Lisez attentivement
le texte choc de Fred Vargas (réputée auteure de polars) publié il y a une
dizaine d’années. Puis, découvrez comment les deux partis dominants, le PLQ et
la CAQ, méprisent la «question de l’urne» : l’environnement.
Je crois que de nombreux Québécois ont pris
au sérieux les alertes et fait des efforts concrets pour réduire leur propre
consommation, recycler ce qui peut l’être, etc., et changer modestement, sinon dramatiquement,
leur mode de vie en conséquence. Mais, si leurs efforts ne sont pas appuyés par
des décideurs réellement concernés par la gravité de la crise et du peu de
temps dont nous disposons pour agir, c’est quasiment peine perdue.
Nous y sommes!
Par Fred
Vargas
Depuis
cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie
de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul
l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui
fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités
d'insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous», entendons un
quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit
la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans
l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons
mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons
éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on
marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie,
créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. On a réussi
des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la banquise,
glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf
Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer
des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement
on s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer,
tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis
lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. À la
Troisième Révolution.
Qui a
ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la
Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. «On est
obligés de la faire, la Troisième Révolution?» demanderont quelques esprits
réticents et chagrins. Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne
nous a pas demandé notre avis.
C'est la
mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec
elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous
ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum
est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des
fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et
d'ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi.
Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix. On s'exécute
illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns,
un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la
croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut
jamais.
Nettoyer
le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le
nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix,
contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la
nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à
voile, laisser le charbon là où il est (attention, ne nous laissons pas tenter,
laissons ce charbon tranquille), récupérer le crottin, pisser dans les champs
(pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est
quand même bien marrés). S'efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser
avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec
l'Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième
Révolution. Pas d'échappatoire, allons-y. Encore qu'il faut noter que récupérer
du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité
foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce
n'est pas incompatible. À condition que la paix soit là, à condition que nous
contenions le retour de la barbarie une
autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.
À ce
prix, nous réussirons la Troisième révolution. À ce prix nous danserons, autrement
sans doute, mais nous danserons encore.
~~~
Le Parti
libéral du Québec et la Coalition avenir Québec sont ouvertement ancrés dans le
néolibéralisme à la Reagan/Thatcher. Depuis des décennies, les libéraux vendent
les ressources du territoire québécois aux industries qui exploitent sans
vergogne les énergies fossiles et l’eau, et si les caquistes sont élus ils
poursuivront dans la même veine. Les électeurs font donc face à des choix difficiles.
Par exemple, un électeur en faveur de la protection de l’environnement mais qui
n’est pas indépendantiste ne voudra pas voter pour le Parti québécois ou Québec
solidaire. Et l’électeur anti déforestation et exploitation des ressources ne
voudra pas voter pour le PLQ ou la CAQ. Méchante impasse, non?
RAD : La décroissance, qu'en pensent les partis? | Élections Québec 2018
Quelle
est la position des différents partis sur la décroissance? Olivier Arbour-Masse
analyse le tout et présente le plan des libéraux en matière d'environnement. (Vidéo
du 26 septembre 2018)
L'engagement de la Coalition avenir Québec
aura tenu sept jours
Un texte
de Thomas Gerbet, avec la collaboration de Piel Côté
De
passage en Abitibi-Témiscamingue, le chef de la CAQ, François Legault, a
déclaré à un journaliste local qu'il ne veut pas augmenter les redevances sur
l'eau. Pourtant, la semaine dernière, son candidat François Bonnardel avait
affirmé le contraire à la presse nationale.
Article
intégral :
Caricature : de notre génial
Serge Chapleau, La presse, 25.09.2018.
La licorne bleue ou la «main invisible» nous sauvera, c'est sûr!
Notions de politique environnementale pour
débiles profonds
Philippe
Couillard estime que l’économie doit passer devant la protection de
l’environnement. S’il faut saccager le territoire québécois au complet pour
créer quelque 60 000 emplois, il le fera. «Si
on peut améliorer ce qu'on fait en protection de territoire sans nuire à
l'emploi régional, certainement, on est intéressé à le faire; mais je vais être
très clair sur la priorité que je donne à l'emploi forestier», a-t-il déclaré.
De sorte que pour réduire les GES, il s’attaquera aux pailles de plastique des
bars et des restaurants et modernisera les centres de tri de recyclage – mais
il rasera les forêts!
