30 septembre 2018

Finie la parade des candidats!

Qu’y a-t-il derrière les masques des candidats? On se le demande. En tout cas, les attaques et les coups bas étaient loin d’être édifiants (1).


Sachant que les politiciens ne prennent des décisions qu’en faveur des intérêts privés nous devrons encore subir des déclarations contradictoires du genre «nous avons l’intention de réduire les GES tout en poursuivant l’exploitation gazière/pétrolière du sud au nord du Québec». Le Quotient Environnemental de nos génies en herbe est si bas, que je parie qu’ils ne savent même pas ce que veut dire «Roundup» et néonicotinoïdes. Sinon il y a longtemps qu’ils les auraient totalement interdits.

Une cartomenteuse disait à un client :
Jusqu’à l’âge de quarante ans, vous vivrez dans la misère et la solitude.
Et après?
Vous y serez habitué!

Ma foi, c’est ce que vit notre pauvre Dr Couillard : «Je n’ai pas un sou à l’extérieur du Québec. J’en ai à peine assez pour mes prochaines années», a-t-il déclaré.
Tout est relatif...
   Philippe Couillard possède des avoirs nets de 441 919 $. De plus, il est propriétaire avec sa conjointe d’une résidence à Saint-Félicien, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Sa participation à 50 % dans cette demeure vaut 245 000 $. Sa conjointe, Suzanne Pilote, a déclaré des avoirs nets de 1,009 million de dollars en date du 31 décembre 2017. Outre la propriété conjointe de la résidence de Saint-Félicien, elle possède un condominium à Québec (103 500 $), un immeuble locatif à Roberval (175 000 $) et une résidence secondaire à Mashteuiatsh (110 000 $). S’il ne divorce pas, son épouse peut lui éviter le CHSLD et lui assurer une retraite dorée.
   Quant à François Legault (chef de la CAQ) ses actifs financiers sont évalués à 9,966 millions de dollars et il possède une propriété évaluée à plus de 4,5 millions de dollars. Il serait étonnant qu’il finisse ses jours dans un des CHSLD de luxe qu’il se propose de faire construire.

Source des données financières :

Bref, nous n’avons pas fini d’entendre des paradoxes à grimper dans les rideaux.
«Vous avez besoin d’une dizaine de concepts opérationnels, c’est-à-dire de mots qui ne veulent strictement rien dire mais qui donnent l’impression de dire quelque chose. Là, je vous ai préparé une communication avec 17 mots, c’est pour les besoins du spectacle, c’est énorme. Vous n’avez jamais, jamais, besoin de ça, vous n’êtes pas là pour faire passer le maire pour un imbécile. Lui, il utilise à tout casser 5 mots, 6 mots : vie associative, partenariat... Le préfet, s’il est là, utilise deux mots : république, sécurité...» ~ Franck Lepage (Langue de bois)
À voir ou revoir :

Amusez-vous avec des amis à imiter Franck Lepage. Inscrivez une vingtaine de mots (v. liste ci-après) sur des cartons, pigez au hasard et brodez un mini discours électoral à tour de rôle. Des heures de plaisir.
   Le dictionnaire politique recèle quantité d’expressions-clé, que l’économiste Ianik Marcil appelle métaphores et trompe-l’œil. Quelques exemples (ordre alphabétique) :
acceptabilité sociale; angoisse fiscale; ascenseur social; assainir les finances; austérité; bulle spéculative; capital humain; changement; citoyen corporatif, classe moyenne; création de richesse; crises économiques; croissance; déficit zéro; délocalisations / relocalisations; équilibre budgétaire; externalités négatives; fiscalité créative; fleurons de l’économie; gratuité; gestion de l’offre; inflation; influenceurs; libre-échange; loi de l’offre et de la demande; mobilité de la main-d’œuvre; modernisation de l’État; optimisation fiscale; partenariat public-privé; payeur de taxes; solidaires; valeurs; vraies affaires; zone de turbulence.
   «... les détournements du discours économique et politique masquent les rapports de pouvoir en jeu et les conséquences néfastes de notre activité économique. Des stratégies rhétoriques sont sciemment utilisées par les détenteurs de pouvoir afin d’enfumer la population et éviter qu’elle puisse imaginer possible un monde différent. Le recours à ces stratégies ne résulte pas d’un vaste complot ourdi par les politiciens, les grands patrons et les dirigeants des organisations internationales : elles sont nécessaires à la perpétuation du statu quo et assurent la pérennisation du rôle social de tous et de toutes. Nommer le réel en modifie notre perception et, ce faisant, oriente les choix que nous faisons pour le transformer ou le laisser en l’état.» (Ianik Marcil, Avant-propos, p. 7)

Source : Les passagers clandestins, Métaphores et trompe-l’œil de l’économie, Éditions Somme toute, 2016. Un livre à étudier pendant les quatre prochaines années...

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Peu

«Tournoyer. Jusqu'à se perdre. Une question lève d’anciennes erreurs ou d’autres questions et ainsi de suite jusqu’à ce qu’au-dedans ne reste qu’une poussière épaisse, jaune, sale. Savoir, culture, titres... si peu de poids que cela devient vite éboulis de masques, politesse de langue, orgueil creux... Milliers de livres : amas. Les vérités sont offertes, les expériences, les circuits de l’esprit : on coupe, on se sert, et à force on se perd parmi les équilibres possibles, mal : difficile de trier, de mêler. Systèmes complexes, brillants, s’entrechoquant. Armures, plus ou moins durables, élégantes, pratiques, personnalisées... Ne pas être nu, voilà l’essentiel, semble-t-il.»
~ Antoine Emaz, C’est, Deyrolle, 1992, p.24

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(1) La dramaturgie sociale selon le sociologue et linguiste Erving Goffman* : «Notre personnalité n’est pas un phénomène interne, mais la somme des différents  «masques» que nous portons tout au long de notre vie. La vie sociale est une sorte de théâtre où les individus sont des acteurs qui endossent des rôles, différents selon qu'ils sont au travail, dans une soirée mondaine ou dans l'intimité du foyer. Le but du jeu est de faire bonne figure et de permettre à chacun de garder la face.»

