Des Canadiens luttent contre le pillage de
l’eau par Nestlé
The Story
of Stuff Project | 22 mars 2018
En Ontario,
des groupes de citoyens luttent pour faire cesser le pillage de l’eau par Nestlé
dont les permis sont périmés. À
seulement trois kilomètres de la rive du lac Ontario, Nestlé pompe environ cinq
millions de litres d’eau par jour pour la mise en bouteilles de plastique à
usage unique. Cette situation devrait se poursuivre sans relâche parce
qu'on ne sait pas quand le gouvernement prendra une décision sur la demande de
renouvellement.
The Story of Stuff Project coopère avec Le Conseil des Canadiens et Wellington
Water Watchers en proposant des solutions publiques pour lutter contre l'extraction
de l'eau des deux côtés de la frontière des Grands Lacs.
Water For Life, Not For Profit!
Canadians Fight Nestlé’s Water Extractions
In Ontario, community members are working to stop
Nestlé’s extraction of water under expired permits. Just miles from the shore
of Lake Ontario, Nestlé is currently pumping about five million litres per day
to put into single-use plastic bottles. This is expected to continue unabated
because it is unknown when the government will make a decision on the renewal
application.
We teamed up
with Council of Canadians and Wellington Water Watchers to create this short
video about Nestlé’s operations and the community’s response in Ontario.
At The Story
of Stuff Project, we’ve spent the last year collaborating with groups in the
Great Lakes region on both sides of the border to promote public solutions to
water problems. One way that we support Nature for Water is to stand in
opposition to private corporations like Nestlé. These corporations threaten the
Great Lakes by depleting what would otherwise be untouched aquifers in healthy
ecosystems to produce bottled water.
What could be
further from nature than bottling water in plastic bottles?
If we can
stop the extraction of this water, we can protect natural ecosystems and
prevent single-use plastic water bottles from entering our waste-stream at
disposal.
Despite the
warning signs of a depleting ecosystem that rely on these waters and the
growing destruction of plastic pollution, Nestlé shows no intention of stopping
for the sake of profit.
Local
community members are standing up to demand justice against water
privatization.
Stand Up
To Water Privatization: Take the Pledge
By signing this, you pledge to the following:
Cet été,
de nombreuses régions du sud de l’Ontario ont été marquées par des périodes de
sécheresse. Pourtant Nestlé, le leader mondial de l’eau embouteillée, continue
de puiser chaque jour plus de quatre millions de litres d’eau souterraine dans
un aquifère situé près de Guelph, Ontario. Nestlé paie moins de 15 $ par jour
pour cette eau qu’elle envoie à l’extérieur de la région dans des centaines de
millions de bouteilles de plastique à usage unique partout en Amérique du Nord
— un commerce très lucratif qui lui permet de réaliser des marges de profit
astronomiques.
De 2011 à 2015, le niveau d’eau dans
l’aquifère qui alimente la principale usine de Nestlé a baissé d’environ 1,5
m ; Nestlé a augmenté ses prélèvements d’eau de 33 pour cent au cours de la
même période.
Nestlé vient de s’offrir un nouveau puits à
Middlebrook, Ontario, damant ainsi le pion à la municipalité locale, qui
voulait acquérir le puits pour assurer son approvisionnement en eau potable.
Nestlé fait des profits en exploitant des sources d’eau souterraine un peu
partout dans le monde. Des communautés commencent à se mobiliser pour faire
savoir à Nestlé que prélever de l’eau et s’enrichir sur le dos d’une ressource
naturelle publique qui appartient à la collectivité est inadmissible. [...]
Engagez-vous à Boycotter Nestlé
Recent highlights:
Taiwanese
transnational to take water out of the Great Lakes basin for electronics
factory
March 30, 2018 https://canadians.org/
Bottled Life (documentary)
Urs Schnell | 2012 1:29:23
While the world’s population continues to grow at
an alarming rate, water is becoming increasingly hoarded and scarce. Bottled
Life documents the trend of the privatisation of water by focusing on the
Nestlé Corporation that is hoarding water supplies for profit and control
across the globe. Nestlé currently owns more than seventy of the world’s
largest bottled water brands, with annual sales of water alone totalling some
$10 billion. But the company does not want to discuss this business.
