30 juin 2014

Vaine cruauté


«Je n’ai jamais éprouvé autant de compassion qu’aujourd’hui envers les souris. Combien d’entre elles ont dû lever les pattes dans d’atroces souffrances pour me permettre de percoler sous haute surveillance ici.»  
~ Josée Blanchette (Voyez son texte Les aiguilles et le Folfox, message précédent) 

En apparence anodine, cette phrase soulève néanmoins d'épineuses questions au sujet de la vivisection et des tests effectués sur des animaux. On ne teste pas uniquement sur les souris et les rats. Beaucoup d’autres espèces (singes, lapins, chiens, chats, hamsters...) sont encore torturées en laboratoire, prétendument pour nous sauver la vie. Sadique, inutile et non probant, car à la fin, les vrais cobayes c’est nous, et qui plus est, ces pratiques odieuses n’empêchent personne de mourir à son heure.

«Peu m’importe de savoir si la vivisection obtient des résultats utiles à la race humaine ou non. Le fait de savoir que les résultats sont profitables n’éliminera pas mon hostilité à son égard. La souffrance infligée à des animaux non consentants est à l’origine de mon hostilité, et pour moi, cela ne nécessite aucune justification supplémentaire. Ce sentiment fait tellement partie de ma constitution, il est si intense et si profondément enraciné dans ma nature, que je suis certain que je ne pourrais pas voir un vivisecteur vivisecté sans éprouver une sorte de satisfaction mitigée.»
~ Mark Twain (Lettre à la London Anti-Vivisection Society, 26 mai 1899)


DES BEAGLES CONTRAINTS D'INHALER DES SUBSTANCES TOXIQUES
Cigarettes, nettoyants à four, aérosols, substances chlorées et plusieurs autres produits sont testés de cette manière.
Le test se termine lorsque 50% des animaux sont morts.
Voilà qui détermine la dose létale de ces substances.
Les animaux qui survivent sont recyclés pour d’autres expériences, ou détruits.

“Dear intelligent people of the world, don’t get shampoo in your eyes. It really stings. There. Done. Now stop torturing animals.” 
       «Les animaux ne sont pas ici pour notre bon plaisir. Nous ne sommes pas leurs supérieurs, nous sommes leurs égaux. Nous sommes leur famille. Soyez bon envers eux.»
~ Ricky Gervais

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(…) Le spécisme est l'idéologie qui justifie et impose l'exploitation et l'utilisation des animaux par les humains de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines.
       Les animaux sont élevés et abattus pour nous fournir de la viande; ils sont pêchés pour notre consommation; ils sont utilisés comme modèles biologiques pour nos intérêts scientifiques; ils sont chassés pour notre plaisir sportif.
       La lutte contre ces pratiques et contre l'idéologie qui les soutient est la tâche que se donne le mouvement de libération animale.
~ Antoine Comiti (Cahiers antispécistes)

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«Notre appétit pour la chair et les produits de cadavres animaux, combiné à la croissance démographique humaine, nous a amenés à créer des méthodes ‘d’élevage’ qui sont non seulement insoutenables à long terme, mais qui détruisent déjà un grand nombre d’écosystèmes naturels dont nous dépendons – tels que les forêts tropicales, les rivières, les océans, les prairies, les marais, et même l'atmosphère… Les étiquettes «élevés en liberté» ou «nourris au pâturage» ne suffisent pas, car même cette forme d'élevage détruit l'environnement.
       Vous ne pouvez pas être écologiste ou protecteur des océans sans passer à l’action. Et vous ne pouvez pas passer à l’action le monde qui vient – le monde de nos enfants – sans adopter une alimentation à base de végétaux.
       Depuis que je suis végétalien, je suis en meilleure santé, j'ai plus d'énergie et mon endurance cardio a presque doublé… C'est incroyable. Mais, mis à part les avantages pour notre santé, cela nous donne l’occasion de réellement contribuer à transformer la planète, et c’est quelque chose de tout à fait possible. Mais vous ne pouvez pas y croire seulement parce que je vous le dis.»
~ James Cameron

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(…) Le spécisme est une injustice, tragique et insidieuse, qui existe depuis que les êtres humains règnent sur terre. Socialement et globalement accepté, légitimé par les gouvernements de toutes les nations et sanctifié par les religions du monde, c'est seulement vers la moitié du siècle précédent que ce dernier bastion de fanatisme a largement été contesté. De plus en plus de végétaliens sortent du placard, déclarant fièrement à tous ceux qui sont prêts à les écouter qu'ils ne veulent plus participer, d’aucune façon ni pour aucune raison, à cette abomination qui emprisonne, torture et tue des êtres vivants sensibles.
       Pour mieux comprendre la portée de nos préjugés, imaginez qu’on infligerait aux humains les mêmes cruautés qu’aux animaux. Un tollé général s’ensuivrait et l’on exigerait que ces horribles crimes cessent immédiatement. Mais, les animaux humains se considèrent comme les propriétaires légitimes des animaux non humains, de sorte qu’ils se permettent de leur faire n’importe quoi.
        Préjuger c’est juger quelqu’un sans connaître sa réelle valeur. Conséquemment le préjugé s’appuie sur des traits superficiels tels que l’apparence, le genre, la couleur, le credo, la race, la classe ou l’espèce. Quand les gens au pouvoir (et les humains le sont indiscutablement) utilisent des lois humaines pour réduire en esclavage des espèces animales entières (décrétées inférieures parce qu’on ignore leur réelle valeur autant que leur sensibilité) nous vivons dans un monde où la violence et la cruauté (d’inévitables conséquences du fanatisme) sont tellement ancrées dans notre culture qu’elles sont perçues comme normales. (…)
       Le temps est venu de changer notre perception, de laisser s’exprimer notre sollicitude depuis trop longtemps enfermée dans le placard, et de faire des choix motivés par la compassion. Pour la première fois dans l'histoire de l’humanité, il existe un réel espoir de libérer les victimes de nos préjugés.
~ Sun (Gentle World)

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Puisque nous ne faisons rien, les coûts économiques, politiques et individuels des changements climatiques montent en flèche. Mais, il existe une façon de se nourrir qui réduit les émissions de gaz à effet de serre de moitié : le végétalisme. (...)
       Une nouvelle étude, publiée dans le journal Climatic Change, a comparé l’empreinte écologique de plus de 55 000 mangeurs de viande, mangeurs de poissons, végétariens et végétaliens au Royaume-Uni. Les chercheurs ont constaté que l’empreinte (émissions de gaz à effet de serre) des mangeurs de viande étaient deux fois plus élevée que celle des végétaliens.
       La production, le transport et l'entreposage des aliments contribuent grandement aux émissions, souligne l'étude. Ces émissions de dioxyde de carbone proviennent des combustibles fossiles utilisés pour faire fonctionner les machines agricoles et du méthane libéré par le bétail. Les produits à base d'animaux tendent à libérer plus d'émissions que les produits à base de plantes.
~ Joanna Zelman (Vegetarianism Cuts Your Dietary Carbon Footprint; The Huffington Post) 

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Et puis, à quand une compétition entre Chefs végétaliens? – un beau défi! La viande non apprêtée, c’est-à-dire crue, non transformée, non assaisonnée, sans sauce ni garnitures, etc., n’a pas meilleur goût que l’insipide tofu non apprêté…

Ce sont les croyances erronées et l’ignorance, plus que la malveillance, qui empêchent les gens de changer leur perception et leur comportement vis-à-vis des animaux. Si l’élimination de la cruauté et de la violence doit se produire un jour, à la fois envers les humains et les animaux, ce sera dû à l’éducation et à l’acquisition de valeurs différentes de celles que nous entretenons. Notre mode de vie actuel, auquel nous nous accrochons comme des naufragés à un paquebot en train de couler, ne tiendra pas la route encore bien longtemps.