Il a aussi déclaré : «Ce qui m’irrite vraiment dans le discours
[environnemental], c’est qu’on dit : “Vous vous trouverez d’autres
jobs.” Ah oui? Quels jobs? … C’est vrai qu’on développe de meilleurs
emplois au Québec liés à la technologie verte, mais le gars de 55 ans qui
conduit un camion chez nous, pour lui, qu’est-ce qu’on va faire? Quelle
explication on va lui donner quand son emploi est menacé?»
Il nous prend pour des imbéciles. On sait
que les lobbyistes et les investisseurs étrangers ont complète mainmise sur le
Québec et que les élus ne mordront jamais la main qui les nourrit.
Les écologistes abasourdis par les propos de
Couillard
Un texte
de Jean-Thomas Léveillé
La Presse
| Le 24 septembre 2018
Les principaux mouvements écologistes
québécois dénoncent à l'unisson les propos tenus par Philippe Couillard sur
l'environnement, lors d'une entrevue éditoriale à La Presse.
Le chef libéral a affirmé que la réduction des émissions de gaz à effet
de serre (GES) ne devait pas se faire au détriment de l'économie, se disant
irrité de voir le mouvement écologique «minimiser les conséquences sociales de
leurs actions», rapportait La Presse, samedi.
«Il n'y a plus personne qui oppose
l'économie et l'environnement comme il l'a fait», s'est étonné le directeur
général pour le Québec et l'Atlantique de la Fondation David Suzuki, Karel
Mayrand.
«L'économie du Québec se porterait mieux»,
même, si les groupes environnementalistes avaient été davantage écoutés,
renchérit Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez
Greenpeace Canada.
[...]
«C'est si on ne fait rien qu'on aura les
plus grosses pertes d'emploi», ajoute Patrick Bonin, qui rappelle que le Parti
libéral était la seule formation politique absente du Sommet pour une
transition énergétique juste, qui s'est tenu en mai dernier au Palais des
congrès de Montréal.
Karel Mayrand estime que Philippe Couillard,
mais aussi François Legault, tiennent un «double discours» sur la question de
l'emploi.
«Quand
c'est le temps de faire des accords de commerce internationaux, ils disent que
c'est correct de perdre des emplois, car on en gagne ailleurs», dit-il,
ajoutant que ce devrait être vrai en environnement aussi.
Article
intégral :
Caricature :
Dave Granlund. Options de design architectural pour
les régions côtières...
Aux portes du futur enfer nordique
Québec permet la destruction gratuite de
l'environnement au nord du 49e parallèle
Un texte
de Thomas Gerbet
ICI
Radio-Canada Info | Le 27 septembre 2018
Photo :
Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau. En
tout, 78 % des milieux humides et hydriques de la province sont situés dans les
régions du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord. [Ndlr : La Rivière
Moisie (innu-aimun : Mishta-Shipu, la grande rivière) est la rivière au volume
le plus important le long de la moyenne Côte-Nord du fleuve Saint-Laurent. Sa
vallée profonde et accidentée est couverte d'épinettes, de sapins, de bouleaux,
de trembles et de pins. C'est l'une des meilleures rivières à saumons et à
truites de tout l'Est de l'Amérique du Nord. La Compagnie de la Baie d'Hudson (NRDC
USA) possède un poste de traite dans le village de Moisie. Pour mémoire :
l'appropriation des territoires a commencé au tout début de la colonisation, avec
notamment la HBC (Hudson’s Bay Company) créée à Londres en 1670; elle a été vendue
en 2008 à la compagnie américaine NRDC Equity
Partners, un fonds américain d'investissement privé. D’après vous, avec qui
faudrait-il négocier la préservation de nos écosystèmes?]
Un
nouveau règlement, entré en vigueur le 20 septembre, suscite l'étonnement chez
des fonctionnaires, des juristes, des scientifiques et des
environnementalistes. Au nord du 49e parallèle, le gouvernement du Québec
permet la destruction de milieux humides et hydriques sans exiger de
compensation par de l'argent ou des travaux, ce qui pourrait aller à l'encontre
de l'objectif de la loi.
