30 juillet 2017

Une bonne nouvelle pour trois mauvaises

Mieux que rien.

Meilleure nouvelle

Si ce n’est pas une fausse nouvelle, l’Île d’Anticosti serait enfin délivrée de la menace d’exploration/exploitation pétrolière.


Québec met officiellement fin à toute possibilité de travaux de recherche et d'exploitation d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti. Il dédommagera la majorité de ses partenaires dans cette aventure, à un coût bien moindre qu'avancé dans les derniers mois.

En janvier dernier, Québec a donné son appui à la municipalité de l’île d’Anticosti pour inscrire la plus grande île de la province au patrimoine mondial de l’UNESCO.

«Victoire du gros bon sens.» ~ John Pineault. maire de l’île

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Mauvaise nouvelle 

Laurentides: des coupes forestières autorisées par Québec menacent une forêt
Michel Saba
La Presse Canadienne

Photo : Olivier Pontbriand, Archives La Presse 

Des citoyens lancent une pétition pour appuyer leur projet d'obtenir un statut d'aire protégée pour le mont Kaaikop, une forêt centenaire des Laurentides. Ils souhaitent ainsi contrer des coupes forestières autorisées par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) et protéger en permanence ce sommet et ses environs.
   Québec peine à atteindre son objectif de transformer 17 % de son territoire en aires protégées d'ici 2020. À ce jour, il est à mi-chemin et progresse à un rythme d'un pour cent l'an selon une étude de la Société pour la nature et les parcs du Canada qui vient d'être publiée.
   La coalition croit que la protection du mont Kaaikop serait une solution simple qui serait grandement appréciée de la population.
   Le maire de Sainte-Lucie-des-Laurentides, Serge Chénier, estime que les projets de Québec seront très nuisibles à l'économie de sa région qui dépend de la villégiature.
   Beaucoup de touristes font de la randonnée pédestre dans la montagne qui a le deuxième sommet le plus haut des Laurentides, remarque-t-il. «On voit même Montréal», souligne le maire.
   Ce n'est pas la première fois que la Coalition Mont-Kaaikop tente d'empêcher des coupes forestières. En 2013, une pétition contre des coupes avait obtenu 8000 signatures. 

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Very very bad news...

Deux bombardiers américains B-1B ont survolé la péninsule coréenne, dimanche, en guise de réponse aux récents tirs de missile balistique intercontinental menés par la Corée du Nord.
   Des avions de chasse japonais et sud-coréens ont rejoint les bombardiers après leur départ de la base aérienne de Guam, dans l’Océan Pacifique, pour une démonstration de force à l’endroit de Pyongyang.
   «Nous sommes prêts à répondre par la force de façon rapide, mortelle et écrasante», a indiqué le commandant des Forces aériennes américaines du Pacifique, le général Terrence J. O'Shaughnessy.
   La Corée du Nord a voulu envoyer un message à l’administration Trump en procédant à deux tirs de missiles au cours du mois de juillet. Pyongyang a fait savoir qu’elle était maintenant en mesure de frapper le territoire américain avec l’un de ses engins balistiques.
(Radio-Canada avec Reuters)

Un psychopathe de plus à la Maison-Blanche  

Si ça continue, ils vont tous se guillotiner eux-mêmes. Six mois de chaos rocambolesque, de montagnes russes et de paranoïa obséquieuse. Les journalistes obligés de suivre les péripéties doivent être épuisés.

Autrefois dans les cours, on prenait souvent pour serviteurs de petits délinquants qui avaient été castrés. À cause de leur connaissance intime de la vie de la cour, ces eunuques occupaient fréquemment une place centrale dans les intrigues politiques et sociales, et exerçaient un grand pouvoir dans les coulisses...

Le nouveau directeur des communications, Anthony  Scaramucci, a autant de tact et est aussi diplomate que son embaucheur. L’homme a amorcé sa carrière de financier chez Goldman Sachs avant de devenir patron d’une firme de fonds d'investissement pour des clients richissimes. En 2016 il était en faveur d’Hillary Clinton. Puis soudain il a changé son fusil d’épaule. Sans doute un type très fiable.

Quelques citations de l'expert en communication  

Scaramucci says he wants “to fucking kill staffers who leak information to journalists.” (Il veut «fucking tuer tous les employés qui divulguent de l’information aux journalistes.»)

Caricature : Dave Granlund http://www.davegranlund.com/cartoons/

Il a aussi déclaré : «Il y a 150 ans, des gens auraient été pendus pour avoir été à l’origine de telles fuites.» (Hum, il pourrait lui-même être traduit en justice pour propos haineux et menaces de mort, non?)

«À la suite de la divulgation de mes informations financières personnelles, ce qui est un crime, je contacterai le FBI et le département de la Justice.» (Il disposerait de quelque 85 millions de dollars. Humilié parce que les têtes d’affiche de la M.-B. possèdent beaucoup plus que lui?)  

«Je n’aime pas ce qui se passe à la Maison-Blanche. Je n’aime pas ce qu’ils font à mon ami [Donald Trump]. Je n’aime pas ce qu’ils font au président des États-Unis et à leurs collègues de l’aile ouest.»

“Why don’t you give me a straight answer?” asked a journalist. And the Wall Street guy replied: “I’m straightly not answering your question.” (!!!)

“There can be no whitewashing at the White House”, disait Richard Nixon, un ami du Shah d’Iran.

Il y a beaucoup de similitudes entre Trump et le Shah d’Iran. Deux mégalomanes prêts à couper la tête de leurs opposants. Sauf que Trump n’est pas encore passé à l’acte, il se contente de les expulser du cabinet. Mais, qui sait si cette démocratie n’est pas en passe de devenir une dictature...

«Deux choses détruisent un homme faible : l’argent et le statut. Ça le rend aveugle.» (Un Iranien parlant de Mohammad Reza Pahlavi et témoin de sa garden-party d’octobre 1971.)

Petite histoire – Le Shah organisa une fête spectaculaire pour marquer les deux mille cinq cents ans de l'Empire perse. Le campement titanesque s’étendait sur 64 hectares au pied des ruines de Persépolis. Voulant créer un oasis au milieu du désert, on planta 30 cèdres de 5 m de haut et des feuillus, on sema du gazon et des tales de fleurs. Il fallut deux avions-cargos par semaine pendant plus d’un an pour transporter les tonnes de terre humide provenant de Paris pour préparer le terrain. Malheureusement les 50 000 oiseaux-chanteurs moururent trois jours après leur arrivée faute de s’adapter au climat – 40 degrés le jour et sous-zéro la nuit. Au centre du site, on aménagea une fontaine. 


