31 mai 2010

Need to laugh

We need to laugh, don't we?

L'envers du clonage :
"Mon Dieu! Ai-je vraiment l'air de ça?
J'ai l'air tellement gros vu de dos!
Cesse de traîner les pieds et tiens-toi droit!"
Bizarro - Dan Piraro
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Jim Unger




30 mai 2010

Bizarre

Étrange coïncidence, en effet, que de buter sur ce poème de Boris Vian ce matin. Comme l’histoire se répète! On dirait un vieux vinyle rayé.


Kroll, dessinateur de presse. Source: TV5 Monde














 
 
La Java des bombes atomiques

Mon oncle un fameux bricoleur
Faisait en amateur des bombes atomiques
Sans avoir jamais rien appris
C’était un vrai génie question travaux pratiques
Il s’enfermait toute la journée
Au fond de son atelier pour faire ses expériences
Et le soir il rentrait chez nous
Et nous mettait en transes
En nous racontant tout :
“Pour fabriquer une bombe “A”
Mes enfants croyez-moi
C’est vraiment de la tarte
La question du détonateur
Se résout en un quart d’heure
C’est de celles qu’on écarte
En ce qui concerne la bombe “H’
C’est pas beaucoup plus vache
Mais une chose me tourmente
C’est que celles de ma fabrication
N’ont qu’un rayon d’action
De trois mètres cinquante
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement!”
Il a bossé pendant des jours
Tachant avec amour d’améliorer le modèle
Quand il déjeunait avec nous
Il dévorait d’un coup sa soupe aux vermicelles
On voyait à son air féroce
Qu’il tombait sur un os
Mais on n’osait rien dire
Et puis un soir pendant le repas
Voilà Tonton qui soupire et qui s’écrie comme ça:
“À mesure que je deviens vieux
Je m’en aperçois mieux
J’ai le cerveau qui flanche.
Soyons sérieux, disons le mot
C’est même plus un cerveau
C’est comme de la sauce blanche
Voilà des mois et des années
Que j’essaie d’augmenter
La portée de ma bombe
Et je ne me suis pas rendu compte
Que la seule chose qui compte
C’est l’endroit où elle tombe
Il y a quelque chose qui cloche là-dedans
J’y retourne immédiatement
Sachant proche le résultat
Tous les grands chefs d’état
Lui ont rendu visite
Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna
Était aussi petite
Mais sitôt qu’ils sont tous entrés
Il les a enfermés en disant “soyez sages”
Et quand la bombe a explosé
De tous ces personnages il n’est plus rien resté
Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas
Et joua les andouilles
Au tribunal on l’a traîné et devant les jurés
Le voilà qui bafouille:
“Messieurs c’est un hasard affreux
Mais je jure devant Dieu
Qu’en mon âme et conscience
En détruisant tous ces tordus
Je suis bien convaincu
D’avoir servi la France”
On était dans l’embarras
Alors on le condamna et puis on l’amnistia
Et le pays reconnaissant l’élut immédiatement
Chef du gouvernement.

Boris Vian, 1920-1959

28 mai 2010

Bénis soient-ils!

Photo : http://zootherapie.asso.fr/?page_id=157
Oui, bénis soient-ils nos meilleurs amis... qui pourraient avoir un tout autre agenda que de se faire dominer, enchaîner et bouffer.

Un groupe tout à l’heure était là sur la grève,
Regardant quelque chose à terre. - Un chien qui crève!
M’ont crié des enfants; voilà tout ce que c’est. -
Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait.
L’océan lui jetait l’écume de ses lames.
- Voilà trois jours qu’il est ainsi, disaient des femmes,
On a beau lui parler, il n’ouvre pas les yeux.
- Son maître est un marin absent, disait un vieux.
Un pilote, passant la tête à sa fenêtre,
A repris : - Ce chien meurt de ne plus voir son maître.
Justement le bateau vient d’entrer dans le port;
Le maître va venir, mais le chien sera mort. -
Je me suis arrêté près de la triste bête,
Qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête,
Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé.
Comme le soir tombait, le maître est arrivé,
Vieux lui-même; et, hâtant son pas que l’âge casse,
A murmuré le nom de son chien à voix basse.
Alors, rouvrant ses yeux pleins d’ombre, exténué,
Le chien a regardé son maître, a remué
Une dernière fois sa pauvre vieille queue,
Puis est mort. C’était l’heure où, sous la voûte bleue,
Comme un flambeau qui sort d’un gouffre, Vénus luit;
Et j’ai dit : D’où vient l’astre? Où va le chien? Ô nuit! 

Victor Hugo

Nos dogmes




Je croyais naïvement qu’on avait fini d’ergoter sur l’homosexualité, l’avortement, le voilement et autres. Mais non…

Le contrôle politico-religieux, un suaire de croyances/doctrines/dogmes de conception humaine, ne serait-il pas le dénominateur commun à ces débats récurrents?
Une croyance est l’œuvre de notre esprit. Elle est humaine et nous la croyons Dieu. (Fustel de Coulanges) – Historien français, 1830-1889, auteur de La Cité antique. Fustel y met en lumière les rapports entre la propriété et les institutions politico-religieuses. Selon lui, les anciens ne connaissaient ni la liberté de la vie privée, ni la liberté de l’éducation, ni la liberté religieuse. La personne humaine comptait pour bien peu de chose vis-à-vis des autorités presque divines de l’Église et de l’État.
 En va-t-il autrement aujourd’hui ?

Quelques définitions utiles...

Religion : reconnaissance par l’homme d’un pouvoir ou d’un principe supérieur de qui dépend sa destinée et à qui obéissance et respect sont dus; attitude morale qui résulte de cette croyance, en conformité avec un modèle social, et qui peut constituer une règle de vie – incluant des rituels et, pour certains adeptes, des codes vestimentaires spécifiques

Politique : relatif à l’organisation et à l’exercice du pouvoir dans une société organisée, au gouvernement de l’État

Croyance : une croyance est une chose qui nous tient à cœur parce que nous pensons qu’elle est vraie; les croyances sont généralement acquises par lavage de cerveau parental*, socioculturel, politique, religieux, médiatique, et souvent inconsciente

Doctrine : ensemble de notions qu’on affirme être vraies et par lesquelles on prétend fournir une interprétation des faits, orienter ou diriger l’action

Dogme : point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable – dans une religion, une école philosophique, etc.

* La quantité d’impressions qui s’accumulent en nous est imposante. Les psychologues spécialistes du comportement ont estimé que les signaux verbaux acquis grâce à nos parents dans notre tendre enfance, qui continuent à défiler dans nos têtes comme des bandes magnétiques usagées, correspondent à eux seuls à plus de 25 000 heures de pur conditionnement. (Dr Deepak Chopra)

***
Une allégorie de Steve Bhaerman au sujet des DOGmes qu’il compare à des chiens fidèles. Extrait de : “Duck Soup for the Soul, Watch out for those dogmas!” – traduction/adaptation maison.

