À Ottawa, la croissance économique et les emplois dans l'industrie des énergies fossiles passent avant la protection de l’environnement qui, en réalité, se retrouve en dernière position des priorités. Beaucoup de pays manquent d'eau potable. Ici, nous la gaspillons pour augmenter toujours plus la production de pétrole bitumineux. C'est un non-sens. J'ai honte. Pire encore, le gouvernement canadien en panique a approuvé l'arrestation de manifestants pacifiques qui s'opposent au pipeline Trans Mountain, dont Kennedy Stewart et Elizabeth May le 23 mars dernier, les accusant d'activités criminelles. Plus de 200 manifestants ont été arrêtés depuis le début des manifestations. Comme dit Bill McKibben : "When you can't win an argument, jail your opponent."
Je bois au triomphe de l’intelligence sur l’argent!
Justin Trudeau ne s'engage pas à interdire
les pailles en plastique
Le Canada
adhérera volontiers à une déclaration internationale visant à nettoyer les
océans, mais le premier ministre Justin Trudeau ne s'est pas engagé, jeudi, à
interdire l'usage des pailles en plastique, comme le souhaite son homologue
britannique.
La Presse
canadienne
Theresa May, qui a demandé aux autres
membres du Commonwealth de réduire leur utilisation du plastique, s'apprête à
dévoiler un projet sans précédent qui interdira au Royaume-Uni les produits de
plastique à usage unique, comme les pailles, les verres et les cotons-tiges,
afin de nettoyer les océans du monde.
Ottawa s'apprête
aussi à interdire, en juillet, les microbilles dans les produits d'hygiène
personnelle, mais n'a pas annoncé de calendrier pour les autres types de
plastique. Plusieurs pays ont déjà
éliminé les sacs de plastique à usage unique. Au Canada, seules certaines
municipalités ont fait des gestes concrets.
Déchets de plastique : Ottawa veut améliorer
la santé des océans
En ce
Jour de la Terre, la ministre fédérale de l'Environnement et du Changement
climatique, Catherine McKenna, souligne que le gouvernement est à la recherche
de solutions pour améliorer la santé de nos océans, un thème prioritaire du
prochain sommet du G7 dans Charlevoix.
De son
côté, Greenpeace Canada réclame un cadre national pour réguler la production,
la vente et la récupération du plastique à usage unique par les grandes
compagnies. La porte-parole de l'organisme, Loujain Kurdi, affirme notamment
qu'il y a 10 000 tonnes de plastique
dans les Grands Lacs, et que 85 % de nos oiseaux marins au Canada ont ingéré du
plastique.
Mme Kurdi insiste sur l'urgence d'en faire
davantage pour le gouvernement canadien afin qu'il ne soit pas parmi les
derniers pays à agir sur ce problème-là.
Source :
Presse canadienne
Un premier bilan
Jean Lemire
10
décembre 2012
«[...] Il
faut entendre le silence régner dans les forêts tropicales; voir la blancheur
de certains récifs coralliens pour comprendre toute la portée de la crise
climatique sur la planète; essayer de comprendre comment on tue quelque 75
millions de requins par année pour nourrir une industrie de la soupe aux
ailerons, une atrocité que nous tolérons au nom d’une certaine culture;
constater comment les espèces envahissantes font des dommages irréversibles aux
habitats de la planète, par nos exportations de libre marché; voir
l’indifférence, l’insouciance et le gel
alarmant du ‘je-m’en-foutisme’ de
certains de nos dirigeants, qui voient la sauvegarde de notre planète comme un
frein à la sacro-sainte croissance économique.
Le bilan est simple : nous manquerons de
temps – et de moyens – pour sauver la vie, sous toutes ses formes. Et pendant
ce temps, nous hésitons à réaliser une entente pour faire suite au protocole de
Kyoto... Avec 9 milliards d’humains à la fin du prochain siècle et une
température moyenne en hausse de 4 à 5°C, on peut prédire sans se tromper que les décennies à venir seront celles de la
lutte pour notre propre survie.
Sans doute initiée par cette crise
climatique mondiale, nos enfants verront peut-être la fin de l’ère économique, un modèle basé sur une économie qui dépend
de la consommation toujours grandissante des humains pour supporter ce système.
