«Qu’il [le souverain] domine d'une mer à l’autre mer, depuis le fleuve jusqu’aux
extrémités de la terre.» Aujourd’hui on peut traduire par : Que le souverain pétrole domine d’un océan à l’autre.
Que faisons-nous
pour réduire la production d’énergies fossiles? Rien. Pire encore, le gouvernement fédéral blâme la Colombie-Britannique, donne son feu noir à l’oléoduc
Trans Mountain et songe même à investir (fonds publics) dans ce projet!
Notre
dette collective est proportionnelle à la taille de notre inconscience.
Keep it
in the ground
What is
fossil fuel divestment?
Divestment is the opposite of investment – it is the
removal of stocks, bonds or funds from certain sectors or companies. The global
movement for fossil fuel divestment (sometimes also called disinvestment) is
asking institutions to move their money out of oil, coal and gas companies for
both moral and financial reasons. These institutions include universities,
religious institutions, pension funds, local authorities and charitable
foundations.
Evidence
shows that proven fossil fuel reserves are more than three times higher than we
can afford to burn in order to stay below the generally agreed threshold for
dangerous climate change. Fossil fuel
companies are currently banking on extracting these reserves and selling them –
and are actively prospecting for more. By supporting these companies, investors
not only continue to fund unsustainable business models that are bound to make
climate change worse, but they also risk their financial assets becoming
worthless if international agreements on climate change are met.
We need to
reduce emissions to keep our planet safe for future generations - the science
is clear.
Join us and
more than 225,000 others in urging the world's two biggest charitable funds to
move their money out of fossil fuels:
Extraits de : Atlantide, rêve et cauchemar; Éditions Arthaud, 2008
Par Yves Paccalet
L’eau monte.
Inexorablement...
L’eau
s’élève ainsi qu’une obsession. Les îles disparaissent les unes après les
autres. Les côtes basses, les marais littoraux, les deltas, les estuaires sont
engloutis par les vagues. Le flot amer se répand. Les continents rétrécissent.
Les
climats de la planète sont devenus fous...
Pour les
humains, de plus en plus nombreux sur le globe, la place manque de façon
critique. L’espace fait défaut. Les territoires s’amenuisent. Les tensions
s’avivent. Des guerres éclatent. On redoute des désastres inouïs.
Tandis
qu’il faudrait davantage de produits agricoles pour nourrir des milliards de
bouches, tandis qu’on aurait besoin de nouveaux champs cultivés, on stérilise
la terre arable sous le bitume et le béton. On multiplie les immeubles
d’habitation, les bureaux, les usines, les magasins, les routes, les ports et
les aéroports. Dans les pays du tiers-monde, au lieu de semer des espèces
vivrières, on plante d’immenses étendues de canne à sucre ou de palmier à huile
(OGM, engrais chimiques et pesticides à gogo!) pour fabriquer des
agrocarburants destinés à faire rugir des bagnoles de riches sur des autoroutes
qui ne mènent que d’un décor de béton à un autre décor de béton...
Afin d’éviter le désastre, nous devrions
diviser par deux, tous les vingt-cinq ans, nos émissions de ces gaz à effet de
serre qui réchauffent l’atmosphère, provoquent la fusion des glaces et
exhaussent le niveau des mers. Au lieu de cela, nous les doublons…
Nous brûlons avec frénésie des combustibles
fossiles. La tragédie est écrite. La catastrophe se noue sur la tête de notre
espèce comme les fumées d’usines et les échappements d’automobiles se tordent
sur les cités industrielles un jour de pollution aiguë. [...]
Ce liquide visqueux, salissant et puant nous
a offert un grand coup d’accélérateur démographique. D’un milliard en 1800 la
population humaine passe à six milliards en l’an 2000. À huit milliards en
2025. À dix milliards en 2050. Au delà, qui sait? [...]
Mais le
réchauffement climatique est pire que toutes les pollutions réunies. Du reste,
plutôt que de «réchauffement», mieux vaut parler de «chaos».
Il y a belle lurette que ce phénomène
angoisse les écologistes et les climatologues, et que les «décideurs»
économiques et politiques regardent ailleurs. [...]
Avec le réchauffement climatique, la
mécanique du malheur est en marche.
À cause des activités humaines, les climats
de la Terre sont déréglés, fiévreux, malades, demain délirants, après-demain
mortels... La planète nous fait payer notre insouciance – ou notre volonté de
ne rien voir. Nos chaudières, nos moteurs et les incendies de forêts que nous
allumons relâchent du gaz carbonique, dont le taux augmente dans l’atmosphère.
Cette molécule retient, sous forme d’infrarouges (de rayons calorifiques), les
rayons lumineux que nous adresse le Soleil et qui sont normalement réfléchis
par le sol et renvoyés en grande proportion dans l’espace. Le gaz carbonique
induit ce qu’on appelle un «effet de serre». D’autres composés sont doués du
même pouvoir funeste : le méthane, l’ammoniac, l’ozone, la vapeur d’eau, etc.
À cause de ces pollutions, le réchauffement
frappe. Le nombre de degrés supplémentaires que nous atteindrons dans trente,
cinquante ou cent ans dépend de maints facteurs, dont le plus décisif sera le
comportement de l’Homo sapiens lui-même.
Comment agirons-nous, à présent que nous
connaissons le risque?
Comme
des irresponsables, c’est joué d’avance. Comme des idiots, c’est sûr. Tels des
criminels bardés de bonnes intentions. Ou à la manière du salaud sartrien qui
sait où est le mal, mais qui le fait quand même... [...]
Nous avons perdu la notion du vice et de la
vertu. Notre intelligence est obscurcie par la quête des richesses matérielles.
