Lundi 17 août 2015
J’ai déniché cet article aujourd’hui. Il pourrait répondre
à quelques questions au sujet des doutes qui surgissent quand vient le moment
de décider du sort de nos amis animaux.
Le moins de
regrets possible
Animaux en fin de vie : le risque de
regretter sa décision
Par Jessica
Pierce, Ph.D. (1)
Les soins palliatifs pour les animaux malades (tout comme pour les personnes âgées) est l'un des domaines les plus éthiquement
complexe et difficile pour les propriétaires d'animaux et la médecine vétérinaire.
Les aidants naturels sont particulièrement vulnérables durant les étapes
finales de la vie d’un animal, quand la maladie, la souffrance et la mort sont
au centre de la scène. Déjà, le tableau clinique est souvent complexe, et il
faut y ajouter plusieurs couches d’incertitude morale. Ma propre décision pour
mon chien Ody a suscité beaucoup de devinettes, de doutes – d’ailleurs toujours
présents cinq ans plus tard – et des sentiments de regret à propos de choses
que j'aurais pu faire autrement. Compte tenu des nombreux témoignages que j’ai entendus
de gens qui étaient passés à travers une perte similaire, le regret est une
expérience commune à tous. Mais, ce que je répète aux autres, ainsi qu’à moi-même,
c’est que les sentiments de regret sont généralisés et qu’ils ne sont pas nécessairement
un indice d’échec.
Ody, quelques mois avant sa mort.
Une des plus grandes sources de pression chez les aidants
naturels, est d'essayer de faire exactement ce qu’il faut. Nous voulons choisir
les traitements qui offriront à nos animaux une meilleure qualité de vie;
si nous décidons d'euthanasier, nous voulons le faire pour éviter de plus graves
souffrances, mais pas trop rapidement, pour ne pas écourter la vie de notre
compagnon s'il peut encore avoir du bon temps. En définitive, nous espérons trouver
un chemin comportant le moins de regrets possible. Je dis «un chemin» car il y
a de nombreuses permutations et possibilités en soins palliatifs pour animaux, et
il n’y a pas de réponse unique. Et je dis «le moins de regrets possible» et non
pas «sans regrets», car le regret fait partie du paysage décisionnel.
Le regret décisionnel (le remord, ou la détresse, éprouvé
par les patients ou le personnel soignant après une décision dont l'enjeu était
crucial) a été abondamment discuté dans la documentation sur les soins palliatifs
pour les humains. Le sujet est rarement abordé en médecine vétérinaire, et il
mériterait une attention toute particulière.
Le regret décisionnel présente un risque réel,
surtout quand il s’agit de l'euthanasie. De nombreux propriétaires d'animaux
déclarent ressentir beaucoup d'angoisse et de culpabilité par rapport à des
choix qu'ils ont déjà faits pour un compagnon animal malade ou âgé. Souvent,
ils estiment qu'ils ont précipité leur décision d'euthanasier ou qu’ils ont été
poussés par le vétérinaire; et ils ont l’impression d’avoir trahi leur
bien-aimé compagnon. Ces sentiments peuvent affliger les gens pendant des
années et causer d'immenses souffrances. Certaines personnes souffrent de ce
que la psychologue Susan Dawson appelle le «chagrin de la responsabilité», et chez
certains, cela peut même provoquer l’équivalent d’un «stress traumatique induit
par perpétration» selon Rachel MacNair (Dawson 2010; MacNair 2005). Les
vétérinaires, en particulier ceux qui se spécialisent en soins palliatifs, peuvent
(et devraient) créer des conditions pouvant aider les clients à moins regretter
leur choix. Les recherches révèlent que les gens ont tendance à ressentir plus
de regret s'ils ont pressés de prendre une décision. Donc, les vétérinaires
devraient encourager les clients à prendre le temps dont ils ont besoin. Mais bien
sûr, le temps que l’aidant passe dans l'indécision peut signifier du temps de
souffrance supplémentaire pour l’animal, ou le report d’une décision qui
devrait se prendre rapidement. Avec un brin de sagesse clinique, le vétérinaire pourrait
mentionner l’état d’urgence s’il y a lieu, et coacher les clients en
conséquence.
