans le golfe du Mexique n’est ni remboursable ni compensable. Il faudra encore des décennies avant que golfe ne commence réellement à se remettre de cette catastrophe. Le montant «compensatoire» versé par BP était ridicule. 
   Premièrement, ils auraient dû retirer le pétrole : utiliser les bateaux disponibles pour siphonner tout le pétrole qu’ils trouvaient dans le golfe. Deuxièmement, il aurait fallu faire brûler ce pétrole. Et troisièmement, peu importe ce qu’ils tentaient de faire, il n’aurait pas fallu les laisser utiliser des dispersants chimiques – c’est mauvais, c’est toxique, c’est poison, et c’était la pire chose qu’ils pouvaient faire. Et ils l’ont fait, pas seulement en surface mais jusqu’au fonds.

William Rees :

Les humains sont devenus une race dévoyée. On partage avec d’autres espèces deux caractéristiques écologiques importantes. La première est la tendance à remplir entièrement tout habitat accessible. La deuxième est la tendance à utiliser toutes les ressources disponibles. Mais on est la seule à avoir enlevé le couvercle de la marmite pour nous permettre de croître indéfiniment.
   Presque tous les pays vivent dans un état qu’on appelle de «déficit écologique». Ils dépassent leur capacité domestique, leur biocapacité. Donc, chaque année, comme ils sont dans cet état de dépassement, leur déficit augmente et s’ajoute à la dette écologique, que l’on pourrait comparer à la partie de l’écosphère qui a été appauvrie suite à la surexploitation humaine.
   La simple réalité est que la plupart des pays riches sont ceux qui contribuent le plus au déficit écologique annuel et à la dette écologique croissante qu’on les humains envers la planète. Et franchement, on n’a plus d’autre choix que de reculer.