Photo : Madinin’Art, Critiques culturelles de Martinique

Métaphore théâtrale

La présentation de soi (in La Mise en scène de la vie quotidienne)

Goffman, dans La présentation de soi, envisage la vie sociale comme une «scène» (région où se déroule la représentation), avec ses acteurs, son public et ses «coulisses» (l'espace où les acteurs peuvent contredire l'impression donnée dans la représentation).
   Il nomme «façade» différents éléments avec lesquels l'acteur peut jouer, tel le «décor», mais aussi la «façade personnelle» (signes distinctifs, statut, habits, mimiques, sexe, gestes, etc.). Les acteurs se mettent en scène, offrant à leur public l'image qu'ils se donnent. Ils peuvent avoir plusieurs rôles, sans qu'il y en ait un plus «vrai» que l'autre, et prendre leur distance vis-à-vis d'eux, jouant sur la dose de respect à la règle qu'ils jugent nécessaire ou adéquat.
   Les acteurs en représentation construisent une définition commune de la situation. Une «fausse note» est une rupture dans cette définition, à la suite d'une gaffe ou d'un impair commis par un ou plusieurs acteurs. Cela produit une représentation contradictoire, une remise en question de la réalité commune, causant un malaise général. Pour éviter ces impairs, des techniques de protection, aussi appelé «tact», sont mises en œuvre, comme les «échanges réparateurs» telles les excuses ritualisées, les «aveuglements par délicatesse», etc.

Stigmate (in Stigmate. Les usages sociaux des handicaps)

La «stigmatisation» d'un individu intervient, pour Goffman, lorsqu'il présente une variante relative par rapport aux modèles offerts par son proche environnement, un attribut singulier qui modifie ses relations avec autrui et en vient à le disqualifier en situation d'interaction. «Cet attribut constitue un écart par rapport aux attentes normatives des autres à propos de son identité». Chaque individu est plus ou moins stigmatisé en fonction des circonstances, mais certains le sont plus que d'autres : tous peuvent être placés sur un «continuum». Les stigmates sont d'une grande diversité, s'appliquant aussi bien à la psychologie individuelle qu'aux relations sociales d'une personne donnée : parmi eux, le passé des individus, les handicaps, les tares de caractère, l'homosexualité, l'appartenance à un groupe donné, etc.
   Goffman classe ces stigmates dans deux catégories différentes : les stigmates «visibles» et «invisibles». Les premiers caractérisent les attributs physiques et les traits de personnalité directement apparents lors du contact social, les seconds regroupent toutes les facettes de l'individu difficilement décelables lors d'un contact visuel avec celui-ci. L'acteur va donc tout mettre en œuvre afin de cacher ce stigmate ou en tout cas d'éviter qu'il ne constitue un malaise chez son public. Goffman nomme «contacts mixtes» les interactions à risques entre normaux et stigmatisés. Le risque de «fausse note» y est théoriquement plus élevé. L'auteur met toutefois en garde ses lecteurs contre le risque de prendre trop au sérieux cette métaphore.


Métaphore du rituel (in Les rites d’interaction)

La «face» est le terme employé par Goffman pour désigner «la valeur sociale positive qu'une personne revendique effectivement à travers une ligne d'action que les autres supposent qu'elle a adoptée au cours d'un contact particulier», explique Goffman dans Les Rites d'interaction. En interaction avec d'autres, la règle fondamentale que doit respecter tout individu est de «préserver sa face et celle de ses partenaires». C'est la condition de possibilité de toute interaction, car la face est essentielle, sacrée en un sens. Différentes stratégies individuelles de «figuration» viennent garantir le respect de sa face et celle d'autrui, évitant de les compromettre : il s'agit de ce que l'on appelle le «tact», les règles de savoir-vivre ou encore la diplomatie. Des échanges réparateurs viennent rétablir l'ordre lorsqu'un incident a eu lieu : le(s) fautif(s) s'excuse(nt), le public lui pardonne, afin de retrouver un équilibre.
   Dans toute interaction, un certain niveau d'engagement est requis, ainsi qu'un soutien à l'engagement des autres. Cet «engagement» peut être défini par le maintien d'une attention intellectuelle et affective pour l'objet officiel de l'interaction. Il n'est pas facile à maintenir, mais si c'est le cas, l'interaction est joyeuse, elle marche.
   En 1979, Goffman dégage la notion d'«hyper-ritualisation» dans un article sur les photos de mode, expliquant qu'un ensemble de publicités de mode manifeste une structure sous-jacente commune. Les stéréotypes publicitaires renseignent sur des stéréotypes tirés de la vie réelle. Les notions de standardisation, d'exagération et de simplification qui caractérisent les rites en général se retrouvent dans les poses des clichés de mode.

Métaphore cinématographique (in Les Cadres de l’expérience)

L'ouvrage Les Cadres de l'expérience ne se limite pas aux interactions, mais traite de l'expérience. Goffman emprunte la notion de cadre à l'anthropologue Gregory Bateson. Toute expérience, toute activité sociale, se prête, selon lui, à plusieurs versions, ou cadrages. Ceux-ci entretiennent des rapports les uns avec les autres. Ils fixent la représentation de la réalité, orientant les perceptions, et influencent l'engagement et les conduites. Normalement, ils passent inaperçus et sont partagés par toutes les personnes en présence.

