18 juin 2012

Nouveau site

Je suis tombée dans un bac de recyclage «jovialisant»… ma foi, c’est mieux que le javellisant!  

Une nouvelle adresse à contenu moins "polarisé" :
L’art est dans tout
Et tout est dans l’art de créer, de dire, d’imager et de vivre




Tout est énergie et c’est tout ce qu’il y a. Vibrez à la fréquence de la réalité que vous voulez et vous ne pourrez faire autrement qu’obtenir cette réalité. Il ne peut en être autrement. Ce n’est pas de la philosophie. C’est de la physique.
~ Albert Einstein


10 juin 2012

Refonte 1

Martin Mooney, Arlington, Virginia, US.
http://cloudappreciationsociety.org/gallery/#p=8&i=10
La vie nous amène parfois des situations qui semblent insurmontables. En revanche, elles peuvent déclencher une refonte identitaire complète – l’ancien «moi» s’envole ou se noie. Nous devrions en être reconnaissants.

Parfois on s’égare au point de se perdre soi-même de vue; mais il est toujours possible de se retrouver. Pour démarrer mon nouveau site, je dois laisser ce blog en dormance. Car je réalise que je me laisse encore happer par l’actualité et divers sujets au lieu de développer le projet. S’il est difficile de couper les liens avec des gens que nous aimons, ce n’est guère plus facile avec nos créations auxquelles nous restons subtilement attachés.

Une petite lumière s’est allumée jeudi dernier : relire L’art de la simplicité, Simplifier sa vie, c’est l’enrichir, par Dominique Loreau. Acheté en 2009, je ne l’avais pas rouvert depuis. À l’époque je trouvais quelques-unes de ses règles de vie un peu drastiques. Or quand on est prêt à changer, ma foi, on n’a pas besoin de volonté ni de courage.

Dominique Loreau est une sorte de missionnaire du minimalisme à tous les niveaux : physique, émotionnel, mental et spirituel. Je vous propose des extraits de la troisième partie «Le mental» - très inspirant pour garder le cap sur l’essentiel. En fait, ces extraits résument les enseignements de plusieurs auteurs cités ici – Charlotte Joko Beck, Pema Chödrön, George Barbarin, Richard Carlson, Guy Finley…

***

Le mental

Depuis toujours, et malgré les affirmations cartésiennes, l’Homme sait que les maux du corps sont indissociables de ceux de l’âme. Mais il faut plus que prendre des décisions pour contrôler les passions et trouver l’équilibre. C’est une reconstruction de la pensée qui s’impose.
      S’occuper de soi-même, être ami avec soi-même, se respecter, tel est donc notre premier devoir.
      Certaines traditions (surtout en Occident et dans les pays riches) nous empêchent de donner à ces préceptes une valeur positive. On les nomme repli de l’individu, narcissisme… mais chez Socrate, Dögen, Maître Eckart ou les grands sages indiens, s’occuper de soi-même a toujours un sens positif. ()
      Le souci de soi, dans toutes les cultures, est une remise en question permanente. Il rappelle qu’il est inutile de spéculer sur un certain nombre de phénomènes comme les catastrophes naturelles ou la méchanceté et la bêtise du monde…, mais qu’il faut tourner son regard vers des choses immédiates et dont on dépend directement. ()
      Le seul objet à atteindre et garder toujours, sans avoir à en changer au cours du temps ou au fil des occasions, c’est le soi. Il est notre pouvoir de nous contrôler, de nous corriger et de trouver ainsi la plénitude.
      Mais la pratique de soi doit faire corps avec l’art même de vivre.
      « Il faut protéger ce soi, le défendre, l’armer, le respecter, le posséder, ne pas le quitter des yeux et ordonner toute sa vie autour de lui, a dit Sénèque, c’est à son contact que l’on peut éprouver la plus grande joie et la seule joie qui soit légitime, sans fragilité, et permanente.»

Purifiez votre esprit

Le souci et le stress

Nous pouvons polluer notre mental avec des pensées négatives, des pensées agitées, des pensées méprisantes ou des pensées de doute. Il faut éliminer tout cela afin d’améliorer notre écologie intérieure, y substituer des attitudes positives. ()
      À la violence et aux peurs souvent diffusées par les médias, il faut opposer la connaissance, l’art, la beauté, la recherche du bien-être, de la paix et de l’amour.
      Plus le mental est apaisé, il est facile de gérer, de ranger et d’organiser notre dépôt d’informations, de savoir l’utiliser à bon escient, avec des pensées bien claires. Notre vrai travail est de nous préparer à une vie supérieure.
      L’inquiétude n’est qu’une pensée. Rien de plus. () Les grandes catastrophes, comme les tremblements de terre, les incendies et les maladies graves existent, certes. Mais si tout ce que nous envisageons quotidiennement n’est que catastrophes, c’est que celles-ci sont plus souvent dans notre tête que dans le monde extérieur.
      Émotions, anxiétés, dépressions nerveuses sont toxiques. Nous nous détruisons mentalement et physiquement avec la rébellion, la peur, la jalousie, les frustrations, la haine, le ressentiment… Les pensées négatives obstruent le cerveau, empêchant l’amour et le bonheur d’y circuler librement.
      Les raideurs dans notre corps dérivent des raideurs de l’esprit. L’inquiétude affecte les nerfs de l’estomac et les force à commander au cerveau de sécréter des sucs gastriques qui se transforment en poisons toxiques pour l’organisme. () Les soucis affectent notre sommeil, génèrent le diabète, les rides, les cheveux gris, le teint terne. Ils détruisent la faculté de se concentrer ou de décider. Ils bloquent l’énergie et détraquent le métabolisme. Mais les soucis ne sont qu’une habitude! () La nervosité est une maladie durable qui en provoque d’autres. Comment créer une vie sereine si nous dépensons notre énergie mentale en soucis constants? ()
      À force de retourner les problèmes dans la tête, on finit par ne plus savoir ce que l’on veut ni ce que l’on est. Le stress nous atomise, nous éparpille.
      Il est vital de chasser la colère, de l’extérioriser, de la faire sortir du corps.

Les premiers conseils antistress à respecter

[Quelques-unes des suggestions de l’auteur] Manger bon et sain, éviter les restaurants bruyants, bouger, s’oxygéner, s’octroyer des soins, du plaisir, respecter ses horloges biologiques, dormir suffisamment, pratiquer une activité physique, marcher dans la nature, bâiller, rire, ne pas toujours se prendre au sérieux. (…)
      Si le stress commence à vous grignoter, c’est que vous le laissez faire. Apprenez à lui opposer un mur de sérénité.

