3 avril 2018

L'eau pour la vie, pas pour le profit

Afin de vendre plus d’eau embouteillée, les industries ont d’abord élaboré une propagande affirmant que l’eau des aqueducs était insalubre. Puis, ils ont payé des nutritionnistes pour répandre l’idée que pour venir à bout de l’obésité et des méfaits de la malbouffe il fallait boire huit verres d’eau «pure» par jour. Alors, on s’est mis à voir des gens téter leurs bouteilles en plastique partout dans les espaces publics, les parcs, aux événements sportifs, aux réunions et conférences, etc. Ça fait plus de trente ans que je suis végétarienne et je peux affirmer par expérience que lorsqu’on se nourrit principalement de légumes et de fruits, on n’a pas soif parce qu’on absorbe ainsi toute l’eau dont le corps a besoin. Par contre quelqu’un qui se nourrit de pizza, de hamburgers, de frites, de plats cuisinés trop salés et de confiseries, risque d’avoir constamment soif – soif qu’il étanchera probablement avec un litre de boisson gazeuse.

Des Canadiens luttent contre le pillage de l’eau par Nestlé
The Story of Stuff Project | 22 mars 2018 

En Ontario, des groupes de citoyens luttent pour faire cesser le pillage de l’eau par Nestlé dont les permis sont périmés. À seulement trois kilomètres de la rive du lac Ontario, Nestlé pompe environ cinq millions de litres d’eau par jour pour la mise en bouteilles de plastique à usage unique. Cette situation devrait se poursuivre sans relâche parce qu'on ne sait pas quand le gouvernement prendra une décision sur la demande de renouvellement.

The Story of Stuff Project coopère avec Le Conseil des Canadiens et Wellington Water Watchers en proposant des solutions publiques pour lutter contre l'extraction de l'eau des deux côtés de la frontière des Grands Lacs.


Water For Life, Not For Profit!

Canadians Fight Nestlé’s Water Extractions
The Story of Stuff Project https://storyofstuff.org/blog/

In Ontario, community members are working to stop Nestlé’s extraction of water under expired permits. Just miles from the shore of Lake Ontario, Nestlé is currently pumping about five million litres per day to put into single-use plastic bottles. This is expected to continue unabated because it is unknown when the government will make a decision on the renewal application.
   We teamed up with Council of Canadians and Wellington Water Watchers to create this short video about Nestlé’s operations and the community’s response in Ontario.
   At The Story of Stuff Project, we’ve spent the last year collaborating with groups in the Great Lakes region on both sides of the border to promote public solutions to water problems. One way that we support Nature for Water is to stand in opposition to private corporations like Nestlé. These corporations threaten the Great Lakes by depleting what would otherwise be untouched aquifers in healthy ecosystems to produce bottled water.
   What could be further from nature than bottling water in plastic bottles?
   If we can stop the extraction of this water, we can protect natural ecosystems and prevent single-use plastic water bottles from entering our waste-stream at disposal.
   Despite the warning signs of a depleting ecosystem that rely on these waters and the growing destruction of plastic pollution, Nestlé shows no intention of stopping for the sake of profit.
   Local community members are standing up to demand justice against water privatization.

Stand Up To Water Privatization: Take the Pledge
By signing this, you pledge to the following:

Le Conseil des Canadiens  

Septembre 2016  https://canadians.org/fr/eau

Cet été, de nombreuses régions du sud de l’Ontario ont été marquées par des périodes de sécheresse. Pourtant Nestlé, le leader mondial de l’eau embouteillée, continue de puiser chaque jour plus de quatre millions de litres d’eau souterraine dans un aquifère situé près de Guelph, Ontario. Nestlé paie moins de 15 $ par jour pour cette eau qu’elle envoie à l’extérieur de la région dans des centaines de millions de bouteilles de plastique à usage unique partout en Amérique du Nord — un commerce très lucratif qui lui permet de réaliser des marges de profit astronomiques.
   De 2011 à 2015, le niveau d’eau dans l’aquifère qui alimente la principale usine de Nestlé a baissé d’environ 1,5 m ; Nestlé a augmenté ses prélèvements d’eau de 33 pour cent au cours de la même période.
   Nestlé vient de s’offrir un nouveau puits à Middlebrook, Ontario, damant ainsi le pion à la municipalité locale, qui voulait acquérir le puits pour assurer son approvisionnement en eau potable. Nestlé fait des profits en exploitant des sources d’eau souterraine un peu partout dans le monde. Des communautés commencent à se mobiliser pour faire savoir à Nestlé que prélever de l’eau et s’enrichir sur le dos d’une ressource naturelle publique qui appartient à la collectivité est inadmissible. [...]