Un dogme qui suppose l’extraction et le
marchandage des ressources naturelles, au-delà des règles élémentaires de régénération,
sans soucis réels pour demain et les générations à venir. Un modèle
insoutenable!
Il ne reste qu’à espérer que l’héritage de
ces temps difficiles engendrera un nouvel équilibre entre l’humanité et la
nature, où le développement durable dressera les nouvelles règles de croissance
et d’évolution. Mais il faudra sans doute toucher le fond du baril pour espérer
le changement vital de nos façons de faire. La fin inévitablement tragique de
l’ère économique pourrait bien initier
une nouvelle ère de responsabilisation universelle, basée sur le respect de la
vie et sur ce qui la supporte. Une ère nouvelle, où l’évaluation de la
croissance d’un peuple serait mesurée en ‘qualité’
plutôt qu’en ‘quantité’.»
Jean
Lemire, biologiste et explorateur québécois, fut chef des expéditions Mission Arctique (2002), Mission Baleines (2003), Mission Antarctique (2005-2006) et la mission 1000 jours pour la planète
(2012-2016), toutes réalisées à bord du voilier Sedna IV. http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil
L'odyssée des illusions : le cri du coeur de
Jean Lemire
La Presse
| 17 novembre 2016
Les
réflexions de Jean Lemire sont au coeur de son plus récent ouvrage, L'Odyssée des illusions, publié
aux éditions La Presse. Il revisite pour l'occasion ses grandes expéditions,
depuis l'Arctique jusqu'à l'Antarctique en passant par son tour du globe (1000
jours pour la planète), achevé en octobre dernier. Les quelque 150 photos
sont à couper le souffle, fidèles à la beauté sauvage des coins explorés par
l'équipage. [...]
Réconcilier l'écologie et l'économie
Aujourd'hui,
il estime que le sort de la planète ne doit plus rester l'affaire des
écologistes seuls. «J'en suis arrivé à la conclusion qu'il faut réconcilier les
deux ‘écos’, l'écologie et
l'économie. Aucune solution n'est possible sans plus de justice sociale. Les
parents dont la priorité est de s'assurer que leurs enfants vont manger pendant
la journée ne peuvent pas avoir la même conscience environnementale. Les
acteurs du monde financier doivent se mobiliser.» C'est pour cette raison qu'il
a demandé à l'homme d'affaires Alexandre Taillefer de signer la préface du
livre.
Il souhaite aussi une plus grande
implication des décideurs. «L'environnement, ce n'est pas juste un titre qu'on
ajoute à une fonction ministérielle. Il
faut des gestes. C'est bien beau d'être populaire, de prendre des selfies et de
déclarer que le Canada est de retour, mais quand on voit que le gouvernement
Trudeau s'apprête à approuver le projet de pipeline, je m'interroge. On en
est encore là? Les petites mesures, les
petits gestes ne suffisent plus. Est-ce qu'on va finir par faire ce qu'il faut
pour empêcher le pire de se produire? Parfois, j'ai peur que non.»
Jean Lemire se défend toutefois d'avoir
écrit un livre déprimant, et encore moins fataliste. «La montagne est haute,
c'est vrai, mais il faut la gravir. Sinon, que lèguerons-nous aux générations
futures?»
La planète et les chaussettes de Justin
David Goudreault
La
Tribune 20 avril 2018
«Il faut
savoir que, non seulement notre lieu d’habitation, mais l’espèce humaine
elle-même est en danger.» ~ Hubert Reeves
CHRONIQUE
/ Nous sommes tous un peu Justin : «Oui oui, ça nous touche, nous concerne et
nous consterne. L’environnement est une priorité et nous passons à l’action...»
Certains l’assument avec moins d’hypocrisie, d’autres seraient prêts à
retourner ciel et terre pour s’en défendre, mais comme notre fin stratège de
premier ministre, notre écologisme en est un de façade.
De petits
gestes suffisent à nous donner bonne conscience : un peu de recyclage par ci,
une pomme bio par là et le tour est joué. Mais c’est oublié que notre recyclage
est de plus en plus insignifiant, les Chinois n’achètent plus en masse nos
cargos de papiers souillés (qui polluaient déjà par leur expédition et leur
traitement). Et c’est aussi omettre que nos dispendieux fruits et légumes bios
voyagent davantage que nous, que l’empreinte écologique de leur transport
suffit souvent à annuler leur bienfait environnemental. Consommer local?
