9 septembre 2018

Se garder «une grosse gêne» plutôt qu’une «petite marge»

Pour certains partis, préserver l'environnement signifie plus de fracturation hydraulique, d’extraction de sable bitumineux et de shale, de production de gaz et de pétrole, plus de déforestation, de mines à ciel ouvert... des symboles forts de développement durable.

Intoxication langagière garantie au paradis artificiel des campagnes électorales... Voici un exemple hilarant cité par Olivier Niquet à La soirée est encore jeune. La candidate de la CAQ dans Champlain en Mauricie, Sonia LeBel, a déclaré : «Nous à la CAQ on est convaincus que la faune est une richesse naturelle, euh... c’est notre patrimoine québécois. Je me plais à dire que c’est notre Walt Disney collectif.» Hum... avec une p'tite larme pour Bambi, car selon le parti qui sera au pouvoir, notre Walt Disney collectif risque de disparaître comme par magie.

À voir (très drôle) Langue de boisFranck Lepage – Incultures. Ce militant de l’éducation populaire présente des spectacles, des conférences et des ateliers, notamment sur désintoxication du langage.
   «Vous avez besoin d’une dizaine de concepts opérationnels, c’est-à-dire de mots qui ne veulent strictement rien dire mais qui donnent l’impression de dire quelque chose. Là, je vous ai préparé une communication avec 17 mots, c’est pour les besoins du spectacle, c’est énorme. Vous n’avez jamais jamais besoin de ça, vous n’êtes pas là pour faire passer le maire pour un imbécile. Lui, il utilise à tout casser 5 mots ou 6 mots : vie associative, partenariat... Le préfet s’il est là, il utilise deux mots : république, sécurité...»


«Just watch them» : un jour c’est non, le lendemain c’est oui – en boucle. L’absence du PLQ, lors d’un débat sur l’environnement à HEC Montréal le 6 septembre, pourrait signifier que MM. Couillard et Moreau ont compris qu’il est futile de faire des promesses quand les dés sont pipés.

Hydrocarbures : «Il faut se garder une petite marge»

Alexandre Shields et Marco Bélair-Cirino
Le Devoir | 7 septembre 2018

Après avoir nié pendant plusieurs mois son intention d’ouvrir la porte aux forages pétroliers et gaziers dans les cours d’eau du Québec, le gouvernement Couillard admet finalement que la chose sera bel et bien possible. La Coalition avenir Québec (CAQ) se montre elle aussi favorable aux projets dans les lacs et les rivières.
   Interpellé lors d’un arrêt de son autobus de campagne à Longueuil, jeudi, le premier ministre Philippe Couillard n’a pas écarté la possibilité de voir des entreprises pétrolières ou gazières effectuer des forages dans un cours d’eau «pour des raisons spécifiques, dans des endroits spécifiques».
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   Le ministre avait également publié, à la mi-août, une lettre dans Le Devoir intitulée «Nos lacs et nos rivières ne sont pas ouverts aux pétrolières». Le gouvernement a aussi publié, le 17 août, un communiqué coiffé d’un titre qui stipulait ceci : «Québec dit non aux hydrocarbures en milieu hydrique».
   En théorie, cela devait marquer un virage complet dans la position du gouvernement, qui avait décidé d’ouvrir les cours d’eau aux projets des pétrolières et des gazières dès la première version des projets de règlements de la Loi sur les hydrocarbures, publiée en septembre 2017.
   La réglementation élaborée par le gouvernement Couillard, et qui entrera en vigueur d’ici 15 jours, fixe finalement des règles détaillées pour ouvrir la porte à l’exploration et l’exploitation d’énergies fossiles dans les lacs et les rivières du Québec.
   La Coalition avenir Québec se montre elle aussi favorable à ces opérations dans les cours d’eau. « Pour les forages conventionnels dans des cours d’eau, nous estimons que la science a su démontrer qu’on peut atténuer les risques », a ainsi soutenu le porte-parole de la CAQ, Ewan Sauves, jeudi, en réponse aux questions du Devoir.
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53 000 km² couverts par les permis d’exploration
Dans un texte commun, plusieurs groupes environnementaux ont aussi dénoncé cette porte ouverte aux forages en milieux hydriques. La porte-parole de la Coalition Eau Secours, Alice-Anne Simard, a rappelé que la liste des cours d’eau formellement hors d’accès pour les entreprises pétrolières et gazières ne compte que 16 noms.
   «Il est essentiel de rappeler que le Québec possède sur son territoire près de 3,6 millions de lacs, étangs et mares, alors que les ruisseaux et les rivières se comptent par dizaines de milliers. Protéger uniquement seize cours d’eau navigables quant aux forages pétroliers et gaziers n’est nettement pas suffisant pour assurer la protection de notre ressource la plus précieuse», a-t-elle fait valoir.
   Les permis d’exploration d’hydrocarbures couvrent plus de 53 000 km² du territoire québécois. La carte officielle de ces permis permet de voir que les lacs et les rivières de plusieurs régions pourraient être ciblés par les entreprises détentrices de permis.

