«Le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mise dans les mains d'un psychopathe.» ~ Albert Einstein
Bibliosurf
Résumé de l’éditeur :
«Double jeu» des services secrets dans la guerre contre le terrorisme, témoignages de Navy Seals ayant participé à la traque de Ben Laden, analyses géostratégiques de la menace djihadiste, des risques liés à l’arsenal du seul pays musulman doté de l’arme nucléaire… les actualités nous bombardent de topos sur le Pakistan.
Le «pays des purs» fascine. Mais qu’en savons-nous, au juste? Nous le regardons du ciel. D’en haut, avec des jumelles, nous nous focalisons sur son gouvernement et nous limitons à une géopolitique désincarnée. Et nous oublions ce qui se joue sur le terrain, comment ce pays de deux cents millions d’habitants vit la guerre de l’OTAN chez son voisin afghan, les frappes de drone sur son territoire, la radicalisation tranquille de sa campagne…
Le journaliste Guillaume Lavallée, correspondant de l’AFP à Islamabad de 2012 à 2015, propose un road-trip de la frontière afghane à la bouillonnante mégalopole Karachi pour illustrer les transformations de ce géant musulman aux pieds d’argile. Les mutations d’un peuple qui se retrouve sur la ligne de feu de cette guerre qui ne dit pas son nom, où l’armée ennemie n’est pas composée d’êtres humains, de semblables, mais de robots qui sillonnent le ciel, télécommandés depuis l’étranger, emplissant les nuits de leur bourdonnement obsédant. Des mutations qui vont bien au-delà du seul bilan humain et transforment le quotidien de millions de Pakistanais, qui ne connaissaient rien des attentats-suicides avant le 11 Septembre. Mais qui depuis en tremblent chaque semaine.
Psychiatres débordés [1] par les victimes collatérales des drones, chefs tribaux ahuris, poètes pachtounes au verbe musclé, habitants des nouveaux quartiers sécurisés, jeunes désespérés qui abandonnent leur pays sur les eaux mortelles de l’espoir, gangsters de Karachi tirés de films de Coppola, soirées folles et secrètes d’une élite blindée… Drone de guerre raconte ce Pakistan bien réel, celui des habitants de cet autre ground zero, celui que nous ne connaissons pas.
Drone de guerre
Visages du Pakistan dans la tourmente
Guillaume Lavallée *
Les éditions du Boréal
Parution : 14 mars 2017, 208 pages
http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/drone-guerre-2550.html
[1] «Avec ses drones, ses attentats islamiques, ses opérations militaires doublées de déplacements massifs de population, son chômage endémique et l’incapacité de nombreux habitants d’envisager ne serait-ce que l’avenir proche, le Nord-Ouest pakistanais propose un cocktail explosif pour la santé mentale. Les drones ne sont pas seuls au banc des accusés. Ils font partie d’un tout, d’une «drone» de guerre. Non déclarée, plus vaste, qui s’écrit entre la terre des talibans et le ciel américain, dans la chair et l’âme d’une population prise en étau.» (G.L.)
Comment ne pas devenir fou quand on est menacé de se faire descendre par des drones à n'importe quel moment?
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Au printemps dernier, les révélations des opérateurs de drones américains Brandon Bryant, Cian Westmoreland, Stephen Lewis et Michael Haas ont généré une importante prise de conscience. Ces quelques extraits illustrent le phénomène de «déshumanisation» corrélé à ces pratiques odieuses.
Des pilotes traumatisés racontent l’horreur de la guerre des drones
Avril 2016
Les chiffres exacts des attaques de drones en Afghanistan sont gardés secrets pour une bonne part, mais d’après les chiffres les plus récents du Centre de commandement des États-Unis (CENTCOM), 245 frappes ont été réalisées en 2012. Entre 2004 et 2016, le programme des drones de la CIA a tué entre 2000 et 4000 personnes au Pakistan, dont le Bureau of Investigative Journalism de Londres estime que 965 d’entre elles étaient des civils. [...]
Haas a fini par succomber à son tour à l’état d’esprit qui permettait à ses collègues de tuer de bon cœur. «Il y a un sentiment de pouvoir immense qui découle du fait de regarder quelqu’un sans qu’il le sache, et de savoir qu’on pourrait le tuer à tout moment», dit-il. «On arrêtait de voir les personnes à l’écran comme des personnes. C’était impossible, si on voulait rester sains d’esprit. Sur l’écran, c’était des points. Des fourmis. Vous avez déjà marché sur une fourmilière sans vous poser de questions? C’est à ça que ressemblait notre job. Les enfants, on disait que c’était des “terroristes de taille rigolote” ou des “graines de terroristes”. On parlait d’arracher les mauvaises herbes pour qu’elles ne repoussent pas. On parlait tous comme ça. Les gens disent que les drones dépossèdent les gens qu’ils prennent pour cible de leur humanité, mais ils nous prennent aussi la nôtre. Sérieusement, quel genre de personnes disent des conneries pareilles?» [...]
