Un
flashback remontant au début du point de bascule, montre une manifestation où des
opposants au régime sont sauvagement abattus par des policiers. June et son
amie Moira s’interrogent : s’agit-il de policiers ou de militaires? Une
fois le régime dictatorial instauré, des militaires seront postés dans tous les
recoins de la République Giléad pour faire respecter la loi et l’ordre, armes
semi-automatiques en main – un état de siège permanent.
June,
désormais appelée Defred, marche en silence. On l’entend penser :
«Il n’y a
aucune pitié pour les membres de la résistance. Elle n’a rien laissé
derrière elle. Pas d’empreintes. Pas de petites miettes. Je ne connais même pas
son nom. Deglen est partie. Je me suis éveillée au monde. Avant, je dormais. C’est
comme ça que tout est arrivé. Quand ils ont massacré le Congrès, on ne s’est
pas réveillés. Quand ils ont invoqué le terrorisme pour suspendre la Constitution,
on ne s’est pas réveillés non plus. Ils ont dit que ce serait temporaire.
Rien ne change instantanément. Dans une marmite chauffée graduellement, on
meurt bouilli sans s’en apercevoir.»
En 2006,
dans une interview au sujet de son roman, Margaret Atwood disait :
«Quand les temps sont durs, les gens troquent
volontiers leur liberté si quelqu’un leur dit : ‘Je suis un puissant
leader et je vais m’occuper de vous’. Si vous vouliez transformer une
démocratie en régime totalitaire, vous présenteriez la chose de façon
détournée : ‘En vue de préserver votre liberté, vous devrez sans doute la
sacrifier pour le moment. Pour préserver la liberté, nous devons la démolir.’»
«Ce livre
n’est pas anti-religion. Il est contre l’utilisation de la religion comme
prétexte à la tyrannie, ce qui est une chose entièrement différente. À la suite
des récentes élections américaines, la peur et l’anxiété prolifèrent. Les
libertés civiles de base sont menacées, de même que les nombreux droits que les
femmes ont acquis pendant les décennies précédentes, et en réalité, depuis des
siècles. Dans ce climat de zizanie, où la haine envers différents groupes
semble progresser et écorcher les institutions démocratiques, des extrémistes
de tous bords s’expriment.» Margaret Atwood on What ‘The
Handmaid’s Tale’ Means in the Age of Trump (New York Times, 10 mars 2017)
«Ce qui rend The
Handmaid’s Tale si terrifiant, c'est que tout ce qui arrive est plausible.
Atwood avait l’œil terriblement prémonitoire sur la façon dont un état comme
Giléad pourrait en venir à exister : «... Après la catastrophe, lorsqu'ils ont
tiré sur le président et mitraillé le Congrès, l'armée a déclaré l'état
d'urgence. ... Les journaux ont été
censurés et d’autres fermés, pour des raisons de sécurité, disait-on. Les barrages
routiers ont commencé à apparaître, ainsi que les Identipasses. Tout le monde approuvait puisqu'il était évident qu’on
ne pouvait pas être trop prudent. Les comptes bancaires des femmes furent
gelés, puis fermés, et elles furent forcées de quitter leur emploi. Cela s’est
fait étape par étape.» ~ Naomi
Alderman, écrivaine (The Guardian, March 25, 2017)
Le
commandant Waterford, chez qui Defred est l’utérus
du moment, reçoit une délégation mexicaine en vue de négocier des échanges
commerciaux. Defred est présentée à une déléguée et doit se déclarer heureuse du
service qu’elle rend la société. À son départ, l’ambassadrice lui offre un cadeau.
Defred décide de lui dire la vérité.
–
Je veux vous offrir un petit cadeau pour vous remercier de votre sincérité.
C’est une faveur inestimable. Du chocolat mexicain de ma ville natale. Merci de
m’avoir aidée à comprendre votre monde un peu mieux.
– Vous
ne comprenez pas. Je vous ai menti. C’est un endroit cruel. Nous sommes
prisonnières. Si on s’enfuie, ils nous tuent. Ou pire encore. Ils nous battent.
Ils utilisent des aiguillons à bétail pour qu’on leur obéisse. Si on nous
surprend à lire, ils nous coupent un doigt. La fois d’après, c’est toute la
main. Ils nous arrachent les yeux... Ils nous mutilent de la pire façon qui
soit. Ils me violent à tous les mois, dès que j’ovule.
– Je
suis désolée.
– Je
n’ai pas eu le choix. Ils m’on arrêtée alors que je voulais m’enfuir. Ils ont
enlevé ma fille. Alors, ne soyez pas désolée. Je vous en prie, ne soyez pas
désolée. S’il vous plaît, faites quelque chose.
– Je
ne peux pas vous aider.
– Vous
allez nous échanger contre quoi? Du chocolat à la con? Nous sommes des êtres
humains. Comment pouvez-vous faire ça? Comment pouvez-vous?
– Je
viens de Xipica, Mlle Defred. C’est une ville agréable. Grande comme Boston.
