9 août 2017

Les droits des peuples autochtones : une résolution juridiquement non contraignante

C’était La Journée internationale des peuples autochtones (ONU). La question fondamentale demeure : qui a le droit de vivre (ou non), et qui en décide? Notre monde fonctionne selon un seul principe : il faut payer pour avoir le droit de vivre. Alors, imaginons la situation des populations autochtones où qu’ils soient dans le monde...  

Thème 2017 : Dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones

Les peuples autochtones représentent environ 370 millions de personnes et vivent dans 90 pays. Bien qu’ils ne forment que 5 % de la population mondiale, ils constituent aujourd’hui 15 % des individus les plus marginalisés de la planète.

Les peuples autochtones sont les héritiers d’une grande diversité linguistique et culturelle, ainsi que de coutumes et de traditions ancestrales. Ils représentent 5 000 cultures différentes, parlent la vaste majorité des quelque 7 000 langues de la planète. Malgré la diversité des communautés autochtones à travers le monde, la plupart d’entre elles partagent des points communs, notamment les liens qu’ils entretiennent avec leurs terres ancestrales et leur environnement, de même que la volonté de préserver leur mode d’organisation, leurs valeurs culturelles, sociales et économiques, qui varient souvent des normes qui dominent dans les sociétés dans lesquelles ils vivent. Bien que pluriels, les peuples autochtones partagent donc des défis similaires liés à la reconnaissance et à la protection de leurs droits les plus fondamentaux.
   Depuis des décennies, les peuples autochtones demandent la reconnaissance de leur identité, de leur mode de vie, de leurs terres, territoires et ressources naturelles mais, malgré leurs efforts, ils continuent d’être victimes de discriminations et d’injustices.
   La communauté internationale a reconnu que des mesures particulières devaient être mises en œuvre afin de protéger les droits fondamentaux des peuples autochtones. Malgré d’importants progrès enregistrés ces dix dernières années, la reconnaissance officielle et la mise en place de mesures adéquates restent les principaux enjeux au niveau mondial.
   Il y a dix ans, à la date du 13 septembre 2007, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cet instrument international représente un jalon majeur en faveur de la coopération et de la solidarité entre les peuples autochtones et les États Membres.
   La Déclaration est l’instrument international le plus complet sur les droits fondamentaux des peuples autochtones. Elle instaure un cadre universel de normes minimales nécessaires à la survie, à la dignité et au bien-être des peuples autochtones. Le texte affirme que les peuples autochtones peuvent jouir pleinement, collectivement ou individuellement, de l'ensemble des droits de l'homme et des libertés fondamentales reconnus par la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme et la législation internationale relative aux droits de l'homme.
   Malgré des progrès notables enregistrés aux niveaux national, régional ou international dans la mise en œuvre de la Déclaration au cours de la décennie, il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé entre la reconnaissance des droits des peuples autochtones et la mise en œuvre de politiques sur le terrain.

Source : site de l’ONU

Droits des peuples autochtones

La Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones a été adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en 2007, puis validée à l'issue d'un vote, malgré l'appel des auteurs du texte pour une adoption par consensus, le 13 septembre 2007 par 143 voix pour, 4 contre (États-Unis, Canada *, Australie et Nouvelle-Zélande) et 11 abstentions (Colombie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Géorgie, Burundi, Fédération de Russie, Samoa, Nigéria, Ukraine, Bhoutan et Kenya).

* Mise à jour : Le gouvernement conservateur de Stephen Harper avait voté contre, jugeant le texte trop vague. Il s’inquiétait qu’il puisse donner lieu à toutes sortes d'interprétation, concernant notamment de potentielles revendications territoriales.
   Sous la pression, il avait finalement appuyé la DDPA en 2010, par un énoncé qui ne manquait pas de rappeler ses réserves quant à l’application des principes énoncés.
   Ce n’est qu’en 2016 qu’Ottawa a finalement appuyé sans réserve la Déclaration.
   Au moment de l’annonce, la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, avait assuré qu’Ottawa allait respecter la DDPA, et ainsi «redonner vie à l’article 35» de la Constitution canadienne, qui reconnaît les droits des Autochtones.
   Or, un an plus tard, la mise en oeuvre complète annoncée par Ottawa se fait toujours attendre. (ICI Radio-Canada, espaces autochtones)
   M. Harper doit regretter de ne plus être sur la scène politique – comme il se serait bien entendu avec Mike Pence, Scott Pruitt, Rex Tillerson, enfin, tout le cabinet de Trump.