Quant à Bryant, il a déménagé en Norvège pour trouver du réconfort; il fait encore des cauchemars dans lesquels les gens qu’il a tués encerclent son lit. «Ce que nous avons fait en tant qu’opérateurs de capteurs et pilotes de drones a creusé un trou dans notre âme», dit-il. «Avoir fait partie du programme est comme une maladie mentale qui s’accroche et ne vous lâche plus.»
Traduit de l’anglais par Nicolas Prouillac et Arthur Scheuer d’après l’article «The Untold Casualties of the Drone War», paru dans Rolling Stone.
Article intégral :
http://www.ulyces.co/vegas-tenold/des-pilotes-traumatises-racontent-lhorreur-de-la-guerre-des-drones-1/
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La guerre du futur se fera avec des essaims de mini-drones autonomes
Huffington Post ǀ Le Monde
Le 10 janvier 2017
GUERRE - Et si cet épisode un peu fou de Black Mirror, où des drones abeilles sont utilisés comme une arme de destruction massive, n'était plus vraiment de la Science Fiction? Le Pentagone a récemment testé avec succès un essaim de 103 petits drones, progressant vers la réalisation d'un nouveau type d'armement promis à un grand avenir selon les stratèges militaires, a indiqué lundi 9 janvier le Pentagone.
Les progrès de l'intelligence artificielle rendent désormais envisageable la constitution de groupes de petits robots, agissant collectivement sous la direction d'un humain. Les stratèges militaires prédisent un grand avenir à ces essaims de drones, peu coûteux à fabriquer et tirant leur force de leur capacité à submerger par leur nombre les défenses de l'adversaire.
En octobre, le Pentagone a testé un essaim de 103 petits drones d'environ 16 cm de long, lancés depuis trois avions de combats F/A-18 Super Hornets, selon un communiqué du Pentagone. Lors du test, les petits drones Perdix ont démontré plusieurs capacités prometteuses, selon la même source.
Dans la vidéo, on voit le largage des drones, puis les missions qui leur ont été assignées en temps réel :
http://www.huffingtonpost.fr/2017/01/10/la-guerre-du-futur-se-fera-avec-des-essaims-de-mini-drones-auton/
Ils sont ainsi parvenus à une «prise de décision collective», adaptant ensemble leurs comportements individuels en fonction des aléas de la mission. Les drones Perdix forment «un organisme collectif, partageant un cerveau commun» a expliqué William Roper, qui dirige le service des capacités stratégiques (SCO) du Pentagone, cité dans le communiqué. [...]
Le drone Perdix a été conçu à l'origine par des élèves ingénieurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology) à partir de 2013, et a été continuellement amélioré depuis, "s'inspirant notamment de l'industrie du smartphone", selon le Pentagone.
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Ces essaims de mini-drones serviront à la protection et à la surveillance... Bien sûr. Supposons que chacun des mini-drones de l’essaim contienne une balle ou un explosif et qu’ils les lâchent simultanément dans une foule, par erreur ou volontairement – sérieux dégâts en perspective, et poursuivre l’armée serait impensable puisqu'elle fait ça pour notre bien.
La baby-boomer en moi a immédiatement pensé au thriller d’Alfred Hitchcock The Birds (Les Oiseaux, 1963). Ce film raconte les attaques inexpliquées d'oiseaux de toutes espèces sur les habitants de la petite ville de Bodega Bay en Californie. Les oiseaux se perchaient par bandes à proximité des habitations, attendaient, puis soudainement attaquaient simultanément et violemment les gens aussitôt qu'ils mettaient le nez dehors. Comme tous les auteurs de science fiction, Alfred était visionnaire... et on lui pardonne ses trucages boiteux, que voulez-vous, il ne disposait pas de la technologie actuelle.
Malheureusement, le film a donné mauvaise presse aux oiseaux, en particulier aux corbeaux que les gens se sont mis à craindre et à décimer à coups de fusil. Quelle bêtise! Mais bon, on ne peut pas empêcher les humains d’agir sans réfléchir.
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On croirait lire un tweeteur tristement célèbre en ce moment...
~ Obergruppenführer Schmidt (colonel nazi, personnage de la série X Company, Saison 3)
L’épisode de mercredi dernier clôturait cette excellente série qui frôle la perfection. Je vais m’ennuyer des acteurs, de tout, en fait. Chapeau aux créateurs et participants (devant et derrière la caméra) qui nous ont fait plonger dans l'univers de l’espionnage canadien lors de la Deuxième guerre mondiale. Si vous habitez au Canada, les trois saisons sont toujours en ligne sur CBC.
http://www.cbc.ca/xcompany/episodes/season-3
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