31 mai 2013

Parfum de viorne


La semaine dernière, j’ai profité des jours ensoleillés. J’allais écrire, sketcher ou lire sous la viorne ci-haut pour humer le parfum de ses fleurs à plein poumons. Pâmant.

Et puis, cette semaine, les pluies torrentielles et les vents violents ont eu raison des bouquets. Hier, le gazon était jonché de petits pétales blancs, encore odorants. 

Ah, l’éphémérité des choses… Snif, snif.
Je crois que je m’étais attachée à ce parfum.
Bon, je trouverai bien d’autres fleurs à sniffer pendant l’été.
Quand certaines meurent, d’autres naissent aussitôt.

Cette réflexion m'a fait penser à ce texte de Stephan Bodian.

L’attachement et le désir

L’attachement s’agrippe fermement à ce que vous avez déjà – le désir, quant à lui, n’a de cesse de trouver mieux. Lorsque vous êtes attaché – à votre carrière, votre relation de couple ou vos biens matériels – vous refusez de lâcher prise lorsque la situation change. Qui ne le ferait pas d’ailleurs? Pourtant l’attachement peut conduire à la souffrance, car la vie a la curieuse tendance de faire ce qui lui plaît en dépit de nos souhaits. Avec le désir, la frustration de ne pas obtenir ce que l’on veut et d’avoir ce que l’on ne veut pas coule comme un courant douloureux juste sous la surface de la conscience.
       Je ne prône pas un détachement complet ni une absence totale de désirs – après tout, seul le Bouddha était capable d’un tel détachement! Mais je n’assimile pas non plus le désir au plaisir – l’expérience du désir peut être en fait extrêmement déplaisante, un peu comme une démangeaison insupportable qui ne se calme jamais, aussi fort que vous grattiez. Le vrai plaisir, en revanche, comble un besoin humain profond et naturel. Mais je prétends qu’il est possible de découvrir comment créer un espace autour de vos désirs et de vos attachements pour ne pas être submergé par les hauts et les bas de la vie.
       L’attachement et le désir peuvent apparaître sous diverses formes au cours de la méditation. Peut-être convoitez-vous des moments de calme relatif et devenez nerveux lorsque votre esprit est agité ou inquiet. Vous pouvez également éprouver une tendresse particulière pour certaines pensées – fantasmes de réussite économique par exemple, ou images de vos vacances du mois dernier – et découvrir que vous n’avez pas envie de les lâcher et de revenir à votre respiration ou à votre souffle. Ou peut-être vivez-vous dans l’attente et le désir fébrile d’un accomplissement rêvé tout simplement hors de portée.
       Comme pour les autres obstacles, vous avez la possibilité d’explorer votre attachement et votre désir, tout d’abord en les nommant au moment où ils surviennent, puis en observant les pensées et sensations qui les composent.

Extrait de Comment retrouver son chemin parmi les obstacles [durant la méditation]
Zen! La méditation pour les nuls
First Editions; version française 2002

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J’adore la méditation en marchant; toute simple et agréable. Compter nos pas inspiration/expiration facilite l’attention, et ne nous empêche pas de garder notre demi-sourire.

Voici la technique de Bodian (même livre) :
Si vous n’avez pas très envie de vous asseoir, essayez la méditation en marchant. Il s’agit d’une très ancienne technique pratiquée dans les monastères et les centres de méditation du monde entier. C’est un moyen extraordinaire d’élargir la pleine conscience développée sur le coussin ou la chaise au monde en mouvement dans lequel nous vivons. Si le temps le permet, marchez dehors; sinon, faites des va-et-vient chez vous.

1. Commencez par marcher à allure normale, en suivant vos inspirations et vos expirations.

2. Réglez votre respiration sur vos pas.
    Vous pouvez par exemple faire trois pas à chaque respiration puis trois autres pendant l’expiration, ce qui, comme vous le constaterez en essayant, est nettement plus lent que l’allure normale. Si vous voulez augmenter ou diminuer votre vitesse, changez simplement le nombre de pas à chaque respiration. Gardez la même allure à chacune de vos marches. (Si vos inspirations et vos expirations sont de longueurs différentes, adaptez en conséquence.)

3. En plus de votre respiration, soyez attentif aux mouvements de vos pieds et de vos jambes.
    Notez le contact de vos pieds avec le sol. Regardez devant vous, à un angle de 45°. S’il vous est difficile de suivre votre souffle et d’être en même temps attentif à vos pieds, choisissez l’un des deux et tenez-vous-y. Détendez-vous, marchez avec aisance et facilité.

4. Poursuivez votre marche attentive et régulière aussi longtemps que vous le désirez.
    Si votre attention dérive, ramenez-la à votre marche.

Extrait de Mes 10 méditations multi-usages préférées (plus deux)

Articles : http://www.stephanbodian.org/blog/

Le jardin : une bénédiction

Publié le 19 mai; repris aujourd'hui pour les conseils aux jardiniers paresseux.

Une journée de ravissement, à gratter la terre, à voir le feuillage tout neuf se découper sur un ciel pur-bleu, à écouter gazouiller des oiseaux (pas des Twittos) et à savourer des silences (ni voitures ni tondeuses à gazon alentour). Hier, mon âme était donc à la joie.

Croquer une asperge fraîchement cueillie, sucrée (sans OGM ni assaisonnements), ou admirer la dentelle d’une laitue feuilles de chêne, me procurent un immense plaisir tout simple.

(Photo : Jardiniers de France)

Nos papilles sont mortes à force de déguster des pesticides, insecticides et engrais toxiques. Les aliments industriels n’ayant aucune saveur, il faut user de condiments – je ne parle pas ici d’herbes et d’épices naturelles, bien sûr, mais de ketchup, marinades et vinaigrettes, de fabrication industrielle aussi. Quant aux additifs et colorants…

«Aimez la terre, elle vous le rendra», disait-on. Et c’est vrai!

Un mini jardin, c’est possible! sur un balcon, une terrasse ou le toit d’un building, en utilisant des caissons ou des pots.

(Photo : Remodelista)

(Photo : Remodelista)

Une table gazonnée (on pourrait ajouter quelques fines herbes au centre), est déjà plus amusante qu’une table de patio en plastique. Vous mangerez peut-être sans le vouloir quelques insectes, mais c’est à la mode en ce moment…!
Celle-ci a été installée à l'intérieur - sympa, non?  
(Photo : inhabitat.com)

Alors, pourquoi ne pas oser créer un jardin? Au moins, vous aurez du beau-bon-pas-cher, naturellement savoureux et coloré, pendant toute la saison.