Aucun enfant n’a été mis au monde à Xipica en l’espace de six ans. Mon pays se
meurt.
–
Mon pays est déjà mort.
À mon avis, il vaut mieux mourir que de vivre dans
un régime semblable – dictatorial patriarcal, masculiniste, théocratique – contrôlé
par une élite bourgeoise tarée, sadique et j’en passe. Un retour à des «valeurs
traditionnelles» tordues et arbitraires, et à l’agression sexuelle
institutionnalisée.
Les parallèles entre la République de Giléad et la
République de Trump sont troublants. Sous l’influence du vice-président Mike
Pence, cet évangéliste born again pour qui les femmes ne sont
que des utérus, des mères-porteuses, l’administration Trump a déjà restreint
les droits des femmes, notamment en matière d’avortement. À Nashville,
Tennessee, un projet de loi proposait de désigner la Bible comme le livre de
l’état, mais la loi n’a été adoptée. Récemment, les législateurs on proposé un mémorial
aux victimes de l’avortement – les bébés qui ne sont jamais nés – devant le capitole
de l’état. Le retour à la soumission et à la dictature patriarcale et
théocratique de la République de Giléad n’est pas de la fiction, les Américains
ont déjà les deux pieds dedans (1).
L’Alberta
est un copié-collé de l’Amérique de Trump. Le mouvement Pro-Vie albertain se bat
comme diable dans l’eau bénite contre l’avortement à renfort de conférences de
mauvais goût (pour ne pas dire odieuses) dans les écoles. Tout comme pour le
droit de mourir dans la dignité, les débats ne portent pas sur le droit de la
personne ni sur la science médicale, mais sur des croyances théologiques qui
n’ont de valeurs que pour celles et ceux qui y croient. Par exemple : les
femmes sont des machines à procréer qui n’ont pas le droit de disposer de leur
corps comme elles l’entendent.
Concernant le saccage de l’environnement, les
États-Unis ont une longueur d’avance sur le Canada, mais nous ne tarderons pas
à les égaler. Et, il est évident que nous allons nous casser la gueule.
La
criminalisation des protestations anti-pipelines
Scott Pruitt, le directeur de l'agence de
protection de l’environnement (EPA), travaille fort pour la dissoudre afin de donner
carte blanche (ou plutôt noire) aux producteurs d’énergies fossiles.
Plusieurs
états américains veulent se doter de lois qui entraîneront des peines sévères (emprisonnement,
amendes démesurées, etc.) pour les manifestants qui voudraient bloquer des infrastructures
gazières-pétrolières existantes ou en construction. L'industrie des
combustibles fossiles et les législateurs républicains cherchent de nouveaux
moyens de réprimer les manifestations pour la protection de l'environnement.
Ils ont déjà eu recours à des forces armées spéciales et arrêté de nombreux protestataires.
Des états riches en énergies sales comme l'Ohio et le Dakota du Nord, ont réussi
à faire adopter des projets de loi interdisant certaines formes de contestation
– les manifestations qui bloquent les routes et la circulation ou qui occupent
des sites où se trouvent des infrastructures d’oléoducs.
Pas à pas
vers la dictature
In B.C., defendants face fines for
protesting oil pipeline
By
Dylan Waisman in News, Energy, Politics | April 23rd 2018
“Does
a criminal contempt of court mean I now have a criminal record?” the woman
asked B.C. Supreme Court Justice Kenneth Affleck. “So, when I go to volunteer
at my granddaughter's school, I have to say I have a criminal record?”
“I'm not in a position to give you legal
advice,” Judge Affleck answered. Some similar cases in the past did not create
criminal records for those found guilty, he added. Had his answer clarified
things for her, he asked. She was still confused, she said.
The woman was one of dozens arrested for crossing a court-imposed exclusion zone around Kinder Morgan's Burnaby pipeline terminal called to appear at the Supreme Court of B.C today. Although many of the nearly two hundred people who crossed the line decided not to appear in court today, others did. [...]
‘I was in shock,’ says government
insider about instructions to ensure approval of Kinder Morgan pipeline
By
Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018
A
new government insider has emerged to add their voice in support of allegations
raised this week that Canada's review of Kinder Morgan's Trans Mountain expansion project was rigged.
The allegations were first raised on
Tuesday, when National Observer reported that public servants said they had
been instructed at an internal meeting in Vancouver on Oct. 27, 2016 to ‘give
cabinet a legally-sound basis for saying 'yes,’” to the Trans Mountain project.
They suggested that Prime Minister Justin Trudeau's government rushed its
review of Trans Mountain and had made up its mind to support the project,
despite claiming, at that time, that they were still consulting First Nations
and the public before making a final decision. [...]
Kinder Morgan warns of 'significant'
delay after court urged to consider release of Trudeau government secrets
By
Mike De Souza in News, Energy, Politics | April 27th 2018
A
lawyer for energy giant Kinder Morgan is warning that its Trans Mountain
expansion project is facing “significant and unwarranted delay” following an
unexpected legal letter filed Thursday in the wake of dramatic revelations
reported by National Observer about the project's approval by the Trudeau
government.
