30 novembre 2016

Hourra! Les bruns l’emportent sur les verts!

C’est un signe des temps, un miracle :
nous pourrons réduire les effets du réchauffement climatique en augmentant la production de gaz de schiste pour l’exporter principalement en Asie. 

N’adhérez pas aux idées noires des environnementalistes. Y’en aura pas de problèmes avec les oléoducs, les trains, les cargos et les plateformes tout à fait sécuritaires. Et sachez une fois pour toutes que l’extraction des sables bitumineux pollue à peine. Alors, coopérez avec l'industrie pétrolière pour maintenir l'Économie à flot (dans l'eau).

Résumé satirique (sur le ton des pubs «Make America great» des années 1960) :

Let’s Pollute : Détruisons la planète dans la joie et la bonne humeur



Let’s Pollute (English Audio) : https://www.youtube.com/watch?v=uBAyvqWP-VI 

Qui est responsable de l’éco-suicide? Personne et tout le monde.

Quelques déversements et fuites en 2016. Jugez vous-mêmes.
http://meteopolitique.com/Fiches/petrole/deversements-de-petrole/2016/Deversements-de-petrole-en-2016.htm

Le site inclut photos et références de presse.

13 novembre 2016
Le consortium de construction d’un barrage hydroélectrique, l’Empresa de Energia São Manoel a confirmé un déversement d’hydrocarbures. Près du site de construction du barrage São Manoel sur la Rivière Teles Pires, un tributaire de la  rivière Tapajós en  Amazonie. Brésil. La quantité de pétrole déversé est inconnue mais la compagnie de construction a fait parvenir à un village de 300 personnes en aval, 4 000 litres d’eau propre. Le chef des indigènes Taravi Kayabi a souligné les impacts. L’eau est devenue impropre à la consommation, la pêche de subsistance n’est plus possible, une épidémie de diarrhée s’est répandue.


31 octobre 2016
7 déversements de produits pétroliers nécessitant l'intervention d'Urgence-Environnement du ministère de l'Environnement du Québec pour le mois d'octobre 2016. Province de Québec. Canada. Liste :
http://meteopolitique.com/Fiches/petrole/deversements-de-petrole/2016/Deversement-petrole-hydrocarbures-octobre-2016-au-Quebec.htm

31 octobre 2016
Explosion d’un oléoduc majeure propriété de  Colonial Pipeline, une firme basée à Alpharetta dans l’État de la  Géorgie. La quantité d’essence déversée n’est pas connue. L’incident s’est produit à environ 1 kilomètre de là où des milliers de galons (US) se sont déversés le 15 septembre 2016. Près de l’autoroute 13. Ville de Helena située à environ 20 miles au sud de Birmingham dans le Shelby County. État de l’Alabama. États-Unis. La Caisse de dépôt et placement du Québec est actionnaire de la firme Colonial Pipeline. Au moins sept employés ont été transportés à l’hôpital à la suite à l’explosion.


22 octobre 2016
Une fuite du Dakota Logistics Partners LP pipeline propriété de Sunoco a déversé 55 000 gallons (environ 1 300 barils) de pétrole dans la nature. Dans la rivière Wallis Run un tributaire du Loyalsock creek qui se draine dans le fleuve  Susquehanna du comté de Lycoming. Pennsylvanie. États-Unis. Les autorités de la Pennsylvanie ont avisé la population d’éviter de boire de l’eau provenant des rivières polluées.

20 octobre 2016
Deux déversements pétroliers d’une quantité inconnue provenant de l’oléoduc Norperuano. Cela porte à sept le nombre de fuites de pétrole en 2016. Le premier déversement a eu lieu entre les kilomètres 82 et 83 de la section 1 dans le district de Lagunas, province d’Alto Amazonas Région du Nor-peruano. Le deuxième déversement a eu lieu sur l’oléoduc Nor-peruano passant par la communauté de Monterrico, dans le district de Urarinas. Pérou. Les communautés autochtones dans les régions d’Amazonas et de Loreto ont été les plus touchées par la marée noire. Ce qui induit une restriction de l’approvisionnement en eau et des terres agricoles endommagées, sans oublier l’impact sur la pêche, l’un des fondements de l’alimentation des populations natives.

13 octobre 2016
Le navire-remorqueur "Nathan E. Stewart" et une barge servant à transporter des produits pétroliers se sont échoués et déversé le diésel de propulsion du remorqueur. Dans le détroit de Seaforth, près de Bella Bella, le long de la côte centrale de la province de Colombie-Britannique. Canada. L'entreprise Kirby Offshore Marine, propriétaire des deux bateaux, estime que le remorqueur transportait 50 000 litres de diésel au début de son voyage et que trois de ses réservoirs ont été abîmés au cours de l'accident.

11 octobre 2016
20 000 gallons de diésel (à faible teneur en soufre) ont déversés lorsque le navire-remorqueur Capt. Jim Green a heurté le quai de la compagnie Subsea 7, une firme d’ingénierie, construction et services. Canal entre côtes (Intracoastal Waterway) près de Port Isabel au Texas. États-Unis. La garde côtière états-unienne fait enquête sur les faits ayant mené au déversement.

6 octobre 2016
L'entreprise  Trilogy Energy Corp a signalé la présence d'une émulsion de pétrole dans un marais sur le trajet d'un oléoduc. À environ 15 kilomètres de Fox Creek région de Greenview, au Nord de l'Alberta. Canada. L'émulsion est composée, selon Alberta Energy Regulator, à 50 pour cent d'eau et à 50 pour cent de pétrole. La quantité de liquide qui s'est écoulé n'est toutefois pas connue, mais a recouvert une surface équivalente à quatre terrains de football.

3 octobre 2016
Un bris mécanique dans le système de séparation des eaux, huile et gaz a causé un déversement de 95 tonnes de pétrole équivalant à 665 barils provenant de la plate-forme Clair Ridge propriété de British Petroleum (BP). Dans la Mer du Nord à environ 75 kilomètres à l’ouest de Shetland. Écosse. Royaume-Uni. Le panache de pollution était visible sur la mer.

31 août 2016
12  déversements de produits pétroliers nécessitant l'intervention d'Urgence-Environnement du ministère de l'Environnement du Québec pour le mois septembre 2016. Province de Québec. Canada. Liste :
http://meteopolitique.com/Fiches/petrole/deversements-de-petrole/2016/Deversement-petrole-hydrocarbures-septembre-2016-au-Quebec.htm

15 septembre 2016
Déversement estimé entre 250 000 et 336 000 gallons d'essence (hydrocarbures) provenant de l’oléoduc Colonial Pipeline. À environ 30 miles au sud de  Birmingham dans le Shelby County. État de l’Alabama. États-Unis. Trois jours plus tard, l’oléoduc n’était toujours pas vidé de la gazoline et continuait à se déverser. Les autorités s’inquiétaient du risque que le panache de pollution se rende à la rivière Cahaba.

