29 juin 2019

Le Saint-Laurent vandalisé

Le ministre des Transports François Bonnardel (CAQ) a décidé que le troisième lien, jugé inutile par plusieurs opposants, serait un tunnel qui passera sous l’île d’Orléans – peut-être qu’il veut contribuer à la disparition des baleines qui dérangent le trafic maritime. Selon des experts, le tunnel préconisé par le gouvernement présente beaucoup de défis techniques en raison du fond sablonneux du fleuve Saint-Laurent.

La CAQ multiplie les erreurs de jugement afin de remplir ses promesses de campagne électorale et semble faire preuve d’une rigidité idéologique et d’un illogisme hors du commun. Cependant, si l’on examine la question de plus près, il ne serait pas étonnant que le plan cache un second plan : développement touristique de masse (hôtels de luxe et condos), ports pour les cruisers et étalement urbain sur la rive sud du Saint-Laurent. Puisque dans leur philosophie la croissance économique l’emporte sur toute autre valeur, même vitale et sanitaire.

Tout le monde est conscient des objectifs ultra mercantiles de la CAQ; la belle façade craque de partout, tout comme nos infrastructures...

• La députée de Québec solidaire Catherine Dorion a prié le gouvernement «de mettre cet argent dans le transport collectif et dans l’entretien des routes déjà existantes» au lieu de dépenser plusieurs milliards de dollars «pour à peine quelques milliers de voitures» et enrichir les promoteurs de Lévis.

• L’immense majorité des citoyens de Lévis qui traversent à Québec viennent des quartiers de l’ouest (Saint-Nicolas, Saint-Étienne, Charny, Saint-Jean-Chrysostome, Saint-Lambert, etc.).
   Ils ont pour destination le boulevard Laurier, l’Université Laval, les cégeps Sainte-Foy, St. Lawrence et Garneau et dans une moindre mesure, le centre-ville de Québec.
   C’est une absurdité de penser que ces citoyens feront un détour de 30 km ou 40 km par un pont/tunnel à la hauteur de l’île d’Orléans (corridor 5) pour entrer à l’école ou au bureau.
   La seule raison «logique» à un troisième lien à l’est serait de vouloir urbaniser davantage la rive sud, notamment les terres agricoles dans Bellechasse et Montmagny.
   Des élus locaux (dont le maire de Lévis) salivent sans doute à la perspective de nouvelles taxes foncières. C’est dans la culture des organisations municipales de vouloir ainsi grossir, toujours et davantage.
   Alors qu’on le dise clairement et qu’on cesse d’entretenir le mythe qu’un troisième lien à l’est peut réduire la congestion.  
~ François Bourque (Le mythe du troisième lien, Le Soleil 25 août 2018)  

Une analyse rationnelle de cette fumisterie, basée sur les cinq hypothèses du rapport du Bureau du troisième lien soutenu par le parti libéral en 2018 :

À qui profite cette boulimie?

Le Québec est un chantier de construction perpétuel depuis des décennies. Et il est vrai que le réseau routier existant est négligé au profit des nouvelles infrastructures. L’asphalte étant de très mauvaise qualité, les rues et les routes nécessitent du bouchage de trous récurrent.

Un peu d’humour pour abaisser le niveau d’écoanxiété...

En bon philosophe, André-Philippe Côté nous propose de transformer cet objet d’irritation quotidien en jeu pendant la belle saison. Contrairement au golf traditionnel, un sport dispendieux réservé aux gens qui ont des moyens, celui-ci est gratuit. Aucun déplacement requis car il y en a partout; pas besoin d’aller en Floride non plus.

Caricature : André-Philippe Côté, Le Soleil 22.06.19

Voici quelques satires sociopolitiques d’un cousin français, Guillaume Meurice. Une bonne façon de découvrir les particularités socioculturelles de l’Hexagone et de ses têtes d’affiche. Des vox-pop à la fois drôles et troublants. J’en ai regardé plusieurs et j’avoue que je me suis bien marrée. Mon niveau d’écoanxiété a baissé de quelques crans. Et puis on se rend compte qu’au fond, d’une culture à l’autre, les préoccupations et les défis se ressemblent étrangement...

Les riches vont-ils sauver la planète? Le Moment Meurice (11 Juin 2019)
Guillaume Meurice s'est rendu à un congrès de gestionnaires de patrimoine.
- «Donc les riches ne polluent pas plus que les pauvres?»
- «Peut-être même moins parce qu'on se cultive en matière de développement durable.» 


Tourisme de masse éthique Le Moment Meurice (14 mars 2019)
Tout le monde le sait, le Français est un grand voyageur. Pour cette raison, Guillaume Meurice a été mener l'enquête au salon mondial du tourisme, porte de Versailles.
«Peut-être qu’au prochain G20 tous les chefs d’État arriveront en RER privés, ça aura un petit peu plus de gueule.» 



C’est quoi le luxe? Le moment Meurisse (31 janvier 2018)
Pour répondre à cette question cruciale, Guillaume s'est rendu à un colloque sur le luxe. Et il faut bien dire qu'il n'a pas tous les codes.  

Autres vidéos :

Concluons en beauté

Caricature : Godin, La Presse 23.06.2019

28 juin 2019

Les impacts dévastateurs de la «porciculture»

D’abord une nouvelle dérangeante :
   Associated Press Pékin, 27 juin 2019 – Deux avions de combat chinois ont frôlé un navire de guerre canadien naviguant en eaux internationales dans la mer de Chine orientale, au moment où les tensions continuent de s'intensifier entre Pékin et Ottawa.
   Matthew Fisher, un membre de l'Institut canadien des affaires mondiales, écrit que les chasseurs Su-30 ont volé à moins de 300 mètres de la proue de la frégate NCSM Regina. M. Fisher, qui se trouvait à bord du navire, a déclaré que bien que l'incident ait été plus agressif que les rencontres précédentes entre la Marine canadienne et les avions de combat chinois, il n'a pas été considéré comme dangereux.
  