Prêt à voir la réalité cachée en face?
Cette vidéo de 4 minutes couvre, sans s’appesantir, l’essentiel du problème éthique que pose notre façon d'utiliser et de traiter les animaux.

THE CALL OF JUSTICE - A.L.F. Original Soundtrack (Sous-titrage français)
http://www.youtube.com/watch?v=ySB4C2L_X7Q#t=50

27 juin 2014

Le cancer sans chimio/radiothérapie

Atteinte d'un cancer du côlon, Josée Blanchette a décidé de ne pas subir de traitements de chimiothérapie. Et d'en parler en écrivant un article dans Le Devoir. «Ce n'était pas mon premier cancer. La première fois, j'ai arrêté après deux traitements. Le premier traitement avait failli me tuer. Je me suis sentie glisser vers les abîmes.» (…)

AUDIO FIL interview :
http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2013-2014/archives.asp?date=2014-06-19

Étant fille de médecin, elle est peut-être mieux placée que quiconque pour connaître le système de santé. Je suis d’accord quand elle dit : «une commission d’enquête serait nécessaire là aussi…» En particulier avec trois médecins et une pharmacienne au Conseil des ministres du gouvernement actuel… bienvenue aux lobbyistes pharmaceutiques.

Il y a deux ans, une femme de mon entourage a subi une chirurgie pour un cancer du sein (ablation de la tumeur maligne). Elle se porte très bien depuis, même si elle a refusé l’ablation limitée des ganglions sentinelles, la chimiothérapie et la radiothérapie – préventives. Je la cite, textuellement :
       «Je ne voulais ni chimio ni radio, mais les oncologues t’obligent à participer à des sessions d’information et de simulation. Si tu refuses les thérapies, ils te font signer un tas de paperasse pour se déresponsabiliser et se prémunir contre toute poursuite si ton cancer progresse. Quand j’ai vu la procédure de radiothérapie et les moulages de contention, j’ai freaké! J’avais l’impression qu'Hannibal allait apparaître...
       Rallonger ma vie de (peut-être) un ou deux ans en m’empoisonnant ben raide? Non. Pour moi, le but ne valait pas les souffrances. Pas question de me faire bombarder de rayons X et gamma, d’électrons et autres radiations intenses, d’autant plus que la radio-oncologue m’avait dit que même si les rayons ciblent le sein, on ne peut pas les empêcher d’atteindre les poumons; pas plus que de toucher les cellules saines… J’ai décliné toutes les exhortations, parfois accompagnées d'avertissements de mort imminente; on pousse fort, comptant sur la peur de la mort et la panique du patient. Je m'étais renseignée sur les effets secondaires avant de prendre ma décision, et j’étais prête à assumer les risques et périls de mon refus; en fait, j’avais l’impression de sauver ma peau.»

Mais, c’est un choix strictement personnel comme le précise Josée Blanchette en interview; et elle n'incite pas les patients à l'imiter.

Photo : masque de radiothérapie, oeuvre d'interprétation réalisée par l'artiste Jérémy Bracone (2010). Ses commentaires :
       Lors d’une séance de travail au Centre de Lutte Contre le Cancer Alexis Vautrin, le personnel a tenu à me faire ressentir la sensation glaçante que procure la visite de la salle des masques de contentions. Ces derniers, moulés directement sur les patients, sont utilisés pour les maintenir en position lors des séances de radiothérapie. Ces camisoles sur-mesure sont composées d’un alliage de plastique thermo-formable et de kevlar (ce même kevlar dont sont faits les gilets pare-balles). D’une résistance à priori à toute épreuve, cette matière se déforme et fond au contact du soleil… tout comme les ailes de cire d’Icare.
       Gisants ou transis. Camisoles de force ou chrysalides. Armures de survie ou sarcophages. Gilets pare-balles. Cottes de mailles. Rigor mortis. Gargouilles. Portraits-relief… Telles furent pêle-mêle mes premières impressions en pénétrant dans la salle des masques de radiothérapie.
       J’ai immédiatement éprouvé le besoin de me placer dans la position du patient le temps de me faire mouler un exemplaire in situ.
       Violence des mailles molles et chaudes qui, en l’espace d’un instant, se rigidifient en se refroidissant. Sentiment d’oppression accentué par le boulonnage à la table de traitement. Vulnérabilité accrue par la position couchée et par la froideur de l’environnement clinique et de son appareillage.

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Une triste nouvelle, mais je veux la remercier de son témoignage (de dire les "vraies affaires") :

La chimio pour les nuls
Les aiguilles et le Folfox
Josée Blanchette
13 juin 2014, journal Le Devoir

Josée Blanchette   

Entre solitude et prison, une lueur d'espoir qui peut tuer.  

       «Le cancer peut se partager avec des proches. La chimio ne se partage avec personne.» ~ Pierre Gagnon, 5-FU
       «La validation d’un médicament anticancer jusqu’au stade des expériences sur l’homme en nombre suffisant coûte aujourd’hui entre 500 millions et un milliard de dollars. Ce type d’investissement apparaît justifié lorsqu’on sait qu’un médicament comme le Taxol rapporte à la compagnie qui en détient le brevet un milliard de dollars par an. Il est en revanche absolument impossible d’investir des sommes de cet ordre pour démontrer l’utilité des brocolis, des framboises ou du thé vert, puisqu’ils ne peuvent pas être brevetés et que leur commercialisation ne remboursera pas l’investissement initial.» ~ David Servan-Shreiber, Anticancer

Avertissement : n’arrêtez pas vos traitements ou médicaments sans consulter votre médecin, votre psy ou votre mère. Ne m’écrivez pas pour me dire que la chimio vous a sauvé la vie. Ceux qui en sont morts ne se feront jamais entendre.

«Madame Blanchette. Salle 2. Fauteuil 16», m’indique la voix dans le haut-parleur. Dans la salle d’attente, l’ambiance est lourde, le silence plombé. Chacun sait ce qu’on attend ici : un match en prolongation ou l’élimination. Dans chaque salle, moderne, éclatante de propreté, impersonnelle, lumineuse, des fauteuils capitonnés réglables avec écrans de télé individuels nous accueillent.
       J’y serai cinq heures chaque fois à me faire infiltrer du Folfox, un mélange de plusieurs poisons extrêmement agressifs, sans compter tous les antinauséeux et antivomitifs, cortisone et autres qu’on nous administre avant.
       Six mois, toutes les deux semaines, c’est le protocole prévu. Une partie à l’hôpital et une partie dans un «biberon» porté à la ceinture durant 48 heures, à la maison.
       Nous sommes quatre patients par salle et nous partageons une infirmière qui a reçu un entraînement particulier, a lu tous les livres sur le bonheur et la motivation intérieure, sait que ce qui nous guérit peut nous tuer et ce qui nous tue peut nous guérir.
       Je n’ai jamais éprouvé autant de compassion qu’aujourd’hui envers les souris. Combien d’entre elles ont dû lever les pattes dans d’atroces souffrances pour me permettre de percoler sous haute surveillance ici.
       Ici. À la fois la (fine) pointe de l’iceberg de notre médecine de laboratoire et un no man’s land déshumanisant où les pelées et les tondus ont l’air de condamnés à vivre, pour reprendre l’expression décapante de l’écrivain Pierre Gagnon, qui a commis un très joli livre sur sa chimio il y a quelques années (5-FU).
       Justement, j’en reçois du 5-FU. Et de l’oxaliplatine, du platine, comme son nom l’indique, qui se déposera sur mes cellules folles et sages. On fait dans les métaux lourds. Et je relis 5-FU pour me donner du courage.
       J’en ai besoin d’une bonne dose pour oublier les paroles de la gastro-oncologue : une chance sur 50 000 d’en mourir après la première perfusion. Ce n’est rien qu’une statistique, un désagréable effet secondaire, mais mon infirmière pivot a perdu une patiente comme ça. Elle n’oubliera pas son nom de sitôt. C’est la faute d’un gène qui provoque une réaction auto-immune. Le corps se suicide.
       J’y penserai chaque minute durant ces deux interminables semaines auxquelles j’ai survécu, non sans effets secondaires débilitants. «Il se pourrait que vous ne puissiez plus écrire…», m’avait aussi avertie ma docteure. Plus capable de sentir ses doigts. Tout a un prix, mais celui-là, pas du tout temporaire dans 5 % des cas, équivalait à m’amputer.

