6 février 2012

L’enfant


Quand l’enfant nous regarde, on sent Dieu nous sonder ;
Quand il pleure, j’entends le tonnerre gronder,
Car penser c’est entendre, et le visionnaire
Est souvent averti par un vague tonnerre.
Quand ce petit être, humble et pliant les genoux,
Attache doucement sa prunelle sur nous,
Je ne sais pas pourquoi je tremble ; quand cette âme,
Qui n’est pas homme encore et n’est pas encore femme,
En qui rien ne s’admire et rien ne se repent,
Sans sexe, sans passé derrière elle rampant,
Verse, à travers les cils de sa rose paupière,
Sa clarté, dans laquelle on sent de la prière,
Sur nous les combattants, les vaincus, les vainqueurs ;
Quand cet arrivant semble interroger nos coeurs,
Quand cet ignorant, plein d’un jour que rien n’efface,
A l’air de regarder notre science en face,
Et jette, dans cette ombre où passe Adam banni,
On ne sait quel rayon de rêve et d’infini,
Ses blonds cheveux lui font au front une auréole.
Comme on sent qu’il était hier l’esprit qui vole !
Comme on sent manquer l’aile à ce petit pied blanc !
Oh ! comme c’est débile et frêle et chancelant
Comme on devine, aux cris de cette bouche, un songe
De paradis qui jusqu’en enfer se prolonge
Et que le doux enfant ne veut pas voir finir !
L’homme, ayant un passé, craint pour cet avenir.
Que la vie apparaît fatale ! Comme on pense
A tant de peine avec si peu de récompense !
Oh ! comme on s’attendrit sur ce nouveau venu !
Lui cependant, qu’est-il, ô vivants ? l’inconnu.
Qu’a-t-il en lui ? l’énigme. Et que porte-t-il ? l’âme.
Il vit à peine ; il est si chétif qu’il réclame
Du brin d’herbe ondoyant aux vents un point d’appui.
Parfois, lorsqu’il se tait, on le croit presque enfui,
Car on a peur que tout ici-bas ne le blesse.
Lui, que fait-il ? Il rit. Fait d’ombre et de faiblesse
Et de tout ce qui tremble, il ne craint rien. Il est
Parmi nous le seul être encor vierge et complet ;
L’ange devient enfant lorsqu’il se rapetisse.
Si toute pureté contient toute justice,
On ne rencontre plus l’enfant sans quelque effroi ;
On sent qu’on est devant un plus juste que soi ;
C’est l’atome, le nain souriant, le pygmée ;
Et, quand il passe, honneur, gloire, éclat, renommée,
Méditent ; on se dit tout bas : Si je priais ?
On rêve ; et les plus grands sont les plus inquiets ;
Sa haute exception dans notre obscure sphère,
C’est que, n’ayant rien fait, lui seul n’a pu mal faire ;
Le monde est un mystère inondé de clarté,
L’enfant est sous l’énigme adorable abrité ;
Toutes les vérités couronnent condensées
Ce doux front qui n’a pas encore de pensées ;
On comprend que l’enfant, ange de nos douleurs,
Si petit ici-bas, doit être grand ailleurs.
Il se traîne, il trébuche ; il n’a dans l’attitude,
Dans la voix, dans le geste aucune certitude ;
Un souffle à qui la fleur résiste fait ployer
Cet être à qui fait peur le grillon du foyer ;
L’oeil hésite pendant que la lèvre bégaie ;
Dans ce naïf regard que l’ignorance égaie,
L’étonnement avec la grâce se confond,
Et l’immense lueur étoilée est au fond.

On dirait, tant l’enfance a le reflet du temple,
Que la lumière, chose étrange, nous contemple ;
Toute la profondeur du ciel est dans cet oeil.
Dans cette pureté sans trouble et sans orgueil
Se révèle on ne sait quelle auguste présence ;
Et la vertu ne craint qu’un juge : l’innocence.

Victor Hugo
Juin 1874

***
Comment peut-on en venir à assassiner ses propres enfants?

Résumé du cas « Guy Turcotte » :
Source : Femmes et enfants tués par des hommes ou des inconnus au Québec en 2009
par Martin Dufresne – vendredi 20 novembre 2009
http://sisyphe.org/spip.php?article3453

[Anne-Sophie Turcotte, 3 ans, et son frère, Olivier Turcotte, 5 ans, poignardés dans leur sommeil à Piedmont le 22 février, à plus de 15 reprises, par leur père, Guy Turcotte, cardiologue de 36 ans à l’Hôpital de St-Jérôme, qui a été jusqu’à leur arracher le coeur soi-disant pour se venger de la mère des enfants, elle aussi médecin à cet hôpital, dont il venait de se séparer et avec qui il gérait une garde partagée des victimes. L’assassin a laissé des propos masculinistes où il disait entre autres : « Les femmes n’ont pas de coeur et les hommes n’ont pas de couilles. » Il a ensuite ingurgité de l’antigel (mais précisément à l’heure où il devait déjeuner avec ses parents qui l’ont retrouvé et emmené à l’hôpital). Il s’y est rapidement rétabli, après avoir été emmené à un autre hôpital, ses collègues de travail ayant refusé de le soigner. Même si l’assassin a été accusé de double meurtre prémédité (courriel adressé à la mère trouvé sur son ordinateur, propos justifiant le double assassinat, tenus une fois Couture arrivé à l’hôpital), la plupart des journalistes et éditorialistes masculins – comme Mario Roy de La PRESSE dans un texte intitulé « L’homme de Piedmont » – ont tous défendu les thèses négationnistes de l’acte de folie, du malaise masculin contemporain, bref relativisé la responsabilité de Turcotte pour le double meurtre, tout en reprenant les revendications masculinistes classiques pour plus de services, de soutien et de pouvoirs aux hommes, afin de leur éviter toute « détresse ».]