Nous sommes ce que nous pensons

Couleur du teint, cicatrices, rides d’expression… nos joie, nos souffrances, notre stress sont présents sur notre visage, nos traits. On peut nous lire.
      Passer son existence à vivre sans prendre conscience de ce que l’on est mène à la détérioration et à la destruction. Nos vies sont ce que nos pensées en font. Nous sommes composés de vibrations et il est en notre pouvoir d’en changer le processus, de donner un sens à notre réalité et d’ouvrir les portes à toutes les possibilités que nous avons.
      Cependant cela n’est réalisable que lorsque nous prenons clairement conscience des choses, de nos actes, de nos pensées… Notre subconscient travaille 24 heures sur 24 et emmagasine nos pensées. Chacune est cause, et la condition qui en résulte effet. Nous devons donc prendre en charge ces pensées afin qu’elles ne nous apportent que des conditions favorables.
      C’est le monde intérieur qui fait le monde extérieur. Apprenez à sélectionner vos pensées. Choisissez d’être aimable, joyeux, aimant et le monde vous le rendra.
      Efforcez-vous d’occuper votre esprit avec la conviction que du bon vous arrivera et veillez à « surveiller » vos pensées pour les diriger vers des choses justes, belles et sensées.
      Tout, dans votre personne, reflète ces pensées. Imaginez que votre esprit est un jardin. Vous y semez des graines. Votre subconscient est tissé des idées que vous avez semées tout au long de la journée. Il est donc capital de leur prêter la plus grande attention. (…)
      La santé est une question d’attitude intérieure et la vie exige que vous n’abandonniez jamais ce qu’il y a de meilleur en vous. Vos systèmes de pensée et d’expression conditionnent également votre comportement physique, vos postures, votre bien-être ou votre « mal-être ».

La soustraction des idées

(…) Si notre esprit est congestionné, nous ne pouvons pas fonctionner normalement. Trop de choses nous emportent, nous égarent, nous empêchent de nous concentrer.
      Plus nous prenons de l’âge, plus notre esprit s’encombre, comme un vieux grenier plein de choses inutiles et oubliées. Nous n’en sommes peut-être pas conscients, mais nous pensons sans arrêt. Comment passons-nous notre temps? Quelles sont nos ambitions? Est-ce que les choses pour lesquelles nous nous battons en valent la peine?
      Mettre de l’ordre dans son esprit signifie, comme pour le rangement des choses matérielles, éliminer tout ce qui ne contribue plus à certains besoins afin de faire de la place à ce qui est important. Chaque pensée laisse des traces dans le cerveau et renforce ou affaiblit le système immunitaire.
      De même que l’absence d’objets facilite la vie, la soustraction des pensées fait place à du nouveau. Si vous vous entrainez avec régularité à supprimer ou chasser certaines idées de votre esprit, les actes qu’elles entrainent seront aussi  supprimés.
      Constituez une liste des idées ou pensées qui surgissent le plus souvent dans votre tête (…) Essayez ensuite de chasser une à une, patiemment, tout au long de la journée, ces idées de votre tête. Repoussez-les avec douceur mais fermeté autant de fois qu’elles surgiront. Cet exercice, comme tout exercice, vous apportera ses fruits le jour où vous vous surprendrez à voir surgir de nouvelles idées.

Les états d’âme

Anxiété et regrets n’ont pas leur place dans un esprit imprégné de cette vérité qu’il n’y a jamais de hauts et de bas. La vie est rarement aussi noire que nous l’imaginons quand nous sommes dans un creux de vague. Si nous faisons tout ce que nous avons toujours fait, nous serons ce que nous avons toujours été. La seule personne qui nous impose des limites, c’est nous. Le vrai amour-propre vient d’une domination sur le moi, ce qui mène à la liberté. Nous pouvons nous exercer à renforcer notre patience, dont le fonctionnement est semblable à celui d’un muscle qui, travaillé, devient résistant.
      L’esprit est un médium de création. La vie nous pardonne quand nous nous coupons le doigt : elle permet à de nouvelles cellules de se former et de fabriquer un pont qui refermera la blessure. Il en est de même avec les pensées. Chaque fois que vous commencez à vous inquiéter, à vous sentir seul, déprimé, plein de rancœur négatif ou en colère, prenez un livre intéressant, faites ce qui est en votre pouvoir pour rendre le lieu qui vous entoure plus gai (…). Le plus important est de stopper le flux mental jusqu’à ce que de nouvelles énergies remplacent les précédentes.

Transcendez les problèmes

Ne traitez pas les problèmes, transcendez-les. Se focaliser sur un problème, c’est le maintenir vivant, et par la même occasion nous empêcher d’aller de l’avant. Les pensées négatives n’ont pas besoin d’être analysées, disséquées, étudiées, sinon elles essaiment. Refusez de vous empoisonner la vie avec les vieilles habitudes de rancunes et de blessures non pardonnées. Mettez au panier les détritus du passé. Ne gardez que les bons souvenirs.
      Cessez de penser que la personne que vous étiez hier est celle que vous devez être aujourd’hui. Nous avons tous en nous des potentiels illimités et la possibilité de changer si nous le voulons. Ce qui nous empêche (c’est un cercle vicieux) de puiser dans ce potentiel, ce sont nos attachements psychologiques au passé. L’énergie que nous avons à l’instant présent est la seule dont nous ayons besoin.
      Tout ce sur quoi vous portez votre attention prend de l’importance. Plus vous insistez sur ce que vous ne voulez pas, plus vous lui donnez d’emprise.
      Au lieu de penser de manière active à un problème, oubliez-le. (…) Quand on s’obstine sur un problème ou sur des choses qui nous irritent, on oublie toutes les merveilles de la vie et ses possibilités. On ne vois que les manques, les injustices, les causes de notre malheur, de nos frustrations ou de notre tristesse. Mais les moments durs de la vie sont une opportunité pour prendre du recul et reconsidérer les choses. Nous devons nous demander alors : Qu’est-ce qui a le plus d’importance? Pourquoi ai-je fait cela? »
      Nous savons qu’il existe une puissance qui nous est accessible à chaque instant de la vie, mais nous devons demander à l’esprit de nous « brancher » sur son courant. (…) Si nous nous éternisons sur les obstacles, les problèmes et les difficultés, notre subconscient agira en conséquence et nous bloquera les portes du bonheur.

