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Comme dit
Philippe Claudel : «Nous sommes devenus des monstres. On pourrait s’en
affliger. Mieux vaut en rire.»
«Drôle d’époque. En vérité peu de choses
nous choquent. Que faudrait-il pour nous choquer. Je ne sais pas. Que tout le
monde s’aime peut-être. Que la paix soit partout répandue sur le monde comme un
engrais biologique sur une jeune pelouse.» (p. 21)
«Nous sommes des êtres de passage. La
plupart de nos problèmes viennent de là. Nous refusons notre condition
transitoire. Nous faisons comme si la vie était une étendue que nous pouvons
démesurément agrandir et comme si notre corps devenait le lieu immense et
unique. Jamais nous n’envisageons réellement notre présence comme un infime
incident biologique, négligeable et somme toute grotesque dans le cycle des
émergences et des disparitions. Nous hésitons entre le rire et les larmes, refusant
l’abattement et la consternation qui seuls pourtant seraient en mesure de
signifier notre insignifiance. Ce qui fait notre joie fait aussi notre
souffrance. Nous pensons. Nous créons les conditions de notre consolation ainsi
que celles de nos tourments. Nous remplissons le vide tout en le soulignant.»
(p. 126-127)
«Parfois des gestes simples nous
contentent : faire la vaisselle. Tondre une pelouse. Peindre une porte.
Feindre de respirer. La vie devient supportable quand on la feinte. Enfin
presque.» (p. 130)
– Philippe
Claudel
Source :
Inhumaines;
roman de mœurs contemporaines, Éditions Stock 2017
[L’homme
est sans doute le seul animal à commettre deux fois les mêmes erreurs. Il est
aussi l’unique à fabriquer le pire et à le dépasser sans cesse.]
~~~
Les
grosses chicanes internationales prouvent une fois de plus, et hors de tout
doute, que se prendre au sérieux est la
cause de tous nos problèmes, du cancer à la guerre nucléaire, et que la stupidité humaine est une énergie
fossile pérenne qui ne se pulvérisera qu’avec notre extinction.
À quoi s’attendre
si certains chefs d’État s’adonnent au dropkick
ici et là? Encore une fois un peu d’histoire
dont nous n’apprenons rien – Hitler avait dit à propos de Leningrad : «nous
rayerons cette ville de la surface de la terre». Trump a tenu les mêmes à l’égard
de Pyongyang.
Le siège débuta le 8 septembre 1941 et se
termina le 27 janvier 1944. La ville fut encerclée pendant 872 jours, avec les
conséquences dramatiques que cela implique pour le ravitaillement de la seconde
ville de Russie. [...] Dans Leningrad même, la vie se résume aux longues queues
devant les centres d’alimentations, en espérant ne pas avoir attendu pour rien
et que les obus allemands tomberont ailleurs. La vie tient dans la carte
d’approvisionnement distribuée par le parti, sésame pour obtenir quelques
grammes de pain chaque jour. On n’hésite d’ailleurs pas à dissimuler la perte
d’amis ou de membres de la famille pour garder leurs cartes. Plusieurs cas de cannibalisme sont
constatés, notamment dans une école. Le siège durant, les hommes qui
titubent sont laissés inertes sur le sol, car personne n’a bientôt plus la
force de s’occuper d’eux. La nuit tombée, ils seront détroussés par ceux qui
n’ont pas assez de vêtements chauds. La neige recouvre les cadavres et le froid
préserve la ville des maladies jusqu’au printemps. Toutes sortes de mélange ignoble à base de
bottes de cuir, de colle à papier peint, de graisse industrielle ou même de
peinture servent à rajouter quelques calories au quotidien. Le chauffage ne
marche évidemment plus, et les demeures de bois de la ville sont rasées.
Source :
Source :
Mangeriez-vous
votre chat?
Leningrad 1941, capture d'écran Youtube via sputniknews
– Les chats-héros. Les autorités de Saint-Pétersbourg ont érigé un monument au chat, qui a sauvé de la famine des habitants de la ville assiégée à deux reprises. Pendant la première année du siège, les habitants affamés ont mangé tous les animaux domestiques, dont les chats, pour ne pas mourir de faim. L'absence de chats a provoqué une invasion de rongeurs. Après la percée du blocus en janvier 1943, l'un des premiers trains transportait quatre wagons de chats pour sauver les réserves des habitants éreintés.
– Les chats-héros. Les autorités de Saint-Pétersbourg ont érigé un monument au chat, qui a sauvé de la famine des habitants de la ville assiégée à deux reprises. Pendant la première année du siège, les habitants affamés ont mangé tous les animaux domestiques, dont les chats, pour ne pas mourir de faim. L'absence de chats a provoqué une invasion de rongeurs. Après la percée du blocus en janvier 1943, l'un des premiers trains transportait quatre wagons de chats pour sauver les réserves des habitants éreintés.
– 150 000 bombes. Pendant le siège, Leningrad a été frappée
par d'innombrables attaques d'aviation et d'artillerie à raison de plusieurs
par jour. Au total, 150 000 obus et plus de 107 bombes incendiaires et
brisantes ont été lancés sur Leningrad pendant le siège.
Source :
Devons-nous encore avoir peur du champignon
nucléaire?
Annabelle
Caillou
Le Devoir
12 août 2017
[Extrait]
Banalisation de la bombe atomique?
Pour
Barthelemy Courmont, directeur de recherche à l’Institut de relations
internationales et stratégiques en France (IRIS), la bombe atomique reste
«paradoxale». «Arme suprême, objet des stratégies de dissuasion les plus
sophistiquées et des fantasmes les plus créatifs quant à sa capacité de
destruction de l’humanité», elle semble, selon lui, s’être banalisée dans un
monde habitué à vivre avec le nucléaire.
Et sa
multiplication – relativement modeste à ses yeux – ne peut à elle seule
expliquer cette «banalisation». M. Courmont évoque plutôt un manque de recul
des dirigeants et de la société civile, qui oublient «ce dont elle est capable
et que son utilisation n’est pas uniquement cantonnée à la science-fiction. […]
Engin de destruction apocalyptique pour les artistes, elle ne serait plus
qu’une “arme comme les autres” pour les populations».
Les
récentes déclarations de Donald Trump en témoignent, selon lui. Ses paroles
évoquent celles du président américain
Harry Truman lorsqu’en 1945 il a prévenu le Japon «d’une pluie de ruines provenant des airs, comme on n’en avait encore
jamais vu sur terre», en référence à la bombe larguée sur Hiroshima.
«Au-delà du caractère absurde des mots choisis par Donald Trump, il convient de montrer du doigt le manque
de connaissance, de recul et de conscience par rapport à un événement aussi
majeur dans l’histoire de l’humanité», se désole M. Courmont.
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Stéphane Laporte
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