Le chantage économique chinois envers le Canada se limitait à l’industrie alimentaire, mais là, si Pékin passe à l’intimidation armée, on est en droit de s’alarmer. En outre, il n’est pas exclu que Pékin s’en prenne éventuellement au pétrole de schiste albertain ou à d’autres ressources qu’elle importe.
   Étant à la fois un gros investisseur et acheteur, le dragon à mille têtes occupe une position de choix pour déstabiliser les échanges commerciaux partout dans le monde. La procédure peu subtile se résume ainsi : «Je te ruine, puis je te prête de l’argent à un taux usuraire impossible à rembourser; en compensation j’exploite tes ressources pour 50 ans à venir et je t’envoie ma main-d’œuvre». Ce fut le cas en Afrique, entre autres.
   Un prétexte servi sur un plateau en or par le Canada : l'arrestation de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois de la technologie Huawei, à la demande des États-Unis rappelons-le. Xi Jinping n’a pas aimé du tout.
   Depuis, Pékin a imposé des sanctions sur les produits canadiens – canola, légumineuses, soya – et suspendu les permis d’exportation de deux producteurs de porcs en mai. Finalement, le 25 juin elle a bloqué complètement l’importation de viande canadienne.
   Les grands producteurs de viande de porc canadiens sont assez dépendants du marché chinois, situé au troisième rang de leurs importateurs après les États-Unis et le Japon. Cette dernière sanction risque donc d’avoir des répercussions sur les mégaporcheries québécoises. Les producteurs québécois exportent pour plus de 150 millions de dollars en Chine, sur des ventes totales de 1,5 milliard de dollars à l’étranger. On envoie principalement des os, des pattes et des têtes en Chine, mais aussi de plus en plus de parties plus nobles (filets, fesses et longes).

Délire économique 

Au Québec, l’expression «faire du bacon» signifie faire de l’argent; ce n’est sans doute pas un hasard...

Martin Vallières, La Presse, 27 juin 2019 – Le Québec, qui élève et abat annuellement 7 millions de porcs, consacre près de 70 % de sa production à l'exportation. Les États-Unis, la Chine, le Japon et la Corée représentent les principaux marchés étrangers. Et selon le président des Éleveurs de porcs du Québec, David Duval, l'industrie «n'arrive pas à compléter ses carnets de commandes». L'embargo sur les exportations de viande canadienne vers la Chine, s'il devait perdurer, pourrait saboter la récente et très forte croissance des exportations de viande porcine du Québec vers l'énorme marché chinois. Depuis le début de l'année, la valeur de ces exportations a presque doublé (+ 93 %) par rapport à la même période l'an dernier. Cette valeur totalise 178 millions pour les quatre premiers mois de 2019, contre 92 millions un an plus tôt, selon les plus récentes données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ). La croissance était telle que ce pays a surclassé les États-Unis et le Japon comme principal marché d'exportation de l'industrie porcine québécoise, du moins pour les premiers mois de 2019. De janvier à avril, la valeur mensuelle des exportations de viande et abats de porc vers la Chine a augmenté de 26 à 50 millions, selon les données compilées de l'ISQ. Pendant ce temps, cette valeur d'exportation a oscillé autour de 36 millions par mois vers les États-Unis et autour de 26 millions par mois vers le Japon. (Extrait)

Les propriétaires de mégaporcheries québécois ont lancé un appel à l’aide désespéré au ministre André Lamontagne (Agriculture, Pêcheries et Alimentation) qui a répondu laconiquement : «Le Québec est impuissant dans un contexte où la Chine opte pour des mesures qui viennent nous affecter. Les nouvelles exigences chinoises pourraient avoir un impact au Québec. Au moment où on se parle, on n’en est pas là.» Le ministre Lamontagne n’a pas pu dire si Québec avait un plan d’urgence pour leur venir en aide en cas de détérioration de la relation commerciale entre le Canada et la Chine.
   Mais comme les Asiatiques sont des porcivores impénitents, il est possible qu’après avoir épuisé les ressources de leurs autres fournisseurs, ils reviennent s’approvisionner au Canada.  

Photo : Jo-Anne McArthur, abattoir ontarien, 2011 (We Animals)

Le modèle américain, que beaucoup d’agriculteurs/éleveurs canadiens ont copié – monopoles agroindustriels, production de masse pour engranger toujours plus de profits –, serait dû pour aller à l’abattoir. En 1998, le gouvernement péquiste soutenait que cette industrie favorisait la croissance économique grâce à ses exportations massives de porcs à l’étranger. Pour réduire l’impact environnemental désastreux et nauséabond du lisier, on a déboisé des milliers d’hectares de boisés pour l’épandre – la nappe phréatique, les cours d’eau adjacents, les lacs et finalement le fleuve ont été contaminés car l’air et l’eau ignorent les frontières. Et, ça continue.
   L’industrie porcine pourrait se trouver devant une impasse à cause des sanctions chinoises. Mais, on peut aussi voir la situation comme un signal d’alarme : il est temps d’abandonner les monocultures destinées au bétail et la surproduction de viande, sachant que l’élevage industriel du bétail est la deuxième cause de pollution environnementale après les énergies fossiles (dont il dépend d’ailleurs).
   La disparition des élevages intensifs représenterait une étape majeure de réduction de nos émissions de GES; en fait, c’est une condition sine qua non...

Pour ma part, ayant viré au végétal il y a plus de trente ans, par compassion pour les animaux, je me réjouirais de voir ces camps de concentration disparaître du paysage agricole à tout jamais, ainsi que les camions de transport et les abattoirs.

Photo tirée du documentaire d’Hugo Latulippe Bacon, le film (2001). Les truies n’ont jamais mis le nez dehors et resteront dans leur prison de métal exigüe à perpétuité. Aussitôt que la dernière portée a cessé de s’allaiter elles sont inséminées artificiellement et le cycle recommence jusqu’à ce que mort s’ensuive à l’abattoir. Il n’y a rien d’humain dans l’élevage intensif. Seules des brutes sans cœur ni conscience ni tête peuvent concevoir ces installations analogues aux camps SS. Le scénario est identique pour tous les animaux d’élevage – bœuf, vaches laitières, mouton, volaille, etc. Même le «Free range» est un leurre – un vidéaste a filmé en caméra cachée l’une de ces exploitations qui au final fonctionnent de la même manière que les exploitations traditionnelles.

À voir sur le site de l’ONF :

Résumé historique de la «Porciculture» au Québec et de ses effets sur l’environnement

En 2001, les affirmations du cinéaste Hugo Latulippe dépassent presque l’imagination : plus du tiers des terres agricoles démontrent déjà des signes avant-coureurs de stérilité, dit-il dans son documentaire Bacon, le film. 
   Un documentaire-pamphlet qui jette un regard très critique sur les méthodes de l’industrie porcine et sur les politiques du gouvernement du Québec. C’est aussi une parabole pour dénoncer les ravages de la mondialisation, explique le cinéaste.
   L’année 2001 est dure pour l’industrie porcine. Quelques mois avant la sortie du film polémique d’Hugo Latulippe, le gouvernement du Québec décrète un moratoire sur l’implantation de nouvelles porcheries dans 165 municipalités de la province situées dans les régions où l’industrie porcine est la plus développée.
   La production de porcs augmente au rythme de 250 000 par an. Afin de limiter la pollution porcine, des chercheurs de l’université de Guelph, en Ontario, travaillent sur des porcs transgéniques capables d’absorber le phosphore et d’en réduire ainsi les rejets de 75 %.
   Trois provinces de l’ouest du Canada, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, produisent ensemble plus de porcs que le Québec. Dans ces régions, le grain est bon marché, et les possibilités d’épandre les lisiers sur des territoires immenses sont infinies. Contrairement au Québec, ces régions possèdent encore beaucoup d’espaces agricoles. En 2001, les trois provinces des Prairies ont mis en marché plus de 11 millions de porcs. On se lance dans l’exploitation de mégaporcheries, dont certaines produisent jusqu’à 120 000 porcs par an. L’entreprise Olymel installée en Alberta abat jusqu’à 8400 porcs par jour.