Outre la tente royale de 68 m par 25 m (ayant requis 37 km de soie), une cinquantaine de tentes luxueuses, notamment équipées de bains et de toilettes en marbre, accommodèrent les soixante monarques, cheikhs et chefs d’état venus du monde entier.
   Produits, mets et grands vins, tout venait de Paris, sauf le caviar. La veille du banquet huit tonnes de nourriture pour 500 convives arrivèrent de Paris. Le personnel du restaurant Maxim’s qui géra les préparatifs culinaires. Environs 40 chefs et cuisiniers mirent la main à la pâte. Les trois-quarts du buffet froid furent jetés parce que les invités étaient repus au point d’exploser. La facture : trois cents millions à deux milliards de francs suisses (selon les journaux de l’époque).
   Au bout de trois jours de festivités, il restait encore beaucoup de provisions que les soldats iraniens vidèrent dans les bennes à ordures, ainsi que les bouteilles de vin, les verres, les couverts et les ustensiles (qui n’étaient pas en plastique...).

Un étalage de luxe scandaleux, d’autant plus qu'une majorité d'Iraniens vivait dans la pauvreté et peinait à s’approvisionner en eau potable. Triste quand même. 

D'une façon, on avait mis le couvert pour les futurs G7, G8, G20... 

Étant donné que Trump se fait des ennemis parmi les chefs d'état du monde entier, je le vois mal les inviter à une garden-party à Mar-a-Lago pour célébrer son premier anniversaire de présidence. Par contre il pourrait facilement réunir au moins 25 000 têtes chevronnées de l’industrie pétrolière/minière et de Wall Street. Menu principal : bœuf texan aux hormones grillé sur charbon, maïs et patates aux OGM, coleslaw, ketchup Heinz, bière. Dessert : tarte aux pommes et cheddar Kraft. Café instantané ou eau Nestlé. (À moins que les gens paient le gros prix, il a tendance à être "cheapette"; mais jamais avec sa famille bien sûr.)

Mar-a-Lago, la Winter White House du président Trump en Floride : 

28 juillet 2017

Yabba-Dabba-Doo M. Coderre!

À l’attention de M. Denis Coderre, maire de Montréal  

Cher Monsieur,

Notre plus grand concessionnaire de véhicules écolos à Montréal, PEDIS International, vous propose de tester deux de nos modèles les plus performants. Nous pourrions les livrer aujourd’hui même en remplacement de vos VUS énergivores rétro.

Veuillez communiquer avec notre représentant au 1-800-123-PIED, il se fera plaisir de répondre à toutes vos questions.

Bien à vous,

       Pietro Cardio

Modèle de course Pedibus (à pieds).
Idéal pour un tour de piste avec votre ami Régis à la formule P ce week-end.

Modèle familial Communis (à plusieurs)
Tous arriveront à la formule P indemnes et en pleine forme.

26 juillet 2017

Montréal : un Toys ‘R’ Us

À quoi ressemblera la future capitale mondiale du transport électrique en fin de semaine? À peu près à cela :

(Photo : ville et photographe inconnus)

Denis Coderre est comme un enfant dans un magasin de jouets : «Je veux celui-là! Je le veux!» Ses jouets coûtent cher, notamment en pollution atmosphérique (au gaz), mais il s’en fiche car «ce n’est pas une dépense, c’est un investissement». Il pourra s'amuser avec pendant au moins trois ans et peut-être plus. Il devrait gérer un club de baseball au lieu d'une municipalité 

Caricature : Éric Godin, collaboration spéciale, La Presse 24 juillet 2017

Il n’admettra jamais que c’est une erreur. Alors, il continue de répéter ses clichés comme un vieux vinyle rayé et d’esquiver les questions qui le dérangent. «J'en n'ai rien à cirer, j’ai pas de temps à perdre avec ça», disait-il aujourd’hui. (1)

Formule E : champions de rien du tout
Bertrand Schepper, Chercheur à l’IRIS – Le Devoir, 26 juillet 2017

La Formule E est un exemple frappant de la façon dont les termes «développement durable», «environnement» et «retombées» peuvent être galvaudés par des dirigeants — secteurs public et privé confondus — essayant de convaincre la population de leurs projets mégalomanes douteux.
   Dans une course d’automobiles, qu’elle soit électrique ou non, la part des gaz à effet de serre (GES) provient principalement de tout ce qui entoure la course. Pensons, par exemple, aux déplacements des véhicules d’un pays à l’autre, à l’entretien d’une piste de course, à la construction des véhicules, etc. [...]
   Malgré toute la bonne volonté du monde, prendre trois semaines pour monter et démonter une piste où vingt équipes provenant de partout dans le monde feront tourner des automobiles en rond génère énormément de pollution, comme toute forme d’événement de cette ampleur. Il faut donc arrêter de prétendre que cette course est une course verte. [...]

«Vendre» la cause

Rappelons que la course se tiendra au coeur du quartier Centre-Sud de Montréal, un des quartiers les plus pauvres de la ville. Il est sympathique d’offrir des billets aux résidants qui sont touchés par le tracé, mais la réalité est que la vaste majorité des habitants du Centre-Sud ne pourra pas se payer le billet d’entrée pour la course, dont les travaux les empêchent de dormir et de se déplacer depuis trois semaines.
   Pendant ce temps, on fera parader des vedettes sur le tapis rouge et des jeunes femmes en petite tenue au centre-ville dans l’espoir de «vendre» la cause environnementale.
   Soyons francs, ce projet est avant tout une volonté de positionner Montréal comme une ville branchée sur l’avenir du transport. Or, si on considère que la Ville ne donne pas un accès équitable au transport en commun et que l’on estime à plus de 26 millions les heures perdues dans le trafic, il semble clair que la métropole présente tout sauf une image de transition.
   Alors que Montréal possède tous les outils pour devenir une véritable ville modèle en transition écologique, il est triste de voir que nos dirigeants investissent temps et argent dans du fla-fla glamour pour une question d’image.