Excellente idée, bonne chance! Il faut du courage et de l’organisation pour se
nourrir ou se vêtir de produits locaux. Jetez un œil dans vos armoires, ouvrez
vos tiroirs; trouvez-vous des pâtes, des conserves, des bobettes ou des
chaussettes made in Québec? Non. On importe. Et Justin veut qu’on exporte...
En campagne électorale, Trudeau fils n’en
finissait plus d’embrasser la terre-mère, de la caresser de mille promesses :
le Canada doit être un leader des énergies renouvelables, fini le temps des
énergies fossiles, etc. Mais le voilà qui revient au pays à bride abattue pour
régler l’impasse politique qui bloque le projet d’expansion de l’oléoduc Trans
Mountain. Non seulement il réaménage son horaire, mais il délaisse rapidement
son inutile rôle de médiateur pour enfiler sa casquette d’entrepreneur. «On va
pouvoir démontrer aux investisseurs que nous sommes un pays de droit où, quand
les processus sont suivis comme il faut et qu’on approuve des projets, on est
capables de créer ces projets». En d’autres mots, malgré la grogne des
Premières Nations, le rejet populaire et l’insoumission de la
Colombie-Britannique, le gouvernement fédéral est prêt à tout pour favoriser
l’exportation du pétrole de l’Alberta. Et notre bon Justin qui repartait le
lundi suivant pour signer des accords bilatéraux avec la France sur la lutte
contre les changements climatiques. Contradictoire, dites-vous?
Je suis un peu écologiste et très fatigué.
Les écologistes acharnés qui font preuve de cohérence soutenue entre leurs
idées et leurs actions doivent être carrément épuisés. Aux limites du
véganisme, informé, voyageur écoresponsable et dons en sus, j’y ai cru. Je me suis
slaqué le pompon depuis. Toujours pas de viande, mais un peu plus de poisson et
d’indulgence au menu. Les arriérés qui laissent tourner leurs moteurs
m’énervent autant, mais je reste zen. L’explosion des ventes de VUS et de
pick-up au Québec me laisse presque de marbre. L’extinction imminente des
papillons monarques ne me concerne plus, pas plus que la mort récente de Sudan,
le dernier rhinocéros blanc de la planète. Je mange des pommes bios et je mets
mon carton dans le bon bac. Pour tout le reste, je n’y peux rien...
Mais Justin y pourrait quelque chose, lui.
Voilà la cruelle vérité qui se dissimule derrière la responsabilisation
individuelle martelée par les campagnes gouvernementales : les individus, même
informés et mobilisés, ne peuvent endiguer le réchauffement climatique et le
saccage de la biodiversité tant que les grandes industries pourront polluer en
paix. Monsanto détruit davantage de sols fertiles qu’on ne peut produire de
vergers bio; Walmart fait parcourir davantage de kilomètres à ses cochonneries
de plastique que nos voitures électriques ne pourraient en couvrir; les
pétrolières déversent davantage de pétrole dans l’eau et dans le sol que celui
que je pourrais économiser en échangeant ma Corolla pour un unicycle.
La population est sensibilisée, même si nos
choix de consommateurs ne le reflètent pas toujours. Les scientifiques sonnent
l’alarme depuis trop longtemps déjà. On a atteint un certain consensus sur
l’urgence d’établir des mesures d’envergure pour freiner la pollution. Mais la
volonté politique manque à l’appel.
Trump s’en sacre comme de sa première pute.
Climatosceptique assumé, il a le mérite de donner l’heure juste : il ne faut
pas compter sur l’immense pollueur qu’est notre voisin du sud. Mais Justin lui,
avec ses belles promesses vertes, ses diversions, ses engagements non
contraignants sur trente ans et ses chaussettes assorties, il joue sur tous les
tableaux, mais surtout sur celui de l’industrie. Des industries trop souvent
subventionnées ou placées à l’abri de l’impôt, des coûts sociaux et
environnementaux liés à leurs activités. Toujours l’économie avant l’écologie,
à tout prix.
Ce dimanche, c’est le jour de la Terre. Vous
aviez prévu quelque chose de spécial pour la célébrer? Les multinationales, les
pétrolières et Justin Trudeau non plus.