Article intégral :


M6NTHS est un court métrage, réalisé par la cinéaste Eline Helena Schellekens, qui montre la vie d’un porcelet dans un élevage intensif. Ce film a gagné un Panda Award, l’équivalent d’un ‘Oscar vert’, la plus importante récompense pour un film sur l’environnement. Pas de commentaires, pas de sang ni d’animaux frappés, juste une courte vie rythmée par l'ennui et la douleur, qui découvre uniquement le monde extérieur à 6 mois... sur le chemin de l'abattoir. (Twitter M6NTHS) 
Voyez la bande-annonce (c'est à la fois beau et infiniment triste) :
https://www.ciwf.org.uk/news/2019/02/online-premiere-of-award-winning-film-m6nths


La «lutte porcine» n’est pas finie...

Inquiétant projet de mégaporcherie dans une municipalité de Chaudière-Appalaches : des citoyens ne veulent pas 6000 cochons de plus

Journal de Montréal, 10 mars 2019

Déjà au cœur d’une région qui regroupe près de la moitié des cochons du Québec, plusieurs citoyens d’Adstock, près de Thetford Mines, craignent un projet de mégaporcherie de 7500 bêtes. Celle-ci a pour but de remplacer une ferme qui en abritait cinq fois moins. 
   Le projet d’envergure pourrait naître sur le Rang 14, un secteur rural situé à quelques kilomètres du cœur de la municipalité d’environ 2700 citoyens. Près du site envisagé, l’inquiétude des voisins grimpe en flèche quand ils songent à l’impact sur leur qualité de vie.
   D’après Serge Grenier, qui est aussi préoccupé par l’épandage, les lacs voisins et la qualité de l’eau potable, «c’est l’équivalent de 15 porcheries sur la même ferme; nous avons écrit à la MRC pour faire part de notre opposition au projet».  
   À son sens, le projet est déraisonnable. «La santé et la qualité de vie des citoyens doivent être respectées. Les promoteurs ont des droits, mais nous aussi», précise M. Grenier.  
   Selon le ministère de l’Agriculture (MAPAQ), 48 % des producteurs de porcs se trouvent dans la région de Chaudière-Appalaches, et 21 % en Montérégie. Le Québec est le 1er producteur de porcs d’abattage au Canada.

Tableau : Jackson Thilenius, «Witness». Il ne se passe rien d’humain dans un abattoir; les animaux sont témoins de la mort de leurs compagnons avant que leur tour n’arrive.

Porcheries!
La porciculture intempestive au Québec

Sous la direction de Denise Proulx, Lucie Sauvé
Préface de postface d'Hugo Latulippe

Véritable ouvrage de référence, Porcheries! dénonce avec force et détails les impacts sanitaires, environnementaux, sociaux, politiques et économiques de la porciculture. En effet, en se lançant dans une production intensive du porc basée sur l’exportation, le Québec a pris un virage agricole des plus inquiétants.
   Après des années de manipulations génétiques, d’injections d’hormones de croissance et d’antibiotiques, le porc du Québec est non seulement vulnérable aux épidémies mais n’a plus aucune spécificité gustative. De plus, la production sur lisier, qui provoque le duo infernal contamination des eaux / odeurs nauséabondes, cause de préoccupants conflits sociaux. Ainsi, les communautés rurales voient leur qualité de vie affectée et la valeur immobilière de leurs terrains chuter devant la prolifération des mégaporcheries, alors que le nombre de fermes familiales diminue comme peau de chagrin. Surtout que ce modèle ne semble pas même profiter aux producteurs, dont les deux tiers ont traversé des périodes de détresse psychologique.
   Comment en sommes-nous arrivés là? Le cas porcin révèle les profonds disfonctionnements de l’industrie agro-alimentaire dans un cadre d’économie néolibérale. En faisant de la production porcine un secteur économique clef de l’exportation, les gouvernements successifs du Québec ont façonné un modèle d’intégration verticale hautement subventionné, basé sur la rentabilité et la course au profit. Pourtant, l’industrie du porc est en crise depuis 25 ans, ne parvenant plus à rivaliser avec celles du Brésil, du Chili, du Mexique, de la Chine.
   Porcheries! décrit une page noire de l’histoire de l’agriculture québécoise des quarante dernières années. Une agriculture qui s’éloigne dangereusement de son sens premier de culture de la terre et dégrade notre rapport au vivant, à la ruralité, aux animaux. Les auteures dressent un portrait complet de la question, et donnent la parole à différents leaders d’organisations citoyennes engagées dans ce qu’il est convenu d’appeler la «lutte porcine». À travers leurs témoignages et leur étude approfondie, les auteur.e.s proposent un modèle de production différent, pour un pays vert et bien nourri.

Éditions Écosociété 2007 | 360 pages https://ecosociete.org/livres/porcheries

Les échanges commerciaux entre pays ont toujours existé. Cependant, l’avènement des partenariats mondialistes (comme l’ALENA en 1994) a créé une spirale de surproduction, de gaspillage et de surconsommation qui a fait de la terre entière une poubelle à mon avis irrécupérable.
                                                      
L’agrobusiness dans le monde : deux décennies de pillage

GRAIN, 13 juillet 2010

[Extrait]