La négativité nous fait du mal

(…) Nos frustrations sont dues à des désirs non réalisés, nos inquiétudes à des incertitudes, et notre négativité à un manque d’énergie et de confiance en nous.
      Guérir le psychisme, c’est faire en sorte que ce qui n’était pas conscient le devienne. Il faut d’abord identifier la source des états négatifs et se demander ce que l’on veut.
      (…) Une pensée bien dirigée est capable de créer des vibrations pouvant se convertir en inspiration. De même avec un entrainement mental régulier, on peut parvenir à chasser les pensées négatives. Nous pouvons aussi nous entrainer à les combattre, comme nous apprenons à faire de la bicyclette, à nager, à conduire… Une fois acquis, ces actes deviennent automatiques.
      Si l’on s’entraine à devenir calme et serein, on peut y arriver en l’espace d’un mois. Toute pensée finit par retourner au néant.

Refonte 2

Posez-vous à côté de vous

Imaginez que vous avez le pouvoir magique de sortir de votre corps et d’aller vous asseoir à côté de la personne que vous êtes. Regardez-vous. Comment est cette personne? À quoi ressemble-t-elle? L’aimez-vous? Pouvez-vous l’aider, la conseiller? 
      Entrainez-vous au détachement. Ne vous accrochez pas aux idées.

Entrainez-vous à la concentration : méditez

Faites le vide autour de vous, ne vous laissez pas distraire par les bruits, les visages, les personnes qui vous entourent. (…) Faire le vide consiste à neutraliser pensées, désirs et imagination. (…) Seules la patience et la persévérance peuvent donner un résultat.
      La méditation peut se pratiquer partout. (…) Cette discipline mentale n’a rien à voir avec la vacuité et la torpeur. C’est le procédé par lequel nous affutons notre conscience et notre attention, ce qui est extrêmement utile dans la vie de tous les jours. (…)
      Le verbe méditer (meditari en latin) signifie « se laisser conduire vers le centre ». Tout ce qui est fixe domine et bloque l’esprit. Prenez du temps tout simplement pour « être », afin de laisser votre esprit se « recharger » en silence. Débarrassez-vous de en temps en temps de votre image, et revenez à la sensation d’être une personne nouvelle.
      Il faut savoir parfois ne rien faire. La méditation nous aide à comprendre comment fonctionne notre mental. Avant de pratiquer, les gens n’ont aucune idée du nombre de pensées éparpillées traversant leur esprit en l’espace d’une seconde. Et ce sont ces pensées qui compliquent leur vie.
      La méditation est une nourriture psychologique qui nous permet de nous renouveler et de réaffirmer les choses essentielles. (…) Nous pouvons méditer, c’est-à-dire garder notre esprit immobile, en marchant, en étant assis, debout ou allongé.

Le silence est d’or

Le silence permet de prêter attention à tout, d’observer le flot de « détritus mentaux » qui traversent sans cesse nos esprits. Ne pas constamment agir : cet apprentissage nécessite une ouverture d’esprit, du temps et de la patience. Évitez les programmes de télévision, les articles de journaux qui ne vous apportent rien et vous volent votre temps, votre espace mental et votre silence. Ce sont des soporifiques qui vous bercent dans une passivité abrutissante, et du chewing-gum pour les yeux. Le silence vous aidera à vous étendre dans son vide. Il est un espace réceptif. Laissez-le être votre guide.

Les autres

Simplifiez votre carnet d’adresses
Choisissez vos relations et soyez tolérant

Rompez avec les relations stériles. Supprimez celles qui ne vous apportent aucun soutien. En amour, ne soyez pas esclave de l’autre sexe. Fuyez les gens sans intelligence : vous ne pouvez jamais être sûr de ce qu’ils pensent ou de la manière dont ils vont réagir. Il vaut mieux ne plus les fréquenter que les critiquer. Mais ne confondez pas intelligence avec aptitudes intellectuelles. Il existe plusieurs formes d’intelligence : l’intelligence du cœur, celle du bon sens… ce que beaucoup de gens n’ont pas.
      Plus que la couleur de la peau, ce sont le milieu social, l’argent, les croyances, les aspirations qui séparent les êtres. Les gens sans tolérance et sans compréhension peuvent nous empêcher d’évoluer. Graduellement, mais surement, réduisez l’importance qu’ils ont dans votre vie. Et ne perdez jamais une minute à penser aux gens que vous n’aimez pas.
      N’essayez pas de vous adapter à des situations inconfortables et n’exigez pas une sincérité excessive de la part des autres. Il n’est pas besoin de mettre son cœur à nu pour être plus proche de quelqu’un. Laissez le monde et ses règles dans la rue, un monde où il faut sans cesse prendre en considération les besoins des autres, où il faut se cacher derrière les différents masques que nous sommes obligés de porter.
      Nous serions tellement plus heureux si nous apprenions à vivre avec nos imperfections et avec celles des autres.
      (…) Ne vous souciez pas de ce que les autres pensent ou de ce qu’ils disent de vous. Vous n’en serez que plus libres. Quand vous compromettez vos rêves et vos propres valeurs pour quelqu’un d’autre, vous perdez un peu de vous-même, un peu de votre force. Plus vous compromettrez votre authenticité, moins vous serez fort. Laissez derrière vous tout ce qui n’est pas enrichissant et coupez les liens avec les croyances, les valeurs et les obligations qui ont été vôtres dans une période de votre vie mais qui ne correspondent plus à ce que vous êtes maintenant. (…)

Surveillez vos propos

Une règle d’or : si vous n’avez rien de gentil à dire, ne dites rien. Les choses n’ont que l’importance qu’on leur donne. Parlez de misère, et vous aurez de la misère. Dites des choses drôles et le rire se décuplera. (…)

Ne critiquez pas

Critiquer ne dira rien sur les gens, mais en revanche en dira long sur vous : vous êtes une personne qui critique. Quand vous critiquez quelqu’un, vous créez un problème et ne faites que vous dévaloriser. Juger les autres demande de l’énergie et vous met dans une situation où vous ne devriez pas être. Critiquer est surtout une habitude. Entrainez-vous à ne jamais dire de mal de qui que ce soit, quels que soient vos sentiments. Vite, cette nouvelle habitude deviendra une seconde nature. Critiquer peut apporter un soulagement, mais il existe d’autres sujets de conversation. Restez loyal envers les absents. Défendez-les. Vous gagnerez ainsi la confiance de ceux qui sont présents. Méfiez-vous de la duplicité. Traitez le monde selon les mêmes principes.
      Au lieu de vous occuper des défauts des autres, occupez-vous des vôtres. Tournez votre esprit vers des choses qui sont plus agréables que les maux ou les malheurs d’autrui, comme les secrets de la nature, les histoires vraies, un séjour à la campagne où l’on peut prendre du plaisir grâce au spectacle, au calme et au réconfort qu’elle offre. Voilà ce qu’il faut substituer à la curiosité. Nul ne peut vivre à la place d’autrui.