Parfois, les gens regrettent leur décision parce qu’ils ont reçu des renseignements partiels
ou erronés. «Avoir su ceci ou cela, je n'aurais pas pris cette décision.» Donc,
selon le principe du consentement éclairé, les vétérinaires peuvent minimiser les
risques de regrets s’ils offrent la bonne quantité d'information. Les
vétérinaires ne peuvent pas fournir aux clients tout ce qu'il est possible de
savoir, car la quantité d'informations est presque infinie, et les recherches suggèrent
que trop d'information et trop d’alternatives peuvent accroître le sentiment d’anxiété
face à la décision finale. Ainsi, fournir de l'information requiert une
approche Goldilocks : ni trop peu, ni trop, juste la bonne quantité.
Bien sûr, le regret n'est pas en tout point négatif.
Il fait partie intégrante de notre vie. Les êtres humains sont imparfaits; nous
sommes toujours en train d’évoluer. Nous pouvons utiliser nos sentiments de
regret pour orienter nos décisions futures et nous aider à gagner en sagesse.
Nos animaux de compagnie semblent nous pardonner nos erreurs et nous aimer de
toute façon. Pour honorer leur mémoire, nous pouvons pratiquer l'auto-pardon.
Références :
-
Dawson, S. (2010). “Compassionate Communication,” in Handbook of Veterinary
Communication Skills, edited by Carol Gray and Jenny Moffett. Wiley-Blackwell,
2010.
-
MacNair, Rachel (2005). Perpetration-Induced Traumatic Stress: The Psychological
Consequences of Killing. iUniverse.
-
Watson K. (2014) Reframing Regret. Journal of the American Medical Association
311, 27-29.
Article d’origine (en anglais) : Psychology
Today, 16 août 2015, in
All Dogs Go to Heaven
---
(1) L’auteur est bioéthicienne et auteur. Ouvrages : The Last Walk: Reflections On Our Pets at the Ends of Their Lives (Chicago, 2012); Wild Justice: The Moral
Lives of Animals; Contemporary Bioethics: A Reader with
Cases; The
Ethics of Environmentally Responsible Health Care; and Morality Play: Case Studies in Ethics.
Parmi les sujets qu'elle explore sur la fin de vie des animaux : les animaux ont-ils conscience de la mort? Pourquoi l'euthanasie est-elle perçue plus acceptable et compatissante pour les animaux que pour les humain? Peut-il y avoir de bonnes raisons d'euthanasier un chien en santé? Pourquoi les gens sont-ils souvent plus profondément affectés par la mort de leurs animaux que celle des humains de leur entourage?
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Note, 13
juillet 2014
Après «Mark
Twain : guerre et civilisation» cet article est le plus fréquenté du
blogue. Le sujet touche une corde très sensible. Et pour cause. Car quand on
aime vraiment les animaux, ils prennent une place importante dans notre vie. S’en
séparer (quelle que soit la raison, comme le donner en adoption parce qu’on quitte
le pays par exemple) est une épreuve difficile. Un deuil c’est un deuil.
Voici quelques suggestions pour composer le mieux
possible avec ce deuil.
(Source : Care2)
«Donnez-vous la permission de décanter votre tristesse,
déclare Diane Snyder Cowan, directrice de Bereavement
Center for Hospice of the Western Reserve (Cleveland, Ohio). Exprimer votre
tristesse peut provoquer une libération cathartique. Beaucoup de gens ne
comprennent pas la douleur associée à la mort d'un animal de compagnie. Ils se
cachent leurs propres sentiments et adoptent l’attitude des gens qui disent ‘ce
n'est qu'un animal’. Leur souffrance est privée d’expression.»
