3 mai 2018

Soif de justice rarement étanchée

Au début de mars 2018, l’ancien gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, a annoncé qu’il voulait poursuivre les grandes industries pétrolières/gazières pour «meurtres au premier degré». Dans un podcast de CNBC Politico il affirmait être en pourparlers avec plusieurs cabinets d'avocats privés. «Ce n’est pas différent de la question du tabac. L’industrie savait que le tabagisme causait le cancer et tuait les gens, mais ils l’ont toujours nié. Les compagnies pétrolières connaissaient les risques pour la santé publique en 1959, puisqu’elles avaient produit une étude qui démontrait que les énergies fossiles causeraient un réchauffement climatique. Elles devront en payer les coûts.» Son intention est d’attirer l’attention du public sur le rôle des compagnies pétrolières. Un plan ambitieux qui risque de rencontrer des obstacles considérables. «Nous allons les poursuivre, et nous serons comme une tique d’Alabama. Parce que pour moi, c’est absolument irresponsable de savoir que ton produit tue des gens et qu’il n’ait pas d’étiquette de mise en garde, comme pour le tabac. Chaque station d'essence, chaque voiture, devrait avoir une étiquette, chaque produit qui contient des combustibles fossiles devrait avoir une étiquette de mise en garde. Cette démarche pourrait avoir un impact important au moins en sensibilisant les gens et en les encourageant à se tourner vers des alternatives propres,» a-t-il déclaré.

Le dossier des charges contre les industries pétrochimiques et minières est facile à documenter. Les paysages industriels résultant de l’activité humaine réalisés par Edward Burtynsky parlent fort. Ne vous laissez pas subjuguer par les vibrantes couleurs de certains résidus miniers toxiques; la série sur le pétrole est dans les tons de gris, rouille, brun et noir.
   L’ensemble de son œuvre constitue une métaphore du sujet lui-même : un jour en cherchant l'autoroute, il a pris un mauvais virage. Tandis qu’il roulait à travers le nord-est de la Pennsylvanie il s'est retrouvé à Frackville devant un paysage surréaliste, défiguré par l’extraction du charbon. Ce détour fut un éveil. Le photographe canadien décida alors de consacrer sa vie à rechercher et documenter des sites similaires partout dans le monde. [...]

Résidus de nickel, Sudbury, Ontario © Edward Burtynsky, 1996  

Plus de 90 % de la population mondiale respire de l'air pollué, prévient l’OMS
Stéphane Bordeleau | 2 mai 2018 | ICI Radio-Canada Info

La qualité de l'air continue de se détériorer sur Terre, malgré les efforts entrepris par certains pays pour réduire la pollution atmosphérique. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 90 % de la population mondiale respire un air pollué. Et celui-ci fait plus de 7 millions de morts par an.

D'après des données recueillies par l'OMS dans 4300 villes réparties dans 108 pays, la pollution atmosphérique mondiale est demeurée élevée, mais plus ou moins stable, au cours des six dernières années, avec des concentrations en baisse observées dans certaines régions d'Europe et des Amériques, notamment.
   «Neuf personnes sur dix respirent de l'air contenant des niveaux élevés de polluants», prévient l'agence de l'ONU, qui souligne que ces chiffres demeurent inchangés d'une année à l'autre. Et comme c'est souvent le cas, ce sont les populations les plus vulnérables qui sont davantage exposées aux polluants. [...]
«Les principales sources de pollution de l’air due aux particules fines comprennent l’utilisation inefficace de l’énergie par les ménages et les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et des transports, ainsi que les centrales électriques au charbon», note le rapport de l'OMS. [...]
Les principales substances responsables de la pollution de l'air à grande échelle sont essentiellement les particules fines en suspension dans l'air qui pénètrent profondément dans les poumons et dans le système cardiovasculaire des humains, causant des maladies comme des accidents vasculaires cérébraux, des problèmes cardiaques et des cancers du poumon.
   Les concentrations de particules fines les plus surveillées par l’OMS comprennent le sulfate, les nitrates et le carbone noir, qui sont les polluants les plus dangereux pour la santé humaine.
   Ces particules en suspension dans l'air et la fumée sont si abondantes dans certaines villes qu'elles obscurcissent le ciel et réduisent la visibilité même en plein jour sur de vastes superficies. [...]
   «La pollution de l’air ne connaît pas de frontières.» (OMS)