Voici quelques conseils pour le jardinier paresseux 

L'art de la culture facile

Tommy Laprade dresse la liste des légumes et des plantes faciles à faire pousser, qui donnent un maximum de rendement pour un minimum d'effort :
- un incontournable : la tomate; on peut la partir en pot, dès le mois d'avril avec des graines; on peut aussi attendre pour acheter des petits plants bios à la serre.
- les radis
- les carottes
- des variétés de laitue, les épinards
- les haricots
- les échalotes
- des fines herbes : basilic, persil, aneth, thym, ciboulette, romarin.


On peut mettre ces plantes en pot et les rentrer quand il fait froid. Par ailleurs, elles ont besoin d'un minimum de six heures d'ensoleillement par jour.

Un jardin de carton

Voici un concept génial pour le jardinier paresseux :
- Étendre du carton sur la partie gazonnée qu'on veut cultiver.
- Couvrir le carton avec de la terre à jardin achetée. Il faut de 10 à 15 sacs à 3 $ chacun.
- Mettre de 6 à 8 pouces de paille (pas de foin) par-dessus la terre.
- Mettre les plants en terre en tassant la paille, mais sans voir le carton.
Ce jardin surélevé bénéficiera du soleil et le carton sera devenu du compost l'année suivante.


Les principes de la permaculture

Tommy Laprade préconise aussi de cultiver des végétaux adaptés à la rusticité. Il faut éviter les plantes annuelles, les rosiers, etc.

Le secret pour réduire l'effet des prédateurs : mélanger fleurs, herbes, légumes. La nature adore le désordre. Ne pas oublier de planter serré.

Utiliser l'eau de pluie au lieu de l'eau très chlorée de la ville.

Éviter les engrais chimiques.

Utiliser des couvre-sol à la place du gazon.

Enfin, parler de ses expériences avec ses voisins et ses amis : cela ajoute au plaisir!

Source :
http://www.radio-canada.ca/emissions/dessine_moi_un_dimanche/2012-2013/chronique.asp?idChronique=293171

30 mai 2013

Les détestables abandons d’animaux

Paw in hand, Shutterstock 

Bientôt la saison des déménagements et des vacances avec son fabuleux dumping, dont les animaux de compagnie font souvent partie. Je sais, il y a pire que nous (en certaines cultures les gens mangent leurs chiens et leurs chats). Mais nous pourrions faire un effort pour nous améliorer…

Dans notre belle civilisation du jetable donc, malgré toutes les campagnes de sensibilisation, beaucoup de gens jettent encore leurs animaux après quelques semaines d’usage… Mais, il ne faut pas désespérer, il y en a qui ont appris.

Pour mieux comprendre que nos compagnons de voyage ne sont pas des
i-Pad, téléphones intelligents, jouets en plastique… c’est-à-dire, des objets de consommation jetables :  

http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/04/avant-dadopter-un-animal.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/08/aout-et-le-flush-off-animalier.html
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/08/mon-chien-est-mort.html

Le libellé : «Zoofriendly»

Vidéos du vétérinaire de l’émission ANIMO (Radio Canada) :
http://www.radio-canada.ca/emissions/animo/2013/

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/09/lamour-cest-si-simple.html
http://artdanstout.blogspot.ca/2013/01/histoire-damour-amitie.html

Wing in hand

29 mai 2013

L’on s'en croit les maîtres...

C’est la saison des événements bénéfices à la Fondation Mira**, et j’en profite pour signaler un ouvrage agréable et touchant à lire...

Marley et moi : Mon histoire d'amour avec le pire chien du monde
John Grogan
Éditions JC Lattès, 2008

Citations

«Était-il possible qu'un chien - en particulier un chien aussi déluré que le nôtre - pût montrer aux hommes les choses qui comptaient vraiment dans la vie? Je crois que oui. Loyauté. Courage. Dévotion. Simplicité. Joie. Et les choses qui ne comptaient pas, aussi. Un chien n'avait pas besoin de belles voitures, de grandes maisons ou de vêtements griffés. Les symboles de prestige ne signifiaient rien pour lui. Un simple bâton lui suffisait. Un chien jugeait les autres non pas en fonction de leur couleur, de leurs croyances ou de leur statut social, mais simplement en fonction de ce qu'ils étaient vraiment. Un chien se moquait de savoir si vous étiez pauvre ou riche, cultivé ou illettré, intelligent ou borné. Donnez-lui votre coeur et il vous donnera le sien. C'est aussi simple que cela et pourtant, nous, humains, si sages et si sophistiqués, avons toujours eu du mal à comprendre ce qui est vraiment important.» 


«Les amoureux des animaux étaient une espèce humaine particulière, généreuse d’esprit, pleine d’empathie, peut-être un peu encline à la sentimentalité, et avec un cœur grand comme un ciel sans nuages.»

 
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Photo Mira
 
** Événements bénéfices pour la Fondation Mira :
http://www.mira.ca/fr/evenements-benefices/2/evenements-en-cours_93.html

Entre autres :
Souper dans le noir à Montréal
Une expérience inoubliable!
On demande aux convives de se couvrir les yeux d’un bandeau et de manger dans le noir. Quelle serait votre perception de l’environnement si vous étiez aveugle?

Quand : Vendredi 7 juin 2013
Où : Collège de Maisonneuve - Vivoir
3800, rue Sherbrooke Est; Montréal QC H1X 2A2
Métro : Pie IX et Joliette sur la ligne Verte
Autobus : Lignes 67, 97, 185 et 467
Heure : 18 H 30
Prix : 35 $ par personne / encan et tirages de prix de présences

Pour réservation : Rachel Lunardi
rlunardi@mira.ca  
1-800-799-6472 poste 222

28 mai 2013

Le contentement

Quand on est serein et content, on ne souffre pas d’insomnie. (Photo web)

«Seul ce que je connais et que j’aime peut me contenter.
Le reste non. Pub, marketing et fabulations à la Edward Bernays ont ruiné notre monde.» https://fr.wikipedia.org/wiki/Edward_Bernays

Hier je notais ces mots en vue d’un prochain article.
Tout à l’heure, je visitais Zen Habits. Coïncidence trop cool, le message du 23 mai porte sur le contentement. Alors, je passe mon tour et je vous refile le lien…

Un guide complet sur l’apprentissage du contentement.
Une heure de lecture, et toute une vie de pratique : )
Minimaliste, clair, droit à l’essentiel.
PDF gratuit : http://zenhabits.net/archives/ 

Un article de l’auteur traduit/adapté :
http://artdanstout.blogspot.ca/2012/06/la-hauteur-de-soi-point.html

The Little Book of Contentment
By Leo Babauta

‘He who is contented is rich.’ ~ Lao Tzu

One of the most important things I’ve learned in the last 7 years has been how to find contentment.

It’s been a long journey, but I’ve enjoyed it. I struggled with feeling bad about my body, feeling insecure about myself, doubting my abilities to make it without an employer, doubting myself as a writer, not believing I had discipline or the ability to change my habits.

And all this led to other problems: I sought happiness and pleasure in food, beer, shopping, distraction, TV. I procrastinated, I let my health get bad, I smoked, I was deeply in debt, unhappy with my work, never exercised, and ate lots of junk food.