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Un maire et sa course
Mario Girard, La Presse

Le maire de Montréal, Denis Coderre, en compagnie du PDG d'Hydro-Québec, Éric Martel. Photo Marco Campanozzi, Archives La Presse

... Denis Coderre a adopté une mine renfrognée et s'est lancé dans une solide plaidoirie au sujet de la course de Formule E, son bébé, son projet.

Denis Coderre croit dur comme fer que la Formule E va atteindre son triple objectif de faire la promotion de l'électrification des transports, de faire la promotion de la ville sur la scène internationale et de doter la métropole d'un nouvel évènement sportif d'envergure.
   Sur la question du choix de l'endroit où tenir la course, Denis Coderre affirme que la décision finale a été prise afin de répondre aux exigences de la Formule E. Mais, talonné sur ce sujet, il a fini par dire qu'on a décidé de ne pas tenir cette course sur le circuit Gilles-Villeneuve car le public aurait été en mesure de «comparer» les deux courses. Intéressant...
   Aurions-nous créé un circuit de toutes pièces et à grands frais dans le but de satisfaire une organisation en concurrence avec une autre déjà en place? ...

Denis Coderre : 
«C'est un concept de course urbaine, un pari de l'électrification, une vitrine technologique.»

«Ce n'est pas une dépense, mais un investissement. L'évènement va attirer beaucoup de monde. Ça va être plein. Ça va fonctionner. C'est un investissement à long terme qui va mettre Montréal sur la carte

Il y a un certain enclavement à Montréal, mais l’administration a pris les mesures nécessaires pour mitiger les impacts sur le quotidien des résidants : «On s'est assurés qu'il y a des passerelles ».  

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Dans le secteur délimité par Berri, De Maisonneuve, Notre-Dame et Papineau, quatre stations BIXI ont été retirées, créant un trou béant dans la carte du réseau. «Un méchant BIXI deadzone.» (Maxime Archambault-Chapleau, Facebook de BIXI)  

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Fais ce que je te dis, mais ne fais pas ce que je fais :

Le maire Coderre possède deux VUS énergivores
Vincent Brousseau-Pouliot, Vincent Larouche, La Presse

Alors qu'il plaide pour l'électrification des transports, le maire de Montréal Denis Coderre ne possède pas de voiture électrique, mais plutôt deux véhicules utilitaires sport (VUS) à essence.
   Rencontré brièvement par La Presse après un point de presse hier, le maire de Montréal n'a pas voulu dire s'il possédait un véhicule électrique ou si sa voiture de fonction à la Ville de Montréal fonctionnait à l'électricité.
   «Tu veux être personnel, [...] maintenant, tu veux être personnel? Tu veux faire personnel? Pour des raisons de sécurité, je ne dis pas ce que je fais [...]. Je vais lire ton article», a lancé M. Coderre.

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Dans la veine :

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(1) Matière à réflexion

Heureusement pour nous, M. Coderre n’appartient pas à la catégorie «manipulateur gentil» (la plus dangereuse et difficile à détecter). Le ton est généralement brusque et arrogant.

Source – Les manipulateurs sont parmi nous, Isabelle Nazare-Aga :  
Le manipulateur dispose de plusieurs stratégies pour exercer sa violence. Il peut aussi porter différents masques : le séducteur, le culpabilisant, le timide, le dictateur, le faux complice… On dit de lui qu’il exerce un «terrorisme déguisé».

Parmi les 30 caractéristiques du manipulateur relationnel :
Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses responsabilités.
Il répond très souvent de façon floue. Il ne dit pas ce qu'il fait. 
Il change ses opinions et ses comportements selon les personnes ou les situations.
Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
Il ignore les demandes (même s’il dit s’en occuper).
Il change carrément de sujet au cours d’une conversation.
Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion.
Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
Il ment, il déforme et interprète.
Il est égocentrique.
Il ne supporte pas la critique et nie les évidences.
Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs d’autrui.
Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
Son discours paraît logique ou cohérent, mais ses attitudes, ses actes (ou son mode de vie) répondent au schéma opposé.
Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège).
Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui.
Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas faites de notre propre gré.
Il est constamment l’objet de discussions entre gens qui le connaissent, même s’il n’est pas là.

25 juillet 2017

«Ceux qui ne veulent pas tuer doivent parler...» (A. Camus)

Et je sais à nouveau que dans ce vaste monde
Le jour et la nuit ne résultent pas du seul flux des heures,
Mais qu'il y a des hommes qui sont tels le soleil, et devant
Qui les autres ne sont rien que des ombres...  
~ Stefan Zweig 1881-1942 (Thersite)

Un présent inestimable de la part de Catherine Camus :  
NOUS AUTRES MEURTRIERS, un texte presque inédit d’Albert Camus  


Catherine Camus, la fille d’Albert, m’a remis le vingt-huit avril 2017 un texte presque inédit de son père. Il est magnifique et annonce, bien sûr, la publication de «l’homme révolté», en 1951. En gras des passages de pleine actualité. Lisez! Relisez! Partage! Diffusez. (Axel Kahn *)

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Oui, c`est la vérité que nous vivons sans avenir et que le monde d’aujourd`hui ne nous promet plus que la mort ou le silence, la guerre ou la terreur. Mais c’est la vérité aussi que nous ne pouvons pas le supporter parce que nous savons que l’homme est une longue création et que tout ce qui vaut la peine de vivre, amour, intelligence, beauté, demande le temps et la maturité. Et si nous ne pouvons pas le supporter, nous devons le dénoncer. Et la première chose justement est de pousser ce cri de révolte. Car la terreur et la fatalité sont faites pour moitié au moins de l’inertie et de la fatigue des individus en face des principes stupides ou des actions mauvaises dont on continue d`empoisonner le monde. La tentation la plus forte de l’homme est celle de l’inertie. Et parce que le monde n’est plus peuplé par le cri des victimes, beaucoup peuvent penser qu’il  continuera d’aller son train pendant quelques générations encore. Il ira son train, en effet, mais parmi les prisons et les chaînes. Parce qu’il est plus facile de faire son travail quotidien et d’attendre dans une paix aveugle que la mort vienne un jour, les gens croient qu’ils ont assez  fait pour le bien de l’homme en ne tuant personne directement. Mais, en vérité, aucun homme ne peut mourir en paix s’il n’a pas fait tout ce qu’il faut pour que les autres vivent et s’il n’a pas cherché ou dit quel est le chemin d’une mort pacifiée. Et d’autres encore, qui n’ont pas envie de penser trop longtemps à la misère humaine, préfèrent en parler d’une façon très générale et dire que cette crise de l’homme est de tous les temps. Mais ce n`est pas une sagesse qui vaut pour le prisonnier ou le condamné. Et, en vérité, nous continuons d`être dans la prison, attendant les mots de l’espoir.