Maureen Killoran, a Canadian lawyer for the
Texas-based company, drafted the warning in a letter filed Friday with the
Federal Court of Appeal in response to a request filed on Thursday by the
Tsleil-Waututh Nation in B.C. [...]
Oil disaster in Wisconsin raises
questions for those living and working near Kinder Morgan tank farm
By
Joel Ballard & Dylan Waisman in News, US News, Energy, Politics | April
27th 2018
About
27,000 residents had to evacuate their homes yesterday after an explosion at an
oil refinery In Superior, Wisconsin, released black clouds of noxious smoke.
Fifteen people suffered 'blast-related injuries', according to Reuters, leaving
11 hospitalized.
Watching this from Burnaby, B.C., some
yesterday were asking: “What if it were to happen here?”
“It’s a tragedy...This is a whole community
that’s having to deal with the impacts of something going wrong at a refinery,”
said Andrea Harden-Donahue in response to the Wisconsin refinery explosion.
Longtime Burnaby resident Elsie Dean was one
of them. Dean has lived in the area since 1970 and told National Observer she
was disturbed by images from the Wisconsin refinery explosion and wondered what
would happen if a similar disaster were to occur in her community.
“It's horrendous,” Dean said. “Maybe some
notion of this danger to the people and the environment will arouse some
discussion about bringing all this dilbit (diluted bitumen) into Burnaby.”
Explosions at the Husky Energy
refinery
Tara
Houska, April 27. Yesterday, the Husky refinery across the bay from
my home exploded. Today, water protectors face court for standing up to
#StopLine3 tar sands pipeline. Court might be cancelled due to evacuation. Prayers for those hurt, for families
forever changed. https://twitter.com/billmckibben
----
(1) “We’re
gonna win. We have the force.
We have the faith. And we will not rest until we have purified this country. In
the name of God.” ~ Commander, Republic of Gilead
Handmaid’s Tale season 2 uncannily predicts the present. In the wake of recent political events, this television show couldn’t come at a better time.
Handmaid’s Tale season 2 uncannily predicts the present. In the wake of recent political events, this television show couldn’t come at a better time.
By
Johanna Schneller | Special to the Star | Wed. April 25, 2018
When The Handmaid’s Tale television series arrived in April 2017, it went down like a bitter-tasting but restorative tonic.
When The Handmaid’s Tale television series arrived in April 2017, it went down like a bitter-tasting but restorative tonic.
Women – and right-thinking men, but
especially women – were in despair about the victory of Trumpism, and here was a show that
made manifest our fear, anxiety and anger. It felt urgent and necessary.
A
dystopia where women were robbed of their legal, sexual, professional and
reproductive freedoms wasn’t a
distant danger; it was here, in Washington, D.C., and elsewhere, and if we
weren’t hypervigilant, it would get worse. The show wasn’t just set in the near
future – it was as if
the showrunner, Bruce Miller, and his writers had a window into the actual
future.
In the months since, that has only become
truer. Trump and his gang of thieves – honestly, they couldn’t be more like
Dr. Evil and his henchpeople if they tried – have rolled back legal protections for LGBTQ+ people, defunded abortion
and sex education, and made abstinence the official U.S. policy on birth
control. Most of us
view The Handmaid’s Tale as a cautionary
one, but the Mike Pences of the world see it as a YouTube instructional video.
Here
comes the spoiler alert: based on the two episodes of season two made available
to critics, Miller still has his crystal ball. We begin right where last
season’s finale (and Margaret Atwood’s source novel) ended and, though there’s
no way Miller and Co. could have predicted the Time’s Up movement or the March
for Our Lives anti-gun protests, the series feels infused with their energy.
Offred (nee June, played by Elisabeth Moss)
and her sisters, including Janine (Madeline Brewer), Moira (Samira Wiley) and
Emily (Alexis Bledel, a big Time’sUp advocate IRL) have had it. They’re spread
out over a wider world now and they’re joining the insurrection.
It appears that we’ll also be seeing more of
Serena Joy’s (Yvonne Strahovski) backstory and that feels timely, too: she
stands for all the anti-woman women – the Valerie Hubers and Laura Ingrahams who are the real gender traitors
– that Trump and
his ilk dig up from under who-knows-what rotten log. Can they really believe
what they spout? How do they sleep at night? Perhaps Serena Joy will give us an
answer.
Episode
1 begins with a cheat: a false threat that’s a bit too reliant on the series’
trademark aesthetic of terrible beauty. I hope that’s an anomaly. This show
doesn’t need to be that heavy-handed. Like Aunt Lydia (the great Ann Dowd), The
Handmaid’s Tale is scariest when it speaks in its singsong, this-is-all-normal-dear voice.
By
the way, last season Canada was a haven of sanity amid the Handmaids’ horror.
But now Ontarians are bracing themselves for a victory for Conservative Doug
Ford. I wonder if Miller saw that coming, too.
Season
2 of The Handmaid’s Tale premieres April 29 at 9 p.m. on Bravo.
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