18 août 2017

La responsabilité du choix

Les attentats barbares se succèdent à une telle cadence que nous n’arrivons pas à exprimer notre compassion aux victimes et leur entourage ainsi qu’aux témoins de tous ces carnages. De toute évidence, ces monstres entendent nous déstabiliser psychologiquement, saper notre moral, nos valeurs démocratiques (bien que boiteuses à bien des égards), notre mode de vie et le droit de se divertir. Certains divertissements sont bien sûr discutables, mais chacun est libre d’y participer ou non; voilà ce qui importe.

Faudra-t-il enfiler une combinaison «bonhomme Michelin» en kevlar à l’épreuve des balles pour aller au café du coin? Faudra-t-il installer des bornes en béton dans toutes les rues commerciales des villes?

Milan Kundera n’a pas tort : «...si tout homme avait la possibilité d'assassiner clandestinement et à distance, l'humanité disparaîtrait en quelques minutes.» (La valse aux adieux)

«La responsabilité du choix, c’est aussi oser décider de quel côté on se situe dans une société injuste, traversée de conflits et marquée par l’indignité. C’est pourquoi nous sommes tous des êtres politiques, que nous le voulions ou non. Nous vivons dans une dimension politique fondamentale. Par le fait même d’exister, nous passons un contrat avec tous nos contemporains, mais aussi avec les générations futures.
   Qu’est-ce qui conditionne nos décisions? Qu’est-ce qui oriente les choix que nous faisons, les idées qui sont les nôtres, ce que nous trouvons par exemple inadmissible? Que choisissons-nous de défendre, et que choisissons-nous de rejeter? Avoir la possibilité de choisir ce à quoi on consacre son existence est un grand privilège.» ~ Henning Mankell (Sable mouvant, éd. du Seuil 2015)

Nous avons noté à maintes reprises que Donald Trump n’est pas un homme «responsable». Mais là, je crois qu’il n’a même pas une once de gros bon sens. Il ne voit pas de différence entre un mouvement pacifique qui s’oppose au racisme et un mouvement White Trash fasciste et esclavagiste qui prône le racisme. Demander qu’on retire des monuments à la gloire d’assassins qui ont exploité et persécuté les populations noires est légitime. Évoluer c’est possible, n’en déplaise aux alt-white-right. Qu’aurions-nous dit si les Allemands avaient installé des monuments et des plaques commémoratives à l’effigie d’Hitler après la guerre?!

Jonathan Schmock http://jonathanschmock.com/

À mon avis, nous devrions cesser d’ériger des monuments à la gloire de politiciens ou de révolutionnaires ou de héros de guerre. Avant de les «vénérer», il faudrait compter les morts sacrifiés au nom de leur idéologie. Plus souvent qu’autrement, l’évolution de l’histoire les fait tomber de leur socle à tour de rôle lorsqu’on finit par connaître les «faits». Remisons ces symboles dans des musées construits aux frais de leurs admirateurs.

«Chaque civilisation porte les semences de sa propre destruction, et ce cycle apparaît dans toutes les civilisations. Une République naît, s’épanouit, se délabre dans la ploutocratie, puis un cordonnier s’empare du pouvoir avec l’aide de mercenaires et de millionnaires qui feront de lui un souverain. Les gens créent leurs oppresseurs, et les oppresseurs remplissent la fonction pour laquelle ils ont été créés.» ~ Mark Twain (Eruption)
   Dans cet ordre d’idée, les multiples démissions à la Maison-Blanche, forcées ou non, font penser à un putsch en pantoufles...

Si l'on regarde dans notre cour, au Canada, le monarchiste ultra blanc John A. Macdonald mériterait de descendre de son piédestal – on trouve plusieurs statues de lui à travers le pays (1).

Ce raciste notoire, en outre alcoolique et corrompu, s’opposait à la démocratie : «Nous devons protéger les intérêts des minorités, et les riches sont toujours moins nombreux que les pauvres». Il haïssait les francophones, les autochtones, les métis, les noirs et les asiatiques. Il entendait éradiquer les «Métis» et les «Indiens» : «Riel sera pendu même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur», et «l’exécution des Indiens […] doit convaincre l’homme rouge que c’est l’homme blanc qui gouverne». C’est par milliers que les «Indiens» moururent de faim et des maladies découlant de la malnutrition extrême; la rétention de l’approvisionnement en nourriture les obligea à se déplacer vers des réserves désignées par le gouvernement.
   «L’inconfortable vérité est que le Canada moderne est fondé sur un nettoyage ethnique et un génocide.» ~ Dr. James Daschuck (Clearing the Plains, 2013)  

Source des citations : http://sinistrejohna.ca/

The Deputy Superintendent General of Indian Affairs from 1913 until 1932, Duncan Campbell Scott, took the groundwork of Macdonald’s legacy of repressive policies towards Indigenous Peoples further down the continuum of assimilation:  
“I want to get rid of the Indian problem.....Our objective is to continue until there is not an Indian that has not been absorbed into the body politic, and there is no Indian question, and no Indian Department…” 1920

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(1) McDonald figure sur les billets de banque de 10 $ depuis 1986 (en 1935 il était sur les billets de 500 $). Je veux des huards sur tous les billets...!

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