11 novembre 2018

Après 100 ans de guerres et de carnages

«L'homme fut créé tel un animal sanguinaire et je crois qu'il aura toujours soif de sang, et qu’il s’organisera pour en avoir. Je pense qu'il est de loin le pire animal qui existe; et le seul qui soit indomptable.
   L’homme est le seul animal qui donne dans l’atrocité des atrocités : la Guerre. Il est le seul qui rassemble ses frères pour aller calmement exterminer ses semblables de sang froid. Il est le seul animal qui, pour un salaire minable, marche et tue des étrangers de sa propre espèce qui ne lui ont fait aucun mal et avec lesquels il n'est pas en conflit. Et pendant les intervalles entre les guerres, il lave ses mains souillées de sang en travaillant pour la ‘Confrérie universelle de l’homme’.» ~ Mark Twain (Lettre à William Dean Howells, 1899; My Father Mark Twain; What Is Man?)

Heureusement pour lui, Twain est décédé peu avant la Grande Guerre (en 1910). S’il avait été vivant, la colère aurait probablement eu raison de lui de toute façon...

Suggestion : la série audio 14-18, La grande Guerre des Canadiens

En compagnie de Claude Legault, le narrateur de la série, revivez les moments marquants de la participation des Canadiens français à la Première Guerre mondiale. De l'enrôlement à l'Armistice, de la bataille de Courcelette aux émeutes de Québec, des soldats, des infirmières, des citoyens et leurs descendants livrent leurs témoignages, complétés par des analyses d'historiens.
Audiofil :

Il y avait un site incluant des documents d’archives (photos, lettres, etc.), mais il est introuvable. Dommage. Mais celui-ci comporte plusieurs vidéos :

L’HORREUR est humaine

Photo : Reuters / Yves Herman. Les cérémonies en hommage aux victimes de la Grande Guerre se sont déroulées sous haute surveillance dans la capitale française où quelque 10 000 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés dans un contexte de menace terroriste.

«Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d’assassiner quelqu’un à coups de hache.» ~ Fiodor Dostoïevski (1821-1881)

Moi non plus!

Combien en faudra-t-il encore pour donner un sens à notre insignifiance?  

Devoir de mémoire mon œil. On se souvient pour mieux récidiver avec des tactiques militaires plus efficaces et sophistiquées pour éliminer l’ennemi. Les guerres ont toujours la même origine – rivalités politiques, économiques et colonialistes, et sont financées par ceux qui ne se battent jamais mais élaborent des stratégies sur des cartes géographiques maintenant modélisées. Les États tirent grand profit de la guerre pour accroître leurs pouvoirs et leurs domaines de compétences. À la tête des forces armées on trouve des hauts-gradés dont plusieurs semblent avoir des caractéristiques de psychopathe, les budgets alloués à l’industrie de la guerre ne cessent d’augmenter et les humains adorent tuer. Alors, l’espèce la plus sanguinaire (l’humain) perpétue les mêmes boucheries écoeurantes, à pied, à cheval, en chars d’assaut, en bombardiers, en sous-marins et à drones. Bien sûr, les militaires ne font pas que tuer des ennemis. Ils participent à des opérations de sauvetage en cas de catastrophes naturelles – incendies, inondations, famines, etc. Mais les pompiers, les membres de la Croix rouge et de Médecins sans frontières le font aussi sans suivre de formation pour tuer du monde.

Article intégral :

Le vendeur d’armes peut-il se soucier des «fourmis»?
On a beau savoir que l’industrie des armes contrôle une très grande part de l’économie mondiale, en voir la réelle ampleur dans les coulisses donne quand même froid dans le dos.

Article intégral :

Photo : AFP / Getty Images / Ludovic Marin. Plus de 70 dirigeants mondiaux réunis sous l'Arc du Triomphe à Paris à l'occasion du 100e anniversaire de l'Armistice.

Un excellent article au sujet de ces commémorations qui nous rappellent que nous sommes perpétuellement en guerre :

11 novembre, le triomphe de l’amnésie
Par Fausto Giudice et Nicolas Casaux

Nous sommes le 11 novembre 2018, et ce sont quelque 72 chefs d’État et de gouvernement qui sont réunis à Paris pour célébrer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. L’hypocrisie est insupportable, quand on sait que ce massacre à entre autres choses été organisé, délibérément, par les classes dominantes, pour conjurer la menace de la révolution sociale (et nationale dans certaines situations) et mettre fin au processus de démocratisation en cours dans les puissances occidentales.


Les auteurs de l'article mentionnent le livre d’Éric Baratay, Bêtes des tranchées, que je réfère étant donné mon grand respect envers mes amis animaux, «ces oubliés qui ont fait parti de l’incroyable massacre : 11 millions d’équidés, 100 000 chiens, 200 000 pigeons, les animaux enrôlés en masse dans la Grande Guerre, pour porter, tirer, guetter, secourir, informer... Les tranchées ont également abrité des milliers d’animaux domestiques ou de ferme, abandonnés par des civils en fuite, d’animaux sauvages coincés au milieu du front, mais aussi des rats, des mouches, des poux, attirés par l’aubaine.»