Erving Goffman distingue :
Les cadres primaires. «Est primaire un cadre qui nous permet, dans une situation donnée, d'accorder un sens à tel ou tel de ces aspects, lequel autrement serait dépourvu de signification». Parmi eux, les cadres naturels impliquent l'action de forces ou de lois de la nature et les cadres sociaux sont le fait d'actions ou d'intentions humaines.
Les cadres transformés, s'ils sont «modalisés» sont des transformations qui ne se cachent pas. Par contre, s'ils résultent d'efforts délibérés destinés à désorienter l'activité d'un individu ou d'un ensemble d'individus sans que ceux-ci s'en rendent compte, on parlera de «fabrication». Celle-ci peut être bénigne ou abusive.

Ces transformations et modalisations de cadre peuvent se superposer les unes aux autres : on parle alors de premier, deuxième, etc., «degré». Certains cadrages présentent des «ambiguïtés», la signification de la situation étant peu claire, le comportement à adapter à leur égard étant difficile à prévoir. Des «erreurs» de cadrage, c'est-à-dire des malentendus, peuvent également survenir : «le cadrage semble clair, mais il oriente néanmoins les perceptions et comportements des personnes dans un sens qui se révèle par la suite reposer sur des prémisses fausses». On appelle rupture de cadre le moment, souvent pénible, où l'individu se rend compte qu'il a perçu la situation de manière erronée : la culture même de nos croyances s'en trouve subitement bouleversée.

* Erving Goffman est né le 11 juin 1922 à Mannville, Alberta, Canada et mort le 19 novembre 1982 à Philadelphie en Pennsylvanie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont : La Mise en scène de la vie quotidienne (1973); Stigmate. Les usages sociaux des handicaps (1963); Les Rites d’interaction (1974); Les Cadres de l’expérience (1974); L’Arrangement des sexes (1979); Façons de parler (1981)


Citations  

«Il va de soi que, par définition, nous pensons qu'une personne ayant un stigmate n'est pas tout à fait humaine. Partant de ce postulat, nous pratiquons toutes sortes de discriminations, par lesquelles nous réduisons efficacement, même si c'est souvent inconsciemment, les chances de cette personne. Afin d'expliquer son infériorité et de justifier qu'elle représente un danger, nous bâtissons une théorie, une idéologie du stigmate, qui sert aussi parfois à rationaliser une animosité fondée sur d'autres différences, de classe, par exemple.» 
~ Erving Goffman (Stigmate)

«Dans toutes les sociétés, le classement initial selon le sexe est au commencement d'un processus durable de triage, par lequel les membres des deux classes sont soumis à une socialisation différentielle. Dès le début, les personnes classées dans le groupe mâle et celles qui le sont dans l'autre groupe se voient attribuer un traitement différent, acquièrent une expérience différente, vont bénéficier ou souffrir d'attentes différentes.»
~ Erving Goffman (L'arrangement des sexes)

«La nature la plus profonde de l’individu est à fleur de peau : la peau des autres.»  
~ Erving Goffman

29 septembre 2018

L’avidité fait perdre la boule

Photo : Alamy, foto-zone

(Inédit)

Il n'y avait qu'un arbre
Un enfant
Il est tombé
Ils l'ont coupé
Allez comprendre

Richard Neveu, poète (1962-2008)

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En introduction (mon billet concerne l’exploitation du charbon) :

Hurricane Florence Released Tons of Coal Ash in North Carolina. Now the Coal Industry Wants Less Regulation.

Sharon Lerner
The Intercept | September 28 2018

Photo: Landsat 8 / NASA

Even as coal ash storage basins are leaking massive amounts of pollution in the wake of Hurricane Florence, the coal industry is working on a novel legal strategy to stop the federal regulation of this toxic by-product of coal combustion. The very same week that coal ash turned some river water in North Carolina into gray pudding and the pollution amassed to the point that it could be seen from space, coal companies have been successfully limiting their liability for this contamination under the Clean Water Act.

The coal industry was already enjoying a banner year under the Trump administration – one capped by the rollback of a 2015 Environmental Protection Agency rule that had set basic limitations on the disposal of coal ash. The waste contains carcinogens and neurotoxins, including arsenic, boron, cadmium, hexavalent chromium, lead, lithium, and mercury, and is often stored in unlined pits.

Photo: N.C. Department of Environmental Quality via AP

In this image made from a Sept. 21, 2018 drone video provided by the North Carolina Department of Environmental Quality, light gray material flows out of a flooded coal ash dump toward the Cape Fear River at Duke Energy’s L.V. Sutton Power Station in Wilmington, N.C.

More:

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C’est fou, je croyais que l’Allemagne était à une coche au-dessus des autres pays de l’Union européenne en matière d’environnement. Il semble que non. Une histoire profondément triste à tous les égards.

Il s’appelait Steffen. À Hambach, un blogueur militant chute mortellement lors de l’opération policière

Violette Bonnebas | Reporterre, le 19 septembre 2018


 
Le matin du jeudi 13 septembre, les autorités allemandes ont lancé l’assaut contre la Zad de Hambach, dans l’ouest du pays. Depuis six ans, des écologistes y luttent pour préserver ce qu’il reste d’une forêt millénaire, déjà mangée à 90 % par une mine de lignite géante dont l’appétit semble insatiable.

Photo prise par Steffen M., mercredi 19 septembre, montrant la police pourchassant un militant.

Mercredi 19 septembre, le jeune blogueur Steffen M. [âgé de 27 ans] a fait une chute mortelle. Un déploiement policier massif se déroulait en forêt de Hambach, pour évacuer des écologistes qui tentaient d’empêcher l’extension d’une mine de charbon géante.

   Berlin (Allemagne), correspondance
Il s’appelait Steffen. Proche des milieux écologistes allemands, il couvrait depuis déjà plusieurs mois la vie des habitants de la Zad de Hambach. Ces militants s’opposent à la destruction de la forêt millénaire de Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne, menée par la compagnie électrique RWE pour étendre une mine de charbon géante à ciel ouvert.