Article intégral :

Le Canada loue les terres de la couronne, entre autres en Alberta, à des investisseurs pétroliers depuis le début du 20e siècle – dote d’un mariage pour l’éternité. L’Alberta est peu à peu devenue une vache à pétrole que les grandes pétrolières tèteront jusqu’à la dernière goutte, entre autres Koch Industries qui détient 294 concessions de la couronne, soit près de 2 millions d’hectares; c’est le plus grand investisseur étranger (comme par hasard américain) en Alberta. Le Canada est néanmoins polygame – d’autres pétrolières ont mis du cash dans le trou puant, dont plusieurs investisseurs chinois, ça s’entend. Le Québec est sous l’emprise du même système (1).


«Quand M. Harper disait : ‘Nous ne pouvons rien faire pour réduire les émissions de gaz parce que cela va détruire l'économie’, il élevait l'économie au-dessus de cet air même qui nous tient en vie. C'est suicidaire!»
~ David Suzuki, 2015

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De Bangkok à San Francisco en passant par Bruxelles, des dizaines de milliers de personnes ont pris part à des marches samedi dans de nombreuses villes à travers le monde, pour exiger des gouvernements qu'ils agissent enfin sérieusement contre le dérèglement climatique, en pleine préparation de la COP 24.

Photo : Sébastien Salom Gomis, AFP. Plusieurs personnes se sont regroupées à Nantes, dans l'ouest de la France, pour sensibiliser la population face au dérèglement climatique.

L’incompatibilité du capitalisme avec la vie
Lorna Salzman | Counter Currents | Le 26 mai 2018

«Pouvez-vous penser à n'importe quel problème dans n'importe quel domaine de l'activité humaine à n'importe quelle échelle, du microscopique au global, dont la solution à long terme serait de nouvelles augmentations de population, localement, nationalement ou mondialement?» ~ Al Bartlett

Al Bartlett n'est plus avec nous, mais sa sagesse persiste. Cette citation arrive à un moment où les économistes et les gouvernements se bousculent pour s'attaquer au fait que dans le monde civilisé occidental, la population s'est stabilisée et est en dessous de son niveau de remplacement dans de nombreux pays.
   Pour les gens qui ont un cerveau c'est une bonne nouvelle, le seul exemple qui existe encore. Pour ceux qui ont une fixation sur la croissance de la production et de la consommation, c'est inquiétant. Cela vous montre à quel point ces gens sont ignorants et malicieux, car ils misent sur un processus qui ne peut qu'accélérer l'effondrement total des écosystèmes et des sociétés du monde.
   Les projections d'un monde de 15 milliards de personnes en 2050 est bien sûr totalement absurde, parce que bien avant cette date beaucoup de gens vont mourir (contribuant ainsi par inadvertance au contrôle de la population). À l'heure actuelle, on estime à 22 millions le nombre de réfugiés dans le monde, ce qui est probablement une sous-estimation si l'on inclut les personnes qui vivent au bord de la famine mais qui, pour diverses raisons, n'ont pas pu se déplacer ailleurs. Ils mourront probablement avant de pouvoir bouger, et les refuges pour eux continueront à diminuer.
   Il est alarmant et stupéfiant de constater, en lisant sur les économies, la mondialisation, le libre-échange et les questions connexes, que ceux qui font des déclarations sur la nécessité d'une croissance économique accrue, les travailleurs et les consommateurs, n'ont pas changé d'un iota leur point de vue ou leurs revendications. Même les blogs, les revues et les journaux les plus progressistes et les mieux informés ne parlent que de l'inégalité économique, de la cupidité des entreprises, du 1% des riches et de la pauvreté, on ne fait presque JAMAIS référence aux crises mondiales du changement climatique et à la biodiversité, encore moins aux séquelles : maladie, famine, sécheresse et effondrement de l'agriculture (principalement en raison du manque d'eau pour l'irrigation). Seuls les blogs comme Post Carbon et Cassandra mettent les choses au clair. Lisez Dissent, The Nation et tous les autres – vous n’aurez pas la vérité.
   On ment au public, aux citoyens du monde entier. On nous trompe. Intentionnellement. Quiconque se donne la peine de faire des recherches sérieuses auprès de sources crédibles le comprendra immédiatement. La raison est simple : le capitalisme. La seule chose qui peut sauver l'humanité, ou plutôt le monde technologique développé, est une dévolution rapide, loin du capitalisme. Le capitalisme n'est pas compatible avec la préservation des humains ou de la planète, pas plus que la religion ne l'est avec la science (une autre tromperie favorite).