Management refuses interviews. Information is not provided. What entails is a
revealing look at the schemes and strategies of a powerful corporation, in a
time of water crisis and extreme inequality.
Pour le PDG de Nestlé, Peter
Brabeck, l'eau, fer de lance d'une stratégie planétaire, peut «garantir à
l'entreprise encore cent quarante ans de vie». Malgré le refus de collaborer
opposé par la direction, Res Gehriger et Urs Schnell dévoilent les coulisses de
ce marché qui brasse des milliards.
Des États-Unis au Nigeria en passant par le
Pakistan, ils explorent les circuits de l'eau en bouteille, mettant en lumière
les méthodes parfois expéditives du plus puissant groupe agroalimentaire de la
planète. Ils montrent qu'elles reposent sur une question cruciale, objet dans
nombre de pays d'un vide juridique dont les avocats et lobbyistes de la firme
savent tirer profit : à qui appartient l'eau?
Cette enquête minutieuse aux images soignées
donne la parole à de très nombreux protagonistes sur trois continents, usagers
ou militants, adversaires et partisans de Nestlé. Peter Brabeck lui-même y
défend avec vigueur son point de vue par le biais de ses nombreuses
interventions publiques.
«L'eau
est une denrée comme les autres, elle a une valeur marchande et il faut
la privatiser. Les ONG ont un avis extrême quant au problème de l’accès à
l’eau. Ils souhaitent que l’accès à l’eau soit nationalisé, c’est-à-dire que
tout le monde puisse avoir accès à l’eau. J’ai un point de vue différent. Pour une politique durable, elle
doit être revalorisée, ce qui va de pair avec un prix au litre plus élevé.» ~ Peter Brabeck
~~~
Comme le
gouvernement canadien n’a pas légiféré depuis mars 2017, Nestlé peut continuer son
pillage en toute impunité au Canada.
L’aberration de l’eau embouteillée
Le blogue
de Yanick Villedieu
Les
années lumière | ICI Radio-Canada | 31
mars 2017
Un
organisme citoyen qui milite, entre autres causes, pour le droit à l'accès à
l'eau, le Conseil des Canadiens, a publié cette semaine un communiqué pour le
moins troublant. Il a trouvé des bouteilles d'eau en vente à des milliers de
kilomètres de la source.
L’eau en
question, embouteillée sous la marque Nestlé Pure Life, avait été prélevée à
deux endroits différents. L’un est situé à Aberfoyle, en Ontario : on a trouvé
de cette eau à Saint-Jean, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, soit à
3147 km de la source; on en a aussi trouvé en Nouvelle-Écosse et à Montréal.
L’autre source exploitée par Nestlé est
située à Hope, en Colombie-Britannique : on a trouvé de cette eau à
Yellowknife, à 2126 km de là, ainsi qu’à Winnipeg, à 2144 km, et dans plusieurs
localités de Saskatchewan, toutes à plus de 1500 km de la source en question.
Il y a quelques semaines, au début de février,
l’entreprise qui embouteille l’eau prélevée dans les eskers d’Abitibi, vendue
sous la marque Eska, a annoncé qu’elle délocalisait une partie de son activité
d’embouteillage. Au lieu d’être conditionnée à Saint-Mathieu-d’Harricana, l’eau
destinée à être gazéifiée sera transportée en vrac et embouteillée à Montréal,
un voyage de plus de 600 kilomètres. Bien sûr, l’eau gazéifiée représente
seulement 5 % de la production d’Eska. Mais pour les gens de la région, cette
exportation d’une de leurs richesses naturelles est fort mal perçue – et on les
comprend.