Beaucoup de gens ont des relations complexes et profondes
avec leurs animaux de compagnie, ce qui peut rendre le deuil plus long et difficile.
Pour certains, leurs animaux de compagnie sont l'unique source d'amour et de réconfort
dont ils disposent, et les perdre équivaut à se retrouver tout à coup privés d’oxygène.
Parfois, la mort d’un compagnon animal peut aussi réveiller de vieilles peines non
résolues en rapport avec la mort de personnes chères.
«J'ai rencontré beaucoup de gens qui ont vécu des
deuils par rapport à personnes aimées, mais qui n’ont jamais cherché de support
thérapeutique avant la mort d’un animal de compagnie, dit Anne Cattarello (conseillère
spécialisée en deuil animalier, Boulder, Colorado). Il est difficile de
partager sa souffrance avec des gens qui ne comprennent pas et ne peuvent s’empêcher
de dire des platitudes comme : ‘tu n’as qu’à t’acheter un autre chat (ou
chien, etc.)’. Heureusement, il y a maintenant de l'aide communautaire disponible.
Les thérapeutes qui suivent une formation et organisent des groupes de soutien,
en personne ou en ligne, se multiplient.»
Alors, si vous vivez un deuil :
1. Partagez avec des personnes qui aiment les
animaux et qui ont déjà vécu cette épreuve.
2. Si quelqu'un vous dit «ce n'était qu'un chien»,
ne fuyez pas parce que vous êtes en colère et blessé. Répondez plutôt : «pour
moi, Sparky était plus qu'un animal».
3. Créez des rituels de deuil : plantez des
vivaces là où vous l’avez enterré ou placez une image encadrée sur votre table
de nuit ou le manteau de la cheminée.
4. Résistez à l'impulsion d’adopter un autre animal
trop tôt. Donnez-vous le temps de guérir avant de plonger tête baissée dans une
nouvelle relation importante avec un animal.
5. Comprenez que les enfants pleurent souvent par à-coups
– ils pleurent un peu, puis ils jouent beaucoup, et puis, ils pleurent un peu
plus. Donnez-leur l’espace et le temps nécessaires pour exprimer et comprendre
leurs propres sentiments.
6. N'oubliez pas que les animaux de compagnie sont
touchés aussi (et pleurent même!) quand ils perdent un des leurs. Donnez plus
de câlins à ceux qui restent et jouez un peu plus avec eux.
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Article de départ
Peut-être pourrez-vous voir le parallèle avec vos parents/amis en souffrance...
Raisons valables pour faire euthanasier un animal
Source : http://www.pet-informed-veterinary-advice-online.com/pet-euthanasia.html
(La
vétérinaire dresse le portrait complet de l’euthanasie pour animaux et des diverses procédures)
Voici une liste non exhaustive de motifs que je considère
valables pour faire euthanasier un chien, un chat ou tout autre animal de
compagnie.
L'animal a atteint la
phase terminale d'une maladie et aucun traitement médical ou chirurgical ne
peut le soulager ni l’aider :
Le soulagement de la douleur et de la souffrance est sans
doute la raison la plus fréquente pour euthanasier un animal de compagnie, puisque
les animaux vivent maintenant assez longtemps (tout comme nous) pour mourir
lentement de maladies chroniques, incurables et parfois douloureuses, comme le
cancer, l’insuffisance rénale ou cardiaque. Alors, les propriétaires doivent choisir
le moment où, par bonté, ils le feront euthanasier.