Comment le plastique a envahi notre vie depuis
les années 50 (1)
«Un matin
comme un autre. J’ouvre un œil. Je me retourne dans mes draps cinquante pour
cent polyester (plastique). J’éteins mon radioréveil en styrène (plastique). Je
gagne à tâtons les dalles en vinyle (plastique) de ma salle de bains. Pommeau
de douche en plastique. Shampooing dans un flacon de plastique. Porte-serviette
en plastique, serviette en fibres synthétiques : plastiques, vous dis-je!
Je m’habille : 50 pour 100 polyester
(plastique). Je me chausse : mes semelles sont en polyéthylène (plastique).
Petit déjeuner : cafetière électrique en plastique et gâteau emballé dans du
plastique. Par bonheur, le café est bio... Je bois un jus de fruit que
contenait une bouteille en polychlorure de vinyle (plastique). Je me passe un
DVD de musique, support en mylar (plastique). Je sors ma poubelle en plastique.
Je suis plastifié jusqu’à l’os... Notre
civilisation se drogue aux plastiques. Elle est emballée dedans comme la mouche
dans la toile d’araignée. Elle en use et en abuse, de toutes les textures et de
toutes les couleurs. Elle ne peut plus s’en passer. Non seulement elle emballe
et s’emballe, mais elle suremballe!
Or, les plastiques sont préparés,
synthétisés, polymérisés à partir du pétrole. Ils recèlent du chlore et cent
composés polluants qui provoquent des allergies, des stérilités, des cancers,
des naissances anormales. Nous en fabriquons des dizaines de millions de tonnes
par an, que nous jetons à peine employées; qui encombrent nos décharges; ou que
nous brûlons en commettant des crimes à la dioxine ou aux PCB...
Je suis anéanti. Je pense me recoucher pour
oublier. J’entends pleurer dans la chambre voisine. Mon petit-fils se réveille.
Je crois que je vais aller lui voler sa tétine (en plastique), me la planter
entre les lèvres et la sucer une heure ou deux pour me rassurer.
Nos déchets de plastique se retrouvent en
grande quantité partout, notamment dans la mer. Ils y flottent, en surface ou
entre deux eaux. Ils sont là pour des siècles... Ils tournent avec les grands
courants océaniques. On en a découvert deux concentrations hallucinantes, l’une
dans le Pacifique Nord, l’autre dans l’Atlantique Nord, qu’on appelle les
«grands gyres» ou les «grands maelströms». Dans ces zones, les océanographes ne
pêchent pas moins de 5 kilogrammes de ces déchets par kilomètre carré, soit six
fois plus que de plancton! Bon appétit aux tortues marines, aux grands
poissons, aux dauphins qui gobent ces débris de toutes tailles, par
inadvertance ou par erreur, en les confondant avec des proies…
Je l’ai dit plusieurs fois : je suis
bipolaire. 90 % de désespoir, 10 % d’espoir...
J’écris
pour clamer ce que je vois poindre au XXIe siècle : d’immenses peines pour nos
enfants et petits-enfants. Des désastres difficiles à imaginer, mais qu’il nous
faut quand même tenter de décrire d’avance – si nous voulons nous donner une
chance de les éviter...» ~ Yves Paccalet (ancien blogue fermé, décembre
2012)
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(1) Après
la Libération en 1945 et avec les années 50, la consommation de masse et la
diversification crée une explosion des demandes et confortent l’essor de cette
industrie nouvelle. Les matières plastiques seront essentiellement fabriquées
par la pétrochimie, à partir du pétrole ou du gaz naturel. Les usages sont très
variés et entrent «dans les petits objets de la vie de tous les jours».
Le choc pétrolier de 1973 marque un tournant
: les plastiques, considérés comme matières de substitution jetables et bas de
gamme, deviennent souvent des matériaux sophistiqués et de haute technicité. La
production mondiale de plastiques augmente chaque année (+ 2,9 % en 2012) et
pose des problèmes liés à la pétrochimie et au devenir des plastiques usagés.
La prise de conscience des enjeux environnementaux se développe et incite à de
nouveaux progrès : amélioration du recyclage et de la biodégradabilité,
utilisation de matières premières renouvelables, utilisation raisonnée des
matériaux…
Depuis
1950, année à laquelle le plastique fait son apparition dans notre vie
quotidienne, nous avons produit et consommé à l’échelle mondiale 8,4 milliards
de tonnes de plastique.
Source :
Expédition LE 7e CONTINENT
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