Thème 2017
: Dixième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des
peuples autochtones
Les peuples
autochtones représentent environ 370 millions de personnes et vivent dans 90
pays. Bien qu’ils ne forment que 5 % de la population mondiale, ils
constituent aujourd’hui 15 % des individus les plus marginalisés de la planète.
Les peuples autochtones sont les héritiers d’une
grande diversité linguistique et culturelle, ainsi que de coutumes et de
traditions ancestrales. Ils représentent 5 000 cultures différentes, parlent la
vaste majorité des quelque 7 000 langues de la planète. Malgré la diversité des
communautés autochtones à travers le monde, la plupart d’entre elles partagent
des points communs, notamment les liens qu’ils entretiennent avec leurs terres
ancestrales et leur environnement, de même que la volonté de préserver leur
mode d’organisation, leurs valeurs culturelles, sociales et économiques, qui
varient souvent des normes qui dominent dans les sociétés dans lesquelles ils
vivent. Bien que pluriels, les peuples autochtones partagent donc des défis
similaires liés à la reconnaissance et à la protection de leurs droits les plus
fondamentaux.
Depuis
des décennies, les peuples autochtones demandent la reconnaissance de leur
identité, de leur mode de vie, de leurs terres, territoires et ressources
naturelles mais, malgré leurs efforts, ils continuent d’être victimes de
discriminations et d’injustices.
La
communauté internationale a reconnu que des mesures particulières devaient être
mises en œuvre afin de protéger les droits fondamentaux des peuples
autochtones. Malgré d’importants progrès enregistrés ces dix dernières années,
la reconnaissance officielle et la mise en place de mesures adéquates restent
les principaux enjeux au niveau mondial.
Il y a
dix ans, à la date du 13 septembre 2007, l’Assemblée générale des Nations Unies
adoptait la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples
autochtones. Cet instrument international représente un jalon majeur en faveur
de la coopération et de la solidarité entre les peuples autochtones et les
États Membres.
La
Déclaration est l’instrument international le plus complet sur les droits
fondamentaux des peuples autochtones. Elle instaure un cadre universel de
normes minimales nécessaires à la survie, à la dignité et au bien-être des
peuples autochtones. Le texte affirme que les peuples autochtones peuvent jouir
pleinement, collectivement ou individuellement, de l'ensemble des droits de
l'homme et des libertés fondamentales reconnus par la Charte des Nations Unies,
la Déclaration universelle des droits de l'homme et la législation
internationale relative aux droits de l'homme.
Malgré
des progrès notables enregistrés aux niveaux national, régional ou
international dans la mise en œuvre de la Déclaration au cours de la décennie,
il reste encore beaucoup à faire pour combler le fossé entre la reconnaissance
des droits des peuples autochtones et la mise en œuvre de politiques sur le
terrain.
Source : site de l’ONU
Droits des
peuples autochtones
La Déclaration des Nations unies sur les droits
des peuples autochtones a été adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU en 2007,
puis validée à l'issue d'un vote, malgré l'appel des auteurs du texte pour une
adoption par consensus, le 13 septembre 2007 par 143 voix pour, 4 contre
(États-Unis, Canada *, Australie et Nouvelle-Zélande) et 11 abstentions
(Colombie, Azerbaïdjan, Bangladesh, Géorgie, Burundi, Fédération de Russie,
Samoa, Nigéria, Ukraine, Bhoutan et Kenya).
* Mise à jour : Le gouvernement conservateur
de Stephen Harper avait voté contre, jugeant le texte trop vague. Il
s’inquiétait qu’il puisse donner lieu à toutes sortes d'interprétation,
concernant notamment de potentielles revendications territoriales.
Sous la
pression, il avait finalement appuyé la DDPA en 2010, par un énoncé qui ne
manquait pas de rappeler ses réserves quant à l’application des principes
énoncés.
Ce n’est
qu’en 2016 qu’Ottawa a finalement appuyé sans réserve la Déclaration.
Au moment
de l’annonce, la ministre fédérale des Affaires autochtones, Carolyn Bennett,
avait assuré qu’Ottawa allait respecter la DDPA, et ainsi «redonner vie à
l’article 35» de la Constitution canadienne, qui reconnaît les droits des
Autochtones.
Or, un an
plus tard, la mise en oeuvre complète annoncée par Ottawa se fait toujours
attendre. (ICI Radio-Canada, espaces autochtones)
M. Harper
doit regretter de ne plus être sur la scène politique – comme il se serait bien
entendu avec Mike Pence, Scott Pruitt, Rex Tillerson, enfin, tout le cabinet de
Trump.
Cette fameuse déclaration non contraignante stipule
que les peuples autochtones ont le droit
à l'autodétermination interne et qu'en vertu de ce droit ils déterminent
librement leur statut politique et recherchent librement leur développement
économique, social et culturel. Elle
stipule que les peuples autochtones ne peuvent être expulsés de leur terre.
Qu'ils ont droit aux ressources naturelles situées sur leur terre.
Malheureusement,
cette résolution est juridiquement non
contraignante.