Québec a hérité d’au moins 618 puits pétroliers et gaziers abandonnés
Alexandre Shields | 1 mai 2018 | Le Devoir Environnement

Le gouvernement du Québec a hérité d’au moins 618 puits pétroliers et gaziers abandonnés au fil des ans, dont bon nombre sont «à repérer, à inspecter ou à sécuriser». Mais plusieurs sont difficiles à localiser, admet le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Moreau. Et le Québec compte toujours 242 puits considérés comme «actifs», donc où l’exploration pourrait être relancée.

En dévoilant mardi son «plan de match» pour «intensifier» les mesures prises pour régler le dossier des «puits inactifs», le ministre Moreau a indiqué que le gouvernement a recensé un total de 711 puits abandonnés au fil des décennies.
   De ce nombre, 618 puits sont considérés comme «sans responsable connu», mais ils sont toujours «à repérer, à inspecter ou à sécuriser». Cela signifie que c’est le gouvernement du Québec qui devra, dans chacun des cas, repérer les puits en question et apporter des correctifs si nécessaire. Il pourrait s’agir de stopper de «petites émanations» de gaz, de retirer des éléments de tubage du puits, ou encore d’installer une pancarte pour prévenir de la présence d’un puits abandonné.
   Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN) prévoit d’ailleurs d’entreprendre des «travaux» sur 91 de ces puits «dès cet été». «Toute situation préoccupante sera traitée sans délai», a promis le ministre, en invitant aussi les citoyens à contacter le ministère s’ils trouvent un puits abandonné sur leur terrain ou s’ils en soupçonnent la présence.

Puits introuvables
Dans certains cas, les choses pourraient s’avérer compliquées pour le gouvernement. Le ministre Pierre Moreau a en effet admis mardi que certains puits abandonnés sont difficiles à repérer, puisque les données dont dispose le ministère ne sont pas toutes fiables. «C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin», a illustré le ministre. Combien y a-t-il de puits «introuvables»? «C’est difficile à dire», a répondu le ministre.
   Cette situation a mené l’an dernier les inspecteurs du MERN (ils étaient alors deux pour l’ensemble du Québec) à juger «conformes» plusieurs puits abandonnés qui n’avaient pourtant jamais été repérés. Parmi ceux-ci, on retrouve des puits forés par des entreprises privées qui ont cessé d’exister, mais aussi des puits de la défunte Société québécoise d’initiative pétrolière (SOQUIP), une société d’État.
   On compte également au moins un puits de gaz de schiste foré en 2009 ou 2010. Classé «introuvable», il a tout de même été inscrit comme étant «conforme».

Plan d’action 2014
Fait à noter, l’annonce du ministre Pierre Moreau mardi n’était pas la première du gouvernement Couillard pour le dossier des puits «inactifs». En octobre 2014, Québec avait lancé un «plan d’action» dont l’objectif était de compléter l’ensemble des inspections de puits sur une période de trois ans.
   «Trois ans et demi après avoir lancé son plan d’action pour l’inspection des puits inactifs au Québec en 2014, et après avoir géré ce dossier avec une opacité et un laxisme ahurissants, le gouvernement Couillard lance… la même chose», a d’ailleurs réagi mardi Carole Dupuis, du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec.
   Dans une réaction conjointe publiée à la suite de l’annonce du ministre Moreau, des groupes environnementaux ont aussi dénoncé «une manoeuvre visant à rassurer la population au moment où le gouvernement s’apprête à adopter ses contestés règlements sur les hydrocarbures et à accélérer l’exploration pétrolière et gazière au Québec».
   Le gouvernement Couillard doit présenter sous peu la réglementation de mise en oeuvre de la Loi sur les hydrocarbures. «Le ministre précisera ses intentions au cours des prochaines semaines», a précisé mardi son attachée de presse, Catherine Poulin. Selon les projets de règlements publiés en septembre 2017, le gouvernement compte autoriser la fracturation hydraulique. Il était aussi question de permettre les forages près des zones habitées et des milieux naturels protégés.