Voir sa mort

C’est à la seconde salve que je suis tombée K.-O. Et j’ai compris ce que le cycliste Lance Armstrong voulait dire quand il parlait de «l’expérience la plus difficile de ma vie» au sujet de la chimio. Il en a fait une dépression. Guy Corneau aussi, en a fait une; il en parle dans son excellent récit Revivre!.
       La mienne aura été de courte durée, mais j’ai glissé vers la psychose, ou quelque chose d’approchant, une perte de contact avec la réalité. C’est la cortisone qui fait ça. Sans compter le reste, l’impression que la vie nous quitte, qu’on se vide de son essence.
       Intoxication médicamenteuse, m’a confirmé un ami psychiatre en oncologie, qui soigne non seulement des gens déprimés d’avoir le cancer mais aussi les dépressions causées par la chimiothérapie.
       La chimio peut tuer de bien des façons. Et pourtant, tant les médecins que l’entourage la perçoivent comme l’ultime planche de salut. «C’est pas la faute aux médecins, m’a dit le psychiatre des cancéreux. Ils sont formés pour sauver des vies. Peu importe le prix, même au détriment de la qualité de vie. Et puis, ils craignent les poursuites…»
       J’allais mourir guérie, quelle ironie! Car mes médecins m’ont prescrit une chimio adjuvante, «au cas». Tout ça pour un 6 % de chances supplémentaires d’allonger ma vie de cinq ans. «Vous savez, nous, on se lève dans nos congrès pour applaudir un 6 % d’amélioration du taux de survie», m’a dit l’oncologue, très emballée. Moi, la dernière fois que j’ai vu une standing ovation, c’était au TNM devant Les aiguilles et l’opium. Chacun sa drogue.

Trois choses qui mènent le monde

Le fermier chez qui j’achète mes oeufs est tranchant comme un hachoir : «Y a trois choses qui mènent le monde : le cul, l’argent pis les pharmaceutiques.» Depuis que j’ai visité les limbes, je ne suis pas loin de penser comme lui. Un traitement comme le mien vaut 20 000 $. 
       Certaines chimios orales qui peuvent prolonger la vie de quelques mois ou quelques années (ou pas du tout) coûtent de 7000 à 10 000 $ par mois et peuvent être poursuivies durant un an.
       Bien sûr, dans un système comme le nôtre, pas un médecin, un pharmacien d’hôpital (quoique l’oncologie gruge la plus grande part de leur budget) ou un fonctionnaire du ministère de la Santé ne se hasardera à tamponner un signe de dollar sur une vie et à stigmatiser un groupe aussi important que les cancéreux actuels et potentiels.
       On ne se met pas à dos 41 % des femmes et 46 % des hommes d’une population. Aux États-Unis, le privé s’en mêlant, on parle de plus en plus de coûts-bénéfice dans les traitements de chimio.
       À tort ou à raison, les patients estiment que leur vie n’a pas de prix, les médecins pensent qu’il faut la prolonger coûte que coûte; et au Québec, l’oncologie gruge 37 % du budget de médicaments dans les hôpitaux (2012-2013). Et on ne parle pas de tous les médicaments pour traiter les effets secondaires des effets secondaires. Ils sont nombreux. On ne parle pas non plus du temps d’hospitalisation, du fauteuil, des pharmaciens, des infirmières…
       Même dans un climat d’austérité budgétaire, nos politiciens ne veulent pas s’attirer du capital d’antipathie en se prononçant sur l’épineuse question des traitements de chimio. Et les pharmaceutiques empochent sur ce tabou qui fait parfaitement leur affaire.
       Tellement, qu’un médicament comme le Taxol, utilisé pour les chimios contre le cancer des ovaires ou du poumon, est passé de 42 $ à 4000 $ la dose à Montréal le mois dernier : 100 fois plus élevée! Mieux! Dans son rapport remis avant-hier à l’Assemblée nationale, le Vérificateur général notait que l’Alimta (un médicament utilisé pour les cancers du poumon) a augmenté de 926 % en 2012-2013.
       Une pharmacienne d’hôpital me mentionnait du bout des lèvres qu’elle voit de plus en plus de patients de plus de 80-85 ans en chimio et que certains n’y tenaient pas vraiment… La famille et le médecin insistent.
       Il n’y aura jamais de lobby des producteurs de canneberges ou de thé vert pour accommoder le 5 % de Caucasiens qui, comme moi, ne peuvent pas tolérer la chimio mais sont familiers avec les travaux du chercheur Richard Béliveau (richardbéliveau.org).
       J’ai averti mon oncologue après un mois en enfer : «J’arrête tout! Je préfère mourir par mes propres moyens…»

Et, pour ça, je ne connais pas de meilleure façon que de continuer à vivre.

Suite – recommandations de l’auteur et commentaires d’internautes :
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/410772/les-aiguilles-et-le-folfox

24 juin 2014

Mieux comprendre pour respecter

Les oiseaux, c’est de la beauté pure, de la magie vivante, riche en couleurs et en sonorités subtiles, naturelles (sans artifice!). Si nous prenons le temps de les écouter, notre ouïe se raffine au lieu de perdre de son acuité (contrairement à ce qui se passe avec les engins sonores générateurs de surdité). En plus d’être beaux, les oiseaux, tout comme les insectes, sont de petits serviteurs indispensables au bon fonctionnement de la Nature.

Il me semble que les enfants seraient ravis d’apprendre à identifier les oiseaux par leurs chants tandis qu’il y en a encore. C’est sur le terrain qu’on peut le mieux observer et écouter. J'ai participé à de nombreuses excursions ornitho, et c'est vrai qu'il faut se lever à l'aube, mais ça vaut le coup - des hoooo... et des haaaa... silencieux plein le coeur. Merci à Cornell qui propose de magnifiques vidéos d’initiation. http://www.birds.cornell.edu/Page.aspx?pid=1478  



Vous aimerez peut-être (à propos de Cornell) :
http://situationplanetaire.blogspot.fr/2013/03/musee-sonore-du-vivant.html
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/09/beaute-indescriptible.html

Hier soir j’entendais les bombes d’un feu d’artifice exploser au loin et je pensais à la faune à plumes, à fourrure et à écailles (oui, l’eau est un excellent conducteur de sons) qui absorbaient cette pollution létale. J’imagine la frayeur des animaux à la première explosion – car on ne peut pas les avertir qu’une guerre aura lieu dans le ciel à 23h00... Vraiment poche.