2 août 2016
Environ 100 000 litres d'un liquide contenant du pétrole se sont écoulés d'un pipeline d'émulsion de la compagnie Crescent Point Energy. Près de Pennant, au nord-ouest de Swift Current, dans la province de Saskatchewan.  Canada. Le pétrole s'est écoulé sur une terre agricole servant à faire pousser du canola. C'est une autre compagnie passant par là qui a avisé Crescent Point Energy

22 juillet 2016
Fuite provenant d'un oléoduc survenue sur le site d'une usine de Suncor. L'entreprise estime qu'environ 20 000 litres de diluant, un produit utilisé pour rendre le pétrole assez fluide pour être transporté par oléoduc, se sont déversés. À environ 26 km au nord de Fort McMurray. Province de l'Alberta. Canada. La cause de la fuite n'a pas été déterminée.

22 juillet 2016
Husky Energy a confirmé un déversement de 200 000 à 250 000 litres de pétrole brut et d’autres polluants dans la rivière. La fuite provient de leur oléoduc près de Maidstone. Rivière  Saskatchewan Nord à environ 40 kilomètres de la ville de North Battleford, province de la Saskatchewan, Canada. Un panache de pétrole sur la rivière a obligé la ville de North Battleford à fermer son plan de production d’eau potable dont la prise est dans la rivière. La ville a un réservoir souterrain et une tour d’eau, elle a trois jours de réserve. Le 23 juillet 2016, c'est au tour de la ville de Prince-Albert de protéger son eau brute.

28 novembre 2016

Quand l’horreur est dans ta cour

Les terroristes font usage d’armes chimiques (chlore et phosphore blanc) en Syrie. Nos médias locaux en parlent très peu, silence de mort – les bavures de nos politiciens occupent les manchettes, c’est tellement distrayant...

Par contre ce matin, à l’émission The Current (CBC), Anna Maria Tremonti a interviewé la journaliste Margaret Evans revenant d'un séjour en Syrie, notamment à Alep. À la fin du reportage on entend le rap d’un petit garçon de 10 ans – il tenait absolument à ce qu’on enregistre son histoire (la faim, les enfants et les mères qui meurent, les bombes). Il dit entre autres : «le son des explosions a remplacé le chant des oiseaux.»
http://www.cbc.ca/radio/thecurrent/the-current-for-november-28-2016-1.3868044/cbc-s-margaret-evans-shares-apocalyptic-view-of-aleppo-1.3868140

Dimanche 27 novembre 2016
Vingt-deux rebelles syriens portent les symptômes d'une attaque aux «gaz chimiques» après avoir été visés par une roquette tirée par des combattants du groupe armé État islamique (EI) dans le nord du pays. L'attaque s'est produite dans la région d'Haliliye où les rebelles soutenus par la Turquie assiègent une ville contrôlée par l'EI. (Reuters) Des milliers de Syriens fuient Alep – Alors que les forces du régime syrien ont réussi à prendre le contrôle d'au moins un tiers des secteurs détenus par les rebelles, des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants continuent de fuir les affrontements. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, au moins 10 000 personnes auraient ainsi quitté la portion est de la ville, seulement dans la nuit de samedi à dimanche. Environ 250 000 habitants résident dans le secteur est d'Alep, où il y a une recrudescence des bombardements depuis une dizaine de jours. (AFP)

L’utilisation des armes chimiques n’a pas cessé depuis les deux Grandes guerres. On continue d’en fabriquer alors que plus d’un million de tonnes de bombes chimiques dorment encore dans les océans tout autour de la terre depuis que les alliés ont décidé en 1945 de les balancer à la mer – «ne réveillons surtout pas les chats qui dorment».

Les gaz de combat de la Première Guerre mondiale regroupaient une vaste gamme de composés toxiques : gaz lacrymogène (relativement bénin), phosgène, dichlore ou bertholite (mortels), et gaz moutarde (brûlant et perforant la peau, les yeux, muqueuses, etc.). Cette guerre chimique est un composant majeur de la première guerre totale. On estime qu'environ 4 % des morts ont été causées par les gaz. Contrairement à la plupart des autres armes, il était possible de développer des contre-mesures efficaces à ces gaz ce qui mena les deux camps à se livrer une course acharnée pour créer de nouveaux composés. (Wikipedia)

L’histoire de la planète? Une guerre qui ne finira qu’avec l’extinction des humains. Sauver l’espèce? Une cause désespérée.

Voyez la lettre de Jean Giono ci-après, écrite deux ans avant le début de la Seconde Guerre mondiale (1).

Les gueules de la terre

Sculpture : Patrice Alexandre. Entre 2001-2011, l’artiste effectue un travail de réflexion et d’interprétation sur les monuments à la Grande Guerre. Les «Gueules de la terre» sont des représentations commémoratives des «gueules cassées» de la Première Guerre mondiale. L’expression «gueules cassées» inventée par le Colonel Picot premier président de l’Union des Blessés de la Face et de la Tête, désigne les survivants ayant subi une ou plusieurs blessures au combat et affectés par des séquelles physiques graves, notamment au niveau du visage. Elle fait référence également à des hommes profondément marqués psychologiquement par le conflit, qui ne purent regagner complètement une vie civile ou qui durent, pour les cas les plus graves, être internés à vie. (Wikipedia)
     Les soldats de la Première Guerre mondiale ont creusé des tranchées, s’enfonçant dans la terre tandis que le sculpteur, comme dans un mouvement inverse, a fait surgir de cette même terre ces visages pétrifiés. Il déforme les visages en incrustant une chambre à air par exemple dans la terre, ce qui donne un effet dramatique aux sculptures. Les têtes semblent être fossilisées dans la boue des tranchées, comme figées dans un dernier souffle de vie. L’artiste dénonce la guerre et ses atrocités avec ses oeuvres tragiques. Celles-ci sont expressives et font penser aux dessins et peintures d’Otto Dix, peintre qui a fait la guerre de 14-18 et qui en a rapporté des images témoignant des atrocités qu’il a pu voir au combat.

Dessin d’Otto Dix

Source :
https://dnbhistoiredesarts.wordpress.com/2014/02/12/les-gueules-de-la-terre/

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(1) L’écrivain français Jean Giono (30 mars 1895 – 9 octobre 1970), célèbre pour des œuvres comme Le Hussard sur le toit ou Regain, dépeint dans son écriture romanesque la position de l’homme face au monde, livrant une réflexion morale et métaphysique. Dans cette lettre, l’écrivain s’adresse à des paysans, pacifistes comme lui, qui ont composé la majeure partie des soldats de la Grande Guerre de 1914-1918.