Quand on y pense, 11 millions d’équidés. Yack, bande de malades!

Tous les animaux peuvent être conscrits... s’ils ont le moindrement des aptitudes particulières. Nous tuer entre humains à la guerre ne suffit pas. Nous contraignons des êtres intelligents comme les chevaux, les chiens... à collaborer à nos actes les plus morbides, ignobles et psychotiques. Ce que nous faisons à nos meilleurs amis est méprisable. Si vous avez le cœur solide je vous suggère cet ouvrage.

«Tous les animaux ont un comportement décent... hormis les Hommes.»
~ Martin Monestier

Les hommes, non contents de se faire la guerre tout au long des siècles, ont dressé des animaux à leur image afin que ceux-ci participent aux luttes armées.
   Des oies du Capitole aux dauphins de la marine américaine, en passant par les éléphants d'Hannibal et à ceux des Khmers rouges, les renards hébreux, les chiens de guerre japonais, les rats du Mossad, les pigeons, les ânes, les otaries, les cheveux, etc., peu d'animaux ont échappé à l'embrigadement.
   Pendant la Première Guerre mondiale, plus de 14 millions d'animaux furent enrôlés dans les armées belligérantes, et 120 000 d'entre eux décorés pour faits de guerre. Le second conflit mondial verra 30 millions d'animaux servir sur tous les terrains d'opération. Aujourd'hui, les laboratoires militaires de parapsychologie animale continuent à étudier le comportement des animaux pour les éventuelles guerres à venir.
   Martin Monestier, avec force documents – pour la plupart inédits – à l'appui, évoque, depuis les origines jusqu'à nos jours, les missions et les actes d'héroïsme de ces auxiliaires malgré eux des armées.

Les animaux-soldats
Histoire militaire des animaux des origines à nos jours
Martin MONESTIER
Collection Documents; Cherche-Midi, mai 1996

Lloyd Swick et les animaux de guerre

Chiens de guerre

Le vétéran canadien A. Lloyd Swick, décédé le 14 janvier 2017 à l'âge de 94 ans, a servi en Normandie peu après le jour J, ainsi qu'en Corée, en Inde, au Pakistan et à Haïti. Il voulait faire ériger un monument commémoratif en hommage aux animaux de guerre, et il a réussi.

Article intégral :

Encore des illusions au sujet des humains?

Je suis plutôt d’accord avec les arguments de John Gray, car lorsqu’on étudie l’histoire, il est difficile de s’illusionner sur notre espèce. Mais je garde toujours un petit fond d’espoir – j’appartiens à la branche «apôtres de l’humanisme» comme il appelle ceux et celles qui le prêchent, mais qui, selon lui, s’illusionnent. Il perçoit l’humanité comme «une espèce rapace déterminée à détruire toutes les autres formes de vie; les humains ne peuvent pas détruire la terre, mais ils sont capables d’anéantir totalement l’environnement qui les soutient».

Extraits d’un article sur son ouvrage The Silence of Animals (2013) : 

«Les Napolitains affamés en 1944 chassaient et consommaient des chats errants, ou se nourrissaient de poissons tropicaux trouvés dans l'aquarium de la ville; les prisonniers soviétiques internés par les Nazis bouffaient les cadavres des autres détenus tels des meutes de chiens voraces. Voilà ce qui arrive quand les faux-semblants de civilisation et d'humanisme dégringolent – ils ne sont guère plus qu’une prétention qui procure un support moralisateur à la religion. Dans le jardin d’Éden, Dieu a flatté l’homme en lui accordant la suprématie sur les autres animaux; la vérité est que notre capacité de rationalisation nous a effectivement permis de nous comporter comme des bêtes.
   La barbarie est une maladie de la civilisation. Toutes nos institutions – les familles et les Églises, les forces policières – sont impliquées dans la mesquinerie humaine. Il est absurde de croire à l'évolution de notre espèce ou à l'amélioration progressive de la société : au Congo Belge ou dans la Russie stalinienne ou en Iraq, en Iran et en Syrie, des idéologues qui s'extasient sur la régénération du monde entier comptent sur les massacres à grande échelle pour établir leur version personnelle du ciel sur terre.» (John Gray)
   Les fictions et les mythes que nous élaborons afin de nous sentir à l'aise dans cet univers hostile ou indifférent sont au mieux des ‘nuages de poussière’ facilement dissipés par les explosions d’invectives de Gray, commente l’auteur de la critique, Peter Conrad. Et il conclut : j’ai bien peur que Gray finisse comme le Gulliver toqué de Swift qui, dégoûté de ses semblables, alla vivre avec ses chevaux dans son écurie.

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