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Les insecticides néonicotinoïdes, plus puissants que le DDT, qu’on incorpore aux semences ou vaporise au-dessus des cultures, ont un mode d'action commun : ils affectent le système nerveux central des insectes, provoquant la paralysie et la mort. Les néonicotinoïdes sont parmi les insecticides les plus utilisés à travers le monde. Plusieurs études scientifiques ont souligné l'impact négatif de cette famille sur les abeilles et bourdons en laboratoire et lors de tests en conditions contrôlées; et de nombreux apiculteurs mettent en cause ces molécules pour expliquer le syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles. Une étude suggère que les néonicotinoïdes pourraient affecter défavorablement la santé humaine, spécialement le développement du cerveau. Alors que la «production mondiale de néonicotinoïdes augmente toujours» et que «tous les autres pollinisateurs sauvages sont affectés», la synthèse recommande d'urgence d'interdire l'usage des néonicotinoïdes et de développer des alternatives aux insecticides qui soient inoffensives pour les pollinisateurs. (Wiki)

[En 2013, un «Bee Summits» fut organisé par Monsanto et un «Bee care centre» par Bayer AG pour prouver aux dirigeants politiques européens et américains que les fabricants de pesticides sont de bonne volonté et qu’ils prennent les mesures nécessaires afin de protéger les populations d’abeilles. Selon ces entreprises, leurs pesticides ne posent aucun problème; par contre, les détracteurs déclarent que la science prouve le contraire.]

Les insectes disparaissent, puis les plantes «normales», puis les oiseaux, et puis… La chaîne se rompt et compromet l’alimentation planétaire au complet. Voilà où nous en sommes.

Cycle de l’insecticide 

Source The Guardian (full article) :  
http://www.theguardian.com/environment/2014/jun/24/insecticides-world-food-supplies-risk

The world’s most widely used insecticides have contaminated the environment across the planet so pervasively that global food production is at risk, according to a comprehensive scientific assessment of the chemicals’ impacts.
       The researchers compare their impact with that reported in Silent Spring, the landmark 1962 book by Rachel Carson that revealed the decimation of birds and insects by the blanket use of DDT and other pesticides and led to the modern environmental movement.
       The scientists found that the use of the insecticides shows a “rapid increase” over the past decade and that the slow breakdown of the compounds and their ability to be washed off fields in water has led to “large-scale contamination”. The team states that current rules on use have failed to prevent dangerous levels building up in the environment.
       Almost as concerning as what is known about neonicotinoids is what is not known, the researchers said. Most countries have no public data on the quantities or locations of the systemic pesticides being applied. The testing demanded by regulators to date has not determined the long-term effect of sub-lethal doses, nor has it assessed the impact of the combined impact of the cocktail of many pesticides encountered in most fields. The toxicity of neonicotinoids has only been established for very few of the species known to be exposed. For example, just four of the 25,000 known species of bee have been assessed. There is virtually no data on effects on reptiles or mammals.

Henan, Chine (arrosage aux insecticides/pesticides, qu'on voit partout sur la planète)    

23 juin 2014

Les horreurs de la «belle saison»


On dirait que les humains ont de plus en plus besoin de s’étourdir de vacarme. Et l’on a tout le loisir de mesurer les ravages de cette particularité psychologique en été. Il y a une trentaine d'années, Montréal était loin d’être aussi polluée et bruyante - correction de données : elle était plus polluée dans les années 50/60 en raison des multiples usines intégrées à la ville.
       Les humains sont en train de devenir fous-raide, de plus en plus hystériques, et la maladie se transmet d’une génération à l’autre. Ensuite on se demande pourquoi les enfants montrent des signes de maladie mentale en très bas-âge…
       Pourquoi polluer autant pour se divertir?
Nos municipalités (et gouvernements) non seulement approuvent, mais promeuvent des activités de divertissement dont la pollution sonore et atmosphérique dépasse largement les limites acceptables – au nom de la sempiternelle «croissance économique».

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Lorsque les nuisances sonores provoquées par les activités humaines dépassent les seuils d’innocuité vis-à-vis de l’acuité auditive, de la santé et des écosystèmes, on parle de pollution sonore.

Les conséquences d'une pollution sonore

Le bruit provoque en effet une gêne et un stress qui perturbent l’organisme, humain ou animal. Chez l’homme, cela peut entraîner des problèmes d’irritabilité, d’insomnie et de dépression. De leur côté, les animaux ont tendance à fuir, quand ils le peuvent, les zones trop bruyantes.
       Les espèces qui utilisent les sons pour se repérer, se déplacer et communiquer, telles les cétacés ou les chiroptères, sont particulièrement vulnérables à ce type de pollution.
       Quand le niveau sonore est trop élevé, le bruit peut provoquer des dommages physiologiques avec une perte temporaire, voire permanente, de l’audition.

Que dit la loi?

En raison de ces impacts, les législations nationales tendent à imposer des seuils limites d’exposition de la population et de l’environnement au bruit, à réaliser des études d’impact et à mettre en place des mesures d’atténuation et de protection (murs antibruit, protection individuelle…).

Source : Futura Science Environnement

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En tout cas, je plains de tout cœur les gens qui vivent à proximité et subissent les conséquences de ces divertissements.

Liste noire des activités les plus malsaines combinant à la fois pollution sonore, atmosphérique et aquatique. (Liste non exhaustive car s’ajoutent à cela les méchouis et les party-piscine des voisins, les beuveries jusqu’aux petite heures du matin, etc.)


COURSES AUTOMOBILES 

Formule 1; Grand Prix du Canada (Île Sainte-Hélène)  
Pollution à tous les niveaux, le smog se répand jusqu’aux banlieues environnantes; étrangement, nos Miss Météo ne parlent pas de smog ces jours-là. On a un peu réduit le bruit des moteurs, mais certains amateurs s’en plaignent – "ça fait partie du plaisir!", disent-ils… Et, le maire Coderre en remet pour les dix prochaines années!

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Grand prix du Canada : «Montez le volume!» ...crient certains sans réfléchir   
Le Devoir, 7 juin 2014

Nous faisons état ici d'une nouvelle ahurissante. Un pas venait d'être fait dans la bonne direction, i.e. dans la réduction du bruit produit par les moteurs de F-1. Or voilà que certains veulent revenir en arrière en demandant de.... monter le volume. C'est tout de même culotté! Et cela montre à quel point il faut éduquer au civisme sonore. Spectateurs qui voulez plus de bruit - au détriment d'autrui -, eh bien portez des écouteurs svp et laissez le bruit ambiant à des niveaux raisonnables pour la santé. Si M. Ecclestone aime bien l'idée de se faire défoncer les tympans, voilà ce que nous lui recommandons. L'idée d'un dispositif visant à augmenter le volume sonore (au delà de 134 décibels!) de ces voitures de course est proprement scandaleuse.

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Formule 1 et chaises roulantes : Non à la pollution sonore et sciante (2009)

(…) Quant aux fameuses et fumeuses “retombées économiques”, elles vont dans les poches des promoteurs, de ceux qui se font graisser la patte, et de commerçants à courte vue; la population n’en profite absolument pas – mais elle paiera (le gouvernement paiera) des millions de dollars pour que les prétentieux parasites de la Formule 1 s’installent et perpétuent le symbole de ce qui nous a volé nos jambes, nos coeurs, nos poumons, nos rotules, nos muscles depuis l’invention du moteur à explosion, le bien nommé – il symbolise bien la destruction étouffante et empoisonnante sur laquelle notre anti-civilisation s’est construite, en temps de “paix” comme en temps de guerre.
       Nous sommes même descendus au-dessous du statut de “chair à canon”: les gens n’ont plus de souffle, ils sont trop gros, ils sont ignares, ils ne savent plus d’où ils viennent, ni où ils vont – leurs bolides y vont vite, cependant, mais les corps sont des larves gluantes et suantes, ils n’ont plus d’odorat, ils n’ont plus de tympan, les neurones ne s’allument plus, éteints par la télé, les bruits obsédants et l’insignifiance, ils croient tout ce que les médias leur disent, ils polluent les lacs, coagulés dans leur graisse rougie ou bronzée au fond de leurs pontons ridicules, ils ne tiennent plus debout, les rotules et les ménisques leur pètent au moindre effort de marche.
       La Révolution industrielle nous a volé, entre autres, notre corps physique, elle nous a coupé de notre substratum terrestre, et on veut continuer à abrutir ce qui reste avec cette invraisemblable, ronflante Connerie polluante égogonflée qu’est la Formule 1. Pathétique.