Les mots d’espoir sont le courage, la parole claire et l’amitié. Qu’un seul homme puisse envisager aujourd’hui une nouvelle guerre sans le tremblement de l’indignation et la guerre devient possible. Qu’un seul homme puisse justifier les principes qui conduisent à la guerre et à la terreur et il y aura guerre et terreur. Il faut donc bien que nous disions clairement que nous vivons dans la terreur parce que nous vivons selon la puissance et que nous ne sortirons de la terreur que lorsque nous aurons remplacé les valeurs de puissance par les valeurs d`exemple. Il y a terreur parce que les gens croient ou bien que rien n’a de sens ou bien que seule la réussite historique en a. Il y a terreur parce que les valeurs humaines ont été remplacées par les valeurs du mépris et de l’efficacité, la volonté de liberté par la volonté de domination. On n’a plus raison parce qu’on a la justice et la générosité avec soi. On a raison parce qu’on réussit.  Et plus on réussit, plus on a raison. A la limite, c’est la justification du meurtre.

Tout le monde aujourd’hui veut réussir, par l’argent ou par le jeu. Tout le monde veut triompher. Les nations ne souhaitent pas le succès parce qu’elles ont raison mais elles le veulent pour avoir enfin raison. Aucune d’elles ne veut plus écouter l’autre. Il n’y a plus de dialogues possibles dans un univers où tout le monde est sourd. Demain, ce sera le monologue du vainqueur et le silence de l’esclave. C`est pourquoi les hommes ont raison d’avoir peur, parce que dans un pareil monde c’est toujours par hasard ou par une arbitraire bienveillance que leur vie ou celle de leurs enfants sont épargnées. Et ils ont raison aussi d`avoir honte parce que ceux qui vivent dans un pareil monde sans le condamner de toutes leurs forces (c`est-à-dire presque tous) sont à leur manière aussi meurtriers que les autres.

Il n’y a qu’un seul problème aujourd’hui qui est celui du meurtre, toutes nos disputes sont vaines. Une seule chose importe qui est la paix. Les maîtres du monde sont aujourd’hui incapables de l’assurer parce que leurs principes sont faux et meurtriers. Que du moins, et dans tous les pays, ceux qui refusent le meurtre se réveillent, dénoncent les faux principes et entament pour leur propre compte la réflexion, le dialogue, le démarche exemplaire qui démontreront au moins que  l’histoire est faite pour l’homme et non pas le contraire. Ceux qui ne veulent pas tuer doivent parler, et ne dire qu’une seule chose, mais la dire sans répit, comme un témoin, comme mille témoins qui n’auront de cesse que lorsque le meurtre, à la face du monde sera répudié définitivement.

Albert Camus, Franchise No 3, novembre – décembre 1946.

* Source : Axel Kahn, suivez l’itinéraire d’un chercheur

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En complément :

«J'avais reconnu l'adversaire que j'avais à combattre – le faux héroïsme qui préfère envoyer les autres à la souffrance et à la mort, l'optimisme facile des prophètes sans conscience, politiques aussi bien que militaires, qui, promettant sans scrupules la victoire, prolongent la boucherie; et derrière eux, le choeur stipendié de tous ces ‘phraseurs de guerre’.» (Le monde d’hier)

«Tant qu'ils ne sont pas fin prêts, les despotes qui préparent la guerre n'ont que le mot de paix à la bouche.» (Les Très Riches Heures de l'Humanité)

~ Stefan Zweig  

24 juillet 2017

Festivalite et écoeurantite aigües

«On ne sait jamais ce que notre malchance nous a épargné de pire.»
~ Cormac McCarthy (No Country for Old men)

Montréal n’est pas épargnée du pire. Le 375e multiplie les horreurs estivales.
M. Coderre se vante souvent d’être intègre – en effet, il intègre sans discrimination tout ce qui fait beaucoup de bruit pour «mettre Montréal sur la ‘map’» (sic).

Le tandem Coderre / Evenko 

Les promoteurs d’Evenko doivent adorer M. Coderre : l’entreprise produit annuellement plus de 1 200 événements musicaux, familiaux, sportifs partout au Québec, dans les provinces de l’Atlantique et dans le nord-est des États-Unis. Parmi les concerts en plein air à Montréal, quatre événements de grande envergure : Festival musique et arts Osheaga, HEAVY MONTRÉAL et ÎleSoniq au parc Jean-Drapeau, et YUL EAT dans le Vieux-Port de Montréal. Evenko est également le promoteur des deux courses Montréal ePrix 2017, un événement international sur circuit urbain comptant pour le Championnat de Formule E de la FIA.

Je suis contre le terrorisme, incluant le terrorisme sonore – enfoncé dans nos oreilles sans notre consentement. Le rock métal est une forme de torture qui bousille le système nerveux et l’audition – on l’utilisait à plein volume dans les cellules d’isolement de Guantanamo pour soutirer des aveux aux prisonniers. À classer donc parmi les armes de destruction massive. 
   «Dans les années 1970, toute une génération de musiciens cinglés a déferlé. Des hystériques égocentriques carburant à la testostérone. Le but du punk rock était de promouvoir la violence, le sexe, la destruction, la drogue. Plusieurs stars mythiques sont d’ailleurs mortes d’une overdose. De l’énergie, des tripes! Les gens voulaient des shows, des décors, du son amplifié, plus de gens à poil, plus de débordement et plus de délire. On utilisa des stades. Le nombre de spectateurs grandissant, la distance entre les artistes et les derniers spectateurs s’est allongée. Conséquemment il fallut augmenter le volume. Un business très lucratif... Une des tournées de Led Zeppelin a coûté 11 millions de dollars – décadent et délirant, de l’argent jeté par les fenêtres.»
(Source : Les années 70 – La musique; production CNN, Platone, Herzog & Company)

Le 19 juillet dernier, les spectateurs ont payé 115 $ (peut-être plus) pour voir le groupe «stéréoïdé» Metallica (catégorie rock métal trash). Autrefois, ces types auraient été enfermés en asile psychiatrique pour psychose délirante
Imaginez un peu : 35 000 pers. x 115 $ ch. = 4 025 000 $.

