11 juillet 2011

L'injustice...

Balance de la Justice; Palais de justice de Vancouver, B.C.

Le verdict dans l’affaire Guy Turcotte (qui rappelons-le a assassiné ses enfants) soulève beaucoup de controverse. Dommage qu’il faille des actes aussi tristes et barbares pour questionner nos comportements irrationnels; car autrement, nous le faisons très peu.

Ce qui me frappe le plus dans tout ça, c’est de voir à quel point on ne nous apprend pas à vivre dès la petite enfance, entre autres, à composer avec les contrariétés et les coups durs de la vie, par ailleurs inévitables.

L’apparition du positivisme à tous crins n’a fait qu’empirer les choses. «Vous avez le pouvoir de réaliser tous vos rêves, il suffit de vouloir». Assez puéril puisque nous sommes interdépendants, et que par conséquent nous ne pouvons esquiver les retombées des interactions humaines pas plus que les catastrophes naturelles.

Le désir est un roi tyrannique qui ne tient absolument pas compte d’autrui, pour qui n’a pas appris à maîtriser ni sa pensée ni ses émotions. Ainsi, pour concrétiser un fantasme de «vie parfaite», certains individus n’hésiteront pas à manipuler autrui sans scrupule, tandis que d’autres iront jusqu’à tuer. Par ailleurs, toute la publicité encourage la possessivité jusqu’à l’hystérie.

Tuer l’objet de notre trouble n’éliminera pas la cause profonde derrière la souffrance. L’espèce de fixation mentale* provenant de la peur atavique du cerveau limbique (survie élémentaire) bloque le néocortex et supprime toute rationalité. Dès lors, nous sommes prêts à faire n’importe quoi pour obtenir ce que nous voulons.

L’individu prisonnier d’un désir de vengeance en viendra sûrement à «préméditer» quelque chose, espérant à tort se libérer ainsi de sa jalousie, haine, etc. ... «Heureusement que le monde va mal; je n’aurais pas supporté d’aller mal dans un monde qui va bien!» disait l’humoriste Georges Wolinski. Il semble évident que G. Turcotte dissimulait quelques-unes des caractéristiques du pervers narcissique le rendant capable de tuer ses enfants pour punir leur mère, coupable à ses yeux de l’avoir rejeté et d’avoir trouvé son bonheur ailleurs.

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* Fixation mentale : chose que nous désirons mais que nous ne pouvons pas avoir ou que nous avons mais que nous ne voulons pas perdre.

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«Il est d’une importance capitale de comprendre ce qu’est la souffrance. C’est ce qui nous permettra d’assumer les aléas du quotidien sans s’en faire une montagne. (…) Je m’intéresse beaucoup à l’étymologie des mots, car elle en dit souvent déjà très long sur leur sens. Le mot souffrance est un dérivé du latin subferre, composé du verbe ferre, porter, et du préfixe sub qui veut dire sous, dessous. Le terme dans son ensemble exprime donc l’idée de : se retrouver dessous, porter par-dessous, sup-porter.
      D’autres termes voisins de souffrance évoquent en revanche une image de lourdeur, un sentiment d’oppression : c’est le cas de mots comme affliction, peine et dépression. Le mot dépression, en fait, dérive du latin deprimere qui signifie presser sur quelque chose, le pousser vers le bas.
      On pourrait même distinguer deux sortes de souffrances : l’une qui nous donne un sentiment d’oppression – on se sent comme écrasé par quelque chose d’extérieur à soi. Et l’autre consiste à simplement supporter, rester dessous, assumer, ne faire qu’un avec la souffrance en question. Or il est capital de bien faire la distinction entre ces deux types de souffrance.
      ‘La vie est souffrance’ déclarait le Bouddha. Il n’a pas parlé de souffrance occasionnelle, il a bel et bien dit que la vie même était souffrance. Une vérité relativement facile à comprendre quand tout va mal et qu’on souffre, mais qui est moins évidente lorsqu’on se sent bien et que tout semble marcher comme sur des roulettes. (…) Nous savons bien que les moments heureux ne peuvent pas durer toujours, et à l’inverse, même si ce n’est pas une consolation de savoir que les peines et les souffrances ont également une fin, on ne peut jamais être sûr qu’elles ne reviendront pas.
      Le mot souffrance ne dépeint pas seulement les moments de crise les plus pénibles de nos vies, mais une très large gamme de sentiments comme la frustration, la peine, l’angoisse, par exemple, le plus généralement tout ce qui exprime notre insatisfaction profonde par rapport à la vie. Imaginez une journée idéale, eh bien, même une journée heureuse ne serait pas exempte de souffrance, du fait que vous sauriez déjà que le lendemain risque d’être tout à fait le contraire. Rien n’est jamais sûr et garanti dans la vie, et c’est cette incertitude permanente qui angoisse. C’est comme une douleur lancinante et secrète qui nous travaille et qui empoisonne même nos meilleurs moments puisqu’on craint déjà de les voir s’enfuir et disparaître. C’est dans ce sens-là qu’on peut dire que la vie est souffrance.
      Il y a une chose que je voudrais préciser : au bout du compte, ce qui nous arrive a moins d’importance que la manière dont nous y réagissons. Que la vie se montre dure et cruelle envers nous, et nous pestons et nous tempêtons; nous avons le réflexe de lutter et de nous battre contre les événements. Il nous arrive tous les jours d’être confronté à des situations injustes – à notre avis – et auxquelles nous ne savons pas réagir autrement qu’en nous battant. Et c’est notre esprit qui nous sert d’armure.
      Tant que nous ne saurons pas courber l’échine pour supporter les souffrances de la vie, nous ne serons pas capables de comprendre ce qu’est notre vie.
      Il s’agit d’assumer et ne faire qu’un avec la souffrance. Ce qui ne veut pas dire rester passif et ne rien faire, mais agir à partir d’un état d’acceptation totale. Et encore, acceptation n’est pas vraiment le terme qui convient; il s’agit simplement de ne plus se dissocier de la souffrance, de l’assumer complètement. On renonce à se protéger ou à chercher des échappatoires. On accepte d’être totalement vulnérable devant la vie et c’est, paradoxalement, la seule manière de bien la vivre.»