Source
http://electrodes-h-sinclair-502.com/2009/08/05/non-a-la-formule-1-a-montreal/


FEUX D’ARTIFICE 

Célébrations de la Saint-Jean
L'International des Feux Loto-Québec 28 juin au 2 août 2014 (Île Notre-Dame)
Faut-il perpétuer des traditions totalement à contre-courant de l’amélioration de notre qualité de vie? J’avoue que ça ne me dérange pas du tout qu’il pleuve à la Saint-Jean, même que je suis plutôt heureuse, car les pétards mouillés n’explosent pas. Petites, moyennes et grandes villes organisent leurs propres feux partout en province. On a l’impression d’être soudainement en guerre. D’horribles pétarades pour quelques minutes de Hooooo! / Haaaaa! ahuris. C’est comme attraper le sida pour 5 minutes de fun sans protection…

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Le feu d’artifice, ce sont 15 minutes de féérie, pour 50 à 70 bombes…Réaliser une telle manifestation nécessite une préparation extrêmement précise et rigoureuse car une simple petite erreur peut être mortelle pour un artificier ou un spectateur.

Le feu d’artifice : un cocktail de produits chimiques

Le souffre, le baryum, le magnésium, le chlore et le sulfure constituent les éléments principaux entrant dans la fabrication des pièces pyrotechniques.
       Les projectiles sont nombreux, mais la plus courante est la bombe. Sphérique ou cylindrique, elle est constituée d’une chasse pour la charge explosive, d’une espolette pour le retardement et la prise d’altitude, et d’une sphère d’éclatement pour la composition pyrotechnique.
       Placée dans un mortier, la bombe est propulsée dans l’air grâce à de la poudre noire. Mélange de souffre (10%), de charbon (15%) et de salpêtre (75%), cette poudre, originaire de Chine, permet la propulsion, la couleur, le bruit, l’allumage de la bombe, la propagation et le retardement. Elle permet aussi la combustion, faisant souffrir l’environnement.
      En explosant, la bombe libère des millions de particules de poussières très fines et du gaz qui peuvent se rabattre sur les spectateurs en raison du vent où se maintenir dans l’atmosphère quelques jours puis se déposer dans l’environnement (forêts, champs, mer…).
       Ces particules issues de l’explosion d’un feu d’artifice, seraient 5 fois plus polluantes que celles du smog, estime une étude menée par la ville de Montréal.

Source :
http://www.consoglobe.com/feu-artifice-magie-agresse-planete-3397-cg

  
SPECTACLES/CONCERTS EN PLEIN AIR

Comme le Piknic Électronik tous les dimanches du 18 mai au 21 septembre 2014 : «dansez sur de l’électro…», et les Week-ends du monde du 5 au 13 juillet 2014
(On retrouve ce genre de festivals pop partout en province pendant l’été.)

Désormais à décibels illimités

Du site Le REGROUPEMENT QUÉBÉCOIS CONTRE LE BRUIT - (RQCB)
http://www.rqcb.ca/fr/nouveautes.php :

Parc Jean-Drapeau : retour en arrière – Allez y, défoncez les tympans sans restriction aucune!

Le volume des spectacles en plein air est beaucoup trop fort de manière générale. Un problème aggravé par l'utilisation systématique de caissons d'extrêmes graves. Dans le cas des spectacles provenant du parc Jean-Drapeau, à Montréal, on avait fait un pas dans la bonne direction, en limitant le nombre de décibels permis. Or voici que l'arrondissement Ville-Marie commet une grossière erreur en revenant en arrière et en ne se préoccupant plus du tout de l'environnement sonore.
       La santé, la qualité de vie des citoyens, est-ce que ça intéresse le maire Coderre - responsable de cet arrondissement? La réponse est non hélas si on considère ce qu'il fait. Et il y a lieu de déplorer au plus haut point pareille attitude. Quand on se donne la peine de lire tout ce qui s'est écrit mondialement sur le problème du bruit et ses effets sur la santé, prendre ce genre de décisions tient de l'irresponsabilité.
       Voici l'article, paru dans le journal Métro, qui rend compte de ces décisions déplorables : Saint-Lambert exaspérée par le bruit provenant du parc Jean-Drapeau par Daphnée Hacker-B., 11 juin 2014. (Voyez le lien RQCB ci-haut) 

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Lettre d’un résidant de Saint-Lambert (en 2008!) :
Le Parc Jean Drapeau ou le dépotoir sonore de Montréal
       Bonjour,
La situation que je désire dénoncer c'est le vacarme issu des nombreux événements qui se déroulent au Parc Jean-Drapeau sur l'île Notre-Dame.
        Voilà 10 ans que j'habite Saint-Lambert sur la rive sud de Montréal et d'année en année je dois me farcir de plus en plus de bruit.
        De la pétarade des feux d'artifices au Cirque Grand-Prix de Formule1, de la course NASCAR aux Week-ends du Monde, des Piknic Élektronik aux shows rock, voilà qu'il m'est quasi impossible de pouvoir espérer passer une soirée du samedi ou du dimanche à souper tranquille sur ma véranda.
       Imaginez mon dépit, qu'est-ce qu'un pauvre citoyen peut faire?
       Philippe Turin, Saint-Lambert, QC

20 juin 2014

Au dossier "mensonge"

(Si la vie te donne des citrons,
ajoute simplement de la vodka)

Sérieusement, je n’aurais pas voulu être à la place d’Anne-Marie Dussault au 24/60, jeudi dernier. Une interview «disque rayé» très embarrassante avec Nathalie Normandeau. Impossible de sortir du sillon : esquives, répétitions par-dessus répétitions.
       Certaines personnes ignorent qu’elles mentent; on les dit victimes de leurs propres illusions. Mais, il arrive aussi qu’un menteur, au bout d’un certain temps, se mette à croire à ses propres mensonges. Dans ce cas, ce n’est plus un menteur, et ses mensonges sont plus difficiles à détecter. De toute façon, tant qu’il n’y a pas preuves irréfutables pour le contredire, il continuera de s’indigner parce qu’on ose douter de son intégrité…
       En tout cas, je n’ai jamais entendu le mot «jamais» autant qu’à la Commission Charbonneau – généralement répété trois fois par les témoins quand ils nient vigoureusement des allégations… 

Voyez l’interview http://ici.radio-canada.ca/collusion-qc  et amusez-vous à observer  les attitudes avec ces quelques données :
       «Le regard s’oriente différemment sous le coup de plusieurs émotions : vers le bas avec la tristesse; vers le bas ou de biais avec la honte ou la culpabilité; il se détourne avec le dégoût. Pourtant, même un menteur coupable ne risque pas de beaucoup détourner le regard, car il sait que tout le monde pense pouvoir détecter la tromperie ainsi. Il est facile de contrôler la direction de son regard. Curieusement, les gens continuent de se laisser berner par des menteurs assez habiles pour ne pas détourner le regard. L’une des choses qui attira Patricia Gardner chez Giovanni Vigliotto était son ‘allure sincère, le fait qu’il regardait droit dans les yeux’, a-t-elle déclaré au procès pour bigamie.
       Les pupilles se dilatent en cas d’émotion, et personne n’a la possibilité de le faire délibérément. La dilatation des pupilles est produite par le système nerveux autonome. Celui-ci déclenche également des modifications faciales.»
       «Les mobiles de mensonge : éviter d’être puni; obtenir une récompense impossible à obtenir autrement; protéger quelqu’un d’un châtiment; se protéger d’une menace physique; gagner l’admiration d’autrui; échapper à une situation sociale embarrassante; éviter la gêne; garder une certaine intimité; exercer un pouvoir sur autrui (en contrôlant l’information dont bénéficie la cible).»
       ~ Paul Ekman

