En tout cas, je ne voudrais pas être dans les
chaussures du magistrat qui condamnerait Carles Puigdemont à huit ou trente ans
de prison – peut-être dans une geôle secrète, dite de miséricorde, datant de l’Inquisition
espagnole...!
Photo : Carles Puigdemont, Bruxelles, janvier
2018; Virginia Mayo / AP
Résumé
Le tribunal de Schleswig a estimé jeudi que les
accusations de rébellion portées par Madrid contre M. Puigdemont ne cadraient
pas avec les précédents établis par des jugements antérieurs en Allemagne, qui
invoquaient l'usage ou la menace d'une force suffisante pour forcer la main des
autorités.
Selon les avocats de Carles Puigdemont, ni
lui ni son gouvernement n'ont jamais incité à la violence pendant tout le
processus qui a conduit à la déclaration unilatérale d'indépendance de la
Catalogne, l'automne dernier. Madrid avait aussitôt déclaré la manoeuvre nulle
et non avenue en plus d'ordonner l'arrestation de tous les membres du cabinet
Puigdemont pour sédition, rébellion et malversation.
Dès sa
libération, M. Puigdemont a demandé la remise en liberté immédiate de tous les
autres séparatistes catalans détenus dans les prisons espagnoles. Il a ajouté
que «l'heure du dialogue a sonné» et que le moment est venu de «trouver une
solution politique». «C'est une honte
pour l'Europe d'avoir des prisonniers politiques. Le temps du dialogue est
venu», a déclaré l’ex-président de la Catalogne.
La
décision du tribunal du Schleswig-Holstein n’empêchera cependant pas une
possible extradition de Carles Puigdemont vers l’Espagne, car la cour
maintient, pour le moment du moins, l’accusation de malversation de fonds
publics qui pèse toujours contre le leader catalan. Selon le mandat d’arrêt
déposé par Madrid, Carles Puigdemont aurait fait un usage frauduleux de fonds
publics en organisant un référendum d’autodétermination le 1er octobre 2017, en
dépit de l’interdiction de la justice espagnole, une accusation passible de
huit ans d'emprisonnement en Espagne. (Radio-Canada avec Reuters, Associated Press et Le
Monde)
Si le leader indépendantiste n'est remis à
l'Espagne que pour détournement de fonds, le principal pan de l'accusation de
Madrid tombera en vertu de la législation européenne. Il ne pourra plus en
effet être jugé en Espagne pour rébellion. Les avocats de M. Puigdemont pensent
eux-mêmes pouvoir faire tomber la dernière accusation. (La Presse / Agence
France-Presse)
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(1) Caractéristiques
du régime franquiste
– Nationalisme
espagnol à outrance et abomination du séparatisme. Refus de tout droit
politique, linguistique ou culturel aux régions (Catalogne, Galice et Pays basque
en particulier).
– Rejet
du libéralisme. Restriction des libertés politiques : d’association, de réunion,
d’opinion…
– Anticommunisme.
Négation de la lutte de classes.
– National-catholicisme
: L’Église qui légitime la dictature est incorporée à la construction de
l’État.
– Régime
de parti unique: le seul parti autorisé est le Movimiento Nacional.
– Substitution
de la démocratie parlementaire par le système corporatiste dit de la démocratie
organique.
– Concentration
de pouvoirs dans la seule personne du Caudillo («adhesión inquebrantable»).
– État
autoritaire. La définition de la nature de l’État né de la victoire de 1939 a
donné lieu à d’âpres polémiques parmi les historiens espagnols : régime
autoritaire pour certains, totalitaire pour d’autres, voire carrément fasciste.
Quoi qu’il en soit, ce qui ne fait pas de doute est le caractère dictatorial,
antidémocratique et répressif du régime du début jusqu’à la fin, ainsi que les
caractéristiques fascisantes de la dictature, au moins jusqu’à 1943, voir
au-delà.
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J’ai publié quelques messages l’automne dernier
sur ce Catch 22 entre l’Espagne et la Catalogne, une situation perdant-perdant
inextricable tant que Madrid refusera de dialoguer. Tapez Catalogne dans le bidule de recherche à droite si cela vous
intéresse.
Une vidéo originale de Field of Vision : la lutte pour l’indépendance résumée en 44 messages
de Catalans sur WhatsApp (du 1er
octobre au 21 décembre 2017).
“44 messages from Catalonia” charts the struggle for independence in private WhatsApp conversations
Robert Mackey, Anna Giralt Gris, Ross Domoney
In
participation with Field of Vision
The
Intercept | March 28 2018
Catalonia’s
independence movement remains stalled, six months after millions of Catalans
defied legal threats and physical violence from the Spanish state to take part
in a referendum on secession organized by the regional government.
The fact that more than 2 million people
managed to cast ballots in the October 1 referendum – even as terrifying images of
Spanish police officers raiding polling places and beating voters circulated on
social networks – was a dramatic illustration of how deep the yearning is for
independence among many Catalans. That more than half of Catalonia’s registered
voters stayed away from the chaos at the polls, however, was greeted as a
sobering defeat by separatists who had hoped to make the referendum result
binding.
For outsiders watching the drama play out
from afar, the use of force by the Spanish authorities to undermine the
legitimacy of the referendum was and remains shocking; the brutality briefly
handed a public relations victory to the independence movement.
[...]
More:
En passant, si vous n’avez pas vu la vidéo «Concussion
Protocol» sur les commotions cérébrales des joueurs de football – à rebours et
au ralenti – c’est renversant.
Site des producteurs : https://fieldofvision.org/
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