Not a pretty picture. But if I’d never been in that place, I wouldn’t understand how to get out of it. And so I’m grateful I was there. I’ve learned a lot, about myself and about how to find happiness in who I am, what I have, who I’m with, what I do, and all that’s around me.

And now, I’d like to share that with you.

I’ve written a free book called The Little Book of Contentment: A guide to becoming happy with life & who you are, while getting things done. I share it with you today, in hopes that it will help a few of you, or maybe many, who struggle with being happy with yourselves and your lives. It’s a more common problem than you might imagine, and if I can help just a little, that would be amazing.

I hope you like the book.

Table of Contents

The Agreement
The Root of the Problem
The What & Why of Contentment
The Path of Contentment
Contentment Isn’t Doing Nothing
Comparing to What You Don’t Have
Watch Your Ideals & Expectations
Advertising & Fantasies
Build Trust
Love Yourself
Trying to Find Happiness in External Sources
Where Happiness Comes From
Finding Happiness Within
Our Reactions to the Actions of Others
Don’t Tie Your Self-Worth to Others’ Actions
Become Whole In a Relationship
Self-Happiness & Meeting Others
Jealousy of Others
Techniques for Self-Acceptance
FAQ
Conclusion
Summary of Action Steps

The book is uncopyrighted.

Voyez un extrait de l'intro - message précédent.

Intro Book of Contentment

Un aperçu.

The Agreement

This isn't meant to be a book that you glance through and then set aside. It's also not about general philosophy or life advice. It's not meant to get you to buy into a program.

What is this book for then?

It's meant for action. The intent of this book is for you to:

1. Read it in an hour. Not put aside, but actually read it.
2. Put the method into action. Immediately.
3. Practice the skills daily, just a few minutes a day. In a short time, you should have some basic skills that help you to be content, less angry, less stressed out.

How does that sound? If you’re happy with that, let's make an agreement:

1. You do those three things.
2. You also agree to close everything else on your computer and give yourself an hour of undistracted time to read this book.
3. I agree to keep things short, to make the most of your time, and to teach you some really useful skills.

With that out of the way, I am incredibly glad you're here.

Thanks for reading.

The Root of the Problem

Almost every kind of problem we have has discontent with ourselves (and our lives) as its root.

I'll repeat that for emphasis: All of our problems stem from discontent.

Let's take a look at a variety of examples:

1. Addicted to food: Food gives you temporary happiness, you seek happiness from external sources because you aren't happy with yourself. The pleasure from food is temporary, making you a bit depressed that you ate so much junk, making you unhappier, causing you to seek comfort from the food.

2. Addicted to cigarettes, drugs, pills, alcohol: Same reason as food addiction, same cycle.

3. Addicted to the Internet, video games, porn: See above.

4. Debt and clutter: You buy things as a source of external happiness (see above), and are afraid of what will happen if you let go of those things. This is a lack of confidence that you'll be OK with nothing but yourself.

5. Afraid to meet people: You are afraid of how other people might judge you because you are not confident about who you are, because you are unhappy with who you are.

6. Afraid to start your own business: You are afraid you'll fail because you don't have confidence in yourself, because you are unhappy with who you are.

7. Unhappy with your body: You want your body to meet some ideal, and of course it doesn't. You can't accept that your body is perfect just as it is (though of course improving your health is always good), and that people will love you for who you are, no matter how your body looks.

8. Fail at creating new habits: You don't really believe you can stick to the habits because you have failed so often before so you don't give it your full effort. You don't trust yourself, and so you think you're not a reliable, disciplined, good person.

9. Jealous, insecure about boyfriend/girlfriend, check their Facebook page to see who they're flirting with: You don't really believe your significant other will want to stay with you, and believe they'll abandon you, because you don't think you're good enough.

10. Jealous about what other people are doing on Facebook/Instagram, worried that you're missing out: You think everyone else is having more fun than you, because you are unhappy with what you're doing right now -- it's not good enough; but at the heart it's because you think you're not awesome enough.

11. Procrastinate/distracted by Internet: You get the urge to do something easier, more comfortable, rather than stick with something tough, uncomfortable; you don't want to do the uncomfortable because it's hard and you think you'll fail; you don't trust yourself to stick to something that's hard.

12. Anxiety: You have an ideal outcome that you really want to happen, and the anxiety comes from the fear that the outcome won't happen. Holding onto this ideal outcome happens because you don't think you'll be OK if other unexpected outcomes happen; because you don't have confidence in yourself.

13. Anger: You have an ideal outcome you really want to happen, and you are angry when someone else prevents that from happening. Holding onto this ideal outcome happens because you don't think you'll be OK if other unexpected outcomes happen, because you don't have confidence in yourself.

I could go on, with another 20 examples, but you can see how many of these problems are really the same problem in different forms, and in the end there are a few key ideas that are repeated in many of the problems.

The key problems associated with discontent:

1. An ideal/fantasy we are holding onto.

2. Unhappiness with who we are.

3. Lack of trust/confidence in ourselves.

4. Seeking happiness externally.
 
Action step: Think about which of the above (and other) problems you might have. Can you see the root of discontent with yourself (and your life) in each problem?

27 mai 2013

Combien de saisons vous reste-t-il?

Photo : Daniel Fortin; sous-bois, Centre de la nature

La supplique du vieux jardinier

Combien me reste-t-il de printemps à semer
Quand le soleil levant dissipe la grisaille?
Perce-neige et crocus, plantés dans la rocaille,
Seront les tout premiers pour venir nous charmer
L'odorant seringa, le muguet, la jonquille,
Les arbres du verger, tout habillés de blanc,
Écoutent, stupéfaits, la grive qui babille
Et les éclats de voix d'un merle conquérant.

Combien me reste-t-il d'étés à contempler
Quand la lune est propice au lever des semailles?
Les prés sont tout remplis de champêtres sonnailles.
Les taillis, les buissons de nids vont se peupler.
Le moineau pillera la fraise et la framboise.
Le discret chèvrefeuille embaume les matins,
La frêle campanule a des airs de bourgeoise,
Le rosier souverain exhale ses parfums.

Combien me reste-t-il d'automnes à subir
Quand septembre apparaît nous tenant ses promesses?
Les jardins, les vergers dispensent leurs richesses
Et l'ouest orageux nous frappe sans faiblir.
L'aronde se rassemble et la maison frissonne,
Notre parterre accueille un dernier papillon;
Quand tout devient muet, la nature s'étonne
Et le merle craintif se cache en son buisson.

Combien me reste-t-il d'hivers à redouter
Quand l'aquilon fougueux nous couvre de nuages?
Les oiseaux migrateurs quittent leurs pâturages,
Les bois tout effeuillés semblent se lamenter;
Les champs sont dépeuplés, la nature déserte,
Tout n'est plus que silence engourdi de frimas,
Plus un cri, plus un chant, toute chose est inerte,
Seul, le vent mugissant sévit avec fracas.