Attention aux dogmes!
"J'ai eu mon blog pendant un bout de temps, mais j'ai décidé de revenir au jappement continuel et inutile."
-- Gregory

Les humains ont entretenu des dogmes depuis l’aube des temps. C'est compréhensible. Comme il est réconfortant de se blottir contre dogme douillet et velu par une nuit d’angoisse. Ou de l'emmener au parc pour le regarder chasser d'autres dogmes et japper après des étrangers. Certains amoureux des dogmes les adoptent pour leur protection. N’est-il pas rassurant d’avoir un dogme de garde qui fait décamper nos horribles peurs? N’est-il pas fantastique d'avoir un dogme fidèle qui nous attend à la maison après une dure journée de travail?

De nos jours on en trouve une grande variété. Certains propriétaires aiment les gros dogmes stupides. D'autres préfèrent les petits dogmes grinçants et irritants - bien quoi, il faut que quelqu'un s’occupe des mal aimés, des défavorisés!

Oui, le dogme est vraiment le meilleur ami de l'homme.


Certains pourraient se dire : «Pourquoi ne pas laisser les dogmes dormir tranquilles…» Mais, avez-vous pensé aux dogmes qui aboient à toute heure du jour et de la nuit? Ou aux dogmes qui courent partout et festoient dans nos bacs à ordures? Pire encore, que faire des dogmes fanatiques qui mordent? Je sais, je sais. Vous vous dites probablement : «Ce n'est pas mon dogme qui a causé tout ce désordre, c’est celui du voisin». En effet, il y a des gens qui laissent étourdiment circuler leurs dogmes sans laisse. Voilà pourquoi il est si important d’entraîner votre dogme de façon appropriée.

C'est une réalité de la vie, certains dogmes ont les dents longues et acérées, et une fois acculés contre un mur, ils craquent. Donc, si vous êtes propriétaire d’un dogme, il est de votre responsabilité de le garder «au pied». Autre réalité de la vie : les dogmes vieillissent et deviennent malades. Peut-être que vous avez passé des années à prendre soin d’un dogme maintenant âgé et souffrant, alors, il est peut-être temps de le faire endormir. Bien sûr, c’est triste d’abandonner un vieux dogme fidèle, alors, je vous suggère de l’apprécier pleinement tandis qu'il est vivant et enjoué. En passant, avez-vous remarqué à quel point les propriétaires ressemblent étrangement à leurs dogmes?

Malgré tout ça, c’est correct d’adopter des dogmes; cependant, vous devriez le surveiller étroitement pour qu’il ne salisse pas la pelouse de votre voisin.

En conclusion, rappelez-vous qu’au jour du Nonjugement, tous nos dogmes s’échapperont spontanément et n’embêteront plus jamais personne, garanti!

26 mai 2010

Tout baigne!

Dans le pétrole. Mais aussi dans la graisse, comme les beignes frits dans l'huile de palme...

I think I’ll just sit here and wait till life gets easier. (Ashleigh Brilliant)

Caricature : Anecdoblog
J’ai beau vouloir cultiver une pensée tout ce qu’il y a de plus «positive», je trouve l'exercice de plus en plus ardu! Et, la tentation de faire l’autruche est fort alléchante.

On regarde ça à la télé, bien calé dans son fauteuil, les pieds sur une caisse de Coca Cola ou de bières, et on se dit : «Que c’est donc triste…» Puis, on zappe sur un film d’horreur hollywoodien qui favorisera la dissociation.

Pourtant la «véritable» indignation suscite la mobilisation. Et, la mobilisation encourage à sortir du statu quo pour faire bouger les choses – favorablement, espérons-le. Alors, qu’attendons-nous?

Dans mon billet «Assez, ce n'est jamais assez» je suggérais que tous les propriétaires et PDGs des pétrolières nettoient leurs dégâts de leurs propres mains. Hier, j’ai visité le blog d’Yves Paccalet (auteur de «L’humanité disparaîtra, bon débarras!», ex co-équipier de Cousteau) pour lire ses commentaires sur la marée noire du Golfe. Eh bien, il affirme que la seule manière de nettoyer, c’est avec le seau et la pelle.

***
Les Géo Trouvetout des marées noires
Yves Paccalet
6 mai 2010

Puisque nous pataugeons dans le pétrole (enfin, pas nous : très bientôt, les palétuviers, les aigrettes et les alligators de la Louisiane, du Mississippi, de l’Alabama et de la Floride), je recopie ci-dessous un texte que j’avais écrit (dans un gros dossier) pour le Nouvel Observateur, lors de la marée noire de l’Erika, en 1999. Toujours d’actualité.

Scientifiques et ingénieurs se sont creusé la cervelle pour venir à bout des marées noires, sans parler d’une armada de Géo Trouvetout. Qui suggèrent, par exemple, d’envoyer les sous-marins nucléaires pomper le pétrole par en dessous ; de solidifier la nappe grâce à de la farine ou à des cheveux apportés par les coiffeurs du pays ; de la découper au laser ou aux ultrasons ; de la faire exploser à la dynamite; etc.

L’une des grandes idées des «savants» a été de faire disparaître les hydrocarbures en les arrosant de détergents ou de dispersants. On a adopté cette stratégie lors de plusieurs naufrages, notamment celui de l’Amoco Cadiz. Avant de constater que le remède était pire que le mal : les produits chimiques empoisonnent plus vite, et pour bien plus longtemps que le pétrole, les fonds qu’ils sont censés nettoyer.

Parmi les autres «solutions» envisagées, on peut citer le brûlage; le coulage; la dispersion; l’absorption; le refroidissement à l’azote liquide; l’agglomération; la rétention à l’aide de filets ou de barrages; la récupération à la drague ou à la pompe.

Le brûlage est impossible : le feu prend mal (les Anglais avaient envoyé en vain la Royal Air Force bombarder l’épave du Torrey Canyon). S’il s’allume, il crée des fumées, des benzopyrènes et des goudrons toxiques et cancérigènes – non seulement pour la mer, mais pour les habitants des rivages.

Le coulage, la dispersion ou l’absorption exigent des produits chimiques (détergents, etc.) eux aussi dangereux. Le refroidissement à l’azote liquide fonctionne en petit bassin, mais coûterait des fortunes en réalité.

Le confinement des nappes à l’aide de filets ou de barrages, et leur récupération grâce à des dragues ou à des pompes dépend de la météo. Les barrages flottants sont débordés dès que le clapot excède 30 centimètres. Inutile d’y penser en cas de tempête.

Quant à protéger les plages et les rochers côtiers avec des films de plastique ou d’autres matériaux, comme d’aucuns l’ont proposé, il suffit, pour comprendre l’éventuelle douleur du contribuable, de calculer la surface à couvrir et de la multiplier par le prix des produits au mètre carré! Produits qui, je le rappelle, sont le plus souvent fabriqués à partir du… pétrole!