Altruisme et solitude

Prenez soin de vous-même pour mieux aimer les autres

Beaucoup de gens vivent dans un brouillard émotionnel; ils accomplissent des gestes vides, manquent de confiance, se sentent indignes d’être aimés et s’adonnent à l’alcool au tabac, au travail, à la télévision… (…) Ne vous maltraitez pas. Traitez-vous avec amour. Découvrez ce qui est pour vous une source de plaisir et de joie et agissez dans ce sens. Souriez et riez le plus possible. S’estimer à sa juste valeur, c’est éviter bien du stress. La culpabilité est un poison qui use.

Pardonnez pour votre propre bien

Pardonner ne veut pas dire accepter ce qui est arrivé. Cela veut dire que l’on se refuse à l’adversité qui empoisonne notre vie. Il ne faut pardonner que pour son propre bien. Mais on ne peut pardonner que quand on ne souffre plus. Personne ne peut nous blesser si nous ne lui en donnons pas les moyens. La douleur n’apparait que quand il y a interprétation des faits dans notre esprit. Si l’on se contentait de ne se placer que comme témoin des faits, nous ne souffririons pas. On peut parvenir à aller su-delà des interprétations.
      Vous êtes seul responsable de vos actes. Vous n’avez pas à assumer la culpabilité d’une autre personne. Mais ne comptez pas sur les autres pour être heureux. Les gens réclament aux autres un bonheur qu’ils ne peuvent se créer. (…) Une personne admirable est quelqu’un qui ne demande rien, ne regrette rien et n’a rien à perdre. Elle n’est influençable ni par les gens ni par les choses, et sait trouver en elle des ressources infinies.

N’essayez pas de changer les autres

En quoi que ce soit, n’essayez pas de changer les autres. Cela ne fait que compliquer votre vie. Cela sape votre énergie, vous laisse sans force et… frustré. Arrêtez d’expliquer. Contentez-vous de laisser les autres se demander quel est le secret de votre calme et de votre bonheur. (…) Aider les autres, c’est les amener à penser. Le distingué Arnold Toynbee disait que le futur de l’humanité dépend du degré où chacun est capable de se retirer et de trouver sa propre profondeur, et alors d’en faire ressortir ce qu’il a de meilleur pour aider les autres.

Ce que l’on peut offrir aux autres

(…) Il n’y aurait pas de voleurs dans une société où nul ne désire accumuler biens et richesses. (…)
      Aider les autres matériellement est bien, mais les aider à réfléchir est beaucoup plus important. (…) C’est en offrant aux autres pour exemple notre façon d’être et en respirant le bonheur de vivre, quelles que soient les circonstances, que l’on peut les amener à ne s’attacher qu’à ce qui est simple et spontané et leur prouver par notre attitude que le bonheur est bien plus grand en ne pensant pas trop à soi-même et en réduisant l’éventail de nos désirs. Certes, la misère du monde ne cessera probablement jamais, même si toutes les maisons étaient réquisitionnées afin d’être transformées en un immense asile de charité, mais si tous les pays riches prenaient véritablement conscience que les ressources de notre planète ne sont pas inépuisables et qu’ils sont les seuls à en profiter et en abuser, ils feraient certainement beaucoup plus d’efforts pour moins gaspiller et moins consommer. S’ils possédaient moins, gaspillaient moins, jetaient moins, mangeaient moins alors que d’autres meurent de faim, ils parviendraient peut-être à une plus grande harmonie entre leur for intérieur et leur comportement extérieur.
      Aider les pauvres? C’est notre société qui est pauvre. Pauvre de croire qu’être heureux, c’est posséder. Pauvre de se laisser influencer pas la publicité. Pauvre d’accepter de se laisser prendre dans l’engrenage de la compétitivité. Pauvre de n’être pas libre de vivre plus simplement. Pauvre de mettre une étiquette sur tout, même sur la générosité. La pauvreté ne se résume pas à un manque d’argent. Elle signifie aussi manquer de qualités humaines, spirituelles, intellectuelles. Aider les autres, c’est ne pas faire montre de ses richesses, c’est vivre simplement et respecter chaque être humain sans le juger. C’est faire en sorte qu’il ne soit pas jaloux, amer ou curieux.

Cultivez l’art de vivre seul

Être seul se dit en anglais alone, ce qui signifie à l’origine all one, soit « tout un ». Appréciez les moments en solitaire. En fait être seul n’est pas un choix. C’est notre condition originelle. Nous sommes tous au plus profond de notre être, seuls. Cela peut être douloureux pour une personne qui n’en a pas l’habitude, mais avec le temps, cela devient une précieuse commodité. Ce n’est pas la solitude matérielle qui est à craindre, mais la solitude spirituelle. Si l’on se sent perdu, seul, comment pouvons-nous avoir un contact avec les autres quand ils sont présents? C’est par la solitude que nous pouvons regagner de l’énergie. La solitude des vrais solitaires n’est qu’apparente. Leur esprit est un monde d’êtres et d’idées, une caverne secrète où se déroulent mille conversations.
      Appréciez la solitude. Considérez-la comme une situation privilégiée, non comme une épreuve. C’est un don du ciel et la condition essentielle pour s’améliorer, traiter de sujets sérieux ou bien travailler. Les moments de solitude sont faits pour planter des graines qui pousseront et s’épanouiront sur l’inconnu, sur des parties encore non découvertes de la vie.
      Apprenez à apprécier votre propre compagnie avant d’y être acculé. Il y a des fortes chances que chacun de nous ait plusieurs années de sa vie à passer seul. Autant s’y préparer, et bien. Vivre seul est un art qu’il faut apprendre et cultiver. Il y a tant de choses que nous ne pouvons réaliser que dans le silence et dans la solitude! Méditer, lire, rêver, imaginer, créer, se soigner…
      Apprenez à être heureux pour vous seul : cuisinez, jardinez, récoltez, embellissez votre corps, votre logis, vos pensées… Partez de temps en temps passer la nuit dans un petit hôtel, emportez un roman dans un café ensoleillé, allez piqueniquer au bord de l’eau. Vous pourrez ensuite doublement apprécier la présence des autres et leur apporter plus que vous ne l’avez jamais fait. La solitude rend la vie tellement plus riche!