Journal de Montréal – Près de 35 000 personnes se sont rassemblées au parc Jean-Drapeau, pour assister au spectaculaire concert de Metallica, dans le cadre de leur tournée «WorldWired Tour».
   Dès les premières notes de «Ecstasy of Gold», accompagné d'un clip western sur écran géant, le public était en transe, criant en levant les bras en l'air. Déjà humide et chaude, le reste de la soirée s'annonçait particulièrement explosive. Arrivés sur scène sous les acclamations de la foule, les quatre gars de Metallica ont immédiatement débuté avec «Hardwired», suivi de la percutante «Atlas Rise!». 
   «D'où vous venez, qui que vous soyez, quoique vous mangez ou que vous ne mangez pas, nous avons tous un point commun, a lancé le chanteur et guitariste James Hetfield. Notre point commun est que vous êtes tous venus pour célébrer la vie, avec nous!» 
   Pour son escale montréalaise, Metallica est arrivé avec toute l'artillerie lourde de sa tournée. ... Les effets pyrotechniques et les jeux de lumière ne sont rien à côté de la tonne de décibels qu'ils envoient et qui fait vibrer tout le corps lorsqu'on est trop près de la scène
   Avec «Now That We're Dead», quatre énormes tambours font leur apparition sur scène. Hetfield, le guitariste Kirk Hammett et le bassiste Robert Trujillo vont se mettre à frapper les tambours à l'unisson, rapidement rejoint par le batteur Lars Ulrich.

Ils appellent ça «célébrer la vie»... C’est une joke ou quoi?! 

Diable, que vois-je, une prothèse auditive?! Le pauvre homme ne s'entend plus... 
(Photo via Journal de Montréal)  

Bref, pollution sonore, pollution atmosphérique et pollution visuelle garanties.
‘Toujours plus gros, toujours plus fort, toujours plus loin’ dit la pub du Parc Jean-Drapeau. Un aperçu du concert : 
https://www.youtube.com/watch?v=qtIrGq7xWzQ ou
https://www.youtube.com/watch?v=x323z3Hv1dM

Les spectacles «O shit ha ga» et ÎleSoniq vont se succéder pendant plusieurs semaines. Je plains sincèrement les citoyens de Saint-Lambert

Gravel le matin, ICI Radio-Canada Première ǀ 20 juillet 2017 – La venue du groupe Metallica à Montréal n'a pas fait que des heureux mercredi soir. Certains citoyens de Saint-Lambert ont, bien malgré eux, assisté à la prestation de la populaire formation, raconte le maire de la municipalité, Alain Dépatie.
   «On est souvent ridiculisés dans les journaux, mais sur la route 132 et le boulevard Riverside, hier soir, on était comme au spectacle. C’est dans une zone plus densément peuplée de Saint-Lambert. Il y avait plein de gens qui écoutaient le spectacle comme s’ils avaient été de l’autre côté [sur le site].» ~ Alain Dépatie 
   Il mentionne que des plaintes ont commencé à affluer à l’hôtel de ville de Saint-Lambert dès mercredi après-midi en raison des tests de son.
   Le maire de Saint-Lambert soutient que le spectacle de Metallica n’était pas plus bruyant que les autres concerts, mais précise que ce sont de nouveaux citoyens, situés au centre-ville, qui ont été affectés par le bruit. Il condamne toutefois la fréquence des prestations. «Il y en a toutes les semaines, toutes les fins de semaine. Si ton voisin fait un party jusqu’à trois heures du matin une ou deux fois dans l’été, c’est acceptable, mais toutes les fins de semaine, ce n’est peut-être pas une démarche de bon voisinage.» 
   Les concerts d’Evenko ont été déplacés sur l’île Notre-Dame. La scène est actuellement adossée au pont Victoria. Un nouvel amphithéâtre naturel est en construction au parc Jean-Drapeau pour augmenter la capacité du site. Des investissements sont prévus pour réduire la portée sonore des spectacles.

En complément :  

L’ouïe foudroyée par le rock – Cool de se défoncer les tympans
Malheureusement pour les fans, le hard rock, le glam métal et les genres musicaux du même ordre ont le pouvoir de détruire notre précieux et fragile sens de l’ouïe ... (témoignages de jeunes qui ont écopé). Le seuil critique pour endommager ou perdre l'ouïe (si le bruit dure trop longtemps ou est constant) se situe à environ 85 décibels.
Concert Rock           110-120 dB
Feux d’artifice          130-190 dB
Formule 1                 140-150 dB

Les êtres vivants peuvent mourir s’ils sont exposés à des sons d’intensité supérieure à 150 dB. Les effets de la pollution sonore ne se limitent pas à la perte de l'ouïe. Les bruits forts persistants entraînent des maux de tête et d'estomac, des acouphènes, de l’irritabilité, de l’insomnie, des difficultés d'apprentissage, et même des maladies cardiaques et de l'hypertension artérielle. (New Scientist)

https://artdanstout.blogspot.ca/2016/01/louie-foudroyee-par-le-rock.html

Formule E aux frais des citoyens montréalais

Folie des grandeurs et raison ne font jamais bon ménage.

Pourquoi chambouler le centre-ville, alors que l’administration municipale aurait pu se servir du circuit Formule1? Qui s’emplit les poches? Des cols blancs ont distribué des tickets gratuits (porte-à-porte) aux gens des alentours pour compenser les inconvénients (le ridicule ne tue pas). Et si vous pensez qu’«électrique» est synonyme de silencieux, détrompez-vous – le son est strident, aigu est très agressant. Ça rappelle le sifflement des bombes durant leur trajectoire.

ATTENTION – baissez le volume au minimum.