Engagez-vous à Boycotter Nestlé 

Recent highlights:
Taiwanese transnational to take water out of the Great Lakes basin for electronics factory
March 30, 2018  https://canadians.org/

Bottled Life (documentary)

Urs Schnell | 2012 1:29:23

While the world’s population continues to grow at an alarming rate, water is becoming increasingly hoarded and scarce. Bottled Life documents the trend of the privatisation of water by focusing on the Nestlé Corporation that is hoarding water supplies for profit and control across the globe. Nestlé currently owns more than seventy of the world’s largest bottled water brands, with annual sales of water alone totalling some $10 billion. But the company does not want to discuss this business. Management refuses interviews. Information is not provided. What entails is a revealing look at the schemes and strategies of a powerful corporation, in a time of water crisis and extreme inequality.

Pour le PDG de Nestlé, Peter Brabeck, l'eau, fer de lance d'une stratégie planétaire, peut «garantir à l'entreprise encore cent quarante ans de vie». Malgré le refus de collaborer opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de ce marché qui brasse des milliards.
   Des États-Unis au Nigeria en passant par le Pakistan, ils explorent les circuits de l'eau en bouteille, mettant en lumière les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la planète. Ils montrent qu'elles reposent sur une question cruciale, objet dans nombre de pays d'un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme savent tirer profit : à qui appartient l'eau?
   Cette enquête minutieuse aux images soignées donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui-même y défend avec vigueur son point de vue par le biais de ses nombreuses interventions publiques.

«L'eau est une denrée comme les autres, elle a une valeur marchande et il faut la privatiser. Les ONG ont un avis extrême quant au problème de l’accès à l’eau. Ils souhaitent que l’accès à l’eau soit nationalisé, c’est-à-dire que tout le monde puisse avoir accès à l’eau. J’ai un point de vue différent. Pour une politique durable, elle doit être revalorisée, ce qui va de pair avec un prix au litre plus élevé.» ~ Peter Brabeck 

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Comme le gouvernement canadien n’a pas légiféré depuis mars 2017, Nestlé peut continuer son pillage en toute impunité au Canada.

L’aberration de l’eau embouteillée

Le blogue de Yanick Villedieu
Les années lumière | ICI Radio-Canada | 31 mars 2017

Un organisme citoyen qui milite, entre autres causes, pour le droit à l'accès à l'eau, le Conseil des Canadiens, a publié cette semaine un communiqué pour le moins troublant. Il a trouvé des bouteilles d'eau en vente à des milliers de kilomètres de la source.

Photo : Nestlé / Aberfoyle, Ontario (Via Le Conseil des Canadiens)

L’eau en question, embouteillée sous la marque Nestlé Pure Life, avait été prélevée à deux endroits différents. L’un est situé à Aberfoyle, en Ontario : on a trouvé de cette eau à Saint-Jean, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, soit à 3147 km de la source; on en a aussi trouvé en Nouvelle-Écosse et à Montréal.
   L’autre source exploitée par Nestlé est située à Hope, en Colombie-Britannique : on a trouvé de cette eau à Yellowknife, à 2126 km de là, ainsi qu’à Winnipeg, à 2144 km, et dans plusieurs localités de Saskatchewan, toutes à plus de 1500 km de la source en question.
   Il y a quelques semaines, au début de février, l’entreprise qui embouteille l’eau prélevée dans les eskers d’Abitibi, vendue sous la marque Eska, a annoncé qu’elle délocalisait une partie de son activité d’embouteillage. Au lieu d’être conditionnée à Saint-Mathieu-d’Harricana, l’eau destinée à être gazéifiée sera transportée en vrac et embouteillée à Montréal, un voyage de plus de 600 kilomètres. Bien sûr, l’eau gazéifiée représente seulement 5 % de la production d’Eska. Mais pour les gens de la région, cette exportation d’une de leurs richesses naturelles est fort mal perçue – et on les comprend.
   Les deux faits que je viens d’évoquer, les choix commerciaux de Nestlé et d’Eska, sont révélateurs d’une aberration : embouteiller de l’eau à une source, et aller la vendre, en lui faisant parcourir des distances parfois considérables, à des consommateurs qui disposent déjà d’une eau de parfaite qualité, celle de leur robinet. L’eau douce, on le sait, n’est pas également répartie à la surface de la planète. Mais au Canada, qui en possède 20 % des réserves mondiales, l’eau potable est à peu près partout disponible.

