22 mars 2017

Le tour de Londres. Encore une fois.

“If we don't end war, war will end us.” ~ H. G. Wells

Toutes ces attaques/ripostes, quels que soient les auteurs et le côté de la clôture dont elles proviennent sont dues à notre fond  tribal génétiquement taré. L’espèce humaine est la plus répandue, la plus égoïste, la plus nuisible et la plus tueuse de la planète. Toujours choquant de le réaliser à répétition. Je me dis que c’est la faute du gène égoïste (selfish gene) – on n’a jamais de difficulté à trouver un ou des coupables pour se déresponsabiliser... Néanmoins, l’espèce humaine a potentiellement la capacité de maîtriser son gène égoïste en apprenant à cultiver la compassion, à tout le moins le respect d’autrui. Permettons-nous de faire évoluer nos gènes, nous rendrons service à l’espèce!

«Que ce soit à la maison, au sein du couple, avec les enfants, avec les parents, avec les voisins, ou dans la rue, en voiture, dans le quartier qu’on habite, au travail, ou ailleurs, le regard qu’on porte sur les autres et la manière dont on les accueille sont déjà significatifs du monde dans lequel nous voulons vivre, dans lequel nous vivons. ... Si vous voulez faire partie des vrais vivants, je vous propose, à votre niveau, dans votre entourage, dans votre petit monde, de rompre avec l’indifférence et l’opportunisme et de remettre un peu de sagesse dans vos rapports avec les autres : accueil, bienveillance, sincérité, respect, responsabilité.»
~ Patrick Estrade, psychothérapeute, écrivain, conférencier


En période d’incertitude et de changement, les gens ressentent de la peur, de l’anxiété, et leurs réactions émotives prennent le dessus. «Comment est-il possible de faire entendre raison à quelqu’un qui lance des déclarations sans fondement ou qui sont largement contestées? L’argumentation n’est certainement pas la meilleure avenue. [...] L’émotion teinte la signification que l’on donne aux choses, teinte la façon de communiquer. [...] Lorsqu’on défend son territoire, les faits deviennent secondaires. On veut croire qu’on a fait le bon choix.» ~ Sue Johnson, psychologue  (à propos de la distorsion de la vérité)

«Un argument se discute, une superstition ne se discute pas.» ~ Amin Maalouf  (Le Périple de Baldassare)

Gardez l’esprit ouvert, mais ne cessez jamais de questionner 

Il est facile de se laisser berner quand on perd la boussole de la raison, de l’esprit critique. Les émotions intenses mènent rarement à de bons choix.

Sean Spicer et Kellyanne Conway sont des pros de la contrefaçon. Le stratagème fonctionne. Sean Spicer a répondu à un journaliste qui demandait si Trump disait la vérité : «Trump dit toujours la vérité, sauf quand il blague». Alors, comment savoir quand un menteur dit la vérité?

Caricature : Dave Granlund http://www.davegranlund.com/cartoons/

Le mensonge a toujours des conséquences – mineures, graves ou catastrophiques.

Les chefs d’État et le mensonge

La faculté de dissimuler ou de feindre les paroles avec les expressions et gestes appropriés, n’est pas nécessaire tant que le menteur n’a pas à discuter avec sa cible ni à se trouver en face d’elle. Les cibles peuvent être trompées par écrit, par des intermédiaires, des communiqués de presse, des actions militaires, etc. Cependant, toute forme de mensonge échoue si le menteur ne possède pas des compétences de stratège et est incapable de planifier ses actions et celles de sa cible. Je présume que tous les dirigeants politiques doivent être des stratèges rusés et réfléchis, mais que seuls certains possèdent les talents oratoires qui leur permettent de mentir au nez de leurs proies.  Certaines victimes acceptent à leur insu d’être trompées. Le jugement critique est aboli et les informations contradictoires ignorées, parce que connaître la vérité est plus pénible, du moins à court terme, que croire le mensonge. 
     Dans de nombreux cas de tromperie, la victime ne tient pas compte des erreurs du menteur, elle accorde le bénéfice du doute à son comportement ambigu, contribuant à consolider le mensonge afin d’éviter les terribles conséquences de sa découverte.
     Par exemple, en ne reconnaissant pas les indices d’une liaison de son épouse, un mari peut au moins retarder son humiliation et la possibilité d’un divorce. Même s’il admet implicitement l’infidélité, il se peut qu’il renonce à dévoiler les mensonges de sa femme pour ne pas voir à convenir devant elle de sa tromperie ou pour éviter une dispute. Tant que rien n’est dit, il peut encore avoir l’espoir, si ténu soit-il, qu’elle n’ait peut-être pas de liaison. 
     Toutes les victimes ne sont pas aussi consentantes. Parfois, il n’y a rien à gagner à ignorer délibérément un mensonge. Certains détecteurs ne remportent la victoire qu’en dévoilant un mensonge parce qu’ils n’ont rien à perdre dans cette action. Le banquier qui accorde un crédit et le policier ne perdent que s’ils ont un enjeu, et tous deux savent très bien confondre le menteur et le sincère. Souvent, la victime gagne et perd en étant trompée ou en dévoilant le mensonge, mais l’équilibre n’est pas toujours aussi net.
     Plus l’émotion impliquée dans le mensonge est intense, plus le nombre d’émotions différentes est élevé, plus le mensonge risque d’être trahi par une «fuite» comportementale. 
     Étudier comment et quand les individus mentent et disent la vérité peut permettre de comprendre beaucoup d’interactions humaines. Rares sont celles qui n’impliquent pas la tromperie ou au moins sa possibilité. Les mensonges existent entre amis (mais votre meilleur ami ne vous le dira pas), professeur et élève, médecin et patient, mari et femme, témoin et jurés, avocat et client, vendeur et acheteur.
     Mentir est une caractéristique si centrale de l’existence que mieux la comprendre éclaire presque toutes les affaires humaines.