La décision d'euthanasier est appropriée lorsque l'animal souffre
à cause de sa maladie incurable et que les médicaments ne soulagent plus sa
souffrance. Exemples : anxiété due à une insuffisance cardiaque, graves
difficultés respiratoires dues à une maladie pulmonaire chroniques (p. ex.
cancer), tumeur cancéreuse qui grossit, lésions osseuses ou articulaires (p.
ex. cancer des os, arthrite grave), vomissements, diarrhées, douleurs
intestinales, ulcération causée par une insuffisance chronique rénale ou
hépatique. Dans ce genre de cas, il est beaucoup plus respectueux de libérer
l'animal de sa misère, plutôt que de le forcer à vivre jusqu'à ce qu'il finisse
par agoniser de ses souffrances.
L'animal souffre
d'une maladie grave auquel cas sa survie et la convalescence sont possibles,
mais la probabilité est minimale et l'animal pourrait passer par de grandes
souffrances si l'on tente de corriger le problème :
Contrairement aux êtres humains, les animaux sont incapables
de donner leur consentement à une intervention chirurgicale douloureuse, à de longues
périodes de convalescence, au stress de l'hospitalisation, à des interventions répétées
n’ayant qu’une faible probabilité de récupération. Il faut donc examiner la
question avec une grande attention. Les patients humains peuvent choisir jusqu’où
ils sont prêts à souffrir en dépit de la faible probabilité de guérison, et ils
disposent aussi d’une meilleure compréhension de ce que cela inclura : hospitalisation
prolongée, assistance respiratoire, médicaments induisant des nausées, et ainsi
de suite. Par contre, les animaux n'ont pas cette compréhension que nous, vétérinaires et propriétaires, avons; nous sommes ceux qui ont le pouvoir d’agir
en leur nom et dans leur intérêt. Parfois la douleur et la souffrance impliquées
en vue de la guérison ne valent simplement pas l'infime probabilité d’obtenir un
bon résultat. Il s'agit d'une raison valable pour mettre fins aux souffrances
d’un animal.
L'animal souffre d'une
maladie chronique nécessitant beaucoup de médicaments (p. ex. pilules et
injections), des séjours réguliers à l'hôpital et des tests et examens vétérinaires
fréquents pour la contrôler; mais l'animal, sur le plan comportemental et
émotionnel est mal équipé pour faire y face et trop stressé par
les procédures pour les répéter maintes et maintes fois durant le reste de sa
vie :
Comme mentionné dans la section précédente, les animaux de
compagnie ne peuvent pas donner leur consentement à tout ce que nous faisons
pour eux (chirurgie, chimiothérapie, thérapie du diabète). Certains animaux
atteints de maladies incurables telles que le diabète et l'insuffisance rénale
chronique deviennent si exaspérés d'aller à l'hôpital pour se faire piquer (tests sanguins, administration de
médicaments, etc.) qu'ils
deviennent très agressifs et le vétérinaire doit les endormir ou les anesthésier
à chaque fois. Parfois, je pense que ces conditions médicales chroniques
incurables, requérant beaucoup de soins pour essayer de sauver l'animal ne valent
pas la peine de leur infliger cet énorme stress.
L'animal a une
maladie chronique grave qui n’entraîne pas nécessairement la mort,
mais les médicaments ne calment ni sa douleur ni ne facilite sa
mobilité :
Certaines maladies chroniques n'entraînent pas la mort à court ou moyen terme, mais les douleurs sont
graves, chroniques, constantes et l’affaiblissent (par ex. incapacité de
se déplacer très loin, de se lever); ou alors il ne peut
maintenir son hygiène et sa dignité, de sorte qu'on on peut conclure qu'il n’a pas une
qualité de vie décente. Dans ces cas, l'euthanasie est une option valable.
Note de l'auteur
:
Les notions de «dignité» et de «qualité de vie», et leur importance par
rapport à l’animal, diffèrent d’un propriétaire à l’autre. Les facteurs qui
composent la «qualité de vie» d'un animal peuvent être loin de ce qui
constitue «la qualité de vie» d'un autre animal ou d’un humain. Plusieurs humains considèrent
qu’être aveugle ou sourd est pire que la mort, tandis qu’un chien ou un chat
peut très bien y faire face. Certains chiens se satisfont parfaitement de
pouvoir aller de la cuisine au séjour, tandis que d’autres chiens déprimeraient
s’ils étaient incapables de marcher autour du bloc ou de courir après une balle.