L’aberration de l’eau embouteillée, surtout dans un pays comme le Canada, est triple.

D’abord, transporter des tonnes et des tonnes d’eau, par camion généralement, a un coût énergétique qui est loin d’être négligeable. Combien de gaz à effet de serre a-t-on dû émettre pour apporter une bouteille d’eau sur les rayons de votre supermarché? Et pour promener des millions de bouteilles un peu partout au pays?
   L’autre aberration, c’est la pollution par le plastique causée par les millions et les millions de bouteilles consommées par ce commerce.
   L’usine Nestlé d’Aberfoyle, en Ontario, est la plus grande au Canada, note le Conseil des Canadiens dans son communiqué. L’embouteilleur a le droit de prélever, donc d’embouteiller, par jour, 3,6 millions de litres d’eau. Par jour, je répète. [Ndlr : Comme on l’a vu plus haut, en 2018, c’est 5 millions de litres par jour!]
   Ce qui m’amène à la troisième aberration de l’eau embouteillée : la pression indue sur une ressource, l’eau souterraine, qui n’est pas une ressource renouvelable à perpétuité. Ou, plus exactement, qui est une ressource très, très, très lentement renouvelable. En prélever trop, c’est mettre cette ressource en danger, dans 10, 20, 50 ans, on ne le sait pas toujours. Mais ce qu’on sait de plus en plus, c’est que l’eau de source, ça ne coule pas forcément… comme de l’eau.
   Le communiqué publié il y a quelques jours par le Conseil des Canadiens était effectivement troublant. Il a remis la question de l’eau embouteillée à l’ordre du jour. Et c’est une bonne chose. Des pavés comme celui-ci, il faut en jeter régulièrement dans cette mare-là.

Collage: Thirst by Joe Webb Design http://www.joewebbart.com/

Les quatre cavaliers de l’apocalypse de l’eau :
Nestlé Waters le no 1 de la vente d'eau dans le monde (Perrier, Vittel, San Pellegrino, Pure Life...), suivi de PepsiCo (Aquafina), Coca-Cola (Dasani, Smartwater) et Danone.

Regard sur l’industrie de l’eau embouteillée en Amérique du Nord

Inside the Bottle: An Exposé of the Bottled Water Industry
Par Tony Clarke, Institut Polaris, Ottawa, 2005
Traduction et adaptation Marc-Antoine Fleury pour DÉVELOPPEMENT ET PAIX