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Quelques réflexions supplémentaires au dossier mensonge qui prend du volume proportionnellement à notre usage du mensonge dans nos sociétés J  

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Une scène du film "Something’s Gotta Give" illustre succinctement une réalité concernant la vérité. Apprenant que l'homme qu'elle aime fréquente une autre femme, Diane Keaton quitte le restaurant pourchassée par un Jack Nicholson à l’air coupable et confus. Lorsque finalement il la rejoint, il déclare : «Je ne t'ai jamais menti, je t'ai toujours donnée une version de la vérité.» Elle répond alors : «La vérité n'a pas de versions, ok?» Et ça, c'est la vérité. La vérité peut avoir plusieurs côtés. C’est peut-être compliqué ou difficile à comprendre, mais elle existe… en version "complète". Mais, nous avons un problème avec la vérité. Nous ne sommes peut-être pas carrément des menteurs, mais nous masquons la vérité pour qu’elle s’ajuste à notre vie – pour éviter qu’elle ne perturbe notre carrière, nos relations ou simplement notre journée.
       La chercheuse Bella DePaulo, Ph.D. a constaté que dans leurs interactions quotidiennes les gens mentent une fois sur cinq. Pamela Meyer, auteur de Liespotting, affirme qu’on nous ment entre 10 et 200 fois par jour. Le monde que nous avons créé autour de nous est-il honnête? À quelle fréquence mentons-nous, nous-mêmes? Intimidons-nous les autres au point de les encourager à masquer la vérité?  
       Habituellement, les gens ne révèlent que des parcelles de vérité, celles qu'ils jugent acceptables ou que les gens veulent entendre, dissimulant ainsi la vérité complète. Ils peuvent mentir par omission ou utiliser de «petits mensonges pieux» pour créer une image de la réalité très différente. Non seulement ces mensonges nuisent à leurs relations, mais ils peuvent carrément les détruire. Même les mensonges pour protéger les autres peuvent abimer votre estime de soi car vous n’avez pas le sentiment d’être une personne authentique et courageuse quand vous êtes malhonnête.

Lisa Firestone, Ph.D. (Why We Lie and How to Stop) http://www.psychologytoday.com/blog/compassion-matters/201309/why-we-lie-and-how-stop  

(Ces choses-là me rendent la vie difficile)

Mensonges, vérité et compromis
Par Russell C. Smith et Michael Foster

Sommes-nous programmés pour mentir?

On dit aux enfants que les tricheurs ne gagnent jamais, et que les gagnants ne trichent jamais. On leur enseigne à toujours dire la vérité, puisque mentir c’est mal. Ce sont de bonnes attitudes à implanter chez les jeunes, dans toutes les cultures. Or en vieillissant, on se rend bien compte que parfois les tricheurs gagnent. Très souvent, ils gagnent gros, puis, ils tombent en disgrâce lorsqu’on découvre la vérité au sujet de leurs victoires compromettantes. Les tricheurs qui gagnent agissent souvent comme des animaux immobilisés par l’ennemi lorsqu’on découvre l'énormité de leurs mensonges. L’instinct de survie embarque; et le cycle du mensonge continue.

Les mensonges sont omniprésents dans notre propre vie. Généralement sous forme d'innombrables petites impostures. Bon nombre de ces mensonges sont dus à des pressions internes en vue de réussir, d’être socialement accepté ou d’atteindre un objectif. Lorsqu'un ami ou un proche nous demande une opinion juste et impartiale sur quelque chose qui leur tient à coeur, nous ne voulons pas enjoliver notre véritable opinion, mais nous savons qu'il le faut. Les petits mensonges protègent contre les grandes blessures. Les gens mentent pour esquiver la responsabilité, la punition et le jugement.

Les politiciens mentent au sujet de leurs activités sexuelles ou de leur orientation sexuelle. Les athlètes mentent au sujet de leurs performances : ont-ils gagné à l’aide de drogues ou ont-ils gagné de par leurs aptitudes physiques naturelles? Les courtiers de Wall Street mentent à propos des sommes qu’ils ont volées et de ce qu'ils ont fait de l’argent ensuite. À tous les jours, on utilise  le «mensonge pieux» en rapport avec le temps, l'argent et les relations.

En vérité, nous mentons beaucoup plus souvent que nécessaire. Notre cerveau reptilien, responsable du pattern «fuite / attaque», fonctionne toujours de la même manière, quel que soit le problème. Sauf qu’au lieu de fuir, nous mentons : des petits mensonges pour échapper à des conséquences mineures, et de plus gros mensonges pour ajuster la réalité aux situations. Les enfants mentiront après avoir commis un petit délit comme mettre le doigt dans le crémage du gâteau et le lécher. Ils nieront même si leurs lèvres sont couvertes de glaçage.

La seule personne à qui nous ne devrions pas mentir aussi souvent c'est à nous-mêmes. La société nous invite, et même nous conditionne,  à croire que le mensonge est une activité essentielle pour faire avancer la civilisation. La théorie du mythe stipule aussi que les mythes ont été créés pour contrôler les sociétés et ainsi en assurer la stabilité. Quand ces idées et ces histoires sont déformées, elles peuvent rapidement mener au délire fonctionnel. Que se passe-t-il quand une leçon de morale positive est construite à partir d'un grave malentendu? Dans le domaine de l'intégrisme, le terrorisme peut appartenir à ce type de délires fonctionnels. À quel genre de mensonges internes une personne doit-elle croire pour volontairement se faire exploser en morceaux?

Les mensonges que la société nous a inculqués depuis la naissance sont enracinés dans notre psychisme. Les plus dangereux commencent à être plus faciles à repérer, et les gens sont plus disposés à s’affirmer et à affronter la tromperie des corporations, les mensonges destructeurs des politiciens et les mensonges destinés à renforcer des normes sociales dépassées. Il nous appartient de prendre le temps nécessaire pour remettre en question ce que les gouvernements nous ont dit au sujet de nos programmes sociaux et nos institutions.

Devrions-nous nous préparer à un monde de plus en plus hyper connecté où la transparence, due à la technologie, fera en sorte qu’il sera plus difficile de tromper? Lorsque tout ce qui concerne votre personnalité est disponible en ligne, les gens s’attendent instantanément à des caractéristiques comportementales spécifiques. Des employeurs potentiels ont trouvé sur Facebook des photos de candidats socialement et sexuellement compromettantes. Étant donné le manque de contrôle sur les profils en ligne, des lois ont été adoptées pour empêcher les employeurs potentiels d’exiger les mots de passe des réseaux sociaux des candidats. On doit se poser la question suivante : comment la vie sociale et la carrière des citoyens ont-elles pu s’entremêler de la sorte?

Les mensonges peuvent nous sauver la vie, et les mensonges peuvent aussi radicalement modifier le cours des événements de notre vie. On nous dit que, tôt ou tard, la justice l’emporte, et que la vérité sortira. Éventuellement, les superordinateurs pourraient assumer le rôle d’arbitres en justice. Programmés pour être neutres, ces juges virtuels rendraient des jugements impartiaux basés sur les moindres parcelles de vérité disponibles. Entretemps, nous pouvons essayer d'être un peu plus honnêtes avec nous-mêmes et les autres car le futur pourrait nous y astreindre.

http://www.psychologytoday.com/blog/reinvent-yourself/201406/lies-truth-and-compromises-are-we-hardwired-lie

18 juin 2014

Ottawa donne le feu 'noir'

Tracé du pipeline. Calgary Herald (photo)

Match à finir entre Verts et Noirs

«Ottawa approuve le projet de pipeline et de terminal pétrolier Northern Gateway, seulement si l'entreprise Enbridge se plie aux 209 conditions recommandées par la commission chargée de l'évaluation environnementale du projet.»