L'esthétique du désastre. Source : blog Yves Paccalet











Restent la pelle et le seau, comme au premier jour. La stratégie du troufion de corvée. Et du volontaire scandalisé par la souillure… Elle est éprouvée, faute d’être hightech. Mais passablement humiliante, pour une civilisation qui se désire tellement «moderne», et même «post-moderne» !



















http://www.yves-paccalet.fr/blog/2010/05/06/les-geo-trouvetout-des-marees-noires/

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Quand on sait, on peut choisir

À moins de choisir délibérément l’ignorance crasse, pour ne pas dire «grasse», Internet peut nous aider à prendre conscience de la réalité des drames qui se jouent actuellement à l’échelle planétaire.

Pouvons-nous encore ignorer ce qu’il en coûte en souffrances, en génocides humains et animaux et en catastrophes écologiques pour combler tous nos désirs et caprices?!

Tandis qu’on mobilise toute notre attention vers le Golfe du Mexique, on omet de nous montrer, par exemple, les dégâts causés par la graisse de palme. On a rasé des forêts entières pour cultiver le palmier au détriment des populations locales, des animaux et de la nature. Pourquoi? Parce que ça pousse vite et que ça ne coûte pas cher. Dans quoi l’utilise-t-on, entre autres? Dans la bouffe préfabriquée. On en trouve dans le chocolat – de Cadbury à Côte d’or -, les biscuits, le lait préparé pour les nourrissons, les conserves, etc. La liste est longue. Vérifiez les ingrédients sur les étiquettes avant d'acheter...

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Marée jaune

Une photo du désastre écologique causé par l'huile de palme - certifié? - sur une belle plage de la côte Caraïbe/Colombie :   

Source : SOS-planète




















Dossier graisse de palme sur SOS-planète
http://terresacree.org/ - Extraits :

Graisse de palme

Source : SOS-planète
Si notre cœur se sent loin des Orangs-Outangs et des forêts tropicales, nos artères sont peut-être plus proches de nous.

L'abus d'huile de palme bouche les artères, rend obèse et risque de nous faire succomber d'une crise cardiaque, ce qui est au passage une belle mort.

Mais bon la souhaitons-nous?

Non! Alors, ne serait-ce que pour notre santé, boycottons tout ce qui contient de l'huile de palme (dénomination "matière grasse végétale", puisque la législation s'en fout carrément!)

Faisons tourner ce lien sur le Web et chez nos artisans locaux, écrivons au service client des marques pour qu'elles adoptent vite le label : http://label-asso.fr/

Le saviez-vous?

Pour des raisons de profit, 90% des pizzas du marché sont actuellement fabriquées avec un substitut de fromage râpé composé d'emmenthal - ou de mozarella en Amérique - et de graisse de palme!
C'est la raison pour laquelle vos pizzas sont devenues si grasses et indigestes.

***

Les pendules à l’heure sur la situation planétaire

- Le décompte à la seconde près : http://www.worldometers.info/fr/

- Déclin et disparition des espèces : http://www.unep.org/geo/geo3/french/221.htm

- Le décompte, notamment en $$$ : http://www.planetoscope.com/biodiversite
***
Midway

Message from the Gyre
Chris Jordan: http://www.chrisjordan.com/

Cette photo de Chris Jordan a été controversée, certains disant qu'il s'agissait d'un montage PhotoShop. Comme l'explique le photographe, ses photos ne comportent aucun trucage. Prenez le temps de visiter son site pour avoir une idée de l'omniprésence des déchets de plastique.

These photographs of albatross chicks were made in September, 2009, on Midway Atoll, a tiny stretch of sand and coral near the middle of the North Pacific. The nesting babies are fed bellies - full of plastic by their parents, who soar out over the vast polluted ocean collecting what looks to them like food to bring back to their young. On this diet of human trash, every year tens of thousands of albatross chicks die on Midway from starvation, toxicity, and choking.

To document this phenomenon as faithfully as possible, not a single piece of plastic in any of these photographs was moved, placed, manipulated, arranged, or altered in any way. These images depict the actual stomach contents of baby birds in one of the world's most remote marine sanctuaries, more than 2000 miles from the nearest continent.

~cj, Seattle, October 2009

***
Petite anecdote pour finir en beauté…

Vu sur une route de campagne hier : un type – en Hummer s.v.p. hasard ? – jetant son mégot de cigarette encore allumé par la fenêtre. Le chemin était bordé de champs à sec. Un écolo qui s’ignore : probablement qu’il voulait garder son cendrier propre, propre, propre… mais c’est un début, non?

22 mai 2010

Beauté des mots

Le pèlerinage aux sources
Lanza del Vasto

Issu d’une famille illustre, Lanza del Vasto est né en Sicile en 1901 et décédé en 1981. En 1936, il entreprend un long voyage en Inde qu’il raconte dans ce livre. À son retour, ce disciple chrétien de Gandhi se fait apôtre de la non-violence en fondant des communautés, en France et dans plusieurs autres pays, pour répandre cette philosophie. Immense a été la répercussion de son œuvre poétique, initiation à la sagesse millénaire de l’Inde, où l’humour a sa place.

Extrait 1

Dans l’œil de tout homme il existe un point noir; et dans ce point un homme se tient debout, tout petit mais tout brillant de vie; et c’est pourquoi on appelle ce point la « pupille » de l’œil. Mais l’ami qui fixe dans les yeux de son ami reconnaît la personne qui se tient debout dans le point noir de l’œil : il reconnaît que cette personne c’est lui-même, tout petit mais tout entier et tout brillant de vie. Si nous étions assez purs pour regarder le soleil dans les yeux, nous verrions au milieu de son globe une porte s’ouvrir, et, dans l’embrasure de cette porte, paraîtrait la Personne.

Extrait 2

Un Musulman assis sur le seuil de sa porte me fait signe tandis que je passe. Il frappe du plat de la main la carpette à côté de lui, ce qui veut dire «Assieds-toi ici, causons.» Je m’assieds et il me sourit. Au bout d’un peu de temps il me demande : «Es-tu Musulman?» Je réponds non. Alors le visage se referme, le regard se détourne. Nous restons quelque temps en silence. Enfin je dis : «Salam» et je m’en vais. Pauvre Gandhi : oui, cette fraternité est difficile.

Extrait 3

Enfin, j’ai atteint du regard le pays des neiges éternelles. Par-delà un arbre pavoisé de clématites sauvages en pleine floraison, j’ai vu d’abord la grande splendeur de la terre où j’allais.

Voici les premières plaques de neige sale. Autour de moi c’est encore la forêt tropicale enroulée de lianes, secouée par des bandes de singes. Il est midi. Mon ombre retombe sur mes pieds. Un lézard bleu long d’une coudée palpite sur une pierre chaude. À des hauteurs inaccessibles le Djamna sacré jaillit et par trois fois rebondit et retombe sous la croûte gelée, avant sa volée hurlante entre les rocs. Griffé par les pointes blanches de la montagne, le ciel s’avance en écumant. Non loin du fleuve en tumulte, sur les rochers enduits de la rouille grasse des soufres coulent des sources chaudes. Dans leurs fumées s’élèvent deux petits temples de guingois. Les temples de ces lieux saints ne dépassent guère la grandeur d’une hutte. Temple est le mont, dieu est le fleuve, autel est la source.

