Dans le message précédent, Marie-Noëlle Agniau dit en parlant de la guerre : «Elle circule partout et sait inventer à chaque fois de nouvelles armes (ainsi du viol systématique)…»
L’on commémore l’inhumain génocide Rwandais ces jours-ci.
Je ne veux pas en rajouter, mais l’on se rend bien compte que rien n’a changé depuis 1994. Les horreurs se perpétuent, notamment en RD Congo. Vendredi, j’entendais la journaliste Sophie Langlois** parler des atrocités infligées dans ce pays aux femmes (incluant fillettes et femmes âgées) et aussi aux petits garçons. On brûle, on pille et on viole, et la moitié des agresseurs est constituée de militaires, incluant même des Casques bleus censés protéger les populations...
Cela dure depuis 15 ans – ce qui, selon la journaliste, équivaut à :
50 femmes violées à l’heure, soit 1200 par jour
À lever au plafond.
Aux dernières nouvelles, les agresseurs devraient bientôt être traduits en justice pour répondre de leurs actes. Un espoir; un pas vers l’élimination de l’impunité.
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Le gynécologue Denis Mukwege qualifie ce drame
humanitaire de féminicide. Le courageux
médecin soigne les femmes violentées au Kivu. Plus de 40 000 femmes on
été opérées à la suite de mutilations et de viols. Le Dr Denis Mukwege a
échappé de justesse à une tentative d’assassinat en octobre dernier, car il
fustige les responsables actifs ou passifs, nationaux ou internationaux.
«Ce qu’on ne savait pas faire avec les armes
à feu et les machettes, on le réalisait avec le sexe, déclare-t-il. Dans les guerres classiques, ce sont les
hommes qui vont au front. Les femmes restent au village et peuvent continuer à
faire des enfants. Mais, si vous détruisez les femmes, vous menacez la société
tout entière. Il s’agit d’une stratégie, tellement systématique que je ne peux
y voir l’effet du hasard.»
Dès
qu’il le peut, le Dr Mukwege voyage pour dénoncer les faits, à l’ONU, au Parlement
européen… Il a été nominé pour le Prix Nobel de la paix et a reçu nombre de
prestigieux prix internationaux. Il reçoit certes des dons, mais surtout des
promesses (comme de l’Union européenne) dont il attend toujours la
concrétisation… Si cette reconnaissance internationale le touche, il reste
lucide : «Sans véritable sécurité, tout
cela ne sert à rien. Les populations congolaises et rwandaises ont été
entraînées dans un conflit qui n’est pas le leur et qui ne profite qu’à ceux
qui l’ont initié et en retirent des dividendes. Le viol n’appartient pas à la
culture congolaise. Il a été inoculé. Le Congolais n’est pas plus disposé aux
violences que n’importe quel autre peuple.»
Colette Braeckman, journaliste belge et
spécialiste de l’Afrique centrale, a publié un ouvrage sur le Dr Denis Mukwege intitulé
«L’homme qui répare les femmes» :
Un site bien documenté – évitez
de trop fouiller si vous avez le cœur sensible :
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Un article très touchant de Sophie Langlois – sur son blog :
Extrait :
Je
n’abandonne pas l’Afrique, mais…
Mon affectation africaine est née il y a
presque six ans, en même temps que l’émission Une heure sur terre, qui
disparaîtra des ondes en septembre. Six années merveilleuses à couvrir un
continent immense, enivrant, attachant. «On ne sort pas indemne de l’Afrique»,
me disait la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. Je suis tout à fait d’accord.
Je n’oublierai jamais la petite Baratou, une
puce de 5,4 kilogrammes, le poids d’un bébé canadien de trois mois. Mais
Baratou avait deux ans. Elle est morte de faim devant notre caméra au Niger,
pendant la crise alimentaire de 2010. J’ai une admiration infinie pour ces
héros du quotidien comme le Dr Amadou Sidibé, qui travaillait nuit et jour pour
sauver le maximum d’enfants dans cette clinique de Madarounfa. Le Dr Sidibé a
choisi de quitter la France pour revenir pratiquer une médecine de brousse chez
lui, dans le pays le plus pauvre de la planète. J’ai été touchée par son
indignation tranquille. «Globalement,
dans le monde, y a assez de nourriture, me disait-il. Mais ici il y a beaucoup
de foyers qui n’ont rien à manger, ça me choque, cette inégalité.» Des
héros comme ça, j’en ai croisé partout en Afrique. Des rencontres inoubliables,
qui ont changé ma vie.