Ce mercredi 19 septembre, cela faisait sept jours que le jeune photojournaliste suivait l’évacuation surdimensionnée – 3500 policiers, canons à eau, chevaux, hélicoptères – des quelque 150 militants de la Zad et de leurs 51 cabanes perchées dans les arbres. Peu avant 16 heures, il a chuté d’un pont suspendu entre deux cabanes, à 14 mètres de hauteur. Gravement blessé, il a été transporté en urgence à l’hôpital de Cologne mais n’a pu être réanimé et est décédé.

Dans une conférence de presse organisée dans l’urgence, le porte-parole de la police régionale, Paul Kemen, a assuré qu’«aucune opération n’était alors en cours dans le secteur où a lieu l’accident». Selon lui, un policier serait venu au pied de l’arbre pour donner à Steffen M. une carte mémoire d’appareil photo. Le journaliste serait tombé en tentant de la remonter via un système de câbles et poulies.

Mais le collectif de zadistes Hambi Bleibt donne une autre version des faits. «Le SEK [unité d’élite de la police allemande] était en train d’arrêter un militant près du pont suspendu. Notre ami était apparemment en chemin pour filmer l’interpellation lorsqu’il est tombé», écrivent les militants sur leur site internet.

Les opérations d’évacuation de la Zad ont été immédiatement suspendues. Sur place, le deuil et la stupeur règnent parmi les militants et les policiers, selon le journaliste de la Tageszeitung Malte Kreutzfeldt. «Nous sommes profondément bouleversés, a réagi le collectif de militants Hambi Bleibt. Nos pensées vont à ses proches, ses amis et tous ceux qui se sentent concernés.»

Les zadistes demandent l’arrêt définitif de l’évacuation. «Nous demandons à la police et RWE de quitter immédiatement la forêt et de stopper cette opération dangereuse. Aucune autre vie humaine ne doit être mise en danger.» De son côté, la compagnie, premier énergéticien d’Allemagne, a déclaré sur Twitter «regretter un accident tragique».

La forêt de Hambach est devenue ces dernières années le symbole de la lutte contre le charbon en Allemagne. Occupée depuis six ans par des militants écologistes, elle est promise à la destruction par son propriétaire, la compagnie d’énergie RWE, qui souhaite exploiter son sous-sol riche en lignite. Sur les 4100 hectares que comptait la forêt à l’origine, il n’en reste plus aujourd’hui que 200. À la suite du feu vert de la justice allemande, RWE entend en raser la moitié à partir du 1er octobre. Le gouvernement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a lancé la semaine dernière l’évacuation de la Zad, officiellement pour «risques élevés d’incendie».

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[...] Il n’y a certainement pas qu’en France où se déroulent de grands projets industriels destructeurs de l’environnement. À Hambach des militants s’activent depuis plusieurs années pour protéger les restes d’une forêt vieille de 12 000 ans de la folie extractive. ... Alors que certains arbres atteignent ici les 350 ans, la forêt pourrait être définitivement rasée dans les prochains mois. À la place de ces arbres, on trouverait alors une nouvelle immense mine à ciel ouvert, comme tant d’autres dans la région.

Oppositions au projet
... L’exploitant RWE a d’ores et déjà annoncé que la mort du journaliste n’empêcherait pas de poursuivre le défrichement de la forêt. De quoi rassurer les investisseurs du géant de l’énergie coté en bourse.

RWE, deuxième producteur d’électricité en Allemagne, a également été classé en 2015 au premier rang des plus grands pollueurs en Europe. Depuis 2004, le géant de l’énergie allemand veut exploiter les derniers espaces de la Forêt de Hambach pour y extraire le charbon qui s’y trouve. Pour empêcher la réalisation de ces plans, l’association environnementale BUND dépose d’abord un recours en justice afin de contester l’autorisation donnée par les autorités locales à RWE. Cette démarche ayant échoué, les militants décident d’occuper la forêt et y maintiennent une zone à défendre (ZAD) depuis 2012. Pour les militants, il s’agit non seulement de protéger une forêt d’une grande rareté tant sur le plan écologique que symbolique, mais aussi d’alerter à propos du changement climatique et de l’urgence de sortir des énergies fossiles. Les 51 cabanes construites pour la plupart dans les arbres ont été érigées dans la forêt. Depuis le début des opérations du jeudi 13 septembre, la moitié de ces installations ont été détruites. 

L’Allemagne embourbée dans le charbon, la France la soutient
Certes, l’Allemagne se développe rapidement en matière d’énergies renouvelables. Mais comme le relève Bastamag, la poursuite de ses activités liées à l’extraction de charbon est en contradiction avec les ambitions affichées de l’Allemagne : «L’évacuation des défenseurs du climat de la forêt d’Hambach a lieu alors même qu’une ‘commission charbon’ travaille depuis juin à un plan de sortie du charbon». La dissonance est flagrante. [...]

Source : Mr Mondialisation | 23 septembre 2018

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On fait la même chose avec les opposants à l’extension du pipeline Trans Mountain en Colombie Britannique. Aux États-Unis, la persécution par les forces armées envers les résistants peut être très violente, et les arrestations/incarcérations sont nombreuses.

Ici, une femme autochtone a brutalement été contrainte à quitter les lieux du sit-in :

This is my friend Cherri Foytlin being brutally arrested for protecting her native lands.  For protecting water. For fighting against climate change. For trying to stop a fracked oil pipeline in Louisiana. This is white supremacy. This is the oil industry. This is a crime. ~ Josh Fox September 5, 2018

Josh Fox a réalisé plusieurs films/documentaires : Memorial Day (2008); Gasland (2010); The Sky Is Pink (2012); Occupy Sandy (2012); Gasland Part II (2013); How to Let Go of the World, and Love All the Things Climate Can't Change (2016); AWAKE, A Dream From Standing Rock (2017)

New:


The rules have changed. The water has changed. The climate has changed. The truth has changed. We must change.