Aux États-Unis, les marques qui tirent profit de l’eau du robinet représenteraient près de 70 pour cent des ventes d’eau embouteillée, selon un article récent du Washington Post.
   Notons au passage que l’American Beverage Association, un  groupe qui représente  les entreprises oeuvrant dans le commerce de l’eau et des boissons non alcoolisées, n’était pas en mesure de préciser la quantité d’eau embouteillée provenant de l’aqueduc.  Toutefois, l’association des embouteilleurs américains (IBWA) répliquait que ce serait plutôt 25 pour cent de l’eau embouteillée qui proviendrait d’un aqueduc.
   Au  Canada, l’association des embouteilleurs (CBWA) estime que la proportion d’eau embouteillée provenant du robinet serait ici aussi de 25 pour cent. Les géants des boissons gazeuses sont les spécialistes de la revente de l’eau de l’aqueduc : PepsiCo avec Aquafina et Coca-Cola avec Dasani. Dans le fond, les gens achètent quelque chose qu’ils ont déjà payé avec leurs  taxes : l’eau du robinet de qualité. Dans la plupart des cas, l’eau est simplement filtrée, minéralisée (pour Dasani), embouteillée et vendue dans un joli contenant. Ajoutons que Coca-Cola et Pepsi paient l’eau bien moins cher que le prix auquel elles la revendent. Il est difficile d’établir des comparaisons méthodiques entre les prix des eaux embouteillées et de l’eau du robinet des municipalités compte tenu des multiples façons de tarifer les services municipaux. Il n’en demeure pas moins qu’il y a des signes évidents d’une arnaque quand on parle du prix de l’eau embouteillée.
   L’eau mise en bouteille provient de deux sources : Il y a «l’eau de source naturelle» qui provient généralement des nappes souterraines des régions rurales et il y a «l’eau purifiée» qui est puisée directement des aqueducs municipaux.
   L’industrie de l’eau embouteillée aime bien se décrire comme faisant partie prenante de la génération verte et santé. Elle le fait sans relâche en associant ses produits à des images de la nature comme les paysages inexplorés. Mais ce dont l’industrie ne parle jamais, c’est des dommages que les contenants en plastique, qu’elle utilise abondamment, causent à l’environnement. Aujourd’hui, la croissance fulgurante de l’eau embouteillée se traduit par un nombre presque incalculable de déchets plastiques, d’émission de substances toxiques dans l’air et dans l’eau en plus d’une demande accrue de ressources non renouvelables.
   En considérant l’explosion actuelle des ventes d’eau embouteillée en Amérique du  Nord, il est clair que les grands embouteilleurs ont obtenu un succès considérable dans leur projet d’éloigner les consommateurs de l’eau du robinet. Pour créer cette nouvelle culture de l’eau embouteillée, l’industrie a axé sa stratégie sur deux éléments. Dans un  premier temps, l’industrie a tiré profit de la moindre occasion pour semer le doute quant à la qualité, la fiabilité et la sécurité de l’eau du robinet. Elle a par la suite proposé une solution rassurante par le biais de ses produits qu’elle présente comme une alternative «pure», «sécuritaire», «saine» et nécessaire à la vie. Cette stratégie, si vigoureusement  mise en place par l’industrie,  n’est en fait qu’une entreprise de manipulation publicitaire qui vise à semer le doute dans l’esprit des consommateurs
   Malgré la croissance phénoménale des ventes d’eau embouteillée, la grande majorité  des Canadiens et des Américains continuent de boire l’eau du robinet. Dans les deux  pays, pratiquement tout le monde a un accès abordable à cette ressource essentielle à la  vie. Jusqu’à maintenant, les succès du «privatariat» n’ont été que limités. Mais cela pourrait changer.
   Les grandes multinationales de l’eau ont ciblé l’Amérique du Nord comme marché à développer. Les françaises Suez et Vivendi (maintenant  Veolia Environnement) et l’Allemande RWE-Thames ont tous des filiales en Amérique du Nord : United  Water,  US Filter et American Water respectivement. Ces entreprises se spécialisent dans la privatisation des services d’eau des villes en difficultés  financières en les gérant pour le profit. Souvent, les contrats sont d’une durée de 25 ou 30 ans. En retour, les  entreprises promettent d’améliorer le service, d’augmenter la couverture et de renouveler  les infrastructures. Plus souvent qu’autrement, les tarifs sont majorés de façon substantielle pour couvrir les coûts et on installe des compteurs d’eau pour contrôler l’usage. Résultat : des millions de citoyens des centres urbains se font couper  l’eau ou s’en privent tout simplement compte tenu de l’escalade des prix.
   En janvier 2003, Suez annonce qu’elle visera les municipalités du Canada et des États-Unis pour son expansion. Elle sera rapidement suivie par les deux autres, Veolia et RWE-Thames. Leur but annoncé est de transférer 70 pour cent des services d’eau  du public au privé au cours des dix prochaines années.

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