Les deux faits que je viens d’évoquer, les
choix commerciaux de Nestlé et d’Eska, sont révélateurs d’une aberration :
embouteiller de l’eau à une source, et aller la vendre, en lui faisant
parcourir des distances parfois considérables, à des consommateurs qui
disposent déjà d’une eau de parfaite qualité, celle de leur robinet. L’eau
douce, on le sait, n’est pas également répartie à la surface de la planète.
Mais au Canada, qui en possède 20 % des réserves mondiales, l’eau potable est à
peu près partout disponible.
L’aberration de l’eau embouteillée, surtout
dans un pays comme le Canada, est triple.
D’abord,
transporter des tonnes et des tonnes d’eau, par camion généralement, a un coût
énergétique qui est loin d’être négligeable. Combien de gaz à effet de serre
a-t-on dû émettre pour apporter une bouteille d’eau sur les rayons de votre
supermarché? Et pour promener des millions de bouteilles un peu partout au
pays?
L’autre aberration, c’est la pollution par
le plastique causée par les millions et les millions de bouteilles consommées
par ce commerce.
L’usine Nestlé d’Aberfoyle, en Ontario, est
la plus grande au Canada, note le Conseil des Canadiens dans son communiqué.
L’embouteilleur a le droit de prélever, donc d’embouteiller, par jour, 3,6
millions de litres d’eau. Par jour, je répète. [Ndlr : Comme on l’a vu
plus haut, en 2018, c’est 5 millions de litres par jour!]
Ce qui m’amène à la troisième aberration de
l’eau embouteillée : la pression indue sur une ressource, l’eau souterraine,
qui n’est pas une ressource renouvelable à perpétuité. Ou, plus exactement, qui
est une ressource très, très, très lentement renouvelable. En prélever trop,
c’est mettre cette ressource en danger, dans 10, 20, 50 ans, on ne le sait pas
toujours. Mais ce qu’on sait de plus en plus, c’est que l’eau de source, ça ne
coule pas forcément… comme de l’eau.
Le communiqué publié il y a quelques jours
par le Conseil des Canadiens était effectivement troublant. Il a remis la question
de l’eau embouteillée à l’ordre du jour. Et c’est une bonne chose. Des pavés
comme celui-ci, il faut en jeter régulièrement dans cette mare-là.
Les quatre cavaliers de l’apocalypse de l’eau :
Nestlé Waters le no 1 de la vente d'eau dans le monde (Perrier,
Vittel, San Pellegrino, Pure Life...), suivi de PepsiCo (Aquafina), Coca-Cola
(Dasani, Smartwater) et Danone.
Regard sur l’industrie de l’eau embouteillée
en Amérique du Nord
Inside the Bottle: An Exposé of the Bottled Water Industry
Par Tony
Clarke, Institut Polaris, Ottawa, 2005
Traduction
et adaptation Marc-Antoine Fleury pour DÉVELOPPEMENT ET PAIX
Aux États-Unis,
les marques qui tirent profit de l’eau du robinet représenteraient près de 70 pour
cent des ventes d’eau embouteillée, selon un article récent du Washington Post.
Notons au passage que l’American Beverage Association,
un groupe qui représente les entreprises oeuvrant dans le commerce de l’eau
et des boissons non alcoolisées, n’était pas en mesure de préciser la quantité d’eau
embouteillée provenant de l’aqueduc. Toutefois,
l’association des embouteilleurs américains (IBWA) répliquait que ce serait
plutôt 25 pour cent de l’eau embouteillée qui proviendrait d’un aqueduc.