Le capitalisme n'est pas seulement le profit. C’est la croissance. Le capitalisme respire et vit par la croissance. Sans expansion de la production et de la consommation, le capitalisme s'effondre. Et avec de l'énergie bon marché, il croît, d'où l'opposition à une taxe sur le carbone et à des prix plus élevés qui freineraient la consommation. Il n'y a pas de marge de manœuvre. Le choix entre la vie et le capitalisme deviendra plus clair de jour en jour. L'incompatibilité deviendra évidente pour les plus sceptiques qui sifflent dans l'obscurité et espèrent une énergie renouvelable deus ex machina.

Les écrits de Richard Heinberg de l'institut Post Carbon https://www.postcarbon.org/ et d'Ugo Bardi du projet Cassandra http://www.cassandra-project.eu/ disent les choses telles qu’elles sont. Nous devons écouter et réveiller les gens.

Counter Currents

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Entrevue avec le biologiste et explorateur Jean Lemire (série 1000 jours pour la planète) à l’émission «Faites du bruit», 20h18 / 20h45 :

Lemire suggérait d’écouter intégralement l’entrevue avec Nicolas Hulot sur France TV Info. Une sorte de panorama sur l’impuissance des scientifiques et des écologistes face au pouvoir politique / lobbyiste. Son geste porte fruit...


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Selon Nestlé, dénoncer l’esclavage pourrait faire gonfler les prix des produits


“Nestlé, one of the world’s largest food and drink companies, has warned proposed legislation requiring big business to report on their efforts to combat modern slavery could hit consumers’ hip pockets.
   Companies operating in Australia with an annual turnover of $100 million or more would be required to annually report on the risks of modern slavery within their business and the actions they’ve taken to address those risks under the federal government’s draft Modern Slavery Bill 2018.”


5 Things Nestlé Doesn’t Want You To Know


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(1) L’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) regroupe des entreprises privées dont certaines n'ont pas de permis d'exploration. «Y'a du monde à messe», comme on disait au Québec dans les années 50.

Entreprises membres les plus connues  
Junex Place d'affaires : Québec. Source de financement : deux ex-employés de la SOQUIP et la Caisse de dépôt et placement du Québec par l'entremise de Gestion Sodemex. Territoire visé : basses terres, Gaspésie, estuaire du Saint-Laurent. À noter : Junex détient près de la moitié de tous les permis émis par le gouvernement.
Intragaz exploration Place d'affaires : Trois-Rivières. Source de financement : Gaz métro et GDF (France) à titre de commandité, et la Société québécoise d'initiatives pétrolières (SOQUIP), une filiale de la société d'État SGF (Société générale de financement du Québec) à titre de commanditaire. Territoire visé : basses terres.
Gastem Place d'affaires : Montréal. Principale source de financement : Ontario. Territoire visé : basses terres, Gaspésie, golfe du Saint-Laurent.
Talisman Energy – Place d'affaires : Calgary. Principale source de financement : Computershare Trust Company of Canada (Alberta) qui contrôle également Corridor Ressources et Questerre Energy. Territoire visé : basses terres.
Corridor Ressources Place d'affaires : Calgary. Principale source de financement : Computershare Trust Company of Canada (Alberta). Territoire visé : estuaire du Saint-Laurent, golfe du Saint-Laurent.
Questerre Energy Place d'affaires : Calgary. Principale source de financement : Computershare Trust Company of Canada (Alberta). Territoire visé : basses terres.
Pétrolympia – Place d'affaires : Montréal. Principale source de financement : Petrolympic (Ontario), qui est détenu par des intérêts américains. Territoire visé : basses terres, Gaspésie.
Pétrolia Place d'affaires : Rimouski. Principale source de financement : Pilatus Énergie (Suisse), sous la présidence d'intérêts des Émirats arabes unis. Territoire visé : Gaspésie, estuaire du Saint-Laurent
Molopo Place d'affaires : Montréal. Principale source de financement : l'Alberta, avec des intérêts australiens et américains. Territoire visé : basses terres, Bas-Saint-Laurent.
Altai ressources Place d'affaires : Toronto. Principale source de financement : au porteur. Territoire visé : basses terres.

Entreprises non-membres  
Sky Hunter Exploration, Alberta; Suncor Energy, Fort McMurray, Alberta (a fusionné certaines de ses activités avec Pétro-Canada en mars 2009); Mac Oil Spa, Italie; Mundiregina ressources Canada, Ontario; Abba Québec ressources (appartient à Mundiregina ressources Canada.); Canadian Quantum energy corporation, Ontario et Alberta; Greencastle Ressources, Ontario; Les mines J. A. G.; Marzcorp Oil & Gas, Ontario (avec des investisseurs de la Gaspésie); NJ & Exploration, Québec; Ressources & Énergie Squatex, Québec; Ressources Vantex, Québec (entreprise liée à Ressources minières Vanstar); Softrock Minerals; Alberta Stelmine Canada, Ontario, États-Unis et Québec; Transamerican Energy, Colombie-Britannique;  X-Terra Ressources Corporation, Colombie-Britannique.   

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