Certains propriétaires ne peuvent simplement pas supporter l’incontinence de
leur animal, tandis que d’autres acceptent ces accidents et n’ont
aucun problème à nettoyer les dégâts.
Le meilleur exemple est peut-être l'arthrite dégénérative.
L'arthrite n'est pas en soi une maladie mortelle (les jointures qui se
désagrègent et se calcifient ne tueront pas l’animal). Cependant, les conséquences
sont énormes et c’est un motif fréquent pour lequel les
propriétaires de chiens, notamment de grande taille,
sacrifient leur animal. L’animal arthritique souffre tout le temps. Ces animaux hésitent souvent à se déplacer et peuvent même devenir agressifs
à cause de la douleur chronique. Bien que cette dernière puisse être soulagée avec
des analgésiques, l'effet des médicaments est de moins en moins efficace au fur et à mesure que progresse la maladie. En plus
de cette douleur, la mobilité de l'animal est souvent gravement réduite.
Il ne peut pas très bien marcher parce que ses articulations sont soudées
et rigides; il déprime parce qu'il ne peut plus faire la fête et profiter des
choses qu'il appréciait (se promener, courir après des balles); il a souvent des
difficultés à se tenir sur ses pattes pour uriner et déféquer (l'animal se
souille et attire les mouches en été). Les propriétaires de chiens de grande taille
ont souvent de la difficulté à soulever leurs chiens pour les
nettoyer, ou à les emener dehors. Finalement, la souffrance et la
mauvaise qualité de vie font en sorte que les propriétaires choisissent
l’euthanasie.
Comment savoir s’il est
temps de faire endormir son animal :
Ce que vous voulez, c’est déterminer objectivement si l'état
de l’animal s'améliore ou empire, en créant une échelle de référence pour chaque
critère (par exemple une échelle de 1 à 5).
Quelques indices :
• Ses réactions à votre contact : votre animal réagit-il
lorsque vous l’appelez? Répond-il à vos caresses? Etc.
• Capacité de marcher : par exemple, l'animal marche bien ou
il marche quelques pas mais s’épuise rapidement ou il ne peut pas se lever du
tout, et ainsi de suite.
• L'animal a-t-il bien mangé aujourd'hui : notez les
calories et la quantité de nourriture consommées, et ainsi de suite.
• L'animal a-t-il de l’appétit : avale-t-il sa nourriture, est-il
capricieux ou sélectif, refuse-t-il de manger? Etc.
• Quelle quantité d’eau boit-il : mesurez la quantité d’eau
que l'animal boit en 24 heures.
• Élimination : notez le nombre de fois que l'animal urine, s'il défèque et la qualité des selles,
à chaque jour, etc.
• Poids de l'animal : pesez l'animal à chaque jour ou à chaque
semaine; perd-il du poids au fil du temps? Le poids est un important indice de son
état de santé.
• Les épisodes de douleur : il geint quand on le touche, il
halète tout le temps, il montre de l'agressivité, et ainsi de suite.
• Notez la fréquence et la durée des hospitalisations.
• La respiration au repos : chaque soir, quand l'animal est
au repos, notez le nombre de respirations par minute.
• Les signes de la maladie – aggravation ou amélioration : en
cas d’insuffisance cardiaque, par exemple, vous pourriez noter si l'animal tousse
plus que d’habitude (comptez les accès de toux); en cas d'arthrite vous
pourriez noter le degré de boiterie et le temps qu’il met pour «se réchauffer».