En théorie, le nouveau Règlement sur la
compensation pour l'atteinte aux milieux humides et hydriques impose une
contribution financière pour les initiateurs de projets qui détruisent ou
abîment des étangs, des marais, des marécages, des tourbières, des plaines
inondables, des ruisseaux ou des rivières. Dans certains cas, ce paiement peut
être remplacé par des travaux pour restaurer ou recréer le milieu naturel.
Mais ce règlement, signé par la ministre de
l'Environnement, Isabelle Melançon, ne s'applique pas au nord du 49e parallèle,
là où l'on retrouve la majeure partie des milieux humides et hydriques du
Québec. [...]
En fait, la zone exemptée rappelle le
territoire d'application du Plan Nord des libéraux.
Par ailleurs, le territoire des réserves
autochtones situées au nord du 49e parallèle n'est pas non plus soumis aux
exigences de compensation, contrairement à la première version du projet de
règlement présentée en mai. [...]
L'an dernier, les députés de l'Assemblée
nationale du Québec ont donc voté à l'unanimité la Loi concernant la
conservation des milieux humides et hydriques qui se donne comme objectif de
n'avoir «aucune perte nette» de ces milieux dans la province. Dans toute la province.
Des fonctionnaires nous ont fait part de
leur surprise en découvrant, quelques mois plus tard, que le règlement sur
l'application de la loi excluait le nord du 49e parallèle.
«En excluant ainsi le Nord, le règlement ne
permet pas l'atteinte de l'objectif de la loi de zéro perte nette à l’échelle
du Québec», analyse l'avocate Prunelle Thibault-Bédard, présidente du conseil
d'administration du Centre québécois en droit de l'environnement. [...]
Les
milieux humides comme les tourbières sont extrêmement utiles pour capter et
séquestrer le carbone, ce qui contribue à réduire de façon naturelle la
présence des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Une étude de 2015, financée par le
gouvernement, révélait que 95 % du carbone stocké dans les tourbières et les
forêts du Québec se situe au nord du 49e parallèle.
Le nord du 49e renferme plus de 200 000 km2
de forêts commerciales. Les grands sites d'épinettes noires sont généralement
situés sur des milieux humides. Cette région compte aussi une quinzaine de
mines actives et autant de projets en développement. La production
hydroélectrique est une autre cause de disparition de milieux humides et
hydriques.
En
consultant le registre des lobbyistes du Québec, on réalise que plusieurs
pressions se sont exercées sur le ministère de l'Environnement dans le cadre de
la préparation de ce règlement. L'Institut de développement urbain du
Québec, les professionnels de la construction et de l'habitation, les
producteurs de canneberges, les producteurs de tourbe et l'Association minière
du Québec (AMQ) se sont fait valoir, parmi d'autres.
Le
registre indique que les représentants des compagnies minières ont demandé à
être exemptés d'une partie de la réglementation.
Selon plusieurs environnementalistes, les
plans de restauration des compagnies minières ne remplacent que partiellement
la valeur des milieux naturels détruits.
«Ça ne tient pas la route», réagit Henri
Jacob, président de l'Action boréale. «Le
gouvernement est en train de nous dire que dans le Nord, il pourrait y avoir un
immense trou, parce qu'il y en a en masse des milieux humides et hydriques.
C'est la pensée des années 1950.»
Article
intégral :
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La boussole électorale – Élections 2018
Vox Pop
Labs, en partenariat avec Radio-Canada
Par Naël
Shiab | Le 24 septembre 2018
ENVIRONNEMENT
Interdire l'exploitation des hydrocarbures?
Taxer les automobilistes?
Nous
avons analysé et pondéré les réponses de 150 354 utilisateurs de la Boussole
électorale.
– La
vaste majorité des utilisateurs (75 %) souhaite des normes environnementales
plus sévères, même si cela se traduit par une hausse des prix au quotidien.
Résultats :
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Citations du jour
Bouchon
de circulation québécois
«Ces moteurs qui ont fait de l'homme un
crétin à roulettes et de la planète un garage criblé d'autoroutes.» ~ Jacques Sternberg (Vivre en survivant, p.82, Éd. Tchou)
Les chars
d’assaut de l’exploitation minière
«Laissons
faire, c'est un plaisir de faire sauter l'ingénieur avec son propre pétard :
j’aurai du malheur si je ne parviens pas à creuser d’un mètre au-dessous de
leur mine, et à les lancer dans la lune.» ~ William Shakespeare (Hamlet)
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