Enbridge vient donc de remporter une manche aux séries éliminatoires. Mais, la victoire n’est pas assurée pour autant – souhaitons-le.

M. Al Monaco (président et chef de la direction d’Enbridge) défend le projet vigoureusement en faisant miroiter de faramineux bénéfices économiques. Certainement les siens. Donc il n'est pas étonnant qu’il soit aussi déterminé :  
- salaire et prime annuelle :    2 273 826 $
- attributions d’actions :          1 166 332 $
- attributions d’options :          1 212 355 $
Total : 4 652 513 $

Que voulons-nous?
Ça :
Chute à Kitimat; Cody Robinson (photo)

Ou ça :

Sur cent projets d’un riche, il y en a quatre-vingt-dix-neuf pour le devenir davantage.
~ Proverbe chinois

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L’argent est une bonne chose pour les bons et une mauvaise chose pour les méchants.
~ Philon

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Ni la richesse ni l’autorité ne peuvent créer une personne là où il n’y en a pas.
~ Alexandre Lowen

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Les hommes sont les membres d'un même corps,
ils furent créés à partir de la même essence.

Si le destin venait à faire souffrir l'un d'eux,
les autres membres ne connaitraient pas le repos.

Toi que le malheur des autres laisse indifférent,
tu ne mérites pas d'être appelé Homme.

~ Saadi
(Traduit par Farzine Pourcyrus) 

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«Ceux qui nagent avec le courant estiment toujours qu'ils sont de bons nageurs; ceux qui nagent à contre-courant peuvent ignorer qu'ils sont de meilleurs nageurs qu'ils ne croient.»

«Les préjugés inconscients ont toujours été tenaces en nous, mais plusieurs facteurs les ont rendus particulièrement dangereux aujourd'hui. La mondialisation et la technologie, et l’enchevêtrement de l'extrémisme religieux, des bouleversements économiques, de l'évolution démographique et de la migration de masse ont amplifié les effets des préjugés cachés. Autrefois, nos partis-pris inconscients n’affectaient que notre entourage immédiat et nous-mêmes. Aujourd'hui, ils affectent les gens des régions les plus éloignées, et même les générations à naître. Le battement d’ailes du papillon qui avait causé un ouragan à l’autre bout du monde était une construction théorique; aujourd'hui, les préjugés subtils de cerveaux éloignés produisent de vraies tempêtes dans nos vies.»

~ Shankar Vedantam
(The Hidden Brain: How our unconscious minds elect presidents, control markets, wage wars, and save our lives)

Le lobbyisme

Les pots-de-vin, les enveloppes brunes et les cadeaux sous la table sont monnaie courante dans l’entreprise privée. Avant la Série Commission Charbonneau j’accordais un certain crédit au lobbyisme gouvernemental, croyant ces pratiques relativement sous contrôle. Bien sûr, il y a toujours des gens haut placés qui esquivent les lois éthiques, mais en ce moment, le cafouillage et le mensonge atteignent des sommets.

Quelques informations utiles pour mieux comprendre le processus.

Le lobbyisme correspond globalement aux démarches entreprises par un lobbyiste pour représenter les intérêts d’un client, d’une entreprise, d’une organisation ou d’un lobby en vue d’influencer une décision d’un titulaire d’une charge publique. Un lobby est un groupe de pression ou d’intérêts qui s’organise pour promouvoir un dossier ou faire valoir auprès des instances publiques un point de vue partagé par l’ensemble de ses membres.

Depuis le 13 juin 2002, la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme encadre la pratique.

Est-ce que le lobbyisme est légitime?
Le lobbyisme et les lobbyistes sont souvent l’objet de mythes assez largement véhiculés faisant référence à des activités dont la moralité est douteuse ou qui sont, dans les pires cas, carrément illégales. Pourtant, les premiers mots de la Loi affirment le caractère légitime de ces activités. D’ailleurs, cette pratique est réglementée non seulement au Québec mais aussi au Canada (à l’échelle fédérale), dans certaines provinces ainsi qu’aux États-Unis et dans certains pays d’Europe.

Qu’est-ce qu’un lobbyiste?
C’est une personne qui, moyennant contrepartie (salaire ou autre rétribution), communique avec les titulaires de charges publiques en vue d’influencer la prise d’une décision. Ces communications peuvent se faire par écrit ou par téléphone ou encore en personne. Le lobbyiste peut être un spécialiste en relations publiques. Il s’en retrouve aussi, entre autres, parmi les avocats, les notaires, les ingénieurs, les architectes, les urbanistes, les comptables, les promoteurs immobiliers et les représentants d’entreprise. Le lobbyiste a généralement une bonne connaissance de la réalité de sa clientèle et de son environnement. Il doit aussi posséder une solide connaissance des structures politiques ou administratives de chacune des instances où son dossier doit cheminer.

Catégories de lobbyistes

Le lobbyiste-conseil
C’est une personne, salariée ou non, dont l’occupation est d’exercer des activités de lobbyisme pour le compte d’un client moyennant contrepartie (salaire ou autre rétribution).
   Exemple : Richard est un avocat payé par son client, un fabricant de pesticides, pour intervenir auprès du ministère de l’Environnement du Québec en vue de faire modifier la politique relative à l’utilisation des pesticides.

Le lobbyiste d’entreprise
C’est une personne qui occupe un emploi ou une fonction dans une entreprise à but lucratif et dont une partie importante des tâches consiste à exercer des activités de lobbyisme pour le bénéfice de cette entreprise.
   Exemple : Louise est employée par une cimenterie. Ses fonctions consistent principalement à faire des représentations auprès du ministère des Transports du Québec afin qu’il favorise l’utilisation du béton dans la construction des routes.

Le lobbyiste d’organisation
C’est une personne qui occupe un emploi ou une fonction dans une organisation sans but lucratif et dont une partie importante des tâches consiste à exercer des activités de lobbyisme pour le bénéfice de son organisation.
   Exemple : Geneviève est employée par une association de manufacturiers d’équipements de bureau. Ses fonctions consistent principalement à faire des représentations auprès des grandes villes pour faire changer le mode d’attribution des contrats d’approvisionnement pour le bénéfice des membres de son association.

La Loi n’impose aucune obligation aux citoyens qui veulent communiquer directement avec leurs élus ou avec l’administration publique. Ils ne sont pas considérés comme des lobbyistes au sens de la Loi.

Qui sont les titulaires de charges publiques?  
Ce sont les ministres, le personnel de cabinet, les députés, les maires, les conseillers municipaux, les fonctionnaires gouvernementaux et municipaux ainsi que les dirigeants et le personnel des organismes qui en relèvent.

Quel est l’apport du lobbyisme à la vie politique et démocratique?
Par leurs activités d’influence, les lobbyistes permettent aux décideurs de prendre en considération plusieurs aspects d’une question. En étant informés des tenants et des aboutissants d’un enjeu, les titulaires de charges publiques peuvent se trouver mieux outillés pour prendre une décision.

Le lobbyisme et la Loi

Principes
- Le lobbyisme constitue un moyen légitime d’accéder aux institutions parlementaires, gouvernementales et municipales.
- Le citoyen a le droit de savoir qui cherche à exercer une influence auprès des institutions publiques et à quel sujet.