Entreprises responsables
Un total de 93 puits abandonnés sont par ailleurs toujours sous la responsabilité d’entreprises. Le ministre a précisé que celles-ci seront contactées afin de repérer leurs puits.
   Est-ce que le ministère entend faire les travaux nécessaires et refiler la facture aux entreprises responsables? «Non», a dit le ministre Moreau. «Nous allons dire aux propriétaires qu’ils sont responsables de leurs puits et leur dire : “Vous devez faire les travaux et nous démontrer que c’est sécurisé”.»
   En plus des puits abandonnés au fil des décennies, le gouvernement a aussi recensé un total de 242 puits «où il pourrait y avoir des activités» et qui sont, dans certains cas, fermés «temporairement».
   Mais cela ne signifie pas que l’exploration pétrolière et gazière reprendra dans chacun de ces puits. Selon Pierre Moreau, les éventuelles ressources pétrolières exploitables au Québec «ne sont pas énormes» et elles seraient «concentrées» dans la région de la Gaspésie. Trois projets sont réellement actifs, a-t-il précisé, un contrôlé par Junex (Galt) et deux contrôlés par Pieridae Energy (Bourque et Haldimand). Ils sont tous situés dans la région de Gaspé.
   Au total, les entreprises actives dans la recherche d’énergie fossile détiennent présentement 304 permis d’exploration au Québec, essentiellement dans la vallée du Saint-Laurent (pour son potentiel en gaz de schiste), dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. Ces permis recouvrent un territoire de plus de 53 225 km².

Puits et permis d’exploration en cartes :

Golf Alberta : nouvelle tendance très populaire à Fort McMoney
Collage : Joe Webb http://www.joewebbart.com/ 

La Vérif : combien d'emplois seront générés par le pipeline Trans Mountain?
Vincent Maisonneuve | 11 avril 2018 | ICI Radio-Canada Info

La première ministre de l'Alberta fait miroiter des dizaines de milliers d'emplois au pays si l'élargissement du pipeline Trans Mountain va de l'avant. Les promesses de Rachel Notley sont-elles fondées? L'équipe de La Vérif s'est penchée sur la question.

Le projet Trans Mountain consiste à doubler un pipeline qui relie Edmonton à Burnaby, tout prêt de Vancouver.
   Pour défendre le projet, le gouvernement fédéral et celui de l'Alberta disent que la construction du pipeline à elle seule pourrait créer 15 000 emplois directs ou indirects dans l'ouest du pays.
   Ce chiffre est tiré d'une étude réalisée par le Conference Board du Canada, un document qui a été commandé et payé par Trans Mountain.
   En audition devant l'Office national de l’énergie, les dirigeants de Trans Mountain ont avancé qu'en moyenne, 2500 personnes avaient travaillé directement pendant environ 3 ans sur la construction du pipeline. D'autres emplois - indirects - auraient été générés par les retombées économiques du projet.
   Une fois en service, on dit que le pipeline pourrait soutenir jusqu'à 37 000 emplois sur un horizon de 20 ans. Or, la plupart d'entre eux seraient en réalité des emplois indirects. Selon Ressources naturelles Canada, l'exploitation du pipeline devrait nécessiter l'équivalent de 440 travailleurs à temps plein.


Forget Trans Mountain, here’s the sustainable way forward for Canada’s energy sector
Jeffrey D. Sachs | April 13, 2018 | The Globe and Mail


Jeffrey D. Sachs is a professor at Columbia University and director of the Center for Sustainable Development and the UN Sustainable Development Solutions Network.