Au début des années 1990, une grande partie des pages de Seedling étaient consacrées à des discussions sur les accords internationaux et les programmes de recherche publique. Les grandes sociétés apparaissaient certes dans ces discussions, mais surtout comme une menace à l’horizon, un groupe soutenant de façon agressive le modèle d’agriculture industrielle qui détruisait la biodiversité agricole. Vingt ans plus tard, la situation n’est plus du tout la même. Le pouvoir des grandes sociétés dans le système alimentaire s’est en effet étendu à pas de géants. Aujourd’hui, ce sont elles qui définissent les règles mondiales, tandis que les gouvernements et les centres de recherche publique suivent le mouvement.
   Les conséquences de cette transformation ont été désastreuses, tant pour la biodiversité de la planète que pour les peuples qui la gèrent. Les grandes entreprises se sont servi de leur pouvoir pour imposer partout la production de monocultures, saper les systèmes de semences paysans et s’introduire sur les marchés locaux. À cause d’elles, il devient très difficile pour les petits producteurs de rester sur leurs terres et de nourrir leurs familles et leurs communautés. C’est pourquoi, de plus en plus, les mouvements sociaux montrent du doigt les grandes entreprises alimentaires et l’agrobusiness comme étant le problème du système alimentaire mondial sur lequel il faut concentrer la résistance.
   De surcroît, toute le fonctionnement de l’agrobusiness, qu’il s’agisse de JBS au Brésil ou de Shineway en Chine, est devenu indissociable du secteur financier global. Les deux dernières décennies de mondialisation ont principalement servi à concentrer richesse et pouvoir entre les mains de Wall Street et des autres centres financiers. Aujourd’hui, les capitaines de la finance sont capables de déplacer des milliards et des milliards de dollars chaque jour et de leur faire faire le tour du monde, à la recherche du bénéfice rapide maximal. De plus en plus, cet argent envahit l’agrobusiness et la spéculation sur les produits agricoles. C’est l’accès à cette gigantesque source de capital qui alimente l’expansion de l’agrobusiness, en fournissant aux sociétés les ressources financières pour racheter des entreprises plus petites ou pour démarrer de nouvelles exploitations. Ces sociétés deviennent toujours plus dépendantes de la logique du bénéfice rapide, qui ne peut être obtenu que sur le dos des travailleurs, des consommateurs et aux dépens de l’environnement. La part de capital spéculatif des marchandises agricoles est également montée en flèche dans les dernières années et vient s’ajouter à l’emprise croissante des grandes entreprises à tous les niveaux du système alimentaire mondial. Tout ceci signifie que les prix des denrées alimentaires n’ont plus grand chose à voir avec l’offre et la demande et que la distribution est totalement déconnectée des besoins. Le système alimentaire industriel actuel est organisé selon un seul et même principe : toujours plus de profit pour les propriétaires des grandes sociétés.
   Il est quelquefois difficile de ne pas se sentir complètement écrasé devant la maîtrise croissante du système alimentaire par les grandes entreprises. Une réalité d’autant plus déprimante qu’on se rend compte que cette expansion sans fin s’appuie sur la destruction des systèmes alimentaires locaux; ces systèmes qui fournissent les moyens de subsistance et la nourriture de ces populations écartées ou exploitées par la chaîne alimentaire de l’agrobusiness. [...]
   Cependant, l’ubiquité du système alimentaire industriel n’est pas totale. En fait, la plupart des semences utilisées n’ont rien à voir avec ce système, la plupart des paysans n’en font pas partie et la plupart des humains ne sont pas nourris par ce système. Un peu partout dans le monde, il reste les fondations de systèmes complètement différents et des mouvements émergent et prennent de l’ampleur; ils redonnent vie aux systèmes locaux et rejettent l’ordre alimentaire industriel.
   En vérité, nous n’avons pas besoin de l’agrobusiness. Les deux dernières décennies ont plutôt démontré que nous avons toutes les raisons de vouloir nous en débarrasser. Vingt ans d’intensification de la mainmise de l’agrobusiness sur le système alimentaire ont accru le problème de la faim dans le monde : 200 millions de personnes sont venues s’ajouter à celles qui souffraient déjà de la faim. L’agrobusiness a détruit des moyens de subsistance : aujourd’hui 800 millions de petits producteurs et d’ouvriers agricoles n’ont pas suffisamment à manger. Elle a été l’une des causes majeures du changement climatique et d’autres désastres environnementaux, mais elle est très mal placée pour y faire face. Elle a généré des problèmes de sécurité alimentaire sans précédent et a fait de l’agriculture l’un des secteurs de l’emploi les plus dangereux, tant pour les paysans que pour tous les travailleurs du secteur. Elle a enfin concentré la richesse créée par la production agricole entre les mains de quelques-uns : ainsi Cargill, le plus gros négociant mondial de produits agricoles a empoché près de 10 milliards de dollars US entre 2008 et 2010; les bénéfices correspondant à la période 1998-2000 avaient été d’un milliard et demi de dollars.
   C’est bien l’essor de l’agrobusiness qui est au cœur de l’histoire de l’agriculture des vingt dernières années. Si l’humanité doit survivre sur notre planète et pouvoir conserver sa dignité, les vingt prochaines années devront mettre fin au système.

Source :

Laissons notre cœur l’emporter sur nos habitudes! 

 

La Casa de Carne

Lors d'une soirée entre amis, Eric essaie un nouveau restaurant qui offre une expérience gastronomique complète. La Casa de Carne est un court métrage de réflexion sur des choix difficiles et des vérités cachées, qui se déroule dans un sombre avenir pas si lointain. Lauréat de la 1ère place du Tarshis Film Award au Festival du Film Animal 2019.



The Power of Sanctuary (2018)

Together, we are Farm Sanctuary, a vital force that heals and transforms and exists where compassion meets action.
   Hundreds of animals came to Farm Sanctuary this year, escaping cruel fates such as factory farming, backyard butchers, and neglect. Our passionate community of animal advocates helped raise awareness and save survivors of under-reported incidents of tragic and often-deadly transportation accidents. Chickens destined for slaughter, who were strewn across a freeway near Downey, CA, were nursed back to health and now call our Los Angeles-area sanctuary home. Meanwhile, in Watkins Glen, we’re tending to the needs of three calves who, at just two weeks old, fell out of a truck that was bound for a veal-packing plant.
   This year we increased our requests for supporters like you to advocate on behalf of animals in need of legal protection – by 93%! Our efforts resulted in more than 119,000 actions to protect farm animals. The disastrous King Amendment, which would have undermined state humane laws, was removed from the Farm Bill, and Californians voted overwhelmingly in favor of Proposition 12 to criminalize some of the worst factory farming cruelties. We still have a long way to go, but together, we’re making progress.
   And, in our efforts to invest in the future, we are happy to report that more than 13,000 students in California and the New York Tri-State region participated in Farm Sanctuary’s Humane Education program. Additionally, an entire senior class of 700 read Farm Sanctuary President & Co-founder Gene Baur’s first book, Farm Sanctuary, Changing Hearts and Minds about Animals and Food, and embarked on a Common Senior Experience that showcased solutions to food-system inefficiencies and animal protection.

25 juin 2019

La chute d’Icare au Kazakhstan

La chute d’Icare par Marc Chagall (1887-1985)

J’ai suivi en direct le retour des astronautes au Kazakhstan jusqu’à très tard dans l’espoir d’être rassurée sur l’état de David Saint-Jacques qui éprouvait des malaises. L’émission a pris fin avant de savoir. J’ai appris ce matin avec soulagement qu’il se portait mieux. On est toujours émus et admiratifs devant ces courageux astronautes.