The Truth Has Changed captures the rapid-fire shocks that are changing the fabric of our lives – from 9/11 and the Iraq war, to fracking and the BP Deepwater Horizon oil spill, to Hurricane Sandy, to relentless smear campaigns against climate scientists, to the fight for 100% renewable energy, to Standing Rock, to the 2016 presidential campaign, to Cambridge Analytica.
   The paradigm shift that global warming represents parallels a paradigm shift in how we process truth. Both deeply affect democracy. [...]
   Josh's live one-man show, also called "The Truth Has Changed," has been in development with HBO with a debut at New York City's Town Hall on September 11 and 12, 2018, and then broadcast and turned into a film, and taken on an extended national tour.

Book & videos : 

28 septembre 2018

Élections 1er octobre : à lire si vous n’avez pas voté par anticipation

À mon avis, la dernière semaine de campagne a été la plus révélatrice concernant la personnalité psychologique des chefs et les objectifs de leur formation.

Lisez attentivement le texte choc de Fred Vargas (réputée auteure de polars) publié il y a une dizaine d’années. Puis, découvrez comment les deux partis dominants, le PLQ et la CAQ, méprisent la «question de l’urne» : l’environnement.
   Je crois que de nombreux Québécois ont pris au sérieux les alertes et fait des efforts concrets pour réduire leur propre consommation, recycler ce qui peut l’être, etc., et changer modestement, sinon dramatiquement, leur mode de vie en conséquence. Mais, si leurs efforts ne sont pas appuyés par des décideurs réellement concernés par la gravité de la crise et du peu de temps dont nous disposons pour agir, c’est quasiment peine perdue.

Nous y sommes!
Par Fred Vargas

Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance. Nous avons chanté, dansé. Quand je dis «nous», entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles : faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.

Franchement on s'est marrés. Franchement on en a bien profité. Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. Certes. Mais nous y sommes. À la Troisième Révolution.

Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. «On est obligés de la faire, la Troisième Révolution?» demanderont quelques esprits réticents et chagrins. Oui. On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.

C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse). Sauvez-moi, ou crevez avec moi. Évidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix. On s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance. Peine perdue. Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.

Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est (attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille), récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés). S'efforcer. Réfléchir, même. Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d'échappatoire, allons-y. Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible. À condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie une  autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.

À ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

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Le Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec sont ouvertement ancrés dans le néolibéralisme à la Reagan/Thatcher. Depuis des décennies, les libéraux vendent les ressources du territoire québécois aux industries qui exploitent sans vergogne les énergies fossiles et l’eau, et si les caquistes sont élus ils poursuivront dans la même veine. Les électeurs font donc face à des choix difficiles. Par exemple, un électeur en faveur de la protection de l’environnement mais qui n’est pas indépendantiste ne voudra pas voter pour le Parti québécois ou Québec solidaire. Et l’électeur anti déforestation et exploitation des ressources ne voudra pas voter pour le PLQ ou la CAQ. Méchante impasse, non?  

RAD : La décroissance, qu'en pensent les partis? | Élections Québec 2018 
Quelle est la position des différents partis sur la décroissance? Olivier Arbour-Masse analyse le tout et présente le plan des libéraux en matière d'environnement. (Vidéo du 26 septembre 2018)

L'engagement de la Coalition avenir Québec aura tenu sept jours 
Un texte de Thomas Gerbet, avec la collaboration de Piel Côté

De passage en Abitibi-Témiscamingue, le chef de la CAQ, François Legault, a déclaré à un journaliste local qu'il ne veut pas augmenter les redevances sur l'eau. Pourtant, la semaine dernière, son candidat François Bonnardel avait affirmé le contraire à la presse nationale.
Article intégral :

Caricature : de notre génial Serge Chapleau, La presse, 25.09.2018. La licorne bleue ou la «main invisible» nous sauvera, c'est sûr!

Notions de politique environnementale pour débiles profonds

Philippe Couillard estime que l’économie doit passer devant la protection de l’environnement. S’il faut saccager le territoire québécois au complet pour créer quelque 60 000 emplois, il le fera. «Si on peut améliorer ce qu'on fait en protection de territoire sans nuire à l'emploi régional, certainement, on est intéressé à le faire; mais je vais être très clair sur la priorité que je donne à l'emploi forestier», a-t-il déclaré. De sorte que pour réduire les GES, il s’attaquera aux pailles de plastique des bars et des restaurants et modernisera les centres de tri de recyclage – mais il rasera les forêts!
   Il a aussi déclaré : «Ce qui m’irrite vraiment dans le discours [environnemental], c’est qu’on dit : “Vous vous trouverez d’autres jobs.” Ah oui? Quels jobs? … C’est vrai qu’on développe de meilleurs emplois au Québec liés à la technologie verte, mais le gars de 55 ans qui conduit un camion chez nous, pour lui, qu’est-ce qu’on va faire? Quelle explication on va lui donner quand son emploi est menacé?»
   Il nous prend pour des imbéciles. On sait que les lobbyistes et les investisseurs étrangers ont complète mainmise sur le Québec et que les élus ne mordront jamais la main qui les nourrit.