Votre animal passe
maintenant plus de temps à l'hôpital qu’à la maison :
Cela dépend évidemment de la maladie ou de la condition de
l'animal. Il y a beaucoup de maladies curables (même des graves) qui
nécessitent que l’animal passe beaucoup de temps à l'hôpital et en
allers-retours (par exemple certaines chirurgies requièrent de fréquents suivis).
C’est le cas des maladies chroniques et/ou terminales (insuffisance
cardiaque avancée, insuffisance rénale, pancréatite chronique, cancer). Ces
animaux doivent séjourner à l'hôpital, souvent à chaque semaine. Tôt ou tard, ces animaux malades finissent par être plus souvent à
l'hôpital qu'à la maison, et c'est excessivement stressant au plan émotionnel,
tant pour l’animal que le propriétaire.
L'animal en phase
terminale se retrouve à la clinique vétérinaire en raison d'une soudaine détérioration
aiguë :
Il n'est pas rare que les animaux souffrant de maladies graves,
chroniques et/ou terminales vivent des épisodes aigus de détérioration, ce qui
nécessite une visite d’urgence à la clinique vétérinaire la plus proche. Par
exemple, les animaux atteints de cancer arrivent aux cliniques
en état de choc et s'effondrent à cause de leurs énormes tumeurs;
les animaux atteints d'insuffisance cardiaque arrivent avec des
symptômes d’œdème pulmonaire (liquide dans les poumons) et en difficulté respiratoire;
les animaux atteints d’insuffisance rénale vomissent du sang; les chats souffrant d'hyperthyroïdie ou de maladie cardiaque
arrivent avec des embolies aiguës (des caillots de sang dans les pattes ou les
poumons causant une paralysie soudaine et une douleur aux membres postérieurs
et/ou une détresse respiratoire aiguë). Face à cette détérioration causée
par la phase terminale d’une maladie, il est plus compatissant de recourir à l’euthanasie au lieu d'imposer un traitement
médical agressif qui prolongera temporairement la vie jusqu'à la prochaine crise, peut-être fatale de toute façon.
L'animal n'a aucune
qualité de vie :
«Qualité de vie» est un terme subjectif, sujet à
interprétation, qui s'applique à plusieurs facettes de la vie d'un
animal, pas seulement à sa santé physique, mais aussi à sa santé
mentale. Un animal toujours malade qui mange à peine, perd du
poids, souffre en permanence, qui ne peut se tenir sur ses pattes, etc., n’a certes
pas de qualité de vie. De même, l’animal
toujours angoissé (un animal qui souffre d'anxiété de séparation ou
qui n’arrive pas à composer avec sa cécité) peut également être considéré comme
ayant une mauvaise qualité de vie.
Vous réalisez
que vous voulez garder l'animal en vie uniquement parce que vous ne voulez pas lui
dire adieu, non pas parce qu'il a une bonne qualité de vie :
N’ayez pas honte, ne vous sentez pas coupable si c’est votre
cas. C'est probablement la raison la plus courante pour laquelle les animaux de
compagnie qui devraient être euthanasiés ne le sont pas. Les animaux de
compagnie sont des membres importants de la famille. Dans de nombreux cas, ils
occupent une grande place dans notre vie (si un chat vit jusqu’à 25 ans, cela représente le tiers de la vie du maître, parfois plus).
Nous avons appris à compter sur leur présence autant que sur celle de n'importe
quel membre de la famille. Nous avons besoin d’eux. Il est difficile de dire au
revoir. Par contre, l’incapacité de lâcher prise d'un propriétaire ne devrait
pas être une raison valable pour prolonger la souffrance d'un animal. Une fois
que vous avez pris conscience que vous souhaitez garder votre animal en vie parce que
vous pensez être incapable de vivre sans lui, il est temps de lâcher prise. Faire
euthanasier un animal de compagnie est difficile, c'est un sacrifice personnel extrême,
mais c’est aussi un geste de miséricorde. Vous ne souhaiteriez pas qu’un membre
de votre famille aimé souffre de telle sorte.