Notre jugement est faussé par la folie de la consommation. Nous sommes des
accros de l’énergie, des junkies de l’objet, des drogués du «toujours plus».
Nous
avons perdu le sens du vrai bonheur – celui que nous devons construire
nous-mêmes dans le respect d’autrui, et non pas l’attendre des sirènes
conjuguées de la production de masse, du marketing et de la publicité. Nous
plaçons notre idéal dans l’augmentation du pouvoir d’achat. Nous dévalons
la pente la plus raide qui mène à l’abîme en réclamant que le bolide accélère.
Nous devrions diminuer de trois cent pour
cent par an nos émissions de gaz à effet de serre pour ne pas dépasser, dans le
demi-siècle à venir, une moyenne de réchauffement de deux degrés. Or, depuis
l’an 2000, nonobstant de pathétiques marchandages sur le protocole de Kyoto,
nous n’abaissons pas, mais nous augmentons dans cette même proportion nos
mortelles pollutions...
L’être
humain réagit toujours de la même manière. Quoiqu’il se pense au-dessus des
bêtes, il obéit aux ordres de son cerveau reptilien : il désire accroître son
territoire et améliorer sa place dans la hiérarchie sociale. Même quand il
imagine œuvrer pour le bien commun, même quand il se comporte comme un saint,
cet égoïsme structurel l’anime.
L’Homo
sapiens en veut toujours plus, surtout davantage que les autres... Jamais il
n’est satisfait de ce qu’il possède. Il refuse avec obstination de devenir
sage, même lorsque les pires ennuis se profilent.
L’analyse
des microbulles d’air contenues dans les glaces de l’Antarctique nous l’a
révélé : depuis le début de l’ère industrielle, nous avons fait passer le taux
de gaz carbonique à plus de trois cent soixante parties par million. Une
ascension brutale. Qui continue. Qui s’accélère. Qui nous mène à la
catastrophe.
Nous élèverons peut-être la température
moyenne sur la Terre de deux à quatre degrés d’ici 2050, et de quatre à huit
d’ici 2100. Ce pourrait être moins : rêvons d’une humanité prudente! Ce sera
vraisemblablement plus. Nous sommes sur la branche haute de la fourchette. Du
côté du pire... Jusqu’ici, les projections des spécialistes ne tenaient pas
compte de l’envolée économique de la Chine, de l’Inde ou du Brésil.
Nous
brûlons avec un plaisir masochiste tout le pétrole et tout le gaz naturel
disponibles, en beaucoup moins de temps que nous ne le pensions il y a trente
ans. Pour le pétrole, nous avons déjà franchi le «pic de Hubert», c’est-à-dire
que nous avons gaspillé la moitié des réserves disponibles. Ce qui reste sous
la terre sera plus difficile à extraire et convoité par davantage de monde, c’est-à-dire
beaucoup plus cher... Nous recourrons donc de façon massive au charbon, aux
schistes bitumineux et aux sables asphaltiques, dont la combustion dégage bien
plus de gaz carbonique que celle des hydrocarbures légers.
Nous nous précipiterons sur la «solution»
imbécile des agrocarburants, que personne (sauf les gros paysans) n’ose plus
qualifier de «bio». Ces combustibles seront une catastrophe : ils nécessiteront
des quantités d’eau que nous n’avons pas, des masses de pesticides et d’engrais
qui nous seront de violents poisons, et des surfaces cultivables qui signifieront
à la fois l’anéantissement des dernières forêts tropicales et la famine
aggravée dans les pays pauvres.
Une transgression marine de moins d’un mètre
peut paraître bénigne : elle est désastreuse. Des estuaires, des deltas, des
îles disparaissent sous les vagues. La Camargue, Venise, les Pays-Bas, le delta
du Nil, le Bangladesh, la Cochinchine, la Louisiane, bref toutes les côtes
basses sont affectées par de terribles raz-de-marée, en particulier aux
équinoxes ou en conjonction avec des cyclones. Des archipels comme les
Maldives, Tuvalu ou Kiribati, dont l’altitude ne dépasse pas cinq mètres, et où
les prélèvements de matériaux de construction fragilisent le corail, sont les
premiers submergés.
Les habitants des zones englouties doivent
partir – comme leurs frères des contrées touchées par la sécheresse, où ne
poussent plus ni céréales, ni légumes, ni herbe pour le bétail. On voit des
cortèges de ces misérables tenter de gagner un pays d’accueil. Mais aucun État
ne s’ouvre à des migrations massives. Les tensions sont palpables. La violence
appelle la violence. Le racisme affleure puis explose. Exactions. Répressions.
Expulsions. Guerres civiles. Épurations ethniques. La barbarie ordinaire...
On estime qu’en 2050, selon la gravité du
chaos en cours, entre deux cents et cinq millions d’hommes, de femmes et
d’enfants constitueront ce que l’Organisation des Nations unies baptise déjà
les «réfugiés climatiques». Dont personne en veut entendre parler.
Comment des milliards de nos semblables,
entassés sur les portions restantes des continents, ne déchaîneraient-ils pas
les plus violentes pulsions territoriales et hiérarchiques qu’ils nourrissent
dans leur cerveau reptilien?
Attaques, contre-attaques, tranchées,
batailles rangées, bombardements, guérillas! Exterminations! Folies
meurtrières! Excès définitifs... Les armes nucléaires vitrifient les derniers
Homo sapiens qui ne s’étaient pas noyés dans leurs barques de boat people, ou
qui n’avaient pas déjà été nettoyés par la vertu purificatrice de la
kalachnikov et de la mine anti-personnel.
Resquiescat
in pace, humanitas!
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