Puissent d'autres saisons m'accorder un répit,
J'aime où je vis heureux, j'admire la nature,
J'écoute les oiseaux, j'aime ce qui fleurit,
Mais, quand le temps viendra de l'ultime écorchure,
Fasse que le soleil qui toujours me sourit
Se penchera vers moi pour panser ma blessure.

~ Jacques-Maurice Sutherland

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La romancière américaine Susan Ertz disait : «Des millions de gens recherchent l’immortalité alors qu’ils ne savent même pas quoi faire par un dimanche après-midi pluvieux.» Je pense qu'il y a une grande vérité dans cette phrase : en fait, c'est la peur de la mort plutôt que l'amour de la vie qui souvent nous motive. Si les gens se plaignent de manquer de temps, pourquoi regardent-ils tant la télé? Lorsqu’on observe les comportements des gens, on remarque que leur problème ce n’est pas le manque de temps. Au contraire, ils semblent trouver la vie tellement longue qu’ils gaspillent leur temps – tellement d'heures! Et, en réalité, être conscient du fait que notre temps est limité, est ce qui nous permet d'apprécier le temps que nous avons.

Il y a une sorte de conspiration du silence autour de la mort... Socialement, nous n'aimons pas parler de la mort. Je pense que nous devons en parler car c’est seulement en parlant de notre mortalité que nous pouvons comprendre et réévaluer notre façon de vivre.

~ Stephen Cave; Immortality

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Exister, c’est avoir une forme mortelle, des conditions mortelles, c’est lutter, évoluer. Le Paradis, comme dans le rêve des bouddhistes, est un Nirvana où il n’y a plus de personnalité et donc plus de conflit. C'est l'expression du désir de l'homme de triompher de la réalité, du devenir. L’artiste rêve d'impossibles miracles, simplement parce qu’il est incapable de s'adapter à la réalité. Il crée, par conséquent, une réalité qui est la sienne...
[…]

Ce n'est pas parce qu'il [l’artiste] est incapable de vivre. Au contraire, sa joie de vivre est si puissante, si vorace, qu'elle l'oblige à se suicider encore et encore. Il meurt plusieurs fois afin de vivre d’innombrables vies.

Échapper à la mort c’est échapper à la vie. … Voilà l'arc-en-ciel – le pont que jette l'artiste au-dessus de l’ennuyeuse réalité. … De par son art, il établit l’irréel triomphe – car ce n'est ni un triomphe sur la vie, ni un triomphe sur la mort. C'est un triomphe sur un monde imaginaire qu’il a lui-même créé. Le drame se joue entièrement dans le domaine de l'idée. Sa guerre avec la réalité est le reflet de sa guerre intérieure.
[…]

Afin d'accomplir son dessein, cependant, l'artiste est obligé de se retirer, de se retirer de la vie, avec juste assez d'expérience pour exposer la saveur de la vraie lutte. S'il choisit de vivre, il va à l’encontre de sa propre nature. Il doit vivre par procuration. Ainsi peut-il jouer le rôle monstrueux de vivre et de mourir d'innombrables fois, selon sa capacité de vivre.

~ Henry Miller; The Wisdom of the Heart, Creative Death

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Pour celui qui ne cherche ni la bonne réputation dans la vie ni gloire après sa mort, la durée de son existence importe peu. Contentez-vous de vivre et d’y trouver plaisir.
~ Lie Tseu

26 mai 2013

Un sourire

Peut-être deux.

L'épouse découvre l'historique de navigation...

 
Vous n'avez besoin que d'amour
Faux. Les quatre besoins humains essentiels sont
l'air, l'eau, la nourriture et un abri.

Collecte des images sur http://obstacol.com/

25 mai 2013

Les «vrais» mensonges

Parlant de mensonges, testez votre crédulité en matière de nouvelles :
http://lenavet.ca/  : À l'image du monde médiatique qu'il parodie, Le Navet est un légume sans saveur auquel il faut ajouter beaucoup d'épices pour le rendre digeste.

Trop drôle...

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«Gardez l’esprit ouvert, mais ne cessez jamais de questionner.»

Une citation qu’on pourrait mettre dans la bouche de la juge France Charbonneau (Commission d’enquête sur la collusion/corruption). 

Étrange comme ceux qui réclament des blancs de confiance à grands cris sont ceux qui mentent le plus. Et, c’est à la fois pathétique et burlesque de les voir s’indigner quand on met en évidence leurs témoignages contradictoires (aveux et démentis).

Les sept péchés capitaux
Texte et concept : Thomas Gerbet  
Design et intégration : Evguenia Kossogova

Témoignage après témoignage, la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction clarifie la manière dont la corruption et la collusion ont perverti des entrepreneurs, des élus, des fonctionnaires et des employés du secteur privé.
        Les témoignages qui se succèdent illustrent les traditionnels défauts de l'être humain, nommés péchés capitaux par la religion catholique.

Géniale cette synthèse - il faut aller sur le site et cliquer sur chacun des péchés pour le texte d’accompagnement :
http://www.radio-canada.ca/sujet/visuel/2012/11/20/001-commission-charbonneau-peches.shtml


Pensées du jour 

Le caméléon est un reptile expert en camouflage. Ses yeux sont gros et indépendants, ce qui lui permet de surveiller une proie d'un oeil tout en surveillant aussi un prédateur possible avec l'autre. Il attrape sa nourriture avec sa longue langue gluante qu'il projette sur sa proie. Son système lui permet de changer de couleur au besoin pour se camoufler; par exemple, il tournera au vert s'il est dans les feuilles et au brun s'il est sur un tronc.

Il n’existe pas de bouclier contre le mensonge. Ni la crainte des dieux ni la damnation n’ont jamais empêché le mensonge ou le parjure.
~ François Cavanna

Chaque fois que nous mentons à quelqu’un, nous lui faisons le compliment de reconnaître sa supériorité.
~ Samuel Butler

L’un des mensonges les plus fructueux, les plus intéressants qui soient, et l’un des plus faciles en outre, est celui qui consiste à faire croire à quelqu’un qui vous ment qu’on le croit.
~ Sacha Guitry

La vérité attend. Seul le mensonge est pressé.
~ Alexandru Vlahuta

Si vous ne voulez pas qu’on le sache, mieux vaut ne pas le faire.
~ Proverbe chinois

Truth, like surgery, may hurt, but it cures.
~ Han Suyin

23 mai 2013

«SOINS» prolongés

SOINS / CARE?


Que signifie exactement RESPECT de la DIGNITÉ et des DROITS des personnes en perte d’autonomie?