Acte de folie : aucun doute là-dessus. Par ailleurs, on sait que le personnel médical a facilement accès aux diverses drogues/médicaments disponibles dans les hôpitaux et les cliniques – même si c’est règlementé. Les prescriptions de dépannage « entre collègues » sont aussi monnaie courante.

Alors :
- se droguait-il avec des médicaments ou autres?
- avait-il des traitements de stimulation magnétique transcranienne (TMS)?
- s’il est déclaré apte à quitter l’asile, est-ce parce qu’on a réussi à manipuler la jonction temporale-pariétale de son cerveau avec succès?

Lisez ce qui suit…

***
Les scientifiques peuvent modifier le jugement moral des individus

Les neuroscientifiques affirment qu'ils peuvent modifier nos valeurs morales simplement en perturbant un secteur spécifique du cerveau à l’aide d’impulsions magnétiques.

La région du cortex cervical située juste au-dessus et derrière l’oreille droite, semble réguler nos valeurs morales – il s’agit d’un ensemble de cellules nerveuses connu sous le nom de jonction temporale-pariétale droite (JTPD). Quand les chercheurs induisent des pulsions magnétiques de 500 millisecondes pour bloquer l'activité des cellules de cette région, ils altèrent la notion de bien et de mal qui permet l’expression de jugements moraux.

Sous l’effet de ces pulsions, les cobayes évaluaient les situations uniquement en fonction du résultat; qu’il soit bien ou mal et basé sur des jugements moralement corrompus n’entrait pas en ligne de compte.

Il semble que le processus mental supérieur qui affecte notre raisonnement moral, souvent associé à notre identité d'être humain, est tout à fait malléable. Cette région du cerveau se développe tardivement à la fin de l'adolescence ou dans la vingtaine; cela suggère que les facultés morales n’atteindraient leur pleine maturité qu'après l’adolescence.

Comment la stimulation magnétique peut-elle altérer le cerveau?

Les chercheurs en neuroscience utilisent une technique appelée stimulation magnétique transcranienne (TMS) pour modifier l’activité électrique du cortex cérébral. De faibles courants électriques provoquent une lésion artificielle provisoire dans une zone spécifique reliée aux performances cognitives.

Le cerveau se compose d'environ 100 milliards de neurones qui peuvent communiquer entre eux, bien qu'ils ne soient pas physiquement reliés. L’intercommunication se fait à travers un espace vide minuscule appelé synapse. La capacité d'apprendre et de fonctionner est en grande partie déterminée par les raccords dans le réseau de synapses. Il s’agit d’un système de communication complexe et stupéfiant : il y a entre 1000 et 10 000 synapses pour chacun des 100 milliards de neurones du cerveau. Modifier le pattern des synapses peut changer l’esprit même, et c’est ce que les neuroscientifiques essayent de faire, souvent en utilisant des méthodes artificielles comme la TMS. On utilise la TMS pour traiter la dépression, les stress post-traumatiques, la schizophrénie, les hallucinations auditives, la bipolarité, etc.

On emploie également une technique de stimulation plus profonde du cerveau; un traitement devenu routinier pour la maladie de Parkinson. On implante chirurgicalement une fine électrode dans le cerveau pour stimuler les neurones des secteurs affectés par la maladie. Les expériences ont montré que ce type de stimulation électrique produit de nouvelles cellules cervicales et de nouvelles mémoires. On songe maintenant à l’appliquer à la maladie d’Alzheimer. Les scientifiques espèrent également s’en servir pour soigner l'épilepsie et les troubles obsessionnels.

On prévoit aussi utiliser la TMS pour provoquer des changements d'humeur, améliorer la créativité ou augmenter la concentration.

Tel un dispositif de film de science-fiction, les neuroscientifiques envisagent de produire «des appareils abordables et portables à utiliser dans les cliniques de thérapie, ou même sur soi» … nous pourrions stimuler notre cerveau, changer d'humeur ou augmenter notre degré de confiance à volonté.

Est-ce vraiment une bonne idée?

La manipulation des cellules cervicales, avec la TMS ou la stimulation profonde, représente une incursion dans notre monde intérieur dont les conséquences sont imprévisibles.

Sur le plan physiologique, les effets secondaires de la TMS ont jusqu'ici été superficiels : migraine, déficit d’attention et faibles tremblements des muscles faciaux. On a cependant noté quelques cas de défaillance cardiaque, de surexcitation et des troubles d'audition. La stimulation profonde du cerveau a par contre occasionné des problèmes plus sérieux : hémorragie cérébrale, démence, changements d'humeur non désirés, convulsion, infections et troubles de locomotion et d’élocution.

Sans compter qu’on ignore totalement les effets à long terme de ces interférences avec le fonctionnement cérébral, et même à court terme, on ne sait rien des conséquences à  l’exposition à de champs électromagnétiques plus intenses.

Il s’agit d’un secteur de la médecine à surveiller de près, particulièrement en ce qui concerne le traitement de maladies incurables comme l’Alzheimer qui continuera sans doute de progresser dans l’avenir.

Quant à l’utilisation de la TMS pour modifier nos humeurs ou nos principes moraux, il vaut peut-être mieux nous fier à nos propres valeurs morales et utiliser des remontants naturels qui favorisent l'humeur positive … à moins que l'idée d’être branché à un dispositif électrique qui contrôle nos émotions et nos pensées les plus secrètes nous indiffère.

(Résumé/adaptation d’un reportage de la BBC)

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http://situationplanetaire.blogspot.com/2011/10/changement-de-frequence-3.html  




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