Il faut se boucher le nez, fermer les yeux et s’enfoncer sous la nappe bouillante : les péchés restent au fond. Je suis descendu dans ce purgatoire. Les pieds hachés par le chemin, les griffures d’épine et les autres blessures cuisent dans cette soupe assaisonnée de soufre.

La nuit est froide et coupante dans le refuge aux planches disjointes attaché comme un nid d’hirondelles sous le rebord du toit du monde. L’aigle. Son vol coupant frotte l’air avec un son qui fait frissonner. Au bout des ailes il a cinq plumes ouvertes comme la main. Il a presque passé sur ma face tandis que je me tenais au bord du précipice. Glissant outre, il a noué le poids de l’abîme à mon cou. Je titube.

Extrait 4

Je dormis donc dans le temple de Kâli, sur un tapis moelleux, dans les nuages d’encens, tandis que le tonnerre roulait sur les monts et que la pluie battait le sol à se rompre. Ce furent des jours de lourdes tempêtes au-dehors et d’atroces douleurs d’entrailles pour moi; des jours illuminés de doctes entretiens et entièrement dédiés aux joies de l’amitié.

La fatigue m’écrasait quand les étoiles glissèrent de côté pour faire place à l’aube, mais, comme la lumière grandissait, cette fatigue tomba et moi je me levai soutenu par la seule vertu de mon corps second, celui qui est fait de la chair et du sang de lumière. À la pointe du jour, ce fut le troisième corps qui répondit, celui qui a la grandeur du pouce et loge dans la cavité du cœur. Mon troisième corps exulta à la pointe du jour comme l’oiseau chanteur, quand on suspend sa cage hors de la fenêtre.

Mon ami, dans sa toison nocturne, a des dents de rire et de splendeur, yeux en demi-lune, un front poli comme ciel matinal.

Extrait 5

Elle est jeune, fraîche de peau, longue de membres, tendrement modelée en toutes ses formes, dénouée de taille, comme le montrent les trois gros plis dans l’étoffe montagnarde qui la couvre de la gorge aux chevilles. Elle porte sur le dos la ration du bétail, une masse qui la dépasse, de rameaux et de feuilles. À chaque pas la chair des feuilles cède, frémit, révèle ses revers de nacre, perd une goutte de la dernière pluie, rend son odeur.

15 mai 2010

Politics +

"One day you'll realize that the people capable of running the country are too smart to get into politics." -- Herman, by Jim Unger, 1980



Man, we're sitting pretty!

Sometime this year, we taxpayers will receive an ' HST Compensation'' payment. This is indeed a very exciting program, and I'll explain it by using a Q & A format:

Q. What is an 'HST Compensation' payment?

A. It is money that the provincial government will send to taxpayers.

Q. Where will the government get this money?

A. From taxpayers.

Q. So the government is giving me back my own money?

A. Only a smidgen of it.

Q. What is the purpose of this payment?

A. The plan is for you to use the money to purchase a high-definition TV set, thus stimulating the economy.

Q. But isn't that stimulating the economy of China?

A. Shut up.

Below is some helpful advice on how to best help the economy by spending your compensation cheque wisely:
* If you spend the stimulus money at Wal-Mart, the money will go to China or Sri Lanka.
* If you spend it on gasoline, your money will go to the Arabs.
* If you purchase a computer, it will go to India , Taiwan or China.
* If you purchase fruit and vegetables, it will go to Mexico, Honduras and Guatemala.
* If you buy an efficient car, it will go to Japan or Korea.
* If you purchase useless stuff, it will go to Taiwan.
* If you pay your credit cards off, or buy stock, it will go to management bonuses and they will hide it offshore.

Instead, keep the money in Canada by:
1) Spending it at yard sales, or
2) Going to hockey games, or
3) Spending it on prostitutes, or
4) Beer or
5) Tattoos.
(These are the only Canadian businesses still operating in Canada.)

Conclusion:
Go to a hockey game with a tattooed prostitute that you met at a yard sale and drink beer all day.
No need to thank me, I'm just glad I could be of help. That just about covers it.
-- Author unknown

13 mai 2010

Assez, ce n’est jamais assez…

Je propose qu’on fasse le procès des dirigeants pétroliers sur les lieux mêmes de la catastrophe, direct dans le Golfe du Mexique. Qu’ils mangent leur pétrole avec la faune qu’ils déciment et qu’ils nettoient leurs dégâts à mains nues, au lieu d’envoyer des esclaves le faire à leur place. Voilà : retour d’ascenseur ou de karma*, effet boomerang, relation de cause et d’effet, peu importe le nom… On dit qu’on ne peut pas comprendre ce qu’on n’a pas expérimenté.

(* Le langage ordinaire a vulgarisé le mot karma en lui donnant des sens tels que destin ou fatalité qui sont assez trompeurs dans la mesure où ils évacuent l’essentiel : la responsabilité de ses actes et de leurs résultats. Être inconscient, c’est tout simplement ne pas savoir – ou réaliser – ce qu’on fait, c’est-à-dire être incapable d’évaluer la portée de ses actes. -- Charlotte Joko Beck, Soyez zen)

La nuit dernière une plate-forme de forage au large du Venezuela a commencé à laisser échapper du gaz. On prétend qu’il n’y a aucun danger pour l’environnement.

Février dernier en Italie : un déversement d'hydrocarbures dans le fleuve Pô, dans la région de la Lombardie. Une malveillance serait à l'origine de cet accident écologique.

***
En librairie ou au cinéma :

Sans le nucléaire, on s’éclairerait à la bougie
et autres tartes à la crème du discours technoscientifique
Corinne Lepage, Jean-François Bouvet, éditions Le Seuil, Prix public

Partis à la chasse aux idées reçues contre le développement durable, l’avocate et politicienne Corinne Lepage et le biologiste Jean-François Bouvet décryptent pour nous les arguments des pro-OGM, pro-pesticides, climato-sceptiques et autre tenants d’une technologie obnubilée par elle-même en prétendant faire le bonheur des hommes. Corinne Lepage, ex-ministre de l'Environnement française, suit attentivement la situation catastrophique au large de la Nouvelle-Orléans. «On voit combien le politique a du mal à imposer ses politiques aux entreprises pétrolières», souligne-t-elle.

Une dénonciation des lobbies en présence
Chaque chapitre reprend des citations assénées avec la force d’une vérité générale du type «Sans les OGM, on ne pourra pas nourrir la planète», «Le réchauffement est due à des causes astronomiques » ou bien, pour reprendre le titre, «Sans le nucléaire, on s’éclairerait à la bougie». Des brèves de comptoir environnementales qui font, malheureusement, la joie des médias. Une mauvaise foi qui cache avant tout, selon les auteurs, une manipulation de la part des grands groupes de pression économiques. Une défense d’intérêts privés sous couvert de débat scientifique comme c’est le cas avec les controverses sur le réchauffement climatique, largement financées par les grands groupes pétroliers tel Exxon. Mais aussi «l’admiration sans borne de certaines élites pour la technologie», comme le note Jean-François Bouvet par ailleurs enseignant dans les cours préparatoires aux grandes écoles.

