4 août 2017

Poison Papers : les terribles méfaits de l’industrie chimique

On sait que les agronomes-vendeurs de pesticides et d’herbicides, rémunérés par des industries comme Monsanto par exemple, reçoivent aussi des ristournes, ou des cadeaux... Cette mafia internationale utilise depuis des décennies l’intimidation, les menaces, voire les représailles si nécessaire. Le Québec n’y échappe pas. Plusieurs pesticides parmi les plus dangereux (par ailleurs bannis en Europe) sont encore en usage ici. Pourtant on sait que leurs effets toxiques affectent la santé des humains, exterminent la faune et détruisent la flore. La totalité des champs de maïs et de canola au Québec sont traités aux néonicotinoïdes. Sympa non?
Pour en savoir plus, l’article de Thomas Gerbet 
Trop de pesticides inutiles dans les champs 

Photo : iStock

Si vous n’êtes pas convaincu de la nécessité de bannir ces poisons omniprésents dans notre environnement et qui au final aboutissent dans notre assiette sans notre consentement, lisez l’histoire de Carol Van Strum. Cette femme qui habite en Oregon a conservé une quantité colossale de requêtes et dossiers juridiques reliés aux activités délétères de l’industrie chimique. D’une importance capitale pour tout environnementaliste digne de ce nom. En tout, sa bibliothèque contient plus de 200 000 pages d'information qui retrace «40 ans de mensonges et de collusion entre l'industrie chimique et les organismes de réglementation qui étaient censés protéger la santé humaine et l'environnement», déclarait le journaliste Peter von Stackelberg, qui, avec Center for Media and Democracy et Bioscience Ressource Project a contribué à la numérisation des dossiers ainsi que plusieurs autres recueillis par des militants. Quelque 20 000 dossiers en ligne sur le site :

Sharon Lerner a rencontré Carol Van Strum  
The Intercept 26 juillet 2017

Article intégral en anglais :  
https://theintercept.com/2017/07/26/chemical-industry-herbicide-poison-papers/  

Extraits (traduction maison)

100 000 pages de secrets sur l’industrie chimique couverts de poussière dans une grange – jusqu’à aujourd’hui

Photo : Carol Van Strum et sa voisine Kathy nettoient les dossiers et retirent les agrafes tandis que le journaliste Peter von Stackelberg numérise les documents sur deux scanners à la fois (mai 2017). Stackelberg a couvert les activités d’Industrial Bio-Test Laboratories pour Leader-Post (Regina, Saskatchewan).  

Pendant des décennies, certains des secrets les plus sales et les plus sombres de l'industrie chimique ont été conservés dans la grange de Carol Van Strum. La vieille structure de 80 ans, abimée, humide et visitée à l’occasion par un ours noir, abritait plus de 100 000 pages de documents liés à des procès contre Dow, Monsanto, DuPont, Union Carbide, l'Agence de protection de l'environnement, le Service des forêts américain, l'Armée de l'air et des entreprises de pâtes et papiers, entre autres.

En 1974, Carol Van Strum, souhaitant une vie simple en milieu rural, déménageait à Siuslaw National Forest en Oregon. Peu après son arrivée, elle constata que le Service des forêts avait pulvérisé sa propriété avec les herbicides 2,4,5-T et 2,4-D. Ces poisons sont les deux principes actifs de l’Agent Orange que l’armée américaine a cessé d’utiliser à la suite des protestations du public. On savait qu’ils causaient des cancers, des malformations congénitales et de graves préjudices aux humains, aux animaux et à l'environnement. Mais, aux États-Unis, le Service des forêts continua de les pulvériser. Entre 1972 et 1977, 20 000 livres de 2,4,5-T ont été répandus sur une zone de 1 600 kilomètres carrés comprenant la propriété de Van Strum et la ville voisine, Alsea.

Un jour, ses quatre enfants furent directement aspergés tandis qu’ils pêchaient dans la rivière. Immédiatement après, ils commencèrent à saigner du nez, à avoir des diarrhées sanguinolentes et des maux de tête. Plusieurs voisins tombèrent malades aussi. Après un épandage, plusieurs femmes de la région avaient des fausses couches spontanées. Les résidents avaient aussi remarqué que les animaux mouraient ou avaient des malformations bizarres des oiseaux à becs difformes, des wapitis aveugles, des chats et des chiens qui se mettaient à saigner des yeux et des oreilles. Lors d'une rencontre communautaire, les résidents décidèrent d’envoyer au Service des forêts un rapport détaillé des effets de l’épandage dont ils avaient été témoins. «Nous pensions [naïvement] que s'ils savaient ce qui nous était arrivé, ils ne recommenceraient pas.» Le Service des forêts ayant refusé de cesser l’épandage, Strum et ses voisins entamèrent une poursuite qui mena à une interdiction temporaire du 2,4,5-T dans leur région en 1977. L’accès aux données d'une entreprise frauduleuse, l’Industrial Bio-Test Laboratories, favorisa l’interdiction définitive en 1983.