Les écologistes abasourdis par les propos de Couillard
Un texte de Jean-Thomas Léveillé
La Presse | Le 24 septembre 2018

Les principaux mouvements écologistes québécois dénoncent à l'unisson les propos tenus par Philippe Couillard sur l'environnement, lors d'une entrevue éditoriale à La Presse.
   Le chef libéral a affirmé que la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne devait pas se faire au détriment de l'économie, se disant irrité de voir le mouvement écologique «minimiser les conséquences sociales de leurs actions», rapportait La Presse, samedi.
   «Il n'y a plus personne qui oppose l'économie et l'environnement comme il l'a fait», s'est étonné le directeur général pour le Québec et l'Atlantique de la Fondation David Suzuki, Karel Mayrand.
   «L'économie du Québec se porterait mieux», même, si les groupes environnementalistes avaient été davantage écoutés, renchérit Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada.
[...]  
   «C'est si on ne fait rien qu'on aura les plus grosses pertes d'emploi», ajoute Patrick Bonin, qui rappelle que le Parti libéral était la seule formation politique absente du Sommet pour une transition énergétique juste, qui s'est tenu en mai dernier au Palais des congrès de Montréal.
   Karel Mayrand estime que Philippe Couillard, mais aussi François Legault, tiennent un «double discours» sur la question de l'emploi.
   «Quand c'est le temps de faire des accords de commerce internationaux, ils disent que c'est correct de perdre des emplois, car on en gagne ailleurs», dit-il, ajoutant que ce devrait être vrai en environnement aussi.

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Caricature : Dave Granlund. Options de design architectural pour les régions côtières...

Aux portes du futur enfer nordique   

Québec permet la destruction gratuite de l'environnement au nord du 49e parallèle

Un texte de Thomas Gerbet
ICI Radio-Canada Info | Le 27 septembre 2018  

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau. En tout, 78 % des milieux humides et hydriques de la province sont situés dans les régions du Nord-du-Québec et de la Côte-Nord. [Ndlr : La Rivière Moisie (innu-aimun : Mishta-Shipu, la grande rivière) est la rivière au volume le plus important le long de la moyenne Côte-Nord du fleuve Saint-Laurent. Sa vallée profonde et accidentée est couverte d'épinettes, de sapins, de bouleaux, de trembles et de pins. C'est l'une des meilleures rivières à saumons et à truites de tout l'Est de l'Amérique du Nord. La Compagnie de la Baie d'Hudson (NRDC USA) possède un poste de traite dans le village de Moisie. Pour mémoire : l'appropriation des territoires a commencé au tout début de la colonisation, avec notamment la HBC (Hudson’s Bay Company) créée à Londres en 1670; elle a été vendue en 2008 à la compagnie américaine NRDC Equity Partners, un fonds américain d'investissement privé. D’après vous, avec qui faudrait-il négocier la préservation de nos écosystèmes?]

Un nouveau règlement, entré en vigueur le 20 septembre, suscite l'étonnement chez des fonctionnaires, des juristes, des scientifiques et des environnementalistes. Au nord du 49e parallèle, le gouvernement du Québec permet la destruction de milieux humides et hydriques sans exiger de compensation par de l'argent ou des travaux, ce qui pourrait aller à l'encontre de l'objectif de la loi.
   En théorie, le nouveau Règlement sur la compensation pour l'atteinte aux milieux humides et hydriques impose une contribution financière pour les initiateurs de projets qui détruisent ou abîment des étangs, des marais, des marécages, des tourbières, des plaines inondables, des ruisseaux ou des rivières. Dans certains cas, ce paiement peut être remplacé par des travaux pour restaurer ou recréer le milieu naturel.
   Mais ce règlement, signé par la ministre de l'Environnement, Isabelle Melançon, ne s'applique pas au nord du 49e parallèle, là où l'on retrouve la majeure partie des milieux humides et hydriques du Québec. [...]
   En fait, la zone exemptée rappelle le territoire d'application du Plan Nord des libéraux.
   Par ailleurs, le territoire des réserves autochtones situées au nord du 49e parallèle n'est pas non plus soumis aux exigences de compensation, contrairement à la première version du projet de règlement présentée en mai. [...]
    L'an dernier, les députés de l'Assemblée nationale du Québec ont donc voté à l'unanimité la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques qui se donne comme objectif de n'avoir «aucune perte nette» de ces milieux dans la province. Dans toute la province.
   Des fonctionnaires nous ont fait part de leur surprise en découvrant, quelques mois plus tard, que le règlement sur l'application de la loi excluait le nord du 49e parallèle.
   «En excluant ainsi le Nord, le règlement ne permet pas l'atteinte de l'objectif de la loi de zéro perte nette à l’échelle du Québec», analyse l'avocate Prunelle Thibault-Bédard, présidente du conseil d'administration du Centre québécois en droit de l'environnement. [...]
Les milieux humides comme les tourbières sont extrêmement utiles pour capter et séquestrer le carbone, ce qui contribue à réduire de façon naturelle la présence des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
   Une étude de 2015, financée par le gouvernement, révélait que 95 % du carbone stocké dans les tourbières et les forêts du Québec se situe au nord du 49e parallèle.
   Le nord du 49e renferme plus de 200 000 km2 de forêts commerciales. Les grands sites d'épinettes noires sont généralement situés sur des milieux humides. Cette région compte aussi une quinzaine de mines actives et autant de projets en développement. La production hydroélectrique est une autre cause de disparition de milieux humides et hydriques.
   En consultant le registre des lobbyistes du Québec, on réalise que plusieurs pressions se sont exercées sur le ministère de l'Environnement dans le cadre de la préparation de ce règlement. L'Institut de développement urbain du Québec, les professionnels de la construction et de l'habitation, les producteurs de canneberges, les producteurs de tourbe et l'Association minière du Québec (AMQ) se sont fait valoir, parmi d'autres.
   Le registre indique que les représentants des compagnies minières ont demandé à être exemptés d'une partie de la réglementation.
   Selon plusieurs environnementalistes, les plans de restauration des compagnies minières ne remplacent que partiellement la valeur des milieux naturels détruits.
   «Ça ne tient pas la route», réagit Henri Jacob, président de l'Action boréale. «Le gouvernement est en train de nous dire que dans le Nord, il pourrait y avoir un immense trou, parce qu'il y en a en masse des milieux humides et hydriques. C'est la pensée des années 1950.»