Technologie n’est pas science
Autre message de ce petit opus : la mise en lumière de la confusion entre progrès scientifique et technologie immédiatement commercialisable. L’introduction d’un gène induisant la résistance d’un végétal à un pesticide est une prouesse technologique, mais que dire si celle-ci ne conduit à aucune augmentation de la production agricole sur le long terme et accroît même quelquefois la résistance de certains prédateurs? Un fonctionnement qui confond vitesse et précipitation en oubliant allégrement le principe de précaution, qui comme le rappelle Corinne Lepage «bien loin de freiner la recherche, comme certains aimeraient le faire croire, la stimule pour estimer au plus juste les risques encourus pour chaque nouvelle technologie mise sur le marché». Un vœu pieux? Une incitation, dans tous les cas, à débattre de la pertinence du progrès technologique et de la qualité du débat démocratique dans notre pays.

***
Océans – livre et film

Les documentaristes Jacques Perrin et Jacques Cluzaud se déplacent aux quatre coins de la planète afin de démontrer ce que l'apparition d'une multitude de nouvelles problématiques - mettant également en danger l'équilibre de l'écosystème global - a comme conséquence sur les différents environnements océaniques. Ils profitent de l'occasion pour filmer de nombreuses espèces marines, certaines rares, d'autres un peu moins, et les accompagner pendant quelque temps dans leur existence, montrer les relations qui les lient, cela afin de démontrer de quelle façon les changements climatiques et les négligences de l'homme quant à son environnement viennent bouleverser leur univers, et mettre en danger l'avenir même de la planète.

Le livre vient de paraître aux éditions du Seuil.

À visiter :
http://oceans-lefilm.com/  et http://oceans-livres.blogspot.com/

Le film est actuellement en salle : dans la version pour l’Amérique du Nord, distribuée par Disney, on a tronqué les 20 minutes consacrées aux massacres des baleines et des requins – «version familiale édulcorée».

Si vous voulez participer à leurs pétitions pour la sauvegarde des océans : http://www.longitude181.com/ 

Synopsis / film
Les documentaristes Jacques Perrin et Jacques Cluzaud se déplacent aux quatre coins de la planète afin de démontrer ce que l'apparition d'une multitude de nouvelles problématiques - mettant également en danger l'équilibre de l'écosystème global - a comme conséquence sur les différents environnements océaniques. Ils profitent de l'occasion pour filmer de nombreuses espèces marines, certaines rares, d'autres un peu moins, et les accompagner pendant quelque temps dans leur existence, montrer les relations qui les lient, cela afin de démontrer de quelle façon les changements climatiques et les négligences de l'homme quant à son environnement viennent bouleverser leur univers, et mettre en danger l'avenir même de la planète.

Réalisateurs : Jacques Perrin, Jacques Cluzaud
Scénaristes : Jacques Cluzaud, Christophe Cheysson, Jacques Perrin
Distributeur au Québec : Walt Disney Pictures Canada

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ASSEZ D'EXTRACTION OFFSHORE!

Pour signer la pétition : http://www.avaaz.org/fr/stop_offshore_drilling/

La monstrueuse marée noire continue de répandre 800 000 litres de pétrole brut par jour dans le Golfe du Mexique.

Avant cette catastrophe, les dirigeants américains avaient prévu d'étendre l'exploitation pétrolière offshore. Aujourd'hui, l'administration Obama annonce la suspension de l'expansion jusqu'à la conclusion d'une enquête. Mais ce n'est pas suffisant : l'exploitation offshore est une stratégie dangereuse, polluante et à l'opposé de la protection du climat garante de notre avenir.

Le monde a besoin d'une nouvelle stratégie américaine s'éloignant du pétrole pour mettre le cap vers une révolution énergétique mondiale. Saisissons cette opportunité pour envoyer un message mondial au Président Obama, l'appelant à mettre un terme à l'expansion de l'exploitation offshore -- notre appel mondial sera présenté à Washington sous forme d'une banderole géante:

Au Président Obama et aux membres du Congrès américain:
Nous vous demandons de mettre un terme définitif aux plans d'expansion de l'exploitation pétrolière offshore sur les côtes des Etats-Unis. Au lieu d'étendre cette exploitation dangereuse, investissez dans les énergies propres renouvelables.

11 mai 2010

À méditer

Si tu es déprimé, tu vis dans le passé.
Si tu es impatient, tu vis dans le futur.
Si tu es en paix, tu vis dans le présent.

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If you are depressed, you live in the past.
If you are impatient, you live in the future.
If you are at peace, you live in the present.

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Bumper sticker:
Drive carefully! Remember, it's not only a car that can be recalled by it's maker.

Intégrité et transparence

"Les sensations du coeur passent de manière non verbale. Il peut y avoir compréhension entre deux êtres, bien qu'aucun mot ne soit prononcé. Un ami de coeur est dur à trouver. Mais quand il existe, rien ne peut manquer." -- Lie Tseu


Les vrais amis sont durs à trouver

Complicité et appréciation mutuelles
Loin de nous mensonges et flatteries
Camouflage et complots insignifiants
Entre nous, tout est dévoilé

Galéjades, manipulations et jardins secrets
Sont futiles et inopérants
Frustration et déplaisir, affection et amitié
Sont affichés sans retenue

Car un lien d’âme à âme, clair et limpide
Révèle nos intentions réciproques
Dépourvues de rancune ou de malice
Malgré notre interdépendance

Je n’ai, à ce jour, jamais rencontré
Quelqu’un qui puisse rivaliser d’élégance
De loyauté et de beauté d’âme
Avec ce modèle de transparence

Quand elle aime, elle aime
Quand elle n’aime pas, elle s’en va
Pas d’hypocrisie ni vaines excuses
Elle suit son instinct qui ne lui ment pas

Voilà, cette amie, c’est ma chatte!
Aux cartésiens inflexibles qui prétendent
Que les animaux n’ont pas d’âmes, je dis :
Regardez-les dans les yeux, la vérité est là…

     Mestengo © 2003

9 mai 2010

Le roi et le lieutenant

En fouillant ma collection de textes inspirants à partager, je suis tombée sur une histoire d'Alan Cohen - un motivateur à tous crins qui remporte beaucoup de succès depuis de nombreuses années. À mon avis son allégorie contient à la fois du vrai et du faux.

En tous les cas, je me creuse les méninges pour trouver un bénéfice quelconque à la marée noire du Golfe - à moins qu'on adopte des mesures de contraintes planétaires pour stopper le forage pétrolier en mer, je ne vois vraiment pas le bon côté d'une catastrophe pareille. Surtout qu'il est plutôt question d'installer des plates-formes dans le Grand Nord et le fleuve Saint-Laurent - !?

Mise à jour, 11 mai 2010 :
Chevron a entamé au Canada le forage du plus profond puits de pétrole en mer. Après la catastrophe écologique survenue dans le golfe du Mexique, au large de la Louisiane, les autorités et la compagnie pétrolière redoublent d'efforts pour rassurer la population.