Source : http://www.deslettres.fr/

Lettre de Jean Giono aux paysans
16 août 1938

[Extrait]

Je n’aime pas la guerre. Je n’aime aucune sorte de guerre. Ce n’est pas par sentimentalité. Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux et il est difficile de m’intéresser à un cadavre désormais. Je ne sais pas si c’est une qualité ou un défaut : c’est un fait. Je déteste la guerre. Je refuse la guerre pour la simple raison que la guerre est inutile. Oui, ce simple petit mot. Je n’ai pas d’imagination. Pas horrible; non, inutile, simplement. Ce qui me frappe dans la guerre ce n’est pas son horreur : c’est son inutilité. Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible. Oui, mais par surcroît. Il est impossible d’expliquer l’horreur de quarante-deux jours d’attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse. Y réussirait-on qu’il y a pour ces hommes neufs une sorte d’attrait dans l’horreur en raison même de leur force physique et de leur faiblesse. Je parle de la majorité. Il y a toujours, évidemment, une minorité qui fait son compte et qu’il est inutile d’instruire. La majorité est attirée par l’horreur; elle se sent capable d’y vivre et d’y mourir comme les autres; elle n’est pas fâchée qu’on la force à en donner la preuve. Il n’y a pas d’autre vraie raison à la continuelle acceptation de ce qu’après on appelle le martyre et le sacrifice. Vous ne pouvez pas leur prouver l’horreur. Vous n’avez plus rien à votre disposition que votre parole : vos amis qui ont été tués à côté de vous n’étaient pas les amis de ceux à qui vous parlez; la monstrueuse magie qui transformait ces affections vivantes en pourriture, ils ne peuvent pas la connaître; le massacre des corps et la laideur des mutilations se sont dispersés depuis vingt ans et se sont perdus silencieusement au fond de vingt années d’accouchements journaliers d’enfants frais, neufs, entiers, et parfaitement beaux. À la fin des guerres il y a un mutilé de la face, un manchot, un boiteux, un gazé par dix hommes; vingt ans après il n’y en a plus qu’un par deux cents hommes; on ne les voit plus; ils ne sont plus des preuves. L’horreur s’efface. Et j’ajoute que malgré toute cette horreur, si la guerre était utile il serait juste de l’accepter. Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. L’inutilité de toutes les guerres est évidente. Qu’elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles. La succession des guerres dans l’histoire prouve bien qu’elles n’ont jamais conclu puisqu’il a fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d’abord été pour nous, Français, une guerre défensive. Nous sommes-nous défendus? Non, nous sommes au même point qu’avant. Elle devait être ensuite la guerre du droit. A-t-elle créé le droit? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes. Elle devait être la dernière des guerres; elle était la guerre à tuer la guerre. L’a-t-elle fait? Non. On nous prépare de nouvelles guerres; elle n’a pas tué la guerre; elle n’a tué que des hommes inutilement. La guerre d’Espagne n’est pas encore finie qu’on aperçoit déjà son évidente inutilité. Je consens à faire n’importe quel travail utile, même au péril de ma vie. Je refuse tout ce qui est inutile et en premier lieu la guerre car son inutilité est aussi claire que le soleil.
[…]

L’intelligence est de se retirer du mal.

26 novembre 2016

Telle est la vie...

Aucune crise économique n’empêche les gens de dépenser sans compter pendant les fêtes. En janvier prochain, comme à tous les ans, plusieurs seront épuisés, déçus, déprimés, endettés sinon ruinés. La foire mercantile avec ses promesses de bonheur pogne encore.

«Avoir les moyens de dépenser devrait vouloir dire ceci : être capable de couvrir l’ensemble des obligations de "l’adulte responsable". [...] La vie est ainsi faite que les besoins ne correspondent pas toujours aux liquidités disponibles. On a alors deux choix : être à court de liquidités ou planifier. [...] 
     En règle générale, "avoir les moyens" veut dire "avoir prévu le prévisible ET l’imprévisible". Ce n’est pas être prudent à l’extrême, mais bien être conscient que les obligations financières résultent en une finalité beaucoup plus grande que ce qu’on peut imaginer. 
     Par exemple, ai-je les moyens de ce voyage ou suis-je en train de manger les droits de scolarité de mes enfants? Ai-je les moyens de cette voiture sport ou suis-je en train de m’obliger à faire des heures supplémentaires pendant quatre ans et finir par en faire une dépression? Ai-je les moyens d’une douche en marbre ou suis-je en train de dépenser l’argent du compte urgence-toit-qui-coule? 
     Certains me diront : "Oui, mais on a juste une vie à vivre!" C’est vrai, mais c’est le cas pour tous les consommateurs, ce qui fait en sorte que les désirs ne pourront tous être comblés.» ~ Pierre-Yves McSween (Avoir les moyens, en as-tu vraiment besoin, in En as-tu vraiment besoin?; Guy Saint-Jean Éditeur 2016)  

Un livre à offrir en cadeau! Suggestion : insérez votre carte de crédit dans le porte-carte gracieusement fourni – ça aide à penser avant d’acheter. (Publicité gratuite de ma part, espérant qu'elle pourra aider les malheureux consommateurs subjugués à mettre le Père Noël à la rue plutôt qu’eux-mêmes...) 