ICI Radio-Canada Info – Les villes de Berlin, Paris, New York, Monaco, Marrakech et Hong Kong affirment qu'elles n'ont rien payé pour la tenue de courses de formule E (électrique). Montréal, elle, déboursera au moins 24 millions, et la facture pourrait grimper. En plus des 24 millions de dollars prévus pour différents travaux relatifs à la course, l'administration municipale a décidé de cautionner une marge de crédit de 10 millions de dollars pour l'organisme responsable de l'événement, Montréal, c'est électrique. Si les organisateurs ne sont pas en mesure de payer leur marge de crédit, c'est la Ville qui remboursera. 
   Radio-Canada a contacté toutes les villes hôtes d'une compétition de formule E en 2016-2017. Parmi celles qui nous ont répondu, aucune n'indique avoir investi de fonds publics dans l'aventure de cette course d'automobiles fonctionnant à l'électricité. 
   «Chaque ville a un modèle d'affaires différent. Celui choisi par Montréal permettait de maximiser le succès de l'organisation de cet événement d'envergure. Il démontre que Montréal est une grande métropole de courses automobiles. C'est une entente à long terme.» ~ Marc-André Gosselin, attaché de presse de Denis Coderre, maire de Montréal 
   «La question n'est pas de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise idée, c'est d'essayer de comprendre pourquoi Denis Coderre n'a pas réussi à aller chercher cet événement-là sans impliquer l'argent des Montréalais.» ~ Valérie Plante, chef de Projet Montréal

http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1039720/montreal-paie-formule-e-verif-preuve-faits-course-automobile-electrique

La Presse – Des citoyens résidant près du circuit de la Formule E en ont assez du bruit, des fermetures de stationnement et des autres entraves à la circulation liés à l'ePrix  (course de Formule électrique) qui aura lieu les 29 et 30 juillet. 
   Roxanne Ducharme, résidante du boulevard René-Lévesque, a décidé de déménager en septembre pour ne pas avoir à endurer une autre année comme celle-ci, car Montréal a signé un contrat de trois ans avec la Formule E. «À 4 heures du matin, on entendait des coups de marteau et du bruit comme si on était sur un chantier de construction», dit-elle.

Si nous sommes peu nombreux à avoir adopté la voiture électrique, c’est qu’elle est hors de prix; et, nous n’avons pas besoin d’une course de formule E pour nous convaincre du bienfondé de l’électrification des véhicules. Cette justification de la Ville est ridicule.

Le tandem Coderre / NomadFest Rodéo Urbain

Les promoteurs doivent, eux aussi, adorer M. Coderre...

Le pire est à venir : du 24 au 27 août, Quai Jacques-Cartier, Vieux-Montréal, quatre rodéos, 150 cowboys. Comment l’administration municipale a-t-elle pu approuver un divertissement aussi déplacé et odieux? L’histoire de Montréal n’a rien de commun avec celle de Calgary et de son Stampede.

Je n’ai rien contre les gens qui se bousillent volontairement le système nerveux lors de spectacles rock métal ou de courses automobiles, c’est leur choix. Mais ici, il est question d’animaux qui n’ont pas choisi de se laisser brutaliser pour divertir le public.

Qu’on se le dise une fois pour toutes :
IL N’EXISTE AUCUNE FAÇON ÉTHIQUE DE BRUTALISER.

Capture du veau au lasso

Des spectacles aussi primitifs, sadiques et barbares que les rodéos devraient être bannis à tout jamais partout au pays. L’Angleterre, l’Écosse et les Pays-Bas ont complètement interdit les rodéos. Au Canada, la ville de Vancouver les a interdits.

Pétition à signer; au moins pouvez exprimer votre désaccord http://www.nonaurodeo.com/

Plus d’info :

NON au rodéo. Plus d’éducation et de respect.
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/06/non-au-rodeo-plus-deducation-et-de.html

Les chevaux ne sont pas des «biens» patrimoniaux
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/06/les-chevaux-ne-sont-pas-des-biens.html

À bas les CALÈCHES (bis) et le RODÉO du 375e MTL
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2017/05/a-bas-les-caleches-bis-et-le-rodeo-du.html

“Of all the creatures that were made, man is the most detestable. Of the entire brood he is the only one the solitary one that possesses malice. That is the basest of all instincts, passions, and vices the most hateful. He is the only creature that has pain for sport, knowing it to be pain. Also in all the list he is the only creature that has a nasty mind.” ~ Mark Twain's Autobiography

22 juillet 2017

À ta santé, Liberté!

Après 50 ans, les mots de Charles de Gaulle «Vive le Québec... libre!» résonnent à vide aujourd’hui. Mais à l’époque ils ont eu l’effet d’une bombe. Présageait-il une potentielle crise comme en Algérie? Le FLQ a failli lui en donner la couleur...  

 
 Montréal 1967

Les propos ambigus du général rappellent ce qu’il disait le 4 juin 1958 à Alger «Je vous ai compris», puis deux jours plus tard à Mostaganem «Vive l’Algérie française!». L’idée de l’autodétermination ne plaisait ni aux Pieds-noirs ni aux partisans de l’Algérie française. Ce sont les troubles transformés en guerre civile entre 1957 et 1958, qui ont favorisé le retour de Charles de Gaule «aux affaires» et lui ont accordé «les pleins pouvoirs». En même temps qu'il fondait la Ve République, de Gaulle tentait de régler le problème algérien. Les accords d’Évian allaient finalement permettre l’indépendance de l’Algérie en 1962 (1).

Alger 1954 

«Je ne crois pas que depuis le commencement du monde, on ait jamais vu une nation se payer de mots aussi aisément que la nôtre. C'est d'ailleurs la seule qui ait eu le front d'écrire LIBERTÉ sur ses prisons, ÉGALITÉ sur ses palais et FRATERNITÉ sur cette fabrique de haine qu'on appelle le Parlement.»
~ Henry Maret (Pensées et opinions / Paris, Flammarion 1903)

«Qu’est-ce que la liberté? Une vieille idole en morceaux.»
~ Marcel Azaïs, critique littéraire (1888-1924)

«La liberté commence où l'ignorance finit.» ~ Victor Hugo

«L'idée qu'un citoyen, qui n'a jamais eu affaire à la justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui il lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d'un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l'esprit de personne. Le jour n'est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d'ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l'État jugera plus pratique, afin d'épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail? L'épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée.»
~ Georges Bernanos, 1888-1948 (La France contre les robots, 1946)  

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La chambre haute de la Pologne a adopté samedi un projet de loi controversé qui permettrait au gouvernement de renforcer le contrôle politique sur la Cour suprême du pays. Les opposants du projet de loi soutiennent qu'il abolirait l'indépendance du pouvoir judiciaire et mettrait en péril l'État de droit. Après le vote, les manifestants rassemblés devant le Parlement, ont scandé «Honte!», «Traitres!», «Démocratie!».