   ~ Charlotte Joko Beck
      Soyez zen

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Faites-vous une fois pour toutes à l’idée que la vie est injuste

Au cours d’une conversation sur les aléas de la vie, une amie m’a posé la question suivante : «Qui a prétendu que la vie était juste, ou même, qu’elle devait l’être?»
      Bonne question qui m’a rappelé une vieille maxime mille fois entendue dans mon enfance : «La vie est pavée d’injustices.» C’est sans doute un lieu commun, mais d’une implacable vérité. De façon paradoxale, elle peut devenir source de libération.
      Nous commettons souvent l’erreur de nous apitoyer sur notre sort ou sur celui des autres en pensant que la vie devrait être plus juste ou qu’elle le sera un jour. C’est une dangereuse chimère. Quand nous lui cédons, nous avons tôt fait de nous lamenter sur tout ce qui va de travers dans notre existence. Nous nous complaisons dans de vains débats sur l’iniquité de ce monde. «C’est vraiment trop injuste», nous exclamons-nous, sans nous rendre compte du caractère aberrant et irrecevable d’une telle argumentation.
      Au contraire, en acceptant l’injustice de la vie, nous cessons aussitôt de pleurnicher pour essayer de «faire mieux» avec ce que nous avons sous la main. Ce monde ne prétend pas à la perfection. C’est à nous de l’en approcher, en relevant les défis qu’il nous présente. Accepter cette vérité, c’est aussi cesser de gémir sur le sort des autres : nous réalisons que chacun, à la naissance, reçoit des cartes différentes, que nous avons tous des atouts, des faiblesses et des épreuves. J’ai puisé là un soutien extraordinaire de nombreuses fois : quand j’étais confronté aux difficultés liées à l’éducation de mes enfants; chaque fois que je devais prendre une décision pénible («qui aider et qui ne pas aider»); ou bien encore lorsque je me sentais incompris ou persécuté. Dans tous les cas, j’avais l’impression de m’éveiller à la réalité et d’être remis dans le droit chemin.
      Le fait que la vie soit injuste ne signifie pas pour autant que nous devions renoncer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer notre existence ou la planète tout entière. Bien au contraire! Quand nous refusons de reconnaître l’iniquité de la vie, nous sommes tentés, je l’ai dit, de nous apitoyer sur nous-mêmes ou sur les autres. Or la pitié est une émotion qui n’apporte jamais rien de bon à personne, et qui aurait plutôt tendance à «enfoncer» ceux à qui elle s’adresse. Quand nous acceptons l’injustice de la vie, en revanche, nous éprouvons de la compassion pour les autres comme pour nous-mêmes. Et la compassion est un sentiment sincère qui met du baume au cœur de tous ceux qu’elle touche.
      Essayez de vous en souvenir la prochaine fois que vous vous surprendrez à méditer sur les injustices du monde. Vous serez surpris de constater que cette approche nouvelle vous sortira de votre apitoiement stérile pour vous inciter à agir.»

   ~ Richard Carlson
      Ne vous noyez pas dans un verre d’eau

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Dommage qu’on n’enseigne pas ces choses aux enfants, à la maison et au primaire…

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