Au fond,
en luttant pour préserver l’intégrité de leurs territoires, les Premières
Nations réalisent un pro bono – le Canada entier en bénéficiera.
Une dette collective de plus envers eux s’ils réussissent à freiner le glouton
énergivore...
Le plus horrible dans tout ça, c’est le parallèle
avec l’histoire de l’île de Nauru que la croissance a complètement détruite, au
plan environnemental et socioéconomique. Articles et vidéo (1).
Trans
Mountain : la décision doit revenir aux Autochtones, estime l'APN
Par Bernard Barbeau | ICI Radio-Canada / Espaces autochtones
Si
certaines communautés autochtones tiennent à ce que l'oléoduc Trans Mountain de
Kinder Morgan traversant leurs terres puisse voir sa capacité tripler et que
d'autres ne veulent rien savoir du projet, il existe un consensus au sein des
Premières Nations du pays : elles doivent avoir le dernier mot sur ce qui se
passe chez elles.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations
Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, rappelle lui aussi dans un communiqué
que «le gouvernement du Canada s’est engagé à mettre en œuvre les principes de
la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones [ainsi
qu’à lutter] contre les changements climatiques.»
«Nous sommes perplexes, personne ne sortira
gagnant de la crise actuelle exacerbée par cette contradiction entre la parole
et les gestes.» ~ Ghislain
Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador
«Nous
serons solidaires»
Quelque 150
Premières Nations au Canada et aux États-Unis ont signé dans la dernière année
un traité d’alliance contre les projets d’expansion liés aux sables bitumineux
comme celui dont il est maintenant question. Et ce nombre continue d'augmenter.
«Si
Ottawa s’entête à appuyer le projet malgré la vive opposition de nombreuses
Premières Nations dont les territoires sont touchés par l’expansion de cet
oléoduc […], tous les signataires du traité seront solidaires», assure le grand
chef du Conseil mohawk de Kanesatake, Serge Simon.
Tribunaux sollicités
Plusieurs groupes autochtones contestent en Cour
d’appel fédérale l'approbation du projet donné en 2016 par l’Office national de
l'énergie (ONE) et le gouvernement Trudeau.
Elles
sont prêtes à s’adresser ensuite à la Cour suprême du Canada s’il le faut.
Mais d’autres envisagent au contraire de
poursuivre le gouvernement de la Colombie-Britannique, farouchement opposé
à l'expansion, pour que celle-ci puisse se faire.
Par exemple, la réserve Whispering
Pines-Clinton, située près de Kamloops, est impatiente de voir arriver les
pelles mécaniques et les revenus de 300 000 $ par année qui en découleront sous
forme de taxes et d’impôts.
«Mon
administration a prévu le développement de la communauté en fonction des revenus
que le projet promettait», explique en entrevue à Radio-Canada le chef Michael
LeBourdais.
«Nous
avons établi le nombre d'enfants que nous pourrons scolariser et d'aînés à qui
nous pourrons offrir une retraite méritée», illustre-t-il.
Article intégral :
~~~
(1) Connaissez-vous
Nauru, l’île aux désastres?
L’implosion écologique de l’île de Nauru
Un
reportage de Laurent Cibien et Pascal Carcanade
Arte – Diffusion
20.09.2006
Nauru, l’île que la croissance a tuée
Par Bruno Colombari | Le 23 novembre 2011
Cet
article de 2006 est l’un des plus consultés du site.
Avec ses 21 kilomètres carrés perdus dans le
Pacifique, Nauru est la plus petite république du monde. C’est aussi une île
dévastée, après trente ans d’opulence permise par l’exportation de phosphate.
C’est enfin une triste mais édifiante parabole sur la nature profonde de la
croissance, et sur ce qui nous attend.
C’est ainsi que les sociétés meurent
C’est une toute petite île, de la taille d’une commune française, située dans le Pacifique, à l’est de l’archipel indonésien. Une île sans histoire, ou plutôt dont l’histoire au sens occidental du terme commence avec l’arrivée des Européens. Les Allemands d’abord, qui l’annexent en 1888, puis les Anglais après la première guerre mondiale qui en confient l’administration à l’Australie. Tous se servent abondamment dans les réserves naturelles d’un phosphate très pur qui servira à produire de l’engrais.