Article intégral :

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La boussole électorale – Élections 2018
Vox Pop Labs, en partenariat avec Radio-Canada
Par Naël Shiab | Le 24 septembre 2018

ENVIRONNEMENT
Interdire l'exploitation des hydrocarbures? Taxer les automobilistes?
Nous avons analysé et pondéré les réponses de 150 354 utilisateurs de la Boussole électorale.
– La vaste majorité des utilisateurs (75 %) souhaite des normes environnementales plus sévères, même si cela se traduit par une hausse des prix au quotidien.
Résultats :

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Citations du jour 

Bouchon de circulation québécois
«Ces moteurs qui ont fait de l'homme un crétin à roulettes et de la planète un garage criblé d'autoroutes.» ~ Jacques Sternberg (Vivre en survivant, p.82, Éd. Tchou)

Les chars d’assaut de l’exploitation minière
«Laissons faire, c'est un plaisir de faire sauter l'ingénieur avec son propre pétard : j’aurai du malheur si je ne parviens pas à creuser d’un mètre au-dessous de leur mine, et à les lancer dans la lune.» ~ William Shakespeare (Hamlet)

27 septembre 2018

Kavanaugh : un spécimen parmi des centaines de milliers

Ce type est un pendant masculin de la «Sainte Nitouche». Il prétend avoir une vie exemplaire. Bien entendu, il n’a jamais harcelé sexuellement ni violé des mineures (ou plus âgées), même quand il participait à des beuveries orgiaques.

Un juge d’extrême droite comme Brett Kavanaugh à la Cour suprême signifierait la mort des droits acquis que le juge Anthony Kennedy avait appuyés : abolition de la peine de mort, protection de l’environnement, droit à l’avortement, droits des gays, etc. Pour Kavanaugh, les droits confessionnels (chrétiens s’entend!) passent avant les enjeux constitutionnels.

BREAKING: The Senate is investigating a 4th sexual assault allegation against Kavanaugh. The pattern is clear. We should expect more allegations and more lies from Kavanaugh. It's past time for him to withdraw or call for FBI investigation.

Live: Christine Blasey Ford and Brett Kavanaugh Testify to the Senate Judiciary Committee
Robert Mackey | The Intercept | September 27, 2018

The Closer You Look, the Worse Brett Kavanaugh’s Relationship with Mark Judge Appears

Peter Maass
The Intercept | September 25 2018 

The relationship between the two men is crucial because while little is known for sure about Kavanaugh’s behavior at Georgetown Prep, quite a bit is known about Judge’s. Not only has Judge written two memoirs about his early years, but people who know his conduct have also begun talking about it. The latest information comes from a former girlfriend who told the New Yorker that Judge confessed to her that while in high school, he and other boys took turns having sex with a drunk woman.
   One of Judge’s books, “Wasted: Tales of a Gen X Drunk,” describes his carousing and troublemaking as communal; he was always with his high school buddies. His evident closeness with Kavanaugh would suggest a likelihood that Kavanaugh indulged in some of the behavior that Judge has admitted to — a pattern of aggressive and drunken conduct, especially toward girls in their social circle, that’s consistent with Ford’s description of an inebriated sexual assault at a house party, as well as a new allegation of sexual assault from one of Kavanaugh’s classmates at Yale. [...]

New Allegation Against Kavanaugh
The latest allegation against Kavanaugh appears to be in line with the kind of offensive behavior that Judge has been connected to. According to the New Yorker, Deborah Ramirez, a Yale classmate of Kavanaugh, has told Senate investigators that during their freshman year in New Haven, Kavanaugh “had exposed himself at a drunken dormitory party, thrust his penis in her face, and caused her to touch it without her consent as she pushed him away.”
   Kavanaugh’s Yale roommate in the fall of 1983, James Roche, has backed up Ramirez. In a statement posted on Twitter, Roche said that “although Brett was normally reserved, he was a notably heavy drinker, even by the standards of the time, and … he became aggressive and belligerent when he was very drunk. I did not observe the specific incident in question, but I do remember Brett frequently drinking excessively and becoming incoherently drunk.” Roche described Ramirez as “unusually honest and straightforward and I cannot imagine her making this up. Based on my time with Brett, I believe that he and his social circle were capable of the actions that Debbie described.” [...]  

More  

Kavanaugh Has Exposed the Savage Amorality of America's Ruling Class
How the DC establishment has responded to his confirmation controversy tells us an awful lot.  

[...] Predictably, as a judge Kavanaugh has been reliably anti-abortion, anti-regulation, anti-union, and pro-gun in other words, he has been working the same right-wing causes, only now wearing robes instead of a suit. He's spent his entire career promoting and working for the conservative movement, and he has been rewarded for his continued loyalty with a position of extreme power. [...]


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L’article suivant date de 2010. On peut présumer sans grand risque de se tromper qu’avec l’administration Trump les choses se sont aggravées.

Le viol, l'un des crimes les moins punis aux États-Unis

Agence France-Presse / Washington
Pulbié par La Presse, le 14 septembre 2010

En 2009, il y a eu 88 097 viols recensés aux États-Unis, selon les statistiques du FBI mais il s'agit toujours de l'un des crimes les moins dénoncés et les moins punis, selon victimes, associations et policiers interrogés mardi au Congrès.