La Presse canadienne
Le 24 juin 2019

À l’Agence spatiale canadienne à Longueuil, une salle bondée d’employés et de membres de la famille de David Saint-Jacques ont chaudement applaudi l’atterrissage réussi.
   Les astronautes Robert Thirsk et Jeremy Hansen ont animé la soirée en décrivant chacune des étapes du voyage de retour de l’équipage formé de David Saint-Jacques, l’astronaute américaine Anne McClain et le cosmonaute russe Oleg Kononenko.
   «En descendant, la force de gravité est forte. C’est comme s’il y avait quatre personnes assises sur votre poitrine. C’est difficile d’inspirer, mais il faut se concentrer pour s’assurer de bien respirer pour ne pas se trouver mal», explique Robert Thirsk.
   «Quand le parachute s’ouvre, il y a un grand mouvement de pendule, de gauche à droite, et l’atterrissage est un écrasement comme un accident de voiture», poursuit-il. Au cours de la descente, la capsule va se détacher de plusieurs sections et seule la partie où se trouvent les astronautes va atteindre la Terre.
   L’équipage devrait atteindre une vitesse de pointe de plus de 27 000 kilomètres par heure avant l’ouverture d’un premier parachute pour ralentir la chute, puis d’un deuxième qui va permettre de stabiliser l’atterrissage.
   L'agence assure que l'astronaute québécois se porte bien même si à son arrivée au Kazakhstan, il a éprouvé des symptômes typiques d’après vol, dont des nausées. Il a pu parler à sa femme et à ses parents après l’atterrissage.
Source :

En tout cas, pour moi, c’est du sport extrême! Je regardais les astronautes sortir par le goulot du petit chaudron de métal calciné où ils avaient passé des heures recroquevillés comme des embryons dans des bocaux de laboratoires, pour ensuite vivre la terrible entrée dans l’atmosphère terrestre et finalement atterrir à l’aide de mini explosions radioactives pour réduire l’impact au sol. En plein désert à une température de plus 35°C. Mais bon, ce sont des cobayes consentants qui assument les conséquences de leur choix. Je suppose aussi qu'ils croient au bien-fondé de leurs missions. 

Photo : Bill Ingalls / NASA AFP. 

Mon admiration se limite cependant aux astronautes (pris individuellement) car la face cachée de l’industrie spatiale, c’est-à-dire l’énorme pollution atmosphérique et terrestre qu’elle induit, donne le tournis et envie de vomir. Si tout l'argent investi dans ce domaine était alloué à la sauvegarde de la planète et du vivant, bien des grands maux causés par les activités de l'homme seraient enrayés.
    On nous rabâche que le principal but de l’exploration spatiale est de faire progresser la science et d’augmenter le bien-être de l’humanité. Mon œil. La poubelle spatiale est un copié-collé de la poubelle terrestre qui, en plus, ajoute plusieurs couches à la pollution déjà existante.

Je vous propose l’introduction et la conclusion d’un rapport sur la déchetterie spatiale, qui affecte la terre et d’autres planètes, notamment avec sa pollution radioactive. Mais l’entre deux (photos et cartes incluses) est ahurissant, hallucinant!  J’ai tout lu aujourd’hui. Je vais me coucher moins ignorante, mais une fois de plus extrêmement déçue de la stupidité et de l’avidité de notre espèce. Parfois je serais même tentée de croire à un complot de la part de créatures extrêmement malveillantes incarnées dans des sacs de peau humains biodégradables...

L’on comprend mieux aussi pourquoi certains médecins ne cessent de répéter qu’une personne sur deux mourra du cancer dans les années qui viennent. 


Bref, une lecture accessible à tous, sauf à celles et ceux qui croient que la terre est plate et que c’est uniquement la Main Magique de Dieu qui fait fonctionner leur smartphone.

Les déchets de l’espace
Robin des Bois, juin 2011


Introduction

La conquête spatiale a réussi un exploit considérable. En 50 ans, l’humanité a disséminé dans l’espace des milliards de déchets d’origine terrestre. «L’océan d’en haut» comme l’appelait Victor Hugo est victime d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, foudroyant, proliférant et durable du même type en plus irrécupérable que la pollution de l’océan d’en bas par les déchets de plastique, de polystyrène et d’hydrocarbures.

La durée de vie d’un satellite n’est guère plus longue que celle d’une voiture, une bonne dizaine d’années. Sur Terre, la gestion des Véhicules Hors d’Usage – VHU – et de leurs accessoires est un casse-tête. Dans l’espace, la gestion des Satellites Hors d’Usage –SHU – est dominée par le «chaque État pour soi» et le sans gêne à l’état pur. La gestion  des déchets de toutes les catégories est une science en même temps que le miroir des comportements collectifs. Les déchets spatiaux n’échappent pas à la règle sauf que personne et surtout pas les exploitants ne les ont vus venir. Dans les années 1970, les premières détections analytiques de traces de titane et d’aluminium sur des satellites cobayes ont été attribuées à des éjections solaires ou à la chimie des astéroïdes alors qu’elles provenaient des peintures et des résidus de combustion des engins spatiaux. Les industriels de l’espace n’ont pas non plus anticipé l’expansion géométrique et la démultiplication en cascade des déchets issus de collision et d’explosion orbitales. En 50 ans, les activités humaines dans l’espace ont créé sur les orbites basses et hautes de la Terre plus de déchets que le système solaire n’y a injecté de météorites en plusieurs milliards d’années.

Aujourd’hui, aucun vol spatial habité ou satellite ou encore mission interplanétaire n’est à l’abri d’une collision destructrice avec un déchet. Sur Terre, nul non plus n’est à l’abri d’un déchet tombé de plus haut que le ciel, d’une rentrée incontrôlée sur la planète mer, pas même une baleine. Les déchets spatiaux contribuent à la pollution lumineuse de l’espace et perturbent les observations des astronomes. Les réacteurs nucléaires  embarqués sur les satellites masquent le bruit de fond radioactif du cosmos en émettant des flux de rayons gamma artificiels même quand les satellites ne sont plus en fonction.

Tout  ça pour internet, GPS, téléphone et radio satellitaires, autant d’activités commerciales, de moyens de communication et de divertissement qui rapportent infiniment d’argent et produisent des déchets à l’infini sans la moindre contrainte à verser une TGAP – Taxe Générale sur  les  Activités Polluantes – spatiale. Le droit  spatial lui aussi est en panne; les étages susceptibles de mettre en orbite une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets dans l’espace sont très loin d’être sur le pas de tir. Seule lueur d’espoir, les logisticiens de l’espace comprennent désormais l’urgence à agir pour nettoyer les écuries spatiales et prévenir à la source la production de déchets.

«Les déchets dans l’espace» de Robin des Bois est le premier rapport à porter sur l’ensemble de cette thématique nouvelle le regard d’une Organisation Non   Gouvernementale environnementale.  Les déchets dans l’espace, l’utilisation  des  sources radioactives et les risques mécaniques et environnementaux des rentrées sur Terre sont une préoccupation majeure pour Robin des Bois depuis 1987.