«N'ouvre jamais ta porte à ceux qui, de toute façon, l'ouvrent sans ta permission.» ~ Stanislaw Jerzy Lec, écrivain polonais (1909-1966) [Nouvelles pensées échevelées]

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(1) Même si nous n’apprenons rien de l’histoire, vous trouverez sur ce site les jalons de l’histoire de l’Algérie depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui :   

Hitler n’a rien inventé (la manière de procéder est identique chez tous les envahisseurs et colonisateurs de toutes origines) :

Le saccage des Français
Les archives algériennes et les œuvres d'art en bois servirent souvent de combustion pour les feux de camp des militaires. Les méthodes utilisées par l’armée française furent généralement brutales, comme en fait foi ce témoignage du lieutenant-colonel Lucien-François de Montagnac, officier durant la conquête d’Algérie (Lettres d’un soldat, 15 mars 1843) :
     «Toutes les populations qui n'acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d'âge ni de sexe: l'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le pied [...]. Voilà comment il faut faire la guerre aux Arabes: tuer tous les hommes jusqu'à l'âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens.»
     Les Français se livrèrent à une guerre bactériologique en empoisonnant les puits, sans parler de la destruction systématique des cultures. Le général Thomas-Robert Bugeaud (1784-1849), par exemple, organisa de façon systématique le massacre de populations civiles en enfermant les gens dans des grottes afin de les gazer en les enfumant. Il se vantait même de chercher à exterminer les Arabes: «C’est la guerre continue jusqu’à extermination… Il faut fumer l’Arabe!» En réalité, seules quatre ou cinq «enfumades» auraient été recensées; elles auraient été étalées sur une période de cinq ans.
     Néanmoins, des tribus entières arabes et berbères furent rayées de la carte. Alors que la population algérienne était estimée à quelque trois millions en 1830, elle n'en comptait plus que deux millions en 1845. Aujourd'hui, on n'hésiterait guère à parler d'une forme de génocide. En 1843, le général Bugeaud reçut la grande croix de la Légion d'honneur, puis fut fait maréchal de France en récompense de ses loyaux services. Ce genre de reconnaissance nationale n'a pas été inventé par les Français; d'autres puissances impérialistes, notamment chez les Britanniques, l'ont pratiqué également sur une grande échelle.

La «mission civilisatrice» de la France
L'idéologie de l'époque trouvait en partie sa justification dans la présumée «supériorité de la race française» sur la «race indigène». Jules Ferry (1832-1893), l'un des fondateurs de l'éducation moderne française à l'origine des grandes lois scolaires républicaines instituant la gratuité, l'obligation et la laïcité de l'école, avait déclaré à ce sujet, le 28 juillet 1885, lors d'un débat à la Chambre des députés:
     «Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder [...] : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. [...] Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. [...] Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. [...]
     Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l'histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l'esclavage dans l'Amérique centrale, ils n'accomplissaient pas leur devoir d'hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation.[...] La politique coloniale est fille de la politique industrielle.»  

L’Algérie accéda formellement à l'indépendance le 5 juillet 1962 dans un climat de guerre civile et de luttes féroces pour le pouvoir, d'autant plus que beaucoup de colons français et de militaires n'acceptaient pas de perdre leurs privilèges.

20 juillet 2017

Le kaka blanc au féminin

Le passé est-il garant du futur? Possible.

Avec la tendance à soumettre les gens à une dictature patriarcale et théocratique, on nage en plein dans le roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood. Et pas seulement aux États-Unis. Le mouvement Pro-Vie d’Alberta se bat comme diable dans l’eau bénite contre l’avortement à renfort de conférences de mauvais goût (pour ne pas dire odieuses) dans les écoles. Tout comme pour le droit de mourir dans la dignité, les débats ne portent pas sur le droit de la personne ni la science médicale, mais sur des croyances théologiques qui n’ont de valeurs que pour celles et ceux qui y croient. Exemple : les femmes sont des machines à procréer qui n’ont pas le droit de disposer de leur corps comme elles l’entendent (1).  

Women Ku Klux Klan, les femmes féministes du KKK 


[...]
Le WKKK, ou Women Ku Klux Klan est une organisation créée en 1921 mais officialisée en 1923. Effectivement, le 10 juin 1923, le WKKK devient une organisation auxiliaire du KKK. Les femmes ne pouvant pas intégrer le Klan, elles se sont donc liées autour d’une organisation anti-juive, anti-catholique, anti-immigrée et anti-noire qui se démarque du KKK. [...]

Pour devenir une Klanswoman il faut avoir plus de 16 ans, être blanche (évidemment), protestante, ne pas être issue de l’immigration, être nationaliste, raciste, suprématiste et détester la plupart des humains. En novembre 1923, quelques mois seulement après sa création officielle, le Klan rassemble 250 000 femmes dans 36 des États d’Amérique. Un beau score. En 1925, le KKK et le WKKK comptent 4 millions de membres, ça en fait des bras pour discriminer et tabasser les autres. [...]

Margaret Sanger est la fondatrice du planning familial américain, vu comme ça, on pense à une femme féministe progressiste et humaniste. En réalité, si elle tente de rendre la contraception accessible à toutes, ce n’est pas pour libérer la femme de la grossesse et libérer le sexe, non, c’est pour éviter que ceux qu’elle appelle «les nuisibles» se reproduisent... À savoir principalement les noirs, les immigrés et les pauvres. Elle a trouvé de nombreux soutiens et financement à travers les Klanswomen. [...]

Parmi les activités des Klanswomen, il y a le soutien à toutes les activités du KKK, les membres ne sont jamais en première ligne pour la violence, mais elles gèrent la logistique, elles s’occupent du recrutement des membres du Klan et elles sont présentes dans la sphère politique. Elles mettent en place des boycotts commerciaux en accord avec les politiques locales pour parvenir à ruiner certaines familles juives ou afro-américaines. Les Klanswomen sont également présentes auprès des écoles pour «protéger» les enfants des instituteurs qui ne sont ni blancs, ni protestants et si possible les faire virer, distribuer des tracts pour les candidats politiques du KKK, mais aussi siéger dans les conseils scolaires. L’idée est d’être PARTOUT et aussi de dire n’importe quoi. Une autre des missions des femmes du WKKK est de répandre des rumeurs pour persécuter psychologiquement certaines familles. [...]