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NOTE 11 juin : J'ai oublié de mentionner que ce livre s'adressse spécifiquement aux femmes, ce qui est plus évident dans les deux premières parties. J'ai utilisé le genre masculin dans les passages sélectionnés car ils sont valides tant pour les hommes que les femmes. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur le sujet, et je suppose qu'ils s'adressent indifféremment aux deux sexes. Quelques titres :

L'art de l'essentiel : Jeter l'inutile et le superflu pour faire de l'espace en soi  
L'art des listes : Simplifier, organiser, enrichir sa vie  
Faire le ménage chez soi, faire le ménage en soi  
Aimer la pluie, aimer la vie  
99 objets nécessaires et suffisants  
L'art de la frugalité et de la volupté  
L'art de la simplicité : la maison  
L'art de la simplicité : le corps  
L'art de la simplicité : le mental  
Les pouvoirs du silence : Retrouver la beauté, la créativité et l'harmonie

En tout cas, si vous avez besoin de faire le ménage dans votre vie, vous trouverez tout ce qu'il faut pour vous y mettre...

***
Dominique Loreau vient de publier (mai 2012) un ouvrage intitulé
L’infiniment peu

Sur Babelio :

Si vous avez ce livre en main, c'est que vous êtes déjà sur la voie de l'infiniment peu.
Dominique Loreau nous enseigne que vivre de peu est non seulement une vertu mais aussi un élixir de sérénité. Avec ce livre au format minimal, elle se propose de nous faire cheminer vers la simplicité et la sobriété pour, bientôt, marcher le nez au vent. Poèmes, extraits de textes, haïkus égayent cette promenade et nous apprennent que la philosophie du "peu", c'est avant tout renouer avec l'essentiel et s’alléger de soi-même.

Commentaire d’un lecteur :
Cet opuscule se lit d'une traite, et ouvre un chemin nouveau. La mise en pratique ne parait pas aussi simple que la lecture - comme souvent ! - mais, l'enjeu semble suffisamment attractif et libérateur, pour éveiller le désir de s'y engager.

Une fois nos besoins vitaux assurés (s'habiller, se nourrir et se loger), appliquer la philosophie de l’infiniment peu permet de faire face à n'importe quel changement ou revers de situation. Il est alors facile de se réjouir de ce "tout petit peu" dans lequel aucune déception n’est possible, toute étincelle de joie instinctive réanimée.

"Plus vite, mieux, plus grand" est aujourd'hui dépassé. La recherche de la simplification, l'appel à la frugalité devient LA tendance. Saturation d'informations pléthoriques, perpétuels dilemmes entre carrière et qualité de vie..., le renoncement à la consommation et à ses ravages s'érige enfin en vertu au pouvoir libérateur. (Philippe, France)

Biographie sommaire de Dominique Loreau :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominique_Loreau


9 juin 2012

«Jour de bonheur»

Les légendes urbaines me font penser aux fables de Lafontaine : une histoire suivie d’une morale. L’histoire ci-après vogue allègrement sur Internet depuis 1997! Il est amusant de connaitre les origines de ces témoignages qu’on nous présente toujours comme des faits vécus – et l’on insiste…

Source des informations sur l’origine de cette légende :
www.snopes.com the definitive Internet reference source for urban legends, folklore, myths, rumors, and misinformation.

«Le Bécasseau» est le résumé d’une histoire dont l’auteur est Mary Sherman Hilbert. La version complète parut la première fois en 1978 dans un périodique religieux canadien. En 1980, Reader’s Digest en publia un condensé. Les personnages originaux s’appelaient Ruth Peterson et Wendy. Plus tard, la marcheuse a changé de nom : Ruth Patterson, Ruth Peterson et finalement Robert Peterson. Il n’y a pas de Robert Peterson dans la version originale.

Dans celle du Reader’s Digest, l’auteur dit en introduction qu’une voisine lui avait raconté avoir vécu cet incident. L’histoire l’avait frappée et elle avait pris des notes. Même si c’est raconté à la première personne, l’auteur précise que ce n’est elle qui a vécu l’incident.

En 2003, on ajouta ce commentaire à la fin de l’histoire :

NOTE : Ceci est une histoire vraie envoyée par Robert Peterson. C’est arrivé il y a plus de 20 et l’incident a changé sa vie à jamais. Cela nous rappelle à tous que nous devons prendre le temps d’apprécier la vie et ceux qui nous entourent. Haïr les autres fait en sorte qu’on s’aime moins soi-même. La vie est compliquée. L’agitation quotidienne, les traumas, les crises ou les infortunes passagères peuvent nous faire perdre de vue ce qui est vraiment important. Cette semaine, assurez-vous de donner des câlins supplémentaires à ceux que vous aimez, et trouvez le temps de vous arrêter pour humer le parfum des roses ()

Quoiqu’il en soit, l’histoire nous propose quelques leçons. Elle suggère de ne pas laisser notre propre tristesse et souffrance nous envahir au point de ne pas voir celles des autres. Car lorsque nous sommes obsédés par notre propre désarroi nous risquons de brusquer des personnes encore plus souffrantes que nous; ce manque de bienveillance inconscient pourrait nous hanter longtemps. La narration nous dit aussi qu’au beau milieu des horreurs personnelles qui chavirent notre vie, nous devons nous efforcer de créer des «jours de bonheur».

***
En définitive, nous ne savons pas si l'histoire a été vécue ou non. Mais qui de nous n'a pas vécu quelque chose de semblable? Comme les fables de Lafontaine, ces allégories contemporaines ont un côté intemporel.

J’ai vu beaucoup d’oiseaux en balade aujourd’hui, mais pas de bécasseau. Par contre, pour moi, tous les oiseaux sont porteurs de joie; alors, ce fut un jour de bonheur.

Le Bécasseau
Version "Robert Peterson" ...

Elle avait six ans quand je l'ai rencontrée pour la première fois sur la plage près d'où j'habite. J’allais à cette plage, à une distance de trois ou quatre milles, à chaque fois que le monde semblait s’écrouler autour de moi. Elle construisait un château de sable, ou autre chose, et m’a regardé; ses yeux étaient bleus comme la mer.