J’espère que le film d’horreur de Monsieur Camille Parent sera vu par le plus grand nombre. Il ne s’agit pas de science-fiction hollywoodienne de 3e classe, c’est de la vraie téléréalité. J’ai été témoin de comportements similaires tant en CHSLD qu’en centres privés. Et le problème, c’est que personne ne peut passer tout son temps au centre d’hébergement pour veiller à ce que le personnel respecte un parent, un conjoint ou un ami.

ou http://www.chextv.com/News/LN/13-05-16/Hidden_Camera_Reveals_Shocking_Abuse_at_Long_Term_Care_Home.aspx
 
Parmi la clientèle en perte d’autonomie, on retrouve à chaque étage un mélange de patients de tous âges. Certains sont totalement lucides, d’autres séniles, atteints d’Alzheimer, et d’autres souffrent de graves troubles psychologiques. On entend les patients se chamailler, crier, hurler; certains volent, attaquent, et ainsi de suite. Impossible d’avoir la sainte paix en pareil endroit, sauf une fois que tout le monde a été assommé avec des somnifères et des antidépresseurs. Ils font des «crises» parce qu’ils ne veulent plus vivre d’humiliations, avaler leurs médicaments et recevoir des traitements contre leur gré. Mais étant donné leur extrême vulnérabilité, ils sont impuissants face à cette abrutissante routine quotidienne utilisée pour les réprimer.
 
L’on se croirait dans un asile psychiatrique des années 50/60.
 
Monsieur Luc Vigneault, un ancien psychiatrisé, disait : «La pilule était à la psychiatrie ce que l’hostie était à l’église. Prenez et mangez-en tous, et tout ira bien. Nous étions dépossédés de notre capacité de prendre des décisions par nous-mêmes. En oncologie, t’as le droit de te fâcher, de péter les plombs, t’as le droit de piquer une crise. Mais, en psychiatrie, t’as pas le droit. Pourtant, c’est le même comportement, mais il n’est pas perçu de la même façon par les soignants. Désinstitutionnaliser signifiait : tout le monde dehors. Les institutions psychiatriques se vidèrent - presque. La majorité des patients furent placés en foyers d’accueil. Mais, pour plusieurs, dehors voulait dire dans la rue. Littéralement.»
(Source : Tout le monde en parlait, La désinstitutionnalisation des psychiatrisés, 8 mai 2012, Radio Canada) 

Et souvent, il n’y a qu’une seule infirmière qualifiée au poste de garde, assistées d’une ou deux infirmières auxiliaires et de quelques préposés. Des préposés formés à la sauvette n’ayant pas les compétences pour s’occuper d’une diversité de cas ne requérant pas les mêmes attentions. La familiarité entre membres du personnel, ou de la part des préposés envers les patients, est courante, en effet. Les «accidents» sont nombreux, et c’est toujours de la faute des patients. Et puis, on peut comprendre que les préposés n’apprécient pas particulièrement s’occuper des soins intimes des patients. Torcher un bébé est très différent que de torcher une personne qui pèse entre 60 et 80 kilos, et qui n’a aucun tonus. Enfin, tout le monde n’a pas la vocation ou la patience.

Bref, C’EST UN ENFER.  
Être PRO-VIE c’est prolonger l’agonie, regarder des cobayes se déglinguer jusqu’à ce qu’une prétendue mort «naturelle» s’ensuive?

Dans une interview, Monsieur Camille Parent disait :
«SI QUELQU’UN TRAITAIT UN ANIMAL DE CETTE FAÇON, IL IRAIT EN PRISON.»

NI LE DROIT DE VIVRE DIGNEMENT
NI LE DROIT DE MOURIR DIGNEMENT

Je reviens donc sur le sujet malgré moi, car cette vidéo remet également la question de l’aide à mourir sur le grabat.

Un jour, en quittant le CHSLD, je disais à une visiteuse : «On se croirait dans le film One Flew Over the Cuckoo's Nest, non?» Elle a acquiescé : «Mon frère, un homme très intelligent, et malheureusement pour lui toujours lucide, est atteint de Parkinson. Il est cloué au lit, et il souffre encore plus psychologiquement que physiquement. À chaque fois que je viens le voir, il me demande de l’aider à mourir…»

Je lui ai référé le site de l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité, en lui souhaitant bonne chance, tout en sachant qu’il est impossible, à l’heure actuelle, de faire respecter les volontés des patients qui veulent en finir.

Paradoxe du système : on prolonge la vie contre la volonté des patients, et l’on se plaint du vieillissement de la population et des coûts faramineux qu’il entraîne…!

(Si le sujet vous intéresse voyez le libellé «Euthanasie»)

Par curiosité, j’ai eu envie de connaître les critères sur lesquels  s’appuient les vétérinaires pour recommander à leurs clients de faire euthanasier leur animal de compagnie.

Conclusion : les vétérinaires sont plus compatissants envers les animaux que les médecins envers les humains.

Voyez le message ci-après.  

Pourquoi et quand faire euthanasier un animal

 
Lundi 17 août 2015  

J’ai déniché cet article aujourd’hui. Il pourrait répondre à quelques questions au sujet des doutes qui surgissent quand vient le moment de décider du sort de nos amis animaux.
 
Le moins de regrets possible
Animaux en fin de vie : le risque de regretter sa décision
 
Par Jessica Pierce, Ph.D. (1) 
 
Les soins palliatifs pour les animaux malades (tout comme pour les personnes âgées) est l'un des domaines les plus éthiquement complexe et difficile pour les propriétaires d'animaux et la médecine vétérinaire. Les aidants naturels sont particulièrement vulnérables durant les étapes finales de la vie d’un animal, quand la maladie, la souffrance et la mort sont au centre de la scène. Déjà, le tableau clinique est souvent complexe, et il faut y ajouter plusieurs couches d’incertitude morale. Ma propre décision pour mon chien Ody a suscité beaucoup de devinettes, de doutes – d’ailleurs toujours présents cinq ans plus tard – et des sentiments de regret à propos de choses que j'aurais pu faire autrement. Compte tenu des nombreux témoignages que j’ai entendus de gens qui étaient passés à travers une perte similaire, le regret est une expérience commune à tous. Mais, ce que je répète aux autres, ainsi qu’à moi-même, c’est que les sentiments de regret sont généralisés et qu’ils ne sont pas nécessairement un indice d’échec.
 
Ody, quelques mois avant sa mort. 
 
Une des plus grandes sources de pression chez les aidants naturels, est d'essayer de faire exactement ce qu’il faut. Nous voulons choisir les traitements qui offriront à nos animaux une meilleure qualité de vie; si nous décidons d'euthanasier, nous voulons le faire pour éviter de plus graves souffrances, mais pas trop rapidement, pour ne pas écourter la vie de notre compagnon s'il peut encore avoir du bon temps. En définitive, nous espérons trouver un chemin comportant le moins de regrets possible. Je dis «un chemin» car il y a de nombreuses permutations et possibilités en soins palliatifs pour animaux, et il n’y a pas de réponse unique. Et je dis «le moins de regrets possible» et non pas «sans regrets», car le regret fait partie du paysage décisionnel.
 