[...] «Vivre dans la consommation, ce n’est pas la liberté. Personne ne va me faire croire que faire des paiements chaque mois et cumuler du stress et des dettes, c’est de la liberté. Non, la liberté, c’est d’avoir une marge de manœuvre, pas de porter les vêtements financés à 19,99 %.
     Je ne blâme personne. La société a voulu qu’on vive comme ça. La consommation, ça fait rouler l’économie. Au nom d’une hiérarchie des savoirs, on a décidé que la vie financière s’apprenait sur le tas, comme le vélo. Le problème, l’équilibre financier est beaucoup plus complexe que l’équilibre physique. L’équilibre financier, c’est comme rouler à vélo avec des obstacles partout et des gens qui tentent de vous faire tomber de votre scelle en vous poussant de tous les côtés.» [...]
Article intégral : https://voir.ca/pierre-yves-mcsween/2016/11/25/en-as-tu-vraiment-besoin/

~~~

«On a peine à croire à quel point est insignifiante et vide, aux yeux du spectateur étranger, à quel point stupide et irréfléchie, chez l'acteur lui-même, l'existence que coulent la plupart des hommes : une agitation qui se traîne et se tourmente, une marche titubante et endormie, à travers les quatre âges de la vie, jusqu'à la mort, avec un cortège de pensées triviales. Ce sont des horloges qui, une fois montées, marchent sans savoir pourquoi. Chaque fois qu'un homme est conçu, l'horloge de la vie se remonte, et elle reprend sa petite ritournelle qu'elle a déjà jouée tant de fois, mesure par mesure, avec des variations insignifiantes. Chaque individu, chaque visage humain, chaque vie humaine, n'est qu'un rêve sans durée de l'esprit infini qui anime la nature, du vouloir vivre indestructible; c'est une image fugitive de plus, qu'il esquisse en se jouant sur sa toile immense, l'espace et le temps, une image qu'il laisse subsister un instant, et qu'il efface aussitôt, pour faire place à d'autres.» [Arthur Schopenhauer]
     Telle est la vie humaine, dans son apparition générale et commune. Toute fugitive qu'elle est, elle pourrait encore nous plaire, si du moins elle n'exigeait rien de nous. Mais il faut que nous la remplissions avec des actes. Chaque être est, pour son compte, une personnification du vouloir vivre universel. Or, vouloir vivre, c'est faire effort. Quand l'effort est contrarié, il se traduit par une souffrance. Quand il aboutit, il procure une satisfaction mais cette satisfaction dure peu, car elle est suivie aussitôt d'un nouvel effort; et cette continuité d'efforts, lors même qu'ils seraient tous heureux, cause un état d'inquiétude, qui est encore une souffrance.

La douleur et l’ennui (Extraits de Schopenhauer, l'homme et le philosophe, A. Bossert, Paris, 1904, pp. 219-223) http://www.schopenhauer.fr/index.html

23 novembre 2016

Violence envers les tout-petits

Je me souviens qu’à la petite école, on voyait des enfants arriver le matin avec des marques de violence physique. Ce n’était pas en milieu défavorisé, je tiens à le préciser car on croit que c’est uniquement là que ça arrive. J’ai connu deux fillettes qui se faisaient battre par leur père – un médecin de famille. Hé oui!

Quel malaise, nous ne savions pas comment réagir. Tout le monde savait, mais personne ne parlait – c’était tabou. Il n’y avait pas de DPJ et la psychologie était taboue aussi. Dans les années 1950/60, les sévices corporels et l’agression psychologique faisaient partie des stratégies «d’éducation» approuvées par le clergé catholique qui en usait lui-même dans ses institutions! On se demande ensuite pourquoi il y tant de gens psychologiquement perturbés.

Ces comportements se perpétuent car on enseigne très peu à traiter tous les êtres vivants avec respect et dignité... La quantité de procès corrélés à la maltraitance d’enfants, allant des sévices corporels et psychologiques jusqu’aux meurtres qualifiés, montre que beaucoup de parents souffrent d’un manque de maturité tel, que leur confier la garde de leurs propres enfants devient une entreprise à haut risque.

Voyez «Les enfants comme enjeu dans la violence familiale» :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/09/les-enfants-comme-enjeu-dans-la.html


La moitié des enfants du Québec victimes de violence

Les conditions dans lesquelles vivent les petits Québécois de 0 à 5 ans se sont globalement améliorées depuis une dizaine d'années, selon un rapport de l'Observatoire des tout-petits. Toutefois, certaines données montrent que l'insécurité alimentaire, l'accès au logement et la violence commise par les parents sont encore source de préoccupation.

Pressions économiques et conduites parentales violentes toujours présentes

(...) Le portrait met également en lumière les conduites parentales à caractère violent. Entre 2004 et 2012, le pourcentage de tout-petits ayant fait l’objet de violence physique mineure, au moins une fois durant l'année, comme brasser un enfant ou lui donner une tape sur la main ou le bras, a diminué, passant de 56,2 % à 47,8 %. Durant ces mêmes années, la proportion d’enfants âgés de six mois à 5 ans exposés à des agressions psychologiques répétées, comme crier après un enfant ou menacer de le frapper, est toutefois demeurée stable aux environs de 44 %, ce qui représente plus de 200 000 tout-petits. On estime par ailleurs que 4,3 % des enfants québécois âgés de 6 mois à 5 ans ont été victimes de violence physique sévère par un adulte de la maison, comme donner un coup de poing ou serrer la gorge de l’enfant au moins une fois au cours de l’année. Cette proportion n’a pas non plus changé de façon significative depuis 1999.

Selon les données scientifiques les plus récentes, les conduites à caractère violent des adultes ne sont pas sans risque pour le développement des enfants. Les enfants affectés par ces conduites sont plus nombreux à vivre des problèmes d’anxiété, d’agressivité ou liés à des dépressions. Les risques d’escalade entre la violence mineure et sévère sont aussi élevés.

À propos de l’Observatoire des tout-petits

L’Observatoire des tout-petits, un projet de la Fondation Lucie et André Chagnon, a pour mission de contribuer à placer le développement et le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Pour y parvenir, l’Observatoire regroupe les données les plus rigoureuses concernant les 0-5 ans, produit des dossiers thématiques et suscite le dialogue autour des actions collectives nécessaires dans ce domaine. Pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de l’Observatoire des tout-petits : http://tout-petits.org/


L’effort humain
Jacques Prévert

L’effort humain
n’est pas ce beau jeune homme souriant
debout sur sa jambe de plâtre
ou de pierre
et donnant grâce aux puérils artifices du statuaire
l’imbécile illusion
de la joie de la danse et de la jubilation
évoquant avec l’autre jambe en l’air
la douceur du retour à la maison

Non
l’effort humain ne porte pas un petit enfant sur l’épaule droite
un autre sur la tête
et un troisième sur l’épaule gauche
avec les outils en bandoulière
et la jeune femme heureuse accrochée à son bras

L’effort humain porte un bandage herniaire
et les cicatrices des combats
livrés par la classe ouvrière