- Bonjour, dit-elle.
Je l’ai simplement saluée, n’étant pas vraiment d'humeur à m’occuper d’une jeune enfant.
- Je construis, dit-elle.
- Je vois. Qu'est-ce c’est?, lui ai-je demandé, peu intéressé.
- Oh, je ne sais pas, j’aime seulement la sensation du sable. 
Ça semble agréable en effet, pensai-je, et j’enlevai mes chaussures.

Un bécasseau passa.

- C'est de la joie, dit l'enfant.
- C'est quoi?
- C'est de la joie. Ma maman dit que le bécasseau nous apporte de la joie. 

L'oiseau atterrit sur la plage. Adieu joie, bonjour tristesse, ai-je murmuré, et je m’apprêtai à poursuivre ma marche. J'étais déprimé, ma vie semblait complètement bouleversée.

- Quel est votre nom?
Elle ne lâchait pas.
- Robert », lui ai-je répondu, Robert Peterson.
- Le mien est Wendy... j’ai six ans.
- Bonjour, Wendy. 
Elle pouffa de rire : 
- Vous êtes drôle. 

Malgré ma tristesse, j’ai ri aussi en m’éloignant.
Son rire musical me suivit.
- Revenez, M. P., lança-t-elle, nous partagerons un autre jour de bonheur. 

Les jours suivants je ne vis que des groupes de Scouts indisciplinés, des meetings PTA et une mère souffrante. Un matin, le soleil brillait pendant que je vidais mon lave-vaisselle. J’ai besoin d’un bécasseau, me dis-je, en ramassant mon manteau.

Le baume changeant du bord de mer m'attendait. La brise était froide mais je marchais d’un bon pas, essayant de trouver la sérénité dont j'avais besoin.

- Bonjour M. P., dit-elle, voulez-vous jouer? 
- Que veux-tu faire?, ai-je demandé, un peu ennuyé.
- Je ne sais pas. À vous de le dire. 
- Des charades peut-être?, demandai-je ironiquement.
J’entendis à nouveau son éclat de rire cristallin.
- Je ne sais pas ce que c'est. 
- Alors marchons. 

En l’observant, je remarquai la délicatesse de son visage.

- Où habites-tu?, ai-je demandé.
- Là-bas, dit-elle, en pointant vers une rangée de chalets d'été.
Étrange, pensai-je, en hiver…
- À quelle école vas-tu? 
- Je ne vais pas à l'école. Maman dit que nous sommes en vacances. 

Elle babillait dans son langage enfantin tandis que nous marchions sur la plage; mais j’avais la tête ailleurs. En la quittant pour retourner chez moi, « c’était un jour de bonheur » dit Wendy. Me sentant étonnamment mieux, j’ai acquiescé en souriant.

Trois semaines plus tard, je me rendis à la plage quasiment en état de panique. Je n'étais pas d'humeur à saluer Wendy. Croyant avoir aperçu sa mère sur le porche, j’ai failli lui demander de garder sa fille à la maison.

- Écoute, si ça ne te dérange pas, j’aimerais mieux être seul aujourd'hui, dis-je à Wendy qui m’avait rattrapé. Elle semblait anormalement pâle et hors d'haleine.
- Pourquoi?, demanda-t-elle.
Je me suis retourné en criant :
- Parce que ma mère est morte!
Et aussitôt je me suis dit, Mon Dieu, pourquoi ai-je dit ça à une jeune enfant ? 
- Oh, dit-elle tranquillement, alors c'est un mauvais jour. 
- Oui, et hier et avant-hier -- oh, va-t-en! 
- Est-ce que cela a fait mal? 
- Quoi donc?, lui demandai-je exaspéré.
- Quand elle est morte? 
- Bien sûr que ça fait mal, lui ai-je répondu sèchement, intolérant, fermé sur moi-même.
Je m’éloignai à grands pas.

À peu près un mois plus tard, lorsque je suis retourné à la plage, elle n'était pas là. Me sentant coupable, honteux, et admettant qu’elle me manquait, je suis allé au chalet après ma marche et j’ai frappé à la porte. Une jeune femme, les traits tirés, aux cheveux couleur de miel, m’a ouvert.

- Bonjour, lui dis-je, je suis Robert Peterson. J’ai raté votre petite fille aujourd'hui et je me demandais où elle était. 
- Ah oui … M. Peterson, veuillez entrer. Wendy m’a tellement parlé de vous. J’ai peur de lui avoir permis de vous déranger. Si elle vous a ennuyé, veuillez accepter mes excuses.
- Pas du tout, c’est une enfant charmante, lui dis-je, réalisant soudain que je disais ce que je ressentais vraiment.
- Wendy est morte la semaine dernière, M. Peterson. Elle avait la leucémie. Peut-être qu'elle ne vous l’avait pas dit. 

J’étais renversé, cherchant une chaise à tâtons. Je devais reprendre mon souffle.
- Elle aimait cette plage, alors quand elle a demandé de venir, nous ne pouvions pas refuser. Elle semblait tellement mieux ici, et elle vivait beaucoup de ce qu'elle appelait des jours heureux. Mais, depuis quelques semaines, elle déclinait rapidement... 

Sa voix faiblit :
- Elle a laissé quelque chose pour vous, si seulement je peux le trouver. Pouvez-vous attendre un moment pendant que je cherche? 

J'ai acquiescé, l’air stupide, cherchant quelque chose à dire à cette charmante jeune femme. Elle m’a remis une enveloppe adressée en caractères gras à « M. P. » Elle contenait un dessin aux couleurs brillantes – une plage jaune, une mer bleue et un oiseau brun. En-dessous, elle avait soigneusement écrit :

UN BÉCASSEAU POUR VOUS APPORTER DE LA JOIE 

J’éclatai en sanglots, et mon cœur, qui avait presque oublié d’aimer, s’ouvrit tout grand. Je pris la mère de Wendy dans mes bras en répétant « je suis tellement peiné, tellement désolé, tellement désolé ». Et nous avons pleuré ensemble.

Le précieux petit dessin est maintenant encadré et accroché dans mon bureau. Six mots – un pour chaque année de sa vie – qui me parlent d'harmonie, de courage et d'amour désintéressé.

Le cadeau d'une enfant aux yeux bleus comme la mer et aux cheveux couleur de sable – qui m'a fait connaitre le don de l'amour.