Le regret décisionnel (le remord, ou la détresse, éprouvé par les patients ou le personnel soignant après une décision dont l'enjeu était crucial) a été abondamment discuté dans la documentation sur les soins palliatifs pour les humains. Le sujet est rarement abordé en médecine vétérinaire, et il mériterait une attention toute particulière.
 
Le regret décisionnel présente un risque réel, surtout quand il s’agit de l'euthanasie. De nombreux propriétaires d'animaux déclarent ressentir beaucoup d'angoisse et de culpabilité par rapport à des choix qu'ils ont déjà faits pour un compagnon animal malade ou âgé. Souvent, ils estiment qu'ils ont précipité leur décision d'euthanasier ou qu’ils ont été poussés par le vétérinaire; et ils ont l’impression d’avoir trahi leur bien-aimé compagnon. Ces sentiments peuvent affliger les gens pendant des années et causer d'immenses souffrances. Certaines personnes souffrent de ce que la psychologue Susan Dawson appelle le «chagrin de la responsabilité», et chez certains, cela peut même provoquer l’équivalent d’un «stress traumatique induit par perpétration» selon Rachel MacNair (Dawson 2010; MacNair 2005). Les vétérinaires, en particulier ceux qui se spécialisent en soins palliatifs, peuvent (et devraient) créer des conditions pouvant aider les clients à moins regretter leur choix. Les recherches révèlent que les gens ont tendance à ressentir plus de regret s'ils ont pressés de prendre une décision. Donc, les vétérinaires devraient encourager les clients à prendre le temps dont ils ont besoin. Mais bien sûr, le temps que l’aidant passe dans l'indécision peut signifier du temps de souffrance supplémentaire pour l’animal, ou le report d’une décision qui devrait se prendre rapidement. Avec un brin de sagesse clinique, le vétérinaire pourrait mentionner l’état d’urgence s’il y a lieu, et coacher les clients en conséquence.
 
Parfois, les gens regrettent leur décision parce qu’ils ont reçu des renseignements partiels ou erronés. «Avoir su ceci ou cela, je n'aurais pas pris cette décision.» Donc, selon le principe du consentement éclairé, les vétérinaires peuvent minimiser les risques de regrets s’ils offrent la bonne quantité d'information. Les vétérinaires ne peuvent pas fournir aux clients tout ce qu'il est possible de savoir, car la quantité d'informations est presque infinie, et les recherches suggèrent que trop d'information et trop d’alternatives peuvent accroître le sentiment d’anxiété face à la décision finale. Ainsi, fournir de l'information requiert une approche Goldilocks : ni trop peu, ni trop, juste la bonne quantité.
 
Bien sûr, le regret n'est pas en tout point négatif. Il fait partie intégrante de notre vie. Les êtres humains sont imparfaits; nous sommes toujours en train d’évoluer. Nous pouvons utiliser nos sentiments de regret pour orienter nos décisions futures et nous aider à gagner en sagesse.
 
Nos animaux de compagnie semblent nous pardonner nos erreurs et nous aimer de toute façon. Pour honorer leur mémoire, nous pouvons pratiquer l'auto-pardon.
 
Références :
 
- Dawson, S. (2010). “Compassionate Communication,” in Handbook of Veterinary Communication Skills, edited by Carol Gray and Jenny Moffett. Wiley-Blackwell, 2010.
 
- MacNair, Rachel (2005). Perpetration-Induced Traumatic Stress: The Psychological Consequences of Killing. iUniverse.
 
- Watson K. (2014) Reframing Regret. Journal of the American Medical Association 311, 27-29.

Article d’origine (en anglais) : Psychology Today, 16 août 2015, in All Dogs Go to Heaven

 
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(1) L’auteur est bioéthicienne et auteur. Ouvrages : The Last Walk: Reflections On Our Pets at the Ends of Their Lives (Chicago, 2012); Wild Justice: The Moral Lives of Animals; Contemporary Bioethics: A Reader with Cases; The Ethics of Environmentally Responsible Health Care; and Morality Play: Case Studies in Ethics.
   Parmi les sujets qu'elle explore sur la fin de vie des animaux : les animaux ont-ils conscience de la mort? Pourquoi l'euthanasie est-elle perçue plus acceptable et compatissante pour les animaux que pour les humain? Peut-il y avoir de bonnes raisons d'euthanasier un chien en santé? Pourquoi les gens sont-ils souvent plus profondément affectés par la mort de leurs animaux que celle des humains de leur entourage?
 
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Note, 13 juillet 2014 

Après «Mark Twain : guerre et civilisation» cet article est le plus fréquenté du blogue. Le sujet touche une corde très sensible. Et pour cause. Car quand on aime vraiment les animaux, ils prennent une place importante dans notre vie. S’en séparer (quelle que soit la raison, comme le donner en adoption parce qu’on quitte le pays par exemple) est une épreuve difficile. Un deuil c’est un deuil.

Voici quelques suggestions pour composer le mieux possible avec ce deuil.
(Source : Care2)

«Donnez-vous la permission de décanter votre tristesse, déclare Diane Snyder Cowan, directrice de Bereavement Center for Hospice of the Western Reserve (Cleveland, Ohio). Exprimer votre tristesse peut provoquer une libération cathartique. Beaucoup de gens ne comprennent pas la douleur associée à la mort d'un animal de compagnie. Ils se cachent leurs propres sentiments et adoptent l’attitude des gens qui disent ‘ce n'est qu'un animal’. Leur souffrance est privée d’expression.»

Beaucoup de gens ont des relations complexes et profondes avec leurs animaux de compagnie, ce qui peut rendre le deuil plus long et difficile. Pour certains, leurs animaux de compagnie sont l'unique source d'amour et de réconfort dont ils disposent, et les perdre équivaut à se retrouver tout à coup privés d’oxygène. Parfois, la mort d’un compagnon animal peut aussi réveiller de vieilles peines non résolues en rapport avec la mort de personnes chères.

«J'ai rencontré beaucoup de gens qui ont vécu des deuils par rapport à personnes aimées, mais qui n’ont jamais cherché de support thérapeutique avant la mort d’un animal de compagnie, dit Anne Cattarello (conseillère spécialisée en deuil animalier, Boulder, Colorado). Il est difficile de partager sa souffrance avec des gens qui ne comprennent pas et ne peuvent s’empêcher de dire des platitudes comme : ‘tu n’as qu’à t’acheter un autre chat (ou chien, etc.)’. Heureusement, il y a maintenant de l'aide communautaire disponible. Les thérapeutes qui suivent une formation et organisent des groupes de soutien, en personne ou en ligne, se multiplient.» 