contre un monde absurde et sans lois

L’effort humain n’a pas de vraie maison
il sent l’odeur de son travail
et il est touché aux poumons
son salaire est maigre
ses enfants aussi
il travaille comme un nègre
et le nègre travaille comme lui

L’effort humain n’a pas de savoir-vivre
l’effort humain n’a pas l’âge de raison
l’effort humain a l’âge des casernes
l’âge des bagnes et des prisons
l’âge des églises et des usines
l’âge des canons
et lui qui a planté partout toutes les vignes
et accordé tous les violons
il se nourrit de mauvais rêves
et il se saoule avec le mauvais vin de la résignation
et comme un grand écureuil ivre
sans arrêt il tourne en rond
dans un univers hostile
poussiéreux et bas de plafond
et il forge sans cesse la chaîne
la terrifiante chaîne où tout s’enchaîne
la misère le profit le travail la tuerie
la tristesse le malheur l’insomnie et l’ennui
la terrifiante chaîne d’or
de charbon de fer et d’acier
de mâchefer et de poussier
passée autour du cou
d’un monde désemparé
la misérable chaîne
où viennent s’accrocher
les breloques divines
les reliques sacrées
les croix d’honneur les croix gammées
les ouistitis porte-bonheur
les médailles des vieux serviteurs
les colifichets du malheur
et la grande pièce de musée
le grand portrait équestre
le grand portrait en pied
le grand portrait de face de profil à cloche-pied
le grand portrait doré
le grand portrait du grand divinateur
le grand portrait du grand empereur
le grand portrait du grand penseur
du grand sauteur
du grand moralisateur
du digne et triste farceur
la tête du grand emmerdeur
la tête de l’agressif pacificateur
la tête policière du grand libérateur
la tête d’Adolf Hitler
la tête de monsieur Thiers
la tête du dictateur
la tête du fusilleur
de n’importe quel pays
de n’importe quelle couleur
la tête odieuse
la tête malheureuse
la tête à claques
la tête à massacre
la tête de la peur

Paroles (Gallimard, 1946)

19 novembre 2016

PNB du discours paradoxal : en nette croissance!

Seuls les politiciens peuvent réduire les effets du réchauffement climatique en augmentant la production d'énergies fossiles. Croyez-vous à la magie?! 


Erreur 404, solution introuvable. (Photo via soslignes-ecrivain-public.fr)  

«Ne demandez pas à l’erreur d’où elle sort.»
«Qui a jamais demandé à la thèse et à l’antithèse si elles étaient d’accord pour devenir synthèse?»
«Les mensonges ont la vie dure : une fois démasqués, ils croient qu’ils sont devenus vérités.»  
~ Stanislaw Jerzy Lec,  écrivain polonais (1909-1966)

Payer pour avoir le droit de polluer plus

«Nous sommes dans les noeuds de la violence et nous y étouffons. Que ce soit à l'intérieur des nations ou dans le monde, la méfiance, le ressentiment, la cupidité, la course à la puissance sont en train de fabriquer un univers sombre et désespéré où chaque homme se trouve obligé de vivre dans le présent, le mot seul d'avenir lui figurant toutes les angoisses, livré à des puissances abstraites, décharné et abruti par une vie précipitée, séparé des vérités naturelles, des loisirs sages et du simple bonheur.» ~ Albert Camus (La crise de l'homme)

Dans son ouvrage, Ce que l’argent ne saurait acheter, le philosophe américain Michael Sandel réfléchit sur notre société hyper mercantile. L’entreprise qui achète le droit de polluer, se dédouane-t-elle d'une faute morale envers l'environnement? Peut-on vendre un enfant à l'encan au plus offrant ou faire le commerce d'organes humains? Selon lui, la vie, l'eau et l'air ne devraient jamais être des valeurs marchandes.

“When money governs access to education, political voice, and influence, inequality matters a great deal.” (Michael Sandel)

«Avec le protocole de Tokyo sur le changement climatique en particulier, les économistes ont trouvé dans le marché une méthode encore plus éloignée de tout ce qui pourrait ressembler à une mesure vexatoire. Chaque agent pollueur est tenu de rester dans les limites d'un plafonnement décidé à priori mais il peut acheter le droit de dépasser ces limites en payant un autre agent qui, lui, restera en deça de celles qui lui ont été affectées. ... C'est précisément l'avantage que les économistes attribuent au marché qui pose problème : il ne ferait pas de morale. En réalité, il recouvre un mal qui devrait être perçu comme tel (la destruction de l'environnement) par un bien (le droit de polluer) que l'on peut acheter.» ~ Jean-Pierre Dupuy (au sujet de la taxe de carbone) 

Si tous les membres de la secte «Économie marchande» et les politiciens lisaient cet ouvrage, peut-être que la manière de gouverner pourrait s’améliorer. Camus disait aussi : «Quand nous serons tous coupables, ce sera la démocratie.»

Ce que l'argent ne saurait acheter
Les limites morales du marché
Michael J. Sandel
Traduit par Christian Cler
Sciences humaines (H.C.)
Seuil (02/10/2014)

L’ignorance infantilise et victimise, la connaissance responsabilise et permet de choisir.

La communication perverse

«La mise en place de l’emprise utilise des procédés qui donnent l’illusion de la communication – une communication particulière, non pas faite pour relier, mais pour éloigner et empêcher l’échange. Cette distorsion de la communication a pour but d’utiliser l’autre. Pour qu’il continue à ne rien comprendre au processus en cours et le rendre confus, il faut le manipuler verbalement. Le black-out sur les informations réelles est essentiel pour réduire la victime à l’impuissance. Quand une question directe est posée, les pervers éludent. Comme ils ne parlent pas, on leur prête grandeur et sagesse. Mais dans le registre de la communication perverse, il faut avant tout empêcher l’autre de penser, de comprendre, de réagir. Le message d’un pervers est délibérément flou et imprécis, entretenant la confusion. En utilisant des allusions, il fait passer des messages sans se compromettre. Offrant des propos sans lien logique, il entretient la coexistence de différents discours contradictoires. Il envoie des messages obscurs et refuse de les expliciter. Un autre procédé verbal habituel des pervers est d’utiliser un langage technique, abstrait, dogmatique, pour entraîner l’autre dans des considérations auxquelles il ne comprend rien, et pour lesquelles il n’ose pas demander d’explications de peur de passer pour un imbécile. Ce discours froid, purement théorique, a pour effet d’empêcher celui qui écoute de penser et donc de réagir. Le pervers, en parlant d’un ton très docte, donne l’impression de savoir, même s’il dit n’importe quoi. Dire sans dire est une façon habile de faire face à toute situation. Le discours du pervers narcissique trouve des auditeurs qu’il arrive à séduire. La violence perverse est à distinguer de l’abus de pouvoir direct ou de la tyrannie. La tyrannie est une façon d’obtenir le pouvoir par la force. L’oppression y est apparente. L’un se soumet parce que l’autre a ouvertement le pouvoir. Dans l’abus de pouvoir, le but est simplement de dominer. Chez un pervers, la domination est sournoise et niée. Il n’y a jamais de conflit franc.»
~ Marie-France Hirigoyen (Le harcèlement moral, La violence perverse au quotidien)  

Article intégral / références :
