18 février 2012

L’odorat

Il semble que les émanations volatiles les plus dangereuses sont celles qui ne dégagent pas d’odeur…

Si la pollution visuelle et sonore nous agresse, notre nez en prend un coup aussi avec la pollution olfactive.


Reconnaitre l’odeur d’une personne que nous aimons est source de réconfort. Nous sentons l’arome des aliments que nous aimons et soudain notre appétit s’éveille. Le merveilleux parfum d’un bouquet de fleurs nous laissera de bons souvenirs. Une odeur de brulé provenant de la cuisine nous avertit qu’il faut retourner à nos chaudrons. Si notre sens olfactif n’est pas complètement émoussé, normalement, nous ne mangerons pas d’aliments dont l’odeur est suspecte.

Toutes les émanations – odeurs, vapeurs – sont captées par des récepteurs situés derrière les cavités nasales et transmettent des signaux au système limbique. (Le système limbique régule les fonctions automatiques du corps, les comportements, les humeurs, les émotions, l’activité sexuelle et la reproduction, les niveaux de stress, l’appétit, les capacités d’apprendre, la créativité et la mémoire à long-terme.)

Chez les animaux, l’odorat est littéralement un instrument de survie. Les odeurs servent à démarquer un territoire, à détecter un danger, à suivre une piste, à attirer un partenaire de reproduction, etc. Il s’agit d’un medium de communication très efficace. Chez l’humain, l’odorat a perdu de son efficacité en raison de notre immersion dans un monde de plus en plus artificiel et chimique.

Contrôler l’esprit par le nez…
Ou se faire mener par le bout du nez  :o)

Le branding multi-sensoriel axé sur le marketing olfactif – diffusion de fragrances pour vendre des produits et services qui n’ont aucun rapport avec ces odeurs – est en croissance.

Les compagnies, réalisant que les consommateurs étaient constamment bombardés de flashs sonores et visuels, ont décidé qu’il fallait explorer d’autres avenues pour rester compétitives. Harald Vogt, du «Scent Marketing Institute», disait : «Vous ne pouvez pas vous boucher le nez. Vous devez respirer.» De son côté, l’auteur de «Brand Sense», la bible du branding multi-sensoriel, disait : «Avec les fragrances, les gens se décident plus vite et sont prêts à payer plus cher; ils sont tellement affectés émotionnellement, qu’ils se coupent de la partie rationnelle qui gouverne leurs comportements.»

Mais, il y a un hic avec les fragrances. Une odeur agréable pour l’un peut être une nuisance pour l’autre. Les préférences varient en fonction de facteurs tels que le sexe, la culture et les générations – il n’existe pas de parfum universellement révéré. D’autant plus que les gens ont fréquemment tendance à associer les odeurs à des émotions négatives.

L’overdose de senteurs est similaire à celle de la pollution sonore; et elle présente un réel problème. On n’a qu’à déambuler dans un centre commercial pour apprécier le mixe plus souvent repoussant qu’alléchant : pain, caoutchouc, patchouli, chocolat, viande grillée, désinfectants de W.C., etc. Horrible pour qui a le nez fin, mais nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés de respirer… Pour ce qui est du son, au moins on peut se mettre des bouchons dans les oreilles.

Les fragrances artificielles peuvent être une torture pour les gens sensibles aux produits chimiques. Mais ce n’est pas un dissuasif pour le businessman qui veut conquérir notre esprit, notre psyché, notre cœur et notre âme, et nous faire acheter, acheter, acheter.

Les compagnies ne dépenseraient pas des fortunes pour nous accrocher par les sens, si ça ne marchait pas : lorsqu’on a diffusé un parfum floral dans un casino, les revenus des machines à sous ont soudain grimpé de 45%! 

Un jour, je suis allée visiter une dame âgée du quartier. Quand elle a ouvert la porte de son appartement, j’ai failli tomber par terre. Une odeur de «plug-in scent» m’a envahie. Une fois à l’intérieur, j’ai remarqué qu’il y en avait dans toutes les prises de courant. Je lui demandé pourquoi elle utilisait ces bidules? «Je ne veux pas que ça sente le chien», m’a-t-elle répondu. Au bout de cinq minutes, j’avais une migraine carabinée. Alors, je lui donné un cours 101 sur les parfums artificiels. Quelques semaines plus tard, je l’ai revue. Elle m’a dit qu’elle avait jeté tous ces «sent-bon» et que ses enfants ne se plaignaient plus d’avoir la migraine lorsqu’ils venaient la visiter. Hé!

Quelques «rafraichisseurs d’air» à éviter – parmi une multitude :

- Les chandelles parfumées contiennent du plomb, du mercure et d’autres polluants; en particulier celles garnies de «pépites» métalliques; utilisez plutôt des chandelles «naturelles»
- L’encens : de la meilleure qualité possible et utilisez parcimonieusement 
- Certains aérosols contiennent du di-chlorobenzène (1,4-DCB), entre autres; mortel...
- Les huiles essentielles* de mauvaise qualité,ou synthétiques diluées avec des produits chimiques; lisez les ingrédients des mélanges prétendument parfumés aux huiles essentielles thérapeutiques
- Les assouplisseurs de tissus en feuille ou en liquide. Ils peuvent créer des allergies ou aggraver des problèmes de peau existants. 
   * À noter que les huiles essentielles ne sont pas des fragrances ou des parfums bien qu’on les utilise en parfumerie.

À suivre bientôt : l’aromathérapie, la vraie, qui sert non pas à camoufler des odeurs, mais à améliorer ou restaurer notre état de santé…

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