En 1968, Nauru accède à l’indépendance. Le phosphate se vent à prix d’or et les devises pleuvent sur les 12 000 habitants de l’île : deux milliards de dollars en trente ans. Soins médicaux gratuits, golfs, courts de tennis, domestiques chinois, voitures à gogo (pour trente kilomètres de route) et placements immobiliers spéculatifs en Australie et à Hawaï, censés produire une rente quand la source se sera tarie.
Car, bien
entendu, les meilleures choses ont une fin. Les gisements de phosphate
s’épuisent, l’argent ne rentre plus, les placements immobiliers s’effondrent,
la dette gonfle. Quant aux habitants, gavés de consommation à l’occidentale (ce
fameux modèle que le monde nous envie), ils souffrent de diabète (45% de la
population) et d’hypertension, ils survivent avec deux cents euros par mois sur
une île qui ressemble à un cauchemar. Leur culture d’hospitalité, d’entraide et
de partage existe encore, mais de moins en moins : face aux difficultés
quotidiennes, la tendance est à l’individualisme et la méfiance. «Nous n’en
sommes pas encore à fermer notre porte aux autres, constate un habitant. On
partage, encore. C’est dans notre culture. Mais il va falloir qu’on s’en
débarrasse. Maintenant, nous sommes dans le monde civilisé, nous sommes dans la
compétition.»
Ce que
nous montre le reportage de Laurent Cibien et Pascal Carcanade, c’est une île
grattée jusqu’à l’os. Au delà d’une minuscule frange littorale où rouillent des
carcasses de bateaux et des engins de halage, il n’y a plus que des dents
rocheuses mortes, là où la terre a été pelletée pour en tirer le phosphate.
Enfin, il y a autre chose, aussi : des gigantesques décharges à ciel ouvert :
frigos, téléviseurs, meubles, voitures. C’est ce qui reste de Nauru.
Mais ce
n’est pas tout : à la misère des habitants et au saccage de la terre s’ajoute
la honte de servir de prison dorée. L’Australie donne de l’argent à Nauru, et
en échange, elle y parque des demandeurs d’asile (essentiellement des Afghans
et des Irakiens) pour une durée indéterminée. C’est ce qui s’appelle la Pacific
solution. Il fallait y penser.
Un réservoir de matières premières, une décharge à
ciel ouvert pour l’Occident, un camp de détention pour les demandeurs d’asile :
Nauru n’est pas un accident de l’histoire ou une déplorable exception exotique.
C’est la face noire de la mondialisation, c’est le sort que les pays dits
développés réservent au reste du monde.
http://www.brunocolombari.fr/Nauru-l-ile-que-la-croissance-a
COP
21 : la tragique leçon de l’île de Nauru
Par Baptiste Duclos | The Dissident | Le 22 juin 2015
Nauru, pays de cocagne devenu exsangue
L’île de Nauru, c’est un territoire minuscule : à peine 21km², l’équivalent de trois arrondissements parisiens. Située dans la partie occidentale du Pacifique, en Océanie, elle compte environ 9500 habitants, qui vivent à 300 km de leur plus proche voisin, Kiribati, et à plus de 4000 km de Sydney (Australie). Autre trait distinctif : le pays est probablement l’un des seuls de la planète à n’avoir, à l’heure actuelle, aucune ressource en eau, si ce n’est la pluie et le dessalement d’eau de mer. Côté alimentaire, l’agriculture locale (coco, bananes, légumes, ananas) ne suffit pas à nourrir la population. Difficile dans ces conditions d’imaginer que l’île fût jadis un fleuron de l’économie mondiale…
La double
sanction
L’économie de l’île s’est effondrée, le pays de cocagne s’est transformé en paradis fiscal, tout en étant en situation de faillite. Nauru a sombré dans les bas-fonds des statistiques des institutions internationales, jusqu’à dépendre désormais des aides au développement et devenir le sous-traitant de l’Australie dans l’accueil des réfugiés politiques. À cette dégringolade, s’ajoute depuis deux décennies la menace d’une montée des eaux, due à la fonte des glaces des pôles, elle-même due à la hausse des températures découlant de la pollution humaine.
Article intégral :
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