Ce forage doit établir un nouveau record pour le Canada, selon la compagnie: le puits, baptisé Lona O-55, va être creusé à un endroit où les eaux atteignent plus de 2,5 kilomètres de profondeur, soit un kilomètre de plus que le puits de BP en Louisiane, selon le quotidien Globe and Mail.

Le forage est situé à environ 430 km au nord-est de St John's, au large de Terre-Neuve, à l'extrême est du Canada. Selon Chevron, les opérations devraient prendre plusieurs mois.
We learn from experience that men never learn anything from experience. George Bernard Shaw 
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Voici donc l'histoire d'Alan Cohen.
"Je pense que mon histoire favorite est celle du roi et de son lieutenant qui voyageaient dans la jungle. Le lieutenant avait une attitude très positive – il cherchait toujours ce qu’il y avait de bon dans chaque situation – tant et si bien que les gens le trouvaient plutôt ennuyant. Connaissez-vous quelqu’un comme ça? Êtes-vous ce genre de personne? Arrêtez et soyez négatif de temps en temps, vous allez mieux vous entendre avec tout le monde…"
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Alors, nos deux hommes voyageaient dans la jungle, quand le roi s’arrêta pour tailler une noix de coco. Sa machette dévia soudainement et il se coupa le gros orteil. Il commença à paniquer. Le lieutenant lui dit alors : «Regarde ça, c’est fantastique!» Le roi répliqua : «Pardon?» «C’est une bénédiction, ça!» dit le lieutenant. «Tu es complètement fou!», s’exclama le roi. «Non, dit le lieutenant, c’est un miracle qui vient d’arriver. Tu verras.» Le roi en avait assez entendu. Il y avait un puits très profond à proximité, et le roi y précipita l’homme. «Tiens, dit-il, trouve la bénédiction si tu peux!»

Le roi poursuivit sa route dans la jungle. Il fut bientôt accosté par des chasseurs de têtes. Ceux-ci décidèrent d’offrir le roi en sacrifice à la déesse du volcan. Ils l’amenèrent donc au prêtre officiant qui le prépara soigneusement avec des huiles et des parfums, et l’habilla pour le sacrifice. Mais, en examinant attentivement les pieds de roi, il vit qu’il lui manquait un orteil et déclara : «Désolé, mais nous ne pouvons pas vous utiliser. La déesse du volcan n’accepte que les corps intacts pour les sacrifices. Tu es libre.» Le roi cria «Alléluia!» et s’enfuit.

Poursuivant son chemin, il réalisa alors que son lieutenant avait eu raison. Il avait perdu un orteil, certes, mais c’était ce qui lui avait sauvé la vie. Il fut pris de remords et décida de retrouver son lieutenant. De retour au puits, il trouva ce dernier en train de siffler joyeusement. Le roi le sortit du trou, et tout en l’époussetant il lui dit : «Je suis désolé de t’avoir jeté dans le puits. J’ai été capturé par des chasseurs qui voulaient m’offrir en sacrifice à leur déesse, mais quand ils ont vu qu’il me manquait un orteil, ils m’ont laissé partir. Comment puis-je me faire pardonner?» Le lieutenant répliqua : «Inutile de t’excuser.» «Quoi?» dit le roi. Le lieutenant répondit : «C’est une grâce que tu m’aies jeté dans le puits car si je t’avais accompagné c’est moi qu’ils auraient choisi pour le sacrifice!»

8 mai 2010

Vaines préoccupations

Yang Zhu a dit :

Nous ne trouvons pas le repos en raison de quatre préoccupations : longue vie, réputation, statut social, possessions. Quiconque poursuit ces quatre buts redoute les esprits, craint les hommes, tremble devant l’autorité et redoute la punition. J’appelle un tel homme «celui qui fuit le monde».

On peut le tuer ou lui laisser la vie; le «destin qui décide» n’est pas en lui.

Si vous ne vous opposez pas au destin, pourquoi chercher une longue vie? Si vous n’êtes pas impressionné par les honneurs, pourquoi chercher la réputation? Si vous ne désirez pas le pouvoir, pourquoi rechercher le statut social? Si vous n’êtes pas avide de richesses, pourquoi chercher à posséder?

J’appelle l’homme conscient «celui qui est en accord avec le monde». Rien ne peut le combattre car le «destin qui décide» est en lui.

Celui qui n’aspire ni au statut ni au pouvoir aura l’esprit en paix et une existence tranquille. Il n’est pas obligé de vivre dans l’angoisse des affaires du monde comme les seigneurs et les rois.

Extrait de : Lie Tseu, Les Ailes de la Joie; Tsai Chih Chung, Philo Bédé, Carthame Éditions

7 mai 2010

Spécial anesthésie

Jim Unger

Un caricaturiste extraordinaire qui a malheureusement pris sa retraite.
Mais des compilations ont été réimprimées en 2004.
Voyez Wikipedia pour plus d'info.

Chaos et destruction

Si vous avez lu WORLDSLATE (sinon, voyez l’introduction), vous avez sans doute remarqué que Roberts aborde l’extinction d’une civilisation, la nôtre, ni plus ni moins. De nombreuses espèces, races et civilisations se sont construites et déconstruites sans arrêt depuis les débuts de l’existence de la terre. Le monde matériel appartient à la troisième dimension, une dimension limitée par la loi de la gravité et de la survie. La quatrième dimension est une dimension non matérielle, il s’agit d’une sorte de salle d’attente où nous allons entre nos allers-retours sur terre, via la réincarnation. La cinquième dimension appartient tout simplement à une autre dimension de notre univers, au-delà de la polarisation.

De ce qu’on en sait maintenant, les civilisations/races évoluent en moyenne sur une période de plus ou moins 10 000 ans. On pourrait comparer cela à la durée du corps physique. On naît, on atteint un sommet, et puis on se déglingue jusqu’à la mort. Bien sûr, la durée du parcours varie selon les individus, et il en est de même des civilisations/races. Il s’agit peut-être d’une sorte de «logique» évolutionnaire. Qu’arrive-t-il à la mort? L’énergie qui habite la forme individuelle se retire. Par analogie, il se produit la même chose avec les immenses masses d’énergie fragmentée qui animent globalement humains et espèces terrestres.

Beaucoup de gens pensent qu’ils ont été «droppés» sur terre par Dieu – le leur - pour la durée d’une seule vie, bonne ou mauvaise, en fonction du hasard. D’autres s’imaginent être piégés ici-bas en raison de la loi karmique. Par ailleurs, des utopistes croient qu’un jour les bons l’emporteront sur les méchants et que la terre redeviendra ce paradis perdu que toutes les légendes religieuses, exotériques et ésotériques ont abondamment exposées.

Ce qui me fascine sur terre, c’est que plus on en appelle à la lumière pour alléger les souffrances de la collectivité, plus la tension et l’opposition entre lumière et noirceur s’accentuent, de sorte que les forces de l’ombre combattent, becs et griffes aiguisés, recourant à toutes les formes de violence et de cruauté disponibles.