Oil seems to make politicians lose their bearings. The get-rich-quick mentality or too-much-to-lose thinking is very hard to overcome. Thus, two of Canada’s most progressive leaders, Prime Minister Justin Trudeau and Alberta Premier Rachel Notley, have both doubled down recently on Alberta oil sands and the pipelines to carry them to world markets. Whether Kinder Morgan’s controversial Trans Mountain expansion through British Columbia is built, or the company steps away from the project, remains uncertain. Either way, the truth is that Alberta oil sands have absolutely no place in a climate-safe world. Investing in them is almost surely to be investing in a future bankruptcy. [...]
   There are overwhelming reasons to honour the Paris climate agreement. Even with the amount of global warming to date (1.1 degrees C above the preindustrial average temperature), the world is experiencing record hot temperatures, devastating heat waves, droughts, extreme floods, and increasingly frequent high-intensity storms and hurricanes. Climate attribution science links these extreme events to human-induced warming. With two degrees or more of warming, the world could well experience a devastating rise in the ocean level, as well as devastating losses and dislocations from crop failures, temperature-linked diseases, invasive species, forest fires, and mega-storms.
   For these decisive reasons, the world will rapidly shift away from fossil fuels toward renewables. And herein lies the rub for Canada. [...]
   One impulse wants to say to Kinder Morgan and TransCanada, “Okay, build the pipelines. Then we will bankrupt you.” But admirers and friends of Canada should speak honestly to friends. “Don’t waste your hard-earned money on the Trans Mountain and Keystone XL pipelines. Spend your money on sustainable projects tapping Canada’s abundant zero-carbon energy.” [...]
   With Donald Trump trying to break the Paris climate agreement and championing fossil-fuel development, it may seem convenient to Canada’s politicians to go along with the U.S. President’s fossil-fuel recklessness. Yet Mr. Trump will be gone and human-induced climate change will remain. Canada is clever enough to look beyond Mr. Trump to its true long-term interests and those of the world.

Half of Alberta's boreal forest could disappear due to fires and climate change. 'It really means a different landscape in the future.'
Colette Derworiz | Mar 26, 2018 | The Canadian Press / CBC Edmonton

The changes in habitat are already visible in Edmonton's river valley, researchers say. (John Roberston / CBC Edmonton)

A study shows half of Alberta's boreal forest could disappear in just over 80 years due to wildfires and climate change.

The research, published Monday in the journal Ecosphere, gives a glimpse at how vegetation could change based on the current rate of carbon emissions and climate change.
   "We found that wildfire could initiate the conversion of approximately 50 per cent of the current boreal forest into grassland or deciduous open forest," said Diana Stralberg, who did the research as part of her PhD in the biological sciences department at the University of Alberta.
   The study simulated wildfire using a model from Natural Resources Canada and data from the Alberta Biodiversity Monitoring Institute to determine what vegetation might grow back under future climates. Marc-Andre Parisien, a fire research scientist at Natural Resources Canada, said the potential for change is strong.
   Parisien, a co-author on the study, said the research looked at changes based on the potential for more wildfire in the coming years.
   "We're integrating a little bit more realism by allowing the vegetation to change after a major disturbance – in this case wildfire," he said.
   He noted that it's already easy to find a lot of dead trees in and around Edmonton. "The series of droughts of the 2000s have slammed so many aspen and also so many coniferous trees as well – notably white spruce, the nice trees that we have in our river valley here in Edmonton," said Parisien.
   That points to the city already being in a climate that's more associated with prairies than forests, he said. "That's why trees are dying," he said. "They just cannot get the moisture they need to persist." The research, he said, tells the same story on a much broader scale.
   "This climate that has supported forests for millenia is basically going beyond that cusp, beyond that point where it can really support trees on the uplands any more."
   The changes could have major implications for the forestry sector in Alberta, said Parisien.
   "If you no longer can have these productive forests on the uplands, there's going to be a hit to this economy."
   Both he and Stralberg said the changes could also have detrimental effects on wildlife, such as songbirds, and other plants.
   "It's implying pretty major changes on the landscape," said Stralberg. "I know Albertans are really outdoor, nature-loving people and it really means a different landscape in the future."

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