Au
Canada, l’association des embouteilleurs (CBWA) estime que la proportion
d’eau embouteillée provenant du robinet serait ici aussi de 25 pour cent. Les
géants des boissons gazeuses sont les spécialistes de la revente de l’eau de
l’aqueduc : PepsiCo avec Aquafina et Coca-Cola avec Dasani. Dans le fond, les
gens achètent quelque chose qu’ils ont déjà payé avec leurs taxes : l’eau du robinet de qualité. Dans la
plupart des cas, l’eau est simplement filtrée, minéralisée (pour Dasani), embouteillée
et vendue dans un joli contenant. Ajoutons que Coca-Cola et Pepsi paient l’eau
bien moins cher que le prix auquel elles la revendent. Il est difficile
d’établir des comparaisons méthodiques entre les prix des eaux embouteillées et
de l’eau du robinet des municipalités compte tenu des multiples façons de tarifer
les services municipaux. Il n’en demeure pas moins qu’il y a des signes
évidents d’une arnaque quand on parle du prix de l’eau embouteillée.
L’eau mise en bouteille provient de deux sources
: Il y a «l’eau de source naturelle» qui provient généralement des nappes souterraines
des régions rurales et il y a «l’eau purifiée» qui est puisée directement des
aqueducs municipaux.
L’industrie de l’eau embouteillée aime bien
se décrire comme faisant partie prenante de la génération verte et santé. Elle
le fait sans relâche en associant ses produits à des images de la nature comme
les paysages inexplorés. Mais ce dont l’industrie ne parle jamais, c’est des dommages
que les contenants en plastique, qu’elle utilise abondamment, causent à l’environnement.
Aujourd’hui, la croissance fulgurante de l’eau embouteillée se traduit par un nombre
presque incalculable de déchets plastiques, d’émission de substances toxiques
dans l’air et dans l’eau en plus d’une demande accrue de ressources non
renouvelables.
En considérant l’explosion actuelle des ventes
d’eau embouteillée en Amérique du Nord, il
est clair que les grands embouteilleurs ont obtenu un succès considérable dans
leur projet d’éloigner les consommateurs de l’eau du robinet. Pour créer cette
nouvelle culture de l’eau embouteillée, l’industrie a axé sa stratégie sur deux
éléments. Dans un premier temps,
l’industrie a tiré profit de la moindre occasion pour semer le doute quant à la
qualité, la fiabilité et la sécurité de l’eau du robinet. Elle a par la suite proposé
une solution rassurante par le biais de ses produits qu’elle présente comme une
alternative «pure», «sécuritaire», «saine» et nécessaire à la vie. Cette
stratégie, si vigoureusement mise en
place par l’industrie, n’est en fait
qu’une entreprise de manipulation publicitaire qui vise à semer le doute dans
l’esprit des consommateurs
Malgré la croissance phénoménale des ventes
d’eau embouteillée, la grande majorité
des Canadiens et des Américains continuent de boire l’eau du robinet.
Dans les deux pays, pratiquement tout le
monde a un accès abordable à cette ressource essentielle à la vie. Jusqu’à maintenant, les succès du
«privatariat» n’ont été que limités. Mais cela pourrait changer.
Les grandes multinationales de l’eau ont
ciblé l’Amérique du Nord comme marché à développer. Les françaises Suez et Vivendi
(maintenant Veolia Environnement) et l’Allemande
RWE-Thames ont tous des filiales en Amérique du Nord : United Water,
US Filter et American Water respectivement. Ces entreprises se spécialisent
dans la privatisation des services d’eau des villes en difficultés financières en les gérant pour le profit.
Souvent, les contrats sont d’une durée de 25 ou 30 ans. En retour, les entreprises promettent d’améliorer le
service, d’augmenter la couverture et de renouveler les infrastructures. Plus souvent qu’autrement,
les tarifs sont majorés de façon substantielle pour couvrir les coûts et on
installe des compteurs d’eau pour contrôler l’usage. Résultat : des millions de
citoyens des centres urbains se font couper
l’eau ou s’en privent tout simplement compte tenu de l’escalade des
prix.
En janvier 2003, Suez annonce qu’elle visera
les municipalités du Canada et des États-Unis pour son expansion. Elle sera
rapidement suivie par les deux autres, Veolia et RWE-Thames. Leur but annoncé
est de transférer 70 pour cent des services d’eau du public au privé au cours des dix
prochaines années.
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