Alors, si vous vivez un deuil :

1. Partagez avec des personnes qui aiment les animaux et qui ont déjà vécu cette épreuve.
2. Si quelqu'un vous dit «ce n'était qu'un chien», ne fuyez pas parce que vous êtes en colère et blessé. Répondez plutôt : «pour moi, Sparky était plus qu'un animal».
3. Créez des rituels de deuil : plantez des vivaces là où vous l’avez enterré ou placez une image encadrée sur votre table de nuit ou le manteau de la cheminée.
4. Résistez à l'impulsion d’adopter un autre animal trop tôt. Donnez-vous le temps de guérir avant de plonger tête baissée dans une nouvelle relation importante avec un animal.
5. Comprenez que les enfants pleurent souvent par à-coups – ils pleurent un peu, puis ils jouent beaucoup, et puis, ils pleurent un peu plus. Donnez-leur l’espace et le temps nécessaires pour exprimer et comprendre leurs propres sentiments.
6. N'oubliez pas que les animaux de compagnie sont touchés aussi (et pleurent même!) quand ils perdent un des leurs. Donnez plus de câlins à ceux qui restent et jouez un peu plus avec eux.

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Article de départ

Peut-être pourrez-vous voir le parallèle avec vos parents/amis en souffrance...

Raisons valables pour faire euthanasier un animal 

Source : http://www.pet-informed-veterinary-advice-online.com/pet-euthanasia.html
(La vétérinaire dresse le portrait complet de l’euthanasie pour animaux  et des diverses procédures)

Voici une liste non exhaustive de motifs que je considère valables pour faire euthanasier un chien, un chat ou tout autre animal de compagnie.

L'animal a atteint la phase terminale d'une maladie et aucun traitement médical ou chirurgical ne peut le soulager ni l’aider :
       Le soulagement de la douleur et de la souffrance est sans doute la raison la plus fréquente pour euthanasier un animal de compagnie, puisque les animaux vivent maintenant assez longtemps (tout comme nous) pour mourir lentement de maladies chroniques, incurables et parfois douloureuses, comme le cancer, l’insuffisance rénale ou cardiaque. Alors, les propriétaires doivent choisir le moment où, par bonté, ils le feront euthanasier.
       La décision d'euthanasier est appropriée lorsque l'animal souffre à cause de sa maladie incurable et que les médicaments ne soulagent plus sa souffrance. Exemples : anxiété due à une insuffisance cardiaque, graves difficultés respiratoires dues à une maladie pulmonaire chroniques (p. ex. cancer), tumeur cancéreuse qui grossit, lésions osseuses ou articulaires (p. ex. cancer des os, arthrite grave), vomissements, diarrhées, douleurs intestinales, ulcération causée par une insuffisance chronique rénale ou hépatique. Dans ce genre de cas, il est beaucoup plus respectueux de libérer l'animal de sa misère, plutôt que de le forcer à vivre jusqu'à ce qu'il finisse par agoniser de ses souffrances.

L'animal souffre d'une maladie grave auquel cas sa survie et la convalescence sont possibles, mais la probabilité est minimale et l'animal pourrait passer par de grandes souffrances si l'on tente de corriger le problème :
       Contrairement aux êtres humains, les animaux sont incapables de donner leur consentement à une intervention chirurgicale douloureuse, à de longues périodes de convalescence, au stress de l'hospitalisation, à des interventions répétées n’ayant qu’une faible probabilité de récupération. Il faut donc examiner la question avec une grande attention. Les patients humains peuvent choisir jusqu’où ils sont prêts à souffrir en dépit de la faible probabilité de guérison, et ils disposent aussi d’une meilleure compréhension de ce que cela inclura : hospitalisation prolongée, assistance respiratoire, médicaments induisant des nausées, et ainsi de suite. Par contre, les animaux n'ont pas cette compréhension que nous, vétérinaires et propriétaires, avons; nous sommes ceux qui ont le pouvoir d’agir en leur nom et dans leur intérêt. Parfois la douleur et la souffrance impliquées en vue de la guérison ne valent simplement pas l'infime probabilité d’obtenir un bon résultat. Il s'agit d'une raison valable pour mettre fins aux souffrances d’un animal.

L'animal souffre d'une maladie chronique nécessitant beaucoup de médicaments (p. ex. pilules et injections), des séjours réguliers à l'hôpital et des tests et examens vétérinaires fréquents pour la contrôler; mais l'animal, sur le plan comportemental et émotionnel est mal équipé pour faire y face et trop stressé par les procédures pour les répéter maintes et maintes fois durant le reste de sa vie :  
      Comme mentionné dans la section précédente, les animaux de compagnie ne peuvent pas donner leur consentement à tout ce que nous faisons pour eux (chirurgie, chimiothérapie, thérapie du diabète). Certains animaux atteints de maladies incurables telles que le diabète et l'insuffisance rénale chronique deviennent si exaspérés d'aller à l'hôpital pour se faire piquer (tests sanguins, administration de médicaments, etc.) qu'ils deviennent très agressifs et le vétérinaire doit les endormir ou les anesthésier à chaque fois. Parfois, je pense que ces conditions médicales chroniques incurables, requérant beaucoup de soins pour essayer de sauver l'animal ne valent pas la peine de leur infliger cet énorme stress.

L'animal a une maladie chronique grave qui n’entraîne pas nécessairement la mort, mais les médicaments ne calment ni sa douleur ni ne facilite sa mobilité : 
       Certaines maladies chroniques n'entraînent pas la mort à court ou moyen terme, mais les douleurs sont graves, chroniques, constantes et l’affaiblissent (par ex. incapacité de se déplacer très loin, de se lever); ou alors il ne peut maintenir son hygiène et sa dignité, de sorte qu'on on peut conclure qu'il n’a pas une qualité de vie décente. Dans ces cas, l'euthanasie est une option valable.