https://situationplanetaire.blogspot.ca/2013/04/la-communication-perverse.html

15 novembre 2016

L’art de jeter les pauvres à la rue


Un enfant offre ses services (1930) – bientôt sur un trottoir près de chez vous.

La loi 70 : pour lutter contre l’appauvrissement des fortunés 

Avec cette loi, le gouvernement prévoit épargner, à terme, jusqu'à 50 millions de dollars par année, qui pourront servir là où ça compte, par exemple à ajuster le salaire des médecins à l’augmentation dramatique du coût de la vie.

Chronologie d’appoint
Fin janvier 2016, Sam Hamad, alors président du Conseil du trésor, pousse très fort sur le projet de loi 70 du gouvernement Couillard. «Un assisté social qui décide de ne pas ‘faire l'effort’ doit ‘subir les conséquences’», plaide-t-il pour défendre la réforme controversée de l'aide sociale. Les prestations mensuelles des nouveaux bénéficiaires qui refuseraient les démarches d'employabilité proposées par le ministère seraient réduites de moitié, passant de 623 $ à 399 $. 
   Mais... Le 2 avril 2016, Sam Hamad doit se retirer du Conseil des ministres pour la durée de l’enquête du commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale. Des allégations de trafic d’influence pèsent sur le lui depuis la diffusion d’un reportage de l’émission Enquête. Il aurait fourni des informations privilégiées à «son ami» Marc-Yvan Côté, alors vice-président du conseil d’administration de l’entreprise Premier Tech (Côté est l’une des six personnes arrêtées, notamment pour fraude et complot, par l’Unité permanente anticorruption, l’UPAC). Le 7 avril 2016, Sam Hamad démissionne de son poste de ministre dans la foulée des accusations.

Pour des raisons obscures, le PLQ joue régulièrement à la chaise musicale avec ses ministres. Ainsi, François Blais a récupéré le dossier du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale et se montre intraitable – le projet de loi 70 sera adopté au plus tard le 24 novembre prochain. La «ligne de partie» est respectée.

Le cercle vicieux de la pauvreté
Chaque année, quelque 17 000 Québécois sans contrainte à l'emploi présentent une demande d'aide sociale. Dans la majorité des cas des personnes âgées de moins de 29 ans, et plusieurs milliers d'entre elles sont issues d'une famille vivant de l'aide sociale. Le gouvernement pousse inévitablement les jeunes vers l'itinérance et/ou la criminalité. Verrons-nous bientôt des camps Arbeit macht frei? Peut-être.

Qui peut vivre avec 399 $ par mois? Pas besoin d’être comptable pour savoir que c’est impossible.

Le dernier rapport du réseau Banques alimentaires Canada est publié alors qu'au Québec, le gouvernement de Philippe Couillard vient de faire adopter son projet de loi 70. Le rapport révèle qu’un nombre grandissant de Canadiens ont recours aux banques alimentaires et montre du doigt des mesures gouvernementales jugées insuffisantes.
   Au Canada, un foyer sur six a recours à l’aide alimentaire et les enfants constituent 36 % des Canadiens soutenus par cette aide.

Le coût de la vie ne cesse d’augmenter mais pas les salaires.

«Au lieu de décider s’ils vont manger des côtes levée ou des ailes de poulet, [certains] doivent décider s’ils vont s’acheter de la nourriture ou payer leur loyer. Personne ne devrait avoir à faire un tel choix.»
~ Le réseau Banques alimentaires Canada, dans son rapport


Illustration : Pawel Kuczynski http://www.pawelkuczynski.com/

En novembre 2015, j’ai publié un article au sujet de ces mesures antisociales récurrentes à l’endroit des prestataires de l’aide sociale :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2015/11/le-test-de-laide-sociale.html

LE TEST DE L’AIDE SOCIALE TOUS LES ÉLUS, à commencer par Sam Hamad (maintenant ce serait François Blais), devraient vivre au moins deux mois d’errance en tant que prestataires de l’aide sociale et subir leurs propres préjugés. Exactement comme les deux cobayes de la série Naufragés des villes : sans statut ni adresse fixe, sans CV ni réseau d’amis, sans carte bancaire, carte de crédit ni passe de métro... Nous aurions assurément des administrateurs plus équitables et charitables!

L'article inclut un texte de Bianca Longpré intitulé Sam et le BS. Et la note de pied sur les Naufragés des villes inclut une brève description de chacun des épisodes.
Aperçus (vidéo) et plus d'info : 
http://www1.tfo.org/naufrages/emissions_episode.aspx?id=2

14 novembre 2016

Le bilan de Jean Lemire en récits et en images


Photo via ICI Radio-Canada Première

Jean Lemire a sillonné les mers pendant près de 25 ans, d'abord comme scientifique et, à partir de 1987, comme cinéaste. Son dernier ouvrage, L'odyssée des illusions, retrace ses années d'explorations aux quatre coins de la planète.

Un ouvrage de collection à prix plus qu’abordable à offrir en héritage à vos enfants. Il n’y a pas de mots assez forts pour qualifier ses photos. J’avoue que ça m’arrache le cœur de voir cette splendeur vouée à l’extinction (1).

«Notre planète est composée de millions de créatures exquises. Nous sommes l'une d'entre elles. Même si nous sommes responsables d’une part de cette beauté, nous sommes aussi responsables de terribles destructions. Aucun autre animal ne détruit son environnement tel que nous le faisons. En fait, dans son habitat naturel, chaque créature contribue à l'ensemble de l'écosystème, participe à maintenir l'équilibre de la planète. Une espèce détruit son environnement uniquement quand une espèce étrangère s’introduit et crée un déséquilibre. La vraie question est : allons-nous continuer de participer à la destruction? Ou devons-nous commencer à agir comme les autres animaux et créer un équilibre? Nous pensons souvent que les animaux sont dangereux. Mais si vous regardez les animaux les plus dangereux de la planète, ceux que nous craignons le plus, les requins, les loups et les ours, ils ne sont pas en haut de la liste – l’espèce humaine est la plus dangereuse.»
~ Emma Seppälä, PhD http://www.awaken.com/ 

Cet «océan d’indifférence et d’insouciance» que mentionne Jean Lemire dans sa conclusion est le facteur le plus préoccupant et décourageant de la question environnementale. Tous les dirigeants de la planète et leurs lobbyistes industriels devraient recevoir un exemplaire!

Visitez «1000 jours pour la planète» et jugez vous-même l’ampleur des défis  
http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/photos-videos


Voyez quelques photos (Éditions La Presse)
http://editions.lapresse.ca/nos-livres/categorie/biographies-recits-et-recueils/livre/lodyssee-des-illusions/

Extrait de La simple beauté du monde / Communiquer la science 

J’ai passé une bonne partie de ma vie en mer, à étudier les baleines. Fasciné devant si grand et si imposant, j’ai sillonné les eaux du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent pour apprendre le métier de chercheur, sous la supervision d’un vieux loup de mer, Richard Sears, qui m’a tout montré. [...]

En ces temps, les villages riverains ressemblaient encore à des havres de paix où l’on «jiggait» la morue en famille, ramassait les milliers de capelans qui roulaient sur les plages de cette mer d’abondance. [...] Les traditions maritimes et le savoir-faire se perpétuaient ainsi, de génération en génération [...]