2 juin 2012

Le troisième acte

Émouvante vidéo – on voit qu’elle pense et ressent ce qu’elle dit : 
http://www.ted.com/talks/jane_fonda_life_s_third_act.html

Étrangement, c’est exactement le ton que je veux privilégier dans mon prochain blog : créer, construire, à l’intérieur même de la transformation qui fait parfois figure de démolition.

***

Transcriptions : TED.com

Le troisième acte de la vie
Jane Fonda, décembre 2011
Il y a eu de nombreuses révolutions au cours du siècle dernier, mais peut-être bien aucune aussi significative que la révolution de la longévité. Nous vivons aujourd'hui en moyenne 34 ans de plus que nos arrière-grands-parents. Pensez à ça. C'est l'équivalent d'une seconde vie adulte complète qui a été ajoutée à notre durée de vie. Et pourtant, en grande partie, notre culture ne s'est toujours pas arrêtée sur ce que cela implique. Nous vivons toujours le même paradigme de l'âge suivant le modèle d'une courbe. Voilà la métaphore, la vieille métaphore. On nait, on culmine en milieu de vie et on chute jusqu'à la décrépitude. (Rires)

L'âge en tant que pathologie

Mais plusieurs personnes de nos jours -- des philosophes, des artistes, des docteurs, des scientifiques -- perçoivent sous un angle nouveau ce que j'appelle le troisième acte, à savoir, les trois dernières décennies de notre vie. Ils réalisent qu'il s'agit en effet d'une étape de développement de la vie ayant sa propre signification -- aussi différent du milieu de la vie que l'adolescence l'est de l'enfance. Et ils se demandent -- nous devrions d'ailleurs tous nous demander -- comment doit-on utiliser ce temps? Comment le vivre avec succès? Quelle est la nouvelle métaphore appropriée pour la vieillesse?

J'ai passé la dernière année à rechercher et à écrire à ce sujet. Et j'en suis venue à la conclusion qu'une métaphore plus appropriée pour la vieillesse est celle d'un escalier -- l'ascension de l'esprit humain vers la sagesse, la plénitude et l'authenticité. L'âge perçu non pas en tant que pathologie, mais bien en tant que potentiel. Et devinez quoi? Ce potentiel n'est pas réservé à quelques chanceux. Il apparait plutôt que la plupart des gens âgés de plus de 50 ans se sentent mieux, sont moins stressés, sont moins hostiles, moins anxieux. On tend à voir davantage les points communs que les différences. Certaines études avancent même qu'on est plus heureux.

Ce n'est pas ce à quoi je m'attendais, croyez-moi. Je viens d'une longue lignée de dépressifs. Alors que j'approchais la fin de la quarantaine, quand je me réveillais le matin, mes six premières pensées étaient toutes négatives. Cela m'a fait peur. Je me suis dit, ô mon dieu, je vais devenir une vieille femme grincheuse. Mais maintenant que suis au beau milieu de mon troisième acte, je réalise que je n'ai jamais été aussi heureuse. J’éprouve un puissant sentiment de bienêtre. Et j'ai découvert que lorsqu'on vit la vieillesse, contrairement à quand on la contemple de l'extérieur, la peur s'estompe. On réalise que l'on est toujours soi-même -- voire plus que jamais. Picasso a dit : «Il faut beaucoup de temps pour devenir jeune.» (Rires)

Je ne veux pas embellir le vieillissement. Évidemment, il n'y a pas de garantie que cela puisse être un moment d'épanouissement et de croissance. Il y a un facteur de chance. Il y a bien sûr un facteur génétique. Un tiers en fait est lié à la génétique. Et il y a bien peu qu'on puisse y faire. Mais cela veut aussi dire qu'il en reste deux tiers sur lesquels on peut agir pour mieux s'en tirer pendant le troisième acte. Nous discuterons de ce que nous pouvons faire de ces années supplémentaires pour qu’elles soient vraiment réussies et utilisées pour créer une différence.

Maintenant, laissez-moi vous parler de l'escalier, ce qui peut paraître comme une métaphore douteuse considérant le fait que les ainés peinent à gravir des escaliers. (Rires) Y compris moi-même.

Comme vous le savez peut-être, le monde entier fonctionne selon une loi universelle : l'entropie, deuxième loi de la thermodynamique. L'entropie implique que tout dans le monde, absolument tout, est dans un état de déclin et de délabrement, d'où la courbe. Il n'existe qu'une seule exception à cette loi universelle, il s'agit de l'esprit humain, lequel continue d'évoluer -- d'où l'escalier -- nous transportant vers la plénitude, l'authenticité et la sagesse.

Voici un exemple de ce que je veux dire. Cette ascension peut survenir même en cas de difficultés physiques extrêmes. Il y a environ trois ans, j'ai lu un article dans le New York Times. C'était à propos d'un homme du nom de Neil Selinger -- un avocat retraité âgé de 57 ans. Il avait rejoint un groupe d'écrivains du Collège Sarah Lawrence et se découvrit une vocation d'auteur. Deux ans plus tard, il reçu un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique (SLA), aussi connue sous le nom de maladie de Lou Gehrig. Il s'agit d'une maladie terrible. C'est fatal. Ça ruine le corps, mais l'esprit reste intact. Dans cet article, M. Selinger a décrit ce qui lui arrivait ainsi, et je cite : «Tandis que mes muscles s'affaiblissaient, mon écriture a gagné en force. Alors que je perdais peu à peu ma capacité de parler, j'ai trouvé ma voix. Tandis que je régressais, j'ai grandi. Alors que je perdais tant, j'ai enfin commencé à découvrir qui j'étais.» Pour moi, Neil Selinger est le parfait exemple de cette ascension dans l’escalier du troisième acte.

Chacun de nous naît avec un esprit, mais parfois, il est bafoué par les épreuves de la vie, la violence, l'abus et la négligence. Peut-être nos parents ont-ils souffert de dépression. Peut-être étaient-ils incapables de nous aimer au-delà de nos performances en ce monde. Peut-être souffrons-nous toujours d'une blessure psychique. Peut-être avons-nous le sentiment de n'avoir pas tourné sur la page sur plusieurs de nos relations. Et ainsi on peut se sentir inachevé. La tâche du troisième acte est donc peut-être de finir de s'achever soi-même.