Article intégral : Raconte-moi l’histoire (site fort intéressant)
http://www.racontemoilhistoire.com/2017/07/16/klanswomen/#more-13266

Le Women Ku Klux Klan disparut au début des années 1930. Retour aux chaudrons, mais la tradition se perpétue de génération en génération au profit du KKK masculin. 

Le port du condom sur la tête ne favorise pas l’expansion du QI, mais il favorise la procréation de bébés blancs (de la droite religieuse radicale) du genre Mike Pence et Betsy DeVos. L’ex leader du Ku Klux Klan, David Duke, a déclaré que la décision de Trump d’introduire Steve Bannon dans son cabinet était «excellente».

«... L'humanité produit une incroyable quantité d'imbéciles. Plus un individu est bête, plus il a envie de procréer. Les êtres parfaits engendrent au plus un seul enfant, et les meilleurs, comme toi, décident de ne pas procréer du tout. C'est un désastre. (2)
... Je dois me demander dans quel monde j'enverrais mon enfant. L'école ne tarderait pas à me l'enlever pour lui bourrer le crâne de contre-vérités que j'ai moi-même vainement combattues pendant toute ma vie. Faudrait-il que je voie mon fils devenir sous mes yeux un crétin conformiste ? ou bien, devrais-je lui inculquer mes propres idées et le voir souffrir parce qu'il serait enchaîné dans les mêmes conflits que moi?» ~ Milan Kundera (La valse aux adieux)

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(1) Arkansas – Pas d’avortement sans l’autorisation du géniteur
     L’État américain de l’Arkansas a introduit une réforme concernant les avortements. Dès la fin du mois, les femmes désirant se faire avorter pourraient avoir besoin de l’autorisation du père du fœtus pour procéder. Des organisations de défense des droits de la personne ont déposé une poursuite pour empêcher l'État d'aller de l'avant.
     Les femmes qui souhaitent obtenir un avortement en Arkansas risquent bientôt de ne plus pouvoir le faire sans l’autorisation de l’homme à l’origine de leur grossesse.
     Les législateurs républicains de cet État conservateur ont introduit une réforme qui change la manière dont les restes fœtaux seront pris en charge.
     Les cliniques pratiquant des avortements devaient traditionnellement s’entendre avec la patiente sur la manière de les traiter. Elles devront à partir de la fin du mois obtenir aussi le consentement du géniteur à ce sujet avant de procéder à l’interruption de la grossesse.
     L’un des instigateurs de la réforme, Kim Hammer, maintient qu’il est nécessaire de permettre à l’individu concerné de jouer un rôle central sur ce plan. «Il était là au moment de la conception, alors il devrait être là à travers l’ensemble du processus», a-t-il déclaré.
     «Si la loi entre en vigueur comme prévu, elle restreindra de manière marquée l’accès à l’avortement puisqu’elle donnera potentiellement un pouvoir de veto» au géniteur sur l’avortement lui-même, relève Elizabeth Nash, chercheuse du Guttmacher Institute, qui suit de près les initiatives législatives dans ce domaine.
 
Marc Thibodeau, La Presse – article intégral :
 
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(2) Tant qu’à y être, parlons du lapinisme humain
     Au lieu de «génocider» des populations entières par des moyens pas catholiques du tout, éduquons en contraception et encourageons le port du condom partout – toutes races, couleurs de peau, nationalités et cultures confondues. Vu les statistiques démographiques actuelles, ce n’est pas un luxe. L’on confond eugénisme avec prévention, ce qui est tout à fait ridicule. C’est simplement une question de conscience. Nous ne sommes plus au temps des tribus et du «allez, croissez, multipliez-vous sur toute la surface de la terre». Arrêtez! la cours est pleine. Les couples qui ont recours à des mères porteuses pour perpétuer leur propre lignée font preuve d'un égoïsme scandaleux. C'est un marché lucratif en certains pays, sans parler des productrices d'ovules issues pour la plupart de milieux démunis. On traite les humains de la même manière que le bétail.
     La population mondiale était estimée à 7,55 milliards d’individus au 1er juillet 2017. Nous étions 7 milliards au 31 octobre 2011. En 2016, on estime que la population humaine mondiale augmente de 246 000 habitants par jour, résultat égal au différentiel entre les 403 000 naissances et 157 000 décès estimés par jour sur Terre, ce qui représente une hausse de 90 millions de personnes par an. Le taux annuel de la croissance démographique de la population mondiale est de 1,2 %. En 2014, environ 54 % de la population mondiale vit en milieu urbain. (Wikipédia)
 
L’Asie est en tête, suivie par l’Afrique.
 
Quelle est la capacité d’hébergement de la planète, surtout avec des locataires aussi voraces que les humains?

 
La sixième extinction de masse s’avère plus grave que prévu
Alexandre Shields (Le Devoir; 11 juillet 2017) 
 
[...]
Les auteurs pointent en outre un phénomène qui suscite de vifs débats dans la communauté scientifique, soit la «surpopulation» humaine, et la surconsommation de ressources qui en découle
     Chaque année, le monde consomme des ressources qui équivalent à 150 % de ce que la planète est en mesure de produire sur une base annuelle. Si tous les humains consommaient comme les Canadiens, il nous faudrait l’équivalent de trois planètes et demie pour assurer notre subsistance.
     Le nouveau signal d’alarme scientifique publié lundi, qui témoigne du «peu de temps» qu’il reste pour agir, s’ajoute à d’autres analyses qui ont fait état de l’accélération de la destruction de la biodiversité sur Terre. Globalement, pas moins de 60 % des populations de vertébrés auraient disparu entre 1970 et 2012, selon des données publiées en octobre 2016 par la Société zoologique de Londres. D’ici 2020, cette perte pourrait atteindre 67 %. [...]
 
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“One day you'll realize that the people capable of running the country are too smart to get into politics.” ~ Herman, by Jim Unger, 1980