Puis les stocks de poissons ont diminué, victimes d’une surpêche causée par un appât du gain démesuré et des moyens technologiques de plus en plus performants. Notre désir d’accumuler toujours davantage, sans nous inquiéter de la pérennité des ressources, est venu piller le précieux héritage de nos prédécesseurs. Les grands géniteurs des espèces phares, celles sur lesquelles reposaient les bases de toute notre économie régionale, avaient été tellement exploitées qu’elles n’allaient plus jamais se remettre d’une pareille surpêche, fauchant du même coup des siècles de traditions. Sans métier à exercer, les jeunes ont été contraints d’abandonner les régions pour rejoindre les grands centres. [...]

Cette catastrophe aurait pu être évitée, je le pense sincèrement. La science a failli à son devoir de préservation, et les grands décideurs n’ont jamais osé affronter les lobbyistes de l’industrie des pêches, qui faisaient pression sur les gouvernements pour conserver les emplois de cette industrie en perte de vitesse. Ce laxisme et cette pression insoutenable sur les stocks ont vidé les océans : 90 % des grands poissons ont ainsi disparu au cours des dernières décennies et le carnage se poursuit, loin au large, loin des regards.

Le syndrome de la surexploitation des ressources venait de faire une première victime, la mer, et je savais que les mêmes menaces planaient au-dessus des autres écosystèmes de la planète. Le désir de tout mettre en œuvre pour sensibiliser les populations aux dangers de l’exaction abusive des ressources allait donc naître d’un crime inconnu, d’un génocide planifié et assumé contre l’équilibre naturel précaire qui constituait les fondements mêmes de notre relation avec la nature. Dès lors, ma destinée était devenue évidente.

Conclusion 

J’aime la vie et rien ne me touche autant que la nature, dans toute sa splendeur, son équilibre et sa force silencieuse. D’un tempérament optimiste, j’aurais voulu un livre à la conclusion belle et porteuse d’espoir. Je désirais tellement être un prophète de bonheur, une preuve tangible que tout est en voie de s’améliorer. Mais j’ai un devoir de vérité. La mienne, qui, je le souhaite, sera balayée par un vent de changement.

Si la simple beauté du monde et l’engagement des jeunes pour demain constituent de formidables baumes d’espoir, le grand bilan de cette odyssée demeure parfois sombre et pessimiste. Je tiens à m’en excuser, sincèrement. Car après toutes ces années, après avoir pu constater l’ampleur de la tâche à accomplir et comparé les niveaux de réformes des différents pays, je sais aujourd’hui que le rêve fou de changer le monde ne se produira pas. Que la terre nouvelle convoitée, améliorée, nourrie par le désir réel de l’humanité de faire le grand ménage de sa maison, n’arrivera pas avant le crépuscule de mes jours. Que les efforts de sensibilisation de tous les artisans du changement n’auront pas réussi à percer la forteresse économique et politique des dirigeants de la planète. Que nos petites victoires pour préserver la simple beauté du monde ne sont que minuscules diachylons appliqués sur une nature meurtrie, blessée, mutilée, estropiée, battue et écorchée par nos mauvais traitements.

L’espoir est un ingrédient de bonheur, mais il se fait rare dans les recettes pour garantir l’avenir de cette nature qui souffre en silence.

Il y aura nos mots et nos images, une goutte d’eau dans un océan d’indifférence et d’insouciance. Puissent-ils toucher les générations futures, pour qu’un réel vent de changement souffle sur demain, et que l’espoir renaisse enfin dans le cœur et les âmes de ceux et celles qui y croient encore.

Présentation de l’éditeur 

L’odyssée des illusions

25 ans à parcourir la planète
Sensibiliser les gens à la beauté et à la fragilité de la planète, voilà le défi que s’est lancé il y a 25 ans le biologiste, cinéaste, photographe et auteur Jean Lemire.
   À bord du voilier SEDNA IV, il a sillonné les mers du monde et a pu constater les grands enjeux environnementaux. Il a cherché des réponses devant l’inexplicable et parfois même l’inconcevable.
   À travers ce livre, illustré de plus de 150 photos, il nous fait revivre les grandes escales de ce périple autour de la planète. Il partage avec nous ses réflexions, ses moments de bonheur, mais aussi ses déceptions et ses désillusions.
   Témoigner, encore et encore, en espérant que les mots et les images sauront insuffler un vent de changement sur les générations futures.

Jean Lemire
Biologiste de formation, Jean Lemire parcourt les mers depuis plus de 25 ans. D’abord comme scientifique, puis comme cinéaste. À bord du voilier SEDNA IV, il entreprend diverses missions : Mission Arctique en 2002 ; Mission Baleines en 2003 ; Mission Antarctique en 2005 et finalement 1 000 jours pour la planète en 2012. Jean Lemire est également récipiendaire de nombreux prix et distinctions. Il a notamment été nommé Officier de l’Ordre du Canada et a reçu le prestigieux Prix Hommage des Prix canadiens de l’environnement. En 2010, l’Organisation des Nations unies lui a accordé le titre d’ambassadeur honorifique de la Vague verte, un vaste mouvement mondial de sensibilisation des jeunes à la biodiversité de la planète. Il est l’auteur des best-sellers Mission Antarctique, (2007) et Le dernier continent, 430 jours au cœur de l’Antarctique, (2009) publiés aux Éditions La Presse.

Entrevue (audiofil)
http://ici.radio-canada.ca/emissions/gravel_le_matin/2016-2017/chronique.asp?idChronique=421307

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(1) Rapacité humaine... Voilà le sort réservé aux cornes de rhinocéros – des objets et bijoux dont nous n'avons pas besoin! Si l’on se fie aux superstitions populaires asiatiques, on leur attribue sans doute des propriétés aphrodisiaques. Grrr.


Illegally traded rhino horn products recovered during investigations in Nhi Khe, Vietnam. Photograph: Wildlife Justice Commission Investigation/AFP/Getty Images

https://www.theguardian.com/environment/gallery/2016/nov/11/the-week-in-wildlife-in-pictures

13 novembre 2016

La Tour [Trump] infernale

The Towering Inferno (1974) était-il un film symboliquement prémonitoire? (voyez le synopsis sur Wikipédia...) 

À l’émission de Stephen Colbert, l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson disait :
Make America smart again”.

En réalité, Trump n'est qu'un cheveu sur la soupe (cosmique)!

En appuyant sur la touche «réinitialiser» les Américains viennent de reculer jusqu’à la Guerre de Sécession (Back to the future). Une moitié de la population refuse de cohabiter avec l’autre (53 % / 47 %). Toujours dans le mille : TRUCE OR CONSEQUENCES, by Bill Maher https://www.youtube.com/watch?v=U1s-TqzhwEk

   «Certains hommes vénèrent le rang social, certains vénèrent les héros, certains vénèrent le pouvoir, certains vénèrent Dieu; ils se disputent au sujet de ces idéaux et n’arrivent pas à s’entendre – mais tous vénèrent l’argent.