Cette fameuse déclaration non contraignante stipule que les peuples autochtones ont le droit à l'autodétermination interne et qu'en vertu de ce droit ils déterminent librement leur statut politique et recherchent librement leur développement économique, social et culturel. Elle stipule que les peuples autochtones ne peuvent être expulsés de leur terre. Qu'ils ont droit aux ressources naturelles situées sur leur terre.
   Malheureusement, cette résolution est juridiquement non contraignante.

Survival International

Survival International est une ONG créée en 1969 dont l'objet est la défense des droits des peuples indigènes par des campagnes d'opinion, en s'appuyant sur l'éducation, les campagnes et la recherche de fonds et en relayant la parole des peuples indigènes dans le monde, en lien étroit avec les organisations indigènes locales. 

Survival International a été fondée en 1969 en Grande-Bretagne, entre autres par Edward Goldsmith, en réaction à un article dans le journal britannique The Sunday Times, écrit par Norman Lewis, dénonçant les massacres, le vol des terres et le génocide en Amazonie brésilienne.

Survival estime que l'opinion publique est la force la plus efficace pour faire changer les choses, son pouvoir rend plus difficile, éventuellement impossible, aux gouvernements et aux grandes compagnies de réaliser les entreprises qui oppriment et spolient les peuples indigènes.

Survival mène, dans le monde entier, des campagnes de soutien aux peuples indigènes, de la Sibérie au Sarawak, du Canada au Kenya; l'organisation a été la première dans son domaine à utiliser l'envoi massif de lettres de protestations. En 2000 par exemple, après avoir reçu de 150 à 200 lettres par jour de sympathisants de Survival du monde entier, le gouvernement indien dut abandonner son projet de déplacer la population isolée des Jarawas vivant sur les îles Andaman. Peu de temps auparavant, le gouverneur de la Sibérie occidentale avait imposé un moratoire de cinq ans aux forages pétroliers dans le territoire des Yugan Khanty quelques semaines après que Survival ait diffusé un bulletin d'action urgente sur la question.

Selon Survival, la perte de leurs terres caractérise la situation des peuples autochtones. Bien que les droits de propriété sur les territoires indigènes soient reconnus par le droit international, ils ne sont véritablement respectés nulle part dans le monde. Compagnies industrielles (pétrolières, minières, d'exploitation du bois), commerciales, colons, éleveurs, projets de 'développement' (construction de réseaux routiers, de barrages hydro-électriques), établissement de réserves de vie sauvage ou de gibier, envahissent leurs territoires et les expulsent avec l'assentiment des gouvernants et pour le profit d'intérêts privés.

Les maladies, souvent fatales, suivent généralement ces invasions. La perte de leurs terres leur ôte leurs moyens d'existence, particulièrement leurs capacités d'autosubsistance et affaiblit leur résistance physique. Dans des cas extrêmes, les indigènes sont tués ou emprisonnés pour «vider» leurs terres; ces invasions et attaques criminelles se déroulant sur fond de racisme, qui considère ces peuples comme «primitifs» ou « arriérés », et en raison d'une recherche effrénée de profits. [...]

Nous sommes la seule organisation qui se consacre exclusivement à la défense des peuples autochtones du monde entier. Nous les aidons à défendre leurs vies, protéger leurs terres et déterminer leur propre avenir.

Notre mission
Notre mission consiste à empêcher l’anéantissement des peuples autochtones. Nous leur offrons une plate-forme pour s'adresser au monde afin qu’ils puissent témoigner de la violence génocidaire, de l’esclavage et du racisme dont ils sont quotidiennement victimes. En faisant pression sur ceux qui détiennent le pouvoir, nous aidons à défendre leurs vies, leurs terres et leur avenir. Ces peuples devraient avoir les mêmes droits que les autres sociétés.

Notre vision
Un monde dans lequel les peuples autochtones sont considérés comme des sociétés contemporaines et où leurs droits fondamentaux sont respectés.
   Les sociétés industrialisées soumettent les peuples autochtones à la violence génocidaire, à l’esclavage et au racisme dans le but de leur voler leurs terres et leurs ressources et d'exploiter leur force de travail au nom du 'progrès' et de la 'civilisation'.

Racisme dans les médias
Survival lance une nouvelle campagne pour attirer l’attention des médias sur l’usage abusif d’un vocabulaire chargé de stéréotypes et de préjugés dans leur traitement de l’actualité des peuples autochtones. Elle est activement soutenue outre-manche par d’éminents journalistes.
   Depuis l’époque coloniale, des termes tels que ‘primitifs’ ou ‘vivant à l’âge de pierre’ sont couramment utilisés à propos des peuples autochtones. Ils renforcent l’idée que ces peuples n’auraient pas – comme nous – évolué depuis des générations. Cela est faux. Toutes les sociétés s’adaptent et changent, pas seulement les nôtres.
   Les peuples autochtones ne sont pas plus ‘sauvages’ que nous. L’idée que ces peuples sont arriérés mène directement à leur persécution. On affirme par exemple que c’est ‘pour leur bien’ que leur est imposé le développement et que celui-ci les aidera à ‘rattraper’ le monde civilisé. Le résultat est presque toujours catastrophique : misère, alcoolisme, prostitution, maladies et mort.