À quoi bon transmettre lumière et compassion? À quoi bon espérer un changement de paradigme, une coopération, de la beauté et de l’harmonie?

Le futur d’une partie de l’humanité actuelle est sans doute de quitter la terre pour d’autres aventures, d’autres dimensions de conscience, en résonance avec leur taux vibratoire. En passant, cesser de manger des animaux contribue à élever notre taux vibratoire, non pas parce que les vibrations des animaux sont malsaines, mais parce que c’est l’acte de les tuer et de les manger qui réduit notre fréquence.


De nombreuses races galactiques se sont relayées sur terre, retournant par la suite à leurs systèmes stellaires ou en cinquième dimension. Parfois elles reviennent pour aider au processus d’évolution. Nous n’avons pas conscience que la terre ne se résume pas uniquement à «l’humanité» comme telle – la terre a été utilisée de nombreuses fois par différents groupes qui sont repartis vers leurs étoiles d’origine, pendant des âges et des âges. Après chaque exode, la planète doit se nettoyer et se reconstruire pour accueillir de nouveaux groupes. Méchant job!
Le Fort dévore le Faible
Extrait de « Lie Tseu, Les ailes de la joie », par Tsai Chih Chung; Carthame Éditions, Philo Bédé

Tian de Qi fit un sacrifice au dieu des chemins et invita une centaine de personnes avant de partir en voyage. On lui offrit une oie et un poisson, et Tian déclara :
- Que le ciel est généreux avec l’humanité! Il fait pousser les cinq graines et nourrit poissons et oiseaux pour les humains!
- Oui, oui, vrai, vrai, répondirent les invités.
Un sage dit alors :
- Ce n’est pas vrai, Votre Altesse. Tout ce qui existe entre ciel et terre est apparu comme nous et provient d’une même essence. Nulle espèce n’est plus noble qu’une autre. Simplement, le fort dévore le faible. Les êtres se mangent les uns les autres, mais nul n’existe pour le profit de l’autre. Peut-on dire que ce que l’homme mange n’a été créé que pour lui? Les moustiques et les taons mordent notre peau, les tigres et les loups dévorent notre chair. Le ciel a-t-il créé l’homme pour les moustiques, les taons, les tigres et les loups?
- Euh…
- Tout ce qui existe vient de la même source. La forme est différente, mais non l’essence. Nous sommes juste des éléments de la Nature.
Traduit en langage contemporain :
La terre est un immense restaurant où nous nous mangeons tous les uns et les autres. (Woody Allen)

6 mai 2010

Holà! Aliens (Étrangers)

La semaine dernière, le célèbre astrophysicien britannique, Stephen W. Hawking, déclarait qu’une catégorie d’extraterrestres menaçait de nous coloniser : "Si des formes plus évoluées nous rendaient visite, il se pourrait que ce soit des visiteurs ayant épuisé toutes leurs ressources naturelles et vivant tels des nomades dans d’énormes vaisseaux spatiaux, cherchant à conquérir et coloniser les planètes qu’ils rencontrent." Voici ses recommandations : "Au lieu de les rechercher, l’humanité devrait au contraire éviter de telles rencontres qui pourraient être risquées."

Star Trek, Star Wars, you name it!
La bonne vieille bataille dualiste de l’ombre et de la lumière qui se joue dans le monde visible comme dans le champ magnétique invisible de la planète. En bas comme en haut, et en haut comme en bas. Des projections mutuelles de nos propres ombres et lumières. À MON AVIS, NOUS SOMMES TOUS DES EXTRATERRESTRES, temporairement encagés dans la matière à chacune de nos incarnations en ce bas-monde. Le malheur c’est que l’incarnation dans la matière s’accompagne automatiquement d’amnésie. 
Pierre Teilhard de Chardin disait :
Nous ne sommes pas des humains vivant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine.
En passant, combien existe-t-il de «dieux uniques» parfois aimants, plus souvent vindicatifs et cruels, qui en plus, prennent parti tantôt en faveur des uns tantôt en faveur des autres? "C’est mon Dieu qui est le vrai!", "Non, c’est le mien! Et il te vaincra."

Wake up, on est en 2010!
Qu’est-ce qu’on en a marre de ce fichu scénario de fond de tiroir.
Est-ce qu’on pourrait passer à autre chose? Point barre.

***
L’idée d'une potentielle invasion extraterrestre éveille chez les terriens de souche une peur névrotique. Cette crainte provient de l’impression récurrente qu’un univers illimité pourrait fort bien héberger d’autres formes de vie intelligente. De par une réaction typiquement xénophobe et égoïste, les gouvernements s’arment contre cette réalité qu'ils connaissent bien. Or ceci n'est généralement pas connu du public, car dans les systèmes de gouvernement patriarcal, l'information importante n'est jamais révélée de toute façon. Au nom de la sécurité, l’on cache souvent aux gouvernés les agissements du gouvernement. Cette déclaration n’a pas pour but de susciter la paranoïa ou une révolte politique; c’est simplement pour illustrer le propos.

Vous n'avez pas besoin de scruter le ciel pour trouver la preuve d’une quelconque invasion étrangère. Regardez plutôt autour de vous ceux qui colportent la peur, vendent la mort et empoisonnent la planète. Regardez ceux qui cachent la vérité pour éviter que leur pouvoir, obtenu par le mensonge, ne soit menacé. Et observez ceux qui ont la témérité de se questionner sur l'univers créé, qui se demandent s'il pourrait bien y avoir autre chose ailleurs, mais qui s’arment au cas où. Voilà l’invasion étrangère dont vous devriez avoir peur.

Il n'y a aucune raison de craindre une invasion étrangère belliqueuse puisque l'invasion a déjà eu lieu et que les aliens sont incarnés partout sur terre. Vous feriez mieux d’avoir peur qu'aucune intelligence véritable n'apparaisse jamais sur cette planète! Et, il serait encore plus astucieux de ne rien craindre du tout. (Traduction/adaptation libre – E.T. 101, The Cosmic Instruction Manual for Planetary Evolution; by Zoev Jho)

***
Supposons que je me pointe en hélicoptère dans une tribu indigène (il ne doit plus y en avoir beaucoup puisque les humains ont violé et pillé tous les recoins de la terre, mais c’est juste à titre d’exemple). Me voilà donc au beau milieu de la brousse hors de ma libellule de métal, dans mes Adidas fluo et gréée de toute la panoplie de gadgets technologiques et informatiques : portable branché sur satellite, caméra numérique, etc. Dépendant de leur système de croyances, ces indigènes pourraient très bien me prendre pour une déité descendue tout droit du ciel. Ils pourraient avoir peur et transformer en objets de culte tout ce que je laisserais derrière moi, et il est probable qu’ils désireraient que je repasse dans le coin un de ces jours, si mon approche est bienveillante. Si j’ai la fibre missionnaire, je vais tout faire pour les convertir au mode de vie occidental. Sinon, je les laisserai vivre ce qu’ils ont à vivre.