Pour moi, ça a commencé alors que j'approchais mon troisième acte, à mon 60e anniversaire. Comment étais-je supposée le vivre ce troisième acte? Qu'étais-je supposée accomplir? Et puis, j'ai réalisé que pour savoir où aller, je devais d'abord savoir d’où je venais. Je suis donc revenue en arrière pour étudier mes deux premiers actes, en essayant de voir qui j’étais alors, qui j'étais vraiment -- pas ce que mes parents ou d'autres personnes me disaient que j'étais, ou me traitaient comme j’étais. Mais qui étais-je donc? Qui étaient mes parents – non pas en tant que parents, mais en tant que personnes? Qui étaient mes grands-parents? Comment avaient-ils traité mes parents? Ce genre de choses.

J'ai découvert quelques années plus tard que les psychologues appellent ce processus par lequel j'étais passée «faire un retour sur sa vie». Et ils disent que cela peut donner une nouvelle signification, de la clarté et du sens à la vie d'une personne. Vous découvrirez peut-être, comme ce fut le cas pour moi, que plusieurs choses dont vous vous sentiez coupables, plusieurs choses que vous pensiez de vous-mêmes, n'avaient en réalité rien à voir avec vous. Ce n'était pas de votre faute; vous étiez correct. Et vous êtes capables de retourner en arrière et de leur pardonner, et de vous pardonner à vous-mêmes. Vous êtes capables de vous libérer de votre passé. Vous pouvez travailler pour changer votre relation à votre passé.

Alors que j'écrivais sur ce sujet, je suis tombée sur un livre intitulé «Man's Search for Meaning» par Viktor Frankl. Viktor Frankl était un psychiatre allemand qui a passé cinq ans dans un camp de concentration nazi. Et il a écrit, alors qu'il était dans le camp, qu’il pouvait dire d’avance quelles personnes, si elles venaient à être libérées, se remettraient de l’épreuve ou non. Et il a écrit ceci : «Tout ce que vous possédez dans la vie peut vous être retiré à l'exception d'une chose, votre liberté de choisir comment vous allez réagir à une situation. C'est cela qui détermine la qualité de la vie que nous avons menée -- pas le fait d'avoir été riche ou pauvre, célèbre ou inconnu, en santé ou malade. Ce qui détermine notre qualité de vie est notre façon de composer avec ces réalités, à savoir, le sens qu'on leur donne, l'attitude réflexe à laquelle on s’accroche, l'état d'esprit qu’on leur permet de déclencher.»

Le but premier de ce troisième acte est-il peut-être de retourner en arrière et d'essayer, si c'est approprié, de changer la relation au passé. La recherche en science cognitive révèle que lorsque nous sommes capables de le faire, cela se manifeste au niveau neurologique -- des voies neuronales se créent dans le cerveau. Vous voyez, si vous avez, au fil du temps, réagi négativement à des évènements ou à des personnes dans le passé, des voies neuronales ont été créées à l’aide de signaux chimiques et électriques envoyés au cerveau. Au fil du temps, ces voies neuronales se sont renforcées, pour devenir la norme -- et ce, même si c'est mauvais pour nous parce que cela nous cause stress et anxiété.

Par contre, si l’on peut retourner arrière et modifier la relation, reconsidérer la relation que l'on entretient avec les personnes et les évènements de notre passé, les voies neuronales peuvent changer. Et si l'on peut maintenir les perceptions plus positives de notre passé, cela devient la nouvelle norme. C'est comme réinitialiser un thermostat. Ce n'est pas vivre des expériences qui nous rend sages, c'est réfléchir à nos expériences qui nous rend sages -- et cela nous aide à acquérir la plénitude, la sagesse et l'authenticité. Cela nous aide à devenir ce que nous aurions pu être.

Nous les femmes, on commence notre vie intacte, non? Je veux dire, en tant que petites filles, on s'affirme. On est empreinte de pouvoir, d'assurance. On est maitre de notre destinée. Mais, très souvent, plusieurs, si ce n'est la majorité d'entre nous, une fois à la puberté, on commence à sentir le besoin de se conformer et d'être populaire. On perd ainsi la maitrise de notre vie en nous soumettant plutôt aux autres. Mais maintenant, dans notre troisième acte, il est peut-être possible de retourner là où tout a commencé et d'en prendre conscience pour la première fois. Et si nous y parvenons, ce ne sera pas bénéfique que pour nous. Les femmes âgées constituent la plus grande part démographique du monde. Si nous pouvons retourner en arrière, nous redéfinir et atteindre la plénitude, cela va créer un tournant culturel de par le monde, et donner un exemple aux plus jeunes générations de sorte qu’elles puissent elles aussi reconsidérer leur existence.

Merci beaucoup!

***
Transcriptions multilingues disponibles sur le site de la vidéo.

1 juin 2012

Un jour j’ai rêvé…

"Un jour, moi, Zhuangzi, j’ai rêvé que j’étais un papillon, volant et butinant ici et là. J’étais tout à ma joie d’être papillon, ignorant que j’étais Zhuangzi. Soudain je m’éveillai, et j’étais à nouveau moi-même.

Or maintenant, je ne sais pas si j’étais un homme rêvant qu’il était un papillon ou si je suis maintenant un papillon rêvant qu’il est un homme.

Il y a bien sûr une différence entre un homme et un papillon.
La transition, c’est la transformation des choses matérielles."  

                       

Cette courte histoire pointe vers le bon vieux débat philosophique sur les définitions de l’illusion et de la réalité :

- Comment puis-je savoir si ce que je perçois est la réalité ou une illusion, un fantasme?

- Comment savoir si je rêve quand je suis éveillée ou si je suis éveillée quand je rêve?

- Le moi du rêve est-il le même que le moi réveillé?

- De quel rêve dois-je m’éveiller?

Amnésie entre différents états de veille
Formes, identités, vies parallèles
Anges ou démons
Facettes multidimensionnelles
D’une même Conscience…

***

Pensées du jour

L’amour-propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes si on lui fait une piqure.
~ Voltaire

Le roi et le pion retournent dans la même boite après la partie.
~ Proverbe italien

Nous découvrons en nous-mêmes ce que les autres nous cachent et nous reconnaissons dans les autres ce que nous nous cachons à nous-mêmes.
~ Vauvenargues

Je mets en fait que si tous les hommes savaient ce qu’ils disent les uns des autres, il n’y aurait pas quatre amis dans le monde.
~ Blaise Pascal

Il est nécessaire d’établir comme une loi que l’aventure n’existe pas. Elle est dans l’esprit de celui qui la poursuit, et dès qu’il peut la toucher du doigt, elle s’évanouit pour renaitre bien plus loin, sous une autre forme, aux limites de l’imagination.
~ Pierre Mac Orlan