«Nous n’étions pas des écologistes, le mot n’existait même pas à l'époque. Nous ne voulions pas être empoisonnés, voilà tout.» (Van Strum)

À ce jour, la bibliothèque contient plus de 200 000 pages. Tout au long de ces années d’investigation, Van Strum a amassé quantité de preuves troublantes démontrant les dangers des produits chimiques industriels et les pratiques frauduleuses des entreprises qui les fabriquent. Par exemple, deux documents rapportent que Dow a retenu les services d'un dermatologue de l'Université de Pennsylvanie pour mener des expériences sur des prisonniers dans les années 1960 afin d’étudier les effets du TCDD – un contaminant particulièrement toxique inclus dans le 2,4,5-T. Un autre document rapporte qu’en 1985 Monsanto mit sur le marché un produit chimique contenant du TCDD, le Lysol, qui fut utilisé comme désinfectant pendant vingt-trois ans. Un autre document indique qu’à partir de 1990, la politique de l'EPA permettait, en certaines circonstances, l'ajout de déchets toxiques dangereux comme ingrédients inertes dans certains pesticides et autres produits.

Van Strum a dû faire la paix avec une tragédie personnelle. En 1977, sa maison fut réduite en cendres et ses quatre enfants périrent dans l'incendie. Les pompiers venus sur le site ont déclaré que le fait que toute la maison ait brûlé si rapidement indiquait la possibilité d'un incendie criminel. Mais l’enquête n’a jamais déterminé les causes. Van Strum soupçonnait certains de ses adversaires d’avoir provoqué l’incendie (1). C’était une période de conflit intense entre les militants locaux et les employés des compagnies forestières, les fabricants de produits chimiques et les organismes gouvernementaux. Un groupe de résistants en colère avait détruit un hélicoptère du Service des forêts utilisé pour l’épandage. Un jour, en arrivant chez elle, Van Strum trouva des promoteurs d’herbicides (qu'elle poursuivait en justice) rôdant sur sa propriété.

«J'ai accepté que je ne saurais jamais vraiment ce qui s'est passé.» Elle n’a pas reconstruit et vit maintenant dans une dépendance à côté du site dénudé où se trouvait sa maison autrefois. Mais son engagement à lutter contre les produits chimiques toxiques a survécu à l'épreuve. «Si c'était intentionnel, alors c’était la pire chose qui pouvait m’être arrivée. Après cela, rien ne pouvait m’arrêter.»

Maintenant, après toutes ces années, Van Strum, âgée de 76 ans, estime qu'il est temps de transmettre sa collection de documents afin que «d'autres puissent prendre la relève». L’origine d'un grand nombre de luttes actuelles contre les produits chimiques peut être retrouvée dans ses documents. Le scandale de l'Industrial Bio-Test Laboratories est central dans le litige sur la cancérogénicité du Roundup de Monsanto, par exemple. En outre, le 2,4-D, l'autre ingrédient actif de l'Agent Orange, est encore en usage. Les sociétés forestières continuent d’utiliser largement à la fois le 2,4-D et le Roundup. Les batailles juridiques sont loin d’être terminées.

«Je jouerai le rôle de Lorax. Ce sera amusant.» (Carol Van Strum)

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Quand je pense que j’ai déjà salué les initiatives à connotation environnementale de Nicolas Hulot sur mon blogue. Pouah. C’est notre naïveté, ou notre crédulité, qui nous tue. Est-ce que tous les élus sont achetables? Je le crois de plus en plus. Comme dit l’auteur de cette vidéo «on se fout de not’ gueule». Et comment...  



Hulot sacrifie notre santé aux lobbies : Les perturbateurs endocriniens
(Osons causer)
Découvrez comment Hulot a enterré 10 ans de luttes en Europe pour la réglementation des perturbateurs endocriniens, ces substances qui détruisent notre santé et causent baisse de fertilité, cancers, malformations... On ne peut pas y échapper, ils sont partout, mais il reste un espoir pour protéger notre santé.
►► LA PÉTITION : http://bit.ly/PetitionGenerationsFutures

La question demeure : à quand un VRAI PROCÈS pour GÉNOCIDE PLANÉTAIRE DEVANT un GRAND JURY capable de condamner nos assassins à la prison à vie?

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(1) Je n’ai aucun doute qu’il s’agissait de représailles. Quand on prend connaissance du rapport de Global Witness 2016, on voit que les grandes compagnies industrielles n’hésitent pas à faire assassiner, brutaliser et emprisonner les militants qui veulent protéger leurs milieux de vie, leur travail et leurs terres. De sorte que près de quatre personnes par semaine ont été tuées en 2016. Beaucoup de violence testostéronique... cinq policiers contre une femme non armée, assise par terre, qui ne veut pas être embarquée. Un humain «normal», équilibré, ne peut pas agir de la sorte. Je commence à me demander si l’agrobusiness n’injecte pas de la testostérone dans la nourriture des forces de répression,  causant ainsi des perturbations endocriniennes dramatiques...


Across the world people are being murdered, attacked and arrested for standing up to companies that want to take their land. A new Global Witness report has found that nearly four people a week were killed in 2016 fighting for their homes, their livelihoods and the land, forests and rivers we all depend on.


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