3 septembre 2018

Coupables d’être «verts»

«Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et d'autres agences gouvernementales considèrent toute opposition à l'industrie pétrolière comme une ‘menace à la sécurité nationale’». (Loi antiterroriste C-51, adoptée sous la gouvernance du parti conservateur de Harper»; La Presse, 12 août 2015)

Pourtant il ne s’agit pas d’une lutte à finir entre Terroristes Verts et Terroristes Bruns, le but des revendications écologiques est simplement d’éviter l’hécatombe, le suicide collectif – toutes espèces confondues.

L’animal humain au cours des derniers siècles est devenu un pollueur extrême. Motivé par la peur, la vanité, la paresse, l’appât du gain et la volonté de pouvoir, il a eu tout le loisir d’explorer et d’expérimenter la violence engendrée par ses instincts grégaires.
   Il y a plus de 50 ans, les écologistes cherchaient à susciter un éveil, une vision plus consciente de l’interdépendance entre les êtres vivants, une réflexion sur les activités humaines destructrices. Fallait-il suivre les valeurs prônées par une société excessivement matérialiste et égocentrique?
   Aujourd’hui, l’état d’urgence ne laisse plus de place à la tergiversation. Les industries ont saccagé les forêts, les déserts, les jungles, les océans, les régions polaires. Qu’avons-nous gagné? Devons-nous laisser le massacre se poursuivre au nom de la croissance économique? Allons-nous échapper au suicide collectif?

J’ai écrit cette intro d’article en fin de semaine en pensant au documentaire Black Hole réalisé par João Dujon Pereira (2016) :  
https://www.blackholemovie.com.au/synopsis

C'est le même combat qu'au Dakota avec Keystone XL et qu'en Colombie Britannique avec Trans Mountain / Kinder Morgan.

Ce film retrace les 965 jours de blocus contre la mine de charbon de Maules Creek dans le bassin de Gunnedah, en Australie, exploitée par la compagnie Whitehaven Coal. La mine a vu le jour grâce à des manœuvres de corruption politique, en dépit des années de protestation dénonçant la destruction de Leard State Forest où se trouve la mine, la destruction des sites culturels autochtones de Gamilaray et les impacts sur la santé des communautés environnantes. C’est une histoire de résistance, de persévérance et d'activisme politique pour empêcher de puissantes entreprises de détruire le monde naturel qui nous soutient, pour préserver la terre, l'eau et l’air. Un documentaire choquant et triste.

Les militants ont été battus par les agents de sécurité – alors qu’aucun d’eux n’était armé. Ils ont été emprisonnés pour désobéissance civile et un militant des Premières Nations a même été tué. Coupables d'être «verts».

If the activists were the bad guys why would they let their lives be threatened by Whitehaven Coal to protect their land, water and air?   

“February the 15th marks what will be an act of ecological vandalism and economic stupidity, smashing down the critically endangered Laird State Forest and destroying the habitat of at least 396 species of plants and animals. The only thing that is standing there preventing this intergenerational theft is the community. And I really want to pay respect today and give absolute encouragement to the people who’ve prepared to be in Maules Creek and put themselves on the line.” ~ Christine Milne, Leader of the Australian Greens (at the time / 2012-2015); during a Parliament session

Justin Trudeau et son pipeline

Ça fait des décennies que les scientifiques, les biologistes et les écologistes expliquent en long et en large pourquoi il faut freiner la production d’énergies fossiles. Des drapeaux rouges, il y en a des tonnes. Mais le message ne passe pas.

Le concours de promesses électorales va bon train, alors il me fait énormément plaisir de reproduire ce cri d’alarme :

«Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité» : l’appel de 200 personnalités pour sauver la planète

LE MONDE | 03.09.2018 à 06h43 • Mis à jour le 03.09.2018 à 18h07 | Par Collectif

D’Alain Delon à Patti Smith, tous ont répondu à l’appel de Juliette Binoche et de l’astrophysicien Aurélien Barrau pour une action politique «ferme et immédiate» face au changement climatique.

Tribune. Quelques jours après la démission de Nicolas Hulot, nous lançons cet appel : face au plus grand défi de l’histoire de l’humanité, le pouvoir politique doit agir fermement et immédiatement. Il est temps d’être sérieux.

Nous vivons un cataclysme planétaire. Réchauffement climatique, diminution drastique des espaces de vie, effondrement de la biodiversité, pollution profonde des sols, de l’eau et de l’air, déforestation rapide : tous les indicateurs sont alarmants. Au rythme actuel, dans quelques décennies, il ne restera presque plus rien. Les humains et la plupart des espèces vivantes sont en situation critique.

Pas trop tard pour éviter le pire

Il est trop tard pour que rien ne se soit passé : l’effondrement est en cours. La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent. Mais il n’est pas trop tard pour éviter le pire.

Nous considérons donc que toute action politique qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible.

Nous considérons qu’un gouvernement qui ne ferait pas du sauvetage de ce qui peut encore l’être son objectif premier et revendiqué ne saurait être pris au sérieux.

Nous proposons le choix du politiqueloin des lobbys – et des mesures potentiellement impopulaires qui en résulteront.

C’est une question de survie. Elle ne peut, par essence, pas être considérée comme secondaire.

De très nombreux autres combats sont légitimes. Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.

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