(…)
Je me suis souvent demandé pourquoi on est plus
touché par le drame du voisin qui tue sa femme que par un dictateur qui tue son
peuple. La distance nous rend-elle indifférents aux drames humains?
Désormais, il ne reste qu’un seul journaliste
canadien dédié exclusivement à l’Afrique, le correspondant du Globe and Mail à
Johannesburg, Geoffrey York. (…)
** D’abord journaliste pour Enjeux, Sophie Langlois se consacre ensuite aux
nouvelles économiques pour la télévision de Radio-Canada. Son enquête sur le
scandale de Cinar lui a valu le prix Judith-Jasmin en 2000. Elle travaille
comme correspondante parlementaire pendant plus de cinq ans. En août 2007, elle
devient la correspondante de Radio-Canada pour l’Afrique. Elle nous fait
découvrir non seulement les conflits qui ravagent le continent noir, mais aussi
le quotidien de 800 millions d'Africains.
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Citations
du jour
Parfois, j’ai vraiment de la difficulté à comprendre
l’humanité…
~ Jean Lemire, 1000 jours pour la terre
L'homme est le seul animal qui donne dans
l’atrocité des atrocités : la Guerre. Il est le seul qui rassemble ses
frères pour aller calmement exterminer ses pairs de sang froid. Il est le seul
animal qui, pour un salaire minable, marche et tue des étrangers de sa propre
espèce qui ne lui ont fait aucun mal et avec lesquels il n'est pas en conflit.
Et pendant les intervalles d’entre guerres, il lave le sang de ses mains en
travaillant pour la «Confrérie Universelle de l’Homme».
~ Mark Twain, What Is Man?
La guerre n’est rien d’autre qu’un massacre
d’étrangers envers qui vous n’éprouvez aucune animosité personnelle; des
étrangers qu’en d'autres circonstances vous aideriez s’ils avaient des
problèmes et qui vous porteraient secours si vous en aviez besoin.
~ Mark Twain, The Private History of the Campaign That Failed
De toutes les créatures, l'homme est la plus
détestable. De la couvée entière, il est le seul – le seul et unique – à être doté
de malice. C'est le plus vil de tous les instincts, des passions et des vices –
le plus odieux. Et – de toute la liste – c’est la seule créature dont l’esprit
est aussi méchant.
~ Mark Twain, Autobiography
Les villes et le spectacle d’agitation qu’elles
offrent sont affligeants et fatigants. À quoi bon tout le tourment que prennent
les hommes? Ils semblent un tas de fous recherchant les moyens de se torturer
eux-mêmes. Je souris devant les peintures naïves de l’Enfer que l’on voit dans
les temples des diverses religions. Comme elles sont enfantines, en dessous de
la réalité! Sans passer en aucun «autre monde» on voit bien mieux en fait de
torture tout autour de soi!
Depuis
qu’il y eu deux hommes sur la terre, cela a été un écœurant spectacle de les
regarder agir; cela n’a pas changé depuis et ne changera vraisemblablement
jamais.
~ Alexandra David-Néel, Correspondance
Le plus surprenant dans ce scénario qui se
déroule dans un Olympe quelconque et qui a pour personnages de petits dieux qui
s’ennuient, c’est que l’actualité y est présente dans ce qu’elle a de plus
horrible : la bombe atomique qui a réduit à néant Hiroshima et que les Français
viennent d’expérimenter à Bikini. Les petits dieux jouent à la bombe atomique
et se bousculent pour mieux voir «le
spectacle d’annihilation». (1946)
~ Alexandra David-Néel, Biographie de Jean Chalon
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