Survival
International
Survival
International est une ONG créée en 1969 dont l'objet est la défense des droits
des peuples indigènes par des campagnes d'opinion, en s'appuyant sur
l'éducation, les campagnes et la recherche de fonds et en relayant la parole
des peuples indigènes dans le monde, en lien étroit avec les organisations
indigènes locales.
Survival International a été fondée en 1969 en
Grande-Bretagne, entre autres par Edward Goldsmith, en réaction à un article
dans le journal britannique The Sunday Times, écrit par Norman Lewis, dénonçant les massacres, le vol des terres
et le génocide en Amazonie brésilienne.
Survival estime que l'opinion publique est la
force la plus efficace pour faire changer les choses, son pouvoir rend plus
difficile, éventuellement impossible, aux gouvernements et aux grandes
compagnies de réaliser les entreprises qui oppriment et spolient les peuples
indigènes.
Survival mène, dans le monde entier, des campagnes
de soutien aux peuples indigènes, de la Sibérie au Sarawak, du Canada au Kenya;
l'organisation a été la première dans son domaine à utiliser l'envoi massif de
lettres de protestations. En 2000 par
exemple, après avoir reçu de 150 à 200 lettres par jour de sympathisants de
Survival du monde entier, le
gouvernement indien dut abandonner son projet de déplacer la population isolée
des Jarawas vivant sur les îles Andaman. Peu de temps auparavant, le
gouverneur de la Sibérie occidentale
avait imposé un moratoire de cinq ans aux forages pétroliers dans le territoire
des Yugan Khanty quelques semaines après que Survival ait diffusé un
bulletin d'action urgente sur la question.
Selon Survival, la perte de leurs terres
caractérise la situation des peuples autochtones. Bien que les droits de propriété sur les territoires indigènes soient
reconnus par le droit international, ils ne sont véritablement respectés nulle
part dans le monde. Compagnies industrielles (pétrolières, minières,
d'exploitation du bois), commerciales,
colons, éleveurs, projets de 'développement' (construction de réseaux routiers,
de barrages hydro-électriques), établissement de réserves de vie sauvage ou de
gibier, envahissent leurs territoires et
les expulsent avec l'assentiment des gouvernants et pour le profit d'intérêts
privés.
Les maladies, souvent fatales, suivent généralement
ces invasions. La perte de leurs terres leur ôte leurs moyens d'existence,
particulièrement leurs capacités d'autosubsistance et affaiblit leur résistance
physique. Dans des cas extrêmes, les indigènes sont tués ou emprisonnés pour
«vider» leurs terres; ces invasions et attaques criminelles se déroulant sur
fond de racisme, qui considère ces peuples comme «primitifs» ou « arriérés »,
et en raison d'une recherche effrénée de profits. [...]
Nous sommes la seule organisation qui se consacre
exclusivement à la défense des peuples autochtones du monde entier. Nous les
aidons à défendre leurs vies, protéger leurs terres et déterminer leur propre
avenir.
Notre mission
Notre mission consiste à empêcher l’anéantissement
des peuples autochtones. Nous leur offrons une plate-forme pour s'adresser au
monde afin qu’ils puissent témoigner de la violence génocidaire, de l’esclavage
et du racisme dont ils sont quotidiennement victimes. En faisant pression sur
ceux qui détiennent le pouvoir, nous aidons à défendre leurs vies, leurs terres
et leur avenir. Ces peuples devraient avoir les mêmes droits que les autres
sociétés.
Notre vision
Un monde dans lequel les peuples autochtones sont
considérés comme des sociétés contemporaines et où leurs droits fondamentaux sont
respectés.
Les
sociétés industrialisées soumettent les peuples autochtones à la violence
génocidaire, à l’esclavage et au racisme dans le but de leur voler leurs terres
et leurs ressources et d'exploiter leur force de travail au nom du 'progrès' et
de la 'civilisation'.
Racisme
dans les médias
Survival lance une nouvelle campagne pour attirer
l’attention des médias sur l’usage abusif d’un vocabulaire chargé de
stéréotypes et de préjugés dans leur traitement de l’actualité des peuples
autochtones. Elle est activement soutenue outre-manche par d’éminents
journalistes.
Depuis
l’époque coloniale, des termes tels que ‘primitifs’ ou ‘vivant à l’âge de
pierre’ sont couramment utilisés à propos des peuples autochtones. Ils
renforcent l’idée que ces peuples n’auraient pas – comme nous – évolué depuis
des générations. Cela est faux. Toutes les sociétés s’adaptent et changent, pas
seulement les nôtres.
Les
peuples autochtones ne sont pas plus ‘sauvages’ que nous. L’idée que ces
peuples sont arriérés mène directement à leur persécution. On affirme par
exemple que c’est ‘pour leur bien’ que leur est imposé le développement et que
celui-ci les aidera à ‘rattraper’ le monde civilisé. Le résultat est presque
toujours catastrophique : misère, alcoolisme, prostitution, maladies et mort.
Survival demande aux journalistes de s’efforcer
d’éviter un vocabulaire aussi inexact et préjudiciable aux peuples autochtones.