Conclusion

L’espace est animé par des enjeux militaires, scientifiques et commerciaux. C’est une  succursale de la Terre. Les déchets y posent des problèmes multiples.

La sécurité des activités spatiales est compromise par la prolifération et la connaissance fragmentaire du nombre et de la trajectoire des déchets existants. Les initiatives se multiplient chacune de leur côté pour en dresser la cartographie et l’inventaire sans mutualisation des informations. La réduction à la source des déchets dans l’espace est possible si l’ensemble des États de lancement et des exploitants de satellites prennent conscience de la gravité du problème et des risques associés. La responsabilisation de tous les acteurs y compris commerciaux doit être accélérée par une pression accrue de la société civile, des États de lancement et par la concertation internationale.

Le droit de l’espace se doit d’être coopératif, évolutif et contraignant. Les règles élémentaires de prudence doivent être respectées. Il est notable qu’aucune protestation diplomatique officielle n’ait été émise après le tir antisatellite réalisé par la Chine en  janvier 2007. Il est urgent que les États-Unis, la Russie, la Chine, le Japon et les autres principaux États de lancement ratifient l’Accord sur la Lune et les autres corps célestes. L’objectif suivant serait une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets dans les orbites terrestres et le système interplanétaire.

Le financement des recherches sur les modalités de capture ou de neutralisation in situ  des plus gros déchets susceptibles de se fragmenter en des millions de micro-déchets projectiles pourrait être en partie assuré par un fonds alimenté par tous les usagers de l’espace, en premier lieu les exploitants de satellites commerciaux.

Pour ce qui concerne l’environnement de la Terre, les retours de satellites doivent faire l’objet d’une planification et d’une localisation précises et respectueuses de l’environnement marin et des populations exposées. Les impacts de l’incinération des parties combustibles des engins spatiaux lors de leurs rentrées dans l’atmosphère doivent être mieux connus sans être systématiquement balayés par la mise en avant de la dilution des polluants au dessus de l’humanité.

Rédaction : Jean-Pierre Edin et Jacky Bonnemains
Documentation et iconographie : Jean-Pierre Edin, Jacky Bonnemains,  Charlotte Nithart, Christine Bossard et Miriam Potter
Secrétariat de rédaction, illustration et architecture : Charlotte Nithart et Elodie Crepeau Cartographie : Christine Bossard
Fond de carte Terre : Daniel  Dalet
Responsable de la publication : Jacky Bonnemains

23 juin 2019

Aucune morale, aucune conscience, aucune honte

Est-il possible de s’identifier à une société, une «civilisation», voire à une espèce prétendument supérieure, aussi malade?!

La vie politique est soumise aux lois du marché boursier sur lesquelles les gouvernements n’ont aucun pouvoir. De vastes réseaux de lobbyistes influencent le milieu politique et économique.
   En 1983, en préparation à l’établissement de l’Union Européenne, les patrons de Volvo, Philips et Fiat ont créé La Table ronde des Industriels européens (The European Round Table of Industriels) – un lobby de 45 PDG des plus grands groupes industriels européens de l’époque. Ils avaient exprimé leur but dans un rapport intitulé ‘RECHAPING EUROPE‘ : «L’ERT s’est donné pour objectif de stimuler la compétitivité mondiale de l’industrie européenne, notamment par la baisse du salaire minimum, la réduction des dépenses de sécurité sociale et la privatisation des services publics.» Un monde caché caractérisé par un manque total de transparence. Aujourd’hui, l’UE contrôle la vie de 500 millions d’Européens. La recette du succès : croissance, profits, consommation, concurrence, déshumanisation, destruction des peuples et de leurs cultures, encouragement de l’immigration qui permet de casser les lois du travail, d’exploiter la main-d’œuvre au plus bas prix possible quand elle n’est pas simplement réduite à l’esclavage.
   On retrouve la même conduite chez tous les groupes industriels et financiers sur les sept continents. But à moyen et long terme : un seul marché, une seule devise. Ajoutons le brevetage du vivantgènes, cellules, plantes, animaux, organes humains, embryons génétiquement modifiés ou clonés, prêts à emporter sur Mars...


Tous les partenariats inéquitables du libre-marché mènent les pays à la ruine. Mais, ce faisant, ils pavent l’Autoroute de la soie de Xi Jinping. Merveilleux, non? En tout cas, pour les naïfs qui croient encore à l’acceptabilité sociale et au développement durable, le réveil sera être brutal.
   «Les gouvernements sont en train de mettre un nombre important de pays en faillite, dans un contexte où les inégalités ne font que grandir et où les entreprises paient de moins en moins d’impôts. Pourrons-nous éviter que la révolte qui s'ensuivra devienne violente? Partout, la clameur des citoyens se fait entendre face à cette perception que les États ont cessé de s'intéresser aux problèmes des pensionnés, des chômeurs, des malades, des personnes handicapées et d'autres défavorisés.» ~ George Ugeux  (in La descente aux enfers de la finance)

«Cette expérience dont, en fait, nous faisons partie, est dépourvue d’éthique. Les preuves, les archives de scientifiques, d’historiens, de spécialistes en santé publique, d’ONG, d’avocats ou de journalistes en débordent. À chaque scandale sanitaire, à chaque bouffée d’inquiétude environnementale, pourtant, une lancinante impression de déjà-vu vient nous tourmenter. Car cette connaissance a beau avoir été produite et partagée, elle est restée telle quelle, inutilisée, et s’est systématiquement délitée pour devenir méconnaissance, ignorance, déni. Les leçons sont toujours trop tardives quand la mémoire est si courte. Et ce n’est pas faute de le savoir, ou de l’avoir vu.
   Depuis des décennies, dans le seul but de maintenir sur le marché des produits parfois mortels, des firmes sont engagées dans une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective. Elles font commerce de la science, créent le conflit d’intérêts, disséminent leur propagande : la mise en œuvre de ces stratégies pernicieuses est au cœur d’une gigantesque manufacture du doute. Devenue rouage essentiel de l’économie de marché et du monde moderne, la manipulation de la science a progressivement redessiné jusqu’aux contours de la démocratie. Pourtant, dans les cercles du pouvoir, on semble faire peu de cas de ce détournement des prérogatives publiques. Mais les citoyens, eux, souhaitent-ils être administrés en fonction du programme politique de multinationales du désherbant, du pétrole ou du biscuit? Rien n’est moins sûr. Mais encore faudrait-il qu’il leur soit permis de participer à la discussion. Car ces choix de société dont on les a largement dépossédés sont, pour beaucoup, issus de délibérations d’experts inaccessibles à leurs demandes autant qu’à leurs véritables besoins.» ~ Stéphane Horel (Prologue)
Source :
Lobbytomie, Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

«Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie.»
~ Jacques Prévert

«La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées; et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit. L’instinct biologique est très puissant; et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.» ~ Jiddu Krishnamurti (Commentaires sur la vie)

Les victimes ainsi que les journalistes d’enquête qui dénoncent les pratiques mafieuses et délétères des grandes compagnies industrielles subissent de la violence, du harcèlement, de l’intimidation, des persécutions, des poursuites judiciaires, et sont aussi incarcérés, voire, assassinés.