   Je viens de lire le quotidien. Je le fais chaque matin – sachant très bien que je vais y trouver les habituelles dépravations, bassesses, hypocrisies et cruautés qui font la civilisation; de sorte que je passerai le reste de la journée à prier pour que la race humaine soit damnée. Mes prières ne semblent jamais exaucées, mais je ne désespère pas.» (Lettre à William Dean Howells, 1899)  
   ~ Mark Twain  

On peut certes affirmer qu’il y a péril en la demeure. Les scientifiques ont raison de s’inquiéter de la façon dont Trump composera avec la science en matière d’environnement, de santé, d’éducation, d’immigration, etc.

Pour ma part, la disparition du monde mécanique infernal que nous avons créé ne me dérangerait pas du tout.  


Image : Thinker cropped, David Parkins; via Nature

The ultimate experiment: How Trump will handle science
Climate-change and immigration policies raise alarm, but much of the incoming US president's agenda is simply unknown.

Trump’s first target will likely be the Clean Power Plan, Obama’s set of regulations to reduce greenhouse-gas emissions from power plants, which roughly two dozen states are challenging in court. The case is expected to reach the Supreme Court as early as next year. By then, Trump may have filled the court’s current vacancy, tipping the panel’s ideological balance towards the conservative. That would put the climate regulations in jeopardy.

But it would be easy enough for the Trump administration to just revoke the Clean Power Plan on its own, Holmstead says. The administration could also revise a regulation that essentially bans the construction of new coal-fired power plants unless they are equipped to capture and bury a portion of their carbon emissions. And Trump could repeal the moratorium on new federal coal leases with the stroke of a pen.

http://www.nature.com/news/the-ultimate-experiment-how-trump-will-handle-science-1.20971

Collage : Joe Webb http://www.joewebbart.com/

Burning the Future: Coal in America  

Les mines de charbon qui avaient été fermées ces dernières années vont sûrement rouvrir. En Virginie-Occidentale l’industrie minière redémarrera à fond la caisse sous l’administration Trump – dig deeper...  À cause de la décapitation des montagnes dans cette région des Appalaches, les vallées sont régulièrement inondées. Les coulées de boues de charbon envahissent les cours d’eau, rendant les sources totalement impropres à la consommation – les gens développent des maladies cutanées, des cancers, des problèmes neurologiques, etc. C’est épouvantable, triste et révoltant. Les industriels organisent des rallies pro-charbon et leur propagande est simple : vous ne pouvez pas avoir d’électricité, faire fonctionner votre brosse à dents électrique et tous vos gadgets électroniques, sans charbon. Joe Manshin III (un démocrate!) remercie Dieu pour ce cadeau du ciel, tout comme le faisait Steven Harper pour les sables bitumineux en Alberta. Malheureusement ces cadeaux empoisonnés – qui viennent non pas de Dieu mais des hommes – tuent beaucoup de monde et d’animaux.

Pourtant le virage aux panneaux solaires est faisable, avec le même argent qui en ce moment fait de la terre un dépotoir toxique.

C'est à voir tandis que se déroule la COP22 (sur Thought maybe, en anglais)  
https://thoughtmaybe.com/burning-the-future/

Le documentaire Burning the Future expose au grand jour les désastres environnementaux et sociaux dus à l'exploitation du charbon, plus particulièrement en Virginie-Occidentale (É.-U.). Les montagnes ont été décapitées et dépouillées de 1,4 millions d'acres de forêts, l'eau contaminée, et les terres agricoles et les communautés détruites. Le film suit un groupe de personnes directement touchées qui osent s’opposer à l'industrie du charbon afin de protéger les montagnes, sauver leurs familles et préserver la vie. Cependant, leurs efforts sont entravés par des systèmes qui protègent les intérêts de l’industrie minière et ses magnats à Washington. Ce film montre l'impérieuse nécessité de lutter contre ces puissants industriels, et aussi à quel point les moyens légaux pour persuader et réformer n'existent tout simplement pas. Comment faire pour empêcher cette exploitation massive qui détruit le monde dans lequel nous vivons? (Produit en 2008)

Burning The Future
David Novack, Featured, Richard Hankin, 2008

Burning The Future documents the devastating environmental and social impacts of coal mining specifically in West Virginia in the United States, where mountaintop removal mining has obliterated 1,4 million acres of mountains, polluted the groundwater, destroyed farm land and communities. The film follows a group of people directly affected by mining who venture to challenge the coal industry with the intent to protect mountains, save their families, and preserve life. However, their efforts are hampered by the systems that protect coal interests, the interests of business and industrial civilisation. This film shows the imperative need to fight back against powerful mining magnates, and how common legal channels of persuasion and reform simply do not exist. How do we stop these massive mining magnates from killing the world we live in?

Communities at risk from mountaintop removal  
For years, it was impossible to track the spread of mountaintop removal coal mining in Central Appalachia over the course of time. But now, 30 years of satellite imagery and other data show how the destructive practice is encroaching on our people. Explore the maps and learn more about the mountaintop removal:  
http://ilovemountains.org/

“Mountaintop removal/valley fill is a mining practice where the tops of mountains are removed, exposing the seams of coal. Mountaintop removal can involve removing 500 feet or more of the summit to get at buried seams of coal. The earth from the mountaintop is then dumped in the neighboring valleys.”

http://earthjustice.org/slideshow/images-of-mountaintop-removal-mining

Whenever I see them tearing down these mountains, I just feel this pit in the bottom of my stomach. You know that was somebody’s home or special spot. I feel disgusted, and I feel compelled to stand up and do something about it.” ~ Junior Walk of West Virginia


Mountaintop removal mining devastates the landscape, turning areas that should be lush with forests and wildlife into barren moonscapes. Huge machines, called “draglines,” push rock and dirt into nearby streams and valleys, forever burying waterways. The massive dragline in the photo, which can weigh up to 12 million pounds and be as big as an entire city block, is dwarfed by the scale of this devastation. (Earth Justice)  


In the past few decades, an area the size of Delaware has been flattened. Coal companies first raze an entire mountainside, ripping trees from the ground and clearing brush with huge tractors. This debris is then set ablaze as deep holes are dug for explosives. Explosive is poured into these holes and mountaintops are literally blown apart. As much as 800 to 1,000 feet are blasted off the tops of mountains in order to reach thin coal seams buried deep below. (Earth Justice)


Photo : banlieue de Kaboul. Future banlieue de Charleston (Virginie-Occidentale) dans quatre ans?