Survival demande aux journalistes de s’efforcer d’éviter un vocabulaire aussi inexact et préjudiciable aux peuples autochtones.


Bruno Manser et la tribu Pénan  

Manser est mort une deuxième fois
Par Tristan Ranx (2008)

- Je me souviens qu’à l’époque vous aviez parlé de ce Suisse devenu le défenseur des tribus penans de Bornéo…”
- Bien sûr, c’est Bruno Manser!
- Cela fait des années qu’il a disparu, dis-je.
Bertolino hoche la tête.
-Il a été tué…
Dit-il.

Je laisse Jean Bertolino à son présent minéralisé. Le nom de Bruno Manser aura été prononcé au Baron ce soir. La chose est certainement unique et historique. Une remise à niveau entre 1968 et 2008. La température monte. Le fantôme de Bruno Manser passe devant le bar. Il est torse nu, les cheveux coupés au bol à la manière Pénane et il porte ses petites lunettes rondes d’universitaire. Je le vois faire l’accolade à Thierry Théolier et Samuel Segas. Il leur raconte certainement son combat contre les compagnies forestières japonaises et les potentats locaux, sa lutte acharnée pour sauver la forêt et les derniers hommes libres de Bornéo.

Bruno Manser me fait penser à Learoyd, le Roi irlandais de Bornéo, le personnage de “l’Adieu au roi” de Pierre Schoendoerffer. Je regarde Jean Bertolino, et lui aussi me fait penser à un personnage : Fergusson, l’étrange officier supérieur de Learoyd.

“Fergusson restait imperturbable. Il était un mur, une digue qui résistait à tous les assauts. Pourtant derrière ce masque de certitude, un doute poursuivait lentement son chemin aveugle, jusqu’au jour d’octobre 1946 où comme la solution d’un problème difficile apparait soudain évidente et lumineuse, Fergusson sauta à l’eau.”

La révolte écologique prend la teinte de la tragédie et la petite bouteille d’eau vire au rouge. Le gouvernement malaisien avait envoyé 200 commandos pour traquer et tuer Bruno Manser, le Roi de Bornéo. Aujourd’hui, accompagné des riffs d’Eudeline, entre les suaves velours du Baron, nous pouvons imaginer un nouvel adieu au Roi.

Blessé, Bruno Manser agonise entre le bar et la porte du Baron. Les soldats d’élite ont sortis les kriss pour en finir une fois pour toutes avec le rebelle étranger. Bruno Manser sait qu’il va mourir. “La vie est courte comme un pet!” avait-il l’habitude de dire. Manser fait face à ses tortionnaires, il sait ce qu’il lui reste à faire en tenant fermement son poignard devant lui.

“La nuit, disait-il, c’est toujours pire que dans la journée. Tout est noir autour de toi et tu te traines dans la douleur. Ce que j’ai vécu pendant les quatre semaines après la morsure du serpent, si c’était la fin de ma vie, je me serais directement coupé la gorge ou j’aurais demandé à quelqu’un de le faire. Je ne voudrais pas souffrir comme ça une deuxième fois.”

Bilan 

2001 : À Bornéo (Malaisie), 50% des forêts de l’île appartiennent à un propriétaire unique. Il y a quelques décennies, 60% de cette forêt était encore debout – on parle ici d’arbres centenaires de 92 m (300 pieds) de hauteur et de bois rares. Or, le pillage des douze années précédentes fait en sorte qu’il n’en reste que 10%! La majeure partie des coupes sert à fabriquer des résidences, meubles et objets de luxe, entre autres. Par conséquent, les aborigènes de l’île sont en voie d’extinction. L’écologiste Suisse a mystérieusement disparu lors de son dernier voyage à Sarawak en décembre 2000; on n’a pas trouvé trace de lui depuis. Site de la Fondation Bruno Manser : http://www.borneoproject.org/article.php?id=273

Mars 2006 : Aux dernières nouvelles, le gouvernement de l’État du Sarawak (Bornéo) a accompli un pas important vers la protection de l’une des dernières zones de forêt vierge de la Malaisie orientale en créant officiellement le parc national de Pulong Tau. La Suisse contribue pour une large part à la réalisation de ce projet qui bénéficie quand même d’un soutien international. 

Mars 2010 : il ne reste plus qu'une cinquantaine de familles qui habitent à l'intérieur de la forêt. 

Tong Tana, Bornéo :

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