«Il y a vraiment des ordures dans ce monde qui ne devraient même pas se classer dans la catégorie humaine.» (Commentaire d’un internaute)

Hitler sans les hitlériens :
rien   
~ Jacques Prévert

CHAQUE JOUR, DES JOURNALISTES SONT RÉDUITS AU SILENCE       

Partout dans le monde, des journalistes sont menacés, arrêtés ou tués. Car des groupes criminels, des entreprises ou des gouvernements veulent faire taire leur travail et empêcher la publication des histoires sur lesquelles ils enquêtent.
   Forbidden Stories a une mission : contourner la censure en publiant ces histoires.
   Pour atteindre ce but, nous proposons à chaque journaliste travaillant sur une histoire sensible et se sentant menacé, de pouvoir sécuriser ses informations grâce à l’un de nos moyens de communication chiffrés.
   S’il arrive quelque chose à ce journaliste, nous serons en mesure de terminer son enquête et la publier largement grâce à notre réseau collaboratif de médias internationaux.
   En protégeant et continuant le travail des journalistes qui ne peuvent plus enquêter, nous souhaitons envoyer un signal fort aux ennemis de la liberté de l’information : même si vous parvenez à arrêter un messager, vous n’arriverez pas à arrêter le message. (Forbidden Stories)

Green Blood Project
Scandales environnementaux : une enquête mondiale sur les crimes de l’industrie minière

Le 15-18, ICI Radio-Canada Première, 18 juin 2019

Enquêtes de journalistes disparus, entrevue avec Laurent Richard de Forbidden Stories

Une quarantaine de journalistes du monde entier ont décidé de reprendre le travail de leurs confrères assassinés en enquêtant sur des scandales environnementaux de l'industrie minière. Le Green Blood Project, dirigé par le collectif Forbidden Stories, dont Laurent Richard est le directeur général et fondateur, met au jour les crimes commis par les entreprises minières contre l'environnement et les humains.

«Avec Forbidden Stories, ce qu’on essaie de faire, c’est vraiment d’envoyer un message fort : "Vous avez tué le messager, mais vous n’arrêterez jamais son message"», explique Laurent Richard.

Mine Barrick Gold Corp, Lake Cowal

Au moins 13 journalistes (1) ont été tués dans le monde depuis 2009 parce qu’ils enquêtaient sur des scandales environnementaux de l’industrie minière. Selon Laurent Richard, directeur général et fondateur de Forbidden Stories, peu importe où ils se trouvent, que ce soit en Tanzanie, au Guatemala ou en Inde, les journalistes qui enquêtent sur des entreprises minières sont tous confrontés aux mêmes obstacles :
   «La plupart du temps, les menaces contre les journalistes, voire les cas de violence, sont le fait d’intermédiaires locaux, non pas des entreprises directement, ni même des États, mais des intermédiaires qui profitent de cette corruption faite localement par les entreprises ou les autorités. C’est quand les journalistes commencent à enquêter et à révéler des faits qui mettent en danger une sorte d’écosystème corrompu localement qu’ils sont extrêmement exposés.»
   Laurent Richard soutient que l’industrie minière manque particulièrement de transparence et qu’elle est le théâtre de nombreuses violations des droits de la personne, de scandales de corruption et d’atteintes à l’environnement. C’est pourquoi le Green Blood Project s’est penché sur ce secteur en particulier de l’économie mondiale. «Parmi les sujets environnementaux qui étaient les plus épineux, les enquêtes sur l’industrie minière sont des enquêtes toujours extrêmement dangereuses, où il y a une sorte d’État dans l’État dans les pays», affirme Laurent Richard.
   Pour lui, poursuivre les enquêtes des journalistes qui ont été assassinés, «c’est une façon d’apporter une réponse globale à une menace globale contre la liberté de la presse et contre le devoir d’informer».
   Si le sujet peut sembler loin pour les Occidentaux, Laurent Richard souligne que des entreprises nord-américaines et européennes sont citées dans le Green Blood Project pour leurs atteintes à l’environnement ou aux droits de la personne. L’enquête s’est notamment intéressée à une mine dans le nord de la Tanzanie opérée par une société britannique dont le principal actionnaire est la minière canadienne Barrick Gold Corporation (2).

Audiofil :

Les histoires  

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(1) Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) estime que 16 journalistes sont morts durant la dernière décennie. En réalité, le nombre de morts pourrait s’élever à 29, de sorte que le journalisme d’enquête sur l’exploitation mondiale des ressources minières serait le plus dangereux après le reportage de guerre.

(2) Le Canada est incapable de rompre ses liens avec Barrick Gold
(Huffington Post Canada 2017)

La firme torontoise Barrick Gold est accusée d'une fraude fiscale de 10 milliards de dollars en Afrique. En outre, ses agents de sécurité auraient violé ou blessé un millier de personnes, et une centaine de travailleurs auraient perdu la vie dans ses mines.  
   Le fait est que la filiale africaine de Barrick Gold, Acacia Mining [société britannique dont Barrick est le principal actionnaire], est impliquée dans un conflit politique majeur en Afrique de l'Est. En réponse à des preuves de plus en plus accablantes de fraude fiscale et de non-paiement de redevances, le président de la Tanzanie a condamné publiquement Acacia et interdit ses exportations. La firme doit maintenant rembourser un lourd compte de taxes.
   Ian Myles a développé une «passion pour le développement international» à l'âge de 17 ans, indique sa page de profil à l'Université de Toronto. Bien qu'il ait été nommé par Justin Trudeau, ce haut-commissaire reprend à la lettre la stratégie de Stephen Harper. Lors d'un voyage au Chili en 2007, l'ex-premier ministre avait affirmé, en réponse aux critiques concernant le projet Pascua Lama, que «Barrick Gold respecte les normes canadiennes de responsabilité sociale des entreprises».

Photo : Mark Blinch / Reuters

Spécialisée en éthique des affaires, la journaliste tanzanienne Samantha Cole n'a pas du tout apprécié l'intervention du haut-commissaire canadien. Voici sa réponse :
«Que ces Canadiens et Britanniques croient encore nous berner avec leur malhonnêteté et leur discours politique insensé est extrêmement insultant. Quelles sont les véritables valeurs de Barrick Gold? Notre nation n'a-t-elle pas vu assez de meurtres, de viols et d'incendies criminels de ses propres yeux? N'avons-nous pas été témoins de la destruction de notre environnement? De l'empoisonnement de notre eau? De fraudes et de centaines de problèmes légaux impliquant des entreprises locales qui ont été maltraitées et intimidées? La liste est encore longue. De quelles «valeurs» l'ambassadeur Ian Myles vante-t-il les mérites? Il est absolument malhonnête et immoral de nous mentir de la sorte. Myles ferait mieux de se taire, car chaque pays où Barrick Gold est implantée peut dresser une très longue liste de crimes et d'activités illégales.»  