Manser est mort une deuxième fois
Par Tristan Ranx (2008)
- Je me souviens qu’à l’époque vous aviez parlé de
ce Suisse devenu le défenseur des tribus penans de Bornéo…”
- Bien sûr, c’est Bruno Manser!
- Cela fait des années qu’il a disparu, dis-je.
Bertolino hoche la tête.
-Il a été tué…
Dit-il.
Je laisse Jean Bertolino à son présent minéralisé.
Le nom de Bruno Manser aura été prononcé au Baron ce soir. La chose est
certainement unique et historique. Une remise à niveau entre 1968 et 2008. La
température monte. Le fantôme de Bruno Manser passe devant le bar. Il est torse
nu, les cheveux coupés au bol à la manière Pénane et il porte ses petites
lunettes rondes d’universitaire. Je le vois faire l’accolade à Thierry Théolier
et Samuel Segas. Il leur raconte certainement son combat contre les compagnies
forestières japonaises et les potentats locaux, sa lutte acharnée pour sauver
la forêt et les derniers hommes libres de Bornéo.
Bruno Manser me fait penser à Learoyd, le Roi
irlandais de Bornéo, le personnage de “l’Adieu au roi” de Pierre
Schoendoerffer. Je regarde Jean Bertolino, et lui aussi me fait penser à un
personnage : Fergusson, l’étrange officier supérieur de Learoyd.
“Fergusson restait imperturbable. Il était un mur,
une digue qui résistait à tous les assauts. Pourtant derrière ce masque de
certitude, un doute poursuivait lentement son chemin aveugle, jusqu’au jour
d’octobre 1946 où comme la solution d’un problème difficile apparait soudain
évidente et lumineuse, Fergusson sauta à l’eau.”
La révolte écologique prend la teinte de la
tragédie et la petite bouteille d’eau vire au rouge. Le gouvernement malaisien
avait envoyé 200 commandos pour traquer et tuer Bruno Manser, le Roi de Bornéo.
Aujourd’hui, accompagné des riffs d’Eudeline, entre les suaves velours du
Baron, nous pouvons imaginer un nouvel adieu au Roi.
Blessé, Bruno Manser agonise entre le bar et la
porte du Baron. Les soldats d’élite ont sortis les kriss pour en finir une fois
pour toutes avec le rebelle étranger. Bruno Manser sait qu’il va mourir. “La
vie est courte comme un pet!” avait-il l’habitude de dire. Manser fait face à
ses tortionnaires, il sait ce qu’il lui reste à faire en tenant fermement son
poignard devant lui.
“La nuit, disait-il, c’est toujours pire que dans
la journée. Tout est noir autour de toi et tu te traines dans la douleur. Ce
que j’ai vécu pendant les quatre semaines après la morsure du serpent, si
c’était la fin de ma vie, je me serais directement coupé la gorge ou j’aurais
demandé à quelqu’un de le faire. Je ne voudrais pas souffrir comme ça une
deuxième fois.”
Bilan
2001 : À Bornéo (Malaisie), 50% des forêts de l’île appartiennent à un propriétaire unique. Il y a quelques décennies, 60% de cette forêt était encore debout – on parle ici d’arbres centenaires de 92 m (300 pieds) de hauteur et de bois rares. Or, le pillage des douze années précédentes fait en sorte qu’il n’en reste que 10%! La majeure partie des coupes sert à fabriquer des résidences, meubles et objets de luxe, entre autres. Par conséquent, les aborigènes de l’île sont en voie d’extinction. L’écologiste Suisse a mystérieusement disparu lors de son dernier voyage à Sarawak en décembre 2000; on n’a pas trouvé trace de lui depuis. Site de la Fondation Bruno Manser : http://www.borneoproject.org/article.php?id=273
2001 : À Bornéo (Malaisie), 50% des forêts de l’île appartiennent à un propriétaire unique. Il y a quelques décennies, 60% de cette forêt était encore debout – on parle ici d’arbres centenaires de 92 m (300 pieds) de hauteur et de bois rares. Or, le pillage des douze années précédentes fait en sorte qu’il n’en reste que 10%! La majeure partie des coupes sert à fabriquer des résidences, meubles et objets de luxe, entre autres. Par conséquent, les aborigènes de l’île sont en voie d’extinction. L’écologiste Suisse a mystérieusement disparu lors de son dernier voyage à Sarawak en décembre 2000; on n’a pas trouvé trace de lui depuis. Site de la Fondation Bruno Manser : http://www.borneoproject.org/article.php?id=273
Mars 2006 :
Aux dernières nouvelles, le gouvernement de l’État du Sarawak (Bornéo) a
accompli un pas important vers la protection de l’une des dernières zones de
forêt vierge de la Malaisie orientale en créant officiellement le parc national
de Pulong Tau. La Suisse contribue pour une large part à la réalisation de ce
projet qui bénéficie quand même d’un soutien international.
Mars 2010 : il ne reste plus qu'une cinquantaine de familles qui habitent à l'intérieur de la forêt.
Tong Tana, Bornéo :
Tong Tana, Bornéo :
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