~ Paul Ekman, psychologue (Je sais que vous mentez; Telling lies, 1985)

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Sommes-nous programmés pour mentir?

Les mensonges sont omniprésents dans notre propre vie. Généralement sous forme d'innombrables petites impostures. Bon nombre de ces mensonges sont dus à des pressions internes en vue de réussir, d’être socialement accepté ou d’atteindre un objectif. Lorsqu'un ami ou un proche nous demande une opinion juste et impartiale sur quelque chose qui lui tient à coeur, nous ne voulons pas enjoliver notre véritable opinion, mais nous savons qu'il le faut. Les petits mensonges protègent contre les grandes blessures. Les gens mentent pour esquiver la responsabilité, la punition et le jugement.
     Les politiciens mentent au sujet de leurs activités sexuelles ou de leur orientation sexuelle. Les athlètes mentent au sujet de leurs performances : ont-ils gagné à l’aide de drogues ou ont-ils gagné de par leurs aptitudes physiques naturelles? Les courtiers de Wall Street mentent à propos des sommes qu’ils ont volées et de ce qu'ils ont fait de l’argent ensuite. À tous les jours, on utilise  le «mensonge pieux» en rapport avec le temps, l'argent et les relations. 
     La seule personne à qui nous ne devrions pas mentir aussi souvent c'est à nous-mêmes. La société nous invite, et même nous conditionne,  à croire que le mensonge est une activité essentielle pour faire avancer la civilisation. La théorie du mythe stipule aussi que les mythes ont été créés pour contrôler les sociétés et ainsi en assurer la stabilité. Quand ces idées et ces histoires sont déformées, elles peuvent rapidement mener au délire fonctionnel. Que se passe-t-il quand une leçon de morale positive est construite à partir d'un grave malentendu? Dans le domaine de l'intégrisme, le terrorisme peut appartenir à ce type de délires fonctionnels. À quel genre de mensonges internes une personne doit-elle croire pour volontairement se faire exploser? 
     Les mensonges peuvent nous sauver la vie, et les mensonges peuvent aussi radicalement modifier le cours des événements.

~ Russell C. Smith et Michael Foster (Mensonges, vérité et compromis; Lies, Truth and Compromises, Psychology Today, 2014)

«Il n’existe pas de bouclier contre le mensonge. Ni la crainte des dieux ni la damnation n’ont jamais empêché le mensonge ou le parjure.» ~ François Cavanna

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Twain for President

En 2012, le comédien Richard Garey a lancé une campagne de conscientisation politique appelée Twain for President, dont le slogan cette citation de Twain : Whenever you find yourself on the side of the majority, i’s time to reform. L’acteur et sa troupe ont présenté le meilleur de la satire politique de Twain dans des salles de théâtre, notamment au Planter’s Barn Theater dans la ville natale de M.T., Hannibal. Le but était de faire réfléchir les gens sur la politique et la manière dont elle pouvait affecter leur avenir. Les spectateurs demandaient à Garey : «Quand as-tu écris ça?» et il répondait «C’est uniquement du Mark Twain». Article intégral (passionnant) :
http://blog.visitmo.com/mark-twain-enters-race-for-presidency/

“We have a bastard Patriotism, a sarcasm, a burlesque; but we have no such thing as a public conscience. Politically we are just a joke.”
- Marginalia written in Clemens's copy of The Future in America; A Search After Realities by H. G. Wells

[Patriotism] “...is a word which always commemorates a robbery. There isn't a foot of land in the world which doesn't represent the ousting and re-ousting of a long line of successive "owners" who each in turn, as "patriots" with proud swelling hearts defended it against the next gang of "robbers" who came to steal it and did -- and became swelling-hearted patriots in their turn.” - Mark Twain's Notebook

“The political and commercial morals of the United States are not merely food for laughter, they are an entire banquet.” - Mark Twain in Eruption

“I am quite sure now that often, very often, in matters concerning religion and politics a man's reasoning powers are not above the monkey's.” - Mark Twain in Eruption

“To lodge all power in one party and keep it there is to insure bad government and the sure and gradual deterioration of the public morals.” - Mark Twain's Autobiography

“Look at the tyranny of party -- at what is called party allegiance, party loyalty -- a snare invented by designing men for selfish purposes -- and which turns voters into chattles, slaves, rabbits, and all the while their masters, and they themselves are shouting rubbish about liberty, independence, freedom of opinion, freedom of speech, honestly unconscious of the fantastic contradiction; and forgetting or ignoring that their fathers and the churches shouted the same blasphemies a generation earlier when they were closing their doors against the hunted slave, beating his handful of humane defenders with Bible texts and billies, and pocketing the insults and licking the shoes of his Southern master.”
- The Character of Man, Mark Twain's Autobiography

“History has tried hard to teach us that we can't have good government under politicians. Now, to go and stick one at the very head of the government couldn't be wise.” - Mark Twain, New York Herald, August 26, 1876


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