Quoiqu’il en soit, le hic, c’est que je ne suis pas une déesse… Comme on le voit, tout est question d’interprétation, de perception, et l’humain a encore tendance à craindre ou à déifier ce qu’il ne connaît pas, à évoquer mystère et magie là où il n’y en a pas vraiment.

Le parallèle avec les rencontres de troisième type est évident, et il est facile de comprendre qu’un contact extraterrestre puisse provoquer chez la majorité des contactés une réaction semblable à celle des indigènes. Selon le degré de bienveillance des E.T., il va se soi que l’expérience peut s’avérer agréable ou non. L’existence de races galactiques aussi belliqueuses que la race humaine, mais plus avancées en manipulation de l’énergie*, est tout à fait plausible. Qu’on se souvienne seulement de nos valeureux explorateurs qui ont éliminé des civilisations entières par la force des armes pour répandre leur culture ou leurs croyances supposément moins barbares, ou des missionnaires zélés qui ont essayé de détruire les valeurs spirituelles de certains peuples avec une forme de persuasion incontournable qui s’appelait «crois ou meurs!». Il existe aussi des étrangers galactiques plus évolués que nous, notamment plus lumineux, davantage intéressés à nous aider qu’à nous conquérir.

* D’où vient cette avancée nano/techno colossale des dernières décennies - du petit cerveau 3-D humain? Hum… Le problème c'est que tout ce qu'on reçoit pour progresser, on le transforme en instruments de contrôle et de destruction.

La variété des êtres qui évoluent dans les galaxies, systèmes stellaires et planètes du cosmos est infinie à l’instar de notre planète où l’on trouve une multitude d’espèces très différentes qui se côtoient. Puisque les E.T. proviennent de systèmes variés, leur apparence, leurs conditions de vie, leur mentalité, de même que leur spiritualité, diffèrent des nôtres. Il faut bien sûr faire preuve de discernement, mais aussi d’ouverture d’esprit vis-à-vis des nombreuses formes de vie qui coexistent dans notre petit univers, aussi bien terrestres qu’extraterrestres. La fin de la civilisation humaine pourrait signifier l’émergence d’un monde plus émancipé et intéressant que celui qui prévaut depuis des milliers d’années.

Au pays des aveugles, les borgnes sont rois
Malgré toute sa banalité, ce vieux cliché recèle une grande vérité. Sur une planète où la majorité des gens sont aveugles, les borgnes peuvent en effet leur faire gober n’importe quoi. À telle enseigne, tous ces gens qu’on imagine posséder LA vérité : gourous de la religion, de l’ésotérisme, de la politique et de la médecine auxquels s’ajoutent les gourous de l’entourage immédiat.

Questionner nos croyances est la clé de la liberté. À l’heure de la désinformation, l’on peut éprouver un certain désarroi en face des contradictions qui se multiplient de façon vertigineuse. Le mieux, c’est de devenir son propre gourou. Sans fermer la porte aux points de vue différents, il est judicieux, si l’on nous présente une vérité, de vérifier dans un premier temps si nous y sommes en résonance; et puis, de l’expérimenter si c’est possible. Car la vérité est peut-être ce qu’il y a de plus subjectif au monde. Celle-ci est fonction de l’expérience personnelle et elle comporte de nombreuses facettes provenant de nos croyances et distorsions, individuelles et collectives.

Ce dilemme me ramène toujours à l’allégorie de Platon, exposée dans le septième chapitre de La République. Celle-ci nous renvoie à la possibilité d’un gouffre entre le monde réel et celui que nous imaginons. Platon y raconte comment des êtres humains enchaînés dans une caverne prennent à tort les ombres extérieures qu’ils voient danser sur les parois pour la réalité. Il suppose que si l’un des prisonniers avait la possibilité d’aller à l’extérieur, de voir le soleil et de réaliser sa méprise, il subirait d’abord un choc douloureux. Ensuite, s’il tentait de partager son expérience, il serait confronté à l’incrédulité, au rejet, à la colère des autres captifs, et risquerait même d’être assassiné. Les perceptions erronées de la réalité ne sont pas seulement possibles mais également difficiles à corriger.

1 mai 2010

Le savoir perdu

À qui la faute?
Victor Hugo 

- Tu viens d'incendier la Bibliothèque ?

- Oui. J'ai mis le feu là.

- Mais, c'est un crime inouï !
Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton héritage !
Le livre, hostile au maître, est à ton avantage.
Le livre a toujours pris fait et cause pour toi.
Une bibliothèque est un acte de foi
Des générations ténébreuses encore
Qui rendent dans la nuit témoignage à l'aurore.
Quoi ! dans ce vénérable amas des vérités,
Dans ces chefs d'œuvre pleins de foudre et de clartés,
Dans ce tombeau des temps devenu répertoire,
Dans les siècles, dans l'homme antique, dans l'histoire,
Dans le passé, leçon qu'épelle l'avenir,
Dans ce qui commença pour ne jamais finir,
Dans le divin monceau des Eshyles terribles,
Dans Homères, des Jobs, debout sur l' horizon,
Dans Molière, Voltaire, et Kant, dans la raison,
Tu jettes, misérable, une torche enflammée !
De tout l'esprit humain tu fais de la fumée !
As-tu donc oublié que ton libérateur,
C'est le livre ? Le livre est là sur la hauteur ;
Il luit parce qu'il brille et qu'il les illumine.
Il détruit l'échafaud, la guerre, la famine ;
Il parle, plus d'esclave, et plus de paria.
Ouvre un livre, Platon, Milton, Beccaria ;
Lis ces prophètes, Dante, ou Shakespeare, ou Corneille ;
L'âme immense qu'ils ont en eux, en toi s'éveille ;
Ébloui, tu te sens le même homme qu'eux tous ;
Tu deviens en lisant grave, pensif et doux ;
Tu sens dans ton esprit tous ces grands hommes croître,
Ils t'enseignent ainsi que l'aube éclaire un cloître ;
A mesure qu'il plonge en ton cœur plus avant,
Leur chaud rayon t'apaise et te fait plus vivant ;
Ton âme interrogée est prête à leur répondre ;
Tu te reconnais bon, puis meilleur ; tu sens fondre,
Comme la neige au feu, ton orgueil, tes fureurs,
Le mal, les préjugés, les rois, les empereurs !
Car la science en l'homme arrive la première.
Puis vient la liberté. Toute cette lumière,
C'est à toi, comprends donc, et c'est toi qui l'éteins !
Les buts rêvés par toi sont par le livre atteints !
Le livre en ta pensée entre, il défait en elle
Les liens que l'erreur à la vérité mêle,
Car toute conscience est un nœud gordien.
Il est ton médecin, ton guide, ton gardien.
Ta haine, il la guérit ; ta démence, il le l'ôte.
Voilà ce que tu perds, hélas, et par ta faute !
Le livre est ta richesse à toi ! c'est le savoir,
Le droit, la vérité, la vertu, le devoir,
Le progrès, la raison dissipant tout délire.
Et tu détruis cela toi !

- Je ne sais pas lire.

25 juin 1871; L'Année Terrible, VIII, 1878