Objectifs
- Rendre transparentes les activités de lobbyisme exercées quprès des titulaires de charges publiques; la création d’un registre des lobbyistes est le moyen qui permet d’atteindre cet objectif.
- Assurer le sain exercice des activités de lobbyisme par l’établissement d’un Code de déontologie des lobbyistes.
- Préserver et renforcer la confiance que les citoyens du Québec ont en leurs institutions et en ceux qui y oeuvrent.

Qui s’assure du respect de la Loi et du Code?
C’est le commissaire au lobbyisme du Québec, nommé par l’Assemblée nationale, qui a pour mandat d’assurer, par des interventions de surveillance et de contrôle (vérifications, inspections et enquêtes), la transparence et la saine pratique des activités de lobbyisme auprès des titulaires de charges publiques des institutions parlementaires, gouvernementales et municipales.

Quelles sont les sanctions pour les contrevenants?
Tout lobbyiste contrevenant à la Loi ou au Code est passible de sanctions pénales (amendes), de mesures disciplinaires et d’un recours civil (remboursement de la valeur de toute contrepartie [rétribution] reçue ou payable en raison des activités ayant donné lieu à des manquements).

La loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme, comme les autres lois assurant l’accès à l’information, vous permet de savoir ce qui se passe dans votre municipalité et dans l’appareil gouvernemental. Elle constitue, à cet égard, un outil vous donnant l’occasion de participer aux débats de société. Ces débats peuvent viser un enjeu à l’échelle du Québec comme le développement de l’énergie éolienne ou un problème très local comme un projet d’usine sur le territoire de votre municipalité.

Si vous remarquez une situation non conforme à la Loi et au Code vous pouvez la signaler au Commissaire au lobbyisme par écrit, courriel ou téléphone.

Registre des lobbyistes :
www.lobby.gouv.qc.ca

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En vedette aujourd'hui à la Commission Charbonneau : Mme Nathalie Normandeau. (Meilleure conteuse que Mme Julie Boulet et mieux préparée...)  

À chaque fois que je la vois je pense à la Reine (conte de Blanche-Neige). Sur cette photo elle porte des vêtements de mêmes couleurs et les similitudes faciales (sourcils, bouche, mimique) sont assez cocasses. J


14 juin 2014

Pouvoir, profit et esclavage

Estimated four million migrants work in Thailand. Many are vulnerable to forced labour. Burmese fisherman ©Brian Harris Anti-Slavery International

Le coût de la chair de crevettes… en chair humaine 

The Guardian a fait un hit la semaine dernière – bravo pour la dénonciation! Voyez la vidéo et décidez si vous achèterez quand même des «couronnes de crevettes». Si cela ne vous convainc pas, voyez de quoi sont nourries ces crevettes d’élevage.

Slaves forced to work for no pay for years at a time under threat of extreme violence are being used in Asia in the production of seafood sold by major US, British and other European retailers, the Guardian can reveal.
       A six-month investigation has established that large numbers of men bought and sold like animals and held against their will on fishing boats off Thailand are integral to the production of prawns (commonly called shrimp in the US) sold in leading supermarkets around the world, including the top four global retailers: Walmart, Carrefour, Costco and Tesco.

 
Ce que vous pouvez faire si vous êtes incapable de vous en priver :
http://www.theguardian.com/global-development/2014/jun/10/how-buy-slavery-free-prawns

Bien sûr, ce n’est pas la seule industrie qui s’adonne au trafic d’esclaves. Tout ce que nous consommons (en particulier ce qui provient des pays émergeants) est produit sur le dos d’esclaves (enfants/adultes), et c’est loin d’être un euphémisme.


L'ESCLAVAGE, UN FLÉAU AUX MILLE VISAGES

Ils ne sont plus entassés au fond d'une cale pour être vendus sur un autre continent. Mais ils n'ont pas disparu. Au contraire, il y a aujourd'hui 30 millions d'esclaves dans le monde. Comment cette pratique officiellement abolie depuis des lustres peut-elle être toujours aussi répandue? La réponse n'est pas simple. Nous l'avons cherchée en Inde, en Mauritanie et au Népal, «trois pays qui se classent aux premiers rangs des nations esclavagistes de la planète».

Un homme réduit à l'esclavage pour rembourser ses dettes en Asie. Un enfant né pour servir son maître en Afrique. Une adolescente forcée de se prostituer dans un condo près de chez vous. L'esclavage moderne prend différentes formes selon les régions du monde. …

La servitude pour dettes

Un recruteur débarque en camion dans un village pauvre et offre une somme d'argent aux habitants. En échange, ces derniers devront travailler dans une mine, une usine, un atelier. Pour ces villageois pauvres, l'offre est difficile à refuser. Alors, ils s'embarquent à l'arrière du camion, et partent pour une vie d'esclavage. Trompés, mal payés, ils n'arriveront pas à éponger leurs dettes, même en s'éreintant pendant des années. C'est la forme d'esclavage la plus commune, qui touche au moins 20 millions de personnes, surtout en Asie.

L'esclavage héréditaire

Ils sont nés esclaves et mourront esclaves, comme leurs parents. L'esclavage héréditaire semble tout droit sorti d'un autre âge. Pourtant, il subsiste dans de rares pays: la Mauritanie, le Niger, le Soudan. Là-bas, les esclaves n'ont aucun droit: ni sur leurs propres enfants, ni sur la propriété, ni sur l'héritage. Au contraire, les esclaves font eux-mêmes partie de l'héritage de leur maître. À la mort de ce dernier, ils seront répartis entre les membres de sa famille, au même titre que ses têtes de bétail.

La traite de personnes

Des Roumaines forcées de se prostituer à Montréal. Des enfants enlevés ou achetés par des réseaux criminels en Asie du Sud-Est. La traite de personnes, c'est le lucratif commerce d'êtres humains, souvent à des fins d'exploitation sexuelle. Au Québec, on s'imagine des migrants enchaînés au fond d'une cale de navire. La réalité, c'est que neuf victimes de traite sur dix sont québécoises. C'est la fille d'à côté, piégée, puis asservie par un profiteur sans scrupules.

Le travail forcé

On les trouve partout, des champs de cacao d'Afrique jusqu'aux champs de courses de chameau des pays du Golfe. Recrutés illégalement, ils sont forcés à accomplir de pénibles corvées dans des conditions dangereuses. On les prive d'identité, on les enferme, on les menace et on les maltraite. Ils forment ainsi une main-d'oeuvre docile, malléable à souhait. D'autant plus qu'ils sont, pour la plupart, des enfants.

Le mariage forcé

Partout dans le monde, des femmes et des jeunes filles se soumettent à leur mariage sans y consentir. Elles vivent ensuite dans un état de servitude permanente, forcées d'accomplir les travaux domestiques à la maison ou les corvées agricoles aux champs. La plupart des victimes habitent des pays conservateurs, comme le Pakistan ou l'Afghanistan. Mais le phénomène s'observe dans les communautés immigrantes au Canada. Dans un bungalow près de chez vous.

Source:
Anti-Slavery International http://www.antislavery.org/english/what_we_do/programme_and_advocacy_work/thailand_project_issara/default.aspx

via Isabelle Hachey, dossier esclaves (La Presse)
http://www.lapresse.ca/international/dossiers/esclaves-des-temps-modernes/?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_175ba3articleIsInDossier_ba3_4730506_article_POS1

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Citaquote du jour :

Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux.
~ George Orwell, 1984

Tout pouvoir est un pouvoir de vie ou de mort.
~ Michel Foucault

Les pires tyrans sont ceux qui savent se faire aimer.
~ Spinoza

Les limites de la tyrannie sont celles que tolère la patience de ceux qu’elle opprime.
~ F. Douglass

Un tyran dont on n’a plus peur est un tyran vaincu.