Note de l'auteur :
       Les notions de «dignité» et de «qualité de vie», et leur importance par rapport à l’animal, diffèrent d’un propriétaire à l’autre. Les facteurs qui composent la «qualité de vie» d'un animal peuvent être loin de ce qui constitue «la qualité de vie» d'un autre animal ou d’un humain. Plusieurs humains considèrent qu’être aveugle ou sourd est pire que la mort, tandis qu’un chien ou un chat peut très bien y faire face. Certains chiens se satisfont parfaitement de pouvoir aller de la cuisine au séjour, tandis que d’autres chiens déprimeraient s’ils étaient incapables de marcher autour du bloc ou de courir après une balle. Certains propriétaires ne peuvent simplement pas supporter l’incontinence de leur animal, tandis que d’autres acceptent ces accidents et n’ont aucun problème à nettoyer les dégâts.
       Le meilleur exemple est peut-être l'arthrite dégénérative. L'arthrite n'est pas en soi une maladie mortelle (les jointures qui se désagrègent et se calcifient ne tueront pas l’animal). Cependant, les conséquences sont énormes et c’est un motif fréquent pour lequel les propriétaires de chiens, notamment de grande taille, sacrifient leur animal. L’animal arthritique souffre tout le temps. Ces animaux hésitent souvent à se déplacer et peuvent même devenir agressifs à cause de la douleur chronique. Bien que cette dernière puisse être soulagée avec des analgésiques, l'effet des médicaments est de moins en moins efficace au fur et à mesure que progresse la maladie. En plus de cette douleur, la mobilité de l'animal est souvent gravement réduite. Il ne peut pas très bien marcher parce que ses articulations sont soudées et rigides; il déprime parce qu'il ne peut plus faire la fête et profiter des choses qu'il appréciait (se promener, courir après des balles); il a souvent des difficultés à se tenir sur ses pattes pour uriner et déféquer (l'animal se souille et attire les mouches en été). Les propriétaires de chiens de grande taille ont souvent de la difficulté à soulever leurs chiens pour les nettoyer, ou à les emener dehors. Finalement, la souffrance et la mauvaise qualité de vie font en sorte que les propriétaires choisissent l’euthanasie.

Comment savoir s’il est temps de faire endormir son animal :
       Ce que vous voulez, c’est déterminer objectivement si l'état de l’animal s'améliore ou empire, en créant une échelle de référence pour chaque critère (par exemple une échelle de 1 à 5).

Quelques indices :

• Ses réactions à votre contact : votre animal réagit-il lorsque vous l’appelez? Répond-il à vos caresses? Etc.

• Capacité de marcher : par exemple, l'animal marche bien ou il marche quelques pas mais s’épuise rapidement ou il ne peut pas se lever du tout, et ainsi de suite.

• L'animal a-t-il bien mangé aujourd'hui : notez les calories et la quantité de nourriture consommées, et ainsi de suite.

• L'animal a-t-il de l’appétit : avale-t-il sa nourriture, est-il capricieux ou sélectif, refuse-t-il de manger? Etc.  

• Quelle quantité d’eau boit-il : mesurez la quantité d’eau que l'animal boit en 24 heures.

• Élimination : notez le nombre de fois que l'animal urine, s'il défèque et la qualité des selles, à chaque jour, etc.  

• Poids de l'animal : pesez l'animal à chaque jour ou à chaque semaine; perd-il du poids au fil du temps? Le poids est un important indice de son état de santé.

• Les épisodes de douleur : il geint quand on le touche, il halète tout le temps, il montre de l'agressivité, et ainsi de suite.

• Notez la fréquence et la durée des hospitalisations.

• La respiration au repos : chaque soir, quand l'animal est au repos, notez le nombre de respirations par minute.

• Les signes de la maladie – aggravation ou amélioration : en cas d’insuffisance cardiaque, par exemple, vous pourriez noter si l'animal tousse plus que d’habitude (comptez les accès de toux); en cas d'arthrite vous pourriez noter le degré de boiterie et le temps qu’il met pour «se réchauffer».
 
Votre animal passe maintenant plus de temps à l'hôpital qu’à la maison :
       Cela dépend évidemment de la maladie ou de la condition de l'animal. Il y a beaucoup de maladies curables (même des graves) qui nécessitent que l’animal passe beaucoup de temps à l'hôpital et en allers-retours (par exemple certaines chirurgies requièrent de fréquents suivis). C’est le cas des maladies chroniques et/ou terminales (insuffisance cardiaque avancée, insuffisance rénale, pancréatite chronique, cancer). Ces animaux doivent séjourner à l'hôpital, souvent à chaque semaine. Tôt ou tard, ces animaux malades finissent par être plus souvent à l'hôpital qu'à la maison, et c'est excessivement stressant au plan émotionnel, tant pour l’animal que le propriétaire.

L'animal en phase terminale se retrouve à la clinique vétérinaire en raison d'une soudaine détérioration aiguë :
       Il n'est pas rare que les animaux souffrant de maladies graves, chroniques et/ou terminales vivent des épisodes aigus de détérioration, ce qui nécessite une visite d’urgence à la clinique vétérinaire la plus proche. Par exemple, les animaux atteints de cancer arrivent aux cliniques en état de choc et s'effondrent à cause de leurs énormes tumeurs; les animaux atteints d'insuffisance cardiaque arrivent avec des symptômes d’œdème pulmonaire (liquide dans les poumons) et en difficulté respiratoire; les animaux atteints d’insuffisance rénale vomissent du sang; les chats souffrant d'hyperthyroïdie ou de maladie cardiaque arrivent avec des embolies aiguës (des caillots de sang dans les pattes ou les poumons causant une paralysie soudaine et une douleur aux membres postérieurs et/ou une détresse respiratoire aiguë). Face à cette détérioration causée par la phase terminale d’une maladie, il est plus compatissant de recourir à l’euthanasie au lieu d'imposer un traitement médical agressif qui prolongera temporairement la vie jusqu'à la prochaine crise, peut-être fatale de toute façon.

L'animal n'a aucune qualité de vie :
       «Qualité de vie» est un terme subjectif, sujet à interprétation, qui s'applique à plusieurs facettes de la vie d'un animal, pas seulement à sa santé physique, mais aussi à sa santé mentale. Un animal toujours malade qui mange à peine, perd du poids, souffre en permanence, qui ne peut se tenir sur ses pattes, etc., n’a certes pas de qualité de vie. De même, l’animal toujours angoissé (un animal qui souffre d'anxiété de séparation ou qui n’arrive pas à composer avec sa cécité) peut également être considéré comme ayant une mauvaise qualité de vie.

Vous réalisez que vous voulez garder l'animal en vie uniquement parce que vous ne voulez pas lui dire adieu, non pas parce qu'il a une bonne qualité de vie :
       N’ayez pas honte, ne vous sentez pas coupable si c’est votre cas. C'est probablement la raison la plus courante pour laquelle les animaux de compagnie qui devraient être euthanasiés ne le sont pas. Les animaux de compagnie sont des membres importants de la famille. Dans de nombreux cas, ils occupent une grande place dans notre vie (si un chat vit jusqu’à 25 ans, cela représente le tiers de la vie du maître, parfois plus). Nous avons appris à compter sur leur présence autant que sur celle de n'importe quel membre de la famille. Nous avons besoin d’eux. Il est difficile de dire au revoir. Par contre, l’incapacité de lâcher prise d'un propriétaire ne devrait pas être une raison valable pour prolonger la souffrance d'un animal. Une fois que vous avez pris conscience que vous souhaitez garder votre animal en vie parce que vous pensez être incapable de vivre sans lui, il est temps de lâcher prise. Faire euthanasier un animal de compagnie est difficile, c'est un sacrifice personnel extrême, mais c’est aussi un geste de miséricorde. Vous ne souhaiteriez pas qu’un membre de votre famille aimé souffre de telle sorte.