«Il est de notoriété publique que le viol est l'un des crimes les moins rapportés aux États-Unis. On estime, de façon empirique, que pas plus de 15 % à 20 % des cas sont portés devant la police», a affirmé Michelle Dempsey, professeur de droit à l'Université de Villanova lors d'une audition devant la Commission judiciaire du Sénat.
   Selon une enquête sur la violence contre les femmes, une femme sur six est agressée sexuellement dans sa vie aux Etats-Unis et la moitié des victimes ont moins de 18 ans.
   Seuls 5 % des violeurs sont reconnus coupables et 3% vont en prison, a pour sa part relevé Eleanor Smeal, présidente de la Feminist Majority Foundation. «En résumé : 15 violeurs sur 16 restent libres», affirme l'association Rape, Abuse and Incest National Network. Pourtant le viol est le crime le plus grave après le meurtre dans le classement de la police fédérale (FBI).
   Une définition caduque du viol, la peur des victimes de ne pas être crues, la confrontation à des interrogatoires humiliants ainsi qu'à une force policière parfois dubitative et incompétente sont autant de raisons pour que la grande majorité des viols demeurent impunis, ont témoigné victimes et associations.
   Au regard de la définition des crimes par le FBI qui remonte à 1927, ne sont pas reconnus comme des viols («forcible rape») : les actes d'inceste, de viol par sodomie donc de viol masculin , de viol avec un objet même s'il y a blessure et de viol oral.
   «La définition étroite et caduque du viol dans l'Uniform Crime Report revient à minimiser le nombre de viols réels», a dénoncé la Feminist Majority Foundation. Le nombre de viols se compte en outre au vu du nombre des victimes et pas des violeurs.
   Par ailleurs, «la vaste majorité des victimes d'agressions sexuelles ne les dénoncent pas à la police parce qu'elles craignent de ne pas être prises au sérieux ou qu'on les rendra responsables de leur agression», a souligné Carol Tracy, directrice de l'association Women's law Project de Philadelphie.
   C'est ce qu'a raconté devant un auditoire tétanisé, la jeune Sara Reedy, 25 ans aujourd'hui. Agressée à 19 ans par un violeur en série dans un magasin où elle travaillait, elle fut accusée par le policier en charge de l'enquête d'avoir volé dans la caisse et affabulé.
   Elle fera cinq jours de prison, s'acquittera d'une caution de 5000 dollars, sera poursuivie pour vol avant que l'arrestation fortuite, des mois plus tard, de son agresseur ne fasse tomber les charges à son encontre.
   Interrogée mardi sur le sort du policier par des sénateurs incrédules, elle leur a appris, de l'amertume dans la voix, qu'il était toujours en poste.
   À l'inverse, un autre témoin, Julie Weil, kidnappée et violée devant ses enfants en 2002, a raconté combien la chance d'avoir été soutenue par une équipe d'enquêteurs à l'écoute l'avait aidée à cicatriser les blessures malgré un procès et des interrogatoires souvent décrits comme «une deuxième victimisation».
   «Juste après le procès j'ai réalisé que le concept de "mettre un terme" n'était pas un mythe», a-t-elle témoigné. «Voir ce violeur conduit en prison menottes aux mains a été plus gratifiant que je ne l'aurais jamais imaginé», a-t-elle ajouté. Le violeur en série a été condamné à plusieurs peines de prison à vie.


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La compilation ci-après n’inclut pas l’Asie, le Moyen-Orient, la Péninsule arabique, les Philippines, l’Afrique du Nord, l’Amérique centrale et du Sud, etc. Si c’était le cas, les statistiques exploseraient!

Les 10 pays les plus touchés par les crimes de viol
Par Eden AbdeL | 30 août, 2018

Les crimes de viol est un crime particulièrement complexe à analyser. Dans plusieurs parties du monde, il est très rarement signalé. Dans certains pays, les femmes sont beaucoup moins susceptibles de voir leur plainte enregistrée, en raison de la stigmatisation sociale extrême exercée sur les femmes qui ont été violées ou soumises à la violence ou à la peur d’être désavouées par leur famille. Les statistiques sur les viols et autres agressions sexuelles sont généralement disponibles dans les pays avancés et deviennent de plus en plus courantes. Un grand nombre de viols ne sont pas signalés dans le monde entier.


Photo : Slutwalk Canada, les crimes de viols

Ici, nous avons présenté les statistiques pour 10 pays renommés avec un maximum de crimes de viol. Vous serez étonné de voir que les pays les plus développés comme la Suède, Les États-Unis, le Canada, et le Royaume-Uni sont immergés dans ce crime. Environ 36 % des femmes dans le monde ont été victimes de violences physiques ou sexuelles. En 1983, 83 % des filles âgées de 12 à 16 ans ont été victimes de harcèlement sexuel dans les écoles publiques. En Angleterre, 1 femme sur 5 (âgée de 16 à 59 ans) subit une forme de violence sexuelle.

(Ordre décroissant)

1. Afrique du Sud : 500 000 cas de viols chaque année; 110 viols par jour (hommes, femmes et enfants en sont victimes)  
2. Suède : 53,2 viols par 100 000 personnes; une femme sur quatre est victime d’un viol
3. États-Unis : agressions sexuelles / viols à toutes les 107 minutes; beaucoup de viols en milieu collégial et universitaire ainsi qu’en milieu carcéral (216 000 détenu.e.s violé.e.s chaque année)
4. Angleterre et Pays de Galle : 230 agressions sexuelles / viols par jour
5. Inde : un viol à toutes les 20 minutes
6. Nouvelle-Zélande : agressions sexuelles / viols à toutes les deux heures  
7. Canada : 460 000 agressions sexuelles / viols par année  
8. Australie : 51 200 viols rapportés en 2017
9. Zimbabwe : 500 abus sexuels par mois, 16 viols par jour
10. Danemark et Finlande : le taux est relativement bas comparé aux autres pays

Rapports détaillés pour chacun des pays :