Photo: This boy had a beautiful skin, he enjoyed his happy childhood, attending school and playing with friends, helping family house chores, optimistic for his future. His dreams are gone, after he was affected by the water polluted by Barrick Gold mining Company. (Nikon corporation 2006)

En dépit de ses promesses électorales, le gouvernement Trudeau utilise tout le poids diplomatique du Canada dans le but de défendre sa compagnie minière la plus controversée, y compris dans le pays où celle-ci a commis les violations des droits de la personne les plus flagrantes. Interrogé à ce sujet lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral a répondu ceci :
«Nous partageons les inquiétudes des Canadiens au sujet des pratiques de certaines compagnies minières canadiennes à l'étranger, et nous essayons depuis longtemps de promouvoir la transparence, la responsabilisation et les pratiques durables auprès de cette industrie.»
   Au pouvoir depuis près de deux ans, le gouvernement Trudeau n'a pas encore tenu sa promesse de remettre de l'ordre dans les activités des compagnies minières canadiennes à l'étranger. Dans la plupart des cas, les libéraux ont poursuivi la politique de défense des intérêts miniers instaurée par Stephen Harper.
   Si les libéraux sont prêts à épauler ouvertement Barrick Gold en Tanzanie, il y a lieu de se demander jusqu'où pourrait aller une entreprise avant de perdre le soutien de Justin Trudeau.


Vous aimerez peut-être «Impunité des multinationales : que le profit l’emporte!»
   Dans un article publié dans La Presse en 2012 on rapportait les scandales des industriels canadiens à l’étranger qui s’adonnent au pillage des ressources : évictions forcées en Papouasie-Nouvelle-Guinée; massacre en République démocratique du Congo; viols collectifs au Guatemala. En Argentine, au Guatemala, au Mexique, en Bolivie, etc., partout sur la planète, des sociétés minières canadiennes sont accusées d'engendrer de la violence et des dommages écologiques. 


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Le Canada n’échappe pas aux géants qui contrôlent la planète minière, oh que non! Les compagnies privées venant de l’extérieur ramassent les profits et l’argent de poche qu’elles laissent sur la table en quittant ne peut couvrir la restauration des sites d’extraction saccagés. Méchant cul-de-sac.

Un documentaire à voir

TROU STORY
Réalisé par Richard Desjardins et Robert Monderie | 2011
Production ONF

L’histoire minière au Canada est faite de profits faramineux réalisés au mépris de l’environnement et de la santé des travailleurs. C’est une histoire qui passe par le nickel de Sudbury, l’argent de Cobalt, l’or de Timmins, le cuivre de Rouyn...


À noter qu’au tout début, les compagnies engageaient des immigrants car ils étaient les seuls à accepter de faire ce sale boulot. La CAQ, dans sa quête de main-d’œuvre,  va sans doute maintenir la tradition, conformément aux lois du libre-marché...

Commentaire d’un internaute : «Québec : Le plus grand saccageur des terres et de l'environnement, qui s'autodétruit depuis si longtemps que le pays ressemble juste à un désert lunaire... Lamentable! Et ils n'en retirent même pas de profits! Quelle bande d'idiots! Ils auraient dû laisser les terres aux amérindiens, ce serait encore un petit paradis pour la faune et la flore! (ça, c'est pour les dirigeants)... Je plains les habitants, qui ne demandent qu'à vivre tranquillement et en sécurité, et qui sont manipulés, qui n'ont pas le droit parler, qui ne sont au courant de rien, qu'on utilise comme des pions sur un échiquier...»
                                                                                                  
Trou de Rouyn-Noranda 

Commentaire d’un résidant de Rouyn-Noranda : «La pollution à l’état brute!! La senteur sulfureuse qui s’en dégageait était écœurante, imaginez la teneure en minerais, souffre, cyanure et j’en passe... Rien n’était isolé, on trempait pratiquement dedans, pour vous dire. On allait se balader en motocross dans ces fameuses «slams de mine» [bassins de décantation]. Puis un jour, il arriva un accident bête, un ami de mon père est tombé brutalement à en perdre son casque, s’est fendu la tête sur les pédales de son motocross, et cette matière est entrée dans sa plaie. Il est décédé quelques heures après. Je ne peux affirmer que la cause de son décès était la contamination de cette matière ou bien le coup reçu... Certains disent que je mors la main de qui nous a nourris... Moi je dis que je mords les mains qui nous ont bafoués, qui nous bafouent et qui nous bafoueront tant qu’on ne se lèvera pas face à eux, les mains des minières bien sûr!! Les riches mains minières sont loin de cette “merde chimique”, mais nous les Abitibiens, ont vit directement dans cette merde... Aujourd’hui, les soirs de rosée, on sent l’odeur infecte semblable à de l’engrais chimique... Je suis certain que cette senteur émane des fameuses «slams». Je suis un Abitibien, je suis Québécois et je demeure dans le Canada.»

Bibliosurf

Paradis sous terre
Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l'industrie minière mondiale

Alain Deneault, William Sacher | 192 pages
Préface de Richard Desjardins

Le Canada est le refuge idéal de sociétés minières qui spéculent en Bourse et mènent à travers le monde des opérations controversées, voire criminelles. Elles y trouvent un système boursier-casino favorable à la spéculation, des exonérations dignes d’un paradis fiscal, des mesures législatives canalisant vers elles l’épargne des citoyens, une diplomatie de complaisance soutenant ses pires desseins, ainsi qu’un droit taillé sur mesure pour la couvrir à l’étranger, comme sur le front de la critique intérieure.
   En six chapitres d’une redoutable efficacité, Alain Deneault et William Sacher retracent l’histoire du Canada et exposent comment cette ancienne colonie est devenue le paradis réglementaire et judiciaire d’une industrie évoluant hors de tout contrôle. Pillage, expropriations violentes de populations, pollution durable de vastes territoires sont le lot des pays qui subissent les méthodes de cette industrie aveuglément tournée vers le profit. La Bourse de Toronto se révèle le pilier de ce système où s’enregistrent 60 % des sociétés minières mondiales, des entreprises protégées par des politiques serviles.
    Grâce à un travail minutieux de recensement de sources internationales, les auteurs nous montrent comment le Canada, trop souvent présenté comme vertueux et pacifiste, est devenu la Suisse des mines.

Écosociété | Septembre 2012
Paru en France aux éditions Rue de l'Échiquier.